14.07.02_L`Expresss_reportage Maison Echiquier

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14.07.02_L`Expresss_reportage Maison Echiquier
N¡ 3287
mercredi 2 au mardi 8 juillet 2014
Pages 62-66
2817 mots
REPORTAGE/ETUDES
Dix filles en mode prŽpa
Elles viennent de milieux dŽfavorisŽs et bŽnŽficient dÕune expŽrience sociale originale pour rŽussir en classe prŽparatoire. Comment ont-elles vŽcu le marathon de cette premi•re annŽe sur les
m•mes bancs que les enfants de lÕŽlite parisienne ? LÕExpress les a suivies depuis la rentrŽe.
Ç CÕest magnifique ! È sÕextasie lÕune.
Ç Le paradis ! È, renchŽrit une autre.
Ç On a beaucoup de chance È, lance
une troisi•me. Regards virevoltants,
voix haut perchŽes par lÕexcitation,
elles sont une dizaine ˆ papillonner
dÕune pi•ce ˆ lÕautre, ˆ la dŽcouverte
de leur appartement. Nous sommes ˆ
la fin du mois dÕaožt 2013, Rapha‘lle,
Joanna, Claire, Layla* et leurs futures
colocataires viennent tout juste de
poser leurs valises dans ce
280-m•tres carrŽs situŽ dans un ŽlŽgant immeuble haussmannien du
VIIIe arrondissement de Paris. Dans
quelques jours, elles feront leur rentrŽe en classe prŽparatoire aux
grandes Žcoles dans lÕun des prestigieux lycŽes de la capitale, JeanBaptiste-Say,
Janson-de-Sailly,
Jules-Ferry ou Carnot. Provinciales
ou banlieusardes, elles ont ŽtŽ sŽlectionnŽes, parmi les Žl•ves admises en
prŽpa, par la Fondation financi•re de
lÕEchiquier pour intŽgrer la Maison
Echiquier, un cocon qui offre ˆ ces
bacheli•res ŽmŽrites et boursi•res
non seulement un cadre idyllique
mais aussi un soutien scolaire et psychologique pour affronter cette premi•re annŽe de prŽpa. Depuis 2010,
chaque annŽe, cette fondation accueille un groupe de jeunes filles
avec lÕespoir de les soustraire au dŽterminisme
social.
Pourquoi
des
filles ? Parce que les gar•ons disposent dŽjˆ de nombreuses places
dÕinternat. Mais aussi, reconnaissent
les responsables de la fondation, car
les filles sont plus faciles ˆ gŽrer que
les gar•ons.
COCON A Paris, la Maison Echiquier offre ˆ ces bacheli•res boursi•res un cadre idyllique ainsi quÕun soutien scolaire et psychologique. Ici, de g. ˆ dr., Nathalie, Rapha‘lle,
Claire, Judith et Za•na. Photo : Par Libie Cousteau Photos Julien Chatelin pour
LÕExpress Photos Julien Chatelin pour LÕExpress
Se donner corps et ‰me
ligne BŽnŽdicte Gueugnier, prŽsi-
La Maison nÕest pas Le Pensionnat de
lÕEchiquier. Dans ces antichambres
Chavagnes, maisÉ les pensionnaires
de lÕŽlite o• lÕon trime deux ans pour
obtenir une bonne Žcole, conditions
de travail et origine sociale sont dis-
doivent obŽir ˆ un r•glement strict
et se donner corps et ‰me ˆ leurs
dente de la Fondation financi•re de
Žtudes, : aucun invitŽ, pas de sorties
sauf le samedi jusquÕˆ minuit, et prŽ-
criminantes. ¥¥¥
sence obligatoire la moitiŽ des va-
Filles
cances scolaires pour travailler. SurveillŽes par une ma”tresse de maison,
dÕanimatrices de centre de loisirs ou
de
femme
de
mŽnage,
sorte de super nannyprŽsente vingt-
dÕemployŽs, la plupart ont dŽcouvert
lÕexistence m•me de la prŽpa par
quatre heures sur vingt-quatre, elles
leurs profs de terminale. Sensibles ˆ
bŽnŽficient dÕun accompagnement
leur potentiel, ces enseignants les
ont encouragŽes ˆ tenter leur chance.
individuel, dÕentretiens de personnalitŽ et de cours de soutien. Une aide
Parfois ŽtonnŽes dÕavoir dŽcrochŽ,
in -dis pensable pour traverser Ç un
gr‰ce ˆ leurs rŽsultats scolaires, qui
¥¥¥ parcours Žprouvant pour tous et
particuli•rement pour elles È, sou-
une hypokh‰gne, qui une prŽpa
scientifique dans un Žtablissement
4
rŽputŽ, elles abordent le marathon de
la premi•re annŽe pleines dÕŽnergie.
RƒVOLTƒE Ç Le lycŽe ne nous prŽpare
pas du tout ˆ la rŽflexion È, dŽplore la
Brestoise Joanna, en prŽpa HEC.
Dans le vaste salon baignŽ de soleil,
enfin posŽes, elles babillent avec entrain. ArrivŽe de Marcq-en-Baroeul
(Nord), Rapha‘lle, une blonde au visage enfantin, raconte ses recherches
sur Internet en qu•te dÕun foyer,
avant dÕavoir ŽtŽ sŽlectionnŽe par la
fondation : Ç Au lieu de rŽviser le bac,
je passais mes soirŽes devant mon or-
Le soir, jÕessayais de relire mes cours,
mais jÕŽtais vraiment trop ŽpuisŽe È,
explique-t-elle. En hypokh‰gne au
lycŽe Jules-Ferry, Claire, elle,
sÕŽtonne Ç de la quantitŽ astronomique de livres ˆ lire È. Dans la m•me
fili•re ˆ Janson, Rapha‘lle, la voix
tremblante, avoue avoir travaillŽ
pendant six heures, un soir, pour ne
pas prendre de retard, avant de tomber sur son lit Ç compl•tement KO È.
SÕorganiser, prendre le rythme, renoncer aux loisirs, au sport, aux
week-ends : lÕatterrissage est abrupt
comprendre. Je fonce sans rŽflŽchir,
pour les locataires de lÕEchiquier.
EloignŽes de leur famille, la plupart
du temps pour la premi•re fois, elles
doivent gŽrer, aussi, cette coupure
affective. Ç JÕappelle ma m•re tous les
soirs et je parle souvent ˆ mes
soeurs È, confie Layla.
de maths, elle a rŽcoltŽ un 1,5 sur 20.
ses premi•res heures ˆ Paris, pour
lÕentretien avec la fondation : Ç Je
Une semaine apr•s la rentrŽe des
classesÉ En cette fin dÕapr•s-midi,
un silence opaque r•gne dans le bel
appartement. InstallŽes au salon ou
dans leur chambre, les filles sont
plongŽes dans leurs livres jusquÕau
d”ner. Tous les jours, ˆ 19h45, elles se
retrouvent autour de la grande table
rectangulaire de la cuisine. Pendant
cette petite heure de pause repas Ð
imposŽe par le r•glement Ð, elles se
dŽcha”nent, parlent toutes en m•me
temps sans sÕŽcouter. ExaltŽe, Joanna raconte : Ç JÕai croisŽ Nicolas Sarkozy qui faisait son footing au parc
Monceau, il est tout petit È,
sÕesclaffe-t-elle. Dans le brouhaha,
Layla tente de reprendre des forces.
Ç Au dŽbut, jÕai trouvŽ •a hyperspeed.
dÕŽtape, devant BŽnŽdicte Gueugnier
et Alix Bouwyn, chargŽe du dŽveloppement ˆ la fondation, Layla est dans
ses petits souliers. Le tableau nÕest
pas fameux. Par rapport ˆ ses 16 ou
18 sur 20 du lycŽe, cÕest la dŽgringolade. A son dernier devoir sur table
Layla paie cher la diffŽrence de niveau entre son lycŽe lillois et cette
grande prŽpa parisienne, classŽe parmi les 10premi•res de France.
A la fin du premier trimestre, elle est
prŽpa È
Eiffel, le Louvre, les Invalides, le
tombeau de NapolŽon. È En prove-
ter de toute cette richesse È.
manche. A la Toussaint, lors du point
Victime du Ç choc
suis venue toute seule, jÕai vu la tour
p•re assister ˆ des concerts, mais
aussi voir des expositions et Ç profi-
Trois heures de travail tous les soirs,
quatre heures le samedi et sept le di-
terminale ne lÕavaient gu•re alertŽe.
Ses parentsÉ encore moins.
dÕorigine portugaise, se souvient de
plans sur la com•te. Pianiste, elle es-
prendre le temps de respirer. È
la derni•re de sa classe. Ses profs de
dinateur. È Joanna, une Brestoise
nance dÕAvignon, Claire tire dŽjˆ des
il faut avancer. On ne peut pas
INQUIéTE En hypokh‰gne, Rapha‘lle, de Marcq-en-Baroeul, en
veut ˆ ses profs, Ç qui ne sont pas lˆ
pour aider [les Žl•ves] È.
Couette PokŽmon rapportŽe de Lille,
poster de la route 66 au mur, la jeune
fille, en prŽpa scientifique, a placardŽ
quelques formules de maths au-dessus de son lit. Plus tard, Layla souhaite
devenir
ingŽnieur
dans
lÕaŽronautique. Ç La puissance dÕun
avion, •a me fascine È, dit-elle. Mais
Pour Rapha‘lle, les difficultŽs sont
similaires, voire pires. Tr•s stressŽe,
la jeune fille manque de confiance en
elle. Elle veut bien faire, aller loinÉ
Chacune de ses Ç sales notes È, elle
lÕavale comme une pilule empoisonnŽe. Ç Rapha‘lle a ŽtŽ victime du
Òchoc prŽpaÓ, cette claque que tous
les Žl•ves prennent en arrivant È, explique Sonia, sa marraine de la Financi•re
de
lÕEchiquier,
qui
lÕŽpaulera toute lÕannŽe. En manque
derri•re son sourire lumineux pointe
de reconnaissance, Rapha‘lle en veut
la crainte de ne pas y arriver. Ç JÕai
eu une kh™lle [un examen oral] sur
les oscillateurs harmoniques. JÕai pa-
ˆ ses profs, Ç qui ne sont pas lˆ pour
nous aider et font cours sans se sou-
taugŽ, jÕai un peu perdu mes moyens.
sont
Les profs sont si sŽv•res È, racontet-elle en sÕassombrissant. Parmi les
sÕorganiser, fatigue, moral en berne.
A la Toussaint, elle songe m•me ˆ re-
premi•res de la classe lÕan dernier,
noncer :
elle a choisi la prŽpa Ç pour •tre tirŽe
vers le haut et pousser [ses] limites È.
Elle est servie. Durant tout le premier
trimestre, Layla trime. Ç Comme un
‰ne ! JÕapprends mes cours sans les
cier de nos probl•mes È. Les siens
multiples :
difficultŽ
pour
Ç CÕŽtait trop dur psychologiquement, raconte sa m•re. Si elle nÕavait
pas ŽtŽ entourŽe ˆ la Maison de
lÕEchiquier, elle aurait sombrŽ. È Sur-
5
tout quÕˆ Janson Rapha‘lle nÕa pas
vraiment rŽussi ˆ se faire des amis. A
lÕheure du dŽjeuner, elle se retrouve
souvent seule. Les autres filles des
prŽpas, ces Ç gravures de mode habillŽes avec des marques È, snobent
la provinciale Ç mal sapŽe et peut•tre trop na•ve ˆ leur gožt È,
explique-t-elle, lucide. DŽcouragŽe,
elle vit mal lÕinŽgalitŽ culturelle,
quÕelle dŽcrit avec humour : Ç Pour la
plupart des Žl•ves de ma classe, les
repas en famille sont des kh™lles depuis quÕils sont tout petits. Sur Na-
et leurs week-ends de travail. La fon-
Tarte salŽe et salade verte, en ce soir
trois premiers cours dÕhistoire sur la
IIIeRŽpublique. De retour en classe,
je nÕai pas eu le temps de tout rattraper, jÕŽtais compl•tement perdue. JÕai
dž travailler des heures et des heures,
toute seule, pour mÕy retrouver. En
prŽpa, •tre malade, cÕest vraiment
une punition. È
dÕhiver, on d”ne lŽger ˆ la Maison
Echiquier. Pendant le repas, cÕest
Apr•s un dŽbut dÕannŽe sur un petit
Vincent Peillon qui Žchauffe les es-
nuage, Claire dŽchante. Ç Quand on
prits et la conversation. Le ministre
arrive, cÕest merveilleux. Les profs
de lÕEducation nationale dÕalors veut
baisser les salaires des profs de prŽpa
sont si cultivŽs ! Je me souviens dÕun
cours passionnant sur la constitution
polŽon, ils connaissent des batailles
pour mieux payer ceux des ZEP. Les
dÕune maison sous lÕAncien RŽgime.
dont je nÕai jamais entendu parler. Ils
parlent
couramment
anglais,
filles sont rŽvoltŽes. Ç CÕest normal
quÕils soient mieux payŽs, ils forment
AujourdÕhui, je nÕarrive pas ˆ
mÕorganiser. Je retape tous mes
Žvoquent leurs voyages ˆ lÕautre bout
lÕŽlite, quand m•me ! È sÕexclame
cours, cÕest peut-•tre une erreur È,
du monde et comprennent tout de
Joanna, en ¥¥¥ prŽpa HEC. Ç Ils su-
sÕinterroge-t-elle. SŽrieuse et tr•s
suite ce quÕon leur demande È,
poursuit-elle, sans pouvoir arr•ter sa
bissent une Žnorme pression, ils
doivent •tre au courant de tout, et
scolaire, elle dramatise ses difficultŽs. Claire sÕen sort avec des rŽsultats
vindicte. Ç Apr•s les vacances de fŽ-
corriger des copies de 12 pages, •a
corrects. Mais elle se tourmente pour
vrier, tous reviennent avec la marque
blanche des lunettes de ski. È
nÕest pas si rigolo È, assure Rapha‘lle
en servant le dessert. M•me Layla
chante les louanges de ses bour-
son avenir. AttirŽe par lÕexcellence
de la prŽpa, elle voudrait ensuite devenir journaliste, Ç un mŽtier o• lÕon
Au point dÕŽtape trimestriel, Alix
reaux : Ç Ils sont hyperdisponibles È,
bouge avec le monde qui avance È,
Bouwyn lui glisse quelques recettes :
Ç Tu nÕes pas assez strat•ge. Tu ne
sÕexclame-t-elle.
Les
filles
sÕinqui•tent, elles croient aux me-
dŽcrit-elle. Par manque de temps et
de conseils, pour lÕheure, Claire se
dois pas te plonger dans des livres
naces de disparition des prŽpas agi-
contente de sÕinformer sur Yahoo ac-
sans avoir appris ton cours au prŽalable. È Consciente dÕ•tre ŽtouffŽe
tŽes par leurs profs. Ç Et si on ne terminait pas lÕannŽe ? È lance Ra-
tualitŽs.
Ç sous lÕavalanche de travail È, Ra-
pha‘lle dÕune petite voix.
Pendant ce temps, dans la cuisine,
dation leur a fait confiance, leurs parents croient en elles, on leur offre
des conditions idŽales. Elles ne
veulent pas dŽcevoir. Et puis, Claire
ou Rapha‘lle ne veulent pas revivre
la gal•re quÕont connue leurs m•res.
pha‘lle Žvoque ces plannings quÕelle
assise au c™tŽ du prof de maths bŽ-
Žtablit chaque semaine, sans jamais
arriver ˆ les suivre. A la fin du tri-
nŽvole, Jack-Michel Cornil, quarante
ans dÕenseignement au compteur ˆ
mestre, elle est 42e sur 48. Au retour
Ç Ginette È, la fameuse prŽpa du lycŽe
des vacances de No‘l, elle scotche
une affichette sur lÕarmoire de sa
Sainte-Genevi•ve
de Versailles,
Joanna tente de rattraper son retard.
chambre :
Depuis le dŽbut de lÕannŽe, cette Bretonne ˆ la forte personnalitŽ louvoie.
Ç Tout prendre en notes, m•me
quand je ne comprends pas ; ne pas
OPINIåTRE Ç Je retape tous mes cours,
cÕest peut-•tre une erreur È, sÕinqui•te
Claire, en hypokh‰gne.
Trop curieuse, trop ŽparpillŽe, toujours pr•te ˆ entamer une joute ver-
propres victoires que je gagne. Je me
fixe des objectifs È, est-il inscrit au
Chemisier blanc et gilet bleu marine,
pas assez concentrŽe. Ç Rester six
heures sur une chaise, cÕest diffi-
marqueur rouge. SÕaccrocher. MalgrŽ
fauteuil du petit salon o• se dŽroule
son point dÕŽtape de fŽvrier. Elle sort
cile È, plaide-t-elle. LÕan dernier,
naires de la Maison persŽv•rent,
testent de nouvelles fa•ons de mettre
dÕune
pa Ð sur les conseils de son prof
dÕŽconomie Ð, elle a consultŽ sur In-
les livres en fiches, dÕapprendre par
elle a encha”nŽ les maladies. Elle est
affaiblie. Toutes les pensionnaires
me comparer aux autres ; ce sont mes
la rudesse des dŽbuts, les pension-
coeur, de rŽsoudre un probl•me de
maths, de construire un plan de dissertation, dÕorganiser leurs journŽes
Claire se pose dŽlicatement dans le
pŽriode
difficile.
Apr•s
lÕopŽration de ses dents de sagesse,
ont eu leurs petits soucis, des kilos
en trop au rhume qui tra”ne en longueur. Claire raconte : Ç JÕai ratŽ les
bale avec ses colocataires, elle nÕest
avant de se dŽterminer pour une prŽ-
ternet les CV des prŽsidents de la RŽpublique. Ç Beaucoup dÕhommes politiques ont fait des Žcoles de commerce. È En arrivant au lycŽe Carnot,
6
dernes. Joanna, elle, passe de jus-
elle est surprise, elle aussi, par le niveau. En langues, elle craint de
sÕexpri mer ˆ lÕoral, complexŽe par la
virtuositŽ de ses congŽn•res Ð merci,
tesse, Claire finit lÕannŽe avec une
mention bien et Layla cherche un
Žtablissement en province.
les sŽjours linguistiques ˆ lÕŽtranger !
En maths, elle est perdue. Au point
Au lycŽe Jules-Ferry, le 20 juin, assise
de sÕinterroger, en dŽcembre, sur la
suite de lÕannŽe. Joanna sÕinqui•te
aussi pour sa m•re, employŽe dans
une serre, restŽe seule avec ses petits
au premier rang, Claire prend des
DƒCOMPRESSION Le d”ner rŽglementaire, ˆ 19 h 45, seule respiration de la
journŽe pour les filles.
fr•res et soeurs. Mais elle dŽcide de
Il faut avoir tout lu ˆ la
sÕaccrocher. Elle met le paquet pour
rentrŽe
remonter sa moyenne en maths.
notes depuis pr•s de deux heures, la
t•te penchŽe sur la copie. Lettres,
philo, latin, histoire, les profs se succ•dent et livrent leurs instructions
pour les vacances. Chacun distribue
Les conseils de classe approchent.
plusieurs pages de bibliographie.
Ç MŽfiez-vous, lÕannŽe est tr•s
Enfin, elle se focalise sur le travail.
Les d”ners sont joyeux et Žlectriques.
courte, les concours sont ˆ la mi-
Apr•s les concours blancs de mai, elle
semble •tre entrŽe dans le moule :
avril, prŽviennent-ils. Il faut avoir
tout lu quand vous arrivez le 1er sep-
Ç Je commence ˆ comprendre ce
Claire dresse un bilan : Ç Cette annŽe, jÕai rencontrŽ des gens brillants
capables de parler de la justice chi-
quÕils attendent. JÕesp•re que •a nÕest
noise au Moyen Age. CÕest un capital
pas. Claire reste enthousiaste. Le
pas trop tard. È Jack-MichelCornil
semble confiant : Ç Toutes les filles
culturel que je dois acquŽrir. È Joanna
poursuit : Ç JÕŽtais deuxi•me de ma
soir, dans la cuisine, elle compare ses
listes avec celles de ses colocataires.
ont la rage de rŽussir et la plupart
classe et je me suis rendu compte que
En partance pour un stage de langue
sont constantes dans lÕeffort. Face ˆ
certains, issus de milieux favorisŽs
mais apathiques, elles ont toutes
le lycŽe ne nous prŽpare pas du tout
ˆ la rŽflexion. È Pour Rapha‘lle, le
en Espagne, Rapha‘lle soupire : Ç La
prŽpa, •a fait mal, mais •a fait du
bien. È ¥ L. C.¥ L. C.
leurs chances. È
passe en kh‰gne avec une moyenne
conseil de classe est tr•s positif : elle
de 10,7 sur 20. DŽsormais, son moral
est presque en bŽton. Elle sÕappr•te
ˆ changer de lycŽe pour intŽgrer un
tembre. È La pression ne se rel‰che
* Le prŽnom a ŽtŽ modifiŽ.
par Libie Cousteau et L. C.
Žtablissement privŽ, en lettres mo-
ENCADRƒS DE L'ARTICLE
Ò
Par rapport ˆ ses 16 ou 18 sur 20 du lycŽe, cÕest la dŽgringolade. A son dernier DST de maths, Layla a rŽcoltŽ un
1,5 sur 20
Parution : Hebdomadaire
Tous droits rŽservŽs 2014 L'Express
Diffusion : 420 410 ex. (Diff. payŽe Fr.) - © OJD PV 2013
20f1ei60n5aaa2na3ceeie4e070d41b41ac13494a56873f2084fd1a
Audience : 2 001 000 lect. - © AudiPresse One 2013
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