Le colostrum

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Le colostrum
Santé
Le colostrum
La première tétée, prise aussitôt
après le poulinage, est d’une
importance capitale, car elle permet au poulain nouveau-né de
boire le colostrum. Cette sécrétion
lactée possède de nombreuses
qualités, la principale étant la
transmission des anticorps maternels, garantissant ainsi l’immunité
du poulain contre certaines maladies infectieuses.
Q U ’ E S T- C E Q U E
LE COLOSTRUM ?
Le colostrum est une sécrétion
lactée de couleur jaune, collante et
assez épaisse, produite par les glandes mammaires de la jument dans les
deux derniers jours de la gestation.
Il possède trois propriétés principales :
Sa richesse en anticorps (ou
immunoglobulines), éléments indispensables à la protection contre les
infections. En effet, le poulain naît
totalement dépourvu d’anticorps, le
placenta ne laissant pas passer les
anticorps de la poulinière vers le sang
du foetus pendant la gestation. Ce
n’est que vers l’âge de deux mois qu’il
pourra produire ses propres anticorps, capables de le protéger des
agressions du milieu extérieur. En
attendant, il est totalement dépendant
de ceux que lui fournit sa mère par
l’intermédiaire du colostrum : c’est ce
que l’on appelle le transfert immunitaire passif de la jument au poulain. Il
est essentiel de veiller à ce que le
poulain boive le colostrum le plus tôt
possible, idéalement dans les 6 heures qui suivent sa naissance, au
des aminés essentiels. Il faut aussi
surveiller l’équilibre phosphocalcique
de la ration et l’apport en vitamines
liposolubles A, D3 et E. Attention toutefois à ne pas provoquer un engraissement excessif de la jument : l’accumulation de graisses au niveau du
bassin peut rendre le poulinage difficile.
Eviter les changements
« de dernière minute »
maximum pendant ses premières 12
heures de vie ; en effet, les anticorps
passent dans la circulation sanguine
du poulain grâce à la perméabilité de
sa paroi intestinale. Or, cette perméabilité dure moins de 24 heures…
Ses propriétés laxatives qui
aident à l’expulsion du méconium.
Sa richesse en éléments nutritifs et en vitamines. Le lait produit
ensuite par la jument est beaucoup
moins riche, même s’il contient
encore des anticorps.
COMMENT OBTENIR
UN COLOSTRUM
DE BONNE QUALITÉ ?
Surveiller la ration de la poulinière
La ration de la poulinière doit être
adaptée en qualité et en quantité à la
gestation puis à l’allaitement. La qualité des aliments consommés par la
jument retentit forcément sur celle de
sa production lactée. Afin d’obtenir un
colostrum, puis un lait de bonne qualité, la jument sera légèrement suralimentée durant les trois derniers mois
de sa gestation, avec des compléments riches en protéines de bonne
qualité, équilibrés au niveau des aci-
Pour que les anticorps présents
dans le colostrum soient adaptés aux
microbes de l’environnement, il faut
que la jument soit présente dans cet
environnement depuis au moins trois
semaines. On évitera donc de
« déménager » la jument durant le
dernier mois de gestation, sous peine
de diminuer l’efficacité de l’immunisation du poulain à naître.
Vacciner la jument
Pour que la protection soit complète,
il faut renforcer la vaccination de la
jument 2 à 6 semaines avant le poulinage, afin de permettre un passage
maximum d’anticorps au poulain nouveau-né via le colostrum. Cette façon
de procéder permettra de plus d’attendre que le poulain soit âgé de 6
mois pour le vacciner. On est alors
certain que son système immunitaire
est compétent.
QUELLE QUANTITÉ DE
COLOSTRUM LE POULAIN
D O I T- I L A B S O R B E R ?
La quantité idéale correspond à 250
ml de colostrum par heure, pendant
les six premières heures de vie du
Santé
Le colostrum suite
poulain (soit environ 1,5 litre au total).
Cette quantité varie selon la richesse
du colostrum, la taille du poulain et la
richesse du milieu extérieur en organismes pathogènes.
Enfin, il existe du colostrum reconstitué vendu en cabinet vétérinaire,
présenté généralement sous forme
de flacon unitaire, avec une tétine, à
donner dès la naissance et au plus
tard dans les six heures.
Bien entendu, ce type de colostrum
ne peut être aussi bien adapté aux
germes de l’environnement que celui
produit sur place par la jument. Et
cette solution de remplacement coûte
forcément plus cher.
Q U E FA I R E E N C A S
DE SOUCIS ?
Vérifier les taux d’anticorps
Tout doit être mis en oeuvre pour
que le poulain prenne le colostrum.
Chaque problème doit trouver rapidement une solution.
Si la jument perd son colostrum
avant la naissance du poulain.
On recueille le colostrum qui coule
des mamelles dans un biberon stérile,
et on le conserve au frais ou on le
congèle afin de pouvoir le donner
plus tard au poulain. Le colostrum doit
être congelé à -20°C et peut être
conservé deux ans au maximum. La
décongélation se fait dans un bainmarie à 40°C. Attention, l’ébullition et
les micro-ondes détruisent les immunoglobulines.
Si le poulain tarde à se lever pour
téter ou si la jument refuse de se laisser téter par son poulain.
On trait la jument et on distribue à
l’aide d’un biberon ou d’une sonde
naso-oesophagienne 300 à 500 ml de
colostrum.
Si la jument n’a pas de colostrum
ou est décédée pendant le poulinage.
On peut tenter, même si cela est
assez délicat, de faire adopter le poulain par une autre jument qui aurait
perdu son poulain au même moment.
Si on ne dispose pas de colostrum
congelé en réserve, il existe des
« banques de colostrum » : il suffit de
rentrer les mots-clé « banque-colostrum-poulain » dans un moteur de
recherche sur Internet ou de consulter le site Internet des Haras
Nationaux (www.haras-nationaux.fr),
rubrique « Particuliers » ou
« Professionnels », puis « Vos petites
annonces » puis « SOS poulains ».
Il est possible de vérifier après 12 à 24 heures de vie le taux en anticorps
dans le sang du poulain grâce à un test semi-quantitatif, et de réaliser une
transfusion de plasma hyper-immun au poulain en cas d’insuffisance immunitaire. Il n’existe pas de sérum ou de plasma équin en vente sur le marché
français, mais il est possible d’en prélever sur un cheval de la même écurie, adulte (autre que la mère) et en bonne santé ! Ce test ne doit pas être
confondu avec celui qui permet de doser la quantité d’immunoglobulines
dans le colostrum de la jument. Un colostrum est de bonne qualité si son
taux d’anticorps est d’au moins 60 g/l, de moyenne qualité s’il est compris
entre 30 et 60 g/l et de mauvaise qualité s’il est inférieur à 30 g/l.
Attention à l’ictère hémolytique
L’ictère hémolytique est une maladie qui apparaît suite à l’immunisation de
la jument contre les globules rouges de son propre poulain : les immunoglobulines du colostrum vont alors détruire les globules rouges du poulain, qui
développe un ictère et s’anémie rapidement. Si l’on soupçonne un ictère
hémorragique (tests de groupe sanguin, antécédents de poulain à ictère
chez la jument), le poulain ne doit absolument pas téter sa mère. Il faut lui
mettre un panier dès sa naissance car une seule prise de colostrum peut
déclencher l’apparition de l’ictère. Il est nécessaire de donner au poulain du
« bon » colostrum (colostrum testé congelé), de traire la jument et de jeter
son colostrum. Après 48 heures, le poulain peut être remis sous la mère et
boire normalement le lait, son intestin ne pouvant plus absorber les anticorps susceptibles de pénétrer dans sa circulation sanguine.

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