2 La monnaie allemande

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2 La monnaie allemande
2 La monnaie allemande
Confrontée au manque de ressources monétaires,
l’autorité d’occupation incite les municipalités à
émettre du papier monnaie. Ce sera l’objet de la
réunion des maires que convoque à Chauny le
commandant d’étapes, le 9 janvier 1915. Quelque
temps plus tard, face à la dégradation de la
situation monétaire et à la pression de l’autorité
allemande, les communes doivent se soumettre à
cette nécessité. La ville de Noyon autorise ainsi en
1915 une première émission de bons municipaux
pour une valeur de 12 000 francs, remboursables
au porteur à la recette municipale après la
signature de la paix.
er
Le 1 septembre 1915, le commandant de la place
de Noyon avise la population que les bons émis
par les communes ont cours forcé dans le district
de la Ière armée allemande. Si le paiement à
l’armée d’occupation ne peut plus se faire qu’en
monnaie ou billets allemands, français et belges,
les soldats ont ordre de ne payer qu’avec des
bons communaux. Malgré l’émission régulière de
bons, les besoins de l’armée d’occupation
imposeront une montée en puissance de cette
pratique.
▲Bon municipal de 1 Franc édité par la ville de
Noyon en 1915 (coll. PGG).
« Les amendes se multipliaient, les demandes de
paiement d’impôts se faisaient de plus en plus
pressantes auprès de la municipalité ; on nous
incitait à faire du papier-monnaie, on cherchait à
mettre à notre charge des dépenses qui
incombaient à l’armée allemande, à faire
reprendre par les communes les bons de
réquisitions allemands donnés aux particuliers
contre du papier-monnaie communal. Des
réunions de maires étaient ordonnées sous la
présidence du commandant d’étapes qui
cherchait à gagner leurs adhésions par des
amabilités ou par des menaces. Délégué par mes
collègues, j’eus l’occasion, dans une réunion
générale tenue à Chauny, où assistaient des
officiers allemands et les délégués des
assemblées de maires des différentes étapes de
la région, de montrer l’illégalité des mesures qui
nous étaient demandées. En sortant, j’eus le
sentiment que j’avais signé mon internement ».
Extraits de Noyon pendant
l’occupation allemande, par Ernest-Noël,
La Revue Hebdomadaire, 16 février 1918.
▲En 1915, la monnaie allemande (le Mark) entre en vigueur (coll.SHASN).
L’intervention énergique d’Ernest Noël contre cette fabrication de fausse
monnaie au regard de la loi française permettra de repousser provisoirement
son usage. Sans doute, cet acte de résistance du sénateur-maire de Noyon
est-il à l’origine de sa déportation comme otage en Allemagne (coll. DG). ►

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