Histoire du chapeau masculin

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Histoire du chapeau masculin
 PROJET CHAPEAU FICHE RESSOURCES ARTS VISUELS Histoire du chapeau masculin Elisabeth Levasseur CPAV Réunion Dans l’Antiquité grecque et romaine, chapeaux de feutre ou de paille tressée sont portés par les hommes, tels la tholia, le galerus ou le pétase. Mais c'est au Moyen‐Age que le port du chapeau devient plus courant. En feutre de laine, en castor, en lièvre ou fourrés, leurs formes évoluent et se diversifient, ils peuvent être cylindriques, coniques ou pyramidales. Ils deviennent objet d'ornement voire de luxe. Néanmoins, la mode est au chapeau souple, sans empois. A partir de la Renaissance, le modèle préféré des hommes élégants est un petit chapeau de feutre à fond plat orné d’une plume d’autruche tel celui porté par François 1er dans son portrait attribué à François Clouet. C’est sous le règne d’Henri II que les chapeaux deviennent rigides grâce à un apprêt. Ils sont ornés de plumets, de panaches, de passementerie et de joyaux. Sous Louis XIII, les hommes portent un large feutre en castor, bas de forme et penché sur le côté droit, orné d’une plume d’autruche dite «pleureuse» (à la mousquetaire). Quant aux Elégants, ils préfèrent le chapeau à calotte haute et à triple panache. Durant tout le XVIIe siècle, la forme du chapeau ne cesse de varier ainsi que la dimension des bords, pour aboutir à la fin du siècle au «tricorne». Ces évolutions sont dues aux changements des modes vestimentaires. Avec le port de la perruque, plus question de porter de chapeau, le tricorne devient un accessoire superflu que l’on garde sous le bras. A la fin du XVIIIe siècle, l’abandon de la perruque favorise de nouveau le port du chapeau qui connaît des formes originales, pouvant devenir élément distinctif d’un groupe comme les Muscardins ou les Incroyables. C’est à cette période qu’apparaît le chapeau haut‐de‐forme en feutre et à larges bords qui deviendra au siècle suivant la coiffure masculine. En soie, en paille, ses proportions varient au fil des années. Il reste le chapeau porté par les élégants. Au cours du XIXe siècle, d’autres chapeaux font concurrence au haut‐de‐forme comme le chapeau «cape» ou «melon». Mal accepté à son début car considéré comme négligé, il devient après 1914 le chapeau habillé et remplace le haut‐de‐forme. Après la Seconde Guerre mondiale, le chapeau de feutre mou devient la coiffure à la mode. Cependant, le port du chapeau se fait moins présent dans la tenue masculine dès la fin des années 1960, il n’est plus porté aujourd’hui que par quelques inconditionnels ! Commission arts visuels ANCP 2012 PROJET CHAPEAU FICHE RESSOURCES ARTS VISUELS http://culture.france2.fr/mode/expos/chapeau‐monsieur‐l‐histoire‐d‐un‐couvre‐chef‐
68736016.html Le feutre Le feutre est une matière issue de l’amalgame de fibres non tissées. Il est un matériau utilisé déjà en Asie Centrale au VIIe siècle avant J.C. puis se répand vers l’Europe orientale puis occidentale. Tous les poils d’animaux qui peuvent naturellement s’agglomérer sont utilisables pour la fabrication du feutre. Ainsi chaque communauté utilise les poils d’animaux qui l’entourent, mouton, yack, chameau, chèvre… Les poils de lapin ou de lièvre, pour être employés seuls, doivent être sécrétés, c’est‐à‐dire traités chimiquement. Le feutrage repose sur un principe technique simple, la conjugaison du frottement, de la chaleur et de l’humidité. En France, les chapeaux de feutre sont réalisés à partir de laine de mouton ou de poils de lapin ou lièvre. Feutrés, ils sont travaillés sous la forme de cône par les chapeliers. Le feutre de poils est le plus utilisé car il est de qualité supérieure. Chapeau haut‐de‐forme Le haut‐de‐forme aurait été fabriqué par un Florentin vers 1760 puis porté en France à la fin du XVIIIe siècle. Orné d’une cocarde tricolore, il symbolisait la liberté durant la Révolution. Chapeau de forme haute et rigide, plus ou moins cylindrique, au bord étroit, ce chapeau peut être en feutre ou en panne de soie. Au XIXe siècle, il devient symbole d’élégance, il est adopté aussi bien en France qu’en Angleterre. Sa forme et sa hauteur varient au cours du siècle, et le haut‐de‐forme en soie, appelé « huit‐reflets » est préféré à celui en feutre, plus cher, plus lourd et moins brillant. Détrôné par le chapeau melon au début du XXe siècle, le haut‐de‐forme n’est aujourd’hui porté que lors de cérémonies officielles ou aux courses, surtout en Angleterre par les Lords vêtus de redingotes et pantalons rayés. Chapeau melon Le chapeau melon ou cape est un chapeau de feutre dont la calotte, semi sphérique, est ceinturée d’un gros‐grain. Considéré comme négligé à ses débuts vers 1863, le chapeau melon gagne petit à petit une place d’honneur dans le vestiaire masculin en remplaçant le haut‐de‐forme. Porté à la ville avec un complet, il peut être gris avec une tenue plus habillée. Après la Seconde Guerre mondiale, le chapeau melon disparaît, il est remplacé par le feutre mou. Le chapeau melon reste le symbole de la bourgeoisie et du monde de la finance. Mais qui seraient Charlie Chaplin, les frères Jacques ou Laurel et Hardy sans leur chapeau melon ? Chapeaux de feutre mou Le chapeau de feutre mou apparaît dans la seconde moitié du XIXe siècle mais ce n’est qu’à partir des années 1920 qu’il est porté de façon continue. La hauteur de sa calotte ou la largeur de ses bords varie en fonction des modes. Pendant les « années folles », les bords du chapeau sont plats et larges tandis que la calotte, plus haute, est garnie d’un ruban moins étroit. Après la Seconde Guerre mondiale, la mode est au chapeau de feutre léger dont la calotte est assez basse. Les bords sont parfois repliés ou agrémentés de plusieurs rangs de couture. Pour le soir, les hommes portent Commission arts visuels ANCP 2012 PROJET CHAPEAU FICHE RESSOURCES ARTS VISUELS le Morès, ou chapeau de smoking, à la calotte haute et aux bords gansés. De nouveaux modèles apparaissent à cette époque comme le Mambo, dont la calotte reprend la forme du canotier. Cependant, malgré les nouveautés, le chapeau de feutre mou va disparaître de la garde‐robe masculine à la fin des années 1960 et ne sera plus porté que par quelques inconditionnels. Casquettes et chapeaux… de toile La casquette, couvre‐chef à calotte plate en matière souple et à visière, dérive du bonnet du XVe siècle. Au XIXe siècle, le casquette est portée par les classes populaires et devient un accessoire vestimentaire distinctif de la classe sociale. L’ouvrier porte la casquette alors que le bourgeois porte le chapeau. La casquette est aussi un accessoire porté par les sportifs. Automobilistes et cyclistes de la Belle Epoque l’adoptent pour son côté pratique et souple. Afin de se différencier, chaque groupe social souhaite montrer son originalité par la couleur, la forme, le décor… Par exemple, chez les marins et les pêcheurs, on distingue la brestoise, la boulonnaise, la fécampoise… Dans l’uniforme militaire, la casquette, d’abord portée dans la marine et l’aviation, se substitue petit à petit au képi de l’armée de terre. Les chapeaux en toile sont portés pendant les saisons intermédiaires. Grâce à une calotte entièrement piquée, ces chapeaux peuvent se plier dans une poche sans se déformer. Imperméables, ils s’associent à merveille au trench‐coat. Chapeaux de paille Le canotier qui doit son nom aux fervents du canotage, se généralise à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Fabriqué en paille dont les tresses sont le plus souvent cousues, le canotier est un chapeau rigide de forme ovale à fond et à bords plats. Il est porté l’été pour les sorties au bord de l’eau. Cependant, le canotier va être très vite concurrencé par un autre chapeau de paille tressé, le Panama, originaire d’Amérique du Sud. Sa souplesse, il peut être roulé dans une poche sans se déformer, est un atout pour ce chapeau adopté par Napoléon III lors de l’Exposition Universelle de 1855. A l’origine, le Panama était fabriqué en Equateur à partir de feuilles de latanier. Les fibres, découpées en fines lanières, lavées puis séchées à l’ombre et blanchies au soleil, sont ensuite tressées par les femmes sur un support de bois pour la forme. Le Montechisti, qui tire son nom d’un petit village d’Equateur, est la marque la plus célèbre et la plus recherchée aujourd’hui.
Fabrication du chapeau de paille Lorsque la paille se présente sous la forme de tresses roulées en écheveaux, elle se coud à la machine de marque Grossmann Dresdensia B, la plus utilisée en chapellerie. Il est nécessaire de préparer les tresses la veille afin qu’elles s’imprègnent d’humidité, elles seront plus faciles à travailler. Le chapelier réalise à la main le point de départ au centre de la calotte puis coud en colimaçon en s’aidant d’une forme. Certains chapeaux de paille peuvent être fabriqués à partir de cônes de paille tressée qui seront alors travaillés sur une calotte en bois. Commission arts visuels ANCP 2012