éducation et frontières - Société francophone de philosophie de l
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Société Francophone de Philosophie de l’Education http://www.sofphied.org Colloque ÉDUCATION ET FRONTIÈRES à l’ESPE de Lyon, 27-28 Juin 2017 Le souhait de consacrer le colloque 2017 de la SOFPHIED à la question des frontières trouve ses premières raisons dans l’état du monde. Le drame des réfugiés lui donne sa figure la plus vive et se détache sur un mouvement de fond qui interroge tout autant l’exigence éducative : des dizaines de millions de personnes, familles et enfants, fuyant les guerres, la misère, les conséquences des dérèglements climatiques sont en quête d’un sol plus hospitalier. L’éducation des enfants relève alors pleinement du devoir d’hospitalité. Le droit à l’éducation comme le devoir d’éduquer y retrouvent, notamment en Europe, leur pleine signification : l’exigence éducative ne connaît pas de frontières, elle est d’emblée universelle et cosmopolite… Le droit à l’éducation reconnu à chaque enfant d’où qu’il vienne est sans doute l’expression la plus achevée de l’universalisme éducatif. Il étend à l’humanité comme valeur le sens de l’hospitalité. Cependant, la peur de l’autre voit aujourd’hui ce droit contesté. Revenir sur ses fondements philosophiques est dès lors une nécessité. Toutefois, l’histoire et la politique sont là pour nous rappeler qu’il n’existe d’éducation qu’instituée, et que toute institution éducative contribue à la construction d’une identité collective marquée et séparée. L’École elle-même y participe sous la bannière de « l’éducation nationale ». La difficulté à construire et enseigner une histoire européenne illustre bien la résistance identitaire des frontières. Une frontière n’est pas seulement ce qui sépare et exclut – « eux et nous »-, c’est aussi ce qui définit l’appartenance. La résistance et la résurgence des frontières doivent aussi être interrogées. Plus généralement, la forme scolaire, comme mode de socialisation, telle qu’elle s’institue au 17e siècle, et déjà l’idée éducative, comme le montre Durkheim, posent les toutes premières lignes de partage. Un grand nombre des antinomies et des oppositions si fréquentes dans le domaine de l’éducation y trouvent une part de leur origine. Ainsi l’exigence d’une « école ouverte » ne prend pleinement son sens qu’à partir d’une clôture scolaire constitutive. On doit noter qu’en opposition à ces lignes de partage, un vaste mouvement de « décloisonnement » affecte aujourd’hui la forme scolaire. En reprenant les termes d’un colloque consacré à Jacques Derrida, on peut constater qu’on assiste aujourd’hui dans le champ éducatif – dans ses marges, mais aussi dans son centre – à « la traversée des frontières, cloisons, barrières, non plus seulement entre des pays, nations, communautés, mais entre des "domaines" ou" territoires" culturels, entre les champs de l'invention, de la recherche ou de l'enseignement ». L’ambition de ce colloque est aussi d’interroger ces lignes de partage/passage. Qu’est-ce qu’une frontière en éducation ? Comment se manifestent de telles frontières et que délimitent-elles ? Que s’y passe-t-il ? Comment, ainsi, agir et éduquer aux frontières ? 1 Pour éviter l’éclatement de la réflexion dans la polysémie du terme, il conviendra d’associer l’idée de frontière à celle d’institution et – bien évidemment - d’éducation. Les travaux pourront porter sur l’histoire de la philosophie de l’éducation, l’histoire des idées, des institutions, des systèmes, l’analyse de dispositifs éducatifs ou de phénomènes éducatifs contemporains. Comme le veut la vocation de la SOFPHIED, seront particulièrement bienvenues les propositions de communication ancrées dans le champ de la philosophie de l’éducation – cette dernière entendue au sens large que lui donne l’association, celui d’une philosophie qui est aussi en lien et en dialogue avec la diversité des sciences sociales et humaines. Plusieurs axes de travail se dégagent ainsi : 1°) Sens, usages, pertinence des frontières, des recompositions ou transgressions de frontières disciplinaires ou institutionnelles en éducation : les formes d’éducation (formelle, informelle) ; leurs spécifications en fonction des publics (pédagogie, andragogie) ; leurs aspects disciplinaires et interdisciplinaires en éducation, etc. 2°) Appartenance, identité, transgression : leur signification éducative. Fermeture versus ouverture des clôtures éducatives ; replis nationalistes versus ouvertures internationales en éducation ; mondialisation de l’éducation, éducations sans frontières ; « frontières » culturelles et éducation. 3°)_Mobilité, circulation, migrations des idées éducatives, des pratiques et des hommes : passages de frontières géographiques ou culturelles ; leur signification et leurs incidences éducatives ; réception et transfert des idées éducatives et pédagogiques. 4°) Éducation, citoyenneté et frontières : signification d’une éducation nationale, d’une éducation européenne, mondiale ; processus de territorialisation ou de déterritorialisation en éducation ; tensions possibles entre éducation citoyenne et morale universaliste… Cet appel à communication s’adresse prioritairement, mais non exclusivement, aux adhérents de la SOFPHIED. Les projets sont à adresser conjointement à : Michel Fabre, [email protected] Alain Kerlan, [email protected] sous la forme d’un résumé d’environ 300 à 500 mots, comprenant des indications bibliographiques et des mots clés, et précisant le ou les axes de travail dans lequel il s’inscrit, avant le 19 février minuit. (Retour du comité scientifique aux auteurs : 10 mars) 2