Homélie du Mercredi des cendres 2015

Transcription

Homélie du Mercredi des cendres 2015
HOMELIE POUR
LE MERCREDI DES CENDRES
EGLISE ST MARTIN
18 février 2015
Sœurs et frères,
Faut-il attendre le mercredi des Cendres pour entrer en Carême ?
Non, bien sûr !
C’est toute l’étendue de notre vie qui est un Carême permanent,
nous le savons bien !
Le Carême appelle en nous la conversion radicale :
c’est-à-dire un changement de vie,
un total retournement dans la foi,
un véritable rétablissement !
Le Carême nous tourne vers le Dieu de toute notre vie,
Celui que Jésus Son Fils, nous a appris à appeler : Père.
Nous sommes donc en perpétuel processus de conversion
et pas seulement pendant quarante jours.
Nous le savons,
notre vie chrétienne est un rude combat spirituel
car à chaque instant de notre existence,
et tant qu’il nous restera un souffle de vie,
Dieu nous invite à revenir à Lui :
et ce soir, plus radicalement encore, il nous y engage !
Alors, oui ,
par un temps particulier qui est le temps du Carême,
l’Eglise nous appelle à ce retour en direction de Dieu,
parce que nous avons la mémoire courte,
parce que les évènements de notre vie nous entrainent souvent loin de Lui.
N’oublions pas que Dieu a placé la liberté entre lui et nous,
et nous savons que cette liberté est une arme
à double tranchant.
Elle peut nous unir à Dieu, comme elle peut nous en séparer.
Mais Dieu a pris ce risque avec nous et en Jésus, il en a payé le prix, mais il nous a
voulu et créé libres.
Ce temps particulier du Carême vient donc nous rafraîchir la mémoire pour nous
conduire à l’essentiel :
Nous unir à nouveau à Dieu notre Père,
par son Fils notre frère,
grâce à la force de leur Esprit commun.
Il nous faut apprendre et réapprendre sans cesse
à situer notre vie dans cette communion à trois
et non pas en dehors.
Il faut s’y entraîner.
C’est donc à un parcours de santé spirituelle
que nous engage ce temps du Carême.
Car nous serions bien prétentieux de vouloir changer le monde,
si nous-mêmes ne changeons pas,
ou si plus exactement,
nous ne laissons pas l’Esprit de Dieu nous changer.
J’ai parlé de parcours,
je devrais parler de marche
puisque le temps du Carême est associé
 * d’une part à l’Exode (les 40 ans en plein désert pour quitter la captivité
d’Egypte
 et entrer en Terre Promise, pays de la libération).
 * d’autre part à Jésus (les 40 jours de marche au désert
 - pour affronter toutes les tentations humaines de puissance,
 - de jouissance,
 - de domination).
Dieu nous change,
Dieu nous transforme dans le cours même de notre vie,
dans cette longue marche
qui va de notre naissance à notre mort.
Et chaque année, nous recevons, avec le temps du Carême, une « piqûre de rappel »
dans la mémoire vive de notre foi.
Du temps, oui du temps, il en faut
- rien ne se fait sans le temps car nous résistons, nous nous battons, même contre Dieu.
Il le sait, mais Il est le Maître du temps et de l’histoire
et ce temps, Il le consacre pour nous,
- il le rend sacré -,
parce qu’Il nous aime.
Le plan d’entraînement est simple,
il tourne autour de trois « exercices » :
1. Le jeûne d’abord :
 Nous sommes gavés de tout,
 de nourriture, d’images, de bruits
 qui prennent tellement de place dans notre vie,
 qu’il n’en reste plus beaucoup pour Dieu et notre prochain.
C’est facile à comprendre :
* plus on consomme, plus on se gave de tout,
* moins on se tourne vers Dieu et vers les autres
- Apprendre, réapprendre, à utiliser, à réutiliser, ce qui est nécessaire à notre
subsistance,
- ne pas en abuser, nous imposer une hygiène de vie,
une hygiène morale et spirituelle,
voilà qui nous replace dans l’essentiel.
 Cela s’apprend, se réapprend s’éduque,
 pendant et au-delà même du temps du Carême.
2. La prière ensuite :
 elle nous relie à Dieu
 et plus elle nous relie à Lui,
 plus Dieu nous relie à nos frères.
Sans ce dialogue incessant entre lui et nous,
 nous ne savons plus pour quoi ni pour qui nous vivons,
 pour quoi ni pour qui nous agissons.
 La prière nous branche ou nous rebranche sans cesse à la source,
 au cœur de Celui de qui sortent des sources d’eau jaillissantes.
 S’en priver, c’est se dessécher et perdre son âme,
 ne plus se recevoir de Son amour.
 Cela s’apprend, se réapprend s’éduque,
 pendant et au-delà même du temps du Carême.
3. Le partage enfin :
ouvrir ses mains, ne pas les garder fermer contre soi,
ça veut dire ouvrir ma vie à l’autre, lui partager mes richesses
pas seulement matérielles,
mais aussi humaines et spirituelles.
Nul n’est une île.
Nous sommes communications, parce que Dieu est Révélation :
communication, de Lui-même à tous.
Donner, offrir, c’est le contraire de garder, conserver.
Dieu nous a créés les mains ouvertes.
Partager, c’est faire exister l’autre, le sortir de sa solitude.
 Cela s’apprend, se réapprend s’éduque,
 pendant et au-delà même du temps du Carême.
----------------------------------Ce parcours n’est pas de « l’exhibitionnisme spirituel »,
- c’est un entraînement avec Dieu,
- sans témoin,
- c’est quasiment du préceptorat divin.
Pourquoi nous en priver.
-
Nous ne sommes pas des super-héros,
des champions toute catégorie
qui veulent battre des records
et épater tout le monde.
Nous demeurons toujours des pauvres qui cherchent Dieu
 de toute nos forces,
 de toute notre âme,
 de toute notre foi,
 de tout notre esprit.
Cette pauvreté prend du sens dans ces cendres que nous allons recevoir.
Mais par la force de Sa Parole :
« Convertis ton coeur et crois à l’Evangile »,
nous croyons et nous proclamons
que la Vie du Christ qui est en nous,
nous fait renaître de nos Cendres.
C’est cela le chemin du bonheur qui mène à la Résurrection, à l’Eternité.

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