faire ou ne pas faire expertiser ses timbres
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faire ou ne pas faire expertiser ses timbres
FAIRE OU NE PAS FAIRE EXPERTISER SES TIMBRES Après avoir lu ces quelques lignes vous en arriverez probablement à la conclusion que l’auteur en a cette fois-ci «fumé de l’excellent»… Pendant l’été 2014, il m’est arrivé de tomber sur ou de voir des timbres de moyenne et grande valeur cotés au catalogue mais ne trouvant pas preneur sauf à des prix ridiculement bas mais encore trop élevés pour l’acheteur moyen. Et si ce même timbre était accompagné d’un certificat d’authenticité? Monsieur X vient de se procurer un petit Castor du Canada; fier de son coup il le fait expertiser et sur le certificat d’authenticité, il est fait mention que c’est un authentique #1. Depuis ce temps, le Monsieur en question se promène par grande chaleur et annonce à tout vent qu’il possède la perle rare et aux incrédules, il sort le petit castor de la poche de sa chemise imbibée de sueur, l’exhibe et la replace en se pétant les brettelles. Le petit castor en a marre de recevoir des bretelles mouillées à répétition. Le petit castor dépérit à vue d’œil, perd ses couleurs, la belle oblitération se dissout et les vergetures du papier subissent l’érosion abrasive… Madame Chose est peureuse et doit se fier continuellement aux autres pour acheter une grande rareté. Il lui faut le certificat qu’elle place ailleurs dans une vieille boîte de chocolat et le précieux timbre dans son album sans mention aucune. Je vous laisse le soin d’imaginer ce qu’il se produira au moment de la disposition de ses actifs. L’oncle Jos a trouvé un timbre qu’il pense valoir des millions. Il le fait expertiser mais l’expert a un doute raisonnable et produit un certificat en conséquence. Pas content du résultat, l’oncle Jos récidive et demande à un autre expert jusqu’à ce qu’il trouve une opinion favorable. L’oncle Jos fait de même avec sa maladie : il fait la tournée des médecins jusqu’à ce qu’il ait une opinion favorable. Au début des années 1980, un certain JPF, fait expertiser son bloc #1 de 4 timbres imperforé des Bahamas. Il débourse près de 50$ US pour ce faire et reçoit un certificat de toute beauté l’informant que son bloc est authentique et est bien conforme sous tous les aspects à la première émission de Perkins & Bacon. Les années ont passé et JPF s’est aperçu que les experts avaient omis l’information capitale suivante : «En 1880, des feuilles entières provenant des restants de stocks des imprimeurs Perkins & Bacon Co. ont inondé le marché». Ici JPF a acheté une grande expérience dans l’art d’authentifier ses timbres. Pour la modique somme de 50$, il est maintenant capable de faire mieux, sans fausse modestie, que presque tous ces soi-disant experts. Ariséma Thyphillum, est un gros collectionneur de timbres classiques canadiens. Il a fait authentifier son 5$ du jubilé, il y a de cela plusieurs années. Son timbre a été alors reconnu par l’autorité compétente comme authentique sous tous les aspects. Vingt ans plus tard, ce même Monsieur demande une deuxième expertise et cette même autorité compétente émet un certificat où le même timbre est maintenant réputé être un faux. Sur les encans Ebay.com, un marchand essaie en vain de vendre le premier timbre du Canada. Devant l’indifférence des acheteurs, ce même vendeur lui annexe un certificat d’authenticité portant une date récente et augmente le prix de vente de façon drastique. L’histoire ne dit pas s’il s’est trouvé un poisson pour gober et le timbre et le certificat. Vous reconnaitrez sûrement ce collectionneur de timbres allemands qui considère tous les vieux timbres allemands au départ comme étant suspects. S’ils sont abimés, alors il les place dans un classeur spécial identifié comme pièces de référence ou mieux comme pièces à conviction. Il estime à plus de 90% des chances d’avoir affaire à un exemplaire authentique si le timbre est défectueux. C’est ainsi que depuis ce temps, tout timbre classique de l’Allemagne passe obligatoirement par le filtre de la comparaison pour ensuite entrer dans la moulinette et passer enfin dans la machine à saucisses; il n’en ressort généralement, pas, plus fort, comme dans l’annonce des amortisseurs de chez Edgar, mais il est identifié comme une réimpression, un faux, une fausse oblitération, un cas problématique ou plus rarement, un vrai de vrai. Dans tous ces cas, il fera probablement l’objet d’un savant article, tiens pourquoi pas celui-ci. Zéphirin Harlakazou n’achète que des timbres classiques qui ont un certificat. Il s’en fout car il a plein d’oseille dans ses poches. Alliandre L’Éphémère a toujours voulu posséder le timbre d’un million pour pouvoir dire envers et contre tous qu’elle est millionnaire. Elle aime bien collectionner à son insu les certificats crève-cœur lui annonçant que son timbre était authentique sous tous les aspects sans mention aucune de la valeur. Ce n’était pas la grande rareté connue à quelques exemplaires mais ça, le certificat ne le dit pas. Alors Alliandre vit d’illusions et se complait à contempler et compter ses acquisitions, à l’instar de l’oncle Picsou dans le conte pour enfants Donald-le-Canard. Des membres de la Société philatélique de Québec ont demandé, à maintes reprises, à leur Conseil d’administration de mettre en place un service de certification des timbres. La réponse invariable qui leur était faite était : Est-ce que vous voulez vous en charger juste sur le plan gestion avec toutes les responsabilités que cela sous-entend? Généralement, cela ne va pas plus loin. Mais certains demandeurs, plus coriaces nous identifient des noms et désignent des volontaires. Les personnes désignées ne sont pas notoires et refuseront catégoriquement et ce, sans retour. Ces dernières connaissent le tabac, même s’il est excellent, la mécanique et les conséquences. Ces personnes vous serviront une fin de non-recevoir. La conclusion de tout ceci : je vais vous la dire, moi : Si vous voulez être millionnaire dans les timbres, achetez-vous pour quelques sous, le timbre de 100,000 marks de 1922 de l’Allemagne ou mieux encore, le timbre de 50 milliards de marks de 1923. Alors vous pourrez vous péter les bretelles à outrance et vous frotter la bedaine avec une brosse de velours car vous serez alors milliardaire. Une deuxième option est de bien évaluer le timbre à faire éventuellement authentifier. Le proverbe qui dit que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même a toute son importance ici. Alors pourquoi payer pour obtenir les services d’un tiers pour se faire dire ou confirmer ce que l’on sait déjà? Jean-Pierre Forest