magazine - Isère Tourisme

Transcription

magazine - Isère Tourisme
isère
N°144
magazine
L
S
MÉRO
A
NU
Eté 2014
P É CI
Découvrez
l’Isère
en marchant
LE MENSUEL DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L ’ ISÈRE
www.isere.fr
sommaire
Isère Magazine
>>
Hors série
CONTACTS
Isère Tourisme
Palais du Parlement
4 place St André
38024 Grenoble cedex 1
Tél. 04 76 00 33 82
Fax 04 76 54 08 74
www.isere-tourisme.com
[email protected]
p.
8
BELLEDONNE - GRÉSIVAUDAN
Un surprenant raccourci de la Provence au Spitzberg
Retrouvez toute l’information
touristique en Isère sur
p.
Conseil général de l’Isère
Hôtel du Département
7 rue Fantin Latour BP 1096
38022 Grenoble cedex 1
Tél. 04 76 00 38 38
14
PAYS VOIRONNAIS - VALS DU DAUPHINÉ
Entre lacs et montagnes
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16
18
CHARTREUSE
Pastoralisme et grands espaces
Numéro spécial randonnée Isère Magazine
printemps été 2014
Coproduction : Conseil général de l’Isère
et Isère Tourisme
Directeur de la publication : Erik Burdet
Coordination : Alexandra Couturier
et Sophie Battaglia
Rédaction : Jean Daumas
Cartographie : Mogoma, Bruno Fouquet
Mise en page : Créaprim
Crédits photos : Images et rêves.com, Pascal
Saulay/PN des Ecrins, Sébastien Secchi,
Alexandre Gelin, Uli Baecker/Pays Voironnais,
Vals du Dauphiné Expansion, Chaix/Pays Voironnais, Anne David/Pays Voironnais, Gilles
Cabella/Pays Voironnais, Pierre Jayet, Laget/Chartreuse Tourisme, Avial, Jean-Luc Rigaux/PNR
Chartreuse, Mark Buscail, Association des Amis
de l’Ile de la Platière, Mairie d’Artas, Emmanuel
Thibert/PN des Ecrins, Papet/PN des Ecrins,
Christian Martellet/SMPSG, Michel Battaglia,
Sylvie Chappaz/Tourisme Bièvre Valloire, Maison
du Patrimoine de Hières-sur-Amby, Alexis
Chézières, Didier Junger, Isère tourisme, David
Boudin, Alain Heyrrault, Michel Giraud, Fred
Pattou, Oisans Tourisme, Yves Pillet, HenryLandeau, Office de Tourisme de Vienne, Pays
Voironnais, Bernard Bellon, Bertrand Bodin et
Jérôme Carlin.
2
p.
24
PAYS VIENNOIS - PAYS ROUSSILLONNAIS PORTE DES ALPES De plaines en collines
ÉDITO
N° 144
p.
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OISANS - SUD ISÈRE
Aux portes des glaciers et des neiges éternelles
En Isère,
à chacun son rythme
■
Ce numéro spécial d’Isère Magazine
vous invite à parcourir les 9 000 kilo-
mètres de sentiers qui sillonnent notre dépar-
p.
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tement.
Des douces campagnes vallonnées bordant le
BIÈVRE-VALLOIRE - SUD GRÉSIVAUDAN
Rhône aux montagnes du Vercors ou de la
Par monts et par vaux
Chartreuse, de Belledonne ou de l’Oisans, le
département offre aux randonneurs des itinéraires variés tant par leurs paysages que par
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leurs difficultés. A petites ou grandes enjambées, pour de simples balades ou de belles
VERCORS - TRIÈVES
prouesses, prenez le temps de découvrir au
Une forteresse naturelle
rythme de vos pas toutes les richesses de
l’Isère.
Les chemins sont tracés, il ne tient qu’à vous
p.
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ISLE CRÉMIEU - PAYS DES COULEURS
Le pays de la pierre, le pays des couleurs
de les suivre.
Christian Pichoud
André Vallini
Vice-président
du Conseil général
Président de Isère Tourisme
Président
du Conseil général
Sénateur de l’Isère
La
La randonnée
randonnée jusqu’au
jusqu’au
lac
lac des
des Quirlies
Quirlies
offre
offre une
une superbe
superbe vue
vue
sur
sur la
la vallée
vallée du
du Ferrand.
Ferrand.
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Découvrez l’Isère en marchant
L’Isère est un département rêvé pour la randonnée pédestre.
Huit régions distinctes offrent, chacune, des dizaines de kilomètres
de sentiers tracés et balisés. Des promenades faciles,
qui se faufilent à travers les bocages, aux randonnées
musclées et audacieuses, à la rencontre des glaciers
et des neiges éternelles, en passant par les parcours
vallonnés de la moyenne montagne,
chacun peut trouver l’itinéraire de son choix.
PAYS VIENNOIS - PAYS ROUSSILLONNAIS
PORTE DES ALPES
C’est la région des balades tranquilles, sans dénivellation
importante où l’on peut marcher en toute décontraction,
passant d’un environnement lacustre au sommet d’une colline.
BIÈVRE-VALLOIRE - SUD-GRÉSIVAUDAN
Ici, les parcours vallonnés alternent avec la découverte d’un
terroir agricole. Les sentiers vont à la rencontre d’une abbaye,
d’une chapelle, d’un petit village ou suivent des itinéraires
historiques.
VERCORS - TRIÈVES
Ici, on peut marcher pendant des jours dans la solitude
des grands plateaux, mais aussi faire de belles randonnées
en famille, sans grandes difficultés. Aux joies de la balade
s’ajoute la découverte d’une flore exceptionnelle aux
confins des Alpes méridionales.
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BELLEDONNE - GRÉSIVAUDAN
C’est le massif qui rassemble tous les paysages de la
montagne, dans l’authenticité d’un environnement de
cimes, de lacs, de neige et de cascades, avec un maillage
de sentiers offrant toutes les possibilités de balades.
ISLE CRÉMIEU – PAYS DES COULEURS
VENIR EN ISÈRE
Tout un réseau de sentiers faciles permet de marcher dans
le sillage des grands peintres dauphinois, de parcourir une
région riche en lumière, en couleur et de découvrir son
patrimoine humain et architectural
L’ISÈRE
Gares TGV de Grenoble,
St Marcel-lès-Valence,
Lyon St-Exupéry
✆ 3635
www.sncf.com
Gare routière de Grenoble
✆ 08 20 08 38 38
www.transisere.fr
Aéroport de Grenoble Isère
✆ 04 76 65 48 48
www.grenoble-airport.com
Aéroport de Lyon-Saint-Exupéry
✆ 0 826 800 826
www.lyonaeroports.com
PAYS VOIRONNAIS - VALS DU DAUPHINÉ
Les Alpes s’inclinent doucement vers la plaine, avec une
altitude modeste mais un relief tourmenté, pour des balades
à la carte autour du plus grand lac du Dauphiné dans
un paysage de châteaux et de maisons fortes.
Info routes
Grenoble-Lyon 105 km
Grenoble-Paris 570 km
Grenoble-Turin 236 km
Grenoble-Genève 158 km
Grenoble-Marseille 274 km
✆ 0892 69 19 77
www.itinisere.fr
ADRESSES
UTILES
Isère tourisme
www.isere-tourisme.com
Chartreuse Tourisme
www.chartreuse-tourisme.com
Oisans Tourisme
http://oisans.com
CHARTREUSE
Des balades intimistes, dans la profondeur des forêts aux
randonnées vertigineuses en plein ciel, le massif répond
aux motivations des marcheurs, avec, en prime, des espaces
protégés et le contact avec le pastoralisme.
Vercors Tourisme
http://vercors.fr
Espace Belledonne
www.espacebelledonne.fr
Parc national des Écrins
✆ 04 76 80 00 51
www.ecrins-parcnational.fr
Parc naturel régional de Chartreuse
✆ 04 76 88 75 20
www.parc-chartreuse.net
Parc naturel régional du Vercors
✆ 04 76 94 38 26
www.parc-du-vercors.fr
Fédération de la Randonnée en Isère
http://isere.ffrandonnee.fr/
OISANS - SUD ISÈRE
Maison de la Montagne
3, rue Raoul Blanchard.
38000 Grenoble
✆ 04 76 44 67 03
C’est le massif des grandes randonnées, des fortes dénivellations,
du défi et du dépassement. Mais la récompense est au bout de
l’effort en atteignant les neiges permanentes et en s’approchant
des plus redoutables parois.
www.grenoble-montagne.com
Isère Cheval Vert
✆ 04 76 42 85 88
www.isere-cheval-vert.com
Météo
Météo France Isère
✆ 08 99 71 02 38
http://france.meteofrance.com
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9 000 kilomètres de sentie
L’Etat a confié aux Départements la compétence
pour élaborer des plans départementaux d’itinéraires
de promenade et de randonnée (PDIPR).
Belledonnen
Grésivauda
Aujourd’hui le réseau PDIPR de l’Isère
propose plus de 9 000 km de sentiers
présentés dans 24 cartes. Régulièrement
entretenus, ils permettent la pratique
de la randonnée dans des
conditions optimales de
sécurité et de confort, à pied
ainsi qu’à cheval et en VTT
lorsque la géographie
le permet.
Chartreuse
Outils indispensables pour choisir et
préparer sa randonnée, les cartes des
différents pays et massifs isérois
proposent des suggestions
d’itinéraires, des informations sur
l’histoire, les sites d’intérêts patrimoniaux et
touristiques ainsi que les richesses naturelles.
Les cartes du PDIPR sont en vente à l’unité
dans les offices de tourisme
et syndicats d’initiatives isérois
des territoires concernés
et sur www.isere-tourisme.com
Dans chaque carte une
vingtaine de randonnées
avec pour chacune la durée,
la longueur en kilomètres,
la difficulté et le dénivelé.
6
Exemple : Le sentier 2000 :
• Durée de circuit : 1h15
• Distance : 2 km
I s •è Dénivelé
r e M: 50
a m
g
• Niveau : facile
a z i n e
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u
Isle Crémie
ouleurs
Pays des c
Pour randonner
l’esprit tranquille
chaque
itinéraire de
balade est
balisé et jalonné
de poteaux
directionnels.
ers
Oisans
Où se loger en Isère ?
Des bords du Rhône aux cimes de
l’Oisans, pour une semaine, un
week-end ou une seule nuit, en
famille, en duo ou en solo, choisissez l’hébergement adapté à vos
besoins et vos envies.
ois
Pays vienn
illonnais
Pays Rouss
lpes
Porte des A
En Isère, 330 hôtels et hôtelsrestaurants de la traditionnelle
auberge familiale à l’hôtellerie
haut de gamme vous réservent un
accueil chaleureux.
Toute l’information :
www.isere-tourisme.com
En tente, mobil-home, dans une cabane
perchée ou une yourte, 200 campings, aires
pour camping-cars et hébergements insolites, vous
assurent l’évasion au plus près de la nature.
Toute l’information :
www.isere-tourisme.com
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nnais
Pays Voiro
uphiné
Vals du Da
audan
Sud Grésiv
oire
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1360 locations meublées et gîtes, 493 chambres
d’hôtes vous permettront de passer des vacances
“comme à la maison”.
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plus près des étoiles”, loin des zones urbanisées,
dans le cadre exceptionnel des montagnes.
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Quelques conseils avant votre départ
L'équipement indispensable
Vercors
Trièves
Un tee-shirt léger, un vêtement chaud type polaire et une veste à capuche
étanche pour vous protéger de la pluie et du vent. Un chapeau ou une
casquette et des lunettes de soleil. De bonnes chaussures de marche et une
paire de bâtons qui accompagneront vos efforts. Le poids de votre sac à
dos doit être raisonnable, prévoir : la carte détaillée de votre parcours, une
crème solaire et un stick à lèvres, et de l'eau en quantité suffisante. Pour
les vététistes vérifiez vos freins, vos pneus, portez un casque et emportez
le nécessaire pour remédier aux crevaisons.
Les conseils de sécurité
Evitez de partir seul et signalez votre itinéraire à un proche. Munissez-vous
de la carte détaillée de votre randonnée et restez sur les sentiers balisés.
Ne surestimez pas vos forces et sachez renoncer. Consultez la météo, ne
vous fiez pas au temps matinal, il peut changer rapidement.
Le code de bonne conduite
Respectez les alpages et les troupeaux qui y vivent, refermez les barrières
derrière vous afin d’éviter leur dispersion. Tenez votre chien en laisse
(attention ils sont interdits dans les parcs nationaux et certaines zones
protégées). Privilégiez la photo à la cueillette. Evitez les bruits (cela augmentera vos chances d’apercevoir la faune sauvage). Ramenez vos détritus.
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BELLEDONNE - GRÉSIVAUDAN
Un surprenant rac
ra
de la Provence
Espace de transition entre la verdure des préalpes et les glaciers de la haute montagne, la
chaîne de Belledonne rassemble toutes les
composantes des paysages alpins. Des premières
pentes où pousse la vigne, à ses plus hautes
cimes, poudrées de neige, Belledonne propose
un large panel de balades et de randonnées à
travers tous les étages de la montagne.
Sept refuges gardés
permettent des
balades de quelques
heures à plusieurs
jours. Ici, étape au lac
du Petit Doménon
avant le refuge
de La Pra.
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ccourci
au Spitzberg
*
L
‘‘
a chaîne de Belledonne constitue
un cas unique dans la géographie
de l’arc alpin en concentrant, dans
un espace relativement restreint,
l’ensemble des paysages du monde
de l’altitude. Quelques vignobles
et des figuiers s’accrochent à ses premières
pentes où on entend chanter les cigales du
mois de juin au mois d’août. Sur les sommets
les plus élevés, la neige persiste toute l’année
et on trouve même quelques petits glaciers. Du
pied de la chaîne aux plus hautes cimes, en
2 700 m de dénivellation, c’est un peu comme
si on passait de la Provence au Spitzberg !
La diversité de la faune
est une des richesses
de Belledonne.
Les marmottes juvéniles,
appelées marmottons,
naissent fin mai
à début juin.
On peut se contenter de modestes balades
en balcons, dans les forêts de la moyenne
* Ile de Norvège située entre le Cap Nord et le pôle nord.
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C’est dire la diversité des paysages, la variété
de la faune et la richesse de la flore qu’on
peut rencontrer tout au long des pentes. Les
possibilités de randonnées sont immenses,
plus belles et plus originales les unes que les
autres, facilitées par un important réseau de
sentiers bien tracés, bien balisés permettant de
réaliser des parcours à la carte, en fonction de
ses propres capacités physiques et de sa disponibilité.
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BELLEDONNE - GRÉSIVAUDAN
En Belledonne, on passe de la Provence au Spitzberg : les plus hautes cimes grimpent jusqu’à
2977 mètres. Ici, les lacs Robert sont au nombre de trois et situés à proximité de Chamrousse.
▲
montagne. Modestes, certes, mais
passionnantes par l’étonnant patrimoine humain qu’elles font découvrir, des vestiges d’anciennes mines
de fer à l’habitat traditionnel des
petits hameaux, en passant par un
émouvant héritage de lavoirs et de
gner leurs parents. C’est suffisant
pour surprendre un chevreuil ou
débusquer un sanglier avant d’admirer le reflet des montagnes sur
ses eaux. D’autres lacs imposent plusieurs heures de marche sur un sentier qui serre ses lacets dans la raideur
de la pente, accompagné
par le cri strident des marmottes. Mais la récompense se trouve au bout
de l’effort, grâce à la
beauté du paysage et à
l’émotion suscitée par le dépassement de soi. Bien souvent, s’ajoute
l’agréable surprise d’apercevoir un
chamois ou les cornes imposantes
d’un bouquetin.
Souvent la balade s’amorce dans
l’univers luxuriant de la forêt,
d’abord, à l’ombre des feuillus, des
érables, des hêtres, puis de sapins.
Plus haut, la forêt s’éclaircit, les
arbres deviennent plus ténus, plus
rabougris avant de disparaître pour
laisser place à une pelouse encore
veloutée de fleurs et de verdure au
Entre intimité
“
et dépaysement
”
fours à pain séculaires. Des balades
agrémentées de points de vue
magnifiques sur la vallée du Grésivaudan, la Chartreuse, les montagnes de Savoie et, toutes proches,
les plus hautes cimes de Belledonne,
arrogantes sous leur pèlerine de
neige.
On peut aussi partir à la découverte
d’un lac d’altitude. Il y en a des
dizaines dans le massif. Certains lacs
sont d’un accès facile, comme le lac
Achard, au point que même les plus
jeunes enfants peuvent accompa-
sein de laquelle parviennent encore
à survivre les troncs noueux de
quelques pins cembro et de pins à
crochets. En progressant encore en
altitude, les plantes s’effacent et disparaissent. Seules, quelques minuscules fleurs, aux teintes magnifiques,
qu’on ne trouve que dans les régions
boréales attirent le regard de leur
beauté délicate.
En montant encore plus haut, audessus de la terre des hommes et
de ses villages, quel que soit l’itinéraire choisi, lorsqu’on s’élève vers
les plus hautes cimes, on a le sentiment d’entrer dans un autre monde.
Par-delà les forêts, par-delà les prairies, un environnement minéral
apparaît, implacable mais superbe
par son dépouillement, son authenticité, ses couleurs, son silence. Ici, la
nature se retrouve comme écorchée
vive, sans le moindre artifice, sans
la moindre concession, accordant
au marcheur une intense impression
de dépaysement et d’intimité.
Lorsque, au terme d’un long che-
minement sur un sentier, le randonneur atteint un des plus hauts
sommets de la chaîne, il reçoit, en
prime, l’ampleur d’un panorama à
couper le souffle qu’il peut contempler sans le moindre risque de saturation. La vue porte très loin, jusqu’aux cimes suisses et italiennes et
à la croupe arrondie du mont Ventoux, en passant par les monts du
Jura, des Cévennes et du Vivarais…
La chaîne de Belledonne est aussi
une terre d’histoire. Elle fut le témoin
des premières traces de ski dans les
Alpes, grâce à Henri Duhamel, en
1878. Elle connut la gloire des Jeux
olympiques d’hiver en 1968 et partagea le triomphe de Jean-Claude
Killy. L’eau de ses torrents a également donné naissance à la houille
blanche, une des plus spectaculaires
révolutions industrielles qui allait
bouleverser l’économie de nombreuses vallées. Ce patrimoine
apporte un intérêt supplémentaire à
la beauté du paysage.
Les remontées mécaniques des stations de Belledonne : le Collet d’Allevard, les 7 Laux et Chamrousse,
permettent d’ouvrir de nouvelles
possibilités de randonnées et d’effectuer des balades plus courtes
mais avec le même sentiment de
dépaysement. ■
CA RTE D’I DEN TIT É
Belledonne
Grésivaudan
La chaîne de Belledonne dom
ine
Grenoble et s’étire sur une
soixante de kilomètres le long
de
la vallée du Grésivaudan jusqu’aux confins de la Savoie.
Si
son point le plus bas est à env
iron 200 mètres d’altitude, elle
culmine à 2 977 mètres et com
pte
pas moins de 90 sommets de plus
de 2500 mètres, formant ain
si
une haute barrière nature
lle,
linéaire et majestueuse.
Souvent, une balade dans
Belledonne s’amorce dans
l’univers luxuriant de la
forêt avant de gagner des
cimes plus élevées.
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© Alain Herrault
Le lac de l’Infernet à
proximité de Chamrousse.
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BELLEDONNE - GRÉSIVAUDAN
Le massif offre plus d’une
centaine de randonnées,
toutes bien balisées.
La cascade de l’Oursière
est facile d’accès.
Sa chute d’eau
impressionnera
le promeneur.
LA DROSERA,
UNE PLANTE CARNIVORE
L
es zones humides de Belledonne, telles que la tourbière de Luitel, abritent une flore particulière dont la célèbre droséra. Il
s’agit d’une plante carnivore qui parvient à capturer puis à digérer certains petits insectes, comme des moucherons ou des moustiques. Cette plante trouve son biotope de prédilection dans les
marais, les landes humides ou les tourbières. Elle se développe souvent en colonies et cohabite au milieu des sphaignes.
Pour attirer les insectes dont elle se nourrit, la droséra sécrète un
mucilage, qui donne à la plante l’aspect de rosée ou même de nectar. En période de jeûne, la sécrétion s’active, accélérant ainsi le phénomène de piégeage. Lorsque le malheureux insecte se pose sur la
plante, il se retrouve un peu dans les mêmes conditions que s’il se
posait sur du papier tue-mouche. Ses ailes ou ses petites pattes se
trouvent engluées dans la sécrétion visqueuse. Plus l’insecte se débat pour s’échapper, plus son agitation stimule la sécrétion. Très vite, il se retrouve prisonnier et ne tarde pas à mourir d’asphyxie.
Les feuilles ou les fleurs de la droséra se referment ensuite lentement pour emprisonner l’insecte. C’est le moment pour les glandes
digestives d’entrer en action pour consommer l’insecte. La digestion peut se prolonger pendant plusieurs journées. Deux semaines
plus tard, la droséra retrouve son aspect initial, tentant et alléchant pour le moucheron imprudent qui voltige à proximité… Il ne
reste de l’insecte digéré que quelques minuscules traces que la
plante n’a pu absorber.
Certaines variétés de droséras possèdent des vertus médicales, notamment pour le traitement des verrues. En France, la droséra est
une espèce protégée.
▲
E
LA CRODIOXNDNE
BELLE
BALADE DE RÉFÉRENCE
➜ Départ : parking de Freydière, 1 370 m d’altitude.
➜ Altitude d’arrivée : 2 926 m.
➜ Temps aller-retour : 9 heures
➜ Dénivelé : 1 600 m.
➜ Cotation : difficile pour sa longueur et pour sa dénivellation.
Possibilité de réaliser la balade en deux jours en couchant
au refuge de la Pra.
➜ Caractéristiques : sans doute la plus belle balade de l’Isère pour sa diversité et pour la beauté de son environnement.
➜ Période optimale : du mois de juin au début du mois
d’octobre.
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À VISITER...
MAISON BERGÈS - MUSÉE DE
BLANCHE À VILLARD-BONNOT
LA
HOUILLE
PORTRAIT
Berger des alpages
Le site constitue un lieu de mémoire
pour évoquer la naissance de l'hydroélectricité et rendre hommage aux
hommes qui ont participé à cette
aventure, source de développement
de l'économie locale, régionale et nationale. Les collections sont constituées d'archives portant sur la vie de
la famille Bergès et sur l'entreprise.
Elles comprennent également un
fonds photographique montrant l'évolution de l'usine, les membres de la
famille et les œuvres d'art autrefois
réparties dans la maison.
✆ 04 38 92 19 60
www.musee-houille-blanche.fr
Chaque jour on peut partir
à la découverte d’un lac
d’altitude : il y en a des
dizaines dans le massif.
une clôture électrique. Nous les
errine Delamarre et Fabien
conduisons ensuite vers les pâMerminod passent, chaque
turages d’altitude où ils passent
été, deux mois dans les altoute la journée, sous le regard
pages de Belledonne. Du mois
assidu de deux chiens patou.
de juillet au mois de septembre,
Parfois, nous déplaçons les aniils veillent à la bonne santé de
maux pour profiter des
300 brebis et de plusieurs dimeilleures prairies. La journée
zaines de génisses qui trouvent
ne s’achève qu’à la nuit, après le
au fond du vallon du Muret, à
rassemblement du troupeau et
proximité des lacs de Vénetier,
le comptage des bêtes. C’est le
de la Dent du Pra ou de la cime
moment où nous
de la Jasse, la
vérifions, une
nourriture proJe travaillais dans le par une, s’il n’y
pice à leur épanouissement.
monde agricole, mais dans a pas de blessuou de bête
Pour Perrine, la
un bureau. Un jour j’ai re
malade”.
fonction de bergère correspond préféré la vie au grand air Le couple de bergers loge dans
à un choix peret je ne regrette pas
un espace résersonnel. “Je travé et privé du
vaillais dans le
petit refuge d’Aiguebelle, au
monde agricole mais dans un
pied du pas de la Coche. Ils probureau. Un jour, j’ai préféré la
posent la vente de fromages de
vie au grand air et je ne le rebrebis, fabriqués et affinés
grette pas”.
avant la montée en alpage. C’est
Être berger dans les alpages exil’occasion de contacts, de disge une attention de tous les inscussions, de dialogue avec les
tants.
randonneurs, sur leur passion
“La journée commence dès l’audu pastoralisme, de la monbe, explique Perrine. Nous libétagne, des animaux et de leur
rons les moutons du parc à l’inplaisir à vivre un métier avec
térieur duquel ils ont passé la
autant de passion. ■
nuit en sécurité, protégés par
P
“
”
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PAYS VOIRONNAIS /VALS DU DAUPHINÉ
Entre les lacs et le
A l’approche des Vals du Dauphiné, les pré-alpes
s’inclinent vers les plaines en un relief apaisé,
creusé de vallées verdoyantes où se blottissent
des villages typiques. Anciens châteaux, architectures traditionnelles, forêts luxuriantes, lacs
et rivières s’enchaînent pour surprendre le
randonneur au moindre détour du chemin.
des V
Le lac de Paladru avec ses
eaux cristallines et une
couleur turquoise, est un
magnifique cadre d’activités
estivales : randonnées,
promenades, baignades…
Belle perle bleue dans un
écrin de verdure, le lac
de Paladru constitue le
décor privilégié de cet
itinéraire, qui va aussi
à la rencontre de trésors
archéologiques et
patrimoniaux, comme
le musée de Charavines
ou le château de Virieu.
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es montagnes
Vals du Dauphiné
Le val d’Ainan constitue l’épine dorsale nord du
Pays Voironnais. Les sentiers, principalement
situés en sous-bois, sont jalonnés de hameaux
et de bourgades pittoresques, à l’image de SaintGeoire-en-Valdaine, au cachet authentique dont
les maisons de style dauphinois, serrées autour
de son église du XIIe siècle, bénéficient de la
protection de sept châteaux !
Cette ancienne vallée glaciaire, classée en zone
écologique protégée, déroule ses méandres en
direction du Guiers, une rivière qui marquait
autrefois la frontière entre la Savoie et le Dauphiné. Le caractère tour à tour accueillant du
paysage avec ses bocages ensoleillés ou plus
sauvage avec des gorges encaissées, des pentes
abruptes tapissées d’épaisses forêts, a favorisé
l’émergence de lieux de cultes, à partir desquels
les druides auraient pratiqué des sacrifices
humains, notamment sur le site de la Pierre à
Mata.
Les randonneurs peuvent jouer les alpinistes en
partant à l’assaut du mont Servelongue avec
ses 779 mètres d’altitude. Il n’en coûte que
quelques heures de marche mais le cheminement à travers les taillis et les prairies ne manque
pas de charme, tout en gratifiant le marcheur
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L
es parcours de randonnées, sans
difficulté technique ni dénivellation
importante, se faufilent, par monts
et par vaux à travers des croupes et
des montagnes d’une altitude
modeste, en marge du massif de la
Chartreuse. Ils atteignent des points de vue
superbes, espaces privilégiés de contemplation sur un monde de verdure au-dessus
duquel émergent, l’élégante silhouette de la
Dent du Chat, les cimes des pré-alpes, les
monts du Bugey et, à l’horizon, la blancheur
aveuglante des grandes Alpes.
15
PAYS VOIRONNAIS / VALS DU DAUPHINÉ
▲
d’une bénéfique détente. En prime,
un splendide panorama, qui s’étend
du Jura au Vercors, récompense largement les efforts consentis.
Face au sommet de Servelongue,
une balade, au départ du col des
Mille Martyrs, d’une telle facilité
qu’elle peut se réaliser les mains
dans les poches, apporte une saine
paix de l’esprit et une apaisante
impression de quiétude. Il suffit de
se laisser guider par un bon chemin
qui se faufile à travers les sapins
Balade en calèche : rythme tranquille, un moment paisible.
Espace de
“respiration
et d’évasion
”
d’une des plus belles forêts de
l’Isère…
Au bas du val d’Ainan, s’étale la
cuvette de Pont de Beauvoisin, à
cheval sur deux départements, l’Isère
et la Savoie. Baptisée la Cité du
Meuble, cette ancienne ville frontière est au cœur d’une région parcourue de plusieurs pittoresques itinéraires de randonnées. Tel est le
cas de la Saint Martinoise, une
balade tranquille qui s’attarde au
bas de vallons ombragés, surplombe
le curieux canyon des gorges de
Chaille, s’approche de bâtisses en
pisé, tout en gratifiant le parcours de
Entre lacs et montagnes, ce territoire propose aussi des balades
sportives.
magnifiques points de vue qui imposent un arrêt.
Tout proche du val d’Ainan, la vallée
de la Bourbre, dominée par les tourelles du château de Virieu, émaillée
de hameaux typiques et d’habitations construites en pisée, propose
également un large éventail de
balades, sous les feuillages et les
frondaisons d’un environnement au
relief adouci. Au gré des itinéraires,
on peut marcher d’étangs en étangs,
tout en oubliant la chaleur estivale
dans la fraîcheur des sous-bois, ou
s’enfoncer dans l’intimité des vallons de La Tour-du-Pin qui s’ouvrent
sur un large horizon.
Le lac de Paladru-Charavines, sur-
nommé “lac bleu”, le cinquième lac
naturel de France ayant une origine
glaciaire, est un des joyaux du Pays
Voironnais. Terre de légendes, théâtre
de fouilles archéologiques (époque
néolithique et An Mil), il se niche
dans un écrin de verdure et compose un paysage magnifique. De
nombreux parcours de randonnées,
UN AUTHENTIQUE ATELIER DE GALOCHES
P
assionné d’histoire locale et de
patrimoine, Louis Fournier est à
l’origine de la création d’un lieu de
mémoire consacré à la galoche. « À
l’inverse des sabots, taillés dans le
même morceau de bois, la galoche
montante comprenait plusieurs parties et constituait une véritable
chaussure, précise Louis Fournier. La
galoche fut largement utilisée dans
toutes les campagnes jusqu’au
milieu du XXe siècle. Sa fabrication
employait une centaine de personnes dans la vallée de la Bourbre.
Malheureusement, à partir du début
des années 1950, l’usage des
16
I s è r e
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galoches tomba en désuétude. En
1959, la dernière galocherie de
Virieu-sur-Bourbre fermait ses
portes ».
Toute une mémoire risquait de tomber dans l’oubli, tant sur le plan d’un
héritage collectif que sur celui d’un
savoir-faire traditionnel. C’était sans
compter sur l’abnégation et la détermination de Louis Fournier, bien
décidé à pérenniser ce patrimoine
avec le soutien de la municipalité de
Virieu-sur-Bourbre. Toute l’histoire
de la galoche se retrouve dans ce
lieu de mémoire. Sa fabrication est
longuement évoquée grâce aux anciens outils, machines et gabarits ré-
cupérés. Son usage se retrouve dans
les diverses photos et collections. La
galoche apparaît même dans la publicité, comme on peut le constater
à travers une collection de buvards.
Un hommage émouvant est ainsi rendu à une tradition rurale tout en perpétuant l’histoire d’une industrie locale qui a marquée l’économie de
toute la vallée de la Bourbre.
Pour l’instant, le lieu de mémoire sur
la galoche, unique en France, occupe un local confidentiel à Virieu. Il
devrait, dans un proche avenir, bénéficier d’un espace plus conséquent.
www.virieu.fr/galoches.htm
À VISITER...
tracés autour du lac, permettent
d’apprécier le charme et la beauté
du site. Un des sentiers emprunte
une section de la “Via Gebennensis”. C’est le célèbre GR 65 des Chemins de Compostelle qui relie
Genève à l’Espagne, un itinéraire
qu’on retrouve dans plusieurs
régions des plaines et des collines de
l’Isère.
Les balades sur les bords du lac gratifient de superbes images. Tracés
au sein d’une nature préservée, les
itinéraires offrent l’opportunité de
découvrir et d’apprécier la flore et
la faune, dont la richesse et l’originalité ont justifié la création de
zones protégées. Elles peuvent se
compléter par la visite du Musée
archéologique du lac de Paladru, à
Charavines, et se prolonger par la
passionnante découverte d’un riche
patrimoine historique sur les sentiers
en direction de la Grange Dimière,
une ancienne dépendance de la
Chartreuse de la Sylve bénite,
impressionnante par sa charpente,
haute de 18 mètres.
Les sous-bois des Côtes-du-Gay invitent, eux aussi, à la promenade en
famille sur des parcours faciles, dans
une alternance de clairières et de
bosquets, agrémentés de belles
échappées sur le lac de PaladruCharavines et sur les collines environnantes. Certains tracés rejoignent
le fameux GR 65, suivi pendant des
siècles par les groupes de pèlerins,
en route vers Compostelle. ■
MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DU LAC DE PALADRU
CHARAVINES
À
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Pays Voironnais
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Vals du Dauphin
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s’ouvrant
Le musée présente les découvertes des fouilles archéologiques effectuées
dans le lac de Paladru. Deux sites engloutis ont été fouillés : le village des
“Baigneurs” datant de la fin du néolithique et l'habitat médiéval de Colletière (An Mil). Les plus beaux objets retrouvés par les archéologues (outils, armes, jeux, instruments de musique) sont exposés et donnent, avec l'aide de maquettes et d'un audiovisuel, un aperçu de la vie quotidienne pour
ces deux périodes essentielles de notre histoire.
✆ 04 76 55 77 47
www.museelacdepaladru.com
BALADE DE RÉFÉRENCE
offre aujourd'hui un écrin idéal à la
mise en scène d'expositions de
sculptures céramiques contemporaines.
Sur place, possibilité de piqueniquer dans le verger, découverte
des animaux de la ferme.
Tél. 04 76 27 94 21
www.grangedimiere.com
Saison 2014
(de début mai à fin septembre)
Comme chaque année, vous aurez
l’occasion de découvrir tout au
long de la saison deux expositions
de sculptures céramiques, et les
nombreuses animations, ouvertes
à tous, qui les accompagnent.
S
ituée à Le Pin, à proximité du
lac de Paladru, la Grange
Dîmière est un lieu à découvrir au
gré d'une balade pédestre et un
point de départ de balade à VTT...
Ancienne dépendance du monastère des Chartreux de la Sylve
Bénite qui se situe à quelques
mètres de là, la Grange Dîmière
date de 1655. Elle servait à recueillir
les récoltes et les redevances pour
les moines. Murs en pierre, porche
monumental, charpente magistrale
culminant à 18 mètres de haut, elle
Festival “Les nuits
hors la grange”
(entrée gratuite)
Du 1er au 3 août, le verger de la
grange dîmière devient la scène
de soirées animées.
www.paysvoironnais.info
I s è r e
▲
LA GRANGE DIMIÈRE
LE CHÂTEEAUU
DE VIRI
➜ Départ : Place de l’église à
Virieu, 406 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 634 m
➜ Temps aller-retour : 2 heures
➜ Dénivelé : 228 m
➜ Cotation : facile
➜ Caractéristiques : jolis panoramas sur le village de Virieu, la
vallée de la Bourbre et sur le lac
de Paladru. Visite possible du
château et de ses jardins de
Pâques à la Toussaint.
➜ Période optimale :
toute l’année
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CHARTREUSE
Pastoralisme et g
au pays d
Le massif de la Chartreuse offre une
grande variété de paysages et
constitue un terrain de prédilection
pour la randonnée. Une large
palette d’itinéraires, des plus débonnaires aux plus sportifs, permet de
parcourir l’ensemble du massif et
de découvrir son patrimoine naturel
et architectural.
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grands espaces
es Chartreux
‘‘
L
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▲
e massif de la Chartreuse présente
un relief très tourmenté, à l’architecture complexe. Ses cimes élancées, comme la Dent de Crolles et
le Grand Som, ses sommets tabulaires, à l’image du Granier, ou se
déroulant en douces ondulations, tels le Charmant Som et la Grande Sure, composent un
paysage attrayant qu’on ne se lasse pas de
contempler. Au charme et à la beauté de l’environnement, s’ajoute l’eau, à l’origine du
creusement de gorges pittoresques et d’une
végétation luxuriante qui se traduit par une
importante couverture forestière qui occupe
65% de la superficie du massif. La flore et la
faune sont riches et diversifiées. Si les sangliers et les chevreuils peuplent la forêt, les
chamois et les marmottes cohabitent pacifiquement en altitude.
Terre de contraste, la Chartreuse offre une
mosaïque de paysages avec, tour à tour, une
montagne sauvage et protégée, comme on
19
CHARTREUSE
Terre de contrastes, la
Chartreuse offre une
mosaïque de paysages,
de la forêt qui couvre
65% du territoire jusqu’au
sommet de la Dent de
Crolles à 2 062 mètres.
Au printemps, les chamois commencent à
quitter la forêt pour regagner les cimes.
▲
peut le voir sur les hauts plateaux, ou
une montagne humaine, urbanisée,
rassemblée en villages dont l’architecture traditionnelle s’intègre parfaitement dans le site.
Un environnement d’une telle
richesse ne pouvait être qu’un
espace propice à la randonnée
pédestre. Chaque vallée, chaque
sommet proposent tout un réseau
d’itinéraires offrant, au gré des motivations et de la condition physique,
des parcours faciles qui cheminent
paresseusement à l’ombre des sous
bois ou des tracés plus exigeants
pour permettre aux mollets de s’exprimer en toute liberté !
Les inconditionnels d’une nature
sauvage, vraie, authentique, protégée trouvent, sur les sentiers tracés
au sein de la Réserve naturelle des
hauts plateaux, créée en 1997, les
réponses à leurs attentes. Du Granier
à la Dent de Crolles, des dizaines
d’itinéraires sillonnent ces grands
espaces, des plus débonnaires aux
plus audacieux.
Certains sentiers, faciles, accessibles
à tous les membres d’une famille,
permettent d’accéder en quelques
minutes de marche, au périmètre
20
I s è r e
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de la Réserve et de marcher à la rencontre de ses 820 espèces végétales,
dont le sabot de Vénus, la vulnéraire du Dauphiné, et même le liparis de Loesel, une orchidée très
menacée qui fait l’objet d’une protection particulière. Sur ces mêmes
sentiers, les randonneurs ont les plus
grandes chances d’apercevoir
quelques unes des 150 espèces animales qui ont trouvé l’espace privilégié pour vivre et pour se développer en toute quiétude.
La conquête des plus hauts sommets offre des panoramas qui comptent parmi les plus beaux des Alpes
du nord. Les vues plongeantes et
aériennes sur la vallée de l’Isère et un
regard qui porte du Mont Blanc aux
Cévennes, en passant par les monts
du Jura, la Vanoise et les Alpes dauphinoises, laissent des images inoubliables.
En période de forte chaleur, les cascades et les torrents apportent une
réconfortante fraîcheur, tout en donnant l’opportunité de découvrir des
sites remarquables. Un magnifique
sentier chemine à travers les cascades du cirque Saint-Même qui
s’écoulent d’une falaise à l’autre en
-
é t é
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une succession de cataractes plus
belles et plus majestueuses les unes
que les autres.
A l’élégance des cascades, on peut
préférer la fougue et le sympathique
tumulte de torrents pleins de vie qui
bondissent de rocher en rocher, au
cours de randonnées dans les gorges
et dans les canyons.
Ce massif est aussi le pays des Chartreux qui ont trouvé dans ces montagnes, un refuge favorable à la
Pour les
“
inconditionnels
de la nature
”
réflexion et au recueillement. Au fil
de leur histoire, ils ont légué un patrimoine cultuel qui s’articule autour du
célèbre monastère de la Grande
Chartreuse mais qu’on retrouve à
travers des chapelles, des monastères, des oratoires qui rappellent
l’environnement mystique de ces
espaces privilégiés.
La Chartreuse possède d’ailleurs un
patrimoine spécifique qui se
découvre lors des randonnées, avec
un habitat distinct, des villages pittoresques, des granges typiques,
appelées haberts, aux lourdes toitures. Plusieurs itinéraires, aménagés sur les lignes de crêtes, se
déploient sur l’ancienne frontière
entre la Savoie et le Dauphiné,
comme en témoigne la présence de
bornes avec une fleur de lys d’un
côté et une croix de Savoie de
l’autre.
Le patrimoine se prolonge par le respect d’une tradition pastorale. Des
milliers de moutons déambulent sur
les crêtes les plus élevées et partagent avec des génisses l’herbe grasse
et généreuse des prairies d’altitude.
Depuis la bergerie du Charmant
Som, il est possible de conquérir un
des plus beaux belvédères du massif tout en profitant de la présence
amicale des troupeaux et de la
dégustation de délicieux fromages !
Le massif de la Chartreuse offre également un terrain de jeux apprécié
à tous ceux qui souhaitent concilier
le dépassement à la contemplation.
Certains itinéraires audacieux, spectaculaires, tracés au cœur des
falaises, sont le théâtre de randonnées sportives ou vertigineuses, qui
peuvent être étalées sur deux ou
trois jours.
Certaines balades peuvent aussi se
combiner avec les remontées mécaniques de Saint-Pierre-de-Chartreuse
ou le Funiculaire du Touvet, un
monument historique, la plus raide
installation de ce type en Europe,
tout en assistant, dans le ciel, à l’évolution des adeptes du vol libre
dans un environnement de toute
beauté. ■
CA RT E D’ ID EN TIT É
Chartreuse
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CANNES ET BÂTONS DE MONTAGNE
TRADITIONNELS
En Chartreuse,
l’eau est
omniprésente.
Au Cirque de
Saint-Même, la
cascade offre un
spectacle d’une
rare beauté.
L
es randonneurs se déplacent
aujourd’hui sur les sentiers avec
le soutien de bâtons de marche.
Contrairement à une idée répandue, l’usage d’un bâton ou d’une
canne de montagne est une tradition très ancienne, comme en
témoigne les activités de l’entreprise Cannes et Bâtons Boursier
installée à Entre-deux-Guiers
depuis 1898 !
“
25 000 cannes et
bâtons sont fabriqués
en Chartreuse
”
I s è r e
main qui impose 32 étapes, un
contrôle à l’unité. Les 25 000
cannes et bâtons qui sortent
chaque année des ateliers ne sont
pas des objets d’ornement ou de
décoration mais d’authentiques
accessoires de randonnée.
“Nous estimons, poursuit Cédric
Boursier, que marcher dans un
environnement protégé est encore
plus agréable et plus respectueux
de la nature s’il fait appel à un support traditionnel, tels que nos
bâtons en bois”.
En reconnaissance de son savoirfaire et du respect de ses méthodes
traditionnelles, l’entreprise Boursier a reçu plusieurs labels qui
garantissent l’authenticité et la
qualité de ses produits.
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é t é
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▲
“Depuis plus d’un siècle, explique
Cédric Boursier, responsable de
l’entreprise, nous perpétuons la
tradition de nos ancêtres pour
fabriquer à la main des cannes et
des bâtons de randonnée. Notre
objectif est simple, il consiste à
donner aux visiteurs de notre site
et de nos ateliers l’envie de partir
en balade dans notre magnifique
région de Chartreuse ou partout
ailleurs”.
À sa naissance, l’entreprise concevait essentiellement des cannes.
Aujourd’hui, elles ne représentent
plus que 5 % de la production
désormais presque essentiellement consacrée aux bâtons. Le
procédé de fabrication est resté
fidèle à une tradition artisanale
avec le même matériau de base,
en l’occurrence un solide bois de
châtaignier, un façonnage à la
21
CHARTREUSE
Un des grands plaisirs de la Chartreuse : on peut passer de parcours faciles qui cheminent paresseusement à des tracés bien
LA FROMAGERIE D’ALPAGE DU CHARMANT SOM
L
a visite de l’alpage du Charmant Som
mérite largement le détour. La
beauté du cadre, avec une immense
pelouse de verdure qui s’ouvre sur un
large horizon, compose un magnifique
tableau. La présence d’un imposant troupeau de vaches « tarines » attire les
regards. Ce sont, sans doute, les plus
beaux animaux des alpages avec leur
pelage d’un brun fauve soyeux et des
yeux soulignés d’un surprenant fond
noir qui ressemble à un maquillage !
L’approche du troupeau peut se prolonger par un cheminement à travers
les animaux pour la plus grande joie des
enfants… et des photographes. En fin
d’après-midi, c’est un véritable spectacle
auquel le public peut assister avec la
rentrée des bêtes à l’étable, le travail
discret mais efficace des bergers, le rôle
indispensable des chiens.
À la bergerie, toute proche, chacun peut
assister, en direct, autour d’un immense
Fabrication de fromage.
22
I s è r e
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chaudron en cuivre qui disparaît sous
les fumeroles, à la préparation du fromage et d’autres produits laitiers. Le
maître fromager se plie de bonne grâce
aux questions tout en confiant quelques
précieux conseils de consommation car
il est possible d’acheter, sur place, les
fromages, séracs, crèmes ou d’autres
saveurs des alpages.
Enfin, en prime, il est vivement recommandé de poursuivre une visite à l’alpage par la courte montée au sommet
du Charmant Som qui se dresse juste
au-dessus. Il n’en coûte qu’une heure
de marche sur un sentier bien tracé et
bien balisé qui offre, au fil de l’ascension,
des superbes perspectives sur l’ensemble
du massif de la Chartreuse. De la cime,
à 1 867mètres d’altitude, le panorama
s’étend du Mont Blanc aux glaciers de
l’Oisans, tout en dévoilant le monastère
de la Grande Chartreuse, niché dans un
profond écrin de verdure.
plus exigeants telle l’ascension de Chamechaude qui culmine à 2082 mètres.
▲
À VISITER...
BALADE DE RÉFÉRENCE
LA DENT
DE CROLLES
MUSÉE DE LA GRANDE CHARTREUSE
À SAINT-PIERRE-DE-CHARTREUSE
La visite de la Corrererie, ancienne dépendance des moines Chartreux, à
2 km du monastère fondé par Saint-Bruno en 1084, permet de mieux
comprendre le mystère de l’Ordre des Chartreux, leur 900 ans d’Histoire, leur
mode de vie grâce à de nombreux documents, objets de la vie courante, gravures, films et témoignages inédits. Pour aller plus loin, la visite des Caves
de la Chartreuse à Voiron complète la découverte du monde des Chartreux.
✆ 04 76 88 60 45
www.musee-grande-chartreuse.fr
Caves de la Chartreuse à Voiron
✆ 04 76 05 81 77
www.chartreuse.fr
➜ Départ : col du Coq, 1420 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 2 062 m
➜ Temps aller-retour : 4 heures
➜ Dénivelé : 650 m
➜ Cotation : difficile (passages escarpés)
➜ Caractéristiques : immense panorama et possibilité de réaliser
la balade en boucle avec descente par le trou du Glaz
➜ Période optimale : du mois de mai au mois d’octobre
I s è r e
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PAYS VIENNOIS / PAYS ROUSSILLONNAIS / PORTE DES
De plaines en col
vignobles, vergers et
Des bords du Rhône aux portes des Alpes, un
chapelet de collines déroule ses douces ondulations. Axe de communication fréquenté
depuis l’époque romaine, cette verdoyante
contrée est aussi le théâtre de belles randonnées au sein des terroirs agricoles et de
vastes espaces naturels, jalonnés d’un patrimoine historique qui s’appuie sur plus de
2 000 ans d’histoire.
L’île Barlet est un lieu de
promenade pour tous,
couverte de vastes peupleraies.
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ALPES
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patrimoine
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Balade œnologique
dans le Domaine
des Allobroges .
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▲
l’extrémité du département, les
rives du Rhône proposent un
intéressant panel de balades
pour s’imprégner d’une étrange
atmosphère lacustre, à quelques
mètres des eaux tumultueuses
du fleuve. Les itinéraires tracés dans le périmètre
de la réserve nationale de l’Île de Platière, invitent à découvrir un environnement aquatique
passionnant qui protège une faune insolite et une
végétation prolixe. Au fil des itinéraires, le marcheur peut apercevoir la loutre, le castor, des
familles d’amphibiens ou l’inoffensive couleuvre
à colliers, tout en portant son regard sur quelques
uns des 700 végétaux qui ont trouvé un espace
propice à leur épanouissement et dont certaines
espèces, très rares, bénéficient d’une protection
particulière.
Ces premières promenades peuvent se compléter par un détour à la base de loisirs de Condrieules-Roches, dont les animations s’articulent
autour des activités nautiques. Elles peuvent
aussi se prolonger par une visite commentée de
Vienne, afin de prendre pleinement conscience
de son exceptionnel patrimoine historique, du
Théâtre antique à la cathédrale Saint-Maurice.
En s’éloignant des rivages du Rhône, les itinéraires de randonnées s’enfoncent dans les vallons, cheminent à travers les vergers et les
vignobles ou grimpent à l’assaut des collines.
Aux prairies ensoleillées, grouillantes de sympathiques sauterelles, succède la fraîcheur réconfortante des bosquets de châtaigniers, de frênes
25
PAYS VIENNOIS / PAYS ROUSSILLONNAIS / PORTE DES ALPES
▲
A ne pas manquer, le port
des Roches de Condrieu. Un
petit air du sud de la France.
ou de bouleaux avec, en prime, le
son cristallin d’une source, comme
celle de Saint-Fond dont les eaux
étaient déjà appréciées des Romains.
En atteignant le sommet d’une butte
ou en cheminant sur une crête, le
promeneur reçoit, en pleine figure,
l’ampleur d’un panorama qui surplombe la plaine de Roussillon, franchit la vallée du Rhône et s’étend
aux montagnes bleutées du Pilat et
du Vivarais.
Les parcours ne présentent pas de
forte dénivellation, ni de grande difficulté. Ils peuvent donc s’entreprendre avec tous les membres de la
En bordure du
Rhône, les
vignobles de
l’Isère
donnent des
vins réputés.
famille. Les sentiers serpentent dans
les collines, souvent sous le regard
d’un château, d’une motte castrale,
ou à l’ombre d’un monument. Car
ici, on marche sur une terre d’histoire, parfois même dans les traces
des lointaines légions romaines. Tel
est le cas, par exemple, de l’itinéraire du chemin des Vieux Pavés à
Reventin-Vaugris, superbe témoin
du grand axe de communication
romain qui reliait Lyon à Arles et à
Marseille. Certains sentiers empruntent une partie des célèbres et mystiques Chemins de Compostelle qui
permettaient aux pèlerins de se
rendre en Galice en passant par le
Puy-en-Velay.
Plusieurs randonnées présentent un
attrait particulier par leur originalité,
à l’image du sentier de la Reine
Blanche. Au plaisir de la marche à
l’ombre des hêtres, des chênes ou
des châtaigniers, s’ajoute un supplément ludique pour trouver la
réponse d’un étrange mystère, grâce
à la présence de bornes thématiques.
On peut ainsi, tout en se distrayant,
apprécier pleinement la richesse de
la flore et de la faune ou s’attarder
dans une zone d’intérêt ornithologique.
Plus loin, de Saint-Quentin-Fallavier
à Bourgoin-Jallieu s’ouvre un vaste
bassin de cultures et de bocages,
constellé de villages. C’est la Porte
des Alpes, une entité sociale et économique, si bien nommée, qui
regroupe 44 communes. C’est aussi
un territoire propice à la marche au
grand air grâce à ses 300 kilomètres
LA LOUTRE ET LE CASTOR AU MÉANDRE
DES OVES ET À L’ÎLE DE PLATIÈRE
diversité. Leurs situations privilégiées
grâce à une excellente complémentarité entre des terres aquatiques et
des terres agricoles, en font un intérêt majeur pour la vie et la protection
des oiseaux. Le milan noir, le loriot,
le héron cendré ou l’aigrette garzette cohabitent pacifiquement avec
plusieurs couples de faucons hobereaux.
Ces espaces protégés abritent également des amphibiens, des papillons, des reptiles ainsi que de nombreux mammifères dont la loutre et
le castor.
Menacée de disparition, la loutre
apparaît à nouveau sur le méandre
des Oves. Ce mammifère, jovial et
joueur, le plus souvent solitaire, se
caractérise par la beauté de son
pelage qui lui donne un aspect de
peluche. Ses puissantes pattes palmées font de la loutre une excellente
L
abellisée réserve naturelle depuis
1986, l’île de Platière, sur les rives
du Rhône, se présente comme une
petite jungle avec ses forêts alluviales et ses zones marécageuses qui
rassemblent plus de 700 espèces de
végétaux (15 % de la flore française).
Elle se prolonge par le méandre des
Oves classé Espace naturel sensible.
Ces vastes zones abritent et protègent une flore et une faune d’une
grande richesse et d’une étonnante
26
I s è r e
M a g a z i n e
-
é t é
2 0 1 4
nageuse. Un atout quant on sait
qu’elle se nourrit presque essentiellement de poissons (jusqu’à un kilo
par jour) et complète son alimentation pour des batraciens et des petits
mammifères.
Comme la loutre, le castor possède
un pelage recherché qui a failli
contribuer à sa disparition. Aujourd’hui protégé, il bénéficie au sein du
méandre des Oves d’un habitat privilégié. Ce mammifère est surtout
connu pour les barrages qu’il
construit sur les rivières. Il possède
en effet une mâchoire et une denture parfaitement adaptées à la
coupe du bois, un cas unique dans
le monde animal. Essentiellement
herbivore, le castor joue un rôle écologique prépondérant en étant tour
à tour, bûcheron, terrassier et
hydraulicien.
de sentiers, parfaitement balisés et
entretenus.
Les parcours sillonnent des terrains
vallonnés, sans difficulté particulière
et sans grande dénivellation, mais
qui peuvent parfois se prolonger
pendant de longues heures de
marche. Les balades permettent de
parcourir un territoire riche en histoire, parsemé de châteaux, de maisons fortes ou d’habitation traditionnelle, dont de magnifiques
bâtisses en pisé. Certains itinéraires
BALADE DE RÉFÉRENCE
▲
nature
“etEntre
culture
”
LA FONTAINTEHERINE
SAINTE-CA
➜ Départ : Anjou, 220 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 450 m
➜ Temps aller-retour : 4 heures
➜ Dénivelé : 150 m
➜ Cotation : moyenne
➜ Caractéristiques : sous-bois et
patrimoine
➜ Période optimale :
toute l’année
évoquent le début de notre ère et
sont tracés sur l’ancienne voie
romaine qui reliait Bourgoin-Jallieu
à Vienne.
À la richesse du patrimoine s’ajoute
le plaisir de marcher dans un environnement champêtre et bucolique,
enrichi par la présence de plusieurs
étangs, dont celui de Rosière et surtout l’étang de Fichaillon, réputé
pour son intérêt botanique et sur les
eaux duquel, on peut contempler
des superbes nénuphars aux couleurs surprenantes.
Marcher à travers les collines, de
promontoires en belvédères, tout
en s’attardant à des points de vue
sur les Alpes et les monts du Bugey,
offre une véritable délectation. Mais
pourquoi ne pas s’accorder un petit
détour gustatif ? Les marchés des
producteurs locaux de La Verpillière
à Saint-Alban-de-Roche regorgent
des saveurs du terroir… Autant en
profiter !
Les lecteurs inconditionnels de Frédéric Dard, ne manqueront pas
d’effectuer un pèlerinage pédestre
au départ de Saint-Chef. Le père
de San Antonio a passé une partie
de son enfance dans cette com-
mune et il repose dans le cimetière
du village. En marge de la mémoire
au grand écrivain, cette balade tranquille propose un agréable parcours, en enchaînant la traversée
de zones humides et l’ombrage de
profonds sous-bois, sans oublier la
visite de Saint-Chef, dont la remarquable abbatiale qui protège des
fresques romanes. ■
Pays Viennois
s
Pays Roussillonnai
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Porte
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C’est la région la plus occide
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Les itisentiers de randonnées !
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dans des forêts imprégnée
légendes.
la Pierre du Diable. Pendant des
siècles, cette roche fut le théâtre
d’histoires invraisemblables, de
récits maléfiques et de contes
Ville d’Art et d’Histoire, Vienne possède plus de 40 monuments ou sites
classés et 5 musées complémentaires en matière de collections, sculptures,
mosaïques ou encore machines à tisser eu égard à son passé industriel. Le
temple d’Auguste et de Livie (photo), le jardin archéologique de Cybèle, la
cathédrale Saint-Maurice, sont autant de témoignages historiques intégrés
au paysage urbain. Le site de Saint-Romain-en-Gal, sur la rive droite du
Rhône, est l’un des plus beaux musées et sites archéologiques d’Europe.
✆ 04 74 53 80 30
www.vienne-tourisme.com
macabres. Il n’était pas question
de s’approcher de la Pierre sitôt la
nuit venue.
A une époque lointaine où les
croyances religieuses rythmaient la
vie dans les campagnes, on prétendait que la Pierre avait été amenée dans ce bois par un simple
hasard. Le Diable en personne
aurait parié avec Dieu le père, de
transporter ce rocher des lointains
monts Oural jusqu’en aval de Lugdunum (aujourd’hui la ville de
Lyon) afin de la jeter sur le Rhône
pour en détourner les eaux. Le
Créateur aurait accepté le défi en
posant une condition : que cette
opération se déroule le jour du solstice d’été et qu’elle soit achevée
avant le champ du coq. Ayant fait
preuve d’un trop grand optimisme,
le Diable fut surpris dans sa mission par un maudit « cocorico »
I s è r e
alors qu’il survolait la commune
d’Artas. Du coup, une pluie d’étoiles
tomba sur le village et le gros bloc
se planta dans le sol. De rage, le
Diable coupa la pierre en deux en
affirmant que, le jour où le bloc se
serait entièrement enfoncé dans le
sol la fin du monde surviendrait.
La Pierre du Diable n’est sans doute
qu’un bloc erratique déposé par les
grands glaciers du Quaternaire,
mais les habitants tiennent à entretenir la légende. Certains affirment
qu’il s’agit d’un météorique géant,
d’autres d’un ancien volcan. Mais
peu importe son origine : la Pierre
du Diable est aujourd’hui le thème
d’une belle balade au départ
d’Artois, dans un environnement
riant et agréable, bien loin de
toutes les sombres histoires dont
elle est affublée.
M a g a z i n e
-
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2 0 1 4
▲
u cœur de la commune d’Artas,
une curieuse roche noire dresse
une double et imposante silhouette
dans un bois de châtaigniers. C’est
VISITE DE VIENNE, SON PATRIMOINE
ET SES MUSÉES
CA RTE D’I DE NT ITÉ
LA PIERRE DU DIABLE
A
À VISITER...
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OISANS - SUD ISÈRE
Jusqu’aux portes d
et des neig
Dans le massif de l’Oisans, marcher, c’est aller à
la rencontre de la haute montagne, c’est
atteindre la limite des neiges éternelles, le front
des plus grands glaciers, pénétrer dans l’intimité des sanctuaires naturels, ou toucher du
doigt les cimes les plus prestigieuses de l’Isère,
comme la Meije et la Barre des Écrins.
28
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des glaciers
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▲
SI l’Oisans est par
excellence le territoire
de la haute montagne,
il séduit aussi
par la diversité de
ses randonnées
accessibles à tous.
Ici à l’arrière plan, des
paysages enneigés
réservés au
randonneurs
chevronnés.
Au premier plan,
balade en famille
au lac du Lauvitel.
e géographe Raoul Blanchard avait
appelé les montagnes de l’Oisans :
« le temple de la rudesse ». Ici, la
nature se retrouve comme elle
devait être à la naissance du
monde. Elle n’accepte aucune
concession et rien ne vient troubler son
authenticité. Marcher dans ces grands espaces,
au cœur d’une beauté sauvage, presque
oppressante, offre une impression de bout du
monde, un dépaysement total qui ne manque
pas de surprendre.
L’Oisans séduit et étonne par la diversité de ses
paysages. Ses plus hautes cimes, fières et
orgueilleuses, drapées de neige, se dressent
très haut dans le ciel, cohabitant avec le calme
tranquille d’une prairie constellée de fleurs,
les frondaisons d’une épaisse forêt ou la reposante sérénité d’un lac d’altitude.
Malgré l’importance du relief, la hauteur des
parois, le spectaculaire chaos de séracs et de
crevasses des glaciers, un étroit maillage des
sentiers permet de trouver l’itinéraire adapté
aux possibilités et aux motivations de chacun.
Des balades d’une petite heure sur des par-
I s è r e
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29
OISANS - SUD ISÈRE
▲
cours pratiquement horizontaux,
accessibles mêmes aux enfants les
plus jeunes, sont suffisantes pour
pénétrer au cœur d’un environnement grandiose, en vue des plus
hautes parois, des plus impressionnantes faces nord, tapissées de neige
et de verglas, dont certaines peuvent se comparer aux Grandes
Jorasses !
Les balades se déroulent souvent
sous le regard, parfois très proche,
d’un chamois, d’un bouquetin ou
sous le vol majestueux d’un aigle
royal. Il est fréquent, au détour d’un
sentier, de surprendre une colonie
de marmottes, dont les cris stridents accueillent amicalement le
promeneur.
La grande variété des paysages,
offre une grande diversité des
randonnées. On peut s’enfoncer
au plus profond des vallées, les
yeux fixés sur un cortège de sommets qui se détachent dans le
ciel, avant de déboucher soudain au
bas d’un amphithéâtre fermé par un
cortège de cimes acérées, véritables
écueils du ciel sur lesquelles s’échoue
par instant un nuage. On peut aussi
cheminer, en toute quiétude, sur un
tracé qui se faufile à l’ombre apaisante des sapins et des mélèzes pour
atteindre les eaux tranquilles d’un
lac dont le charme évoque les
Rocheuses canadiennes. On peut
encore partir à la conquête d’un
sommet facile, accessible par un bon
sentier qui s’accroche solidement à
la pente et qui permet de se retrouver en plein ciel, éclaboussé de
lumière, face à l’immensité d’un environnement qui se déploie jusqu’au
bout de l’horizon.
De partout des itinéraires partent en
direction des gîtes et des refuges
d’altitude, servant de fil conducteur
aux randonneurs pour les entraîner
jusqu’aux portes de la haute montagne. Ils laissent, derrière eux les
La variété des
paysages offre
une grande
diversité de
randonnées.
typiques maisons de pierres des villages pour traverser les forêts, s’attarder sur les pelouses alpines où
s’épanouissent le lys martagon et la
gentiane bleue, longer des longues
casses d’éboulis, creusées de couloirs d’avalanches, s’élever encore
plus haut dans un univers minéral,
avant de déposer le marcheur à la
porte accueillante d’une cabane qui
se dresse face à la blancheur étincelante des neiges éternelles.
Certains sentiers ont été tracés en
balcon pour offrir des parcours panoramiques, propices à la contemplation. Ils s’attardent, entre monts et
Pour les amateurs
“
de nature et de sports
de montagne
”
vallées, cheminent de promontoires
en belvédères à la recherche des plus
beaux points de vue, comme pour
butiner les plus belles images qu’on
peut admirer sans le moindre risque
de saturation !
En Oisans, l’eau, omniprésente, est
aussi le thème de randonnées. Des
sentiers prennent un malin plaisir à
s’approcher des torrents, dont les
eaux bouillonnantes, fougueuses,
pleines de vie, dégagent une impression de puissance. D’autres itinéraires n’hésitent pas à effectuer un
détour pour conduire le promeneur
au pied du panache majestueux des
cascades qui s’écroulent du haut
d’une falaise dans un nuage d’embruns. Enfin, certains sentiers veulent
étonner et surprendre en amenant
toute une famille jusqu’à la transparence des eaux d’un lac où vient
parfois s’échouer la langue terminale d’un glacier.
Les marcheurs plus entraînés, avides
LE LAC IRLIES
DES QU
▲
BALADE DE RÉFÉRENCE
➜ Départ : Clavans-le-Haut, 1 600 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 2 570 m.
➜ Temps aller-retour : 7 heures
➜ Dénivelé : 1 600 m.
➜ Cotation : difficile
➜ Caractéristiques : Superbe lac de montagne avec un front
de glacier venant mourir dans les eaux et vues magnifiques
sur les sommets de l’Oisans
➜ Période optimale : du mois de juin au mois d’octobre
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d’effort ou de dépassement, n’ont
que l’embarras du choix pour trouver, tout en restant dans le strict
domaine de la randonnée pédestre,
des itinéraires plus longs, plus musclés, plus audacieux et plus sportifs.
Des sentiers bien tracés s’accrochent
à la pente, grimpent en lacets, surmontent des barres rocheuses, laissant apparaître au fil de la montée
un monde fantastique de neige, de
glace et de rocher. Ils s’enfoncent
parfois dans l’intimité des plus profondes vallées, véritables sanctuaires
naturels, qui imposent la considération et le respect. D’autres parcours
s’élèvent très haut dans la pente,
dépassent les forêts, les prairies
et les moraines, pour déboucher
dans l’immensité des grands
espaces, en pleine lumière, à portée de voix de la haute montagne, au cœur d’un environnement dont la saisissante beauté
laissera des images inoubliables.
Il est possible de bénéficier des
remontées des stations (Alpe d’Huez,
les Deux Alpes et La Grave), installées en marge des zones naturelles,
pour élargir les possibilités de balades
et profiter davantage de l’environnement alpin et des glaciers de
l’Oisans. ■
CA RTE D’I DE NTI TÉ
Oisans
Sud Isère
sans
Sillonné par six vallées l’Oi
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avec 800 km de sentiers.
L’Oisans, un territoire
de haute montagne qui
séduit et étonne par la
diversité de ses paysages.
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OISANS - SUD ISÈRE
Marcher, marcher...
en regardant les
neiges éternelles.
Instants de bonheur
inoubliables en Oisans.
Ici, randonnée sur le
plateau d’Emparis
face à la Meije.
Randonnée sur le
plateau d’Amparis.
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32
À VISITER...
PORTRAIT
LA MAISON DES ALPAGES
À BESSE-EN-OISANS
Frédi Meignan, gardien de refuge
La Maison des Alpages propose des expositions interactives et ludiques pour
découvrir les hommes de la montagne,
leur vie, leur travail, l'alpage, les chalets, les bergers, la transhumance. Des
expositions temporaires, un espace boutique, une bibliothèque, une vidéothèque, des visites guidées du village,
des alpages, des rencontres avec les bergers complètent l'offre. La Maison des
alpages est également un point d'Information du Parc national des Ecrins.
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www.maisondesalpages-besse.com
L
a Meije est la montagne la plus emblématique du Dauphiné,
sommet de contemplation pour les randonneurs, terre de
défi et de dépassement pour les alpinistes. Au pied même de
la cime, le refuge du Promontoire s’accroche sur ses premiers
rochers, à portée de voix des grimpeurs qui s’élèvent dans les
parois. Bien que situé à 3 091 m d’altitude, au cœur d’un environnement de roc, de glace et de neige, le refuge est accessible
aux randonneurs entraînés, surtout depuis le spectaculaire recul
des glaciers.
« Le Promontoire occupe une place à part dans le monde de la
montagne, précise Frédi Meignan, le gardien du refuge. Il a gardé
l’authenticité, l’ambiance, la convivialité des refuges d’antan.
Même les guides de Chamonix le reconnaissent !
En grande majorité (près de 90 %) ce sont des alpinistes qui dorment au refuge. La plupart d’entre eux viennent pour gravir la
Meije, soit pour la classique traversée, soit pour tenter des voies
plus difficiles. Mais il y a également des randonneurs. Leur émotion, leur émerveillement fait plaisir à voir. Ils ont le sentiment
de découvrir un sanctuaire, de pénétrer dans un autre monde et
me confient toute leur joie et leur admiration.
En 2013, en un seul mois, j’ai accueilli des alpinistes et des randonneurs venus de 55 départements français. J’estime à 15 % le
nombre d’étrangers, en provenance de tous les pays du monde.
Tous sont attirés par le sommet mythique que la Meije représente et ne cachent pas leur enthousiasme”.
Le refuge accueille aussi plus de 500 skieurs de randonnées au printemps, pour des itinéraires de toute beauté et de grande envergure dans le massif. ■
POUR SUIVRE LES BOUQUETINS DANS LE PARC DES ÉCRINS
I
ls se prénomment Diego, Clochette ou Pocoyo. Ce sont trois
des huit bouquetins du Parc national des Écrins capturés et équipés
d’un collier-émetteur GPS qui enregistrent leurs déplacements et
leurs localisations plusieurs fois par
jour. Les informations recueillies
sont transmises quotidiennement
par le réseau satellitaire Iridium.
Ce suivi permet de mieux connaître
les déplacements et la gestion de
l’espace des bouquetins réintroduits dans l’enceinte du Parc il y a
vingt ans. À terme, une trentaine
d’animaux devraient être ainsi
équipés.
Cette initiative s’est prolongée par
une action pédagogique à l’intention des enfants de deux classes de
l’école d’Entraigues, dans le Valbonnais, une commune associée à
l’opération. Après avoir baptisé les
bouquetins, les jeunes écoliers peuvent suivre à quelques mètres près,
mais à distance et sans les déranger,
les pérégrinations journalières des
animaux en fonction des conditions
météorologiques ou des saisons,
tout au long de l’année.
Une application mise en place par
le Parc permet au public de visualiser sur son écran d’ordinateur ou
à partir de son smartphone les
déplacements des huit bouquetins.
Elle est directement accessible sur
le site bouquetins.ecrins-parcnational.fr.
Une telle opération permet de
mieux connaître les mœurs des
bouquetins, un des animaux les
plus emblématiques des Alpes. Le
mâle peut mesurer 90 cm au garrot,
peser jusqu’à 100 kg et posséder
des cornes atteignant près d’un
mètre de longueur. La femelle, plus
petite, se reconnaît facilement
par la taille réduite de ses cornes
et un poids qui ne dépasse pas
50 kg.
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BIÈVRE VALLOIRE / SUD GRÉSIVAUDAN
Par monts et par
dans les bocag
Des rives de l’Isère à la plaine de Bièvre-Valloire,
une barrière verdoyante de collines se dresse
au-dessus de la plus grande noyeraie de France.
Elle protège dans l’intimité de ses vallons
quelques joyaux du patrimoine culturel isérois
et offre l’opportunité d’effectuer des superbes
balades en pleine nature.
Des dizaines d’itinéraires accessibles
à tous s’enfoncent dans les vallons,
ou serpentent le long des versants,
affleurant des plans d’eau .
Héron cendré.
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vaux
B. Fouquet
es de l’Isère
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L’
▲
Grenouille sur nénuphar blanc.
Isère a longtemps constitué
l’axe de communication principal entre les Alpes et la vallée du Rhône. Les anciens chemins de halage servent
aujourd’hui de support à des
itinéraires de randonnées, comme on peut le
voir avec le Sentier du Pêcheur. Cette balade,
pratiquement horizontale, à quelques mètres
des eaux de l’Isère, va à la rencontre et à la
découverte de la faune et de la flore aquatique,
à portée de voix des couvées. Plusieurs postes
aménagés permettent d’observer la faune, en
aidant à reconnaître certains volatiles comme
le héron cendré, la foulque ou le colvert.
Il est possible de prolonger la marche jusqu’au
pittoresque village de La Sône et de compléter la balade par une mini croisière exotique
sur les eaux de la rivière à bord du Bateau à
roue ou de visiter le site fantasmagorique des
Fontaines pétrifiantes et de ses superbes sculptures de pierres.
En s’élevant au-dessus de la vallée, des balades
sont proposées au départ de chaque village.
Les sentiers s’étirent en balcon à flanc de montagne, traversent des petits hameaux à l’architecture traditionnelle, frôlent des fermes
ou des maisons fortes, avant d’atteindre des
belvédères d’où le regard plonge sur la vallée
et sur le bassin du Royans. Le parfait alignement géométrique des noyeraies de l’Isère
(AOC de la noix de Grenoble) contraste avec
le relief turbulent du Vercors qui dessine dans
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BIÈVRE VALLOIRE / SUD GRÉSIVAUDAN
▲
d’écrevisses et de batraciens, survolées de dizaines d’oiseaux et de
rapaces. La nature du sol (glaise et
quartzite) et des conditions climatiques particulières ont favorisé le
développement d’une flore remarquable, dont l’osmonde royale, une
sorte de fougère très ancienne qui
peut vivre durant plusieurs centaines
le ciel une élégante dentelle de sommets.
En s’éloignant encore un peu plus de
la vallée, le terroir agricole bute
contre les pentes des Chambaran.
Au détour d’un vallon, le village de
Saint-Antoine-l’Abbaye apparaît,
sous le regard protecteur de son
imposante abbatiale. Classé parmi
les plus beaux villages de France,
il se situe au départ de plusieurs
itinéraires de randonnées qui permettent d’apprécier le site sous
ses plus belles perspectives. On
peut choisir des itinéraires faciles,
à l’image de la boucle conduisant
à la belle chapelle romane SaintJean-le-Fromental, ou préférer des
parcours plus longs et plus exigeants,
telle la Voie des Antonins avec ses
cinq heures de marche, qui flirte
avec les premiers sommets du massif des Chambaran.
Le plateau des Chambaran trône audessus des collines environnantes,
ouvrant ses grands espaces à un
superbe maillage de sentiers. Malgré
son altitude modeste (il culmine à
789 m au Camp de César), il rassemble des zones boisées, piquetées de mares, de tourbières et
d’étangs, peuplées de chevreuils, de
sangliers, de blaireaux, et même
ferme l’horizon d’un élégant feston
de pics et de sommets.
Le plateau des Chambarans domine
la plaine de Bièvre-Valloire, la patrie
d’Hector Berlioz et du célèbre contrebandier Louis Mandrin, terre de prédilection de Johan Barthold Jongkind, un des précurseurs de
l’impressionnisme. Au début du printemps, elle se transforme en un
damier de couleurs avec le jaune
de ses champs de colza et la verdure tendre de ses pousses de
blé et, tout au long de l’année,
elle propose aux randonneurs
une large palettes de balades
pour profiter du charme de ses
paysages et apprécier la richesse et
l’originalité de son patrimoine architectural et humain.
Des sentiers, parfumés de la bonne
odeur des mousses, sillonnent la
forêt de Taravas, couverte de châtaigniers et de frênes, ou la forêt de
Bonnevaux, émaillée d’étangs, pour
des promenades en toute quiétude.
Au-delà du charme de l’environnement, c’est la rencontre avec l’histoire qui donne un grand intérêt aux
randonnées grâce à la présence de
châteaux, comme les tourelles de
Bressieux ou de Bocsozel, de curiosités locales, tel le moulin à eau de
Des paysages
“
et une vie préservés
”
d’années ! Le plateau abrite aussi la
dernière abbaye cistercienne du
département de l’Isère.
Les itinéraires, accessibles à tous,
s’enfoncent dans les vallons, serpentent le long des versants, effleurent les plans d’eau et grimpent sur
les crêtes les plus élevées d’où on
découvre un panorama qui ne
manque pas de surprendre. La vue
s’étend des neiges du Mont Blanc
qui brillent aux dessus du massif de
la Chartreuse aux monts du Vivarais
(Gerbier de Jonc, Mézenc) mais le
regard est surtout attiré par la
superbe barrière du Vercors qui
Nantoin et sa roue de dix mètres de
diamètre, une des plus grandes de
France, sans oublier les balades
chères au peintre Jongkind.
Les habitations en pisé, réalisées uniquement à base de sable et de terre,
ou les maisons, les édifices publics,
les chapelles, les églises, construites
en galets roulés, étonnent par leur
insolite conception architecturale.
Plusieurs sentiers gravissent les collines pour atteindre de magnifiques
belvédères d’où on peut laisser son
regard balayer, sans la moindre
modération, un immense panorama
au-dessus des vagues ondulantes
d’un océan de verdure.
Enfin, certains itinéraires empruntent une partie des mystiques Chemins de Compostelle, suivis par les
randonneurs et les pèlerins qui s’engagent sur le tracé reliant Genève
au Puy-en-Velay, avant de rejoindre
la lointaine Galice. ■
CA RT E D’I DE NT ITÉ
Bièvre Valloire
Sud Grésivaudan
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Du Voironnais à la lim
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entre 150 et 700 m d’a
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où
s
de balade
c un
mistes alternent ave
immense horizon.
LE RATAFIA : UN DES APÉRITIFS TRADITIONNELS DE L’ISÈRE
L
seire, résidant à Grenoble mais passionné d’agriculture et de jardinage, et surtout épicurien dans
l’âme et grand amateur des
saveurs du terroir ! Au terme de
secrètes et mystérieuses manipulations il aurait découvert la précieuse recette qui se serait affinée
au fil des générations.
Le ratafia de cerise possède un
taux d’alcool de 16°. Il se déguste
le plus souvent en apéritif
mais peut aussi se savourer individuellement. Les gastronomes
conseillent de le consommer (toujours avec modération…) à une
a commune de Saint-Hilaire-duRosier, située dans le Sud Grésivaudan, aux confins des départements de l’Isère et de la Drôme,
est la seule commune de la région
Rhône-Alpes à cultiver une variété
particulière de cerises noires. D’un
goût agréable, fruité, légèrement
acidulé, cette cerise juteuse et très
sucrée, appelée guigne, représente
l’élément de base à l’élaboration
du ratafia, un des apéritifs traditionnels de l’Isère.
L’origine de ce breuvage remonterait au XVIIIe siècle. Il aurait été
conçu par un certain Mathieu Teis-
36
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é t é
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température comprise entre 8° et
11°, mais sans glace pour ne pas
en atténuer la saveur.
Le terroir de la cerise guigne
s’étend sur une soixantaine d’hectares situés en bordure de l’Isère.
L’ensemble de la production est
livré à des distillateurs professionnels. Plusieurs agriculteurs locaux
procèdent, eux même, à la transformation du jus de cerises en ratafia ou en produits dérivés comme la
confiture, des condiments de
cerises aigres douces au vinaigre,
ou du kirsch, une boisson plus forte
avec un taux d’alcool de 48°.
À VISITER...
MUSÉE DÉPARTEMENTAL
À SAINT-ANTOINE-L'ABBAYE
Dominé par son abbaye, le village médiéval de Saint-Antoine-l’Abbaye est
classé parmi les plus Beaux Villages de France. Le Musée installé dans l’ancien noviciat propose deux expositions permanentes : "Chroniques d'une abbaye au Moyen-Âge, guérir l'âme et le corps" et "Jardins des cloîtres, jardins des princes... quand le parfum portait remède". Il propose également
tout au long de l'année des expositions temporaires, des visites découvertes, des ateliers et des concerts.
✆ 04 76 36 40 68
www.musee-saint-antoine.fr
▲
LE SENTIER HDUEUR
BALADE DE RÉFÉRENCE
➜ Départ : Saint-Romans (bord de
l’Isère), 170 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 140 m
➜ Temps aller-retour : 3 heures
MARTIN PÊ C
AVEC L’ATTELAGE
EN BIÈVRE-VALLOIRE
A
ncien instituteur, Denis Beaumelle partage une double passion, celle de
son terroir de Bièvre-Valloire, et celle du monde du cheval sous toutes ses
formes. Il a décidé de faire partager aux autres sa double passion en créant
une entreprise spécialisée dans les loisirs équestres.
“Le terroir de Bièvre-Valloire se prête admirablement au tourisme équestre,
précise-t-il, grâce à la présence de centaines de kilomètres de chemins, de
vastes plaines avec des paysages préservés, sans oublier un patrimoine
architectural et humain. J'ai privilégié l'attelage car il est accessible à tous, des
parents aux enfants, et même aux personnes à mobilité réduite. On peut
emmener des groupes comprenant jusqu'à une dizaine de participants, dans
un contexte intimiste et chaleureux, favorisant ainsi la meilleure réceptivité à
l'environnement”.
Des sorties de quelques heures à la journée sont proposées. Au plaisir du
cheminement à bord d'un attelage au sein d'un environnement privilégié,
s'ajoute la surprise et l'étonnement de découvrir les murailles d'un château ou
le charme d'une maison construite en pisée. Les randonnées attelées
s'articulent autour de trois circuits de référence. Le premier propose une
échappée en pleine nature, à la rencontre de la faune sauvage. Le deuxième
s'inscrit dans la mémoire des personnages qui ont marqué l'histoire locale,
d'Hector Berlioz à Jongkind, en passant par Louis Mandrin. Le troisième se
présente sous la forme d'une sympathique escapade dans les coteaux et les
collines, émaillée de points de vue sur un immense panorama.
Les activités peuvent se prolonger par des sorties à la carte, en étroite
association avec les centres équestres ou des opérations pour les scolaires.
Cette balade conduit
à travers champs et
forêts jusqu’au château
de Bressieux et offre de
beaux panoramas sur
le massif du Vercors
et celui du Pilat.
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VERCORS - TRIÈVES
Une forteresse nat
© Alain Herrault
à la charniè
Ici vous êtes dans un autre monde. Au détour
d’un sentier, des bouquetins, ces ongulés
réintroduits en 1989, appelés les princes
des Alpes, peuvent peser jusqu’à 120 kg.
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turelle
re des Alpes
ère
Légende ..............
.................................
................................
Par ses dimensions, le Vercors est le plus
grand massif des Pré-Alpes. Situé à la
charnière des Alpes du Nord et des Alpes
du Sud, c’est un espace privilégié pour la
randonnée sous toutes ses formes, grâce
à la diversité de ses paysages, de sa flore
et de sa faune. C’est aussi une terre de
mémoire au riche patrimoine humain.
‘‘
D
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ans le Vercors, deux mondes se
télescopent et cohabitent pacifiquement. Le monde horizontal des Hauts Plateaux, tout
d’abord, qui s’étire harmonieusement sur plus de 50 kilomètres et qui déroule ses douces ondulations
jusqu’aux portes de la Provence. La verticalité
des falaises, ensuite, qui tombent à pic sur le
bassin du Trièves et qu’on surnomme à juste
titre les Dolomites françaises, et qui défendent
son accès depuis la vallée de l’Isère pour donner
au massif l’image d’une spectaculaire forteresse
naturelle.
Randonner sur les Hauts Plateaux, sur des sentiers bien tracés et parfaitement balisés, peut se
limiter à quelques heures ou se prolonger pendant plusieurs jours. Le marcheur sera surpris
de progresser sur plusieurs dizaines de kilomètres
sans apercevoir le moindre pylône électrique,
sans franchir la moindre route goudronnée, sans
apercevoir le moindre village. Il ne croisera que
quelques rares habitations, des bergeries pour la
plupart, et pourra ainsi profiter, sans le moindre
risque de saturation, de longues heures en étroite
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VERCORS - TRIÈVES
Au fond, le Mont Aiguille, dans le Vercors,
une des cimes les plus surprenantes
de toute la chaîne des Alpes.
▲
dépaysement et un sentiment d’évasion surprenant. La traversée offre
aussi l’opportunité de basculer des
Alpes du Nord vers celles du Sud.
La transition se déroule en douceur
mais peut facilement s’observer, au
fil de la balade, par les changements
constatés sur la végétation et sur
l’évolution de l’atmosphère qui
osmose avec la nature.
La traversée intégrale des grands
plateaux reste la randonnée de référence. Elle se déploie dans une
agréable succession de vallonnements, de petits canyons, de larges
cuvettes, un enchaînement de paysages qui se renouvellent au fil de la
marche, tout en dégageant un
devient plus transparente, plus méridionale en se rapprochant des préalpes provençales.
Au départ de Corrençon-en-Vercors,
blotti dans une riante cuvette de
forêts et de prairies, la traversée
s’amorce par un long cheminement
à travers les forêts de sapins, d’épicéas et de fayards. Elle se poursuit
par le franchissement de vastes
pelouses, comme celle de Darbenouse, puis par la remontée de vallons étroits et encaissés, à l’image
du canyon des Erges, avant de se
prolonger dans l’immensité des
steppes, du côté de la Grande
Cabane. La descente des hauts plateaux vers Chichilianne ou Archiane,
parmi les buis, les pins maritimes,
les chênes verts, surprend par la présence d’une végétation déjà méridionale.
La randonnée sur les crêtes du Vercors, avec l’ascension des plus hautes
cimes, est totalement différente,
même si les balades s’effectuent sur
des itinéraires toujours bien tracés
et balisés, comme on peut le constater en gravissant le Grand Veymont,
le point culminant du massif avec
ses 2 341 mètres d’altitude.
Considérée comme le « point
d’orgue » des randonnées dans le
Vercors, la montée vers ce sommet
se déroule dans un sauvage et
authentique environnement de
falaises, terrain de prédilection des
chamois et des bouquetins, de
longues casses d’éboulis, de rochers
ruiniformes, et s’achève par un parcours en plein ciel au cœur d’un
immense horizon. Le regard porte
du Mont Blanc aux Cévennes ardéchoises, tout en surplombant les
La traversée des Hauts Plateaux,
sur plus de 50 kilomètres, est une
randonnée mythique du Vercors.
Réservée aux bons marcheurs !
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nisme. Un important réseau de sentiers permet d’approcher le sommet, en toute quiétude, jusqu’au
pied de ses falaises et de l’apercevoir sous toutes ses perspectives
citadelle
“ Vercors,
de liberté.
”
grâce à un itinéraire tracé tout
autour de la cime.
Les balades peuvent se compléter
par la découverte d’une autre
« Merveille du Dauphiné » : la Fontaine ardente, une source naturelle
de méthane qui s’enflamme au
contact de l’air.
Le massif des Coulmes, au nord du
Le tétras-lyre ou coq de bruyère.
Vercors, attire les regards des randonneurs avec ses immenses forêts
de hêtres et de sapins, véritables
havres de fraîcheur pendant les
chaudes journées d’été. Des kilomètres de sentiers se faufilent
entre les arbres, s’accrochent à la
pente, gravissent des crêtes, s’attardent dans les prairies ou s’enfoncent au bas des plus profonds
canyons, pour des balades à la
carte, agrémentées de points de
vue magnifiques sur les bocages
du Royans et les plaines du Dauphiné.
Le Vercors est aussi une terre de
mémoire, théâtre d’un des plus
grands sacrifices de la Résistance,
lors du dernier conflit mondial. Plusieurs itinéraires, au départ de SaintNizier-du-Moucherotte, Villard-deLans, Valchevrière ou Chichilianne,
permettent d’aller à la rencontre de
Deux gazés sur un lys Martagon.
l’histoire et d’ajouter à la marche
une émotion supplémentaire.
Les remontées mécaniques des stations peuvent faciliter et élargir le
champ des randonnées. ■
CAR TE D’ID ENT ITÉ
Vercors - Trièves
Partagé entre l’Isère et la
Drôme, le Vercors est une véritable île de calcaire bordée de
falaises de 300 à 400 mètres de
hauteur. On y accède par de profondes gorges créées par l’érosion due à l’écoulement des
eaux. L’eau a également creusé
les profondeurs, créant des
gouffres et des grottes parmi
les plus prisés d’Europe par les
spéléologues. Sillonné par plus
de 3 000 km de sentiers balisés,
il offre une infinie variété de
balades accessibles à tous.
▲
vastes étendues des Grands Plateaux.
Le Vercors ne se limite pas aux seuls
espaces naturels. Il présente, dans sa
partie septentrionale, une montagne
urbanisée avec des paysages
émaillés de villages parfaitement
intégrés dans l’environnement.
Les balades sont tracées au sein
d’un patrimoine architectural et
humain, avec des curieuses toitures à chevrons, dans un cadre
bucolique, aux teintes contrastées et dans une ambiance intimiste et confidentielle.
Telle une sentinelle, le sommet
mythique du mont Aiguille, une des
cimes les plus surprenantes de toute
la chaîne des Alpes, se dresse en
marge du massif. Considéré comme
une des Sept Merveilles du Dauphiné, sa première ascension, en
1492, a marqué l’histoire de l’alpi-
Le Vercors est aussi une terre
de pastoralisme.
Des paysages
grandioses...
inoubliables.
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VERCORS - TRIÈVES
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LE PAS IDLELE
L’ AIGU
BALADE DE RÉFÉRENCE
➜ Départ : Richardière (à deux km de Chichilianne), 1 050 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 1 700 m.
➜ Temps aller-retour : 4 heures
➜ Dénivelé : 650 m.
➜ Cotation : moyenne
➜ Caractéristiques : Mémorial de la Résistance et découverte des Hauts
plateaux du Vercors.
➜ Période optimale : du mois de mai au mois d’octobre
Le Vercors : idéal pour
un séjour en famille aussi.
Dépaysement et
air pur garantis.
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PORTRAIT
À VISITER...
MUSÉE DE L'EAU À PONT-EN-ROYANS
Marc Riboud,
un ancien résistant du Vercors
M
Le Musée de l'Eau est situé à Pont-en-Royans, un village pittoresque aux maisons suspendues au-dessus la rivière de la Bourne, à l'entrée du Parc naturel régional du Vercors. La visite invite à la découverte des eaux du monde
et du massif du Vercors dans deux salles d'expositions interactives : quizz météo, tunnel climatique, ludisphère... Son bar à eaux permet de déguster
les eaux les plus rares et les meilleures du monde et dispose d’une collection de plus de 1700 bouteilles du monde entier.
✆ 04 76 36 15 53
www.musee-eau.com
arc Riboud est universellement connu pour ses
talents de photographe et
les milliers de clichés ramenés
notamment d’Asie, des Etats-Unis,
du Japon et d’Afrique. On ignore
souvent qu’il fut, en 1944, un combattant de la Résistance dans les
maquis du Vercors.
En 2009, Marc Riboud était
retourné sur les lieux des comMarc Riboud à gauche.
bats. “Je n’aime pas les histoires
d’anciens combattants, avait-il alors confié, pourtant j’ai été
heureux de retourner dans le Vercors. La nature y est belle et paisible mais les cœurs sont toujours marqués par la violence des
morts et de la torture.
Pourquoi j’avais rejoint le maquis ? Mon choix était simple :
j’avais 20 ans et je ne supportais pas l’oppression. Alors, au mois
de mai 1944, je suis parti rejoindre le maquis du Vercors. De
Lyon, j’avais pris un train jusqu’à Valence, puis un bus m’avait
amené au pied du massif, avant d’être pris en charge par des gars
de l’Armée Secrète. Le 22 juillet, j’ai participé aux terribles combats de Valchevrière. Le lieutenant Chabal qui nous commandait avait hurlé : “Nous allons faire Sidi Brahim”, c’est-à-dire
nous battre jusqu’à la mort. J’ai fait partie des rares survivants.
Au terme de plusieurs jours de cachette sur le plateau, j’ai réussi
à descendre dans la vallée puis rejoindre ma famille à Lyon. On
me croyait mort et une messe avait même été célébrée pour
moi ! J’ai ensuite intégré le 6e BCA (Bataillon de chasseurs alpins)
et terminé la guerre sur le front des Alpes.
Avec du recul, cette période de ma vie a été l’une des plus belles.
Il y avait une sincérité, une pureté et une intensité exceptionnelles
dans les relations humaines. Je n’ai retrouvé une tel esprit que
plus tard, à Prague, lors de l’occupation soviétique”. ■
ENTRE ORCHIDÉES ET EDELWEISS
A
vec plus de 1 700 espèces recensées, de la lavande provençale à
l’edelweiss des Alpes du nord, le massif du Vercors possède la flore la plus
riche et la plus variée des massifs préalpins. Au fil des saisons, ses pentes se
parent d’une véritable constellation de
fleurs. Tout commence dès la fin du
mois de mars avec l’apparition discrète
des primevères. Elle se poursuit un mois
plus tard avec l’éclosion des premières
jonquilles avant de se prolonger tout au
long du printemps.
L’élégante gentiane bleue cohabite
pacifiquement avec la blancheur
laiteuse des narcisses. Puis, avec l’arrivée de la chaleur, les renoncules, les
aconits, l’aster des Alpes, la tulipe
sauvage, les campanules se déploient
pour le plus grand plaisir des randonneurs. Plusieurs dizaines d’orchidées,
des lis martagons, des genêts, des
rhododendrons et bien d’autres espèces
peignent dans l’environnement une
odorante mosaïque de couleurs.
À la richesse de la flore, s’ajoute, dans
le Vercors, la présence d’une faune
remarquable avec les principaux
mammifères des Alpes, de la marmotte
au chamois, en passant par le
bouquetin, le sanglier ou le chevreuil.
Son ciel est sans cesse parcouru du vol
de centaines d’oiseaux. On y retrouve
les espèces fréquentes, à l’image des
grives, merles et rossignols, mais aussi
des volatiles plus spécifiques à la
montagne, comme l’aigle royal, la
chouette chevêchette ou le sympathique et familier chocard à bec jaune.
Plus surprenant, plusieurs espèces de
vautours attirent le regard par leur vol
majestueux. Depuis peu, on peut
observer le gypaète barbu, un des plus
grands rapaces d’Europe, malheureusement menacé de disparition.
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Vautour fauve.
Sabot de Vénus.
Surnommé « casseur d’os », il joue un
rôle sanitaire prépondérant par un
équarrissage naturel des carcasses d’ongulés sauvages ou domestiques.
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ISLE CRÉMIEU - PAYS DES COULEURS
Le pays de la pie
et le pays des
C’est une des régions les plus insolites de l’Isère
pour la diversité de ses paysages et pour l’originalité de son patrimoine. Elle se présente sous
la forme d’un double livre de géologie et d’histoire, qui s’ouvre à l’époque du Bronze et dont
on peut parcourir les pages, une à une, à travers
des splendides randonnées.
Les amoureux d’histoire
et de patrimoine
trouveront leur bonheur.
Ici, l’ancien prieuré des
Bénédictins installé sur
la colline Saint-Hippolyte.
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rre
couleurs
Un étroit réseau de sentiers étend ses
filaments de vallons en promontoires
pour la plus grande joie des marcheurs.
peu de difficulté technique, surtout dans la région
de Morestel lorsqu’on chemine dans le périmètre
du pays des couleurs. Dans ce contexte, on peut
marcher en toute liberté et en toute décontraction
pour apprécier à sa juste valeur le bruissement du
vent dans les branches, les reflets chatoyants des
étangs ou les lointaines tourelles d’une fortification.
Certaines randonnées, plus exigeantes, apportent
les réponses à ceux qui recherchent l’effort et le
dépassement. Tel est le cas, entre autres, du tour
intégral de Larina, au départ de Hières-sur-Amby.
La montée vers le plateau sur un sentier escarpé
et caillouteux permet aux mollets de se dégourdir…
Tout au long du chemin qui s’accroche à la pente
et se faufile entre les falaises, l’œil aperçoit le vol
majestueux des rapaces, du faucon pèlerin à la
buse, en passant par des couples de circaètes,
dont l’envergure des ailes atteint 1,70 mètre et qui
se nourrissent de serpents et de lézards.
Quelle émotion, lorsqu’au terme de la raide montée, on débouche soudain sur le plateau, en vue
de sépultures et de vestiges dont les plus anciens
remontent à l’âge du Bronze et quel panorama !
Le regard surplombe la vallée du Rhône et s’étend
des monts du Bugey aux plus hautes cimes du
Jura. La randonnée se poursuit sur un terrain plus
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C’
est le pays de la pierre.
C’est aussi le pays des couleurs. Le terroir se dresse
fièrement au dessus de la
vallée du Rhône en une
redoutable falaise avant de
s’incliner en pentes douces en direction de Crémieu et de Morestel. Telle une toile d’araignée,
un étroit réseau de sentiers étend ses filaments,
de vallons en promontoires, pour la plus grande
joie des marcheurs.
Ici, les balades se déroulent en général sur des
parcours faciles, avec peu de dénivellation et
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ISLE CRÉMIEU / PAYS DES COULEURS
▲
intérêt dépasse largement la lumière
et les couleurs dans les paysages. À
chaque détour d’un sentier ou d’un
chemin, une surprise attend le randonneur. Ici, un étang émerge du
brouillard, plus loin, les murailles d’une
maison forte ou les tourelles d’un château se dressent dans le ciel, à la
pénombre d’une épaisse forêt succède un ciel bleu aveuglant et, après
une courte montée, voilà que s’ouvre
un immense horizon qui porte jusqu’aux glaciers des Alpes !
Les admirateurs de Paul Claudel et les
inconditionnels de Stendhal, prendront beaucoup de plaisir à marcher
dans le secteur de Brangues. Paul
Claudel se rendait souvent à Brangues
où il avait acheté un château et où il
repose. La mémoire de Paul Claudel
se perpétue lors des « rencontres de
Brangues », créées en 1972 par la
fille de l’écrivain. Par ailleurs, Stendhal
s’est directement inspiré d’un authentique fait divers qui s’est déroulé à
Brangues en 1827 et qui lui a inspiré
un de ses chefs d’œuvre : le Rouge et
le Noir... ■
facile, agrémentée de passages en
corniche, assortie de vues aériennes
sur le profond val d’Amby, entrecoupée de zones humides, terre de prédilection de la tortue cistude, malheureusement en voie de disparition.
Plusieurs itinéraires traversent ce qu’on
appelle le « Pays de la pierre ». La
pierre est une des composantes essentielles du paysage. Elle apparaît dans
les constructions, avec des lourdes
toitures de lauze, mais, également
dans les moindres détails, comme des
lavoirs, des fours à pain et même, par
des curieux alignements de pierres
plantées, pour délimiter les champs et
les propriétés. Les balades peuvent se
compléter par un détour récréatif du
côté de la base nautique de la Vallée
Bleue, en bordure du Rhône, ou par
une intéressante incursion féerique
dans le monde souterrain avec la visite
des grottes de la Balme.
Au sud de l’Isle Crémieu, une autre
belle balade, au départ de Chozeau,
présente le double intérêt de parcourir
un environnement agréable, moucheté d’étangs, et surtout d’effectuer
une sorte de plongée dans le temps
grâce à la présence d’un surprenant
héritage historique. L’itinéraire
s’amorce sur l’ancienne voie romaine
qui reliait Vienne à Aoste et, tout au
long du parcours, des maisons fortes
traditionnelles alternent avec des châteaux, dont celui de Poizieu, très
impressionnant par son architecture et
son imposante tour circulaire.
En marge de l’Îsle Crémieu, s’étend le
Pays des couleurs, une entité intercommunale qui regroupe vingt communes, au cœur d’une région qui
L’étang de Lemps est situé
sur le Méandre de Saugey.
attira, à la fin du XIXe siècle, les plus
grands noms de la peinture dauphinoise.
La courte balade du Coteau de Serrières, au départ de Morestel, pratiquement horizontale, donne un bon
aperçu de cet environnement, surtout lorsqu’on réalise la promenade à
l’heure où le soleil s’incline sur l’horizon. Les changements de teintes, de
couleurs, les effets de brume, l’éclairage rasant du soleil, donnent au paysage cet aspect diaphane qui a inspiré
plusieurs générations de peintres au
XIXeme siècle. Sur le chemin de retour,
le regard est attiré par Morestel, le
chef lieu du Pays des couleurs, avec ses
tours et ses clochers qui se fondent de
la brume, comme sur un tableau
impressionniste. Le nom de Morestel
est intimement lié au peintre Auguste
Ravier, fer de lance de la peinture dauphinoise, qui réalisa dans les paysages
environnants les plus belles de ses
œuvres.
Des balades permettent de marcher
dans les traces de ces artistes qui ont
marqué la culture dauphinoise. Leur
UN PATRIMOINE HISTORIQUE ET ÉCONOMIQUE
D
eux entités culturelles, le MuséeMaison du Patrimoine, à Hièressur-Amby et la Maison de la Pierre
au Ciment, à Montalieu-Vercieu permettent de prendre pleinement
conscience du patrimoine historique
et géologique du plateau de l’Îsle de
Crémieu. Leurs visites complètent
admirablement une balade en pleine
nature.
Les prestations de la Maison du
Patrimoine s’articulent autour des
richesses archéologiques, architecturales et naturelles, tout en accordant
une place prépondérante au site de
Larina. Les deux Espaces naturels sensibles mis en place sur le plateau sont
Le château de Vertrieu.
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eux aussi, longuement évoqués.
La Maison de la Pierre se dresse au
cœur d’un bassin carrier et de taille
de pierres dont l’exploitation
remonte à l’époque romaine. Un
parcours original retrace avec précision l’histoire de ce gisement, l’importance de la pierre dans l’environnement, l’histoire des techniques,
le travail des hommes. L’extraction et
le façonnage de la pierre dite “pierre
de Villebois”, également appelée
“choin”, ont alimenté les grands
chantiers dès le XIXe siècle. On
retrouve ce matériau, entre autres,
sur les murs de l’Empire State
Bulding, du Palais de Tokyo, du
CA RT E D’ ID EN TIT É
Isle Crémieu
rs
Pays des Couleu
ment, un
Au nord du départe
be la valvaste plateau surplom mières
pre
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des
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ind
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d’a
et
e
ce territoir
, en vue des
superbes belvédères
es.
grandes Alp
Panthéon et des ponts de Lyon !
Le sous sol de l’Îsle de Crémieu, riche
de marne et de pierre calcaire, a
favorisé l’implantation d’une des
plus modernes cimenteries d’Europe.
C’est pourquoi, un nouvel espace
d’exposition, inauguré en 2011,
retrace l’invention du ciment artificiel et l’épopée industrielle qui lui a
succédée.
Le Centre de formation d’apprentis
des industries de carrières et matériaux de construction de MontalieuVercieu forme des jeunes aux
métiers de la pierre, perpétuant
ainsi une séculaire tradition professionnelle.
À VISITER...
MUSÉE MAISON DU PATRIMOINE
ET SITE ARCHÉOLOGIQUE À HIÈRES-SUR-AMBY
Le site archéologique de Hières-sur-Amby abrite de nombreux vestiges archéologiques, témoins d’une présence humaine depuis l’Age du Bronze
jusqu’au début du Moyen-Age. En contrebas, le musée, installé dans l'ancienne cure en lauzes du XVIIIe siècle, permet de se plonger dans la vie quotidienne des hommes de la Préhistoire au Moyen-Age. L’espace d’exposition
retrace l’histoire de l’occupation humaine de la région au fil d’une chronologie simple et illustrée.
✆ 04 74 95 19 10
www.musee-larina-hieres.fr
LA BIÈRE DES URSULINES
De nombreux itinéraires de randonnées
traversent de belles forêts.
LE TOUR
DE LARINA
▲
BALADE DE RÉFÉRENCE
L
➜ Départ : Hières-sur-Amby, 220 m d’altitude
➜ Altitude d’arrivée : 430 m
➜ Temps aller-retour : 3 heures 30
➜ Dénivelé : 210 m
➜ Cotation : moyenne
➜ Caractéristiques : panorama et parc archéologique
➜ Période optimale : toute l’année
a région Rhône-Alpes comptait
plus de 200 brasseries artisanales
à la fin du XIXe siècle mais plus une
en 1980 ! Heureusement, depuis une
vingtaine d’années, à l’image de la
Bière des Ursulines, des petites
fabriques de bière on vu le jour, perpétuant ainsi un savoir-faire oublié
et le retour à une saveur différente
et originale.
La brasserie artisanale est installée à
Crémieu, dans l’ancien couvent des
Ursulines, situé à moins de 100 m
des célèbres halles. Plus d’une année
de travaux a été nécessaire pour
redonner une nouvelle vie à ce lieu
chargé d’histoire.
L’objectif consistait à fabriquer des
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bières savoureuses à déguster sur
place à la pression ou à consommer
chez soi. Pour donner le goût, le
caractère et la saveur recherchés, la
fabrication s’appuie sur l’utilisation
de 200 à 400 grammes de malt, produit en agriculture biologique certifiée, pour faire un litre de bière,
soit deux à trois fois plus que pour
la conception d’une bière industrielle. Par ailleurs, la gestation du
produit s’étale de quatre à huit
semaines.
Le 27 mai 2007, la première bière
des Ursulines était enfin dégustée !
La brasserie propose aujourd’hui
trois bières permanentes toute l’année : blonde, dorée, ambrée. Par
ailleurs, pour permettre d’apprécier
pleinement cette boisson selon les
saisons, cinq types de bières sont
également mis sur le marché : la
blanche et la médiévale (en été), la
brune (du mois d’octobre au mois
de mars), la noël (au mois de
décembre) et la printemps (du mois
de mars au mois de mai).
La bière des Ursulines s’adapte parfaitement à la gastronomie dauphinoise. Des visites de la brasserie
et des animations sont proposées
au public, au cours desquelles des
conseils et des suggestions culinaires
sont dévoilés.
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le Coffret des Cartes Indispensables