Le vieux rêve de produire son énergie à domicile

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Le vieux rêve de produire son énergie à domicile
spécial salon | touring 4 | 8 mars 2012
photos ldd
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La «Smart House» futuriste développée par Nissan peut être alimentée par la compacte Leaf. Pratique en cas de coupure de courant.
Le vieux rêve de produire
son énergie à domicile
L’avènement des voitures électriques suscite de multiples projets de production
d’énergie à domicile. Cette vision d’une mobilité à zéro émission s’étend même à
l’échelle d’une ville. Mais la réalité est encore bien éloignée de ces concepts idylliques.
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C’est le rêve absolu: rouler en voiture
électrique et produire son énergie à la maison. Contrairement aux automobiles thermiques, leurs pendants électriques laissent entrevoir des modèles d’approvisionnement énergétiques révolutionnaires. Les
constructeurs japonais sont particulièrement actifs dans ce domaine, à l’image de
Nissan dont la Leaf est l’une des voitures
électriques les plus avancées.
En parallèle à la diffusion de ce modèle
compact, Nissan a développé le concept
Smart House. Cette authentique maison du
futur présente la particularité d’être en
véritable interaction avec la voiture électrique, laquelle peut non seulement s’approvisionner au secteur de la maison, mais
aussi alimenter cette dernière avec ses batteries lithium-ion. Cette solution vise à assurer une alimentation électrique régulière
du bâtiment en cas de coupure du réseau
électrique ou de catastrophe naturelle. La
batterie de la Leaf dispose d’une capacité
suffisante (24 kWh) pour couvrir les be-
soins énergétiques d’un ménage japonais
pendant deux jours. Ce concept prometteur
dans un pays soumis à des interruptions
d’alimentation depuis l’accident de Fukushima devrait être introduit au Japon dans
le courant de l’année.
On précisera que la maison Nissan est
approvisionnée en temps normal par des
panneaux solaires et des piles à combustibles. A terme, ce concept pourrait être
étendu à l’ensemble d’une ville. Outre des
maisons individuelles, il comprend aussi
8 mars 2012 | touring 4 | spécial salon
des immeubles produisant leurs besoins
énergétiques de manière autonome.
Honda a également conçu un modèle de
maison capable de produire et de stocker
l’énergie. Ici, l’alimentation se fait par l’intermédiaire de panneaux solaires ainsi que
d’une unité fonctionnant au gaz naturel.
L’énergie sert à alimenter la maison et une
voiture, voire des deux-roues électriques.
Réalité contemporaine | Voilà pour la
musique d’avenir. Dans l’immédiat, les
perspectives d’approvisionnement autonome en électricité apparaissent plus aléatoires. On en veut pour preuve les premiers
enseignements du projet d’alimentation
via des panneaux solaires mené présentement par le TCS (voir ci-dessous). Directeur marketing & ventes chez Alpiq EMobility, Roberto Maugeri se dit toutefois
convaincu que la mobilité électrique
contribuera à stabiliser la consommation
d’énergie car elle permettra d’utiliser des
sources alternatives comme l’éolien ou le
solaire. Mais pour l’instant, les automobilistes suisses n’ont guère d’autre choix que
de se brancher sur le secteur. Seul problème, les ménages sont en principe dotés
de prises limitées à 10 ampères. Dans ces
conditions, le temps de recharge d’une batterie vide est d’environ 8 heures.
L’autre solution consiste à monter une
borne de recharge à domicile. Alpiq installe
le système Home Charge Device fabriqué
par la firme tessinoise Protoscar. Dans le
cas de la Mitsubishi i-Miev, cette unité à
16 ampères nécessite un temps de recharge
maximal de 6 heures (8 heures avec 8 ampères). Vendue à un tarif préférentiel de
1890 fr. avec l’i-Miev, elle devrait être proposée ensuite à un prix non subventionné
de 2000 à 3000 fr. (installation incluse).
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Roberto Maugeri souligne que les prises
usuelles ne sont pas adaptées pour supporter continuellement des intensités de
8 à 10 ampères. Raison pour laquelle il recommande la pose de bornes de recharge.
Ces dernières offrent aussi un meilleur
confort d’utilisation puisque, contrairement aux câbles de recharge embarqués
des voitures, on branche une seule prise.
Pour sa part, Renault offre le choix entre
l’achat et la location d’une borne. L’acquisition d’une installation revient à 1499 fr.
Pour la location, le client doit acquitter
une contribution unique de 599 fr. ainsi
qu’un loyer mensuel de 24,90 fr. Spécialiste des véhicules électriques chez Renault
Suisse, Jörg Sigrist relève que, selon les
premières tendances, la clientèle penche
davantage pour l’achat pur et simple de
l’installation. Quoiqu’il en soit, l’essentiel
MOH
c’est d’être branché.
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Une centrale solaire sur son garage
Dans quelle mesure vaut-il la peine de
poser des panneaux solaires chez soi
pour alimenter son véhicule électrique?
Une unité installée au centre technique
du TCS apporte des premiers éléments
de réponse concrets.
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Rouler avec un véhicule électrique en limitant au maximum les émissions de CO2
suppose l’utilisation d’électricité d’origine
solaire ou éolienne. L’installation de panneaux solaires est l’une des options qui
s’offrent aux particuliers. Afin d’évaluer le
potentiel de cette technologie, une installation solaire de type Plug & Pay a été montée sur le toit d’un garage individuel au
centre technique du TCS, à Emmen. Devisée à 9550 fr., cette installation se compose
de 6 panneaux solaires, d’un onduleur,
d’un compteur de courant et de câbles. La
surface des panneaux est de 7,6 m2 et la
puissance de pointe s’élève à 1,1 kWp (kilowatt peak). Le courant est injecté directement, et presque sans perte, dans le réseau de 230 volts. Un compteur mesure la
quantité produite et celle-ci est retranchée
de la facture du fournisseur d’électricité.
Au gré des saisons | Selon les données
initiales, la production quotidienne de
l’installation devrait se monter à environ
2 kWh. Au cours des 50 premiers jours
d’exploitation, le kit solaire a produit 23,4
kWh, soit nettement moins que les 100
kWh escomptés. Mais il faut savoir que la
mise en service a été opérée à mi-décembre
Les 6 panneaux solaires installés par le TCS devraient permettre d’accomplir 4500 km.
et, qu’au gros de l’hiver, la production est
quasi nulle. Elle devrait progressivement
augmenter ce printemps, et le déficit
d’énergie être comblé à l’été.
En théorie, 1 kWp issu de cellules solaires par un ensoleillement optimal fournit une production annuelle de 800 à 1000
kWh. Circonspect, le budget établi par le
TCS table sur 365 jours à 2 kWh, soit un total de 730 kWh. La consommation mesurée
lors du test du véhicule de référence – une
Citroën C-Zero – était d’environ 16 kWh/
100 km. En conséquence, la production an-
nuelle de l’installation solaire devrait permettre de parcourir 4500 km, soit près du
tiers du kilométrage annuel estimé.
A Emmen, la voiture est rechargée au réseau. C’est préférable vu les fluctuations
saisonnières. Le stockage de l’énergie solaire réinjectée dans le réseau incombe à la
société électrique. De fait, cette dernière ne
se cantonne plus à fournir le courant, mais
doit aussi gérer l’énergie issue de l’installation solaire. Une activité supplémentaire
qui pourrait induire des coûts supplémenMOH/TCS C+E
taires.
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