"Shake" : bien secoué !

Transcription

"Shake" : bien secoué !
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*X8---NOIR100403*
Edition: ML - 51 MONTPELLIER - 9 - 10/04/03
Sortie le: 09/04/03 17:45
MONTPELLIER
X8--- 쮿 Jeudi 10 avril 2003
9
SPECTACLES
●THÉÂTRE
Midi Libre
●DANSE
Jusqu’à samedi soir, au théâtre de Grammont
L’Anglais Dan Jemmet transforme "La nuit des rois" en cabaret… hilarantissime
Déjà énorme, l’outrage devient "hénaurme" sur le plateau : ici, Orsino est un latin
lover ringard à moumoute ; Olivia, une
pneumatique pin-up ; Sir Toby, un histrion soulographique et Sir Andrew, son
pantin bavard ; Malvolio, un affreux
bigleux aux chicots pourris ; Feste, un
bouffon blagueur au flegme "droopyen" et
Viola, une troublante gamine... Pour les
incarner, cinq comédiens aux
types de jeu on ne peut plus différents et pour seuls décors, cinq
cabines de plages. Il faut le voir
pour le croire (et en rire à s’en
faire péter les boyaux !).
Mais l’outrage ne vise que le
monument Shakespeare. Le dramaturge Shakespeare, lui qui
goûtait au moins autant la chair
et le sang que l’esprit et le sens, en sort
ragaillardi. Eclaboussé, souillé, cabossé,
mais vivant, tellement vivant qu’on attend
presque de le voir débouler des coulisses
quand, au final, la salle explose d’applaudissements. Oui, Shake est un diminutif
de Shakespeare, mais pas un réducteur.
Et puis "to shake" dans la langue idoine,
signifie secouer. « Il faut secouer sinon
Au Corum, ce soir à 20 h 30
Diverrès exhume le
passé à vif de la Sicile
"Shake" : bien secoué !
■ Shakespeare est un monument. Ça,
personne ne le conteste. Pas même Dan
Jemmet qui, avec Shake, propose sa version toute personnelle de La nuit des
rois. Mais qu’est-ce qu’un monument, finalement, sinon un potentiel perchoir à
pigeons, quand ce n’est pas leur lieu
d’aisance ? De là à avancer que Shake
serait au grand William ce que la fiente
est à sa statue... Osé ? Osons !
Mais attention, soyons clairs :
cette métamorphose d’une des
plus complexes comédies du
maître en cabaret marxiste (tendance Groucho) n’a qualitativement aucun point commun avec
la production de volatile. Elle en
est l’exact contraire : un chefd’œuvre d’humour frappadingue, pas moins ! Nonobstant, de la chiure,
elle possède la vertu : elle tache, elle fait
tache, elle enlumine, elle illumine... Bref,
elle outrage. Dan Jemmet et sa complice
Marie-Paule Ramo ont osé tailler à la
rapière dans l’opulente intrigue et n’ont
pas craint de couper à la hache d’arme
dans la richissime prose de "King Bill".
X8--- NOIR
Un jouissif
traitement
de choc pour
Shakespeare
Une impeccable distribution.
la pulpe, elle reste au fond », affirmait un
slogan publicitaire fâché avec le français.
Dan Jemmet l’a appliqué à La nuit des
rois et sûr que l’Anglais n’en aurait pas
été fâché. Un bonheur... monumental ! ●
J. Be
쏡 Ce soir à 19 h, théâtre de Grammont. 11 € et
18 €. 04 67 60 05 45.
Violente et passionnée,
la création "Cantieri" renoue
avec la tragédie et Fellini
■ Inspirée par le climat et
l’originelle destination des cantieri - ces anciens entrepôts
maritimes de Palerme reconvertis en espace multiculturel -, la création éponyme de
Catherine Diverrès devait donner lieu, cette année, à une
création d’importance au théâtre Massimo de la capitale sicilienne. Las, en dépit d’une résidence de deux mois sur place
qui, elle, a bien eu lieu au printemps 2002, le projet n’a pu
être mené à son terme, en raison du changement politique
intervenu entre-temps.
Mais l’esprit que la directrice du Centre chorégraphique
national de Rennes voulait
exposer, est resté intact. En
particulier, Cantieri, avec ses
douze interprètes, ne sera pas
créé à l’opéra Berlioz par
hasard, la théâtralité de la piè-
ce nécessitant la belle
ampleur de la scène du
Corum. De fait, Catherine
Diverrès, dont on se rappelle
le fascinant solo de Voltes, en
2001, a conçu ici « un voyage
de deux heures avec beaucoup
de tableaux et du lyrisme ».
L’atmosphère ambiguë de
Palerme a suscité des images
fortes, tempérées par des
emprunts au cinéma de Fellini : d’un côté, l’âpreté du
relief, « la force des éléments
naturels » ; de l’autre, la violence qu’insuffle la mafia dans
les vieux murs d’une cité autrefois fondée par les Grecs. On
ne trouvera du coup guère
étonnant que la chorégraphe
se soit souvenue, à cette occasion, qu’Empédocle, né à Agrigente, au Ve siècle avant
Jésus-Christ, y avait défendu
le primat des quatre éléments
fondamentaux, sous les cieux
siciliens : l’eau, l’air, la terre et
le feu. ●
Lise OTT
쏡 12 € à 20 €. 0 800 600 740.
A l’affiche
THÉÂTRE
◗ Imaginaires du Pierrot Lunaire. 앶 Jacques Bioulès et Tessa
Veyrié présentent un spectacle d’après les poèmes d’Albert Giraud.
– 19 h, théâtre du Hangar, 3 rue Nozeran. 8 € et 12 €. Jusqu’au
13 avril. 04 67 41 32 71.
◗ Shake. 앶 D’après "La nuit des rois" de Shakespeare, mise en
scène de Dan Jemmett. Lire ci-dessus. – 19 h, théâtre de
Grammont, domaine de Grammont. 11 € et 18 €. Jusqu’au 12 avril.
04 67 60 05 45.
◗ King Lear. 앶 Encore une pièce de Shakespeare. Celle-ci est mise
en scène par Fanny Reversat avec Sandrine Clémençon, Eric
Colonge, Antony Lefoll, Florence Michau, Gregory Nardella, Marc
Pastor, Hélène Soulié, Karol Moreux et Jérôme Petitjean. La fin
tragique d’un vieux roi tyrannique. – 19 h, ancien dancing Le Bouche
à oreille, route de Toulouse. Réservation obligatoire, jauge limitée.
3 € à 13 €. Jusqu’à demain et du 14 au 20 avril. 04 67 47 15 87.
◗ La prose du monde. 앶 Spectacle-rencontre autour du texte de
Maurice Merleau-Ponty, réalisé par Didier Mahieu avec Maxime
Leroux. – 19 h, Cité U des Arceaux, 37 rue Gustave. Gratuit.
◗ Monsieur Malaussène au théâtre. 앶 De Daniel Pennac, mise
en scène de Nadine Jadin-Pouilly, avec Philippe Reyné qui interprète
les dix-neuf personnages de cette tribu. – 20 h, Le Balo’Art,
21 boulevard Louis-Blanc. 8 €. Également demain. 04 67 79 36 68.
LYRIQUE
◗ Alcina. 앶 Opéra de Hændel, mis en scène par Marco-Arturo
Marelli et dirigé par Christophe Rousset à la tête des Talens
Lyriques. – 20 h, Opéra-Comédie. 9 € à 33,5 €. Dernière le
13 avril, à 15 h. 04 67 60 19 99.
DANSE
◗ Cantieri. 앶 Création de Catherine Diverrès, directrice du
Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. Une
pièce italienne à partir d’un quartier de Palerme. Lire ci-contre. –
20 h 30, opéra Berlioz. 12 € à 20 €. 0 800 600 740.
CLASSIQUE
◗ Quatuor. 앶 Les solistes de l’Orchestre national : Jacques Prat
(violon), Eric Rouget (alto), Elisabeth Ponty-Scheuir (violoncelle) et
Jean-Michel Moulinet (flûte) interprètent des œuvres de Haydn,
Mozart et Rossini. – 18 h, opéra Berlioz, le Corum. 12 € à 20 €.
0 800 600 740.
HUMOUR
◗ Petaouchnok. 앶 La nouvelle comédie de et avec Christian Dob.
Quatre citoyens français sont retenus prisonniers par des rebelles
dans une lointaine contrée du tiers-monde... Suivie du film
"Le renard rouge" (22 h 30 / 2,50 €). – 20 h 45, le Grand Mélo
théâtre, le Mas du Pont, Le Crès. 8 €. 04 67 55 65 36.
◗ Le rose et le noir. 앶 Une comédie anti-fafs de Michel Saillard. La
vie de Dumesnil, vieux facho raciste, bascule quand sa femme brûle
sa voiture et qu’il découvre l’homosexualité de son fils. – 20 h 45,
La Cicrane, 9 rue Sainte-Ursule. 11 € et 14 €. 04 67 60 74 11.
◗ La petite boutique du prêt-à-porter. 앶 Spectacle de Lily
Boulogne. L’histoire increvable, inusable (et incontournable,
sachez-le !) d’une mère bourgeoise qui prépare les 20 ans de sa fille.
– 21 h, théâtre Lakanal, 17 rue Ferdinand-Fabre. 10 € à 15 €.
Jusqu’au 12 avril. 04 67 02 85 25.
◗ La cité perdue. 앶 La création de la compagnie du Capitaine est
jouée par Julien Masdoua, Benoît Labannièrre, David Jimenez et
Benoît Ramos. Cette fresque théâtrale et délirante parodie des films
d’aventure. – 21 h, théâtre Gérard-Philipe, MPT Joseph-Ricôme,
7 rue Pagès. 9 € et 12 €. 04 67 58 71 96.
MUSIQUES
◗ Phily Alric Groupe. 앶 Concert avec le quartet rock-blues
français emmené par le fameux guitariste à crinière Phily Alric. La
soirée fera l’objet d’un enregistrement live. – 21 h, Sax’aphone,
24 rue Ernest-Michel. Gratuit. 04 67 58 80 90.
◗ Georges Crebassa trio. 앶 Le saxophoniste et ses compères
guitariste et bassiste donnent un concert de jazz atypique aux
accents futuristes. – 21 h, Iemanja, 41 rue de l’Aiguelongue. Gratuit.
04 67 41 20 46.
◗ "2". 앶 Concert jazz rock. – 21 h, L’Odyssée, 11 rue des
Multipliants. Entrée libre. 04 67 60 61 18.
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◗ Christian Paccoud. 앶 Invité de
l’Acte Chanson, il accompagne à
l’accordéon les textes qu’il
compose dans un esprit militant.
Il sort son premier album après
vingt-cinq ans de carrière.
En première partie, la magnifique
Soisic. – 21 h, L’Inédit, 47 rue
Chaptal. 7 € et 10 €.
04 67 04 08 61.
◗ Lila Downs. 앶 Dans le cadre de
Christian Paccoud, à L’Inédit. l’"Actual Festival !". Entourée de
cinq musiciens (percus, sax, clavier, basse, cordes), la chanteuse
mexicaine à la voix sublime puise son inspiration dans la musique de
son pays, le jazz et le folk-rock le plus éclairé. – 21 h, Trioletto,
75 avenue Augustin-Fliche. 3,80 € et 8 €. 04 67 41 50 09.
◗ ONP. 앶 Concert de raï festif. – 21 h, Blue-Up, 4 boulevard
Louis-Blanc. Gratuit. 04 67 60 67 65.
◗ Collectif Sklt. 앶 Le collectif est aux commandes de cette soirée
ragga jungle core, drum’n teck. – 21 h, OAT, 8 rue de la
Petite-Loge. 04 67 028 579.
◗ Festival africain de Montpellier. 앶 Percussions et danses
traditionnelles. Lire notre article ci-contre. – 19 h 30, Rockstore,
20 rue de Verdun. 11,5 €. 04 67 06 80 00.
◗ Deux duos de musique improvisée. 앶 Jean Moriere (flûte
zavrila et sax) invite le contrebassiste Paul Rogers. Christine
Wodrascka, au piano, et Pascale Labbé, au chant, leur succèdent. –
21 h, Jam, 100 rue Ferdinand-de-Lesseps. Gratuit. 04 67 58 30 30.
◗ Lacola. 앶 Concert de salsa. – 21 h, El Cuba café, esplanade de
l’Europe. Gratuit. 04 67 15 17 17.
◗ Los Cholos. 앶 Soirée latino américaine avec Jeannot et Guido à
la harpe, à la guitare et à la flûte. – 20 h 30, restaurant Le Rollin,
11 boulevard Ledru-Rollin. Dîner-spectacle. 04 67 60 47 50.
◗ Karaoke night show. 앶 Soirée festival assurée par Christophe
et Olivia. – 19 h, bar-restaurant Le Ginger, RN 113,
Castelnau-le-Lez. Entrée libre. 04 67 796 212.
◗ Miss Sandy. 앶 La DJ de Falcon Agency anime la soirée. – De 21 h
à 1 h, Antidote Électro café, place de La Canourgue. Gratuit.
04 67 60 30 79.
◗ DJ Andrej. 앶 Le deejay prend les platines pour quatre heures de
mix breakbeat, hip-hop et jungle. – 21 h, Mix Koffee, 13 rue du
Grand-Saint-Jean. Gratuit. 04 67 58 53 35.
◗ Béatrice Bourrel & Christrophe Le Breton. 앶 Duo
piano-bar. – 21 h, Le Charlton’s, 1 850 avenue de l’Europe,
à Castelnau-le-Lez. Gratuit. 04 67 79 80 88.
◗ Big Zarb. 앶 Le vaste orchestre de 25 musiciens donne sa version
insolite de standards jazz et propose ses propres compos swing. –
21 h, MPT Marie-Curie, 13 allée Antonin-Chauliac. 04 67 75 10 34.
IMAGES
◗ Adieu Pays. 앶 Projection du dernier de film de Philippe Ramos,
Prix spécial du jury, Les Œillades d’Albi 2002, en présence de la
comédienne Anne Azoulay. – 20 h 15, Diagonal Capitole, 5 rue de
Verdun. 04 67 58 44 74.
◗ Ciné-club Jean-Vigo. 앶 Séance supplémentaire : "Les tontons
flingueurs" (Georges Lautner), avec en prime cartoons et animation
musicale avec le groupe Les 1/4 de Tons. – 20 h 30, salle Rabelais,
29 boulevard Sarrail. 5 €. 04 99 13 73 73.
◗ Berlin est en Allemagne. 앶 Film de Hannes Stohr, Prix du
public au festival de Berlin 2001 et de Shwerin 2001. Prisonnier,
Martin Schulz n’a pas vu la chute du mur. – 20 h 30, Maison de
Heidelberg, 4 rue des Trésoriers-de-la-Bourse. 04 67 60 48 11.
◗ Regards sur le cinéma israélien. 앶 Aujourd’hui : "Desperado
square", de Benny Toraty. Autre projection, demain, à 18 h 15. –
20 h 20, Diagonal Capitole, 5 rue de Verdun. 04 67 58 44 74.
DIVERS
◗ Anatomie d’un clown. 앶 Reprise du spectacle de et avec
l’excellent Philippe Goudard, sur des textes des non moins épatants
Maripaule B., Marion Aubert, Daniil Harms, Meyerhold et Michel
Arbatz. – 20 h 45, salle Urbain-V, 6 rue Saint-Alexis. 5 € et 10 €.
04 67 63 96 37. Également demain, les 15 et 22 avril, ainsi que
du 6 au 24 mai.
◗ Escargolade de printemps. 앶 Le collectif Arkom présente sa
dernière création musicale, audiovisuelle, arts plastiques, vidéo... –
20 h 30, La Chapelle, 170 rue Joachim-du-Belay. 2 €. 04 67 42 08 95.
Des influences grecques et arabisantes dans un climat d’âpreté.
●CONCERT Ce soir, 19 h 30, au Rockstore
Toute l’Afrique sur une scène
Les Africains de Montpellier
veulent soutenir les jeunes
talents de leurs pays
■ « Il n’y a pas une musique
africaine. Il existe des tendances différentes. On ne parle
toujours que d’un style. »
Pour contrer les idées reçues,
la communauté africaine de
Montpellier se lance un défi :
organiser une soirée la plus
variée possible, le Festam.
Saloum, étudiant, est l’un
des organisateurs : « Montpellier est une ville multiculturelle, mais il n’y a pas de vrai
rendez-vous de la musique
africaine. On ne prétend pas
faire venir les grandes pointures, c’est notre première édition, mais des groupes
authentiques, qui nous représentent. » Au programme
donc, pas de Salif Keita, mais
des formations qui s’en rapprochent dont le groupe Saraba,
au jeu de scène plus qu’inattendu. De la danse aux percussions, contes, acrobaties et instruments traditionnels, cette
édition du Festam réunit sur la
scène du Rockstore des formations (Saraba, Sing-sing faye,
Astou Faye, du groupe Saraba.
Yiri Ba Lili) aussi différentes
qu’originales et surtout joyeuses. Des groupes encore
méconnus, mais soutenir les
talents débutants est aussi un
objectif affiché de Festam. A
découvrir donc, sans aucune
appréhension. ●
A. B.
쏡 Ce soir, à partir de 19 h 30, au
Rockstore, 20 rue de Verdun.
04 67 06 80 00. 12,50 € et 15 €.
Reggae-ragga
Capleton met le Rockstore en transe
■ Capleton a-t-il donné le plus grand concert reggae-ragga jamais vu à Montpellier ? La question se pose tant la star jamaïcaine (pour la première fois dans
la région) a confirmé son immense réputation, mardi, dans un Rockstore plein
à craquer et bientôt en ébullition du premier au dernier rang. Impressionnant.
On pourrait écrire deux pages sur le Prophecy Band, parfait sur le reggae
roots et fabuleux dans les acrobaties rythmiques du plus synthétique dancehall.
Précédé par ses disciples Jah Thunder, Moses I., Military Man et Kulcha Knox,
et avec Bongo Herman en M. Loyal, Capleton a bondi sur scène dans sa tenue
de cosmonaute caribéen, enchaînant les titres dans un style bien plus radical
que ses dernières productions destinées au marché international. Multipliant
les prêches contre la guerre et George W. Bush, The Prophet a fait exploser
la salle en assénant tube sur tube, dont les brûlots Jah Jah City et More Fire hurlés par ses fans en transe. Le show est total : rarement un concert, tous styles
E. D.
confondus, n’avait dégagé une telle impression de puissance. ●