Fiche protection fonctionnelle
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Fiche protection fonctionnelle
Mise à jour le : 11/11/2009 Syndicat SUD CT CG 93 LA PROTECTION FONCTIONNELLE Sommaire Chapitre 1 PRINCIPE P1 Chapitre 2 LA PROTECTION DES AGENTS MIS EN CAUSE P2 A) Conditions de garantie B) Le contenu de la protection Chapitre 3 LA PROTECTION DES AGENTS CONTRE LES ATTAQUES DE TIERS P3 A) Les conditions de la protection B) Le contenu de la protection Chapitre 4 MISE EN OEUVRE DE LA PROTECTION P7 Textes et jurisprudences de référence P9 I PRINCIPE Le chapitre II de la loi n°83-634 du 13 juillet 198 3 portant droits et obligations des fonctionnaires fixe des garanties à l'égard des agents. Ceux-ci bénéficient ainsi, à l'occasion de leurs fonctions, d'une protection organisée par la collectivité publique dont ils dépendent (art. 11 loi n°83-634 du 13 juil. 1983). Cette protection fonctionnelle bénéficie tant aux fonctionnaires qu'aux agents publics non titulaires ; elle peut revêtir deux aspects : - la protection des agents mis en cause - la protection des agents victimes d'attaques Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 1 Mise à jour le : 11/11/2009 II LA PROTECTION DES AGENTS MIS EN CAUSE A) Les conditions de la garantie Cette protection s'applique lorsque l'agent est mis en cause en raison de faits liés à l'exercice de ses fonctions, soit devant les juridictions civiles, soit devant les juridictions pénales. Elle fait intervenir les notions de faute personnelle et faute de service : . La faute personnelle est la faute commise matériellement en dehors du service ou la faute particulièrement grave et inexcusable, notamment intentionnelle, commise à l'intérieur du service (ex. : actes de violence sur les lieux du travail, détournement de fonds) ; elle engage la responsabilité de l'agent devant les juridictions judiciaires. . La faute de service correspond à un acte impersonnel, commis dans l'exercice des fonctions ; elle engage la responsabilité de l'administration devant les juridictions administratives. 1- L'agent poursuivi par un tiers pour faute de service La collectivité doit couvrir les condamnations civiles qui auraient été prononcées contre un agent poursuivi par un tiers pour une faute de service, dans la mesure où aucune faute personnelle détachable de l'exercice de ses fonctions n'est imputable à cet agent (art. 11 al. 2 loi n°83-634 du 1 3 juil. 1983). On peut distinguer trois cas (CE 12 avr. 2002 n°238 689) : - le dommage pour lequel l'agent a été condamné civilement trouve son origine exclusive dans une faute de service : l'administration est tenue de couvrir intégralement l'intéressé des condamnations civiles prononcées contre lui ; - le dommage provient exclusivement d'une faute personnelle détachable de l'exercice des fonctions : l'agent qui l'a commise ne peut pas obtenir la garantie de l'administration, quel que soit le lien entre cette faute et le service ; la circonstance que les faits reprochés aient été commis dans le cadre du service ou ne soient pas dépourvus de tout lien avec le service est sans influence dès lors que ces faits revêtent un caractère inexcusable et sont d'une exceptionnelle gravité, de telle sorte que la faute se détache du service ; - une faute personnelle a, dans la réalisation du dommage, conjugué ses effets avec ceux d'une faute de service distincte : l'administration n'est tenue de couvrir l'agent que pour la part imputable à cette faute de service. La contribution finale de l'agent et de l'administration à la charge des réparations est réglée compte tenu de l'existence et de la gravité des fautes respectives. Ainsi que l'a établi le juge, le fait qu'une réparation soit accordée par une collectivité publique à la victime d'une faute personnelle de l'agent détachable de l'exercice de ses fonctions dans le cadre Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 2 Mise à jour le : 11/11/2009 d'une transaction amiable, sans décision de justice condamnant la collectivité, n'empêche pas cette dernière de se retourner contre l'agent (CE 12 déc. 2008 n°296982). 2- L'agent faisant l'objet de poursuites pénales La collectivité doit aussi accorder sa protection à l'agent faisant l'objet de poursuites pénales à l'occasion de faits n'ayant pas le caractère d'une faute personnelle (art. 11 al. 4 loi n°83-634 du 13 juil. 1983,). La protection est donc due lorsque les faits pour lesquels l'agent est poursuivi ne sont pas constitutifs, ou du moins ne sont pas estimés au départ, constitutifs d'une faute personnelle. A l'inverse, la protection est refusée au fonctionnaire qui fait l'objet de poursuites pénales dès lors que la faute commise revêt un caractère personnel (CE 28 déc. 2001 n°213931). * Pour accorder ou non la protection, l'autorité administrative se prononce au vu des éléments dont elle dispose à la date de sa décision, en se fondant le cas échéant sur ceux recueillis dans le cadre de la procédure pénale. Si ces éléments la conduisent à décider d'accorder le bénéfice de la protection en l'absence de toute faute personnelle de l'agent, cette décision peut ultérieurement être abrogée s'il apparaît que celui-ci s'est rendu coupable d'une telle faute ; à l'inverse, le refus opposé à un agent au motif qu'il a commis une faute personnelle peut être abrogé s'il apparaît ultérieurement que cette faute revêt en réalité le caractère d'une faute de service. De plus, le fait que l'autorité administrative ait pris l'initiative des poursuites pénales n'est pas de nature à la dispenser de l'obligation de protection (CAA Lyon 15 juil. 2003 n°99LY02659). B) Le contenu de la protection La protection se manifeste de différentes manières : . Quand l'agent est mis en cause devant une juridiction judiciaire pour des faits relevant d'une faute de service, l'administration peut saisir le préfet afin qu'il élève le conflit, pour faire juger l'affaire par la juridiction administrative. A cette fin, il rédige un déclinatoire de compétence obligeant le tribunal judiciaire à statuer sur sa compétence : si le tribunal admet le déclinatoire et se reconnaît incompétent, la procédure judiciaire s'arrête ; sinon, le tribunal ne peut statuer immédiatement sur le fond et le préfet dispose d'un délai de quinze jours pour prendre un arrêté de conflit qui a pour effet de saisir le Tribunal des conflits. Devant les juridictions pénales, le conflit ne peut être élevé que sur l'action civile (appréciation des dommages et intérêts) et pas sur l'action publique. . Si le conflit d'attribution n'a pas été élevé et que le juge judiciaire a condamné l'agent au paiement de réparations civiles pour des faits n'ayant pas le caractère d'une faute personnelle, l'administration doit prendre en charge ces condamnations. Toutefois, devant les juridictions pénales, cette garantie se limite à l'action civile : l'administration ne peut pas payer les éventuelles amendes pénales auxquelles un agent serait condamné, même en cas de faute de service reconnu (principe de la personnalité des peines). Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 3 Mise à jour le : 11/11/2009 . L'administration doit prendre en charge les honoraires d'avocat (librement choisi par l'agent), les frais de procédure, le montant du cautionnement imposé à l'agent dans le cadre d'un contrôle judiciaire et apporter une assistance dans le cas où l'agent poursuivi intenterait une action en justice pour faire respecter la présomption d'innocence (art. 9-1 C. civil) dans le cas d'une procédure pénale. Si à l'issue du procès, il apparaît que les faits commis par l'agent ont le caractère d'une faute personnelle, la collectivité peut se retourner vers l'intéressé pour obtenir le remboursement des sommes engagées pour assurer sa protection et sa défense. III LA PROTECTION DES AGENTS VICTIMES D'ATTAQUES A) Les conditions de la protection La collectivité doit protéger les agents contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l'occasion de leurs fonctions (art. 11 al. 3 loi n°83-634 du 13 juil. 1983). Cette énumération n 'a pas un caractère exhaustif ; ainsi la protection peut être accordée en cas d'atteinte aux biens (ex. : dommages causés aux véhicules). Dès lors que les conditions légales sont réunies, la protection fonctionnelle présente un caractère impératif et ne peut être refusée que pour des motifs d'intérêt général dûment justifié (CE 14 fév. 1975 n°87730). Par conséquent, le refus de pro tection ne reposant sur aucun motif d'intérêt général est illégal et cette illégalité engage la responsabilité de l'administration qui est condamnée à indemniser l'agent (CE 17 mai 1995 n°141635). La notion d'intérêt général est interprétée strictement par la jurisprudence administrative. Ainsi le souci d'une administration d'appliquer une politique d'apaisement à la suite d'une longue grève ne peut constituer un motif d'intérêt général justifiant le refus de la protection fonctionnelle (CE 16 déc. 1977 n°04344) ; de même, la circonstance que l'agen t ne s'acquittait pas de ses fonctions de manière satisfaisante ne justifie pas le refus de l'autorité administrative de lui accorder sa protection (CE 24 juin 1977 n°93480, 93481 et 93482). * Le lien de causalité entre le dommage subi et les fonctions exercées doit être établi ; ainsi le bénéfice de la protection fonctionnelle a été refusé à une enseignante s'étant fait fracturer sa voiture alors que celle-ci était garée dans l'enceinte de l'établissement pendant qu'elle effectuait son service, dans la mesure où l'effraction n'était pas liée directement aux fonctions exercées (CAA Versailles 4 nov. 2004 n°02VE01989). Par contre, dès lors que les attaques sont dirigées contre l'agent à raison de ses fonctions ou en sa qualité de fonctionnaire, la protection fonctionnelle s'applique ; ainsi les menaces dont un agent de police municipale a été victime alors qu'il n'était ni en tenue ni en service et alors même qu'elles ne Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 4 Mise à jour le : 11/11/2009 se sont pas produites à un moment où il exerçait effectivement ses fonctions, doivent être considérées comme intervenues à l'occasion des ses fonctions dès lors qu'elles le visaient en sa qualité et en raison de ses fonctions de policier municipal (CAA Paris 1er oct. 2004 n°01PA00033). * La forme des attaques importe peu : elles peuvent être physiques, écrites ou verbales, adressées par courrier individuel à l'agent ou diffusées plus largement par des tracts syndicaux ou par les médias. Ainsi, un fonctionnaire pris à partie par voie de presse par des organisations syndicales doit bénéficier de la protection fonctionnelle (CE 17 janv. 1996 n°128950) ; de même, pour des appréciations diffamatoires dans un ouvrage (CE 14 fév. 1975 n°87730). Mais de simples critiques ne constituent pas une attaque et n'ouvrent donc pas droit à protection (CE 24 fév. 1995 n°112538). * La notion de tiers est entendue au sens large : les attaques peuvent émaner de personnes privées, d'usagers du service, d'autres agents publics (ex. : en cas de harcèlement) ou autorités de toute nature. Mais la protection n'est pas subordonnée à la possibilité d'exercer un recours contre l'auteur des dommages (CE 28 mars 1969 n°73250). * La protection a un caractère personnel : seul l'agent peut invoquer le bénéfice de ces dispositions protectrices et les membres de sa famille en sont exclus (CE 8 déc. 1989 n°89979). Cependant, la protection fonctionnelle a été étendue aux conjoints, enfants et ascendants directs des sapeurs-pompiers professionnels, des agents de police municipale et des gardeschampêtres lorsque, du fait de ces fonctions, ils sont victimes de menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages. Elle peut aussi leur être accordée quand l'agent est décédé dans l'exercice de ses fonctions ou du fait de ses fonctions, à raison des faits à l'origine du décès ou pour des faits commis postérieurement au décès mais du fait des fonctions qu'exerçait l'agent décédé (art. 112 loi n°2003-239 du 18 mars 2003). Par ailleurs, les enfants mineurs des agents décédés ou dans l'incapacité de gagner leur vie en raison des blessures reçues dans le cadre d'une agression relevant de l'article 11 de la loi n°83634 du 13 juillet 1983 peuvent bénéficier d'une " protection particulière ", essentiellement sous forme d'aides financières (décr. n°82-337 du 8 avr. 1982) . * Aucune disposition n'impose aux fonctionnaires un délai pour demander la protection fonctionnelle mais le bénéfice de cette protection peut être refusé dès lors qu'à la date à laquelle l'agent présente sa demande, aucune démarche de l'administration n'est plus envisageable (CE 28 avr. 2004 n°232143). B) Le contenu de la protection La protection allouée aux agents victimes recouvre plusieurs aspects : Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 5 Mise à jour le : 11/11/2009 1- Une obligation de prévention Si les attaques sont imminentes ou n'ont pas pris fin, l'administration doit mettre en oeuvre les moyens les plus appropriés pour éviter ou faire cesser les attaques auxquelles le fonctionnaire est exposé. Exemples : - assurer à l'agent une protection physique, au besoin par la force publique, - procéder à un changement d'affectation dans l'intérêt du service, - procéder à une mise au point par voie de presse ou assister l'agent dans son droit de réponse quand celui-ci est mis en cause sur le plan médiatique, - engager une procédure disciplinaire contre l'agresseur si celui-ci est un agent public (CE 21 nov. 1980 n°21162). 2- Une obligation d'assistance Cette assistance est juridique : il s'agit d'apporter à l'agent une aide dans les procédures judiciaires entreprises, notamment devant les juridictions pénales. Cette aide peut prendre plusieurs formes : - si l'agent n'a pas engagé d'action personnelle, l'administration peut déclencher l'action publique, notamment en portant plainte. L'administration est alors la seule victime désignée dans le procès, ce qui répond au souci parfois constaté chez l'agent de ne pas apparaître dans la procédure ; - quand l'agent a lui-même déposé plainte, l'administration doit l'aider financièrement en lui avançant ou en lui remboursant les honoraires d'avocat (librement choisi par l'agent) et l'ensemble des frais de procédure occasionnés (frais d'expertise, d'huissiers, de transport...). L'administration peut toutefois refuser de continuer à accorder la protection statutaire à un fonctionnaire qui engagerait des instances inappropriées dès lors qu'il a obtenu en 1ère instance les réparations auxquelles il pouvait prétendre (CE 24 oct. 2005 n°259807). L'administration peut aussi manifester son appui par le dépôt d'une plainte destinée à corroborer la plainte de l'agent. 3- Une obligation de réparation * L'administration doit réparer les différents préjudices que l'agent a pu subir. La protection continue donc d'être due alors même que les attaques ont diminué ou cessé au moment où l'agent demande la protection (CE 18 mars 1994 n°92410). . Pour les dommages matériels (vandalisme de véhicule, destruction d'objets personnels...) : l'indemnisation est immédiate dès lors que l'agent produit les pièces justificatives nécessaires, sans qu'il soit nécessaire d'identifier au préalable le ou les auteurs des faits. . Pour les dommages corporels et personnels : Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 6 Mise à jour le : 11/11/2009 - Lorsque le préjudice ouvre droit à la fois à une réparation au titre des accidents de service et à la réparation au titre de la protection de l'administration, il convient de faire prévaloir les règles d'indemnisation des accidents de service dont le caractère forfaitaire subsiste dans les limites posées par l'arrêt du Conseil d'Etat n°211106 du 4 juillet 2003 qui prévoit désormais une indemnisation complémentaire des préjudices personnels. L'agent reste cependant fondé à agir en justice contre son agresseur en vue d'obtenir une réparation complémentaire de tous les dommages corporels et des différents préjudices personnels subis (tels que pretium doloris, troubles dans les conditions d'existence, douleur morale, préjudice esthétique, préjudice d'agrément). - L'indemnisation au titre de l'article 11 de la loi n°83-634 du 13 juillet 1983 se limite aux cas non prévus par la législation sur les pensions (CE 16 oct. 1981 n°24977 et n°00161). Ainsi, dans la mesure où le préjudice moral subi par un agent public à l'occasion d'un accident de service qui a atteint son intégrité physique se distingue du préjudice subi à l'occasion du même accident, du seul fait des injures et outrages proférées à son encontre, les régimes de réparation sont distincts et cumulables (CAA Paris 4 nov. 1999 n°97PA02606). La protection fonctionnelle n'entraîne pas la substitution de la collectivité publique dont dépend l'agent, pour le paiement des dommages et intérêts accordés par une décision de justice, aux auteurs des préjudices lorsqu'ils sont insolvables ou se soustraient à l'exécution de cette décision de justice. Toutefois, la collectivité doit assurer une juste réparation du préjudice subi par l'agent (CE 17 déc. 2004 n°265165) : elle peut donc compléter l'in demnisation accordée ou assurer seule cette indemnisation si l'agent ne parvient pas à se faire indemniser ; dans ce cas, elle détermine le montant à accorder, puisqu'elle n'est pas liée par la décision judiciaire même si elle peut s'en inspirer. * La collectivité peut obtenir, dans la limite des sommes accordées à son agent, le versement de la somme mise à la charge de l'auteur des dommages (art. 11 al. 5 loi n°83-634 du 13 juil. 1983) : - soit dans le cadre d'une action directe : la constitution de partie civile devant la juridiction pénale lui permet d'obtenir de l'agresseur le remboursement des sommes versées à l'agent ; - soit dans le cadre d'une action subrogatoire : la collectivité se substitue alors à l'agent victime pour obtenir ce remboursement par la voie civile. L'action de la collectivité n'est recevable que si elle a effectivement réparé le préjudice subi par l'agent et qu'elle demande la restitution des sommes ainsi versées (quest. écr. AN n°21079 du 2 nov. 1998). IV MISE EN OEUVRE DE LA PROTECTION * La mise en oeuvre de la protection s'effectue sur simple demande de l'agent. L'agent mis en cause doit informer la collectivité de toute citation ou assignation qui lui serait délivrée pour des faits survenus au cours ou à l'occasion du service. Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 7 Mise à jour le : 11/11/2009 L'agent victime doit établir l'origine et la matérialité des faits dont il se prévaut (CE 24 fév. 1995 n°112538). * Autorité compétente : L'autorité compétente pour prendre les mesures de protection de l'agent est celle dont il relève à la date à laquelle il est statué sur sa demande et non pas celle dont il relevait à la date à laquelle il exerçait les fonctions ayant donné lieu aux attaques (CE 14 fév. 1975 n°87730 pour un agent victime) ou aux poursuites (C E 5 déc. 2005 n°261948 pour un agent mis en cause pénalement). Si cette règle de compétence ne peut être appliquée parce que l'agent a quitté, de manière temporaire ou définitive, l'administration, la collectivité compétente est celle à laquelle l'intéressé était en dernier lieu rattaché (quest. écr. AN n°25294 du 17 juin 2008). * La protection fonctionnelle est aussi accordée aux anciens agents, au titre des faits survenus durant la période où ils étaient en activité. * Lorsque l'administration refuse d'accorder sa protection, sa décision peut être : - écrite. Dans ce cas, le refus doit être motivé et comporter l'indication des délais et voies de recours, ce type de décisions faisant partie de celles qui " refusent un avantage dont l'attribution constitue un droit pour les personnes qui remplissent les conditions légales pour l'obtenir " ; cette motivation doit comporter les considérations de fait et de droit qui constituent le fondement de la décision (art. 1 et 3 loi n°79-587 du 11 juil. 1979 relative à la motivation des actes administratifs et à l'amélioration des relations entre l'administration et le public) - implicite : le silence gardé par l'autorité compétente vaut décision implicite de rejet, passé un délai de deux mois En outre, il a été considéré qu'une réponse inadaptée de l'administration à une demande de protection peut être assimilée à une décision de rejet implicite (CAA Lyon 3 avr. 2001 n°98LY00960, ). * Le refus par l'administration d'accorder à un fonctionnaire la protection fonctionnelle est susceptible de créer une situation d'urgence justifiant un référé suspension (tel que prévu à l'article L. 521-1 C. justice administrative), par exemple lorsque le coût de la procédure exposerait cet agent à des dépenses auxquelles il ne serait pas en mesure de faire face et compromettrait ainsi la possibilité pour lui d'assurer sa défense dans des conditions satisfaisantes. L'agent peut donc, s'il y a un doute sérieux quant à la légalité de la décision de refus de l'administration, saisir le juge des référés afin qu'il suspende cette décision et prescrive le réexamen de la demande (CE 18 sept. 2003 n°259772). * La forme que doit revêtir la protection statutaire est laissée à l'appréciation de l'administration : elle dispose de toute liberté quant au choix des moyens à mettre en oeuvre pour assurer cette protection. L'agent qui estimerait que les mesures de protection engagées par son administration sont insuffisantes peut former un recours devant la juridiction administrative. A l'occasion d'un tel recours, Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 8 Mise à jour le : 11/11/2009 la cour administrative d'appel de Paris a estimé que l'administration avait mis en oeuvre une protection appropriée en prenant à sa charge les frais de justice exposés dans une instance pénale par un fonctionnaire victime d'appels téléphoniques anonymes nocturnes et en engageant une procédure disciplinaire à l'encontre du fonctionnaire auteur de ces agissements (CAA Paris 25 avr. 1996 n°95PA00639). * La décision accordant la protection ne peut être assortie d'une condition suspensive ou résolutoire (prévoyant par exemple qu'elle sera annulée si tel événement survient). Elle est créatrice de droits, ce qui s'oppose, sauf si elle a été obtenue par fraude, à ce qu'elle puisse légalement être retirée plus de quatre mois après sa signature, même si l'existence d'une faute personnelle est alors révélée (CE 14 mars 2008 n°28 3943). Textes et jurisprudences de références LOI N.83-634 DU 13 JUILLET 1983 PORTANT DROITS ET OBLIGATIONS DES FONCTIONNAIRES Art. 11.- Les fonctionnaires bénéficient, à l'occasion de leurs fonctions, d'une protection organisée par la collectivité publique dont ils dépendent, conformément aux règles fixées par le code pénal et les lois spéciales. Lorsqu'un fonctionnaire a été poursuivi par un tiers pour faute de service et que le conflit d'attribution n'a pas été élevé, la collectivité publique doit, dans la mesure où une faute personnelle détachable de l'exercice de ses fonctions n'est pas imputable à ce fonctionnaire, le couvrir des condamnations civiles prononcées contre lui. La collectivité publique est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l'occasion de leurs fonctions et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté. La collectivité publique est tenue d'accorder sa protection au fonctionnaire ou à l'ancien fonctionnaire dans le cas où il fait l'objet de poursuites pénales à l'occasion de faits qui n'ont pas le caractère d'une faute personnelle. La collectivité publique est subrogée aux droits de la victime pour obtenir des auteurs des menaces ou attaques la restitution des sommes versées au fonctionnaire intéressé. Elle dispose, en outre, aux mêmes fins, d'une action directe qu'elle peut exercer au besoin par voie de constitution de partie civile devant la juridiction pénale. Les dispositions du présent article sont applicables aux agents publics non titulaires. Art. 11 bis.- Sans préjudice des dispositions plus favorables qui leur seraient applicables, les fonctionnaires qui occupent des fonctions publiques électives bénéficient des garanties accordées aux titulaires de mandats locaux et du droit à la formation des élus locaux reconnu par le code général des Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 9 Mise à jour le : 11/11/2009 collectivités territoriales, par la loi n°61-814 du 29 juillet 1961 conférant aux îles Wallis et Futuna le statut de territoire d'outre-mer, par la loi organique n°99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle Calédonie et par la loi organique n°2004-192 du 27 février 2004 portant statut d'autonomie de la Polynésie française. Art. 11 bis A.- Sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l'article 121-3 du code pénal, les fonctionnaires et les agents non titulaires de droit public ne peuvent être condamnés sur le fondement du troisième alinéa de ce même article pour des faits non intentionnels commis dans l'exercice de leurs fonctions que s'il est établi qu'ils n'ont pas accompli les diligences normales compte tenu de leurs compétences, du pouvoir et des moyens dont ils disposaient ainsi que des difficultés propres aux missions que la loi leur confie ARRET DU CONSEIL D'ETAT ORDONNANCE DU 18 SEPTEMBRE 2003 (req. n°259772) M. V. Vu la requête, enregistrée le 26 août 2003 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour M. V., demeurant... ; M. V. demande au juge des référés : 1°) de suspendre, en application de l'article L. 52 1-1 du code de justice administrative, la décision du ministre de la défense en date du 13 décembre 2002 lui refusant le bénéfice de la protection juridique prévue par la loi n°72-662 du 13 juillet 1972, portant statut général des militaires, et notamment son article 24, au motif que les faits qui lui sont reprochés ont le caractère d'une faute personnelle ; 2°) de condamner l'Etat à lui verser la somme de 2 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ; M.V. soutient qu'il a régularisé la procédure en saisissant la commission instituée par le décret du 7 mai 2001 ; qu'il existe, en l'état de l'instruction, plusieurs moyens propres à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision du ministre de la défense ; que celle-ci traduit une méconnaissance de la présomption d'innocence ; qu'elle est entachée d'un défaut de motivation, faute de préciser en quoi les faits reprochés au requérant, à savoir un voyage au Kenya offert par une société cliente, la négociation de contrats et la réception de travaux avec la société ADONIS CREATION dont son fils est gérant et porteur de parts, sont constitutifs d'une faute personnelle ; que la décision contestée est fondée sur une erreur manifeste d'appréciation ; qu'en effet, les faits reprochés au requérant sont soit, en ce qui concerne le voyage au Kenya et la négociation des contrats, inexistants, soit, en ce qui concerne la réception de travaux pour la société ADONIS CREATION, non constitutifs d'une faute personnelle ; qu'eu égard au préjudice porté au requérant, qui se trouve dans l'impossibilité financière et matérielle d'assurer sa défense, il est urgent de suspendre la décision litigieuse ; Vu la décision dont la suspension est demandée ; Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 10 Mise à jour le : 11/11/2009 Vu la copie de la requête à fin d'annulation présentée par M. V. à l'encontre de cette décision ; Vu la copie de requête de M. V., en date du 14 août 2003, auprès de la commission de recours des militaires ; Vu le mémoire en défense, présenté par le ministre de la défense, enregistré le 4 septembre 2003 ; il tend au rejet de la requête ; le ministre soutient que le requérant n'apporte pas de justifications précises de nature à démontrer qu'il subirait un préjudice grave et immédiat permettant de regarder la condition d'urgence comme remplie ; qu'il n'existe, en l'état de l'instruction, aucun moyen susceptible de créer un doute sérieux quant à la légalité de sa décision ; que cette dernière est suffisamment motivée et n'a pas été prise en violation du principe de la présomption d'innocence ; que l'administration n'a pas commis d'erreur dans l'appréciation de la situation de M. V.; que les faits reprochés au requérant sont avérés et constitutifs d'une faute personnelle ; Vu le mémoire en réplique présenté pour M. V., enregistré le 8 septembre 2003 ; M. V. reprend les mêmes conclusions par les mêmes moyens ; il précise que le ministre de la défense n'établit pas la matérialité des faits qui lui sont reprochés ; qu'il se livre à une substitution de griefs en invoquant des faits ne figurant pas parmi les motifs de la décision contestée et datant d'une période antérieure à celle visée par la plainte pénale pour laquelle M. V. a demandé le bénéfice de la protection juridique ; Après avoir convoqué à une audience publique, d'une part, M. V., d'autre part, le ministre de la défense ; Vu le procès verbal de l'audience publique du 10 septembre 2003 à 15 heures au cours de laquelle ont été entendus : - Me Jean-Philippe CASTON, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat de M. V.; - les représentants du ministre de la défense ; Vu la note en délibéré, enregistrée le 12 septembre 2003, présentée pour M. V. ; M. V. soutient qu'eu égard au montant de ses revenus et à sa situation patrimoniale, sur lesquels il apporte des précisions chiffrées, et aux sommes qu'il a déjà dû ou qu'il devra prochainement exposer à titre d'honoraires et de frais d'expertise, la condition d'urgence est remplie ; Vu le nouveau mémoire, enregistré le 15 septembre 2003, présenté par le ministre de la défense en réponse à la note en délibéré présentée pour M. V. ; le ministre de la défense reprend les conclusions et les moyens de son précédent mémoire ; il soutient en outre que les éléments apportés tardivement par M. V. dans sa note en délibéré ne sont pas de nature à établir l'urgence ; Vu les autres pièces du dossier ; Vu la loi n°72-662 du 13 juillet 1972 modifiée, por tant statut général des militaires ; Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 11 Mise à jour le : 11/11/2009 Vu la loi n°79-587 du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes administratifs et à l'amélioration des relations entre l'administration et le public ; Vu le décret n°2001-407 du 7 mai 2001 ; Vu le code de justice administrative ; Considérant qu'en vertu de l'article L. 521-1 du code de justice administrative, la suspension d'une décision administrative par le juge des référés est subordonnée à la double condition que l'urgence le justifie et qu'il soit fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de cette décision ; Considérant que l'article 24 de la loi du 13 juillet 1972 portant statut général des militaires dispose : " Les militaires sont protégés par le code pénal et les lois spéciales contre les menaces, violences, outrages, injures ou diffamations dont ils peuvent être l'objet. L'Etat est tenu de les protéger contre les menaces et attaques dont ils peuvent être l'objet à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté...L'Etat est également tenu d'accorder sa protection au militaire dans le cas où il fait l'objet de poursuites pénales à l'occasion de faits qui n'ont pas le caractère d'une faute personnelle " ; Considérant qu'à la suite de rapports d'enquête administrative portant sur des marchés informatiques passés par la direction des constructions navales, le délégué général de l'armement a saisi, le 17 mai 2001, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris en application de l'article 40 du code de procédure pénale ; que M. V., ingénieur en chef des études et techniques d'armement, qui avait occupé les fonctions d'adjoint au chef du bureau informatique de la direction des constructions navales d'août 1983 à octobre 1992 puis de chef de ce bureau de novembre 1992 à septembre 1996, a été, à la suite de cette transmission, mis en examen le 26 septembre 2002 pour infraction au code des marchés publics, corruption et trafic d'influence ; qu'il a demandé le 3 octobre 2002 le bénéfice de la protection prévue par les dispositions de l'article 24 de la loi du 13 juillet 1972 ; que, par la décision du 13 décembre 2002, notifiée seulement le 14 avril 2003, dont, après avoir saisi d'un recours préalable la commission instituée par le décret du 7 mai 2001, il demande la suspension, le ministre de la défense lui a refusé cette protection au motif que les faits qui lui étaient reprochés avaient le caractère de faute personnelle ; Considérant que le refus par l'administration d'accorder à un militaire la protection prévue par l'article 24 de la loi du 13 juillet 1972 est susceptible de créer une situation d'urgence lorsque le coût de la procédure exposerait l'intéressé à des dépenses auxquelles il ne serait pas en mesure de faire face et compromettrait ainsi la possibilité pour lui d'assurer sa défense dans les conditions satisfaisantes ; qu'il appartient au requérant d'apporter, devant le juge des référés, les éléments permettant d'apprécier si la condition d'urgence est remplie ; Considérant qu'en l'espèce, M. V. a apporté, dans une note en délibéré produite après l'audience publique du 9 septembre 2003 et qui a conduit à rouvrir l'instruction, des précisions chiffrées sur le montant de ses revenus et sur l'état de son patrimoine ainsi que des indications précises sur les frais, notamment d'honoraires, qu'il a déjà exposés ou qu'il devra supporter à brève Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 12 Mise à jour le : 11/11/2009 échéance ; qu'eu égard aux éléments ainsi produits, la condition d'urgence doit être regardée comme remplie ; Considérant que, pour rejeter la demande d'un militaire qui sollicite le bénéfice des dispositions de l'article 24 précité de la loi du 13 juillet 1972, le ministre de la défense peut, sous le contrôle du juge, exciper du caractère personnel de la ou des fautes qui ont conduit à l'engagement de la procédure pénale, sans attendre l'issue de cette dernière ou de la procédure disciplinaire ; qu'il se prononce au vu des éléments dont il dispose à la date de sa décision en se fondant, le cas échéant, sur ceux recueillis dans le cadre de la procédure pénale ; Considérant, d'une part, qu'il ressort des pièces du dossier soumis au juge des référés que la décision dont M. V. demande la suspension comporte une erreur quant à la date à laquelle l'intéressé aurait accompli, dans des conditions qui lui sont reprochées, un voyage à l'étranger ; que, si l'administration qualifie cette erreur de purement matérielle, le moyen tiré de ce qu'elle aurait pu exercer une influence sur le signataire de la décision contestée est, en l'état de l'instruction, de nature à faire naître doute sérieux sur la légalité de cette décision ; Considérant, d'autre part, que le moyen tiré de ce que les agissements regardés par la décision dont la suspension est demandée comme une faute personnelle du requérant ont été commis au cours d'une période qui ne correspond pas à celle pour laquelle des poursuites pénales ont été engagées à son encontre est également de nature à faire naître, en l'état de l'instruction, un doute sérieux sur la légalité de cette décision ; Considérant qu'il résulte de ce qui précède, et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête, que M. V. est fondé à demander la suspension de la décision en date 13 décembre 2002 par laquelle le ministre de la défense lui a refusé le bénéfice de la protection prévue par l'article 24 de la loi du 13 juillet 1972 ; que toutefois la suspension de cette décision n'implique pas que la protection lui soit accordée ; qu'elle impose seulement au ministre de la défense de réexaminer sa demande au regard des règles rappelées par la présente ordonnance ; Sur les conclusions tendant à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative : Considérant qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de condamner l'Etat à verser à M. V. la somme de 2 000 euros qu'il demande au titre des frais exposés par lui et non compris dans les dépens ; ORDONNE : Article 1er : L'exécution de la décision en date du 13 décembre 2002 par laquelle le ministre de la défense a refusé à M. V. le bénéfice de la protection prévue par l'article 24 de la loi du 13 juillet 1972 est suspendue. Article 2 : Le ministre de la défense réexaminera la demande de M. V. tendant au bénéfice de cette protection au regard des règles rappelées par la présente ordonnance. Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 13 Mise à jour le : 11/11/2009 Article 3 : L'Etat versera à M. V. la somme de 2 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. Article 4 : La présente ordonnance sera notifiée à M. V. et au ministre de la défense. Fiche protection fonctionnelle Syndicat SUD ct CG93 Page 14