Afficher - Litteris.fr

Transcription

Afficher - Litteris.fr
Présentation des Fleurs du Mal de Baudelaire
• Historique des éditions des Fleurs du Mal
Les Fleurs du mal eut trois titres successifs :
- "Les Lesbiennes" en 1845 => référence à Sapho, poétesse grecque qui enseignait les arts à
des jeunes filles sur l'île de Lesbos, dans la mer Egée.
- "Les Limbes" en 1848 => lieu où se retrouvent les âmes des innocents qui sont morts sans
avoir reçu le sacrement du baptême.
- "Les Fleurs du mal" => projet poétique de Baudelaire : extraire la beauté du mal,
transfigurer par le travail poétique l'expérience douloureuse de l'âme humaine en proie aux
malheurs de l'existence (Baudelaire dit : " tu m'as donné ta boue, j'en fais de l'or ").
Le mal fait référence à quatre types de mal :
- mal social (être déchu)
- mal moral (goût pour le vice)
- mal physique
- mal métaphysique (âme angoissée car il ne croit pas en Dieu)
Métaphore oxymorique : Fleurs/mal
1-Ce recueil de 100 poèmes a été publié le 25 juin 1857 à Paris chez Poulet-Malassis. Ces
poèmes sont répartis en 5 sections comportant respectivement 77, 12, 3, 5 et 3 poèmes. Ils sont
précédés d'une dédicace à Gautier, (important car Gautier est un Parnassien, un tenant de « l'art
pour l'art ») et du poème au lecteur.
Les 5 sections initiales sont : Spleen et Idéal, Le Vin, Fleurs du Mal, Révolte et La Mort.
2-Une seconde édition augmentée de 35 poèmes nouveaux (et d'une section inédite : Tableaux
parisiens) est publiée en 1861. L'édition définitive des Fleurs du Mal a été publiée en 1868,
après la mort de Charles Baudelaire (1821-1867).
3-L'édition définitive des Fleurs du mal a la structure suivante: Les Fleurs du mal est composée de
six sections et d'un poème préliminaire ou prologue, " Au Lecteur ".
" Au Lecteur " : sorte de pacte de lecture qui met l'accent sur la fraternité des hommes dans la
déchéance, une fraternité de damnés, de victimes. Les hommes se sentent solidaires devant la
misère, la sottise, la lâcheté, l'ennui et le mal. Les Fleurs du mal sont alors une sorte de voyage
qui comporte six étapes.
- Spleen et Idéal (85 poèmes) : déchirure du poète entre une aspiration vers un " Idéal " et le "
Spleen ", c'est-à-dire l'ennui (angoisse). Cette section montre la misère et la grandeur de
l'homme => combat éternelle de l'homme sans issue : " Il y a dans tout homme, à tout heure,
deux postulations, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan " (Baudelaire). L'homme est condamné à
vivre ces deux forces antagonistes.
Origine du mot spleen
Mot d’origine grecque signifiant « rate », « humeur noire », utilisé par les Anglais. Entré dans la
langue française au milieu du XVIIIème siècle, ce mot désigne un certain vague à l’âme, une
mélancolie, caractérisée par le dégoût de toute chose.
Le choix de ce mot est caractérisé par un certain exotisme (anglais). De plus, il est polysémique
car il n’est pas français. De fait, il emploie également : « Mélancolie », « Guignon », « ennui »,
« tristesse », « désespoir ». La sonorité du mot avec une sonorité traînante est certainement une
des raisons de son choix.
- Tableaux Parisiens (30 poèmes) : description de Paris considérée comme une ville
fourmillante et pleine de rêve. Angoisse du poète due au spectacle des rues, des images qui
reflètent son état intérieur => multiplication de son être propre, son malheur.
- Le vin (5 poèmes) : constitue le premier paradis artificiel, tentation de se perdre dans un
ailleurs meilleur. Ce recours est utilisé par les désespérés et les idéalistes (artistes).
- Fleurs du mal (9 poèmes) : constitue le second paradis, présente la luxure, le vice et les
amours interdits (homosexualité féminine) => fatalité du désir.
- Révolte (3 poèmes) : monde où les tentations charnelles sont assouvies. On cherche
maintenant une satisfaction spirituelle. On va rejeter Dieu qui n'a pas répondu et on célèbre
l'alliance avec Satan (prince des déchus).
- La mort (6 poèmes) : apparaît comme le dernier espoir, mort salvatrice, mort qui
console => espoir de voyage donc de soulagement de la souffrance, peut-être un inconnu qui
sera meilleur (mort = début : pensée très chrétienne). Dernier poème le voyage => moyen de
soulager le feu qui brûle le cerveau.)
• La réception de l’œuvre
Ce recueil est mal accueilli, par la critique. Seuls quelques-uns, dont son ami Barbey
d’Aurevilly, défendent la poésie de Charles Baudelaire. Le 5 juillet 1857 parait un violent
article du Figaro, qui tout à la fois assure une grande notoriété au poète et le conduit devant les
tribunaux.
En août 1857, six mois après le procès de Madame Bovary (pour des chefs d'inculpation
similaires: immoralité et obscénité), Baudelaire est condamné ( Flaubert ne l'avait pas été) pour
"offense à la morale publique, ... la morale religieuse et aux bonnes mœurs". Il est condamné à
300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes. Ces 6 poèmes seront publiés à nouveau,
en 1864, en Belgique dans le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle.
Baudelaire a apporté un soin particulier à la disposition de son recueil. Les Fleurs du Mal ne
sont pas une succession de poèmes qui prennent place au fur et mesure de l’inspiration de
l’auteur. Baudelaire les a disposés suivant un itinéraire bien précis. Il est d'ailleurs une lettre
célèbre adressée en 1861 par Baudelaire à Vigny : " le seul éloge que je sollicite pour ce livre est
qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin."
Contexte historique :
1815-1830 : Restauration
1830-1848 : Monarchie de Juillet
1848-1852 : IInde République
1852-1870 : IInd Empire
Contexte Culturel :
- Les Parnassiens : groupe littéraire français de la 2nde moitié du XIXème siècle. Ils succèdent à la
période romantique où ils trouvaient que le lyrisme était à l'excès ainsi que l'engagement politique. Ces
nouveaux principes littéraires furent définis dans la préface de Mademoiselle de Maupin de Théophile
Gautier. Ils disaient : "Il n'y a de vraiment beau que ce qui peut ne servir à rien. Tout ce qui est utile est
laid,…". Les Parnassiens réunis autour de Leconte de Lisle refusaient une poésie de l'expression, de
l'effusion des sentiments et privilégiaient le travail sur la versification. Ils étaient à la recherche d'une
perfection technique. Pour les thèmes, ils avaient recours à l'érudition, au savant, à l'étrange, à
l'archaïque, à l'exotique ou l'antique. Ce mouvement fut un échec car les poèmes étaient trop compliqués
et obscurs.
- Le symbolisme : mouvement littéraire de la fin du XIXème siècle qui mit l'accent sur les valeurs
suggestives du langage, seules aptes à déchiffrer l'univers considéré comme le "symbole d'un autre
monde" ("l'homme intérieur est le ciel sous sa petite forme et le ciel est un grand homme" Baudelaire)
=> correspondance étroite entre l'homme et l'univers. Le symbolisme est une opposition au monde
matériel => suprématie de la sensibilité, du plaisir des sensations (champ lexical du flou [cf :
impressionnisme]). Tout est fugace (éphémère). La mélodie des poèmes est d'une très grande importance
("De la musique avant toute chose et pour cela préfère l'impair" Verlaine). Les symbolistes s'intéressent
aussi beaucoup à l'inconscient (avec Freud et Shopenhaweur). Importance du vers libre. Symboliste :
Mallarmé, Verlaine, Baudelaire.
- Le dandysme : c'est un culte de soi-même, un désir de distinction fondé sur l'originalité personnelle.
Il soigne sa parure, sa parole, il pratique la transgression. Il ne se repose pas sur le travail ou les privilège
de la naissance. Le dandy ne crée pas son œuvre, son œuvre est la vie même. Pour Baudelaire il est le
dernier éclat de l'héroïsme dans une période de décadence. Le dandysme c'est l'élégance de la vie.
-Les Poètes maudits est un ouvrage de Paul Verlaine publié en 1888.
Le poète y rend hommage au Parnasse français « décadent » qui marqua la fin du Second
Empire et les débuts de la Troisième République. Sont ainsi honorés de longues notices Tristan
Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'IsleAdam et Pauvre Lelian (anagramme de Paul Verlaine). Les commentaires éclairés de Paul
Verlaine, qui fréquentait personnellement ces auteurs, se ponctuent d'anecdotes de première
main.
L'expression ayant fait florès ( = ayant eu du succès), les mots « poète maudit » peuvent
aujourd'hui qualifier d'autres auteurs que les amis de Verlaine. Ils désignent en général un poète
talentueux qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de
manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la
consommation d'alcool et de drogues), rédige des textes d'une lecture difficile et, en
général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur. Ce courant était le fait
d hommes au destin tourmenté,ayant souvent des conduites aux frontières de la lucidité....et
"transformant la boue en or" selon le terme de Baudelaire leur chef de file....sublimant le
morbide pour créer des mondes uniques....au parfum vénéneux et où il est si doux de se perdre....
Ont ainsi pu recevoir ce qualificatif Verlaine lui-même, mais aussi des auteurs comme François
Villon, Aloysius Bertrand, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Lautréamont, Petrus Borel,
Charles Cros, Germain Nouveau, Alfred Jarry, Antonin Artaud, Armand Robin, Olivier Larronde
ou encore Keats, Jim Morrison et Edgar Poe.
Figure tragique poussée à l'extrême, versant à l'occasion dans la démence, l'image du poète
maudit constitue, en quelque sorte, le sommet indépassable de la pensée romantique. Elle
domine une conception de la poésie caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle.
Baudelaire énonce ainsi la découverte fondamentale de la sensibilité moderne : « Le beau est
toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce
cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie,
de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être
particulièrement le Beau. »