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Compagnie C.Loy
1 Place Pillain
36150 Vatan
www.cecileloyer.com
> Cascade
Jazz Magazine - David Cristol - Novembre 2013, « Cascade »
Très impliquée dans la conception de ce spectacle mêlant danse, musique et théâtre, Joëlle Léandre chante, joue de la
contrebasse et… joue la comédie - sans avoir à trop forcer sa nature pour cela. Si certains passages de la pièce (créée en
2012), dont l’aspect happening résulte en réalité d’une écriture précise, provoquent de francs éclats de rire dans la salle (à
commencer par ce chroniqueur, agrippé aux accoudoirs pour ne pas rouler sous le fauteuil), le propos n’en est pas moins
virulent, sur un monde dont l’absurdité multiforme confine désormais au tragique.
La bande-son, signée Joëlle Léandre et Jean-Marc Foussat, colporte des échos brefs mais répétés de Trénet (« La mer
»), Adamo (« Tombe la neige ») et Alamo (« Biche, oh ma biche ») (prenant acte de la pollution sonore qui pèse sur nos
existences?), tandis que bruits d’eau, d’orage, d’animaux, de cloches d’église de village et de craquements de vinyle se
succèdent ou plutôt se superposent.
Les thématiques qui se dégagent de la performance sont celles du consumérisme, du gaspillage, du chaos, de la malbouffe,
du règne de l’apparat et de la vanité, des normes et autres fausses valeurs, autant de problématiques précédemment
exprimées de façon poétique par Léandre sur scène et hors de scène. Des passages dansés accompagnés par la contrebasse
alternent avec ceux abordés à deux comédiennes façon sketch. Le tout sans grand discours (tant mieux), mais via de féroces
saynètes présentées in medias res et se précipitant vers diverses manières de catastrophe. L’aspect destructeur et le recours
à de nombreux accessoires donnent à la scène des airs de champ de bataille une fois le spectacle achevé.
Cécile Loyer impressionne autant par la grâce de ses mouvements, qui impliquent de passer par diverses postures
improbables, que par ses aptitudes à tenir une ribambelle de rôles, avec un jeu de visage allant de l’effroi à la farce – les
deux pôles de la comedia del arte, si loin, si proche, et que la vis comica de l’artiste communique parfaitement à l’assistance.
C’est aussi la confirmation, si besoin était, que Léandre n’a nul besoin de sa contrebasse pour tenir la scène – cette part de
sa personnalité trouve ici à s’épanouir. Il faut la voir être coachée par sa partenaire dans la manière de se présenter face au
public, ou s’empiffrer de céréales tirées d’un sachet en plastique tout en donnant sa recette du gratin dauphinois à l’ail, ou
manier un aspirateur de table. Impayable.
Jazz Magazine - Philippe Méziat - Novembre 2013, « Cascade »
Cascade, c’est un spectacle qui ressort plutôt de la catégorie du théâtre musical, même si le geste inaugural de cette
petite heure surprenante et jouissive reste la rencontre entre musique et danse. Côté musique, tout repose sur la bande
son concoctée par Joëlle Léandre avec la complicité de Jean-Marc Foussat, et sur quelques interventions en direct à la
contrebasse, et côté danse, mime, expression corporelle comme on disait naguère, tout vient de Cécile Loyer, grande et
mince chorégraphe et danseuse qui a travaillé, entre autres, avec Josef Nadj. Une heure de folie douce, très écrite dans son déroulement (la bande son commande) et en même temps très ouverte,
mise au point par les deux femmes au terme d’un travail qu’on devine très minutieux. Un univers où l’on rit (on est parfois
tout près du registre clownesque, même si Joëlle n’aime pas ce terme), mais où l’on s’émeut aussi de ce qu’il ressort de la
condition humaine, de notre conditions d’humains aujourd’hui. Concrètement, des ustensiles de cuisine, des panneaux de
bois, un tas de vêtements, une chaise, et pour Cécile Loyer maintes occasions de jouer avec tout ça pour, alternativement,
s’y perdre ou s’y trouver.
Du rire aux larmes. Une très belle performance. Et une rencontre très suivie après le spectacle avec le public.
Umoove - Louise Dutertre - Mars 2013, « Cascade »
Au Centre National de la Danse (Pantin) de l’accumulation comme art vibratoire
Tout ici participe à une forme de chaos, de paroxysme tel, que le corps n’a d’autre choix que de s’y engouffrer. Il est cette
matière sans cesse bousculée, triturée, malaxée. L’engagement physique est total. Le grotesque et l’absurde l’emportent
sans s’égarer vers une quelconque lourdeur ou vulgarité.
Cécile Loyer, chorégraphe de plus d’une dizaine de pièces maintenant, arrive à chaque histoire à être à la fois le fil et sur le
fil. Elle est troublante de cette expressivité fortement liée au bûto. Danse dont elle reçu l’enseignement auprès de Mitsuyo
Uesugi (une soliste formée par le maître Kazuo Ohno). Vêtue d’une robe à fleurs, un ballon dans les mains, elle avance vers
le public, étonnée, rieuse, puis bouleversée et triste. Chaque état émotionnel traversé est incarné par tout son corps avec
une telle justesse que l’on est soi-même bouleversé.
Cascade est une pièce inclassable : ni dansée, ni musicale, ni théâtrale mais tout à la fois. Une fenêtre grande ouverte sur des
personnages dont le quotidien est à la fois proche du nôtre tout en étant éloigné par sa dimension clownesque et poétique.
Cécile Loyer et Joëlle Léandre jouent avec l’accumulation et le dénuement jusqu’à faire vibrer les corps dans ce qu’ils ont de
plus lumineux et obscur.
La Nouvelle République - Marie Gosselin - Janvier 2013, « Cascade »
(...) un duo assez exceptionnel : la danseuse Cécile Loyer – issue du Centre national de danse contemporaine d’Angers,
chorégraphe, qui a longtemps travaillé l’impro avec de nombreux centres chorégraphiques et collaboré aux créations de
Josef Nadj, du Centre Chorégraphique d’Orléans et de la danseuse de butô japonaise Mitsuyo Uesugi – et la contrebassiste
Joëlle Léandre, compositrice et fidèle accompagnatrice de grands noms du jazz.
Cette curieuse rencontre de deux talents a permis la création de Cascade, « un patchwork de saynètes d’où est exclu
volontairement tout sens de narration, partition non élaborée dans une totale liberté d’action ». Le bruit permanent de
l’eau en cascade, métaphore du temps qui passe et emporte tout. Tout, mais quoi, au juste? Beaucoup d’humour sur nos vies
de consommateur effréné et un regard lucide sur un monde contemporain où l’on cherche désespérément du sens, où les
identités étouffées se construisent sur du trop plein (multiplication des tenues que l’on enfile fiévreusement, pauvreté mise
en avant par un décor de sobres palettes, extraits de radio superposés) et cette souffrance exprimée par le déplacement
superbement chaotique de la danseuse et le son déchirant et syncopé de la contrebasse.
Comme l’artiste l’écrit sur la palette : « Tous dehors free ! » sinon, on risque d’étouffer.