Un outil décisionnel pour enrichir un progiciel de reporting
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Un outil décisionnel pour enrichir un progiciel de reporting
PROGIFORUM Un outil décisionnel pour enrichir un progiciel de reporting et consolidation groupe Jacques Bogaert, expert-comptable, anciennement directeur des systèmes d’information financiers et contrôle de gestion du groupe Geodis. Après la mise en place d’un progiciel de reporting et de consolidation au sein d’un groupe international, voici les raisons qui ont motivé l’implémentation complémentaire d’un système décisionnel, les modalités de mise en œuvre et les écueils à éviter dans un tel contexte. Un retour d’expérience riche d’enseignements. Jacques Bogaert 26 L ors du choix et de la mise en œuvre au sein du groupe du progiciel de consolidation et de reporting groupe “Carat” (éditeur Cartesis), il avait été décidé que, pour répondre complètement au cahier des charges validé par la direction financière, ce progiciel devait être complété par un outil pouvant fournir des capacités d’analyse, de simulation et de reporting plus approfondies en regard des besoins spécifiques des contrôleurs de gestion. Après avoir déployé Carat, l’étude menée pour répondre aux objectifs de ces besoins complémentaires nous a orienté vers une solution utilisant le progiciel de restitution et d’analyse Skover. LES RAISONS DU CHOIX DE SKOVER Ce dernier a été sélectionné parmi d’autres, essentiellement du fait de son interface native avec Carat et de la totale récupération des dimensions collectées et disponibles (avec ses ajustements éven- Hors Série n°1 - juin 2003 ARCHITECTURE CIBLE tuels) dans l’outil de consolidation et reporting groupe. L’intégration de Skover a été conçue en l’utilisant selon une architecture spécifique : • en aval du système de reporting et de consolidation, • la base Carat fournissant, dans un premier stade, l’ensemble des données mises à disposition des contrôleurs et directeurs financiers du groupe et des différentes branches ou divisions. Les besoins remplis par l’outil Skover sont essentiellement liés à sa capacité à : • donner via la technologie Olap 1 une souplesse d’analyse (zoom ou drill down2 pour passer d’un axe agrégé à un niveau détaillé sur n’importe quel axe y compris l’axe temps, alertes,) et de mise en forme des nombreuses données conte- PROGIFORUM ARCHITECTURE FONCTIONNELLE CARAT/SKOVER nues dans la base multidimensionnelle Carat, mais extraites quasi-uniquement par l’équipe centrale reporting, • pouvoir faire des simulations non “habituelles” dans un système de consolidation destiné à fournir une information groupe normalisée et fiabilisée pour répondre aux obligations légales, • ouvrir l’analyse multidimensionnelle aux fonctionnalités Web, et communiquer ainsi les informations agrégées, retravaillées, à des utilisateurs n’ayant pas l’obligation d’être dotés de l’outil de consolidation (en particulier, dans notre organisation, les responsables opérationnels régionaux), ni l’habitude de manier un tel outil. Son utilisation permet également d’envisager l’intégration d’autres reporting directement dans ce même outil de pilotage : reporting clients, agence, RH. Ce progiciel a également été développé pour bénéficier pleinement de ses capacités selon ses différents modes d’utilisation : accès direct sur poste connecté, accès par mode Web, utilisation en standalone, c’est-à-dire libre avec chargement préalable de la base d’information (partielle) souhaitée. LA MISE EN ŒUVRE La mise en œuvre de cet outil décisionnel a repris les grandes étapes d’un pro- jet de mise en place d’un système d’information (organisation projet, définition du besoin, développements, tests, formation, démarrage, support,…). Par contre, elle a considéré des spécificités qui la différencient par exemple de la mise en place d’un système comptable, d’un ERP… Parmi celles-ci, la principale résulte dans la phase d’expression des besoins qui peut être faite de façon beaucoup plus légère S’assurer de l’adhésion de la direction générale lors de la validation de l’outil et rapide, avec une participation limitée le cas échéant à une ou deux personnes ayant une bonne connaissance des questions majoritairement posées par les utilisateurs. L’essentiel de cette phase a été effectué au sein du contrôle de gestion groupe avec le responsable de l’administration de la base Carat. A l’issue de cette première phase courte, le paramétrage de l’outil a pu commencer et donner lieu à une maquette déjà relativement complète. Cette maquette a ensuite été présentée à un nombre réduit d’utilisateurs pour ajustements quant à la convivialité et au type de rapports : • à éditer à la demande, ou • faisant partie de la “bibliothèque” d’états pré formatés mis à disposition des utilisateurs divers non intéressés par la modularité des requêtes ou des analyses (DAF, directeurs de zone,). Pour la mise en place, nous avons choisi de faire “petit et rapide (ou modeste)” d’abord, contrairement à une approche plus exhaustive et complexe, comme pour un ERP par exemple. En effet, dans le cadre d’un outil décisionnel, les améliorations sont à incorporer selon un processus relativement continu et progressif lié à la nature même du décisionnel, qui doit permettre de répondre à des besoins d’analyses fortement variables dans le temps, et selon les différentes catégories d’utilisateurs. Cette démarche a permis une mise en œuvre : • d’un coût relativement limité (nombre limité de jours de consultants avec une forte partie des paramétrages faits en interne sans difficulté majeure rencontrée), • assez rapide dans son déploiement, les temps de latence les plus significatifs étant liés au processus de validation du projet dans une organisation en évolution. LES ÉCUEILS À ÉVITER Le décisionnel a des spécificités dans sa mise en œuvre qui sont à intégrer, comme évoqué ci-dessus. Parmi les précautions les plus importantes à prendre : • s’assurer de l’adhésion et du support fort de la direction générale lors de la validation de l’outil, de son déploiement et de son utilisation. Ceci est rendu parfois difficile du fait que les directions générales font en principe confiance aux spécialistes dans ce domaine qui ne leur est pas toujours proche et ne rentrent pas préalablement dans une définition très précise de leur besoin, Suite en page 30 Hors Série n°1 - juin 2003 27 PROGIFORUM ARCHITECTURE SYSTÈMES DE PILOTAGE FINANCIER GROUPE réciproque des différents systèmes financiers (systèmes comptables, systèmes de consolidation et de reporting, systèmes décisionnels) avec leur articulation avec les systèmes opérationnels. L’approche envisagée à ce stade est plutôt de : • considérer une logique d’architecture globale s’appuyant sur une définition la plus précise possible du périmètre standard de chacun de ces outils, • garder la modularité de ces systèmes au sein de cette architecture globale pour conserver la plus forte adéquation aux besoins spécifiques (ceux-ci étant soumis à une validation la plus rigoureuse possible), • essayer de réduire au minimum le nombre d’outils utilisés. La représentation de cette approche est indiquée dans le schéma ci-contre. 30 • au moment de la mise en œuvre, s’assurer d’une analyse approfondie de la structure de la base de données de manière à ce qu’il y ait une exhaustivité adéquate des axes et de l’ensemble des croisements à analyser. • lors du déploiement, ne pas oublier que l’utilisation d’un décisionnel étant par nature modulable aux besoins spécifiques de chacun, une grande partie du succès vient du support à l’utilisateur lors du démarrage et au suivi de la mise en application. L A PLACE DU DÉCISIONNEL DANS L’ENSEMBLE DU SYSTÈME D’INFORMATION Cette expérience d’implantation de décisionnel a constitué la première phase d’un processus plus large de réflexion autour des décisionnels dans le groupe. Premièrement, des réflexions ont été menées pour une extension de l’utilisation de cet outil en vue d’élaborer : • le reporting par client pour l’ensemble des métiers du groupe, • le reporting par agence. Ensuite, cette phase a permis d’enclencher une sensibilisation aux problématiques décisionnelles et une capitalisation d’expérience en interne sur le sujet. Hors Série n°1 - juin 2003 Ceci constitue les bases d’une phase 2, correspondant à une réflexion commune groupe sur un schéma directeur pour l’ensemble des décisionnels opérationnels, financiers, RH, en cours de gestation dans différentes entités ou départements du groupe. Cette phase 2 n’a pas encore démarré aujourd’hui. Les objectifs de ce schéma directeur sont de répondre en particulier aux questions suivantes : • Peut-on laisser toutes les initiatives d’implantation de systèmes décisionnels se développer de façon autonome au sein du groupe pour le pilotage des différents métiers ? • Ou bien doit-on sélectionner au niveau du groupe les outils les plus appropriés en un nombre limité et les proposer / imposer aux différents responsables de projet ? L’objectif étant, au-delà, de favoriser l’acceptation de l’unicité des référentiels, la réduction des coûts “d’achat” et de maintenance, avec ou non la création de centres de compétences. • Ces décisionnels doivent-ils s’inscrire dans une architecture technique globale groupe (datawarehouse unique, technologie Olap unique…) permettant de répondre aux besoins d’intégration, de référentiel commun ? Pour le moment, les réflexions enclenchées se sont limitées au positionnement D’une façon plus large, la méthodologie de mise en œuvre d’un décisionnel doit s’inscrire dans une approche où sont étudiés de façon liée les niveaux de pilotage visés (stratégique, performance économique, opérationnel) et les supports conceptuels de management (ABC/ABM3, analyse de la valeur, Balanced Scorecard,…). Le choix des outils techniques adéquats (ETL4, datawarehouse…, alimentant les outils de requête, de reporting, et décisionnels) est à faire par la suite en les replaçant dans une architecture technique logique. L’ensemble de ces points a fait l’objet d’un article plus général et plus didactique publié dans la revue Echanges de mars 2003 (page 29) “Les systèmes décisionnels : quelle opportunité pour l’entreprise ?” ● 1 Olap : On-line Analytical Processing. Désigne une catégorie d’applications permettant de collecter, stocker, traiter et restituer des données multidimensionnelles. 2 Drill down : Forer vers le bas. Aller du général au particulier dans une recherche d’information dans une base de données multidimensionnelle. 3 ABC/ABM : Activity Based Costing, Activity Based Management. 4 ETL : Extract, Transform, and Load (solutions).