L`hypospadias : une complication rare du sondage à demeure

GÉRIATRIE EN IMAGES
L’hypospadias : une complication rare
du sondage à demeure
Hypospadias: a rare complication of an indwelling catheter
Aurélien MARTIN-KLEISCH1, Abrar-Ahmad ZULFIQAR1, Pauline PANEK1, Jean-Luc NOVELLA1
U
n patient de 80 ans, de sexe masculin, est hospitalisé dans notre service pour prise en charge d’un
syndrome inflammatoire biologique sans point
d’appel.
Ce patient présente comme antécédents médicaux une
hypertension artérielle, une insuffisance rénale chronique
stade III, une artériopathie oblitérante des membres inférieurs,
une hypothyroïdie supplémentée, un glaucome chronique
à angle ouvert et un rétrécissement urétral opéré à multiples reprises avec pose d’une sonde urinaire à demeure. Le
premier examen clinique n’est pas contributif et les premiers
examens complémentaires (examen cytobactériologique des
urines, radiographie thoracique et hémocultures) reviennent
stériles ou négatifs.
Nous réexaminons le patient plus attentivement et mettons
en évidence un écoulement purulent au niveau de la verge
associé à un paraphimosis au niveau de la face dorsale de
la verge. Un prélèvement bactériologique urétral permet de
mettre en évidence une infection à Staphyloccocus aureus
méticillino-résistant. Un traitement antibiotique par vancomycine et rifadine est instauré.
Figure 1 : Hypospadias moyenne dorsale.
Figure 1: Average Hypospadias backbone.
Quarante-huit heures plus tard, le patient se plaint d’une
douleur au niveau de la verge. Cette douleur est révélatrice
d’une lésion cutanée transfixiante de la verge, mettant à jour
la sonde urinaire et provoquant une hypospadias moyenne
dorsale (Figure 1). Sur les conseils des urologues, des soins
DISCUSSION ______________________________
locaux antiseptiques sont réalisés et la verge est positionnée
afin de limiter l’appui de la verge et de la sonde urinaire sur
l’urètre.
L’hypospadias est une malformation du sexe masculin, qui
se manifeste par l’ouverture de l’urètre sur la face dorsale du
pénis au lieu de son extrémité. Elle se révèle essentiellement
Rev Geriatr 2015 ; 40 (5) : 297-8.
Mots clés : Hypospadias - Sonde urinaire - Personne
âgée
Keywords: Hypospadias - Urinary probes - Elderly
1 Département de Médecine Interne et Gériatrie, CHU Reims, France.
Auteur correspondant : Docteur Aurélien Martin-Kleisch, Département de Médecine Interne et Gériatrie, CHU Reims, France.
Courriel : [email protected]
Article reçu le 31/01/2015 et accepté le 25/04/2015.
© La Revue de Gériatrie, Tome 40, N°5 MAI 2015
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L’hypospadias : une complication rare du sondage à demeure.Aseptic necrosis of the femoral head
Hypospadias: a rare complication of an indwelling catheter
chez les enfants. Cependant, elle se retrouve parfois dans
nos populations gériatriques notamment chez des patients
sondés à demeure sur une longue durée(1). Elle est alors la
conséquence de l’inflammation chronique et d’une surinfection bactérienne pouvant être responsables de lésions
cutanées ulcérantes de la verge allant parfois jusqu’à la
gangrène du pénis, voire une gangrène de Fournier(2).
La morale de cette histoire est qu’il faut toujours examiner le
patient dans son intégralité, de la tête aux pieds, recto verso,
et nu pour ne passer à côté d’aucun signe physique permettant d’accéder au diagnostic final.
En particulier, il est important d’examiner les organes
génitaux externes des patients âgés, sondés à demeure. Il
est essentiel aussi de limiter l’usage du sondage urinaire à
demeure et, lorsqu’il est en place, de réévaluer régulièrement
la nécessité de le maintenir.
n
Liens d’intérêts : les auteurs n’ont déclaré aucun lien d’intérêt concernant
cet article.
RÉFÉRENCES : ___________________________________________________________________
1.
Briault H, Abdoun N, Bensafir D, Dare F, Coulomb Y. Plaies secondaires au port d’une sonde urinaire à demeure chez le patient âgé. J Plaies
Cicatrisations 2008 ; 65 : 21.
2.
Valgueblasse E, Berger J, Roux A, Plainard X, Dumas J-P, Descazeaud
A. Prise en charge des patients avec sonde vésicale à demeure au long
cours : enquête auprès des médecins généralistes du Limousin. Prog Urol
2012 ; 22 : 106-12.
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