Voir l`article en PDF - Atmosphère service à domicile
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Authors requiring further information regarding Elsevier’s archiving and manuscript policies are encouraged to visit: http://www.elsevier.com/authorsrights Author's personal copy dossier Optimiser le retour à domicile pratique soignante Maintenir l’autonomie des patients à domicile BÉNÉDICTE NIANG Infirmière JEAN PIERRE COUDRE* Directeur Service d’aides et de soins à domicile Atmosphère, 22 rue du Sentier, 75002 Paris, France z Pour favoriser la fluidité des sorties d’hospitalisation, l’étape du retour à domicile avec un service de soins infirmiers à domicile est importante z Si des difficultés sont identifiées, des dispositifs ou bonnes pratiques existent également z La future loi sur l’adaptation de la société au vieillissement propose également de rénover un dispositif cumulant l’aide et le soin à domicile. © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Mots clés – autonomie ; hospitalisation ; personne âgée ; prise en charge ; service de soins infirmiers à domicile Maintaining patients’ autonomy at home. To maintain the flow of hospital discharges, the patient’s return home with support from a home nursing service is important. If any difficulties are identified, there are various programmes or good practices which can be put into place. The future law on adapting society to ageing also comprises a scheme combining home assistance and nursing care. © 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved Keywords – autonomy; care; elderly person; home nursing care service; hospitalisation A u quotidien, un service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) a pour mission de maintenir l’autonomie à domicile de ses patients, d’éviter l’hospitalisation, de favoriser le retour à domicile posthospitalisation ou de retarder l’hébergement en institution. Sur prescription médicale, le Ssiad réalise des soins d’hygiène, complétés ou non par d’autres plus techniques, auprès de personnes âgées de 60 ans et plus, ou de moins de 60 ans présentant un handicap ou atteintes de pathologies chroniques. Plusieurs étapes sont nécessaires pour accompagner la personne. L’accueil permet de définir si la personne relève bien d’une prise en charge par le Ssiad. À cette occasion, un premier recueil de données (identité, état de santé, secteur géographique...)est effectué. Ensuite, une visite d’admission est organisée par l’infirmière coordonnatrice afin d’évaluer les besoins du bénéficiaire, de définir le projet de soins individualisé avec l’équipe et de déterminer le planning d’intervention. Le dossier administratif et médical du patient est alors constitué. L’admission administrative correspond à l’entrée définitive du bénéficiaire au sein du service ; elle précéde la présentation de la personne et de son projet de soins à l’équipe. *Auteur correspondant. Adresse e-mail : jean-pierre.coudre@ atmosphere-services.com (J.Coudre). ORGANISATION ET DIFFICULTÉS La première intervention de soins est l’occasion d’effectuer une évaluation plus complète et ainsi de SOiNS GÉRONTOLOGIE - no 113 - mai/juin 2015 proposer un réajustement du projet de soins. L’accompagnement du Ssiad s’effectue jusqu’à 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Un cahier de liaison permet, en plus des appels téléphoniques et des transmissions sur le dossier patient, de favoriser les échanges entre le service, le bénéficiaire, la famille, le médecin, les laboratoires et les autres intervenants à domicile. La sortie du Ssiad peut être prononcée, après demande de la personne prise en charge ou de sa famille (par exemple, pour l’admission en établissement) et de celle du médecin traitant ou, le plus souvent, en cas de décès. L’intervention peut également être interrompue en cas d’absence temporaire ou liée à une hospitalisation. De nombreuses difficultés vont alors être identifiées pour sécuriser le retour à domicile des patients. À l’issue de la période d’hospitalisation, le Ssiad peut constater que le patient, en plus des fragilités de départ qui ont amené à son admission, cumule les conséquences physiologiques de l’opération et une perte importante de repères. Si la sortie d’hôpital est précipitée, ce risque peut être amplifié par un état anxiogène ainsi que par une difficulté d’organisation pour les familles ou les acteurs sociaux et médico-sociaux. Ces sorties précipitées sont dès lors de nature à générer de nouvelles hospitalisations en urgence, enclenchant inexorablement une dégradation des capacités fonctionnelles de la personne. Dans certains services hospitaliers ne disposant pas d’une approche © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.sger.2015.03.007 25 Author's personal copy dossier Optimiser le retour à domicile gériatrique, la sortie peut être préparée trop tardivement et laissée à la seule responsabilité de l’assistant social qui doit trouver un moyen rapide de l’organiser une fois le patient “médicalement sortant”. Du côté du Ssiad, les professionnels ont chaque jour un certain nombre de patients à accompagner au sein d’une tournée. L’objectif étant aussi de rentabiliser l’investissement de l’Assurance maladie, le nombre de patients doit être conséquent pour chaque tournée, ne laissant que très peu de place à de nouvelles prises en soins en urgence ou rapides. DES FACTEURS DE RÉUSSITE En marge de ces difficultés, il existe également des facteurs de réussite du retour à domicile posthospitalisation. z Pour les hôpitaux disposant d’une vraie culture gériatrique, le processus visant à permettre dès que possible un retour du patient à son domicile est intimement lié à l’admission et au processus médical diagnostique et thérapeutique. Le service social de l’établissement n’est pas appelé tardivement ni de façon séparée de l’intervention médicale. Une autre difficulté est d’organiser la sortie de ces patients, en cas d’absence ou d’insuffisance de dispositifs intermédiaires entre l’hospitalisation complète et le domicile. z Le recours aux centres de soins de suite et de réadaptation (SSR) gériatriques est, quand il est possible, d’une grande importance. Les SSR gériatriques ont en général une bonne pratique de la préparation du retour à domicile. Les réseaux gériatriques sont également, dès lors que la personne était suivie avant son hospitalisation, un maillon important de l’articulation ville-hôpital. Ces réseaux apportent une information précieuse au Ssiad pour préparer le maintien à domicile après l’hospitalisation. z Le recueil précis, par le Ssiad, d’informations relatives au patient est un facteur de réussite du retour à domicile. Connaître les éventuelles limitations fonctionnelles permettra également de définir le type de matériel à faire livrer pour l’aménagement ou le réaménagement de l’habitation. Rassembler les ordonnances est important, de sorte que, dès la visite de réadmission, l’infirmière de coordination (Idec) puisse organiser la récupération des médicaments prescrits ou l’organisation des passages du kinésithérapeute, de l’orthophoniste, etc. La transmission du compte rendu d’hospitalisation apporte des éléments complémentaires de 26 compréhension de l’état de santé et des antécédents du patient. Il n’est cependant pas indispensable pour le Ssiad mais il sera précieux pour le médecin traitant. Afin de pouvoir anticiper la mise en œuvre des conditions sécurisées du maintien au domicile posthospitalisation, un délai de 10 à 15 jours est idéal entre la demande d’admission et la sortie proprement dite. Malheureusement, ce délai est souvent un “luxe”. EXEMPLE DE PRISE EN CHARGE Au SSIAD Atmosphère, à Paris, une personne jusqu’alors totalement autonome a été récemment prise en charge pour un retour d’hospitalisation. Celui-ci faisait suite à une chute avec fracture du col du fémur, un passage en orthopédie puis en SSR pour rééducation. L’assistante sociale du SSR a contacté le Ssiad 10 jours avant la sortie programmée du patient. Le Ssiad a ainsi pu contacter le médecin qui s’occupait de cette patiente. Grâce à cela, il a été possible d’anticiper les passages du Ssiad 7 jours sur 7 pour une aide à la toilette, puis solliciter une aide à domicile, 2 fois par semaine pour les courses et la préparation du repas. De la même façon a pu être anticipé le passage d’un kinésithérapeute 3 fois par semaine, la coordination avec l’ergothérapeute pour la livraison d’un lit médicalisé avec une potence pour que la patiente puisse se mobiliser seule dans son lit et d’un déambulateur pour les premiers jours. UNE DOUBLE COMPÉTENCE On compte actuellement, en France, 91 Services polyvalents de soins et d’aides à domicile (Spasad) pour sécuriser les sorties d’hospitalisation dont 24 services en ont la compétence sans en avoir le statut [1]. z Un Spasad combine deux compétences : soignantes et d’aide aux actes essentiels de la vie quotidienne. Cette double compétence permet d’accompagner des situations de vieillissement fragilisé, comme cela peut être le cas avant l’hospitalisation, et des situations de vieillissement “très” fragilisées, voire pathologiques, comme cela peut être le cas à la sortie d’une hospitalisation. Ainsi, un besoin d’aide pour assurer le maintien à domicile pourra être traité par la seule et même structure, en interne, entre l’infirmière coordinatrice du SSIAD et la responsable de secteur des soins à domicile (SAD). L’avantage du Spasad est la possibilité qu’il offre de coordonner les interventions. SOiNS GÉRONTOLOGIE - no 113 - mai/juin 2015 Author's personal copy dossier Optimiser le retour à domicile z Une fois le retour à domicile effectué, l’aide à domicile professionnelle restant le plus longtemps auprès de la personne, pourra faire part de ses observations au Ssiad, via la responsable de secteur, afin qu’il adapte le plan de soins, le cas échéant. L’Idec pourra, si cela apparaît nécessaire, solliciter le médecin traitant en étant davantage écoutée qu’un responsable de secteur. Tout établissement hospitalier devrait passer convention avec des Spasad pour faciliter ses sorties. Le Spasad, quant à lui, doit porter plusieurs conventions avec des opérateurs de livraison de matériels, de protection, de petit bricolage pour mettre en œuvre les préconisations de son ergothérapeute, de portage de repas s’il ne le fait pas lui-même, de téléalarme, etc. z Si le Spasad semble répondre à l’ensemble des besoins au domicile, il n’en reste pas moins l’adjonction de deux compétences répondant à des fonctionnements et financements différents. Il manque, pour rassurer les chefs de service et les services sociaux hospitaliers, un dispositif transitoire, temporaire, permettant de garantir la réactivité, la compétence et le financement, le temps d’installer les services et aménagements nécessaires au maintien sécurisé de la personne âgée à son domicile (Ssiad ou SAD ou portage de repas…). Ces ressources dédiées devront également renforcer les équipes classiques dans certaines situations : patients délicats à mobiliser, situation de fin de vie, patients totalement isolés ou avec un aidant non aidant… UN PROJET INNOVANT Le Ssiad Atmosphère souhaite proposer “une nouvelle temporisation” à la sortie de l’hôpital ainsi qu’une capacité d’intervention renforcée pour les aides-soignantes face à certains patients. z L’infirmière ou l’ergothérapeute aurait pour mission d’entrer dans le domicile avec la personne et d’évaluer les besoins en soins, nourriture, nettoyage, aide humaine, aide matérielle, etc. Cette évaluation large se ferait selon les domaines de la fiche multidimensionnelle développée par la Méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie (Maia). Il s’agit d’une évaluation large, d’un repérage rapide correspondant à une présence de deux heures au domicile et concernant : la santé (physique et psychologique), l’autonomie fonctionnelle (perte d’autonomie ou aggravation de celle-ci), les aspects familiaux et sociaux, les aspects économiques et/ou administratifs et l’environnement et la sécurité individuelle. SOiNS GÉRONTOLOGIE - no 113 - mai/juin 2015 z À l’issue de cette évaluation, la fragilité au domicile serait déterminée et un plan d’actions serait établi. L’infirmière / ergothérapeute devrait alors veiller à la mise en place de ce plan en accord avec la personne dans un délai de trois mois, renouvelable une seule fois. Ce plan reposerait sur la mise en place d’une aide à domicile, d’un Ssiad, ou d’une infirmière libérale, d’une télé-alarme ou d’un portage de repas, ou de tout dispositif favorisant le maintien sécurisé à domicile. Durant ces trois mois, le passage d’une aide médico-psychologique (AMP) ou assistante de soins en gérontologie (ASG) ou aide-soignante (AS) permettrait de sécuriser la vie au domicile de la personne en attendant la mise en place des dispositifs adaptés. Cette intervention consisterait à effectuer le minimum vital pour la sécurité de vie au domicile. En dehors des interventions posthospitalisation, l’AMP, l’ASG ou l’AS aurait pour mission ponctuelle d’assister l’aide-soignante du Ssiad auprès de patients répondant à plusieurs caractéristiques. Ce projet a été présenté à l’Agence régionale de santé (ARS) Île de France. RÉFÉRENCE [1] http://www.fehap.fr/jcms/ hbe_5022/la-federation CONCLUSION De nombreux dispositifs ou bonnes pratiques existent pour notamment fluidifier les sorties d’hospitalisation et sécuriser le retour à domicile, mais les professionnels du secteur sanitaire, social ou médico-social ne s’en saisissent que trop peu. Le travail engagé au niveau des Maia devrait permettre une meilleure articulation entre les différents dispositifs, au service des situations les plus complexes. Il est regrettable que cette approche ne soit pas largement intégrée ni répandue concernant les situations classiques. Penser l’amont et l’aval devrait faire partie du cahier des charges de chaque acteur intégré dans le parcours de santé de la personne âgée. Or, de trop nombreuses structures restent “rivées” sur leur seule activité. Si des dispositifs peuvent être développés comme le Spasad ou l’équipe dédiée à la sortie d’hospitalisation, il n’en reste pas moins que chaque dirigeant d’une structure du parcours de santé de la personne âgée doit impulser un management de parcours, de relais. Enfin, le secteur de l’économie sociale et solidaire ne cesse de se plaindre de la progression de structures lucratives dont certaines ont clairement des pratiques “douteuses”. Que faisons-nous, nous, structures de l’économie sociale et solidaire pour favoriser l’intervention de nos partenaires en amont et en aval ? n Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. 27