1001 manièresde devenir entrepreneur

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1001 manièresde devenir entrepreneur
Gros plan
Nº 62
1001 manières de devenir entrepreneur
Créer ou reprendre
une entreprise,
à temps partiel
ou complet, avant
ou après la retraite,
seul ou avec d’autres
indépendants…
Les parcours
des créateurs
sont de plus en plus
hétéroclites.
ont vu le jour en
France 2003. Cette
année, ce chiffre
pourrait augmenter de 20%. Des
chiffres records qui s’expliquent en partie par la simplification des procédures
d’accès à la création d’entreprise.
200000
La loi sur l’initiative économique,
adoptée par le Parlement en 2003, permet en effet à chacun, sous certaines
conditions :
• de créer sa SARL sans montant minimal de capital
• de moduler les conditions de paiement des cotisations sociales
• de domicilier son entreprise chez soi
pendant 5 ans
• de continuer à percevoir des allocations de chômage
• de bénéficier d’une protection de sa
résidence principale.
Par ailleurs, la loi Dutreil a créé un
cadre spécifique permettant de créer
son entreprise sans quitter son emploi
salarié grâce au contrat de travail
à temps partiel pour création d’entreprise, pour un an maximum, renouvelable une fois, avec la possibilité
d’utiliser son compte épargne-temps
pour compenser la perte de salaire
occasionnée.
De plus, la clause d’exclusivité dans un
contrat de travail est inapplicable
durant un an lorsque le salarié démarre
une autre activité en indépendant ou en
société.
Enfin, les créateurs-salariés bénéficient
d’une exonération des charges sociales
dues sur leur activité d’entrepreneur
pendant 12 mois.
Pour ceux, de plus en plus nombreux,
qui souhaitent continuer à travailler
une fois retraités, la loi du 21 août 2003,
portant sur la réforme des retraites, facilite, elle aussi, les règles de cumul de la
pension et des nouveaux revenus.
Il est plus facile aujourd’hui de percevoir sa retraite et d’engranger les fruits
de son travail d’entrepreneur.
argent pour mettre en œuvre leur
concept.
Leurs motivations ?
Etre à leur compte, sortir du chômage
ou concrétiser leur rêve. Ils étaient tous
dotés d’une solide expérience dans
leur secteur d’activité, ils avancent
aujourd’hui avec prudence, ténacité,
conviction et… communiquent sans
relâche !
■
Toutefois, malgré ces dispositions favorisant l’accès à la création, les étapes
classiques restent incontournables : réaliser une étude de marché, réunir des
moyens financiers, convaincre ses partenaires, faire un business-plan solide,
communiquer, se former, choisir son
statut et ne pas s’isoler. Autrement dit,
s’entourer.
Car cette phase de préparation est la
pierre angulaire de toute création, comme l’illustre le parcours de ces 7 créateurs haut-savoyards qui ont récemment investi compétences, temps et
FRANÇOISE MUGNIER : FRANÇOISE MUGNIER ING CONSEIL
(conseil en achats) Héry-sur-Alby
L
Elle confie la partie gestion de son activité à un cabinet comptable, et elle consolide son réseau.
« Ce projet est venu naturellement, c’était le bon
moment, la suite logique d’un parcours. J’avais acquis
une solide expérience des achats dans le monde industriel
et pendant mes congés, j’avais réalisé des missions
d’audit. J’avais un carnet d’adresses et le soutien de ma
famille. J’étais prête à me lancer ! »
Elle a accueilli une étudiante en stage, afin de réaliser
son fichier. Mailing, prise de rendez-vous par téléphone et entretiens, les outils de prospection traditionnels
ont été mis en œuvre, il reste à transformer ces
contacts en missions. Car même avec une très grande
expertise dans ce métier, la plus grande difficulté est
de vendre.
orsque Françoise quitte son poste de responsable des
achats à HP, elle a 52 ans et elle est bien décidée à ne
pas en rester là.
« On apprend en marchant. Je sais maintenant
que je dois toujours mettre en avant ma compétence technique. Avec mon interlocuteur, nous
sommes ainsi sur la même longueur d’onde ! ».
Pour donner de la crédibilité à son projet, Françoise mène
une étude de marché. C’est à ce moment-là qu’elle valide
ses intuitions : « Dans les PME, c’est le chef d’entreprise qui fait tout, même les achats. Mais il n’est pas là
pour ça ! Les besoins sont bien réels. »
Pour mettre toutes les chances de son côté, Françoise suit
une formation de formateur et peut ainsi offrir une prestation complète dans le domaine du conseil.
■
“J’avais besoin d’être autonome,
de décider»
SEPTEMBRE/OCTOBRE/NOVEMBRE 2004 INFO CCI 5
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(suite)
ERIC FRANDEBOEUF (à gauche sur la photo) : EQUINOXE
(Communication) Annecy
LAURENCE BERNARD : EVAPEM
(Centre d’Entraînement sportif) Annecy
« Il faut affronter la réalité très tôt. Les aides ne constituent
qu’une toute petite partie de la réussite d’un projet.
Le plus important, c’est de commercialiser son activité. »
«Je voulais voler de mes propres ailes ! Mais partir de zéro, non !».
C
département, Cobranding, a permis
à Equinoxe de recevoir la subvention régionale 1001 talents.
Il lui faut peu de temps pour
comprendre que seul un concept
original va lui permettre de rendre
Equinoxe plus visible hors région.
« C’est notre argent qui est là,
dans cette entreprise, et il faut
inventer un nouveau mode de
management. Dans une entreprise de 300 personnes qui ne
nous appartient pas, c’est facile de
mettre en place le management
participatif. Quand on est dans sa
propre boîte, on voit les choses différemment ! »
’est avec l’appui de son
ancien employeur, Alpina
Savoie, qui lui confie une partie de la communication de l’entreprise, qu’Eric Frandeboeuf trouve
l’élan nécessaire pour franchir le
pas. Voici un an qu’il a repris
Equinoxe, une agence de publicité
créée dans les années 90 à Annecy.
« Le secteur de la publicité ne
manque pas d’agences, il fallait
innover ! ».
Il se lance ainsi dans le co-branding, un concept qui met en relation deux marques dotées d’une
identité complémentaire, et pour
lesquelles Equinoxe créé des opérations promotionnelles et publicitaires communes. L’ouverture de ce
Mais il n’est pas toujours évident de
passer du statut de salarié à celui de
chef d’entreprise-actionnaire.
Une solide expérience du monde
de la publicité a donné de la
crédibilité au projet et ouvert de
nombreuses portes à ce chef
d’entreprise.
■
orsqu’elle crée Evapem,
Laurence Bernard vient de
décrocher un doctorat
« Postures et informations tactiles
plantaires » à l’Université de Savoie.
Avec son associé Mario Cordoano,
préparateur physique depuis 10 ans
et intervenant au sein des équipes de
France de ski alpin, ils ouvrent à
Annecy une salle destinée à
accueillir des sportifs.
L
Leur activité consiste à évaluer et à
analyser la performance motrice
grâce à une machine qui mesure la
force, l’endurance et la vitesse. A
partir de ces résultats, ils accompagnent, dans leur entraînement, les
personnes qui souhaitent faire de la
compétition, optimiser ou réorganiser leur programme, préparer une
épreuve. Aujourd’hui, 18 mois après
son ouverture, le centre reçoit des
membres de l’équipe de France de
ski alpin, des clubs, des athlètes tous
niveaux, des snows-boarders, particuliers ou professionnels sur une
surface de 200 m2.
Lauréate du Concours des Espoirs
de l’Economie, l’entreprise Evapem
se porte bien, même si le démarrage
reste, aux yeux des fondateurs, un
souvenir mitigé : « Dans la pépinière qui nous avait accueillis, nous
n’avons pas été confrontés à la réalité assez tôt. Nous avions l’expertise, les compétences, il nous fallait
affronter le marché. Vendre, aller
vers son cœur de cible, ce n’est pas
le plus facile ! L’atout que nous
avions, c’est l’expérience du terrain,
de la compétition, de l’entraînement ». Ex -athlète de haut niveau
en aviron, Laurence Bernard
connaît le sujet !
■
LOÏC JOURNET : ALP’ITEC
(Ingénierie) Rumilly
orsque Loïc Journet crée
Alp’ITEC, en juillet dernier, il
travaille déjà en direct avec ses
clients. D’autres clients le rejoignent
très vite. Pendant un an, il a construit
son réseau et validé son projet au sein
d’un groupement d’entrepreneurssalariés.
L
«Je voulais tester
mon projet grandeur nature
avant de me lancer,
prouver, par des résultats,
sa viabilité économique».
Un moyen de se faire connaître mais
aussi de faire avancer prudemment son
idée initiale : « Au départ, je pensais
que mon activité serait celle d’un
bureau d’études. Un an plus tard,
j’ai recentré mon cœur de métier sur
l’ingénierie.»
6 INFO CCI SEPTEMBRE/OCTOBRE/NOVEMBRE 2004
Calme et réfléchi, Loïc Journet ne s’embarque pas à la légère, il lui fallait du
temps pour mettre à l’épreuve ses idées,
ses points forts et ses points faibles.
« Pendant cette année de mise en
test, j’ai pu me concentrer sur deux
aspects essentiels : mes clients et mon
métier. Le groupement d’entrepreneurs-salariés s’est occupé de la partie administrative de mon activité et
m’a surtout apporté l’environnement et les contacts dont j’avais
besoin pour me lancer. Mes clients
ont toujours cru que j’étais à mon
compte ; lorsque je leur ai annoncé
que j’avais déposé les statuts de mon
entreprise, cela ne faisait pas de différence pour eux. » Peu à peu et à
son insu, Loïc Journet était devenu
entrepreneur.
Aujourd’hui il partage des locaux avec
un fabricant de machines spéciales,
et il est resté sociétaire du groupement.
Autant de manières de continuer à
échanger. « L’ennemi n°1 du créateur, c’est l’isolement ».
■
Gros plan
FRANÇOIS FÉDÈLE : SGRO-FEDELE
(Décolletage) Marignier
“M. Sgro m’avait proposé
de reprendre son entreprise.
J’y travaillais depuis 20 ans».
râce à un prêt à taux zéro, à la
subvention régionale 1001
Talents, à leurs ressources personnelles et au concours des banques,
François Fédèle et sa femme Claude
ont repris, en 2003, l’entreprise dans
laquelle le décolleteur travaillait
depuis 20 ans. Son prédécesseur,
M. Sgro, au moment de son départ à
G
la retraite, a choisi de transmettre
l’entreprise à l’un des 7 salariés, de
manière à assurer la pérennisation
d’un savoir-faire et la fidélisation des
clients. « Une reprise, c’est un choix
de vie, explique Claude Fédèle, j’ai
quitté mon emploi pour préparer le
projet pendant un an, puis intégré
l’entreprise que nous reprenions. Il
a fallu travailler sans relâche pour
satisfaire nos clients et écouler le
stock de marchandises racheté avec
l’entreprise. Nous avions très peu
de fond de roulement et les
banques nous ont accordé un prêt
au plus juste.»
Créateurs, repreneurs, jeunes entreprises,
réservez votre journée du 16 novembre
pour le FORUM DE LA CREATION D’ENTREPRISE
Organisés par la CCI de la Haute-Savoie,
cet évènement est, pour vous, l’occasion
d’être conseillés par des experts, de participer à des ateliers conférences sur les
thèmes qui vous concernent, d’échanger
les expériences avec ceux qui créent et
ceux qui ont déjà réussi, d’enrichir votre
réseau, de trouver les informations qui
vous manquent.
Quels que soient vos besoins actuels, quel
que soit votre projet, prenez le plus
court chemin pour entreprendre,
venez au FORUM DE LA CREATION
D’ENTREPRISE.
Aujourd’hui Décolletage Sgro-Fédèle
a atteint les objectifs quantitatifs qui
avaient été fixés mais, surtout, les
clients ont suivi les repreneurs. Les
fournisseurs de matières et d’outillage leur ont fait confiance et leur ont
accordé les mêmes conditions
■
d’achat et de règlement.
«Je suis très fière d’avoir réussi
ce pari. C’était risqué. Je ne
savais pas si je le pouvais».
aria Martinez était attachée
commerciale chez Renault
depuis 20 ans. Envie de faire
autre chose, de sortir de la routine,
Maria se sert de son intuition :
« A Thonon, il manquait un lieu
convivial, un bar où les femmes
puissent venir prendre un verre le
soir, loin des discothèques... ». C’est
ainsi que La Bodega voit le jour, un
M
Quatre ans après, Maria Martinez
vient de créer dans le local mitoyen
une épicerie méridionale, Accent du
Sud, qui ferme ses portes à l’heure où
La Bodega allume ses premiers feux :
une continuité ! Les produits d’origine méditerranéenne sont très tendance et Maria les met en scène avec toute la sérénité que lui donnent ses
52 ans et l’expérience d’une première
création.
Difficile de créer une entreprise ? « La
première fois tout était très lourd
sur le plan administratif. La
deuxième fois, tout m’a semblé
plus simple : je suis allée au C.F.E.
(Centre de Formalités des
Entreprises de la CCI 74), je suis
repartie avec les documents, tout
était enregistré, c’était très pratique.
Il est important de bien comprendre le circuit.». ■
Nous vous attendons
de 9h à 19H , à
l’Espace Rencontre
d’Annecy le Vieux
Vous trouverez la liste
des conférencesdébats, des ateliers
techniques,
des
exposants sur le site
www.entreprendre-en-haute-savoie.fr
Inscriptions et renseignements complémentaires au 04 50 33 72 00 ou sur le site
www.entreprendre-en-haute-savoie.fr
CHRISTOPHE GILBERT : FABRICE I.C.
(Boutique de prêt-à-porter) Annemasse
MARIA MARTINEZ - LA BODEGA(bar latino)
et ACCENT DU SUD (épicerie méridionale) Thonon
bar latino qui accueille donc des
femmes, mais aussi des familles,
toutes générations confondues,
venues savourer des tapas.
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«La priorité, c’est le carnet
d’adresses. Cela me permet
de faire une communication
événementielle très ciblée.
Donc efficace».
e ses escales à Londres
ou New-York, Christophe
Gilbert rapporte des idées, des
tendances, des sources d’inspiration. Après une expérience de 15 ans
D
dans le secteur de la vente, il se
retrouve sans emploi, sur un marché difficile. Il n’a qu’une envie : se
mettre à son compte pour continuer à travailler. En 2003 il ouvre,
à Annemasse, un magasin de prêtà-porter branché, avec des marques
et des styles différents, après avoir
validé son projet auprès de la CCI.
« Lorsque j’ai présenté mon dossier, tout était déjà bien mûr, je
voulais savoir si je n’avais rien
oublié et si j’allais dans le bon
sens. »
Sans relâche, Christophe Gilbert se
fait connaître. L’inauguration de
Fabric I.C a attiré 200 personnes et
tous les 2 à 3 mois, il organise des
soirées, crée des événements pour
lesquels il envoie des mailings,
relance par téléphone… « Faire
du commerce aujourd’hui, c’est
se démarquer ! ».
■
Chiffres clés
HAUTE-SAVOIE : 4 085 créations ou reprises d’entreprises en 2003 (1), une progression de +10,3 % par rapport à 2002 (taux national = + 8,9 %).
La progression est encore plus spectaculaire pour les créations pures d’entreprises, soit
+16,3 % par rapport à 2002.
Ces 4 085 créations d’entreprises représentent 11,6 % du tissu économique hautsavoyard.
Plus d’une création d’entreprises sur 4 se fait dans le secteur des services aux particuliers (taux national = 19 %). Le commerce (19,8 % des créations), les services aux
entreprises (16,9 %) et la construction (14,3 %) sont également des secteurs privilégiés par les créateurs d’entreprises de Haute-Savoie.
(1) Entreprises du champ «ICS» qui couvre les activités économiques marchandes des secteurs de
l’industrie, de la construction, du commerce et des services, à l’exclusion des activités financières et
de l’agriculture.
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