Journée de la création Notre-Dame-du-Port-du

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Journée de la création Notre-Dame-du-Port-du
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Journée de la création
Notre-Dame-du-Port-du-Salut
Dimanche 4 octobre 2015
Psaume
Heureux celui qui est apaisé
en touchant l'écorce d'un arbre
Il entend l'écho des consonnes
égrenées au cloître du vent
La béatitude est pour lui
dans la chair des humbles choses
Le clin d'œil du paradis
s'inscrit au creux des ravines
Il goûtera jusque dans la vieillesse
les splendeurs de son enfance :
le goût acidulé du blé en herbe
la pluie à l'odeur de craie
PIERRE ETIENNE
(Frère de la communauté de Taizé)
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Genèse chapitre 1 – 2,3
AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient audessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.
Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la
lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière « jour », il appela les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir, il y eut
un matin : premier jour.
Et Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux. » Dieu fit le firmament, il
sépara les eaux qui sont au-dessous du firmament et les eaux qui sont au-dessus. Et ce fut ainsi. Dieu
appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour.
Et Dieu dit : « Les eaux qui sont au-dessous du ciel, qu’elles se rassemblent en un seul lieu, et que paraisse
la terre ferme. » Et ce fut ainsi. Dieu appela la terre ferme « terre », et il appela la masse des eaux « mer ».
Et Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : « Que la terre produise l’herbe, la plante qui porte sa semence, et que, sur la terre, l’arbre à fruit
donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. » Et ce fut ainsi. La terre produisit l’herbe, la plante
qui porte sa semence, selon son espèce, et l’arbre qui donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa
semence. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour.
Et Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent
de signes pour marquer les fêtes, les jours et les années ; et qu’ils soient, au firmament du ciel, des
luminaires pour éclairer la terre. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand pour
commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça au
firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière des
ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : quatrième jour.
Et Dieu dit : « Que les eaux foisonnent d’une profusion d’êtres vivants, et que les oiseaux volent au-dessus
de la terre, sous le firmament du ciel. » Dieu créa, selon leur espèce, les grands monstres marins, tous les
êtres vivants qui vont et viennent et foisonnent dans les eaux, et aussi, selon leur espèce, tous les oiseaux
qui volent. Et Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit par ces paroles : « Soyez féconds et multipliez-vous,
remplissez les mers, que les oiseaux se multiplient sur la terre. » Il y eut un soir, il y eut un matin :
cinquième jour.
Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, bestiaux, bestioles et bêtes
sauvages selon leur espèce. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux
selon leur espèce, et toutes les bestioles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Dieu
dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la
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mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et
viennent sur la terre. »
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et
leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des
poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Dieu dit
encore : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la terre, et tout arbre
dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture. À tous les animaux de la terre, à tous les
oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle de vie, je donne comme nourriture
toute herbe verte. » Et ce fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un
soir, il y eut un matin : sixième jour.
Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement. Le septième jour, Dieu avait achevé
l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le
septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite.
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Prière de la forêt
Je suis la chaleur de ton foyer
Par les froides nuits d’hiver
Je suis l’ombrage ami
Lorsque brûle le soleil d’été
Je suis le lit dans lequel tu dors
Et le bois dont tu fais tes navires
Et la planche de ta table
Je suis le bois de ton berceau
Et la planche de ton cercueil
Je suis le pain de la bonté
Et la fleur de la beauté
Je suis l’eau des nuages
Et l’eau des sources
Je suis le manche de ta houe
Et la porte de ton enclos
Je suis la charpente de ta maison
Je suis la croix du Christ
Ecoute ma prière. Respecte-moi.
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Heureux les doux : ils possèderont la terre (Mt 5,4)
L’humble communion fraternelle de François avec toutes les créatures peut sembler en contradiction avec ce que le
Créateur prescrit à l’homme. Selon le premier récit biblique de la création, dans le livre de la Genèse, l’homme créé
par Dieu à son image reçoit en effet la mission de dominer la terre. La création de l’homme à l’image de Dieu passe
par cette mission qui lui est confiée : « Soyez féconds, multipliez- vous, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez
sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux » (Genèse 1,28). L’homme serait donc à l’image de
Dieu quand il domine les créatures : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’il
domine.. » (Genèse 1,26).
Mais toute la question est de savoir ce qu’il faut entendre ici par « dominer ». La domination, que l’homme est
appelé à exercer sur la terre, en tant qu’image de Dieu, est-elle ce pouvoir prométhéen que l’homme de l’âge
industriel s’est arrogé ? Un pouvoir exorbitant, sans limites et souvent violent, qu’il n’hésite pas à tuer et à détruire,
à des fins de rendement, de profit ou de jouissance, sans le moindre respect de la vie ? On a souvent invoqué ce
texte biblique pour justifier cette emprise absolue de l’homme sur la terre. Mais est-ce bien ainsi qu’il faut le
comprendre ?
Des exégètes hautement qualifiés nous ont appris à lire ce texte autrement et à en découvrir le vrai sens. Une
première chose saute aux yeux à la lecture de ce récit. A l’opposé des anciennes cosmogonies et même de certains
passages du prophète Isaïe concernant les origines du monde, la première page de la bible écarte toute
représentation violente dans son récit de la création. Toutes les versions sanglantes et terrifiantes des origines sont
ici rejetées. La création n’est pas racontée sur le modèle d’une victoire remportée par une divinité guerrière. On n’y
trouve aucune trace de combat ou d’affrontement. L’acte créateur n’a rien de violent, encore moins de sanglant.
C’est l’acte d’une Parole souveraine et sereine : Dieu dit et cela est.
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On a souvent souligné la toute-puissance de la Parole créatrice. Mais a-t-on remarqué sa sérénité, son infinie
douceur ? On objectera qu’elle a le tranchant du glaive. N’est-ce pas elle qui sépare tout net la lumière d’avec les
ténèbres, les eaux qui sont sous le firmament de celles qui sont au-dessus, la terre ferme d’avec la masse des eaux
des mers ?
La Parole sépare, en effet, mais sans rien exclure. Elle sépare, mais c’est pour composer. Elle compose comme un
artiste peintre compose son tableau : avec des couleurs diverses et même opposées. Rien n’est rejeté, tout est
ordonné. Chaque chose est mise à sa place. Et de chacune d’elle il est écrit : « Et Dieu vit que cela était bon. »
Chacune suscite une extase. Et l’ensemble se déploie sous le signe de l’harmonie, de l’alliance : le jour répond à la
nuit, le soir au matin, la terre au ciel.
Alliance, harmonie, non seulement entre les différents éléments qui composent l’univers, mais également entre les
différentes espèces de vivants. Tout rapport violent, sanglant, est ici exclu. Détail important et hautement
significatif : les hommes comme les animaux sont soumis au même régime végétarien. Ni les uns ni les autres n’ont à
tuer pour vivre. A l’homme, qu’il vient d’établir maître et roi de la création, le Créateur dit : « Je vous donne toutes
les herbes portant semence… tout les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture » (Genèse
1,29). Et il ajoute : « A toutes les bêtes sauvages… je donne pour nourriture toute la verdure des plantes » (Genèse
1,30). Cette prescription de nourriture végétarienne indique l’harmonie que le Créateur veut voir régner dans son
œuvre. L’homme ne tuera pas, l’animal non plus. Tous cohabiteront dans la paix.
Du coup s’éclaire le vrai sens de la domination que l’homme est appelé à exercer sur la terre et les animaux. Cette
domination exclut tout rapport violent, toute agressivité, toute volonté de destruction. A l’image de Dieu, l’homme
doit être un maître de douceur. Il est ce maître de douceur quand il maîtrise sa propre animalité, quand il devient
lui-même un créateur d’unité et d’harmonie entre les êtres, quand il fait sien, dans le respect et l’amour, le grand
dessein de vie du Créateur.
On voit l’erreur grossière de ces nombreuses interprétations qui ont lu dans ce texte biblique le pouvoir de l’homme
sans y lire la douceur divine. Une telle interprétation est inquiétante, car, selon le père Paul Beauchamp : « elle
projette sur Dieu même l’idée d’une puissance incapable de s’exercer dans la douceur. Cette douceur, selon moi, est
sans doute le don le plus intime, le plus secret de l’acte créateur ».
C’est seulement en se replaçant soi-même, en grande humilité, parmi les créatures, à l’intérieur d’une unité de la
création, et en respectant toutes les formes de la vie, y compris les plus humbles, que l’homme peut espérer former
un jour une vraie fraternité avec tous ses semblables. La fraternité humaine passe par cette fraternité cosmique qui
nous ouvre à la douceur du Créateur envers toute son œuvre.
Eloi Leclerc
« Le soleil se lève sur Assise ».
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Délire arboricole mayennais
Si notre Fraternité était un arbre ce serait quoi ?
FRENE ! Parce que la Fraternité ralentit.
Pendant que tu y es, pourquoi pas un SYCOMORE (Sicot mort)…
Mais si c’était celui de Zachée, on pourrait voir Jésus d’en haut.
Un OLIVIER tout noueux et tout racorni,
Qui veut encore croire à la prière pour la paix.
Un BOULEAU, vu le travail de préparation que cela demande.
Un PEUPLIER pour assouplir les caractères.
Un HETRE, car être ou ne pas être, là est la question.
Un PECHER pour implorer miséricorde sous son ombre.
Un COGNASSIER pour un petit coin de paradis.
Un NOYER dans l’eau du baptême !
Un SAULE pour se convertir sur le chemin de Damas.
Un CERISIER pour porter de bons fruits.
Un FLAMBOYANT pour toutes les flammes de la Pentecôte.
Un CYPRES pour être proches les uns des autres.
Si nous voyons la grande Fraternité internationale comme un beau CHENE, localement, nous sommes un bonsaï.
Finalement, nous choisissons le PEUPLIER, car si le « peuple y est », tout le peuple de Dieu est représenté.
Jacqueline et Bertrand Rebillard
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Ezéchiel chapitre 47, 1-12
L’homme me fit revenir à l’entrée de la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait vers
l’orient, puisque la façade de la Maison était du côté de l’orient. L’eau descendait de dessous le côté droit
de la Maison, au sud de l’autel.
L’homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l’extérieur, jusqu’à la porte qui fait
face à l’orient, et là encore l’eau coulait du côté droit.
L’homme s’éloigna vers l’orient, un cordeau à la main, et il mesura une distance de mille coudées ; alors il
me fit traverser l’eau : j’en avais jusqu’aux chevilles. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser
l’eau : j’en avais jusqu’aux genoux. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser : j’en avais jusqu’aux
reins. Il en mesura encore mille : c’était un torrent que je ne pouvais traverser ; l’eau avait grossi, il aurait
fallu nager : c’était un torrent infranchissable. Alors il me dit : « As-tu vu, fils d’homme ? » Puis il me
ramena au bord du torrent.
Quand il m’eut ramené, voici qu’il y avait au bord du torrent, de chaque côté, des arbres en grand nombre.
Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l’orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse
dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux. En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux
pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et
la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. Alors des pêcheurs se tiendront sur la rive depuis Enn-Guèdi
jusqu’à Enn-Églaïm ; on y fera sécher les filets. Les espèces de poissons seront aussi nombreuses que celles
de la Méditerranée. Mais ses marais et ses bassins ne seront pas assainis : ils seront réservés au sel.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se
flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau
vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »
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Psaume 103 (104)
Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux, tu élèves dans leurs eaux tes demeures ; des nuées, tu te fais un
char, tu t'avances sur les ailes du vent ; tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs, les flammes
des éclairs.
Tu as donné son assise à la terre : qu'elle reste inébranlable au cours des temps. Tu l'as vêtue de l'abîme
des mers : les eaux couvraient même les montagnes ; à ta menace, elles prennent la fuite, effrayées par le
tonnerre de ta voix. Elles passent les montagnes, se ruent dans les vallées vers le lieu que tu leur as
préparé. Tu leur imposes la limite à ne pas franchir : qu'elles ne reviennent jamais couvrir la terre.
Dans les ravins tu fais jaillir des sources et l'eau chemine au creux des montagnes ; elle abreuve les bêtes
des champs : l'âne sauvage y calme sa soif ; les oiseaux séjournent près d'elle : dans le feuillage on entend
leurs cris.
De tes demeures tu abreuves les montagnes, et la terre se rassasie du fruit de tes œuvres ; tu fais pousser
les prairies pour les troupeaux, et les champs pour l'homme qui travaille. De la terre il tire son pain : le vin
qui réjouit le cœur de l'homme, l'huile qui adoucit son visage, et le pain qui fortifie le cœur de l'homme.
Les arbres du Seigneur se rassasient, les cèdres qu'il a plantés au Liban ; c'est là que vient nicher le
passereau, et la cigogne a sa maison dans les cyprès ; aux chamois, les hautes montagnes, aux marmottes,
l'abri des rochers.
Tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l'heure de son coucher. Tu fais descendre les
ténèbres, la nuit vient : les animaux dans la forêt s'éveillent ; le lionceau rugit vers sa proie, il réclame à
Dieu sa nourriture. Quand paraît le soleil, ils se retirent : chacun gagne son repaire. L'homme sort pour son
ouvrage, pour son travail, jusqu'au soir.
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! Tout cela, ta sagesse l'a fait ; la terre s'emplit de tes biens.
Voici l'immensité de la mer, son grouillement innombrable d'animaux grands et petits, ses bateaux qui
voyagent, et Léviathan que tu fis pour qu'il serve à tes jeux. Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur
nourriture au temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés. Tu caches
ton visage : ils s'épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu
envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres ! Il regarde la terre : elle tremble ; il
touche les montagnes : elles brûlent. Je veux chanter au Seigneur tant que je vis ; je veux jouer pour mon
Dieu tant que je dure. Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur. Que les
pécheurs disparaissent de la terre ! Que les impies n'existent plus !
Bénis le Seigneur, ô mon âme !
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J’ai soif de ta Parole
Dans le livre d’Esaïe (55,1-10), Dieu parle et compare sa parole à la pluie qui descend des cieux. Elle arrose, féconde
et fait germer les plantes…
Etrange écho à l’actualité… Orages, pluies torrentielles, déluges, inondations, grêle… autant de références au pouvoir
destructeur ou effrayant de la pluie. Et comment ne pas entendre dans notre entourage cette même frayeur quant à
la parole de Dieu : exclusion, conservatisme, moralisme, condamnation, malédiction, domination, superstition…
Quand on a peur, on ne voit que ce qui fait peur et les raisons d’avoir peur. Et si, au lieu de cela, on regardait ce qui
semble être une malédiction comme une bénédiction ? Alors, ce qui nous effraye est ce qui viendrait donner la vie,
la confiance et l’espérance.
Bien sûr la pluie vient du ciel, mais avant cela elle était nuage, et avant cela elle était mer, et encore avant rivière,
source… et pluie ! Et s’il en était de même de la parole de Dieu ? Avant d’être parole qui vient « d’en haut », elle
était d’abord une parole pour « l’ici-bas ».
Le cycle de la parole est le même que celui de l’eau. La parole de Dieu descend vers la terre, rencontre l’homme.
Celui-ci devient l’homme accompli qui est le plus beau chant de louange, la plus belle parole qui puisse revenir à
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Dieu. L’humain devient la parole de Dieu. La terre a besoin d’eau pour être féconde, pour s’ouvrir au cycle de la vie.
Une terre aride devient champ, puis semence, puis farine et enfin nourriture.
L’humain a besoin de la parole de Dieu pour devenir un être accompli : libre, fier, fécond, heureux et délivré de tout
mal. La parole de Dieu ne vient pas pour commander, mais pour permettre à chacun de voir en lui-même l’humain
que Dieu appelle, qui lui permet ensuite de se tourner vers son prochain et de devenir source de vie, la parole qui
nourrit.
Cette parole de Dieu est comme la pluie, elle tombe pour tous et sur tous, elle est comme la neige, présente et
pourtant impossible à conserver dans le creux de sa main. Une parole qu’on ne maîtrise pas, qui ne s’enferme pas
mais qui rend fécond, qui fait grandir, qui donne la vie, qui devient Bonne Nouvelle.
Christophe Cousinié
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Hymne de reconnaissance à la terre
Au fil des saisons, tu t’offres pour combler nos faims par la fécondité de ton sol.
Au long des jours, tu étales sous nos yeux la beauté des fleurs aux mille coloris et tu nous enivres par tes parfums.
Au rythme du temps, tu nous enchantes par les hymnes mélodieux des oiseaux, les murmures du vent et la romance
des insectes.
Au fil des saisons, tu nous appelles à l’infini et au silence par les mystérieuses profondeurs des cieux et des océans.
Au long des jours, tu nous incites à la résistance par la force des glaces et la ténacité des froidures.
Au rythme du temps, tu nous enseignes la solidarité et la non-violence par la manière de lutter pour la vie chez une
multitude d’espèces.
Au fil des saisons, tu nous appelles à la stabilité et à la force par la solidité des montagnes et la puissance des grands
éléments.
Au fil des saisons, tu nous invites à la souplesse par la flexibilité des herbes et des roseaux.
Au rythme du temps, tu nous apprends la tolérance par la cohabitation pacifique des espèces les plus variées.
Au fil des saisons, tu nous interpelles à la joie par la musique des ruisseaux et à la fantaisie par les jeux de l’ombre et
de la lumière.
Au long des jours, tu nous éduques à l’amour universel par le mode de vie en communauté et en commensalisme
des bêtes et des plantes.
Au rythme du temps, tu nous rappelles l’importance d’afficher nos couleurs et de prendre position par la fidélité des
grands luminaires.
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Cantique de Frère Soleil ou des créatures
Très haut et tout puissant et bon Seigneur,
A toi louange, gloire, honneur,
Et toute bénédiction ;
A toi seul ils conviennent ô Très Haut,
Et nul homme n’est digne de te nommer.
Loué, sois-tu, mon Seigneur, et avec toutes tes
créatures,
Spécialement messire Frère Soleil,
Par qui tu nous donnes le jour, la lumière :
Il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
Et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les
étoiles :
Dans le ciel tu les as formées,
Claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour Frère Vent,
Et pour l’air et pour les nuages,
Pour l’azur calme et tous les temps :
Grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau,
Qui est très utile et très humble,
Précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour Frère Feu,
Par qui tu éclaires la nuit :
Il est beau et joyeux,
Indomptable et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la
Terre,
Qui nous porte et nous nourrit,
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Qui produit la diversité des fruites, avec les fleurs
diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
Qui pardonnent par amour pour toi,
Qui supportent épreuves et maladies :
Heureux s’ils conservent la paix,
Car par toi, le Très Haut ils seront couronnés.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
Heureux ceux qu’elle surprendra en train de faire ta
volonté,
Car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez le Seigneur,
Rendez-lui grâce et servez-le
En toute humilité.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour notre sœur la Mort corporelle,
A qui nul homme vivant ne peut échapper.
Saint François d’Assise
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Prière pour notre terre
Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l’univers
et dans la plus petite de tes créatures,
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,
répands sur nous la force de ton amour pour que
nous protégions la vie et la beauté.
Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs
sans causer de dommages à personne.
Ô Dieu des pauvres,
aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre
qui valent tant à tes yeux.
Guéris nos vies,
pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs,
pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction.
Touche les cœurs
de ceux qui cherchent seulement des profits
aux dépens de la terre et des pauvres.
Apprends-nous à découvrir
la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,
à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures
sur notre chemin vers ta lumière infinie.
Merci parce que tu es avec nous tous les jours.
Soutiens-nous, nous t’en prions,
dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix.
Pape François
Extrait de l’encyclique « Laudato Si »
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Saint Jean – 15,1-17
Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas
de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte
davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi,
comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure
pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte
beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il
est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au
feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que
vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez
beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.
Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon
Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit
parfaite.
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous
commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous
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appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui
m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que
votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres.
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Frères concélébrants et enfants bénis dans le Seigneur,
Nul n’ignore qu’à l’initiative prise par le Patriarcat œcuménique -et récemment par l’Église catholique
romaine aussi- le 1er septembre est fixé comme journée de prière pour la protection de l’environnement
naturel. Au cours de cette journée, nous prions le Très-Haut de faire briller de joie Sa création pour qu’elle
soit agréable et fructueuse à la vie de l’homme sur terre. Cette requête comprend certainement aussi la
prière pour qu’Il permette que les inévitables changements climatiques se passent dans les limites de
tolérance pour la survie de l’homme d’une part, la durabilité de la création, d’autre part.
Toutefois, l’humanité, que ce soit en partie ou dans son ensemble, se comporte à l’opposé de cette
demande. Nous oppressons la nature de manière à causer des changements climatiques et
environnementaux inopinés et fâcheux, nuisibles à son fonctionnement régulier et dès lors à notre vie. Le
cumul des actes commis par des individus, mais aussi par des entreprises privées et publiques de grande
envergure, destinés à produire davantage de biens au profit des exploitants, a pour seul résultat la
destruction de la création de Dieu faite pour fonctionner harmonieusement.
Nous tous qui appréhendons le risque quotidiennement grandissant du changement climatique sur notre
planète, dû à l’activité humaine, haussons la voix pour le signaler et appelons tout le monde à examiner ce
qu’il faut faire « pour que la vie ne disparaisse pas au bénéfice de la richesse » (Déclaration de
l’Organisation des Nations Unies).
Dès lors, en qualité de Patriarche œcuménique, nous déployons des efforts depuis des années pour
informer les fidèles de notre Église et tous les hommes de bonne volonté des risques que l’usage parfois
abusif des ressources énergétiques implique ; un usage qui menace de produire un terrible changement
climatique tout en compromettant la durabilité de l’environnement naturel.
Nous les chrétiens orthodoxes avons appris des Pères de l’Église à limiter nos besoins dans la mesure du
possible. Au consumérisme, nous opposons l’ascétisme. Un ethos d’autolimitation des besoins à
l’indispensable. Cela n’implique pas privation, mais rationalisation de la consommation et désapprobation
éthique de la prodigalité. L’apôtre du Christ nous exhorte : « Si donc nous avons nourriture et vêtement,
nous nous en contenterons » (I Tm 6,8). Christ lui-même, en multipliant les cinq pains pour rassasier cinq
mille hommes, hormis des femmes et des enfants, a prescrit de rassembler les morceaux qui restaient « de
sorte que rien ne soit perdu » (Jn 6,12).
Malheureusement, les sociétés modernes ont renoncé à pratiquer cette prescription, livrées à la
prodigalité et à l’exploitation insensée pour satisfaire un sens de prospérité vain. Ces comportements sont
cependant susceptibles d’être modifiés, moyennant une éducation appropriée, pour économiser des
ressources et de l’énergie.
Frères et enfants dans notre Seigneur et Créateur commun,
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Nous les humains sommes les destructeurs de la création, à cause de notre avidité, de notre attachement à
la terre, aux biens terrestres que nous tentons d’accroître sans cesse, à l’instar du « riche insensé » de
l’Évangile. Nous oublions l’Esprit saint en Qui « nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Cela
signifie que pour juguler la crise écologique, il faut agir de façon concertée, mais toujours en l’Esprit saint,
par la Grâce de Qui nos efforts humains sont bénis et se renouvelle l’entière création, retournant à sa
première condition, telle qu’elle fut créée « très bonne » par Dieu. C’est pourquoi, c’est à l’homme,
cocréateur et doté du libre arbitre, qu’il incombe de faire face à la crise écologique.
La terre ressemble à « un gigantesque tas d’ordures » (François, pape de Rome, Encyclique 2015). Ce ne
sont pas uniquement des immondices matérielles, mais avant tout spirituelles. Ce sont des ordures
provenant essentiellement des pensées malsaines de l’être humain lui-même. Toutefois, nous les chrétiens
orthodoxes, forts de la certitude de notre foi au Seigneur tout-puissant, Auteur de toute la création,
sommes appelés à faire œuvre d’évangéliste, d’apôtre, aussi en matière de protection de la création :
autrement dit, ranimer le message évangélique joyeux dans le monde tumultueux d’aujourd’hui ; réveiller
la nature spirituelle somnolente de l’être humain, diversement éprouvé à bien des reprises et de bien des
manières ; transmettre, enfin, un message d’espérance, de paix, de vraie joie de la paix, de la joie du Christ.
Pensant ainsi et proclamant cette vérité depuis notre très saint Trône œcuménique apostolique et
patriarcal, nous appelons le monde entier à faire preuve de vigilance, à se débarrasser de pensées fourbes
et de mobiles intéressés pour vivre en harmonie avec le prochain et avec la création « très bonne » de
Dieu. Nous prions et souhaitons avec Basile le Grand qui « a expliqué la nature des êtres » : « Béni sois-tu,
Seigneur, le seul à renouveler tes œuvres quotidiennement ; béni sois-tu, Seigneur, qui créas la lumière et
les ténèbres, et qui les distinguas ; Béni sois-tu, Seigneur, créant et réformant tout, éloignant l’ombre de la
mort et transformant le jour en nuit ; Béni sois-tu, Seigneur, qui créas l’homme à ton image et
ressemblance, créant le jour dédié aux œuvres de lumière et la nuit pour le repos de la nature humaine... »
.Ceci est notre message, notre conviction et notre exhortation à vous tous : Tenons-nous bien, tenons-nous
dans la crainte devant la création de Dieu.
Que la grâce et l’infinie miséricorde de notre Seigneur, auteur de la création tout entière, visible et
invisible, soient avec vous tous et avec le monde entier, toujours et dans les siècles infinis. Amen.
Patriarche Bartholomée
Le 1er septembre 2015
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O Toi, notre vie
Nous vivons dans un monde où il y a des millions de personnes de plus en plus pauvres.
Un monde où les injustices se multiplient.
Un monde où il y a un immense fossé entre les riches et les pauvres.
Un monde où un petit nombre occupe toute la place du MARCHE, alors que d’autres parviennent à peine à faire leur
marché d’une semaine à l’autre.
Cela ne va pas avec le Projet que tu as sur l’Univers !!!
O Toi, pour qui la vie est sacrée,
Que ta justice soit faite sur cette terre pour toutes les personnes exclues et exploitées, afin qu’elles aient le pain
nécessaire chaque jour.
Donne-nous le courage et l’énergie de lutter en vue de la dignité des personnes.
Donne-nous aussi la lumière et la sagesse nécessaires pour bâtir ensemble notre vie sur les valeurs sûres… et
durables…
On nous offre toutes sortes de biens !!!
On nous attire avec toutes sortes de produits !!!
On nous sollicite par toutes sortes de moyens !!!
On nous promet le Paradis… mais cela nous fait vivre une vie d’enfer… car cela ne vise pas vraiment notre intérêt.
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Alors, on se retrouve enchaînés, coincés, étouffés, sous les dettes, les paiements, les intérêts et les taxes !!!
O Toi, pour qui la vie est sacrée,
Aide-nous à résister à la tentation de combler notre vie avec les fausses promesses de la part du dieu de la publicité
et de l’économie !
Donne-nous le courage de ne pas tomber dans leur jeu et la force de les dénoncer…
Fais-nous voir que la vraie richesse est d’abord une affaire de cœur.
Délivre-nous de l’isolement et de l’évasion !
O Toi, notre vie,
Donne-nous une solidarité à toute épreuve pour nous soutenir les uns et les autres dans notre décision de vivre
selon nos moyens dans le respect des personnes et de l’environnement.
Qu’il en soit ainsi avec la force de ton amour pour tous les vivants,
Et la puissance de notre pouvoir de création.
Vers une spiritualité de la création
Reine Magnan

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