United Colors of Hastedon

Transcription

United Colors of Hastedon
NAMUR MAGAZINE
•
DÉCEMBRE 2000
/
CONTRAT DE SOCIÉTÉ
United Colors of Hastedon
Ils n'ont pas appris à
chanter, ni même à jouer de
la musique et n'ont pour
ainsi dire jamais suivi des
cours de danse ou de dessin.
Pourtant, ils viennent
d'enregistrer un CD et
forment le projet de créer
une BD vivante à partir de
"graffs".
Quartier Libre!
Les mots c'est parfois comme des
murs. Ça enfonce et on se cogne si
on n'a pas le code. L'image c'est
moins compliqué. Pas d'obstacle,
chacun comprend, prend ce qu'il
veut. Avec Quartier Libre!, Namur
Magazine offre aux jeunes des
quartiers un espace bien compact
(1 photo et 3 lignes) pour donner
un coup d'œil sur leur vie comme
on donne un coup de gueule. Pour
exprimer leurs émotions fortes,
leurs fiertés et leur identité.
À leur façon.
Ces huit jeunes du quartier de Hastedon, âgés de
18 à 20 ans et réunis au sein du «Réseau HCR»
(pour Hastedon Cité Représente) ont eu envie,
l'an dernier, de créer un atelier dans l'esprit du
mouvement Hip Hop. Engagé comme animateur
par la Ville, Yves Fonsny s'est lancé avec eux
dans l'aventure. «Chaque semaine, Somsanouk,
Jonathan et toute la bande se réunissent pour
rapper. Certains m'ont demandé des supports
pour s'exprimer via les graffs, histoire de ne pas
coller leur griffe n'importe où». Sur le plateau de
Hastedon, plusieurs murs témoignent aujourd'hui
de leur imagination débridée.
«C'est important, pour la vie du quartier, note
Yves Fonsny». C'est une espèce de reconnaissance. Les plus jeunes découvrent le travail réalisé par leurs aînés, ils ont envie de les imiter». Le
tag n'est plus perçu comme un acte de vandalisme, mais comme un moyen d'expression, dès
lors que les supports sont «autorisés» et l'œuvre
réfléchie sur le plan artistique.
Après la danse et le graff, les jeunes sont naturellement passés à la musique. A défaut d'être
des instrumentistes chevronnés, ils laissent à
Yves Fonsny le soin de s'occuper des arrangements musicaux. Mais tout le reste, c'est du travail d'équipe. Reda, le plus inspiré, écrit la plupart des textes. "Les 3 Nations", "On fout' l'pagaille"… «Des chansons qui parlent de la vie
dans le quartier, des petites conneries qu'on a
faites, de nos origines aussi. On a presque tous
des origines différentes. Somsanouk vient du
Laos, Stéphane est ivoirien, Jonathan belge,
Marcel nigérien, Halil turc… Mais on a toujours
vécu ici. Chacun se reconnaît dans les paroles».
Cet été, les membres de HCR ont bidouillé leur
CD dans un local de la cité. «Un enregistrement
émaillé de pas mal d'engueulades, de portes qui
claquent, de morceaux à recommencer 36 fois,
constate leur "mentor". Mais le résultat est là. Un
cd 5 titres entièrement fait maison, qui pourra
servir de carte de visite».
Première prestation en avril dernier lors de
MultiCité. Malgré un léger trac au moment d'entrer en scène en scène, le groupe s'est pris au
jeu et compte se produire à l'avenir dans des
petits concerts (avis aux organisateurs). Paraît
même que plusieurs filles du quartier, très branchées rap, ont décidé de se joindre à eux. Parmi
elles, Nadia, la sœur de Reda et son alter ego
puisque c'est elle qui pond les textes. Bientôt
donc, une confrontation entre rappers et rappeuses du même quartier.
Dans la foulée, les membres du Réseau HCR ont
pris goût au dessin. Ils vont créer dans les prochains mois une trentaine de planches BD à partir de graffs avec exposition itinérante à la clef.
Rendez-vous en 2001 lors de MultiCité ou
d'Estiv'Arts… ■
Equipe Ville de Namur - Plateau d'Hastedon,
résidence Hortensia 108 bloc D – 5002
Saint-Servais – tél 081 74 51 03
LE MÉTISSAGE DES GENRES ET DE CULTURES, VERSION HASTEDON. PHOTO PHILIPPE LAVANDY
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Ph. L
LE RÉSEAU HCR
EN RÉPET'.
PHOTO VILATH BONSACH

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