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METIERS BATI LA REVUE DES BÂTISSEURS NUMÉRO 28 SEPTEMBRE 2012 LES RIVES DE L’ORNE Les entreprises locales relèvent le défi ENVELOPPE RT 2012: Outil en ligne pour les acteurs de la paroi vitrée ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES AMÉNAGEMENT/ FINITIONS L’habilitation électrique: Carrelage collé : des évolutions une obligation pour tous en phase avec le marché SOMMAIRE . ÉDITO B ÂT I M É T I E R S • R E V U E T R I M E S T R I E L L E • N U M É R O 2 8 • S E P T E M B R E 2 0 1 2 L’ACTUALITÉ 2 Pros de la performance énergétique® : des procédures d’obtention aménagées • Concours Métal Jeunes 2012 : variations autour des arts forains • RT 2012 : compte à rebours pour l’avènement de la basse consommation • Concours Batissiel : quand les élèves découvrent l’art de bâtir • Boîte à outils : des vidéos pour les professionnels • PRDM: un outil au service des entreprises GRAND TÉMOIN MÉTIERS GROS ŒUVRE/ STRUCTURE 14 10 Benoît Fauchard : La dynamique du « travailler ensemble » DOSSIER Fondations sur pilotis : la construction bois monte la pente 13 Rives de l’Orne: trois PME normandes relèvent le défi 14 Rupteurs thermiques : assurer la continuité de l’isolation 17 Béton : balayer les classes d’exposition en un coup d’œil 19 Charpente métallique : intégrer le montage-levage au planning du chantier 20 Maçonnerie gros œuvre : des fiches d’autocontrôle pour ne rien oublier 20 48 ENVELOPPE Mettre en œuvre l’étanchéité à l’air INNOVATION 54 Panneaux isolants sous vide : une solution prometteuse SÉCURITÉ 56 Amiante : une nouvelle réglementation qui renforce la prévention • Installer des modules photovoltaïques en toute sécurité FORMATION Doubles fenêtres : un rôle à jouer 23 en rénovation énergétique RT 2012: outil en ligne pour les acteurs de la paroi vitrée 24 Toitures-terrasses : des recommandations professionnelles 24 pour l’isolation thermique 27 ITE : recenser les savoir-faire métier 28 Écrans souples de sous-toiture : quand et comment les utiliser ? 30 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES 58 Le CQP : un outil de motivation • Accessibilité : une formation de référence • Encadrement de chantier : un nouveau CQP menuiserie NORMALISATION 59 NF DTU et assurances : être bien couvert • Calepin et chantier : l’essentiel des DTU illustrés ENVIRONNEMENT 61 Éco-matériaux et rénovation du patrimoine : un entrepreneur basque teste les enduits chaux-chanvre • Déchets métalliques : des flux encadrés ZOOM CHANTIER 62 La nouvelle vie du Domaine de Saint-Paul LA PAROLE À Bruno Louges « Accompagner le changement » 33 Maintien à domicile: une carte à jouer pour les électriciens 33 L’habilitation électrique : une obligation pour tous 34 Cogénération : les chaudières électrogènes s’ouvrent au marché 36 Énergies renouvelables : les signes de qualité indispensables 36 Tuiles photovoltaïques : des systèmes à découvrir ou à redécouvrir 37 Installation solaire rapportée : garantir l’étanchéité des toitures-terrasses 38 64 Peinture : être attentif AMÉNAGEMENT/ à la réception de chantier FINITIONS 41 Carrelage collé: des évolutions en phase avec le marché 42 SEL et SPEC : ne pas confondre étanchéité et protection à l’eau sous carrelage 44 Internet : créer un site pour valoriser son travail 45 Linoléum : un nouveau CPT pour unifier les bonnes pratiques 46 42 Aider les peintres à réaliser leurs mémoires techniques 46 CCTP : définir un langage commun 46 Confiance et visibilité pour l’avenir lors que la situation économique reste tendue, les professionnels espèrent que la rentrée leur apportera des signaux encourageants. D’autant qu’à cette conjoncture difficile, s’ajoutent d’autres contraintes, dont l’accumulation rend plus difficile encore le quotidien des entreprises. En matière de prévention par exemple, le nombre des formations obligatoires ne cesse d’augmenter, que ce soit pour le travail en hauteur, l’amiante ou plus récemment le risque électrique. Plus généralement, l’inflation de normes et réglementations techniques complique l’exercice de nos métiers, bouleversés par un environnement en évolution constante. Dans ce contexte, la Fédération française du bâtiment reste mobilisée. Pour une prévention plus efficace, elle propose de créer les conditions qui permettront aux entreprises de répondre à leurs obligations de formation et de les intégrer dans les référentiels de formation initiale. Et bien sûr, elle plaide pour que soit mis fin à l’empilement désordonné des normes et réglementations ! C’est le sens des 85 propositions(1) de la FFB, transmises à l’ensemble des députés récemment élus. Elles constituent autant de réponses à nos préoccupations et s’appuient sur le principe d’un équilibre entre incitation et obligation, gage de confiance et de visibilité pour l’avenir. A (1) www.ffbatiment.fr, rubrique actualités JEAN-YVES ROBIN, VICE-PRÉSIDENT DE LA FFB L ’ A C T U A L I T É Bâtiments existants: obligation d’attestation pour le respect de la RT À partir du 1er janvier 2013, les maîtres d’ouvrage seront dans l’obligation de fournir une attestation déclarant que la réglementation thermique en vigueur a bien été respectée. Selon le décret n°2012-490 publié au Journal officiel le 15 avril 2012, sont concernés tous les bâtiments existants faisant l’objet d’une demande de permis de construire ou d’une déclaration. L’attestation sera établie soit par un contrôleur technique, soit par une personne habilitée à la réalisation du diagnostic de performance énergétique, soit par un des organismes certificateurs, soit encore par l’architecte. L’attestation devra être jointe à la déclaration d’achèvement des travaux. Programme « Habiter mieux » : une charte de bonnes pratiques L’Agence nationale de l’habitat (Anah) vient de publier une charte de bonnes pratiques pour les entreprises souhaitant participer au programme « Habiter mieux ». Les entreprises signataires seront mobilisables en priorité pour réaliser des travaux auprès de ménages modestes. Lancé en 2010 et doté de 1,35 milliard d’euros pour la période 2011-2017, ce programme est destiné à aider les propriétaires modestes à financer des travaux de rénovation énergétique de leur logement. Le montant moyen des travaux est aujourd’hui de 14 200 euros, et l’objectif est d’arriver à 30 000 foyers aidés cette année. Pour les entreprises et notamment les Pros de la performance énergétique®, il s’agit d’une opportunité nouvelle à saisir. La FFB a par ailleurs signé une convention de partenariat avec l’Anah, qui précise que ces entreprises qualifiées peuvent participer à l’accompagnement des propriétaires occupants et être force de propositions techniques adaptées. 2 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 PROS DE LA PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE® Des procédures d’obtention aménagées près le 31 décembre 2013, seules les entreprises titulaires d’un signe de qualité « Reconnu Grenelle environnement » (RGE) pourront faire bénéficier leurs clients d’aides publiques (éco-PTZ, crédit d’impôt développement durable) pour le financement de travaux. Créée par la FFB pour aider les entreprises à se positionner sur les marchés de la performance énergétique et valoriser leurs compétences auprès des maîtres d’ouvrage, la marque Les Pros de la performance énergétique® est « RGE ». Valable trois ans, elle s’appuie sur trois exigences fondamentales : l’engagement d’éco-responsabilité, matérialisé par la signature de la charte Bâtir avec l’environnement ; la compétence technique, reconnue via la détention d’une qualification professionnelle ; la compétence dans le domaine de la performance énergétique, grâce au suivi de formations FEEBat A dédiées. Un audit de chantier réalisé dans les vingtquatre mois suivant l’attribution de la marque renforce sa valeur auprès des clients. Pour répondre aux exigences de la charte « RGE », la FFB a fait évoluer le référentiel de la marque des Pros de la performance énergétique®. Trois innovations principales, mises en place en accord avec les pouvoirs publics, sont à noter. Tout d’abord, la possibilité d’attribuer la marque de manière provisoire aux entreprises ne disposant pas encore de qualification professionnelle ; elles doivent dans ce cas s’engager à en obtenir une sous douze mois et démontrer le respect des autres critères de la marque VERS UNE CONVENTION FFB – MÉTIERS DE L’HÔTELLERIE La signature de la convention entre la FFB et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), qui fédère 80 000 adhérents, devrait intervenir dès cet automne. En sensibilisant ses adhérents à la nécessité de réaliser des travaux de qualité, notamment pour mettre leurs établissements en conformité avec la réglementation accessibilité, l’UMIH ouvre un autre marché important aux entreprises et en particulier aux « Pros », qui pourront faire état de leurs compétences en matière de rénovation énergétique et d’accessibilité. (formation FEEBat, charte Bâtir avec l’environnement), ainsi que de certaines exigences administratives et juridiques (assurance par exemple). La deuxième évolution concerne le suivi des formations : une simplification des exigences permet de mieux prendre en compte la variété des situations des entreprises. Enfin, compte tenu du renforcement des exigences liées aux qualifications délivrées par Qualit’EnR, les professionnels qui en sont titulaires bénéficient de conditions d’accès assouplies à la marque des Pros de la performance énergétique®. Alors que le plan Bâtiment est sur le point d’être reconduit, le gouvernement a affirmé l’objectif d’assurer chaque année la rénovation thermique de 600 000 logements (dont 100 000 logements sociaux et 50 000 logements en situation de précarité énergétique), un marché considérable s’ouvre pour les entreprises détentrices d’un signe de qualité « Reconnu Grenelle envi ronnement ». POUR EN SAVOIR PLUS Contactez la FFB de votre département. L ’ A C T U A L I T É CONCOURS MÉTAL JEUNES 2012 AGENDA Variations autour des arts forains ancé en 1998 et organisé tous les deux ans sur un thème différent par l’Union des métalliers, le concours Métal Jeunes a connu un vif succès lors de son édition 2012, dont les prix ont été remis le 8 juin à Marseille à l’occasion des Assises de la métallerie. Sur le thème des arts forains, trentesix œuvres étaient en compétition, réalisées dans toute la France par les jeunes des centres de formation dédiés aux métiers du métal dans le bâtiment (métalliers, métaluverriers, chaudronniers). Constituant une première mise en situation professionnelle, avec présentation sur scène des travaux, le concours est une occasion unique de mettre en 11 ET 12 OCTOBRE 2012 Congrès de l’UMPI-FFB, Strasbourg « Nos entreprises et nos métiers demain » L 11 ET 12 OCTOBRE 2012 Journées régionales du GMH-FFB, Besançon © FFB-METALLERIE DU 11 AU 13 OCTOBRE 2012 Les Coulisses du bâtiment Partout en France, des professionnels de la FFB ouvrent leurs ateliers et chantiers aux jeunes et au grand public valeur le travail fourni par ces jeunes. Dix œuvres ont été distinguées lors de cette 8e édition. Les premiers prix ont été décernés à l’équipe de BP métallier du CFA BTP de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), pour le niveau IV, et à celle de 1re bac pro Métallerie de l’Atelier d’ap- prentissage de la Giraudière (Rhône), pour le niveau V. Pour sa prochaine édition, le thème du concours sera « Contes et légendes ». POUR EN SAVOIR PLUS Réalisations des lauréats consultables sur www.metal-pro.org RT 2012 Compte à rebours pour l’avènement de la basse consommation ’application limitée depuis octobre 2011, la RT 2012 entrera en vigueur pour tous les projets de bâtiments neufs à usage d’habitation au 1er janvier prochain. Très commentée et attendue, cette nouvelle réglementation marque l’entrée en scène de nouveaux concepts et objectifs en matière de performance du bâti (Bbio), de consommation d’énergie primaire (Cep) et d’étanchéité à l’air de l’enveloppe – ce dernier critère de performances devant désormais être contrôlé par une mesure à l’achèvement des travaux (voir « RT 2012, les fondations du BBC », Bâtimétiers n° 21, décembre 2010, p.52). En rupture sur la méthode avec les réglementations qui D l’ont précédée, celle-ci introduit une nouvelle approche des projets, tant en conception qu’en exécution (importance de la mise en œuvre et du traitement des interfaces) pour atteindre les objectifs. Depuis deux ans, la FFB n’a pas cessé d’attirer l’attention des entreprises sur ces enjeux au travers de réunions techniques territoriales et par la mise à disposition d’outils (formations spécifiques, fiches « RT 2012 : exemples de solutions »…). S’il reste beaucoup à faire, notamment pour décloisonner les métiers, la profession aborde le changement mieux préparée techniquement qu’elle ne l’a été par le passé. La perspective apparaît plus incertaine sur le plan économique, pas tant du fait du surcoût qu’entraînera la RT 2012 (qui doit être rapporté en partie aux gains d’une conception plus aboutie et à la diminution des consommations énergétiques) qu’en raison des moyens plus limités des maîtres d’ouvrage dans un contexte tendu, où la contrainte réglementaire se sera substituée aux incitations. À noter : un peu plus d’un an après la première mise en application de la RT 2012, la FFB organisera un colloque sur ce thème le 12 décembre 2012 à l’attention des professionnels et de l’ensemble de ses partenaires. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-DAT (Direction des affaires techniques), tél. : 01 40 69 52 67, www.ffbatiment.fr, espace adhérent. 12 ET 13 OCTOBRE 2012 Congrès de l’UECF-FFB, Annecy 16 OCTOBRE 2012 2e assises « Électricité et habitat » de Promotelec, Paris 25 ET 26 OCTOBRE 2012 Congrès de l’UNECB-FFB, Reims DU 1ER AU 4 NOVEMBRE 2012 Vivons bois, Bordeaux, Parc des expositions Salon de la construction bois du grand Sud-Ouest de la France DU 2 AU 5 NOVEMBRE 2012 Construire naturel, Lille, Grand Palais Salon de la maison bois, des éco-matériaux et des énergies renouvelables DU 13 AU 16 NOVEMBRE 2012 Metal Expo et Equip’baie, Paris Porte de Versailles, Parc des expos Salon du métal dans la construction et salon international de la fenêtre, de la porte, de la fermeture et de la protection solaire DU 14 AU 15 NOVEMBRE 2012 Journées de la géothermie, Paris, Centre des congrès de la Cité des sciences de la Villette Salon professionnel, conférences, formations DU 15 AU 17 NOVEMBRE 2012 Innobat, Biarritz, Halle d’Iraty Salon professionnel de la construction DU 16 AU 18 NOVEMBRE 2012 Bâtir écologique, Paris, Grande Halle de la Villette Salon national de la construction écologique et de l’habitat sain DU 27 AU 30 NOVEMBRE 2012 Pollutec, Lyon, Eurexpo Salon international des équipements, des technologies et des services de l’environnement 12 DÉCEMBRE 2012 Colloque RT 2012, FFB, Paris SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 3 L ’ A C T U A L I T É Mobilier professionnel : vers une filière de recyclage Organiser la filière de recyclage du mobilier professionnel en fin de vie, telle est la mission de l’écoorganisme Valdélia (Valorisation des déchets liés à l’ameublement), en cours d’agrément par les pouvoirs publics. Les entreprises d’agencement pourront y adhérer pour satisfaire à leur obligation de recyclage de mobilier professionnel (bureau, magasin, hôtellerie…). Cette nouvelle filière devrait être opérationnelle en fin d’année. Pour en savoir plus www.valdelia.org DICT : tout savoir sur le guichet unique Depuis qu’a été lancée la réforme de la réglementation des travaux à proximité des réseaux et de la procédure de DICT (déclaration d’intention de commencement de travaux), en mars 2008, beaucoup de chemin a été parcouru. C’est pourquoi la FFB, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et la Fédération des SCOP du BTP, en partenariat avec les trois mutuelles composant la SGAM BTP (Groupe SMABTP, l’Auxiliaire et CAM BTP) ont publié un guide, Travaux à proximité des réseaux, synthétisant tout ce que les entreprises doivent absolument savoir sur le sujet. Les entreprises y trouveront l’explication du nouveau dispositif réglementaire (loi Grenelle II, décret du 5 octobre 2011 et son arrêté d’application, guichet unique à consulter obligatoirement, norme Afnor NF S70-003, guide technique) et ses implications pour chaque acteur à l’amont des travaux et pendant la phase d’exécution. Y figurent également les sanctions auxquelles les entreprises s’exposent en cas de non-respect de leurs obligations, des annexes pratiques, ainsi que les coordonnées des organismes ressources (observatoires régionaux DT/DICT, mais aussi OPPBTP, Carsat…). Pour en savoir plus Ce guide peut être téléchargé gratuitement sur le site www.ffbatiment.fr, rubrique Travaux. 4 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 CONCOURS BATISSIEL Quand les élèves découvrent l’art de bâtir e concours Batissiel existe depuis huit ans. Il récompense la production collective d’une équipe d’élèves autour d’un sujet concernant la construction d’un bâtiment ou d’un ouvrage de travaux publics. Fruit d’un partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale, la Fondation École française du béton, la Fédération française du bâtiment et la Fédération nationale des travaux publics, il a pour but de favoriser l’intérêt des élèves pour le secteur de la construction (bâtiments et ouvrages d’art) en valorisant une approche du monde professionnel par la découverte des réalisations techniques et des métiers associés. Il comporte des sélections académiques suivies d’une finale nationale et concerne trois niveaux d’enseignement : les 5e, les 3e et les classes professionnelles (Segpa, 3e prépa pro). Cette année, c’est une classe du collège Pierre-Gilles de Gennes de Petite Forêt, près de Valenciennes (académie de Lille) qui a obtenu le premier prix national pour le niveau 5e. « En début L d’année scolaire, je cherchais un moyen de mener à bien un projet qui puisse mutualiser les connaissances de l’année, en permettant aux élèves de réinvestir les connaissances apprises en classe. C’est pour cela que nous nous sommes inscrits au concours Batissiel, dont j’ai appris l’existence en faisant une recherche sur Internet », explique avec enthousiasme Dominique Pique, l’enseignante chargée des cours de technologie. Les vingt-huit élèves de la classe se sont énormément investis dans le projet, en ne comptant pas leurs heures de travail, y compris pendant les vacances et les week-ends. C’est le réaménagement d’un ancien viaduc délabré dans une zone en réhabilitation urbaine qui a inspiré les élèves. Au final, validant ainsi leurs connaissances en matière de résistance des matériaux, ceux-ci ont étudié la faisabilité d’un pont à haubans, qui a donné lieu à la réalisation d’une maquette en bois de 60 x 50 cm. Baptisé «Ch’ti pont du futur» en hommage aux chevalets en béton armé qui servaient autrefois à remonter le charbon de la mine, le projet a donné lieu à une présentation par trois élèves au niveau de l’académie, puis le 6 juin dernier lors de la finale nationale. « En plus de gagner des cadeaux récompensant leur premier prix (quatre iPad3 entre autres), explique Dominique Pique, les élèves ont surtout appris à mener un projet ensemble, dans le respect et l’écoute mutuels. Cela leur a aussi permis de faire de la recherche documentaire, de se dépasser, d’apprendre à prendre la parole et de réviser dans le plaisir leurs bases de français, de maths et même d’histoire-géographie. » Au final, une réussite indéniable qui a donné à certains élèves l’envie de s’investir dans un secteur d’activité qui ne leur était pas forcément familier. L’une des participantes veut ainsi devenir ingénieure en BTP, un autre maître d’œuvre, un troisième grutier… POUR EN SAVOIR PLUS http://batissiel.informationeducation.org/ ENQUÊTE BÂTIMÉTIERS Ce qu’attendent les lecteurs ieux connaître les attentes des lecteurs pour répondre à leurs besoins d’information, tel était l’objectif de l’enquête sur Bâtimétiers menée en juin et juillet par la FFB. Les différents métiers, régions et tailles d’entreprises étaient représentés dans les réponses recueillies. Une première analyse des résultats confirme que Bâtimétiers est perçu comme un outil fiable et sérieux, source d’information de référence, notamment sur l’ac- M tualité technique. La majorité des lecteurs conserve la revue après lecture et s’y réfère pour y chercher une réponse ; un quart la fait circuler au sein de l’entreprise. Si le contenu de la revue est jugé globalement intéressant, les articles traitant des DTU et règles professionnelles, de l’innovation et de l’évolution des métiers sont particulièrement appréciés. Les lecteurs plébiscitent les sujets très illustrés, les schémas, les fiches techniques ainsi que les reportages chantiers. La version en ligne de Bâtimétiers est peu connue ; le renforcement de sa visibilité devrait faire partie des axes de progrès. La FFB tient à remercier les adhérents ayant répondu à l’enquête ; ces premières tendances vont permettre de mieux identifier les forces et faiblesses de la revue et d’envisager les évolutions appropriées. Avec toujours, le même objectif : améliorer le service rendu aux adhérents. L ’ A C T U A L I T É Colloques régionaux : le bois dans la ville Mieux cerner les enjeux de la construction bois en milieu urbain : tel est l’objet d’un cycle de huit colloques régionaux, organisés jusqu’au 6 décembre dans le cadre de la campagne Bois.com 2012. Ces rencontres seront l’occasion de dresser un panorama des solutions constructives bois innovantes pour les applications urbaines : agrandissement, surélévation, extension, réhabilitation, construction multi-étages. Chaque colloque accueillera un débat réunissant maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, spécialistes de la construction bois et de l’urbanisme, au regard de la stratégie territoriale et des enjeux locaux. Pour en savoir plus www.leboisdanslaville.com Bardages acier : adaptation à la réglementation sismique (1) Voir le dossier « Une nouvelle approche du risque sismique », Bâtimétiers n°23, juin 2011. 6 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 omment s’organiser pour offrir aux adhérents un service plus performant sur les sujets techniques et métiers ? Une question au cœur des réflexions de la Fédération française du bâtiment pour favoriser « l’évolution des métiers et l’adaptation des structures professionnelles », ainsi que le projette son Livre blanc publié en mars 2011. En juin dernier, un séminaire d’actualités techniques réunissait une centaine de collaborateurs du réseau territo- C rial et métiers FFB. L’occasion de revenir dans un premier temps sur les grands enjeux de la réglementation – DICT, amiante, sismique, termites, habilitation électrique –, puis de présenter un point d’actualité sur des sujets tels que la performance énergétique, les matériaux biosourcés, les certificats d’économie d’énergie (CEE), la gestion des déchets de chantier ou encore le programme RAGE 2012. Objectif de cette journée de travail, qui se tient chaque année : permettre aux collaborateurs en région d’être en pointe sur l’actualité des métiers et d’identifier les ressources du réseau FFB en matière technique et réglementaire. Avec, en ligne de mire, l’ambition de renforcer les liens entre les entreprises et les fédérations locales. Ces dernières sont les interlocuteurs de référence des adhérents, les accompagnant sur ces sujets ou les orientant vers l’expert approprié. BOÎTE À OUTILS Des vidéos pour les professionnels AMIANTE: UNE ÉMISSION DE TÉLÉVISION SOUS LA FORME D’UN JEU Un outil original d’information des professionnels du BTP sur les risques, les obligations en matière d’amiante: une émission TV interactive dédiée proposée par l’OPPBTP et les organisations professionnelles. D’une durée de 40 minutes, elle est accessible sur le site www.amiantereponsedexpert.fr où il est également possible de commander le DVD gratuitement. PARCOURS DE SENSIBILISATION AMIANTE Un outil multimédia interactif, à consulter individuellement ou en session collective, pour le personnel intervenant sur les chantiers de rénovation de bâtiments construits avant 1997 et donc susceptibles de contenir de l’amiante. Une attestation individuelle doit être signée par l’employeur une fois le parcours effectué pour valider la formation. Consultable en ligne et téléchargeable sur le volet adhérent du site internet de la FFB: www.ffbatiment.fr PERMÉABILITÉ À L’AIR Une série de quatre vidéos proposées par la Fédération du BTP 77, accompagnées de guides PDF. Très techniques, elles rappellent les règles de l’art et accompagnent les entreprises dans l’évolution des règles professionnelles. www.ffbatiment.fr, espace adhérents, rubrique Vidéos . V Afin de répondre aux dispositions de la nouvelle réglementation sismique(1) (arrêté du 22 octobre 2010, modifié le 19 juillet 2011), un amendement paru en mars 2012 complète les règles professionnelles pour la fabrication et la mise en œuvre des bardages acier – règles datant de 1981. Cet amendement définit les dispositions techniques qui doivent être appliquées lors de la mise en œuvre des bardages acier, quand cela est nécessaire, en fonction des zones de sismicité, des classes de sols et des catégories d’importance des bâtiments. Pour en savoir plus CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l’étanchéité), tél. : 01 56 62 13 20, www.etancheite.com Un réseau FFB encore plus performant au service des adhérents PLANCHERS À PRÉDALLES SUSPENDUES: MISE EN PLACE DES BOÎTES D’ATTENTE Pour les opérateurs de banches et tout le personnel impliqué dans la manipulation de prédalles, ce film détaille la mise en place des boîtes d’attente, étape-clé du chantier. Il est complété par un carnet de chantier. www.umgo.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 7 L ’ A C T U A L I T É Accessibilité dans les salles de bain : deux nouveaux guides La réglementation impose dans les logements collectifs neufs, soit d’installer à la livraison, soit de ménager la possibilité d’installer ultérieurement, des douches accessibles aux handicapés sans toutefois explicitement définir ce qu’est une douche accessible. Pour pallier cette absence, deux guides réalisés sous l’égide du MEDDE (ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Energie) en collaboration avec la FFB et ses Unions et Syndicats de métiers concernés sont disponibles en ligne. Ils concernent la mise en œuvre des douches de plain-pied dans les salles d’eau à usage individuel en travaux neufs, et les salles d’eau accessibles à usage individuel dans les bâtiments d’habitation. Pour en savoir plus Guides disponibles sur www.developpement-durable. gouv.fr Vers un label « bâtiment biosourcé » Selon le décret n°2012-518 du 19 avril 2012, « les bâtiments nouveaux intégrant un taux minimal de matériaux biosourcés et répondant aux caractéristiques associées à ces matériaux peuvent prétendre à l’obtention d’un label Bâtiment biosourcé ». Un arrêté à paraître définira le taux minimal de matériaux biosourcés – c’est-à-dire les matériaux issus de la biomasse végétale ou animale comme le bois, le béton de chanvre, la paille, la ouate de cellulose, la laine de mouton… – pour pouvoir prétendre au label. VOUS CHERCHEZ UN ARTICLE DE BATIMETIERS ? @ www.ffbatiment.fr espace adhérents 8 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 PRDM Un outil au service des entreprises réparer les métiers à l’arrivée de nouvelles réglementations ou de nouveaux produits, réduire la sinistralité, améliorer la qualité tout en anticipant l’évolution des métiers : tels sont les principaux axes de recherche du Programme de recherche développement métier (PRDM) de la FFB. Chaque année, il se décline en une cinquantaine d’actions qui peuvent prendre la forme d’expérimentations, d’investigations, d’études théoriques ou d’analyses de bonnes pratiques. Les principaux résultats des actions de recherche finalisées sont présentés chaque année lors des rencontres des métiers du bâtiment, dont la deuxième édition s’est déroulée en janvier dernier. Objectif : mettre en exergue les réponses concrètes apportées aux problèmes rencontrés sur le terrain par les professionnels. C’est ainsi que l’UECF-FFB a présenté trois fiches-conseils destinées à aider les entreprises à P mieux aborder l’installation d’énergies renouvelables (ENR), rédigées par le Costic. Une première fiche est destinée à aider l’entreprise lors de la visite chez le client, afin d’évaluer avec précision les travaux à entreprendre et de faire la meilleure offre. La deuxième est une fiche d’autocontrôle permettant de s’assurer que tous les travaux ont été correctement réalisés et d’éviter ainsi les sinistres. La dernière, intitulée « Devoirs de conseil », indique au client ou au maître d’ouvrage les obligations d’entretien. Ces trois fiches existent pour la plupart des ENR (pompes à chaleur, solaire, chaudières bois…). Elles sont téléchargeables sur le site www.uecf.fr. Autre exemple d’action menée à bien grâce au PRDM : depuis 2009, l’UNRST-FFB a conduit, en liaison avec le CSTB et les industriels (revêtements de sol, colles, dallages), une étude destinée à optimiser les adhérences à chaque phase du processus de mise en œuvre d’un système de revêtement de sol technique collé (PVC, linoléum, caoutchouc). Après validation des méthodes d’essais avec les laboratoires, les industriels et sur les chantiers, le programme de recherche a consisté à proposer des spécifications minimales à introduire dans tous les documents de mise en œuvre afin d’aider les entreprises à choisir le produit adapté à l’ouvrage considéré. Elles sont regroupées dans deux référentiels, l’un permettant de valider les compatibilités des produits, le second concernant l’application des colles pour les PVC, linoléums et caoutchoucs. POUR EN SAVOIR PLUS • UECF-FFB (Union des entreprises de génie climatique et énergétique de France), www.uecf.fr • UNRST-FFB (Union nationale des revêtements de sols techniques), tél. : 01 40 69 51 45, www.unrst.com BÉTON ET MORTIER DE CHANVRE Les règles professionnelles publiées es règles professionnelles d’exécution d’ouvrages en béton et mortier de chanvre sont parues dans la publication semestrielle de juillet de la Commission prévention produits mis en œuvre (C2P) de l’Agence Qualité Construction (AQC). Présentées par l’association Construire en Chanvre (CenC) et acceptées en début d’année par C2P, elles décrivent les bonnes pratiques de mise en œuvre des matériaux dans quatre applications – réalisation de murs, d’enduits, de formes de sols et d’isolation de toiture – et L indiquent les objectifs de performance à tenir. Cette acceptation s’accompagne d’une démarche de suivi du retour d’expérience. CenC est ainsi chargé de constituer un panel de chantiers et d’assurer le suivi des ouvrages dans le temps, collectant les informations relatives aux éventuels désordres ou difficultés rencontrés. Un point avec l’AQC sera effectué tous les deux ans, afin d’amender les règles en fonction de l’évolution des connaissances et des techniques. Mises en place pour garantir la qualité des ouvrages, les règles professionnelles visent aussi à apporter aux clients toutes les garanties en termes d’assurance. Elles devraient permettre aux entreprises de s’approprier plus aisément ces techniques constructives et contribuer au développement de la filière. POUR EN SAVOIR PLUS • UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59, www.umgo.ffbatiment.fr • Les règles professionnelles d’exécution d’ouvrages en béton et mortier sont disponibles auprès de SEBTP : www.sebtp.com G R A N D T É M O I N LA DYNAMIQUE DU «TRAVAILLER ENSEMBLE» Professionnels de l’immobilier et entreprises de bâtiment sont complémentaires pour accompagner leurs clients communs dans leurs projets d’éco-rénovation. Créer du liant entre tous les acteurs de ces projets est synonyme de sécurisation des travaux et de valorisation du patrimoine. Pouvez-vous nous résumer les missions de la FNAIM ? Nous sommes le principal syndicat professionnel du secteur de l’immobilier, avec 12 000 entreprises adhérentes qui exercent une large palette de métiers : agent immobilier, administrateur de biens et syndic de copropriété, qui sont les trois métiers les plus visibles et connus du grand public, mais aussi expert en évaluation immobilière, conseil en immobilier d’entreprise, promoteur, spécialiste en locations de vacances, en viagers, en affaires rurales et forestières, sans oublier diagnostiqueur, un métier qui s’est développé notamment avec l’obligation de réaliser un diagnostic de performance énergétique lors de la vente ou de la mise en location d’un bien immobilier. Comme la FFB dans son domaine, nous fédérons l’ensemble des métiers liés au secteur de l’immobilier et nous sommes très présents dans les territoires à travers nos chambres régionales et départementales. Cette diversité d’expertises et cet ancrage de terrain font que nous connaissons bien les attentes des consommateurs vis-à-vis de l’immobilier en général et du logement en particulier. Et qu’il s’agisse de vendre, acheter ou louer un bien, mais aussi de le gérer – sachant que nos adhérents gèrent la majorité des copropriétés privées en France. Nous sommes d’ailleurs une force de proposition recon10 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 nue et écoutée sur les enjeux de la lancé l’opération « 100 000 logepolitique du logement en France. ments éco-rénovés », en passe d’être achevée fin 2012. Et pour atteindre cet objectif, Comme la FFB, vous nous nous sommes engagés dans avez participé activement une politique active de partenaaux travaux du riat avec les grands acteurs de la plan Bâtiment Grenelle. filière au sens large : la FFB, que Qu’en retenez-vous ? J’en retiens d’abord l’importance nous appuyons dans sa démarche du « travailler ensemble » pour des Pros de la performance énerrelever le défi qui est au centre de gétique® ; EDF ; les industriels, ce plan : la rénovation énergétique qui développent les nouveaux du parc existant. Le risque de la produits ; les acteurs de la certifiprécarité énergétique est bien réel. cation de la qualité du logement, On estime à 8 millions le nombre avec Qualitel ; les économistes de de personnes en France qui ont la construction réunis au sein de des difficultés à se chauffer – voire l’UNTEC ; le Crédit foncier, pour ne se chauffent pas – à cause du l’éco-prêt à taux zéro… coût de l’énergie. Et le risque de précarité augmente avec les coûts Quel est l’objectif, sur le fond, de cette démarche de l’énergie. Or, si l’on ne sait pas, par défini- de partenariat ? tion, maîtriser le prix de l’énergie, Il est de créer du liant entre tous on sait maîtriser les consomma- ceux qui contribuent à la concrétions par la rénovation énergé- tisation d’un projet de rénovatique et donc lutter contre l’infla- tion énergétique, en coordonnant tion des coûts de fonctionnement nos efforts respectifs pour dévedes immeubles. Dans le logement lopper nos compétences compléneuf, on s’achemine, avec la nou- mentaires, en renforçant les synervelle réglementation thermique gies entre tous les acteurs, en nous et le BBC, vers une consomma- efforçant de parler le même lantion conventionnelle de 50 kWh/ gage vis-à-vis du client. Pour que (m2.an), alors que dans l’ancien, celui-ci passe à l’acte, il a besoin la consommation moyenne oscille d’accompagnement et de sécuriaujourd’hui entre 250 et 350 kWh/ sation dans toutes les dimensions (m2.an). Un tel écart ne peut per- de son projet – financement, accès durer. Réhabiliter les logements aux aides publiques, définition et existants et lutter contre le risque réalisation des travaux… Quand de précarité énergétique est donc nous lui recommandons de faire bien un grand enjeu collectif. C’est appel à un Pro de la performance avec l’objectif de passer à l’action énergétique®, nous le mettons sur ce terrain que la FNAIM a en relation avec un profession- ENTRETIEN AVEC BENOÎT FAUCHARD, PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ DE LA FNAIM nel formé spécifiquement à ces techniques et nous contribuons à sécuriser le volet travaux de son projet. Tout ce qui va dans le sens de la valorisation des compétences est synonyme de qualité au bénéfice du client. C’est toute l’utilité du label « Reconnu Grenelle environnement » et des démarches de qualification qui sont mises en avant à travers ce label. Dans cet accompagnement du client, quelle est la spécificité de votre approche de professionnels de l’immobilier ? Nos métiers nous donnent une vision de longue durée. Si nous conseillons à nos clients de réaliser des travaux, c’est dans une optique de valorisation de leur patrimoine à long terme. Dans le même état d’esprit, nous les incitons, lorsqu’ils engagent un projet de réhabilitation, à l’envisager non seulement sous l’angle des économies d’énergie, mais aussi sous celui de la sécurité, du confort et de l’accessibilité. Notre devoir de conseil est de les guider dans cette approche globale. De même, notre activité importante de syndic d’immeubles nous donne une vision élargie du fonctionnement d’un bâtiment au fil du temps, à travers le regard des occupants qui sont nos interlocuteurs permanents. Cette activité nous conduit notamment à accompagner les copropriétaires dans la réalisation Professionnel de l’immobilier en Vendée, président de la FNAIM Pays-de-Loire et président délégué de la FNAIM en charge des questions de développement durable, Benoît Fauchard représente la fédération au bureau du comité stratégique du plan Bâtiment Grenelle. Il est le maître d’œuvre de l’opération « 100 000 logements éco-rénovés » de la FNAIM. © V. LELOUP Quel regard portez-vous sur la collaboration entre professionnels de l’immobilier et du bâtiment ? Nous sommes engagés dans la même démarche, qui est d’intégrer le développement durable au centre de nos compétences, de nos offres et de nos services. Les nombreuses réunions organisées conjointement par la FNAIM et la FFB dans les territoires, pour aller à la rencontre de nos clients communs, montrent qu’une dynamique collective est en marche. des DPE (diagnostic de L’opération « 100 000 logements performance énergétique) éco-rénovés » n’est qu’une precollectifs obligatoires mière étape : les marchés liés à la pour les immeubles équi- performance énergétique, à l’acpés de chauffage collec- cessibilité et à l’optimisation tif, ou des audits énergé- du parc immobilier dans son tiques quand il s’agit de ensemble sont pour l’essentiel copropriétés de plus de devant nous et devraient se déve50 lots. Nous les accom- lopper fortement au cours des pagnons surtout dans l’éla- prochaines années – à condition boration des plans plurian- que l’environnement réglemennuels de travaux qui en taire et la politique du logement découlent avec, là encore, s’inscrivent dans une déterminaune importante dimen- tion certaine et pérenne. sion de conseil. Notre posi- Aborder ensemble ces martion est d’aborder de telles chés, comme nous avons comobligations réglemen- mencé à le faire, va dans le sens taires non pas comme des de ce que nos clients attendent : contraintes, mais comme leur proposer des solutions effides opportunités pour les caces, en réunissant les compécopropriétaires de créer de tences requises à chaque étape la « valeur verte » en réali- de leurs projets, en sécurisant sant des gains de charges, leurs travaux, en les aidant à se tout en sécurisant leurs poser les bonnes questions et à investissements et en valo- y apporter les bonnes réponses. risant leurs biens à long Le « travailler ensemble », dans cette démarche, terme. est bien sûr essentiel. SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 11 GROS ŒUVRE/STRUCTURE FONDATIONS SUR PILOTIS La construction bois monte la pente Les fondations sur pilotis sont une solution adaptée pour la construction bois sur terrain à faible portance ou à forte inclinaison, comme l’illustre cette maison individuelle de 150 m2 sur deux niveaux, construite sur la Côte d’Azur. © CCMB L es passants qui apercevront cette maison individuelle à ossature bois, construite en 2011 à Colomars, dans les Alpes-Maritimes, retiendront probablement sa façade de style provençal enduite à la chaux. Mais sa particularité tient davantage à ses fondations. « Cette maison repose sur des pilotis, une technique particulièrement adaptée quand le terrain a une forte inclinaison », explique Jean-Daniel Alzial, le dirigeant de CCMB, une entreprise de construction bois d’une quinzaine de salariés implantée à Châteauneuf-Grasse (AlpesMaritimes). Dans ce cas précis, la technique utilisée consiste à visser dans le sol des pieux métalliques munis d’une tête à hélice, d’un diamètre de 20 à 40 cm, à l’aide d’une machine spécifique. On obtient alors des ancrages, dépassant du sol, qui sont contreventés entre eux afin d’éviter tout phénomène de flambage et qui forment les fondations de la maison. « Le sommet des pieux est équipé de platines métalliques, sur lesquelles on vient visser les éléments en bois du plancher, poursuit le chef d’entreprise. Pour la maison construite à Colomars, qui s’étend sur 150 m2 et deux niveaux, nous avons vissé un plancher à base de caissons en bois remplis d’isolant, en l’occurrence de la laine de bois, sur lequel nous avons bâti l’ossature bois. » Une technique similaire peut également être mise LES PIEUX MÉTALLIQUES vissés dans le sol forment des ancrages contreventés entre eux. Leurs sommets, équipés de platines métalliques, accueillent les éléments en bois du plancher. en œuvre en utilisant des micropieux en béton, sur lesquels on vient fixer des équerres en métal, au moyen de chevilles à béton, qui servent de support pour le plancher. UN PROCÉDÉ COMPÉTITIF POUR CERTAINS TYPES DE TERRAINS Ce procédé est une solution alternative aux fondations conventionnelles, avec un vide sanitaire sur lequel repose un plancher à poutrelles et entrevous, et une dalle de compression. « Nous envisageons la solution des fondations sur pilotis quand le terrain n’offre pas une portance suffisante ou quand on se trouve sur un talus qui présente un risque d’érosion au fil du temps, argumente Jean-Daniel Alzial. Ce procédé nous permet d’aller chercher des fondations à 3 ou 4 mètres de profondeur, sans avoir à terrasser sur la même hauteur, ce qui implique de construire pratique- ment un étage enterré. » Pour le constructeur bois, les pieux présentent de nombreux avantages, à commencer par un coût très compétitif, ce qui a son importance, en particulier pour les projets de maisons individuelles qui doivent intégrer le prix élevé du terrain constructible, en particulier dans une région comme la Côte d’Azur. D’autre part, ce type de fondation est réalisé en une semaine, ce qui réduit le délai total de la construction, soit quatre mois environ pour une maison individuelle réalisée par CCMB. Enfin, il faut aussi envisager la déconstruction de la maison en fin de vie, qui sera beaucoup plus aisée le moment venu. La mise en œuvre de fondations sur pilotis, qu’ils soient métalliques ou en béton, doit cependant être réalisée dans le respect des règles de l’art, en commençant par une étude de sol, incontournable quel que soit le type de fondation réalisé. En zone sismique, une étude complémentaire portant sur la stabilité des fondations est indispensable. Dans le cas de la maison individuelle construite à Colomars, ce sont les conclusions de cette étude qui ont permis de déduire les profondeurs et les portances nécessaires à la stabilité de l’ouvrage, et de calculer la section, le nombre et la répartition des pieux métalliques. Grâce à leur mise en œuvre rapide et leur compétitivité, les fondations à base de pieux sont un argument supplémentaire en faveur du développement de la construction à ossature bois. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP (Fédération française du bâtiment charpente, menuiserie, parquets), tél. : 01 40 69 57 40, www.polebois.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 13 GROS ŒUVRE/STRUCTURE RIVES DE L’ORNE TROIS PME NORMANDES RELÈVENT LE DÉFI A vec les Rives de l’Orne, c’est un quartier entier qui sort de terre. Depuis plus de dix-huit mois, le cœur de ville de Caen est en ébullition. Le long du quai Amiral Hamelin, sur la longue bande de terre située entre l’Orne et les voies ferrées, tous les bâtiments qui composent ce grand projet ont poussé en même temps. Côté fleuve : 5 immeubles de 7 niveaux chacun, soit 220 logements au total, et un hôtel de 100 chambres. Côté voies ferrées : 4 immeubles de bureaux de 10 étages et un cinéma multiplexe de 10 salles. Ce vaste ensemble repose sur un complexe commercial de moyenne surface et de boutiques en rez-de-chaussée, et un parking de près de 1 000 places en sous-sol. En surface, entre les bâtiments, le quartier offrira aux Caennais un nouvel axe de circulation majeur, agrémenté d’espaces verts, réalisé par la ville. UN BUREAU D’ÉTUDES PERFORMANT ET RÉACTIF Les deux promoteurs du projet – la Safaur, implantée localement, et Apsys, un promoteur francilien – ont attribué en novembre 2010 les lots terrassements, fondations et gros œuvre à un groupement composé de trois PME locales : 14 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 les entreprises Zanello (Tessy-surVire dans la Manche, mandataire du groupement), CMEG (Bretteville-l’Orgueilleuse, Calvados) et SEEL Laugeois (Lisieux, Calvados). « Étant donné l’échelle du projet, nous avons pris l’initiative de nous regrouper pour répondre au marché en faisant valoir nos références respectives et notre complémentarité, explique Bruno Zanello, président de l’entreprise du même nom, qui compte un effectif de 180 salariés. La CMEG s’est chargée des commerces et du cinéma multiplexe, la SEEL Laugeois d’un immeuble de bureaux et notre entreprise des 5 immeubles de logements, de l’hôtel et des autres immeubles de bureaux.» En plus de son implantation locale, le groupement a mis en avant des moyens techniques et humains importants, jusqu’à 500 salariés mobilisables sur le chantier. Le projet imposait aussi une grande souplesse pour répondre aux nombreux arbitrages liés à sa complexité et aux exigences de chaque promoteur. Par exemple : comment optimiser la surface des commerces en limitant le nombre de poteaux ; comment déplacer un mur porteur ou élargir une ouverture pour optimiser le volume et l’agrément d’un appartement, © M. DESDOITS / À VUE D’ŒIL La construction de ce vaste quartier du centre-ville de Caen a été attribuée à un groupement de trois entreprises locales de gros œuvre. Retour sur cette association qui a su convaincre grâce à sa capacité d’études, sa réactivité et ses aptitudes au management de chantier. 1 avec des modes constructifs compatibles entre eux et respectant la réglementation sismique ? Pour y répondre, le groupement d’entreprises s’est appuyé sur sa capacité d’études, associée à une qualité d’écoute et une grande réactivité. « Par volonté d’indépendance, notre entreprise possède son propre bureau d’études d’exécution et de méthodes, où travaillent six salariés permanents, indique Bruno Zanello. Non seulement nous l’avons mobilisé en amont du projet, mais il en a suivi toutes les évolutions, pendant toute la durée de l’appel d’offres. Pour chaque changement envisagé par les promoteurs, nous avons élaboré une solution technique alternative que nous étions à même d’exposer et de chiffrer lors de la rencontre suivante, ce qui a instauré un vrai climat de confiance.» DÉFIS TECHNIQUES ET MANAGEMENT DE CHANTIER Sur le site, le premier défi à relever s’est présenté au moment du terrassement, avec la nécessité de dépolluer cet ancien site ferroviaire ayant servi au nettoyage des chaudières à vapeur des locomotives, puis au stockage de carburant. Parmi les 150 000 m3 terrassés, 2 3 les 15 000 m3 les plus dangereux ont été évacués par voie fluviale vers un site de recyclage situé à Gand en Belgique, ce qui a permis d’éviter de nombreuses rotations de camions jusqu’à la décharge de classe 1 la plus proche par la route, située en région parisienne. D’autre part, la présence d’eau à 50 cm de la surface a exigé, dans le cadre de la loi sur l’eau, d’installer un poste de rabattement de nappe et un système de pompage, avant de réaliser sur un matelas drainant les radiers qui ont isolé les bâtiments de l’eau. Les Rives de l’Orne reposent sur des fondations spéciales, formées de 1 400 pieux dont le diamètre et le positionnement ont été optimisés par les bureaux d’études des entreprises. Le projet représente 124 000 m2 de plancher et 58 000 m3 de béton, ce qui a entraîné un va-et-vient de 30 camions toupies de 6 m3 par jour pendant plus d’une année. Concernant les techniques constructives retenues, les logements, les bureaux et l’hôtel ont été réalisés à base de dalles pleines reposant sur des « poteaux champignons », en béton coulé en place, tandis que, pour assurer les portées, le cinéma multiplexe a été construit à l’aide de poutres en béton précontraint et de dalles alvéolaires. « Techniquement, ce chantier ne présentait pas un caractère exceptionnel, mais le principal défi résidait dans le fait que tous les bâtiments devaient s’édifier simultanément », souligne Gino Zanello. Pour y parvenir, les trois entreprises se sont concertées pour implanter dix grues à tour – un nombre exceptionnel – aux points-clés du chantier. Pour qu’elles puissent fonctionner ensemble sans danger, elles ont été reliées par un système anticollision 1 LES BALCONS des immeubles de logements ont été réalisés à l’aide de tables coffrantes. 2 DES POTEAUX champignons soutiennent les dalles pleines. 3 VUE D’ENSEMBLE du chantier, avec les dix grues en activité. électronique. Ce dernier informe les grutiers de tout risque de collision entre le câble de levage de la grue la plus haute et la flèche ou la contre-flèche de toute autre grue dans son rayon d’action, en prenant en compte la capacité de freinage de l’engin. Sans réaction du grutier, c’est le système qui prend le relais et stoppe automatiquement le mouvement de la grue. Autre exemple de la préoccupation permanente en matière de sécurité : la mise en œuvre de tables coffrantes pour la réalisation des balcons. Enfin, cette opération a exigé pour l’entreprise Zanello la mise en place d’un management hors norme, pour coordonner l’intervention de ses dix chefs de chantier, avec la désignation de trois conducteurs de travaux dont les attributions respectives étaient l’organisation du chantier, l’interface entre PLAN DE MASSE DU PROJET – PÉRIMÈTRE DE RAYONNEMENT DES DIX GRUES DU CHANTIER les entreprises du groupement et les promoteurs, et l’intervention des corps d’état secondaires. Grâce à cette organisation, le gros œuvre devrait s’achever fin septembre 2012, conformément au planning prévu. Caen bénéficiera bientôt de nouveaux logements certifiés Habitat et Environnement, de bureaux certifiés HQE et de commerces certifiés selon la norme environnementale anglaise Breeam. Les commerces constitueront la première tranche de livraison du projet, en mars 2013. « Pour répondre à cet important projet, conclut Bruno Zanello, notre groupement, fort d’une détermination et d’une réactivité de tous les instants, a démontré que les PME locales peuvent convaincre une maîtrise d’ouvrage suffisamment ouverte et rivaliser au plus haut niveau.» POUR EN SAVOIR PLUS UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59, www.umgo.ffbatiment.fr ENTREPRISES ZANELLO,TESSY-SUR-VIRE (50) ET CMEG, BRETTEVILLE-L’ORGUEILLEUSE (14) Entreprises titulaires de la marque ENTREPRISE ZANELLO,TESSY-SUR-VIRE (50) Entreprise titulaire de la marque SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 15 16 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 GROS ŒUVRE/STRUCTURE RUPTEURS THERMIQUES Assurer la continuité de l’isolation Mis en œuvre conformément aux prescriptions de leur Avis technique, les rupteurs de ponts thermiques sont des alliés de poids dans la quête de performance thermique, comme le montre l’exemple de cette médiathèque en construction à Vernou-la-Celle, en Seine-et-Marne. our la médiathèque de Vernou-la-Celle (Seineet-Marne), actuellement en construction, la mairie a clairement choisi une priorité : la performance thermique. Étant donné la date de dépôt du permis de construire, le bâtiment était prévu pour être conforme aux exigences de la RT 2005. Le chantier de cette médiathèque de 315 m2 au sol et sur un seul niveau, qui est une extension de la bibliothèque existante, a été confié à l’entreprise de gros œuvre et tous corps d’état Saussine SA, qui emploie une vingtaine de personnes à Mormant (Seine-et-Marne). Les travaux ont commencé par la réalisation de fondations par massifs et longrines, sur vide sanitaire. « Le bâtiment comporte un plancher isolant, à base de poutrelles et hourdis, situé au niveau du vide sanitaire, et équipé de rupteurs thermiques en périphérie du plancher, pour traiter les ponts thermiques en rive de dalles, précise Georges Saussine, qui dirige l’entreprise. Mais pour réduire encore les déperditions thermiques linéiques du projet, le bâtiment comporte, en plus, une isolation thermique par l’extérieur au niveau de la dalle et de la partie enterrée du bâtiment. » L’addition de ces deux procédés devrait permettre d’atteindre des performances thermiques très élevées, plus proches des exigences de la RT 2012. Le mode constructif choisi en élévation est le bloc à bancher, sur © SAUSSINE SA P une structure porteuse à base de poteaux et de poutres en béton. Une partie de la surface est occupée par un plancher haut partiel, et certaines façades seront doublées de pierres apparentes. RUPTEURS : UNE MISE EN ŒUVRE ENCADRÉE PAR LES AVIS TECHNIQUES Pour assurer la continuité de l’isolation du bâtiment, les rupteurs thermiques ont été conçus en commun par les différents acteurs du projet. « Il est important que l’ingénieur thermicien transmette les implantations précises des rupteurs dans le bâtiment, ainsi que les exigences thermiques issues de ses calculs, à l’ingénieur béton chargé du dimensionnement des planchers et des rupteurs, qui les intègre à son ouvrage, explique Georges Saussine. Par la suite, une synthèse de leurs échanges doit être faite avec l’entreprise de gros œuvre, qui est ensuite transmise à l’architecte et au bureau de contrôle. » Quant à la mise en œuvre, elle doit s’effectuer selon le plan de pose fourni par le fabricant. Pour la médiathèque de Vernoula-Celle, ont été mis en œuvre : des rupteurs totaux sur tout le périmètre de la dalle, à savoir des rupteurs longitudinaux parallèles aux poutrelles et des rupteurs transversaux perpendiculaires. Pour conserver toute l’efficacité des rupteurs, la mise en place des armatures de chaînage et des armatures de la dalle de compression doit s’effectuer de façon à conserver l’intégralité du rupteur. « Les rupteurs doivent être bien positionnés par emboîtement, pour ne pas qu’ils bougent au moment du coulage de la dalle de compression », ajoute le chef d’entreprise. Enfin, la dalle de compression doit être coulée LA SOLUTION DE TRAITEMENT du pont thermique en plancher bas sur vide sanitaire, comme réalisé pour la médiathèque de Vernou (photo de gauche) : des entrevous isolants associés à des rupteurs en périphérie (photo de droite). en assurant une bonne qualité de vibration au niveau des chaînages et des liaisons ponctuelles entre blocs isolants. Il est préférable de choisir un produit sous Avis technique ou bénéficiant d’une autre procédure d’évaluation qui précise les règles de mise en œuvre et d’assurabilité du produit. POUR EN SAVOIR PLUS UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59, www.umgo.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 17 GROS ŒUVRE/STRUCTURE BÉTON Balayer les classes d’exposition en un coup d’œil P arties intégrantes de la norme NF EN 206-1 « Béton » publiée en 2004, les classes d’exposition regroupent les différentes agressions auxquelles le béton sera exposé, en fonction de la situation et de la destination de l’ouvrage. Pour prescrire les classes d’exposition des bétons prévus sur un chantier les entreprises de gros œuvre peuvent désormais s’appuyer sur un document synthétique, réalisé dans le cadre du PRDM(1) de la FFB(2). Ce document couvre la majeure partie des classes d’exposition des bétons mis en œuvre en France. 1 (1) Programme recherche développement métier. (2) Ce document, sous forme d’affiche, est téléchargeable sur le volet adhérents du site de l’UMGO-FFB. 1 Classes d’exposition courantes : une réponse à la carbonatation et au gel La norme intègre une première série de classes d’exposition dites courantes regroupant les agressions liées à la carbonatation (XC) et au gel (XF). La sévérité de l’agression est quant à elle exprimée par un chiffre complémentaire (XC1 à XC4 et XF1 à XF4). Ainsi, dans le document, il est fait la différence entre : – les murs, voiles ou planchers situés à l’intérieur du bâtiment relevant de la classe XC1 ou à l’extérieur (XC3 ou plus) ; – les fondations en béton armé, qui seront généralement clas- 2 sées XC2, ou XA en cas d’agression chimique par le sol ou l’eau présente dans le sol (voir encadré classes d’exposition particulières) ; – les dallages extérieurs, le plus souvent classés XF1 ou plus, pour répondre à l’agression par le gel (voir encadré gel-dégel). Important : l’entreprise de gros œuvre doit transmettre à son fournisseur l’ensemble des agressions auxquelles le béton sera exposé. Il revient au fournisseur de béton de définir la bonne formulation apte à répondre à l’ensemble de ces agressions. Classes d’exposition particulières : une réponse aux chlorures et attaques chimiques La norme prévoit également des classes d’exposition particulières, pour répondre aux agressions liées à la présence de chlorures. Le classement XS1 à XS3 correspond à une exposition plus ou moins sévère du béton aux chlorures marins. Le classement XD1 à XD3 correspond à une exposition plus ou moins sévère au chlorure non marin (cas des piscines, de certains sites industriels et des rampes de parking en raison des sels de déverglaçage). Enfin, le classement XA1 à XA3 permet de quantifier les attaques chimiques qui se produisent sur le béton, principalement sur les sites agricoles de type fosses à lisier ou purin, aires d’ensilage ou salles de traite. Important : la définition du niveau de la classe XA doit être défini par une étude qui prend en compte tous les agents chimiques – pH, les sulfates, ammonium... – auxquels le béton sera exposé. Si deux critères justifiant le classement XA apparaissent, alors le classement XA devra être augmenté d’un niveau (deux critères XAi donnent un classement XAi + 1). 2 3 3 Gel-dégel : un classement en fonction de la zone géographique Concernant les agressions par le gel et le dégel, la norme prévoit un classement des bétons – de XF1 à XF4, selon la sévérité de l’agression – en fonction de la situation géographique de l’ouvrage. Ainsi, le fascicule Afnor FD P 18-326 définit trois zones de gel-dégel, à l’échelle du canton : – une zone de gel faible ou modéré, qui correspond à la classe d’exposition XF1, et devient XF2 en cas de présence d’agents de déverglaçage ; – une zone de gel modéré ou sévère, où la classe d’exposition est définie en fonction de l’altitude ; – une zone de gel sévère, qui correspond à la classe d’exposition XF3, et devient XF4 en cas de présence d’agents de déverglaçage. Important : il appartient au maître d’ouvrage et à son maître d’œuvre de définir la fréquence de salage permettant de classer correctement le béton vis-à-vis de l’agression XF. POUR EN SAVOIR PLUS UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59, www.umgo.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 19 GROS ŒUVRE/STRUCTURE Maçonnerie gros œuvre. Des fiches d’autocontrôle pour ne rien oublier CHARPENTE MÉTALLIQUE Intégrer le montagelevage au planning du chantier hargée de l’assemblage de la charpente métallique sur le chantier, l’entreprise de montage-levage est un chaînon essentiel de la construction métallique. Mais les exigences liées à son activité sont-elles suffisamment prises en compte sur le chantier ? « Bon nombre de maîtres d’ouvrage connaissent mal notre métier, qu’ils assimilent à un mécano géant, dont ils voient avant tout la rapidité d’exécution, regrette JeanMaurice Lucchese, dirigeant de Cemmot, une entreprise de montage-levage qui emploie vingt-cinq salariés à Châteaudun (Eure-etLoir). Résultat, il nous est souvent difficile de nous intégrer au chantier, aussi bien en termes d’espace que de timing. » Depuis une vingtaine d’années, le montage-levage fait largement appel aux plates-formes élévatrices, qui permettent d’effectuer l’assemblage de la charpente en hauteur. Or, il n’est pas rare que leur passage sur le chantier soit rendu problématique par des tranchées mal compactées, à l’issue de travaux de réseaux enterrés, mettant en péril l’équilibre de l’engin et la sécurité des monteurs qu’il transporte. « Les difficultés principales sont liées soit à des travaux enterrés déjà réalisés et qui ne sont pas signalés, soit à des entreprises qui interviennent en co-activité en même temps que nous, précise le chef d’entreprise. Il nous arrive de manutentionner des poutres de 10 ou 20 m de longueur, notamment pour les bâtiments industriels, à proximité d’équipes qui réalisent des ouvrages de fondation ou même d’élévation, dans les parties de charpente métallique qui sont déjà en place, ce qui pose de réels problèmes de sécurité. » 20 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 © CEMMOT C UNE NÉCESSAIRE PLANIFICATION EN AMONT Un chantier de montage-levage présente ses impératifs propres. En particulier une aire de réception et de stockage pour les poteaux et poutres métalliques, et une aire destinée au pré-montage au sol de parties de charpente, ce qui a l’avantage de réduire les opérations réalisées en hauteur. De façon générale, la solution avancée par le maître d’ouvrage, le coordinateur sécurité ou l’organisme d’OPC (Organisation et planification de chantier) consiste à délimiter ces zones de travail, en les séparant de celles des autres corps d’état. Or, ces espaces se révèlent souvent insuffisants ou séparés du lieu de construction, ce qui oblige à acheminer les parties de charpente en passant à proximité des autres ouvrages en cours de réalisation. « En définitive, les difficultés que nous rencontrons sont la conséquence de la pression croissante sur les délais de livraison, alors que les ouvrages sont de plus en plus complexes, ajoute le monteur-levageur. On essaie de résoudre cette équation en faisant travailler plusieurs corps d’état en co-activité, pour gagner du temps, ce qui va à l’encontre de la qualité et de la sécurité. » Pour Jean-Maurice Lucchese, la solution consiste à associer le plus tôt possible les entreprises, notamment de montage-levage, au planning du chantier. Les impératifs de chacune d’entre elles pourraient alors être anticipés dans une bonne planification de l’espace et un enchaînement des tâches qui accorde un délai de chantier raisonnable à chaque intervenant. POUR EN SAVOIR PLUS FFB Montage-Levage (Union du montage-levage), tél. : 01 40 55 13 00 Pour accompagner les entreprises, le groupe national des jeunes entrepreneurs de l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre (UMGO-FFB) a élaboré une série de six fiches d’autocontrôle. Elles couvrent les principaux éléments de structure : l’implantation et la prise de possession, les fondations, les dallages, les réseaux, les parois verticales et les toitures-terrasses. Les quatre dernières étant particulièrement importantes dans l’objectif du test final d’étanchéité à l’air prévu dans la RT 2012. Ces fiches, à remplir par l’entreprise, lui permettent de vérifier les points sensibles dans les différentes étapes de mise en œuvre de ces ouvrages. Elles peuvent être versées au dossier technique et illustrer ainsi, en décrivant la méthode qui sera suivie, le sérieux de l’entreprise de maçonnerie visà-vis de son client. Précisons que les bureaux de contrôle ont le droit de donner un avis sur les modalités et l’application de ces autocontrôles, voire ponctuellement de demander une fiche renseignée. Mais ils ne peuvent en aucun cas exiger toutes les fiches d’autocontrôle renseignées pour les analyser. Pour en savoir plus UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59, www.umgo.ffbatiment.fr, fiches téléchargeables dans l’espace adhérents. SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 21 ENVELOPPE DOUBLES FENÊTRES Un rôle à jouer en rénovation énergétique « UNE DEMANDE GÉNÉRALEMENT LIÉE AU BRUIT » Fabrice Priou, responsable des Ateliers Chollet Frères (Val-de-Marne). Quand une fenêtre ne peut être remplacée facilement par une menuiserie à double vitrage, notamment pour des raisons esthétiques, la double fenêtre est une alternative intéressante et performante sur les plans énergétique et acoustique. 1 2 © YVES BELMONT/DRAC RHÔNE-ALPES E xploitant les propriétés isolantes de la lame d’air – le principe même du double vitrage –, la double fenêtre n’est aujourd’hui guère mise en œuvre en construction neuve que dans les immeubles tertiaires à double peau, mais peut représenter une solution intéressante en rénovation pour améliorer la performance énergétique et acoustique du bâtiment. L’ajout d’une seconde fenêtre peut théoriquement se faire côté extérieur (en complément d’une isolation thermique par l’extérieur, elle supprime les ponts thermiques) ou côté intérieur, dès lors que la fenêtre existante est posée dans l’épaisseur du mur en feuillure (elle ne doit pas être au nu intérieur). En pratique, cette solution se limite le plus souvent aux immeubles de certains quartiers protégés des grandes villes, dont les façades sont classées. Elle s’impose alors face au remplacement très coûteux de la menuiserie d’origine par une menuiserie d’aspect identique intégrant joints et double vitrage, et par d’autres avantages. Elle évite en effet la dépose de la menuiserie existante et permet de conserver l’esthétique des façades, qui est une exigence des architectes des Bâtiments de France. Placée côté intérieur, à l’abri des intempéries et du rayonnement solaire direct, la deuxième fenêtre peut être fabriquée dans une essence locale non suffisamment durable 1 CÔTÉ INTÉRIEUR la seconde fenêtre peut être posée si la fenêtre existante est dans l’épaisseur du mur en feuillure. 2 LES DOUBLES FENÊTRES sont particulièrement adaptées aux façades des bâtiments classés. naturellement (pin par exemple) et s’affranchir des contraintes de conception relatives à l’exposition à la pluie (drainages, calfeutrements…). Autres atouts : ouverte en hiver lorsque la façade est exposée au soleil, elle permet de profiter au mieux des apports solaires. Et pour améliorer le confort d’été, une protection solaire pourra être placée entre les deux fenêtres sans modifier l’aspect extérieur de la façade. Pour le menuisier, la conception sur mesure, la fabrication et l’ins- tallation de la deuxième fenêtre sont valorisantes et peuvent se conjuguer au diagnostic et à la rénovation de la menuiserie existante, qui demande un vrai savoir-faire (rénovation des pièces d’appui, des petits bois, des bains de mastic, de la finition…) et nécessite certaines précautions. Le châssis intérieur devra être suffisamment dimensionné pour ne pas bloquer l’ouverture complète de la fenêtre extérieure, et des entrées d’air devront être ménagées sur les deux menuiseries pour permettre la ventilation du local et prévenir les phénomènes de condensation. Souhaitant à terme insérer une annexe sur le sujet au NF DTU 36.5 « Mise en œuvre «Nos clients sont des syndics et des particuliers, qui nous sollicitent généralement pour des problèmes de bruit. À condition que l’épaisseur des murs le permette, nous préconisons l’installation d’une deuxième fenêtre, qui se fait au nu de la paroi intérieure. Deux options sont possibles. Si on est puriste, on propose une deuxième fenêtre sur mesure en 32 mm d’épaisseur avec simple vitrage et quincaillerie à l’ancienne. Ou bien on conseille, et c’est notre cas, une deuxième fenêtre performante avec double vitrage et double joint, qui apporte une nette amélioration phonique et thermique. Cette solution n’a guère qu’un inconvénient: elle altère légèrement le clair de jour si l’on utilise des vitres standard, inconvénient qui peut facilement être corrigé par l’utilisation d’un vitrage spécial. À Paris, à côté de nombreux immeubles du quai Voltaire et du quai d’Orsay, nous avons installé une deuxième fenêtre dans une chambre d’un immeuble neuf du VIIe arrondissement, déjà équipée d’un double vitrage, où les propriétaires exigeaient une isolation acoustique parfaite, ainsi que dans le cabinet d’un psychiatre du Ve arrondissement dont la fenêtre, au cinquième étage, donnait sur la rue.» des fenêtres et portes extérieures », l’Union charpente menuiserie parquets (FFB-CMP) élaborera dans un premier temps un guide pour la prescription, énumérant les spécificités de mise en œuvre des systèmes de doubles fenêtres. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP (Fédération française du bâtiment charpente, menuiserie, parquets), tél. : 01 40 69 57 40, www.polebois.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 23 RT 2012 OUTIL EN LIGNE POUR LES ACTEURS Le pôle Fenêtre de la FFB vient de mettre en ligne un outil pour aider les entreprises, les fabricants et les bureaux d’études à répondre aux exigences de la nouvelle réglementation thermique. Fiche de calcul pour le dimensionnement des parois vitrées, guides techniques et informations diverses sont accessibles en quelques clics. A vec la RT 2012, les professionnels de la menuiserie, du vitrage, des fermetures et protections solaires, mais aussi les bureaux d’études thermiques et les concepteurs sont tenus de maîtriser les caractéristiques d’un composant majeur de l’enveloppe : la paroi vitrée. La situation est nouvelle pour les uns comme pour les autres. Pour la première fois, la réglementation thermique reconnaît la paroi vitrée – fenêtres, façades et portes – dans sa globalité et non plus comme une addition de composants ou du simple point de vue des déperditions thermiques. Tenus de fournir une note de calcul aux bureaux d’études, les fabricants devront pouvoir calculer (pour leur usage et pour les besoins du calcul réglementaire) 24 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 1 une vingtaine de caractéristiques telles que le coefficient de transmission thermique (Uw), le facteur de transmission solaire (Sw) et le facteur de transmission lumineuse (TLw). Le tout en tenant compte des variations saisonnières des apports solaires et de la position ouverte et fermée de la fermeture ou du store, désormais pleinement pris en compte dans la définition de la paroi vitrée. NOUVELLE MÉTHODE DE CALCUL POUR LES BUREAUX DÉTUDES Pour les bureaux d’études, la situation est encore plus nouvelle. En effet, les concepteurs responsables du cahier des charges des projets et les thermiciens devront s’appuyer sur ces mêmes données « réelles » pour calculer le coefficient Bbio du bâtiment au lieu de raisonner, comme ils le faisaient généralement jusqu’alors, sur les valeurs « par défaut » des règles Th-Bat du CSTB. Ils devront aussi se familiariser a minima avec ces calculs pour dimensionner les parois vitrées d’un projet en fonction de ses autres caractéristiques, comme son orientation ou son type de pose. UN SITE D’AIDE AU CALCUL Pour prévenir les difficultés que la nouvelle règle du jeu pourrait susciter lorsque son application va se généraliser, début 2013, les unions et syndicats du pôle Fenêtre de la FFB, à l’origine de plusieurs ouvrages de sensibilisation et d’information, ont fait développer en 2011 un outil de calcul des performances des parois vitrées associées à leur protection : Physalis. Spécialement destiné aux bureaux d’études des fabricants, Physalis est également utilisé comme moteur de calcul pour le site Internet « Paroi vitrée RT 2012 » (www. paroisvitreert2012.com), réalisé par le pôle Fenêtre et plus accessible pour l’ensemble des acteurs concernés par la nou- LE PÔLE FENÊTRE DE LA FFB Créé fin 2008, le pôle Fenêtre réunit cinq organisations professionnelles membres de la FFB, qui ont décidé de se regrouper pour valoriser à la fois leurs complémentarités et leurs intérêts communs. Il est à l’initiative de nombreuses actions à destination des professionnels, notamment la publication d’une fiche d’autocontrôle de pose des menuiseries, d’une brochure sur le marquage CE des fenêtres et portes extérieures et d’un guide technique sur les caractéristiques énergétiques et lumineuses des parois vitrées(1). Le pôle travaille également à l’accompagnement des entreprises dans la mise en place de la RT 2012 et sur les aspects de formation et de qualification des entreprises. (1) Documents téléchargeables sur le site www.polefenetre.fr ENVELOPPE DE LA PAROI VITRÉE 1 LE SITE « Parois vitrées RT 2012 » destiné aux bureaux d’études… 2 … ET SA VERSION institutionnelle. 2 velle réglementation. Ouvert aux professionnels depuis septembre, « Paroi vitrée RT 2012 » permet aux bureaux d’études de réaliser gratuitement la fiche de calcul d’une paroi vitrée à partir d’une dizaine de menus dérou- lants donnant accès à une cinquantaine de critères prédéfinis : matériau, type de paroi (un ou plusieurs vantaux, panneau coulissant ou battant), type de vitrage, type de protection… Les bureaux d’études disposent RT 2012 » permet d’accéder à d’autres informations : règles de calcul, guides techniques… En complément de cette boîte à outils réservée aux professionnels, le pôle Fenêtre de la FFB a mis en ligne à l’automne un site institutionnel (www.polefenetre.fr), où peuvent être consultées des informations générales et où figurent des liens vers les sites des unions et syndicats – et bien sûr ainsi des données à utiliser pour vers « Paroi vitrée RT 2012 ». le calcul du coefficient Bbio, nécessaire dès le dépôt du permis POUR EN SAVOIR PLUS de construire. Outre la fiche de Pôle Fenêtre de la FFB : FFB-CMP, calcul, qui peut être sauvegardée FFB Métallerie, FFB Fermeture dans un compte utilisateur pour et store, SNFA-FFB, FFPV-FFB. Voir coordonnées p.9. être retravaillée, « Paroi vitrée «UNE ACTIVITÉ PLUS MOTIVANTE POUR NOS MÉTIERS» Thierry Gatineau, responsable de Prod’Alu 01 (Bourg-en-Bresse, Ain), chef de file du groupe Énergie à l’Union des métalliers La RT 2012 a-t-elle commencé à impacter votre activité ? Nous sommes aujourd’hui dans une période de transition qui se prolonge davantage que nous le pensions. Nous voyons sortir sur le marché de nouvelles gammes de profils offrant de meilleures performances, mais 90 % des chantiers sont encore réalisés avec les anciennes gammes. La capacité technique d’atteindre de meilleures performances n’est pas en cause. C’est plutôt la demande qui n’embraye pas, car la RT 2012 est en place mais pas les financements. Les économistes continuent à se baser sur les derniers marchés traités, or les nouveaux profils, plus épais, sont plus coûteux (entre 12 et 25 %), et la fabrication des châssis, plus technique, augmente le temps de travail (de l’ordre de 20 %). Ainsi, bien des cahiers des charges ne sont toujours pas conformes à la nouvelle réglementation. Nous avons l’impression de zigzaguer, alors qu’il faudrait se lancer dans la nouvelle dynamique, car tous les ouvrages qui vont se faire à partir de 2013 devront être conformes. Concrètement, qu’implique pour vous la RT 2012 ? Nous n’avons pas de valeur fixe à respecter, parce que ce qui est demandé est une performance globale du bâtiment. Le coefficient thermique de la paroi vitrée se trouve donc pondéré par les autres dispositions. Dans les faits, l’obligation d’amélioration des performances des parois vitrées représente un sacré saut technologique. À terme, la reconnaissance du rôle de la paroi vitrée et sa montée en technicité devraient susciter une activité plus motivante pour nos métiers sur le plan technique et économique, car il doit être possible de contribuer encore mieux au rendement du bâtiment. Ce qui suppose de progresser dans la qualité de fabrication et de pose, qui chez nous intègre la pose du vitrage. Quel est selon vous le principal apport de « Paroi vitrée RT 2012 » ? Pour nous qui sommes dotés d’un bureau d’études et réalisons l’ensemble des calculs, l’intérêt d’un tel site est d’abord qu’il met tout le monde à égalité par rapport aux exigences de la réglementation et permet d’éviter les erreurs dues au manque d’information. Ce qui est intéressant, c’est que l’on soit tous sur les mêmes bases. C’est la première condition pour avancer. SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 25 ENVELOPPE TOITURES-TERRASSES Des recommandations professionnelles pour l’isolation thermique P our répondre aux exigences de la réglementation thermique 2012, les toitures relevant de la série des NF DTU 43 (toitures-terrasses et toitures inclinées avec étanchéité) devront désormais être davantage isolées. En parallèle, leur mise en œuvre devra être parfaite, tenant davantage compte des lois physiques des transferts thermiques et hygrométriques dans une paroi, afin de prévenir les risques de dommages qui pourraient intervenir en construction neuve comme en rénovation. La qualité de la mise en œuvre fait l’objet des Recommandations professionnelles pour la conception de l’isolation thermique des toitures-terrasses et des toitures inclinées avec étanchéité publiées par la CSFE-FFB en juin dernier. L’objectif premier, face au développement des pratiques non-conformes (isolant placé sous l’élément porteur), est de rappeler quelques principes-clés des règles de l’art : le rôle protecteur de l’isolation placée au-dessus de l’élément porteur contre les chocs thermiques et le risque de fissuration pour les toitures en maçonnerie ; les phénomènes de condensation à l’intérieur de l’isolant en cas d’isolation en sous-face et les risques de dommages structurels graves avec des éléments porteurs en bois (pourrissement) ; la position impérative du point de rosée au-dessus du pare-vapeur… Pour aider les professionnels à atteindre les performances «UTILES POUR LA CONCEPTION, L’EXÉCUTION ET LA SÉCURITÉ» Manuel Decoodt, responsable Étanchéité de l’entreprise Etandex à Saclay (Essonne) « Le véritable impact de la nouvelle réglementation pour les entreprises, avant l’augmentation des épaisseurs d’isolant en partie courante, c’est l’isolation des acrotères. On ne le faisait pas auparavant, et au départ c’était un peu un casse-tête sur les chantiers. Pour cette raison, nous avons choisi d’en détailler l’exécution dans les recommandations. Seules les solutions réalistes, qui fonctionnent, ont été retenues. Elles relèvent de gestes courants et ne nécessitent qu’une petite mise en route pour être maîtrisées. Elles sont destinées aux exécutants mais pas uniquement, car les architectes et les bureaux d’études pourront s’en servir sur les aspects dimensionnement et sécurité (l’isolation des relevés interdit de fixer les gardecorps de façon classique). Ces recommandations seront pleinement utiles en neuf, mais également en rénovation, car les clients nous demandent là aussi une amélioration des performances thermiques. » © CSFE-FFB Avant l’application généralisée de la nouvelle réglementation thermique, début 2013, la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE-FFB) rappelle les grands principes à respecter en matière d’isolation des toitures avec étanchéité pour prévenir les sinistres et propose, schémas à l’appui, des solutions pour l’exécution des relevés sur acrotères avec isolation. LES NOUVELLES RÈGLES professionnelles présentent des schémas de solutions d’exécution de relevés d’étanchéité. requises, ces recommandations proposent, outre les solutions de base, plusieurs alternatives fondées sur la répartition de l’isolation au-dessus de l’élément porteur et en sous-face. L’ouvrage consacre par ailleurs un chapitre important au traitement des ponts thermiques. Principalement localisés au niveau des acrotères (pour ce qui concerne les travaux des étancheurs), ils doivent être traités lors de la construction par intégration de rupteurs thermiques ou par une isolation spécifique complétant l’isolation thermique par l’extérieur des façades du bâtiment. Sur ce sujet, les recommandations rappellent les préconisations figurant dans les NF DTU, notamment le compartimentage de l’isolation de la partie courante vis-à-vis des relevés, afin que celle-ci reste protégée contre d’éventuelles fuites dues à l’endommagement des relevés. Les recommandations élargissent également la palette des matériaux traditionnels – laine minérale, perlite, verre cellulaire – à des isolants qui n’étaient pas jusqu’alors utilisés en relevés : polyuréthanne (PUR), polyisocyanurate (PIR) et polystyrène extrudé (XPS). Afin de clarifier les explications, dix schémas présentent des solutions d’exécution de relevés sur toitures-terrasses inaccessibles, techniques et végétalisées, avec élément porteur en maçonnerie. Les cas non abordés, en particulier les toitures avec éléments porteurs en tôles d’acier nervurées et en bois, seront traités dans une prochaine édition. POUR EN SAVOIR PLUS CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l’étanchéité), tél. : 01 56 62 13 20, www.etancheite.com SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 27 ENVELOPPE ITE Recenser les savoir-faire métier Pour valoriser les savoir-faire de l’entreprise en ITE, l’UNEEF-FFB recense les gestes éprouvés en matière de traitement des points singuliers – un chapitre-clé du futur Cahier du façadier, à paraître en 2013. ’isolation thermique par l’extérieur (ITE) est souvent assimilée à un métier d’embellissement ou de finition. La méconnaissance de sa technicité s’illustre aujourd’hui par la prééminence des « systèmes » et un manque d’information et d’accompagnement de la part des industriels sur la mise en œuvre des produits et le traitement des points singuliers (fixations de stores, isolation des tableaux de fenêtres, arrêts sous toiture…). Conséquence : la mise en œuvre non-conforme des accessoires est à l’origine de malfa- L çons et de sinistres qui pourraient aisément être évités. Ce constat a convaincu la profession de la nécessité de remettre au premier plan et de s’approprier les savoir-faire du métier, dont les règles de l’art, s’agissant de la filière humide, ne sont pas fixées par un NF DTU. La première étape de la démarche amorcée par l’UNEEFFFB consiste à recenser, via les entreprises, les solutions de traitement des points singuliers reconnues par les professionnels, ne serait-ce qu’à l’échelle locale, et validées par un bureau de contrôle, «LES FAÇADES DEVIENNENT UN LOT TRÈS TECHNIQUE» Benoît Raymond et Bernard Ponzio, responsables de France ITE (Louhans, Saône-et-Loire) « Un des problèmes que nous rencontrons en ITE, c’est que les façades deviennent un lot très technique et que l’on reste dans des habitudes de conception ancienne qui méconnaissent les contraintes d’exécution, les exigences de performance et les interfaces entre les différents corps de métiers. Dans neuf cas sur dix, cela conduit notre bureau d’études à revoir les projets pour proposer aux maîtres d’ouvrage des variantes de conception et de méthode (découpage, jonctions, points singuliers) pour 28 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 supprimer des ponts thermiques (par exemple en plaçant fenêtre et isolant dans le même plan), ou pour assurer la continuité de la performance quand plusieurs procédés (enduit, bardage) sont mixés. Ces questions n’ont rien d’accessoire car nous sommes soumis à une double réception, d’ordre technique et esthétique. Et nous ne perdons pas de vue qu’en cas de sinistre ou d’insuffisance de performances, c’est l’entreprise qui devra assumer la responsabilité de l’ouvrage. » toutes filières confondues, en neuf comme en rénovation. Soit au total quelque 200 cas regroupés en huit familles : accessoires, départs, arrêts verticaux, arrêts hauts, ouvertures, jonction des systèmes avec différentes finitions, joints de dilatation, modénatures. Cet inventaire mis en chantier en septembre 2011 se concrétisera sous la forme d’un recueil de fiches présentant de façon très pédagogique, pour chaque cas : une photo du produit, un schéma de principe et une séquence illustrée et légendée des phases de mise en œuvre. Systématiquement, un renvoi sera fait vers un NF DTU, vers le CPT n° 3035 (qui fait aujourd’hui référence pour la mise en œuvre) ou vers des règles professionnelles. Cet ouvrage, qui devrait commencer à être diffusé auprès des entreprises à la rentrée 2012, sera ultérieurement complété par d’autres chapitres : « Généralités » et « Traitement des parties courantes » pour chaque filière, et par des rubriques consacrées à d’autres aspects du métier : techniques (échafaudages), juridiques, réglementaires (incendie, séismes)… Il composera ainsi, à l’horizon 2013, le Cahier du façadier, l’ouvrage de référence dans le métier. POUR EN SAVOIR PLUS UNEEF-FFB (Union nationale des entrepreneurs d’enduits de façade), tél. : 01 40 69 51 69 ENTREPRISE FRANCE ITE, LOUHANS (71) Entreprise titulaire de la marque ENVELOPPE ÉCRANS SOUPLES DE SOUS-TOITURE Quand et comment les utiliser? Les aléas climatiques sont l’une des raisons qui justifient l’installation d’écrans souples de sous-toiture. Mais il faut connaître les règles de choix et de mise en œuvre que dicte le type de pose. ans la construction, la prévention de certains risques conduit à instituer des règles. Les unes s’appliquent obligatoirement (réglementation), les autres relèvent de l’usage. Tel est le cas, dans les métiers de la couverture, avec la mise en œuvre des écrans de sous-toiture, omniprésents dans des régions comme l’Alsace et peu répandus au sud de la Loire et dans les zones côtières. Or il arrive que des événements climatiques imprévus semblent remettre en cause le bien-fondé de l’usage et conduisent les professionnels à s’interroger sur leur responsabilité et leur pratique en matière de conseil. Si, au final, le bilan des dégâts occasionnés, autrement dit le rapport coût/bénéfice de l’écran de sous-toiture, n’est pas une raison suffisante pour systématiser son emploi à toutes les couvertures, il justifie un rappel des cas où l’installation est nécessaire ainsi que les principaux critères de choix et principes de mise en œuvre. LE CHOIX DU PRODUIT DÉPEND DU TYPE DE POSE Les écrans souples de sous-toiture sont destinés à contribuer à la protection des toitures en petits éléments discontinus (ardoises, tuiles) contre les CHOIX DES ÉCRANS DE SOUS-TOITURE SELON LE TYPE DE POSE CLASSEMENT E – S – T TYPE DE POSE E T (1) S E1 E2 Sd1 Sd2 Sd3 TR1 TR2 TR3 Tendue sur support discontinu avec ventilation en sous-face de l’écran (par exemple entre chevrons) O O O O O O (1) O (1) O (1) Sur support continu (type voligeage) ventilé en sous-face(2) O N O (2) O (2) O (2) N O (3) O (3) Tendue sur support discontinu sans ventilation de la sous-face (au contact de l’isolant et/ou sur lame d’air non ventilée)(4) O N O N N O (1) O (1) O (1) Au contact d’un complexe isolant type panneau sandwich ou sarking(4) (5) O N O N N N O (5) O (5) BÂTIMÉTIERS (1) E1 plus résistant que E2. (2) Par ordre de performance croissante. POUR EN SAVOIR PLUS O: usage prévu – N: usage non prévu 1. TR1 : entraxe maximal de 45 cm. TR2 : entraxe maximal de 60 cm. TR3 : entraxe maximal de 90 cm. 2. L’épaisseur minimum de la lame d’air en sous-face du support continu varie selon la nature de l’écran: - 2 cm minimum si l’écran est Sd1 ; - 4 cm minimum si l’écran est Sd2 ou Sd3 et la longueur de rampant est inférieure ou égale à 12 m; - 6 cm minimum si l’écran est Sd2 ou Sd3 et la longueur de rampant est supérieure à 12 m. 3. Entraxe des liteaux support de la couverture selon les NF DTU concernés ou à défaut 1,20 m au maximum. 4. Ce type de pose nécessite impérativement un écran hautement perméable à la vapeur d’eau (classe Sd1) ainsi que l’emploi d’un pare-vapeur (norme NF EN 13984) continu et indépendant côté interne de la paroi constituant le complexe de toiture. 5. La classe de résistance TR sera retenue en fonction des prescriptions de l’Avis technique du complexe isolant. 30 risques de pénétration de neige poudreuse, de suie et de poussières, dans les conditions prévues par les DTU des séries 40.1 et 40.2 et les Avis techniques de couvertures en petits éléments des constructions en climat de plaine (dont l’altitude est inférieure à 900 m). En dehors des cas où leur installation est imposée (demande formelle des documents particuliers du marché, notamment en accompagnement de la pose d’une isolation en laine minérale sous rampant ; exigence de l’Avis technique du procédé employé), leur utilisation est nécessaire pour la pose des tuiles dans des conditions de « pente abaissée » ou la mise en œuvre de tuiles « à faible pente » bénéficiant d’un Avis technique ou d’un document technique d’application. Le choix du produit et de ses performances est déterminé par le type de pose (voir tableau) ; il doit s’opérer en fonction des trois critères du classement E-S-T (homologation CSTB) : la résistance au passage de l’eau (E1, E2(1)), la perméance à la vapeur d’eau (de Sd1 à Sd3(2)), enfin la résistance mécanique (de TR1 à TR3(2)). SEPTEMBRE 2012 UNCP-FFB (Union nationale des chambres syndicales de couverture et de plomberie de France), www.uncp.ffbatiment.fr ENTREPRISE ISOTOIT, ST-MARIE-DESCHAMPS (76) Entreprise titulaire de la marque « LA RESPONSABILITÉ DE L’ENTREPRISE POUVAIT-ELLE ÊTRE ENGAGÉE ? » Michel Huré, responsable de l’entreprise Isotoit (Sainte-Marie-des-Champs, Seine-Maritime) « Au mois de février 2012, il y a eu dans toute la région normande d’importantes chutes de neige accompagnées de fortes rafales de vent. À la suite de ces intempéries, j’ai été contacté par deux clients pour constater que de la neige poudreuse avait pénétré dans leurs combles au niveau des raccords de toiture et d’une chatière. J’ai aussitôt appelé le responsable de la fédération départementale Rouen-Dieppe, pour qu’il me reprécise les règles en matière d’installation d’écrans de sous-toiture et m’indique si la responsabilité de l’entreprise pouvait être engagée. Je restais assez serein car, en raison de l’exposition des constructions en bord de mer, je conseille systématiquement l’installation d’une sous-toiture à haute perméabilité à la vapeur d’eau à mes clients, et je fais figurer cette préconisation sur mes devis. Ainsi, l’entreprise n’a pas été tenue pour responsable et les dommages, limités aux embellissements (papiers peints, peinture), ont été pris en charge par les assurances multirisques habitation des propriétaires. Cette péripétie et les règles d’utilisation des écrans de sous-toiture ont depuis lors été rapportées dans un « flash info » publié par la fédération départementale, et diffusé à l’ensemble des adhérents de la région. » © REPARAZ D SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 31 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES MAINTIEN À DOMICILE Une carte à jouer pour les électriciens Pour faciliter la vie à domicile des personnes très âgées voire dépendantes, l’électricien dispose de solutions techniques éprouvées. La difficulté tient davantage au choix des solutions adaptées à chaque personne et chaque situation. Un aspect psychologique important, que des formations peuvent aider à appréhender. © LEGRAND L e maintien des personnes âgées à domicile est un enjeu de société et leurs attentes sont très importantes. Pour les entreprises d’électricité, c’est un marché à fort potentiel, car elles ont dans ce domaine des solutions techniques à apporter pour faciliter la vie. « Les personnes vieillissent mais veulent rester chez elles. Il est donc nécessaire d’adapter le logement en conséquence ; c’est une demande qui va aller croissant », constate Étienne Charrais, de l’entreprise d’électricité plomberie et chauffage Charrais et fils, à Richelieu (Indre-et-Loire), qui s’est notamment fait une spécia- lité de l’adaptation des salles de bains. Mais c’est un marché difficile à aborder, car les entreprises n’ont que très rarement la personne concernée en direct, mais un intermédiaire : famille, services sociaux ou ergothérapeute. « Chaque cas est particulier, poursuit l’entrepreneur. Le degré d’in- UNE PLATE-FORME VISIOPHONIQUE permet de garder le contact avec les proches et de rompre l’isolement. validité n’est pas le même et peut évoluer dans le temps. Comme il n’y a pas de solution reproductible, la prescription n’est pas toujours simple à réaliser. Malgré notre expertise dans ce domaine, PRÉCÂBLER LES LOGEMENTS notre vision des choses n’est pas Volets automatiques, motorisation de la porte de garage ou du portail… toujours la bonne. L’ergothéLes nouvelles technologies peuvent sans aucun doute apporter un réel rapeute peut nous aider dans le service aux personnes à mobilité réduite. Cependant, ces solutions ne sont choix d’un matériel plus adapté pas toujours faciles à mettre en œuvre quand elles n’ont pas été anticipées. à la personne, par rapport à son Ainsi, si l’on envisage dans une construction l’installation à terme de ce type de services, il est conseillé de mettre en place un précâblage (énergie handicap. Dans tous les cas, cela demande du temps, plus encore et supports de communication). Dans un contexte évolutif et préventif, le précâblage offre un triple avantage : installer un système basique peu s’il n’y a pas d’ergothérapeute. coûteux et modulable ; rendre simple l’installation ultérieure d’un système Et quand on a affaire directedomotique ; assurer la pérennisation de l’habitat. ment aux clients, il faut avoir la Pour être complet, le précâblage doit être systématique et banalisé, afin patience de les rencontrer à plude pouvoir traiter tous les domaines : alarme électrique, téléassistance, sieurs reprises pour bien cerner commandes des éclairages et des automatismes multimédias…, tous ces équipements pouvant s’installer au fur et à mesure des besoins. leurs demandes et leurs besoins. » FONCTIONNALITÉ ET SIMPLICITÉ Sur le plan technique, les solutions existent depuis longtemps, l’important étant, selon Étienne Charrais, « d’éviter l’usine à gaz. Je ne vais pas chercher la domotique, je privilégie la fonctionnalité et la simplicité : automatisme pour la lumière, pour la sécurité incendie… » La technologie permet néanmoins d’aller plus loin avec, par exemple, la possibilité de mettre en place des retours sonores pour les malvoyants, des systèmes permettant un arrêt automatique des robinets lors d’un débordement de baignoire pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ou des médaillons détecteurs de chutes couplés à un service de téléassistance. Internet et le Wifi sont aussi un moyen pour l’entourage d’établir ou de maintenir un contact à distance avec la personne âgée. Dans ce cadre, l’électricien gérera la station téléphonique et mettra en place des webcams. Il pourra aussi faire en sorte que les relations avec l’environnement immédiat, notamment visuelles, puissent se faire avec l’extérieur, via la porte d’entrée par exemple. Mais pour que les équipements soient fonctionnels et rendent véritablement le service attendu, il est important d’expliquer le fonctionnement des appareils installés, de manière régulière. Cela peut être proposé dans un contrat spécifique. POUR EN SAVOIR PLUS FFIE-FFB (Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique), tél. : 01 44 05 84 00, www.ffie.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 33 L’HABILITATION ÉLECTRIQUE, La réglementation impose que toutes les personnes travaillant au voisinage d’installations électriques bénéficient d’une formation à la sécurité et reçoivent une habilitation délivrée par l’employeur. D epuis le 5 mai 2012(1), l’habilitation électrique, qui n’est pas une nouveauté en soi, concerne tous les corps d’état du bâtiment. Électriciens bien sûr, mais aussi plaquistes, peintres, plombiers, maçons, menuisiers…, quel que que soit le statut de la personne dans l’entreprise : salariés, intérimaires, soustraitants ou encore travailleurs indépendants. Cela concerne tous les opérateurs de l’entreprise, y compris les non-électriciens, qui travaillent au voisinage d’installations électriques (magasiniers, services généraux, informaticiens, techniciens après-vente…). Les entreprises bénéficient d’une phase transitoire de trois ans pour habiliter toutes les personnes concernées. « NOUS AVONS OPTÉ POUR LA FORMATION E-LEARNING POUR LA PARTIE THÉORIQUE » Manuel Candeias, gérant de la société Camibat (Nord) « Dans mon entreprise, en raison de notre activité (sécurité incendie), l’habilitation électrique est quelque chose d’assez naturel ; je suis très à cheval sur la question et nous avons toujours veillé à ce que le chef d’équipe soit habilité. Les nouvelles dispositions ne vont pas changer fondamentalement nos pratiques. Le plus important, c’est de trouver des formations adaptées et efficaces. Pour notre part, nous avons opté depuis quelque temps pour des formations intégrant du e-learning (apprentissage en ligne). L’avantage, c’est que les salariés peuvent se former au sein de l’entreprise, dans une salle dédiée et avec un encadrement. Ainsi chacun peut aller à son rythme. En général, la partie théorique de la formations dure au moins quatre heures (2 x 2 heures). Elles sont sanctionnées par un examen de type QCM. CODIFICATION DES SYMBOLES D’HABITATION ÉLECTRIQUES 1er caractère Domaine de tension Tensions B : basse tension (BT) et très basse tension (TBT). H : haute tension. 2e caractère Type d’opération Travaux d’ordre non-électrique 0 : pour un exécutant ou un chargé de chantier. Travaux d’ordre électrique 1 : pour un exécutant. 2 : pour un chargé de travaux. Interventions BT R : intervention BT générale. S : intervention BT élémentaire. Consignation C : pour un chargé de consignation électrique. Opérations spécifiques E : Essai, Mesurage, Vérification ou Manœuvre. Opérations photovoltaïques P : Opération photovoltaïque. 3e caractère Lettre additionnelle Complète, si nécessaire, les travaux V : travaux réalisés dans la zone de voisinage renforcé HT (Zone 2) ou travaux d’ordre électrique hors tension dans la zone de voisinage renforcé BT (Zone 4) : T : travaux sous tension. N : nettoyage sous tension. X : opération spéciale. Attribut Complète, si nécessaire, les caractères précédents Écriture en clair du type d’opération d’essai, de mesurage, de vérification, ou de manœuvre d’un opérateur. Extrait de la norme NF C 18 510, disponible auprès de l’UTE. 34 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES UNE OBLIGATION POUR TOUS Pour les salariés qui le sont déjà, l’habilitation reste valable pendant la phase transitoire. Ainsi, un salarié formé en 2011 reste habilité jusqu’en 2014 suivant l’ancien référentiel. Cependant, il devra travailler en coordination avec des personnels habilités suivant la nouvelle norme, et il est plus que conseillé de veiller à sa remise à niveau. HABILITATION EN FONCTION DU RISQUE Cette disposition issue de la nouvelle norme NF C 18-510, qui a fait l’objet d’une reconnaissance réglementaire par arrêté, vise à lutter contre les risques électriques, qui peuvent être fatals. En effet, effectuer des opérations sur des installations électriques ou dans leur voisinage, comme la dépose de carrelage à proximité d’une prise ou le nettoyage de parties d’installations, n’est pas anodin et comporte des risques réels. Mais tous les salariés ne sont pas confrontés au même niveau de risque. C’est pourquoi la nouvelle norme fixe le type d’habilitation en fonction du risque électrique. Les salariés seront habilités en fonction des tâches qu’ils effectuent. Il importe ainsi de bien définir ce qu’est un travail « au voisinage » d’une installation. Ces travaux sont exécutés à proximité de pièces nues sous tension, soit sur des installations électriques mises hors tension (par exemple, remplacement d’un disjoncteur mis hors tension dans une armoire électrique industrielle mise hors tension), soit sur des installations non- électriques, par exemple des travaux de peinture dans un local électrique. Dans tous les cas, la réglementation incite désormais les entreprises à entreprendre le maximum d’interventions hors tension et encadre davantage le travail sous tension. FORMATION OBLIGATOIRE Des actions de formation doivent être mises en place par les entreprises afin de former leur personnel aux nouvelles habilitations électriques. Pour les identifier, il est recommandé de s’appuyer sur l’analyse des tâches effectuées par les responsables techniques. L’employeur ne peut délivrer une habilitation qu’après s’être assuré que le salarié a reçu une formation théorique et pratique (l’organisme devant désormais remettre une attestation d’évaluation des acquis et plus seulement une attestation de présence) sur les risques liés à l’électricité, et qu’il est capable d’accomplir, en toute sécurité, les tâches qui lui sont confiées. L’employeur doit également remettre à chaque personne habilitée un recueil de prescriptions, issu de la norme NF C 18-510, en l’accompagnant dans certains cas d’une instruction de sécurité. Une partie des formations peut être effectuée à distance (e-learning), essentiellement les niveaux « basse tension » (B0, B1, BS), le complément sur la partie pratique devant impérativement être également réalisé pour permettre la délivrance de l’habilitation. (1) Arrêté du 26 avril 2012. POUR EN SAVOIR PLUS • FFIE-FFB (Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique), tél. : 01 44 05 84 00, www.ffie.fr • Pour les formations, adressez-vous aux instituts de la formation et de recherche du bâtiment (IFRB) www.formation-batiment.fr DURÉES RECOMMANDÉES DES FORMATIONS EN FONCTION DE TYPE D’HABILITATION Symbole Module tronc commun (volet théorique) Module spécifique + évaluation (volet pratique) Durée en jour(s) BO-HO-HOV Éxécutant 6h 2h 1 BO-HO-HOV Chargé de chantier 6h 4h 1,5 BP Photovoltaïque 6h 4h 1,5 BS 6h 8h 2 BE Manœuvre 6h 8h 2 HE Manœuvre (HTA) 6h 8h 2 BE Mesurage – BE Vérification 14 h 3 h 30 2,5 BR 14 h 7h 3 BC 14 h 3 h 30 2,5 B1-B1V-B2-B2V-B2V Essai 14 h 7h 3 BE Essai 14 h 7h 3 Extrait de la norme NF C 18 510, disponible auprès de l’UTE. SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 35 COGÉNÉRATION Les chaudières électrogènes s’ouvrent au marché éconnue du grand public, la cogénération produit chaleur et électricité simultanément, à partir d’une seule source d’énergie. Réservée historiquement à l’industrie, au tertiaire ou à de grands réseaux de chauffage urbain, cette technologie s’est ouverte au marché du logement et de la maison individuelle avec des générateurs, chaudières électrogènes à gaz, de petites tailles et de petites puissances. Ces chaudières électrogènes ou microcogénérateurs – moins de 50 kWe en Europe et moins de 36 kWe en France – ont atteint une maturité suffisante après presque dix ans d’expérimentation. L’environnement réglementaire et fiscal leur est également favorable. Depuis cette année, les particuliers peuvent bénéficier, pour des chaudières à micro-cogénération de puissance inférieure ou égale à 3 kVA, d’un crédit d’impôt dont le taux peut être valorisé lors de bouquets de travaux. Disposant d’un titre V dans la RT 2005 (bâtiment neuf) depuis 2009 et depuis 2012 dans l’existant, cette technologie est d’ores et déjà prise en compte par le moteur de calcul M de la RT 2012. De plus, l’installation d’une chaudière électrogène est une alternative à l’obligation de production de 5 kWhep/m2.an d’énergie renouvelable pour la maison individuelle. Depuis janvier 2011, il existe une fiche standardisée (fiche BAR TH 44, chaudière individuelle de type micro-cogénération à moteur stirling) dédiée aux bâtiments résidentiels existants et éligible au certificat d’économie d’énergie (CEE). Pour le moment, trois types de machine sont disponibles sur le marché français. Un premier modèle de chaudière au sol est équipé d’un moteur Stirling à quatre pistons à double effet. Les deux autres modèles sont des chaudières murales équipées de moteur Stirling à piston libre. Hormis quelques détails – câble de raccordement électrique de section plus importante, poids des appareils – l’installation est proche de celle d’une chaudière à gaz. L’essor de cette technologie, au regard de l’investissement qu’elle représente, dépendra de la politique publique en matière de transition énergétique. En France, l’électricité est encore relativement bon marché, ce qui peut être un frein au développement de ces systèmes. Un tarif d’achat assez réduit, une faible part de réinjection sur le réseau et un coût élevé du second compteur… Résultat : l’électricité produite par ces générateurs sera, dans la plupart des cas, autoconsommée, le surplus étant le plus souvent réinjecté sans revente sur le réseau. Enfin, au plan administratif, une déclaration d’exploitation à la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) et une demande de raccordement à Électricité réseau distribution de France (ERDF) sont obligatoires. POUR EN SAVOIR PLUS UECF-FFB (Union des entreprises de génie climatique et énergétique de France), www.uecf.fr ENTREPRISE AQUASUN, MONTARDON (64) Entreprise titulaire de la marque «UN RETOUR SUR INVESTISSEMENT BEAUCOUP TROP LONG» Gaël Parrens, gérant de l’entreprise Aquasun (Montardon, Pyrénées-Atlantiques). « Techniquement, il n’y a pas plus de difficulté à installer une chaudière électrogène qu’une chaudière gaz à condensation. Les problèmes viennent plutôt du dimensionnement. Ces produits ne sont pas adaptés aux maisons ou logements BBC de surface inférieure à 100 m2. En effet, en raison de la bonne qualité de l’enveloppe et de la petite taille de ces constructions, la chaudière fonctionne peu, deux à trois heures par jour, et ne produit pas assez d’électricité pour rentabiliser l’installation. Le retour sur investissement, compte tenu du coût de la chaudière et malgré le crédit d’impôt, est encore beaucoup trop long. À mon sens, ces appareils sont pour l’instant plus adaptés à la rénovation et pour des installations de forte puissance. C’est une technologie mature qui pourrait permettre, en hiver, de lisser la production d’électricité lors des pics de consommation, mais pour le moment c’est surtout une vitrine pour les industriels.» ÉNERGIES RENOUVELABLES Les signes de qualité indispensables près le 31 décembre 2013, il sera indispensable pour les entreprises intervenant dans le secteur des énergies renouvelables de disposer d’un signe de qualité « Reconnu Grenelle environnement » (RGE). Sans celui-ci, les clients ne pourront pas bénéficier des aides financières et fiscales associées à ce type d’installations. Panorama des signes éligibles. A POUR EN SAVOIR PLUS • www.qualibat.com • www.qualifelec.com • www.qualit-enr.org 36 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 PANORAMA DES SIGNES ÉLIGIBLES POUR LES ENR Qualibat • Qualification 8111 + certification 8112 « Modules photovoltaïques intégrés » • Qualification 8121 + certification 8122 « Modules photovoltaïques surimposés ou de substitution » • Certification 8132 « Étanchéité photovoltaïque » • Qualification 8211 « Chauffe-eau solaires ou systèmes solaires combinés » + certifications 8212 « Chauffe-eau solaires », 8213 « Systèmes solaires combinés ou chauffage seul » et 8214 « Installations solaires thermiques » • Qualification 8311 + certifications 8312 et 8313 « Installations de pompes à chaleur géothermiques » • Qualification 8321 « Installations de pompes à chaleur aérothermiques » • Qualification 8411 + certifications 8412 et 8413 « Installations thermiques bois énergie » Qualifelec Mention « Solaire photovoltaïque (SPV) » délivrée avec une qualification « Installation électrique » Qualit’EnR • Qualifications « Quali PV - module Bâti » et « Quali PV - module Elec » • Qualifications « Qualisol » et « Qualisol Combi » • Qualification « Qualipac » • Qualifications « Qualibois – module Air » et « Qualibois – module Eau » ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES TUILES PHOTOVOLTAÏQUES Des systèmes à découvrir ou à redécouvrir À côté des systèmes d’intégration classiques de modules photovoltaïques en toiture, se développent, depuis une petite dizaine d’années, des produits appelés tuiles photovoltaïques. Bien qu’il n’existe pas de définition technique précise de ces dernières, elles s’apparentent, dans leur mode de pose ou leur principe, à des tuiles classiques. De la même manière, des ardoises photovoltaïques sont apparues sur le marché. Cette première famille de produits est constituée de modules photovoltaïques de géométrie similaire aux petits éléments de couverture. L’avantage principal de ces systèmes est leur mise en œuvre quasi identique (à la connexion électrique près) à la pose d’éléments traditionnels de couverture. L’autre avantage réside dans une très bonne intégration en toiture. En revanche, ces produits pèchent en termes d’évaluations techniques et de commercialisation en France. Par ailleurs, le nombre de modules nécessaires à la couverture d’un pan de toiture est bien plus élevé que dans le cas d’utilisation de modules photovoltaïques de grande dimen- 1 © LUXOL Parce qu’elles permettent une bonne intégration au bâti en reproduisant les modes de pose traditionnelle, les tuiles photovoltaïques ont des atouts indéniables. Trois types de produits se partagent le marché. sion. Le nombre de connectiques est multiplié en conséquence. Or, celles-ci font partie des points délicats de l’installation, leur mise en œuvre devant être particulièrement rigoureuse. D’autres produits plus anciens sont constitués de modules photovoltaïques de forme très allongée et de longueur équivalente à environ une demi-douzaine de panneaux tuiles traditionnelles. Ils sont souvent munis d’un cadre ou d’un châssis métallique spécifique permettant d’assurer l’étanchéité. Comme avec les tuiles ou ardoises conventionnelles, les modules constituent l’élément principal d’étanchéité de la couverture. Ils sont fixés directement sur les liteaux et disposés de manière à se chevaucher et s’emboîter – raison pour laquelle les modules ne sont recouverts que partiellement de cellules. La mise en œuvre d’un écran souple de sous-toiture est néanmoins nécessaire pour recueillir les eaux de condensation. En outre, l’intervention peut s’effectuer en même temps que la mise en place de la couverture, en neuf comme en rénovation. Les tuiles solaires de ce type sont 1 et 2 L’UN DES TROIS MODÈLES DE TUILES PHOTOVOLTAÏQUES existants, à géométrie similaire aux petits éléments de couverture. Sa mise en œuvre est proche de celle d’une tuile standard à emboîtement, avec une excellente intégration en toiture. généralement compatibles avec les modèles de tuiles traditionnelles. Se développent également d’autres procédés de plus grandes dimensions comprenant des laminés verre-tedlar. Souvent carrés, plus proches des modules classiques et disposant éventuellement de cadres spécifiques de faible épaisseur, ils sont fixés sur le liteaunage par l’intermédiaire de rails et d’étriers. L’étanchéité est réalisée par le recouvrement des modules entre eux, avec éventuellement un ajout de joints d’étanchéité. Des bavettes ou tôles, à la manière des systèmes d’intégration classiques, permettent l’étanchéité en périphérie de l’installation. Ces procédés, plus similaires aux solutions d’intégration déjà très répandues, se démarquent en définitive par le chevauchement des modules et par la très faible épaisseur du système photovoltaïque. Ils connaissent un engouement croissant depuis la 2 modification des critères d’intégration au bâti (passage à 20 mm de dépassement maximal du système photovoltaïque par rapport aux éléments de couverture environnants), mais aussi en raison de leur intérêt architectural. L’utilisation des laminés permettant d’obtenir une surépaisseur quasiment nulle vis-à-vis des éléments de couverture environnants, ce système est particulièrement intéressant dans le cas de couverture en ardoise. Pour autant, il n’existe à l’heure actuelle que très peu d’évaluations techniques (Pass’Innovation, Avis techniques) associées à ces procédés. Autre bémol : le coût de ces procédés est souvent bien supérieur à celui des systèmes d’intégration classiques. Ce qui explique en partie pourquoi leur utilisation n’est pas plus répandue pour le moment. POUR EN SAVOIR PLUS • GMPV-FFB (Groupement des métiers du photovaltaïque), tél. : 01 40 69 52 24, www.gmpv.ffbatiment.fr • UNCP-FFB (Union nationale des chambres syndicales de couverture et de plomberie de France), www.uncp.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 37 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES INSTALLATION SOLAIRE RAPPORTÉE Garantir l’étanchéité des toitures-terrasses Assurer la mise en place d’installations solaires thermiques ou photovoltaïques tout en préservant le revêtement d’étanchéité des toitures-terrasses, tel est l’objectif des recommandations professionnelles de la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE-FFB). omme les toitures inclinées, les toitures-terrasses munies d’un revêtement d’étanchéité sont le support idéal des panneaux solaires photovoltaïques ou capteurs solaires thermiques. Et comme elles, elles demandent que la mise en œuvre de ces systèmes soit effectuée dans le respect des textes de référence. Afin que les donneurs d’ordre, maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre puissent disposer d’ouvrages offrant une durabilité optimale avec une production maximale, la CSFE-FFB(1), par le biais de sa commission photovoltaïque qui regroupe fabricants d’étanchéité et de matériaux associés, entrepreneurs et assureurs, a rédigé un ensemble de recommandations professionnelles. Lesquelles, en se référant exclusivement aux dispositions des normes NF DTU de la série 43, y apportent des précisions et compléments dans le cadre de travaux neufs ou de rénovations. Originalité, ces recommandations s’adressent aussi bien aux entreprises qu’aux maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et bureaux d’études. Ainsi, tous parleront le même langage en bénéficiant d’un socle commun qui couvre l’ensemble des opérations à réaliser tout au long de la durée de vie de l’installation et du système d’étanchéité : conception de la toiture recevant l’installation solaire, réalisation et, important, entretien de l’étanchéité de l’ouvrage. Cependant, ces recommandations ne traitent pas des systèmes classe C minimale à 60 °C avec étanchéité sous protection lourde. 38 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 © SOLARDIS C POUR LES INSTALLATIONS SOLAIRES rapportées sur toiture-terrasse, les recommandations permettent d’obtenir une réalisation pérenne. complets (complexe d’étanchéité et isolant thermique associés à un système de production d’énergie), qui relèvent d’une évaluation technique particulière de type Avis technique ou Pass Inno- tante liée à un entretien plus vation du CSTB. régulier des installations placées en terrasse (chaufferie, disposiTOITURE TECHNIQUE tifs de ventilation, machinerie Première des recommandations : d’ascenseur) ; les toitures recefaire la distinction, comme dans vant une installation de capteurs le NF DTU, entre toitures inac- solaires sont donc à classer dans cessibles et toitures techniques cette catégorie. Ce qui demande ou à zones techniques. Ce qui un renforcement des exigences implique, dans le premier cas, pas de résistance à la compressibilité plus de deux interventions par an des isolants. Ainsi, sur les ouvrages pour l’entretien courant du revê- neufs, les supports isolants non tement d’étanchéité et des acces- porteurs admis seront soit de soires tels que lanterneaux de classe C (compressibilité selon désenfumage. Et dans le second guide UEAtc) minimale à 80 °C cas, une circulation plus impor- avec étanchéité apparente, soit de CHARGES PERMANENTES Dans le cas de la mise en place d’une installation solaire sur des ouvrages existants, les recommandations spécifient qu’il est nécessaire de réaliser au préalable un nouveau revêtement d’étanchéité. De même, l’interposition d’un écran support de classe C minimale à 80 °C peut être nécessaire dans le cas d’un isolant existant ne satisfaisant pas aux exigences précédemment citées. Dans le cas d’une nouvelle isolation, toujours avec application des dispositions définies par le NF DTU 43.5, les panneaux isolants répondent aux mêmes spécifications qu’en travaux neufs. Bien sûr, les charges permanentes supplémentaires liées aux installations solaires doivent être prises en compte au niveau de la structure de l’ouvrage. Et il est rappelé qu’il appartient au maître d’ouvrage ou à son représentant de vérifier au préalable la stabilité de l’ouvrage dans les conditions de la norme NF DTU 43.5 pour les travaux de réfection, et selon les NF DTU 43.1, 43.3 et 43.4 pour les travaux neufs. (1) La CSFE-FFB est également membre fondateur du Groupement des métiers du photovoltaïque (GMPV-FFB), www.gmpv.ffbatiment.fr POUR EN SAVOIR PLUS CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l’étanchéité), tél. : 01 56 62 13 20, www.etancheite.com AMÉNAGEMENT/FINITIONS PEINTURE Être attentif à la réception de chantier Arrivant en fin d’exécution dans l’ordre des travaux, les peintres ont intérêt à être vigilants lors de la réception de chantier. Explications. I ntervenant en dernier sur un chantier, le peintre est tributaire du travail des corps de métier qui l’ont précédé. Il arrive qu’à la réception d’un chantier, le peintre ait à déplorer des chantiers sales, la présence de gravats, un degré d’hygrométrie trop élevé, des problèmes de planimétrie… Dans ces cas-là, les délais sont plus difficiles à tenir, notamment si le degré d’hygrométrie est encore trop élevé ou si des retards ont été pris précédemment. La passation d’un chantier d’un corps de métier à un autre n’est pas toujours bien prise en compte. D’où l’importance d’établir quelques lignes directrices, sinon une procédure, afin que cette étape ne se transforme pas au final, soit en perte financière en raison du temps perdu à remettre le chantier en état, soit en démêlés judiciaires. Très souvent, en effet, les éventuels défauts constatés sur un chantier sont attribués par le client au peintre, alors qu’ils peuvent relever d’interventions antérieures. « La réception des travaux est une étape cruciale et tous nos collaborateurs sont bien avertis de l’importance qu’il y a à respecter certaines règles, témoigne Antony Fontaine, gérant de la SARL éponyme à Laval (14 salariés). C’est le moment où il faudra se montrer exigeant sur l’état du travail qui a été fait avant nous. Trop souvent hélas, on constate des négligences, ce qui se traduit par du travail supplémentaire, comme du nettoyage ou l’obligation de réenduire des bandes de placo… » « LA RÉCEPTION DES TRAVAUX EST LE MOMENT OÙ IL FAUT SE MONTRER EXIGEANT SUR L’ÉTAT DU TRAVAIL QUI A ÉTÉ FAIT AVANT NOUS. » ANTONY FONTAINE, GÉRANT DE LA SARL ANTONY FONTAINE Il est donc indispensable pour le peintre de participer aux réunions de chantier, particulièrement celles qui précèdent directement son intervention. Ce sera le moment de rappeler les obligations des uns et des autres devant le maître d’œuvre et les autres corps de métier, les remarques étant formulées par écrit afin de responsabiliser chacun. « C’est un moment essentiel, car tout le monde lit les PV de chantier », note Antony Fontaine qui assiste lui-même aux réunions de chantier afin de faire part des exigences du métier de peintre, telles qu’elles sont formulées dans le NF DTU 59.1. plaque de plâtre, la planéité entre deux plaques doit être inférieure à 1 mm sous une règle de 20 cm et à 5 mm sous une règle de 2 m. Il ne faudra pas hésiter à éventuellement prendre des photos pour étayer les demandes à formuler au maître d’œuvre. Enfin, lors de la réception finale, à l’issue des travaux de peinture, il est indispensable de faire signer un PV de fin de chantier, DES POINTS ESSENTIELS sur lequel le client pourra faire À RESPECTER ses observations. Ce document Autre réflexe à acquérir, consigner pourra s’avérer utile en cas de noir sur blanc les points essentiels litige vis-à-vis des assurances. constatés à l’arrivée du peintre et Réalisées en collaboration avec l’UMGOtels qu’exigés par le NF DTU : (1) FFB, l’UMPI-FFB, la FFB-CMP, l’UNRSTle local est-il clos, ventilé, hors FFB, les fiches techniques de réception travaux destinées aux peintres sont d’eau, les fenêtres assurent-elles de accessibles dans l’espace adhérents du site : l’étanchéité… ? Pour ce faire, www.uppf.ffbatiment.fr dans la rubrique les professionnels peuvent uti- « technique/fiches techniques ». liser les fiches techniques(1) édi- POUR EN SAVOIR PLUS tées par l’UPPF-FFB, qui posent UPPF-FFB (Union professionnelle les exigences minimales à respec- peinture et finitions), : 01 40 69 53 73, ter pour chaque corps de métier. tél. www.uppf.ffbatiment.fr Exemple : sur un support de SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 41 CARRELAGE COLLÉ DES ÉVOLUTIONS EN PHASE AVEC LE MARCHÉ Le NF DTU 52.2 « Pose collée des revêtements carrelés – travaux neufs » a pris effet fin décembre 2009. Les nouveautés apportées ont permis de répondre aux attentes de ce marché qui avait connu de fortes évolutions poussées par les industriels. culier l’agrandissement des formats des revêtements », explique Jean-Luc Bardaille, qui dirige l’entreprise Ardeco à Courcelles-lèsLens (Pas-de-Calais). « Les fabricants proposent des carreaux toujours plus grands, ce qui répond à la demande des clients. Le NF DTU 52.2 s’adapte à cette évolution. » En murs intérieurs par exemple, avec adhésifs D2, les faïences passent à 2 000 cm2 contre 1 100 cm2 auparavant, et « LES FABRICANTS les autres revêtements à 1 200 cm2 PROPOSENT DES CARREAUX contre 750 cm2. Les carreaux céraTOUJOURS PLUS GRANDS, miques de faible porosité (type CE QUI CORRESPOND grès cérame, grès porcelainé…) À LA DEMANDE et les pierres naturelles peuvent DES CLIENTS.» atteindre jusqu’à 3 600 cm2, à JEAN-LUC BARDAILLE, DIRIGEANT D’ARDECO condition d’être posés avec un mortier-colle déformable C2 S1/ S2 à partir de 2 000 cm2. Un nouIl se compose de cinq parties, veau support est également introdont trois s’inspirent d’anciens duit : les murs maçonnés en blocs cahiers des prescriptions tech- de béton cellulaire avec un liant à niques (CPT n° 3265, 3266 et base de plâtre dans les locaux EB+ 3267) qui régissaient auparavant privatifs au maximum. les travaux neufs en murs intérieurs et extérieurs, ainsi qu’en LES SOLS AUSSI sols intérieurs et extérieurs. « Sa VOIENT PLUS GRAND création nous a permis d’être en L’augmentation des formats adéquation avec les attentes sur étant la ligne directrice de ce ce marché, concernant en parti- NF DTU 52.2, les revêtements de 42 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 © AGROB BUCHTAL E ffectif depuis décembre 2009, le NF DTU 52.2, qui concerne la pose collée du carrelage et de la pierre naturelle, classe désormais cette mise en œuvre comme technique traditionnelle, au même titre que la pose scellée traitée par le NF DTU 52.1. Il ne vise que les travaux neufs sur supports traditionnels en locaux P3 au plus. sols sont aussi concernés. Ainsi, les terres cuites voient leur format passer de 300 à 900 cm2, et les carreaux de ciment sont admis s’ils ne dépassent pas les 500 cm2. En sols extérieurs, le même format maximum de 3 600 cm2 s’applique uniquement aux pierres naturelles (pour le carrelage, il est de 2 200 cm2). Reste que la pose à joint nul est toujours interdite. Mais la dimension des joints est rapportée à 2 mm minimum pour tous formats si les tolérances dimensionnelles des carreaux répondent aux exigences du Cahier 3659_V4 de la certification NF UPEC, intro- duisant ainsi la notion de joints réduits. Leur dimension est de 4 mm pour les carreaux simplement conformes à la norme NF EN 14411. PLUS DE CONTRÔLES Outre l’agrandissement des formats, le NF DTU 52.2 apporte d’autres modifications notables, avec en particulier l’extension du domaine d’emploi des mortierscolles déformables classées C2 S1/S2. Ils sont les seuls autorisés pour la mise en œuvre en façade et pour toute hauteur jusqu’à 28 m, sachant qu’elle reste limitée à 6 m pour les carreaux de AMÉNAGEMENT/FINITIONS © NOVOCERAM DES OUTILS SIMPLES POUR MIEUX ABORDER LES NF DTU © TERREAL 2 3 1 terre cuite (format : 300 cm2 < S ) 900 cm2), les carreaux céramiques (sauf les Bla) et les pierres naturelles de porosité ouverture supérieure à 2% (format : 2 000 cm2 < S ) 3 600 cm2). En outre, les mortiers-colles C2 ne sont plus la règle avec les planchers chauffants à eau chaude ; ce sont désormais les mortiers-colles C2 S1/S2 avec un format maximum de 3 600 cm2 contre 2 000 cm2 précédemment. « Si nous utilisions déjà des mortiers-colles déformables auparavant, nous ne sommes plus hors DTU face à des clients qui souhaitent de plus en plus installer des planchers à eau chaude avec de grands carreaux », souligne JeanLuc Bardaille. À noter enfin que deux nouveaux contrôles relèvent du NF DTU 52.2. Tout d’abord, le contrôle du désaffleurement pour les sols et murs intérieurs et extérieurs. Ensuite, pour les murs extérieurs, celui de l’écrasement par tranches de 100 m2, avec cinq contrôles au minimum par chantier, débouchant sur la production d’un rapport avec photos, pour une mise en œuvre sécurisée. POUR EN SAVOIR PLUS UNECB-FFB (Union nationale des entrepreneurs céramistes du bâtiment), tél. : 01 40 69 58 20, www.unecb.ffbatiment.fr 1 et 2 EN INTÉRIEUR, le NF DTU 52.2 autorise des carreaux céramiques atteignant 3 600 cm2 pour les revêtements muraux et pour les sols intérieurs et 2200 cm2 pour les sols extérieurs. 3 LES CARREAUX DE TERRE CUITE mis en œuvre en sols extérieurs voient leur format passer de 300 à 900 cm2. ENTREPRISE ARDECO, COURCELLES-LES-LENS (62) Entreprise titulaire de la marque L’Agence Qualité Construction (AQC) a édité plusieurs Mémos Chantier dans la collection « Les bonnes pratiques » qui, sans se substituer aux règles de l’art, sont des outils précieux lors de la mise œuvre de revêtements carrelés. Depuis février 2012, de nouvelles éditions sont proposées. Elles ont intégré les évolutions apportées par le NF DTU 52.1 de novembre 2010 et le NF DTU 52.2. C’est le cas des Mémos Chantier « Carrelage sur planchers chauffants » et « Sols carrelés » qui s’attachent à recenser les points sensibles de mise en œuvre d’un sol carrelé (locaux à faibles sollicitations P2, P3 sans siphon de sol). Aussi révisé en février 2012, le document « Réservations pour la pose de sols carrelés », dans la collection « L’information professionnelle du maître d’œuvre ». Cette publication permet de connaître les différentes hauteurs de réservation liées aux sols carrelés et leur constitution (locaux intérieurs à faibles sollicitations P2-P3 sans siphon de sols, et sols extérieurs : balcon, loggia, terrasse). « Mes équipes ont suivi des formations, notamment sur la pose collée, témoigne Jean-Luc Bardaille. Afin de les compléter, j’ai commandé ces Mémos et les ai distribués à tous mes chefs d’équipe. Ils ne remplacent pas les DTU, mais en cas de doute, chacun peut s’y reporter à tout moment sur le chantier. Ce sont des outils bien faits car ils traitent vraiment des points singuliers, de manière didactique grâce aux schémas et illustrations. Je les distribue aussi à mes conducteurs de travaux, car même s’ils possèdent les normes, ils peuvent aussi se reporter à ces Mémos pratiques qu’ils conservent à portée de main. » À télécharger gratuitement sur www.qualiteconstruction.com SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 43 SEL ET SPEC Ne pas confondre étanchéité et protection à l’eau sous carrelage L a présence d’eau (vapeur ou liquide) en locaux intérieurs peut conduire à des désordres importants. Les supports non conventionnels tels que le bois, la chape sèche, la plaque de plâtre enrobée de carton, la brique montée au plâtre, le plâtre manuel ou projeté, doivent 44 être préparés. D’autres supports comme la brique montée au mortier ou le béton cellulaire sont insensibles à l’eau mais ne sont pas imperméables. Pour protéger ces supports en locaux humides, deux solutions existent, utilisées en fonction de l’intensité de l’exposition à l’humidité des parois du local et de la nature des supports : les systèmes de protection à l’eau sous carrelage (SPEC) et les systèmes d’étanchéité liquide (SEL). Deux systèmes qui présentent des similitudes mais aussi des distinctions fondamentales, comme le montre le tableau ci-dessous. POUR EN SAVOIR PLUS • UNECB-FFB (Union nationale des entrepreneurs céramistes du bâtiment), tél. : 01 40 69 58 20, www.unecb.ffbatiment.fr • CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l’étanchéité), tél. : 01 56 62 13 20, www.etancheite.com Systèmes d’étanchéité liquide (SEL) Systèmes de protection à l’eau sous carrelage (SPEC) Procédé Application de produits liquides ou pâteux formant par séchage ou polymérisation un revêtement d’étanchéité. Application de produits liquides qui forment une membrane par séchage, ou encore de nattes ou de films. Fonction Les SEL assurent l’étanchéité des planchers intermédiaires intérieurs dans les locaux humides, celle des murs et des cloisons sur lesquels ils se relèvent. Ils peuvent aussi rester apparents. Les SPEC n’ont pas vocation à assurer l’étanchéité d’un ouvrage, mais à rendre ces supports admissibles à la pose collée de carrelage (par exemple : support à base de plâtre ou de bois). Domaines d’emploi Le plus souvent utilisés en étanchéité des sols, les SEL peuvent couvrir les mêmes domaines d’emploi que les SPEC. On distingue deux classes : • SP2, utilisable en revêtement directement accessible ; • SP3, utilisable sous protection dure rapportée, en particulier carrelage scellé ou collé (support de pente minimale : 1 %). En cas de protection par carrelage collé, seuls les locaux P2 et P3 sont visés (au sens du classement UPEC des locaux en vigueur). Le plus souvent utilisés en mur intérieur dans les locaux : • EB + privatif (par exemple, zone d’emprise du receveur dans une salle d’eau à usage individuel) ; • EB + collectif (par exemple, vestiaires collectifs) ; • EC (par exemple, douches collectives) ; suivant la nature du support. Règles de l’art « Règles professionnelles concernant les travaux d’étanchéité à l’eau, réalisés par application de SEL sur planchers intermédiaires », édition de mars 2010. NF DTU 52.2 partie 1-1-1. Il indique d’une façon générale et suivant les degrés d’exposition à l’eau des locaux, les supports admis en pose collée directe et les supports admissibles sous réserve de l’application préalable d’un SPEC. Homologation des systèmes Attestation de conformité (cahier des charges) – Dossier technique qui caractérise et spécifie le procédé. Il est obligatoirement accompagné d’une attestation de conformité aux spécifications de performance de ces règles, visée par un organisme tiers. Il peut aussi faire l’objet d’un Avis technique qui atteste son aptitude à l’emploi. Avis techniques (ATec) formulés par le GS 13 et diffusés par le CSTB. Chaque ATec atteste de l’aptitude à l’emploi du système concerné. Il liste les supports admis en sol et murs selon le degré d’humidité des locaux et l’étendue des surfaces à revêtir. Il précise les produits et colles à utiliser et décrit le traitement des points singuliers. Se procurer l’ATec du produit est indispensable, comme de suivre ses prescriptions spécifiques. Entreprises intervenantes Entreprises d’étanchéité (qualification Qualibat 3242). Entreprises de carrelage-revêtement-mosaïque (qualification Qualibat 6343). Entreprises de carrelage-revêtement-mosaïque (qualifications Qualibat 6312 et 6313). Garantie La garantie décennale couvre l’étanchéité de l’ouvrage et la pérennité de la fixation du carrelage, en cas d’utilisation sous carrelage collé, dans la mesure où le décollement du carrelage entraînerait l’impropriété à destination de l’ouvrage. Elle peut être décennale, le décollement du revêtement carrelé pouvant entraîner l’impropriété à destination de l’ouvrage. BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 AMÉNAGEMENT/FINITIONS INTERNET Créer un site pour valoriser son travail L’Entreprise sénonaise de peinture a conçu un site Internet pour présenter ses réalisations, accroître sa visibilité auprès des clients et futurs embauchés, et permettre à terme de suivre les travaux à distance. epuis la reprise de l’Entreprise sénonaise de peinture (ESP, 38 salariés) en 2006, Jean Baron n’a eu de cesse de la moderniser grâce aux nouvelles technologies et de proposer de nouveaux services à ses clients. Ainsi, en 2009, l’entreprise a développé un site Internet avec un prestataire local, grâce à une subvention de la région Bourgogne, qui a permis de financer la moitié de l’investissement. « Il n’y a qu’en innovant qu’on arrivera à faire face au ralentissement économique, estime Jean Baron, et j’ai voulu avoir un site qui soit le reflet le plus fidèle possible des activités de notre entreprise. » Positionnée plutôt dans le haut de gamme, avec une majorité de chantiers en rénovation, l’entreprise souhaitait un site qui soit plus qu’une simple fiche d’identité. Jean Baron constate en effet que dans les métiers du bâtiment, pourtant très visuels, il existe encore peu d’approches permettant aux clients de visualiser les travaux réalisés et les possibilités de transformation d’un D bâtiment. « Nous avons de nombreuses exigences dans notre entreprise, dont une charte de qualité très détaillée, indiquet-il. C’est pourquoi j’ai souhaité un site qui donne des informations concrètes sur nos réalisations, ce qui ne peut que rassurer nos clients. » tous les jeudis matin. Parmi ses principales tâches : effectuer les opérations de mise à jour du site et veiller à ce qu’il apparaisse en bonne position sur les moteurs de recherche, afin d’en faire un véritable outil de promotion. « Nous avons une charte de qualité très détaillée. C’est pourquoi j’ai souhaité un UN VÉRITABLE OUTIL site Internet qui donne des DE PROMOTION Deux appareils photo numé- informations concrètes sur nos réalisations, ce qui ne riques permettent aux conducpeut que rassurer teurs de chantier, et plus génénos clients . » ralement aux salariés, de rendre compte des chantiers réalisés et de proposer une photothèque représentative des réalisations de l’entreprise. Pour chaque photo, une légende décrit précisément le travail accompli. « Au début, les salariés ont eu des réticences à comprendre notre démarche, mais très rapidement ils ont été très fiers de prendre en photo leurs travaux et de les montrer. » Pour que le site soit en bonne position sur les moteurs de recherche, Jean Baron a embauché une assistante de direction freelance qui vient JEAN BARON, DIRIGEANT DE L’ENTREPRISE SÉNONAISE DE PEINTURE. « Nous ne faisons aucune publicité. Nos clients viennent nous voir essentiellement par le bouche à oreille et de plus en plus par notre site, précise Jean Baron. Internet commence aussi à nous donner de la notoriété auprès de futurs salariés. C’est ainsi que nous avons récemment recruté un chef d’équipe. Je pense que ce sera de plus en plus le cas à l’avenir. » Le site permet égale- ment des prises de rendez-vous directes avec le métreur, grâce à un formulaire adapté. Comptant parmi sa clientèle de nombreux propriétaires de résidences secondaires dans la région (Parisiens, Anglais, Hollandais), Jean Baron a l’intention de réserver à ses clients un accès personnalisé sur le site, permettant ainsi de suivre à distance l’évolution d’un chantier, recueillir les avis et choisir telle ou telle couleur en direct… Pour l’instant, l’expérience ne s’est déroulée qu’une fois, « mais je pense qu’on développera cette idée dans le futur, estime-t-il. Pourquoi ne pas s’inspirer des cuisinistes, qui proposent de composer ainsi sa cuisine aménagée ? » En attendant de traduire le site en anglais et hollandais, ESP poursuit sa modernisation en retravaillant son identité visuelle, avec l’aide d’un designer. SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 45 AMÉNAGEMENT/FINITIONS LINOLÉUM Un nouveau CPT pour unifier les bonnes pratiques epuis 2007, les revêtements de sol en linoléum ne font plus partie du NF DTU 53.2 « Revêtement de sol PVC collé », auquel ils étaient auparavant assimilés. Ils ne dépendent plus que des Avis techniques des fabricants, qui traitent des mises en œuvre particulières en fonction de leurs caractéristiques (formats en lés ou en dalles, sous-couches…). Afin d’unifier les bonnes pratiques de mise en œuvre de ces revêtements et de renforcer ainsi la technicité du métier de solier, le Cahier des prescriptions techniques 3703(1) est en application depuis mars 2012, non seulement pour les travaux neufs (comme pour les NF DTU) mais aussi pour les travaux en rénovation. Définies après un travail en commun de deux ans mené par l’Union nationale des revêtements de sols techniques (UNRST-FFB), le CSTB, les industriels et les bureaux de contrôle, les nouvelles dispositions du CPT répondent aux attentes des professionnels dans un secteur en fort développement, notamment dans le domaine des sols à fort trafic. Le nouveau CPT dégage un tronc commun entre toutes les façons de mettre en œuvre du linoléum, telles qu’elles sont établies dans les Avis techniques. C’est ainsi que l’article 5 du CPT unifie les différentes façons de traiter les travaux préparatoires, en définissant les exigences communes et la méthodologie de reconnaissance systématique des supports. Ce diagnostic préalable – établi sur le même modèle que celui du NF DTU 53.2 – porte sur huit points spécifiques : nature des supports (neufs ou anciens), taux d’humidité, porosité, planéité, 46 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 © FORBO D relevé des fissures, cohésion de surface, présence éventuelle de produits de cure, pose sur escalier. Autre point important : le CPT donne la possibilité au donneur d’ordre de choisir entre deux modes constructifs pour la pose sur dallage neuf – soit une chape désolidarisée sur ce dallage, soit une protection contre les remontées d’humidité bénéficiant d’un Avis technique. Il précise aussi que les systèmes de sous-couche d’interposition ne sont pas adaptés. Dans le cas d’une pose directe sans ragréage sur chape neuve à base de sulfate de calcium (chape fluide), le CPT préconise que la préparation du support (un ponçage fin, par exemple) soit exécutée par le solier, qui en assume ainsi la responsabilité, afin d’éviter les litiges. Concernant les planchers chauffants, le document renvoie aux préconisations du CPT 3606-V2 « Chauffage par plancher rayonnant électrique », qui impose notamment des conditions de température. Il en va de même concernant les supports anciens en rénovation (avec ou sans conservation de l’ancien LE CPT 3703 concerne aussi bien les travaux neufs que la rénovation ; il définit un tronc commun à tous les types de mise en œuvre du linoléum, tels qu’établis dans les différents Avis techniques. revêtement), qui exigent le respect des prescriptions du CPT 3635, notamment celles concernant les remontées d’humidité. Enfin, afin de tenir compte de la complexité de la mise en œuvre du linoléum, le CPT indique que les entreprises de revêtements de sol doivent être titulaires d’une qualification Qualibat 6223. (1) Chaque Avis technique traite des conditions et prescriptions de mise en œuvre. Pour certaines familles de produits sous Avis technique présentant des dispositions communes de mise en œuvre, il a paru plus judicieux de regrouper ces dernières dans un document commun. L’Avis technique intègre le cas échéant des dispositions spécifiques de mise en œuvre et se réfère pour le reste à ce document de prescriptions communes, qui sont indissociables du contexte de la famille de produits considérée et des Avis techniques correspondants. POUR EN SAVOIR PLUS • UNRST (Union nationale des revêtements de sols techniques), tél. : 01 40 69 51 45, www.unrst.com • www.cstb.fr pour obtenir le texte du CPT (téléchargement gratuit) • www.devenir-qualibat.com et www.qualibat.com pour obtenir une demande de qualification Qualibat Aider les peintres à réaliser leurs mémoires techniques Pour aider les entreprises de peinture qui éprouvent parfois des difficultés à rédiger le mémoire technique, l’UPPF-FFB a édité un guide qui récapitule les points essentiels à respecter lors de la rédaction et donne des recommandations. Exemple : chaque chantier étant unique, éviter à tout prix les « copier-coller » d’un chantier à l’autre ! Rappelons que le rôle d’un mémoire technique est avant tout de fournir au maître d’ouvrage les détails techniques et d’organisation adoptés par une entreprise pour exécuter la prestation demandée. Pour en savoir plus Guide à télécharger sur www.uppf.ffbatiment.fr, espace adhérents CCTP: définir un langage commun L’Union nationale des économistes de la construction (UNTEC) et l’Union des métiers du plâtre et de l’isolation (UMPI-FFB) viennent de mettre au point un guide pratique pour l’établissement des cahiers des clauses techniques particulières (CCTP) concernant les travaux de plâtrerieisolation. Diffusé à partir d’octobre 2012, le guide traitera de neuf ouvrages types de plâtrerie et isolation (plafonds en plâtre, éléments en staff, plafonds suspendus…). Pour chaque ouvrage, un tableau décrira les points singuliers, les performances (acoustique, thermique, résistance au feu…) et les recommandations à prendre en compte. Le but est de développer une meilleure compréhension entre économistes de la construction et entrepreneurs afin que les CCTP soient mieux rédigés, moins équivoques et puissent être exploités, notamment au moment du chiffrage par l’entrepreneur. Pour en savoir plus Guide disponible sur www.umpi.ffbatiment.fr et www.untec.com Mettre en œuvre L’ETANCHEITE A L’AIR Imposée par la RT 2012, l’étanchéité à l’air fait entrer le bâtiment dans l’ère de l’obligation de résultats et non plus seulement de moyens. Elle donne tout son sens au « travailler ensemble » et met la qualité de mise en œuvre au cœur de chaque chantier. Panorama des principes généraux d’une bonne étanchéité à l’air et premiers retours d’expérience des différents corps de métier, tous concernés directement ou indirectement. Continuité de l’étanchéité de l’enveloppe 48 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC Soigner la conception et la préparation de chantier pour simplifier la mise en œuvre. Un système d’étanchéité à l’air, par définition continu, est constitué de différents matériaux liaisonnés entre eux. Réaliser un tel système implique d’abord, lors de la phase de conception, d’identifier les principes d’étanchéité à l’air liés à chaque mode constructif, en définissant les matériaux employés et les nœuds de complexité aux différentes étapes. Si l’une des clés de la réussite est de se poser les bonnes questions lors de la phase d’études, la qualité de la mise en œuvre est tout aussi essentielle pour atteindre les performances requises. Assurer la continuité de l’étanchéité à l’air est un travail exigeant un effort particulier sur les interfaces – entre matériaux, entre différents plans et entre corps d’état – et sur le maintien de la performance tout au long du chantier. Certains corps d’état mettent en effet en place le plan d’étanchéité, tandis que d’autres doivent veiller à ne pas le dégrader ou à le restituer intact en cas de percement. La qualité de la préparation de chantier et de la coordination entre tous les intervenants est donc le préalable à la qualité de mise en œuvre. « Pas de contraintes particulières » Maçonnerie CHRISTIAN BELTOISE, ENTREPRISE BELTOISE ET FILS (MAÇONNERIE), LOURY (LOIRET) En voile béton. Par sa composition, le béton est un matériau étanche à l’air. C’est donc toute l’épaisseur de la paroi qui constitue le plan d’étanchéité à l’air. Les principales précautions à prendre sont de reboucher les trous de banche et de traiter les joints de dilatation. Dans le cas de murs béton préfabriqués, chaque jonction entre éléments doit être conçue en tenant compte de l’étanchéité à l’air. Comme le béton constitue souvent le support d’autres produits (adhésifs, colles), une mise en œuvre soignée est primordiale et une réception des supports nécessaire. En blocs/éléments maçonnés. Les éléments de maçonnerie assemblés (parpaing, brique, béton cellulaire, pierre naturelle…) ne constituent pas à eux seuls une paroi suffisamment étanche à l’air. Un système complémentaire doit être mis en œuvre. Structure lourde : isolation intérieure sur ossature Liaison du plancher bas A B Isolant thermique + pare-vapeur Ossature métallique Plaque de plâtre Enduit extérieur Plinthe Bloc de maçonnerie Bande d’arase/ Lit de mortier hydrofugé Soubassement ou fondation A Garantir l’étanchéité à l’air par la pose d’un joint mousse pré-comprimée ou d’une bande résiliente adhésive et étanche à l’air. B Calfeutrer la base de la plaque de plâtre à l’aide d’une bande de matériau souple et isolant. Assurer une parfaite planéité de la dalle béton. Revêtement de sol Dallage désolidarisé en béton armé Isolant thermique sous dalle Film antiremontées capillaires Entreprise spécialisée dans la maison individuelle, nous avons construit en 2010-2011 un pavillon BBC en brique monomur (de 50 cm). BBC ou pas, quand un mur en brique monomur est monté dans les règles de l’art, avec des coupes les plus propres possibles et un mortier pour bien les calfeutrer, puis, en intérieur, un enduit plâtre traditionnel, l’enveloppe est étanche à l’air. S’y ajoutait une isolation de 30 cm de ouate de cellulose entre le plafond suspendu et la sous-toiture. Les deux tests réalisés sur ce chantier – quand le bâtiment était hors d’eau et hors d’air, puis au moment de la réception – ont montré que le résultat était atteint. Les quelques points à revoir concernaient principalement les calfeutrements au niveau des gaines techniques. Aujourd’hui, nous travaillons sur une maison plus performante, toujours en brique monomur (42,5 cm), avec en plus une isolation thermique par l’extérieur. Notre cliente voulait qu’on utilise des matériaux d’isolation traditionnels ; nous allons réaliser l’ITE en enduit chauxchanvre, auquel s’ajoutera l’enduit de finition. L’isolation intérieure au niveau des combles va être réalisée en ouate de cellulose, pulsée dans des caissons entre le plafond et le support de couverture. Sur tous ces aspects, nous travaillons en direct avec notre cliente – l’architecte a fait les plans mais n’assure pas le suivi de chantier. C’est un vrai travail d’accompagnement. « Tout le monde est tiré vers le haut » BRUNO CANNATA, ENTREPRISE CANNATA (PAS-DE-CALAIS) Notre entreprise est en train de construire dans la région, en tant que mandataire d’un groupement que nous avons monté avec d’autres corps de métier, un ensemble de 600 logements BBC à ossature bois. Le cahier des charges, lors de l’appel d’offres, fixait un objectif – atteindre le BBC 100 % par l’enveloppe, sans apport d’énergie complémentaire – et c’était à nous d’apporter les solutions de mise en œuvre pour atteindre les niveaux requis d’étanchéité à l’air. Réussir dans ce domaine repose d’abord sur la concertation avec tous les corps d’état. Au sein du groupement, en nous adjoignant les SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 49 DOSSIER L’ÉTANCHÉITÉ À L’AIR Pour réaliser l’isolation par l’intérieur, les deux approches les plus répandues sont : t un enduit/revêtement technique perméable à la vapeur d’eau, mis en œuvre entre la maçonnerie et l’isolation, apte à recevoir un doublage isolant collé ; t un enduit extérieur mis en œuvre sur la maçonnerie. Quand le bâtiment fait l’objet d’une isolation par l’extérieur de type bardage à lame d’air ventilée, on pourra réaliser un enduit intérieur. Ossature légère (bois/acier) Pour ce type de système, l’étanchéité à l’air est couramment réalisée : t par une membrane pare ou frein-vapeur, jointoyée entre lés par des bandes adhésives (en plus du recouvrement) dans le cas d’un contreventement extérieur ; t par des panneaux de contreventement (ossature bois) lorsqu’ils sont positionnés côté intérieur, jointoyés entre eux. La membrane d’étanchéité à l’air, en partie courante, peut être positionnée soit par agrafage sur les montants bois, soit à l’aide d’adhésif double face sur les structures bois ou acier. Les principales recommandations lors de la mise en œuvre sont : t optimiser les longueurs de membrane pour diminuer les raccords entre les rouleaux ; t positionner la membrane en évitant la formation de plis au jointement des lés ; t éviter les raccords en angle, plus complexes à réaliser ; t éviter de tendre la membrane dans les angles, afin de limiter les risques de percement ; t vérifier visuellement l’absence de défaut de fabrication. Les raccords entre lés de membrane, en plus de respecter les recouvrements horizontaux et Ossature bois : isolation croisée en doublage extérieur Liaison de la lisse basse Écran pare-vapeur continu A B Vide technique ou Plenum Plaque de plâtre Voile travaillant/ Contreventement Revêtement de sol et sous-couche résiliente Isolant thermique Voile travaillant horizontal C Enduit mince et treillis d’armature Isolant thermique Solive de rive en bois lamellé type LVL 20 cm Panneau de fond de dalle filmé ou contreplaqué Lisse Poutre en I basse sur feutre bitumineux Vide sanitaire Mur de soubassement A Pose d’un double joint mousse pré-comprimé ou d’un double joint profilé torique en EPDM ou de deux cordons autocollants en caoutchouc butyle. B Pose continue de l’écran pare-vapeur horizontal du plancher bas par superposition des lés. C Continuité et collage soigné de l’écran pare-vapeur de la paroi verticale sur la dalle ou au pied de la traverse basse. 50 0 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE SEPTE SEP TEMB MBRE RE 201 2012 2 services d’un bureau d’études thermiques, nous avons travaillé longuement, au stade de l’offre puis de la préparation de chantier, pour élaborer ensemble les solutions adaptées (création de vides techniques pour les passages de câbles, réseau de chauffage en pieuvre…) et surtout pour caler nos interventions respectives, de sorte que l’on évite d’avoir à percer l’enveloppe étanche. L’important est moins dans les solutions techniques – on les a – que dans le respect de l’autre et le « savoir travailler ensemble ». Avant, on savait rattraper le coup s’il y avait eu un problème ici ou là ; aujourd’hui, ce n’est plus possible. L’enjeu est aussi, pour les compagnons, de se former à de nouvelles techniques de mise en œuvre, concernant par exemple les membranes d’étanchéité, et de consacrer tout le temps et l’attention nécessaires à la pose, en particulier au niveau des calfeutrements. Au final, tout le monde est tiré vers le haut, surtout lorsque les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre nous demandent de prendre à notre charge la responsabilité globale de l’étanchéité à l’air, avec les marges de manœuvre que cela nous donne. « Une question d’état d’esprit » PATRICK LAYE, ENTREPRISE DE PLÂTRERIE LAYE (DOMÈNE, ISÈRE) Notre entreprise est familiarisée depuis longtemps avec le thème de la perméabilité à l’air, puisque nous avons déjà travaillé il y a cinq ans sur une crèche à énergie positive, en construction bois. Pour autant, si nous avons intégré cette problématique, en particulier au niveau de l’encadrement, l’enjeu majeur, pour notre entreprise qui emploie 70 salariés, est de sensibiliser les compagnons. Car le principal, à mon sens, est moins dans l’évolution des techniques utilisées que dans l’état d’esprit qui doit être partagé par tous, à savoir la nécessité d’effectuer une pose de plus en plus fine pour que l’ouvrage soit parfaitement exécuté et atteigne au final les seuils requis d’étanchéité à l’air. C’est le cas par exemple quand on pose des plaques de plâtre en plafond au contact de la maçonnerie et qu’on doit réaliser un jointement avec le plus de précision possible pour rendre l’ouvrage hermétique. Nous avons dû apprendre aussi à travailler différemment les produits, comme les membranes pare-vapeur autorégulatrices à poser entre l’ossature et le parement. Nous nous intéressons également aux nouveaux revêtements techniques développés par les fabricants, comme ceux qui permettent, avant d’entamer les travaux de plâtrerie, de réaliser une isolation intérieure en projetant le revêtement sur l’intégralité des murs maçonnés et des jonctions menuiseries/ maçonnerie et plafond/maçonnerie, ce qui traite à la fois les fuites d’air parasites de la maçonnerie et les points singuliers. L’effort de sensibilisation, enfin, doit concerner aussi les maîtres d’ouvrage. « Une approche globale de la performance énergétique » ALAIN ORIOL, ENTREPRISE ORIOL (CHAUFFAGE, CLIMATISATION, PLOMBERIE), (SAINT-ÉTIENNE, LOIRE) Nous allons intervenir prochainement sur notre premier gros chantier BBC, un hôpital pour lequel nous prenons en charge en sous-traitance le lot CVC et plomberie. L’essentiel de l’étanchéité à l’air sera assuré grâce à l’isolation par l’extérieur de l’enveloppe, mais nous nous préparons à être nous-mêmes très vigilants sur les questions de réseaux, traversées de parois, calfeutrements… – et nous aurons comme interlocuteur un ingénieur dédié à ces questions côté entreprise générale. Au-delà de la perméabilité à l’air, nos efforts dans la période actuelle portent globalement sur le renforcement de nos savoir-faire en matière de performance énergétique – là où nous pouvons avoir une vraie valeur ajoutée, notamment pour choisir et calibrer les équipements de traitement de l’air qui optimiseront les consommations. Plusieurs de nos collaborateurs ont suivi ou vont suivre les formations FEEBat, nous sommes Pros de la performance énergétique® depuis le début de l’année et nous réfléchissons à la création d’une société qui proposerait une offre globale dans ce domaine. verticaux réglementaires (cf. NF DTU 31.2), sont effectués à l’aide de bandes adhésives adaptées. Leur largeur standard est de 60 mm, mais peut atteindre 150 mm ou davantage pour des utilisations spécifiques, comme le calfeutrement des trous de soufflage de l’isolant. Le support doit être non poussiéreux, non gras et sec. En période hivernale de chantier (absence de chauffage et de ventilation), une fine pellicule de condensation peut se créer temporairement et rendre l’adhésion difficile. Raccord avec maçonnerie pleine. La membrane étanche à l’air utilisée en paroi est à liaisonner avec les éléments en béton tels que planchers bas, dalles ou murs de refend. Les adhésifs utilisés pour jointoyer les lés de membrane n’offrant pas une adhérence suffisante sur les supports minéraux, l’emploi d’un primaire ou apprêt d’accroche est alors nécessaire (liquide à appliquer au pin- ceau ou spray à vaporiser sur la surface). La bande adhésive peut ensuite être positionnée correctement. Raccord avec paroi enduite. Un cas courant de raccord entre différents matériaux et corps d’état se rencontre sur une construction en blocs maçonnés en paroi verticale et en charpente bois pour la toiture. Le plan d’étanchéité à l’air est réalisé par exemple par un enduit intérieur ou extérieur avant la pose de l’isolant en mur, et par une membrane pare-vapeur en plafond. Celle-ci est donc à liaisonner avec l’enduit. Selon l’ordre d’intervention des entreprises, on pourra dans le cas d’un enduit intérieur : t positionner un adhésif sur la membrane, dont une partie comporte une grille afin d’y accrocher l’enduit ; t si l’enduit est réalisé, utiliser des produits de collage en cartouche ou une solution primaire et des bandes adhésives sur un enduit lissé. Structure lourde : isolation intérieure collée Liaison linteau/porte palière Plot de mortier colle Isolant thermique rigide ou semi-rigide Parement intérieur/Plaque de plâtre Bloc élémentaire de maçonnerie Enduit extérieur Ferrure de fixation de la menuiserie Chaînage en béton armé C Bloc U de coffrage du linteau Bâti dormant de la menuiserie B Châssis ouvrant de la menuiserie A Tapée de la menuiserie A Mise en œuvre d’un joint mousse pré-comprimé imprégnée de résines synthétiques de Classe 1. B La mise en œuvre du joint mousse doit être associée à la pose de cales d’assises ou d’équerres à pan coupé permettant de disposer d’une épaisseur minimale de 5 mm entre les surfaces d’appui. C Pour le lot gros œuvre maçonnerie, réaliser le support de la menuiserie conformément aux tolérances locales et dimensions d’ouvrages élémentaires, se référant au NF DTU 20.1. SEPTEMBRE SEPTE SEP TEMB MBRE RE 201 2012 2 BÂTIMÉTIERS 51 DOSSIER L’ÉTANCHÉITÉ À L’AIR Menuiseries extérieures Lorsqu’on parle d’infiltration d’air, les menuiseries sont souvent incriminées en premier lieu. L’infiltration peut provenir de la menuiserie elle-même, de sa liaison avec la paroi ou des deux. Concernant le choix de la menuiserie, l’indicateur « A » du classement AEV est une première information sur son étanchéité à l’air. Plus le chiffre sera élevé (de 1 à 4), meilleure sera la performance. Un volet roulant standard, avec ouverture par l’intérieur, présente aussi des risques d’infiltration d’air. Les fabricants développent de nouvelles solutions comme les coffres demi linteaux permettant une ouverture côté extérieur, ce qui réduit à la fois les risques d’infiltration d’air et de ponts thermiques. Outre l’attention portée au choix des produits et à leurs propriétés intrinsèques, une liaison étanche doit être réalisée entre le dormant et la paroi. Pour assurer de manière pérenne cette continuité, les produits traditionnels sont suffisants s’ils sont choisis en fonction de leurs caractéristiques (plage de compression utile conforme à l’épaisseur du joint à calfeutrer,…) et mis en œuvre conformément au NF DTU 36.5. On distingue 3 systèmes de calfeutrement : Le calfeutrement humide renforcé Le bâti dormant est d’abord fixé. On vient ensuite « bourrer » d’un mortier approprié le joint. Pour éviter la création d’un nouveau joint causé par le retrait du mortier lorsqu’il sèche, on renforce ce calfeutrement humide par l’extrusion d’un solin de mastic (silicone, PU) dans une réservation faite au préalable (coup de fer). Ce système de calfeutrement est principalement adapté à la rénovation. Le calfeutrement par mastic extrudé sur fond de joint C’est encore le plus répandu des systèmes de calfeutrement traditionnels. Peu onéreux en coût matière, ce calfeutrement est très efficace puisqu’il permet d’assurer facilement la continuité du calfeutrement dans les angles. Le calfeutrement par mousse imprégnée Ce système tend à remplacer progressivement le système de mastic sur fond de joint. Il est de loin le plus couteux en cout matière mais il permet de faire des économies substantielles sur le temps de mise en œuvre. D’autres systèmes de calfeutrement non traditionnels existent. C’est le cas par exemple de la membrane flexible non tissée, munie d’une bande adhésive simple face ou double face, ou d’une bande autocollante prépliée entre le dormant de la menuiserie et le plan d’étanchéité à l’air de la paroi qui permettra d’assurer la liaison avec la membrane intérieure (pare-vapeur dans le cas de murs à ossature bois). Passage des fluides Les passages des tuyauteries et des équipements électriques sont également à l’origine des infiltrations d’air relevées dans les Colonne de chute Manchon de raccord Pare-vapeur 52 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 YANNICK ROBERT, ENTREPRISE ROLAND GARD, ÉLECTRICITÉ (VALENCE, DRÔME) Pour nous, électriciens, le changement se situe à la fois en amont et pendant le chantier. En amont, il faut travailler en coordination plus étroite avec les autres entreprises – de gros œuvre en particulier – sur les plans de réservation, pour limiter au maximum les percements et, quand ils sont indispensables, pour les concevoir de manière à ce qu’ils soient le plus facile à reboucher ensuite. Auparavant, pour rendre le chantier plus commode pour les uns et les autres, on réalisait un maximum de réservations ; tout cela est fini aujourd’hui. Pendant le chantier, pour assurer l’étanchéité de chaque percement après notre intervention, on travaille soit au silicone, soit avec de nouveaux produits spécifiques comme les manchettes d’étanchéité (avec leur membrane dans laquelle on glisse la gaine et qui vient ensuite se coller contre le mur) et les bouchons de gaines (pour assurer l’étanchéité entre le câble et la gaine). Là encore, il faut bien se coordonner pour intervenir au bon moment. Quand nous avons travaillé sur le chantier de rénovation du siège de la Fédération BTP de Drôme-Ardèche, il fallait percer l’enveloppe pour l’alimentation des brisesoleil. Si l’on ne s’était pas organisé pour assurer l’étanchéité de chaque percement avant que nos collègues de l’enveloppe travaillent sur l’isolation thermique par l’extérieur, on aurait sans doute eu des soucis. Tout ça nous ramène aux fondamentaux de nos métiers, c’est-à-dire à la nécessité d’être vraiment attentif au travail des autres pour que tout le monde soit gagnant au final ! « Travailler sur la performance menuiserie par menuiserie » Tuile à douille Écran de sous-toiture HPV « Être vraiment attentif au travail des autres » Colonne de chute GILLES BEAL, MENUISERIE BEAL (SAINT-PRIEST-EN-JAREZ, LOIRE) Travailler sur des projets BBC nous a conduits à être beaucoup plus précis dans la détermination des performances des menuiseries que nous fabriquons et installons. Nous avons poussé en particulier notre connaissance dans le domaine du vitrage, avec de nouveaux logiciels. Nous travaillons en relation étroite avec les bureaux d’études thermiques, pour calculer et définir la performance menuiserie par menuiserie, en jouant sur les caractéristiques du vitrage et des menuiseries pour atteindre le coefficient Uw requis. On travaille aussi avec un choix plus large de produits d’étanchéité, depuis les membranes jusqu’aux joints à expansion. Les exigences d’étanchéité à l’air, avec l’épreuve de vérité des tests d’étanchéité, incitent à être plus vigilant à toutes les étapes, en particulier lors de la réception du support, et à travailler beaucoup plus en concertation avec tous les acteurs du chantier. Il ne s’agit plus de mettre en avant les performances d’un seul produit, mais bien de pouvoir s’assurer que l’ensemble des produits prescrits sont mis en œuvre de la meilleure des manières, pour atteindre ainsi l’objectif recherché. Cela suppose de pouvoir tracer collectivement toutes les faiblesses éventuelles, en se posant des questions qu’on ne se posait pas toujours auparavant sur le travail des autres corps de métier. Autrement dit, si je fabrique une fenêtre très performante, il faut que je sache comment s’effectuera l’isolation des autres éléments de l’enveloppe. bâtiments. Celles-ci sont souvent mises sur le compte d’un défaut de mise en œuvre et d’une détérioration de l’étanchéité à l’air alors que, la plupart du temps, il s’agit de points non traités en conception. Soigner la conception en amont. Le travail effectué en conception, en coordination si nécessaire avec un bureau d’études fluides, permet d’optimiser la distribution des fluides et de rendre plus simple et moins onéreuse la réalisation de l’étanchéité à l’air. Deux principes sont essentiels dans cette phase amont : t limiter le nombre de percements, d’abord par l’intégration du tableau électrique (hors cas des locaux TGBT ventilés) dans le volume chauffé, ensuite par l’utilisation d’un vide technique en paroi (ou plénum en plafond) pour le passage des gaines et conduits ; t prévoir un espace suffisant autour de chaque gaine pour permettre le calfeutrement. Si ces principes sont respectés, le recours à des produits spécifiques sera limité à des traversées ponctuelles. Dans le cas où cela est nécessaire pour l’électricité, des boîtiers électriques spécifiques, étanches à l’air, doivent être utilisés. Passage dans les dalles ou murs en béton. Si l’espacement suffisant a été prévu, l’étanchéité autour des conduits est obtenue à l’aide de mortier fluide pour remplir les interstices. Dans le cas des logements collectifs, où chaque appartement doit être étanche par rapport aux appartements adjacents, il est fortement recommandé d’assurer l’étanchéité au passage des conduits dans la dalle, plutôt qu’au niveau de la gaine technique en plaque de plâtre – ce matériau de finition étant soumis à de nombreux percements et présentant donc d’importants risques de passage d’air. Passage au travers d’une membrane. Pour les quelques traversées inévitables (électriques, évacuation d’eau, ventilation…) d’une membrane d’étanchéité à l’air, des produits spécifiques tels que bandes adhésives étirables ou manchons en caoutchouc EPDM (élastomère) peuvent être employés. Matériaux de finition Dans la mesure où le plan d’étanchéité à l’air doit être pérenne sur toute la durée de vie du bâtiment, il se doit d’être protégé des travaux de finition et des dégradations diverses dues à l’occupation du bâtiment. Dès lors, il n’est pas recommandé d’inclure les matériaux de finition – dont les plaques de plâtre – dans le plan d’étanchéité à l’air. ENTREPRISES ORIOL, ST-ÉTIENNE (42) ; MENUISERIE BEAL, SAINT-PRIEST-EN-JAREZ (42) Entreprises titulaires de la marque MENUISERIE BEAL, SAINT-PRIEST-EN-JAREZ (42) Entreprise titulaire de la marque Outils pratiques de formation en région Alsace Picardie Seine-et-Marne Plate-forme de formation développée par la FFB Picardie en collaboration avec BTP CFA Somme, permettant de visualiser les points sensibles en matière d’étanchéité à l’air dans des conditions proches des chantiers. Pour en savoir plus : IFRB Picardie, tél. : 03 22 92 21 88. Vidéos réalisées par la Fédération BTP 77 avec les unions FFBCMP, UMPI-FFB, et UMGO-FFB. Trois vidéos disponibles : Pose de fenêtre bois en applique au nu intérieur ; Pose de fenêtres en tunnel ; Pose de doublage intérieur collé ou sur ossature. Une 4e à paraître : pénétrations sur dallage, plancher sur vide sanitaire et murs. Vidéos et support pédagogique consultables sur le site FFB (www.ffbatiment.fr, volet adhérent, rubrique médiathèque/vidéo). Pour en savoir plus : FFB Seine-et-Marne, tél. : 01 64 87 66 00. Conteneur mobile de formation, permettant d’aborder en situation un panel très large de points singuliers et toutes les techniques de pose. Il inclut un sas étanche à l’air équipé d’une porte soufflante pour réaliser les tests d’étanchéité à l’air. Pour en savoir plus : FFB Alsace, tél. : 03 88 35 72 00. Rhône-Alpes Construire étanche à l’air, démarche de formation et d’accompagnement sur chantier, organisée par la FFB Rhône-Alpes avec l’appui de la région RhôneAlpes et de l’Ademe Rhône-Alpes. Pour en savoir plus : FFB Rhône-Alpes, tél. : 04 72 44 45 20. SEPTEMBRE SEPTE SEP TEMB MBRE RE 201 2012 2 BÂTIMÉTIERS 53 I N N O V A T I O N PANNEAUX ISOLANTS SOUS VIDE Une solution prometteuse Les progrès dans la connaissance du fonctionnement des superisolants sous vide et des applications pionnières ouvrent de grands espoirs d’utilisation massive dans le bâtiment. 54 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 © POUGET CONSULTANTS D epuis que les économies d’énergie sont revenues au premier plan dans le bâtiment, de riches perspectives s’ouvrent pour de nouveaux isolants plus performants que les traditionnels à base de plastiques alvéolaires, fibres minérales ou autres, et moins consommateurs de surface au sol lorsqu’ils sont utilisés côté intérieur. La recherche se concentre aujourd’hui sur deux familles de « superisolants » : les panneaux isolants sous vide (PIV) et les superisolants à pression atmosphérique (Sipa). Tous deux se distinguent par leur capacité à dépasser les propriétés isolantes de l’air, considérée comme une barrière thermique infranchissable. Pour y parvenir, les PIV remplacent la composante gazeuse de l’isolant (plus de 90 % dans le cas du polystyrène) par le vide, tandis que le matériau nanostructuré des Sipa bloque la circulation des molécules gazeuses à l’origine de la propagation de chaleur. Les PIV, en avance sur les Sipa, permettent d’atteindre une valeur de conductivité thermique (NJ) inférieure à 0,004 W/(m.K), soit une performance de 7 à 10 fois supérieure aux isolants classiques. À quoi ressemblent les PIV ? L’image la plus adéquate est celle du paquet de café sous vide, mais sous la forme de plaques de dimensions variables, d’une épaisseur de 2 à 4 cm. Les PIV se composent d’un « complexe barrière » (l’enveloppe extérieure) composé d’une succession de couches de polyéthylène recouvertes d’un dépôt très mince d’aluminium renfermant un mélange de silice broyée et de fibres. « Les PIV ne sont pas une vraie nouveauté, indique Thierry Duforestel, ingénieur recherche et développement chez EDF, car ils sont fabriqués et vendus depuis plusieurs décennies pour des applications au froid : isolation de conteneurs frigorifiques, de réfrigérateurs… » Pour autant, ils ne peuvent pas se substituer aux isolants actuels. La recherche se concentre actuellement sur trois axes. Le premier est l’adaptation des PIV aux contraintes du bâtiment, car l’usage sans risque du produit reste pour l’heure limité à l’isolation intérieure et à celle de planchers sous revêtement, c’està-dire à des conditions modérées d’humidité et de température. Le deuxième sujet de réflexion concerne le vieillissement de l’isolant. « Nous avons besoin de mieux comprendre les phénomènes de perméabilité du “complexe barrière” aux flux d’air et de vapeur d’eau, et nous avons déposé sur ce thème un projet de recherche sur quatre ans à l’Agence nationale de la recherche (ANR). Il suscite beaucoup d’espoir, souligne Thierry Duforestel, car, lorsque nous aurons les réponses à nos interrogations, nous pourrons maîtriser les paramètres performance/durée des composants. Et comme les outils industriels existent, la production en grande masse pourra être lancée très rapidement.» Resteront alors à développer tous les « aspects systèmes » (modalités de transport, de stockage, de manipulation, procédures de mise en œuvre, accessoires…). « En tout cas, on constate une vraie coïncidence entre les avancées de la recherche et l’évolution de la réglementation, conclut Thierry Duforestel, et le développement des PIV est une vraie opportunité dans le contexte français, où l’ITE ne peut pas répondre à tous les besoins.» TROIS CHANTIERS PRÉCURSEURS André Pouget, responsable du bureau d’études thermiques Pouget Consultants « Dans les bâtiments impossibles à isoler par l’extérieur, le grand défi de la rénovation énergétique revient à utiliser des isolants rapides à poser en site occupé, sans perdre trop de place. Sur cette base, nous avons réalisé trois chantiers d’isolation intérieure à l’aide de PIV en 2007, 2009 et 2011. Notre méthode repose sur une préparation minutieuse avant la mise en œuvre. Comme il n’est pas possible de découper l’isolant, nous réalisons un calepinage précis des surfaces à isoler et faisons fabriquer sur mesure les panneaux à mettre en place. D’un chantier à l’autre, nous avons progressé. Ainsi, le joint de liaison entre panneaux, qui servait à fixer les parements, a été supprimé. Dorénavant, les PIV sont empaquetés dans un isolant traditionnel qui les protège. Ce complexe est collé sur le mur, les PIV peuvent être assemblés bord à bord par un tissu d’aérogel, et le parement est collé par-dessus. Aux endroits d’éventuelles fixations, nous insérons une plaque de Sipa qui peut être percée. Sur les trois chantiers, les déperditions thermiques d’un mur non isolé sont quasiment divisées par cinq avec 2 cm de PIV.» S É C U R I T É AMIANTE Une nouvelle réglementation qui renforce la prévention A pplicable depuis le 1er juillet 2012 pour ses principales dispositions, le décret du 4 mai 2012 relatif aux risques d’exposition à l’amiante confirme les changements qui étaient attendus. La distinction entre amiante « friable » et « non friable » est supprimée au profit d’une appellation unique « amiante ». D’autre part, aussi bien en sous-section 3 (activité d’encapsulage et de retrait d’amiante) qu’en soussection 4 (interventions sur des matériaux susceptibles de libérer des fibres d’amiante), les chefs d’entreprise doivent réaliser leur évaluation des risques à partir des informations transmises par le donneur d’ordre (par exemple dossier technique amiante). Pour cette évaluation, ils doivent doré- 56 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 navant définir l’ensemble des processus d’intervention dans leur document unique et les classer selon trois niveaux d’empoussièrement (Emp) : s%MP6,%0(1), s6,%0 Emp < 60 x VLEP, sX6,%0 Emp < 250 x VLEP. Quant à la VLEP elle-même, elle est réduite de façon drastique mais progressive sur trois ans : de 100 fibres par litre et par heure de travail mesurées selon la méthode MOCP(2) avant le décret, elle a été réduite à 100 fibres par litre moyennées sur 8 heures de travail, mesurées par la méthode META(3), au 1er juillet 2012, et qui devra descendre à 10 fibres au 1er juillet 2015 ; le nouveau texte confirmant le changement de méthode pour mesurer le niveau d’empoussiè- rement. Par ailleurs, la stratégie d’échantillonnage n’est plus réalisée par l’entreprise, mais par un laboratoire, à partir des informations transmises par l’entreprise. À compter du 1er juillet 2013, cette stratégie d’échantillonnage, ainsi que les prélèvements et les analyses, devront être réalisés par un même organisme accrédité. Autre nouvelle disposition, la vacation est réduite à 2 h 30, avec un cumul quotidien de 6 heures maximum. Pour la sous-section 3 uniquement, le décret renforce les contrôles d’empoussièrement avant, pendant et après les travaux. Il rend obligatoire, à partir du 1er juillet 2013, la certification pour les entreprises qui font du retrait d’enveloppe extérieure, et à partir du 1er juil- let 2014 pour les entreprises de génie civil. Il impose aussi à l’employeur de communiquer le plan de retrait une fois par trimestre au médecin du travail, au CHSCT ou, à défaut, au délégué du personnel. Cette obligation doit, à l’heure actuelle, être respectée pour chaque chantier. En complément, le décret annonce l’arrivée de plusieurs arrêtés attendus d’ici fin 2012. (1) Valeur limite d’exposition professionnelle. (2) Microscopie optique à contraste de phase. (3) Microscopie électronique à transmission analytique. POUR EN SAVOIR PLUS GNA-FFB (Groupement national amiante), www.amiante.ffbatiment.fr S É C U R I T É Installer des modules photovoltaïques en toute sécurité mis en œuvre dans le respect du guide UTE C15-712-1, d’application obligatoire, qui impose en particulier l’utilisation des composants de classe II ou équivalent sur tout le matériel employé dans la partie « courant continu » de l’installation (entre les modules et l’onduleur). De plus, il convient d’utiliser des connecteurs spécifiques et de s’assurer que ceux-ci sont toujours de même type et de même marque. Enfin, il est important que les matériels soient toujours considérés par l’intervenant comme étant sous tension, et que celui-ci utilise, au voisinage de pièces nues sous tension, les EPI(1) adaptés : gants isolants, écran facial et vérificateur d’absence de tension. © LUXOL Concernant différents corps de métier, la mise en œuvre de modules solaires photovoltaïques implique de prendre en compte les risques électriques et ceux inhérents au travail en hauteur. L ’installation de modules photovoltaïques en toiture ou en façade demande de respecter des règles de sécurité. Il faut, en tout premier lieu, prendre en compte les risques liés au travail en hauteur. « Pour un entrepreneur qui y est habitué, cela ne doit pas poser de problèmes, indique Philippe Guistinati, dirigeant de l’entreprise EC Solar (Seine-SaintDenis) spécialisée dans l’installation de centrales solaires photovoltaïques. Les mesures à prendre sont globalement les mêmes que pour un travail de couverture traditionnelle : échafaudages, garde-corps, lignes de vie, nacelles… » Pour autant, les opérateurs ne sont pas toujours familiers des travaux en hauteur : « Sur les grosses installations, il y a peu de problèmes, ce sont des marchés publics avec coordonnateur SPS (Sécurité et protection de la santé). Pour les petites installations en revanche, les chantiers sont moins encadrés. C’est pour- quoi il faut accorder une attention particulière à la sécurité, notamment lors de la mise en œuvre de la partie électrique.» Dans tous les cas, des formations sur le travail en hauteur s’imposent. De même, l’utilisation de certains matériels, comme les nacelles et chariots télescopiques, nécessitent une formation, une évaluation (CACES) et une autorisation de conduite de l’employeur. Les intervenants doivent aussi être initiés, le cas échéant, au montage, à l’utilisation et à la réception des échafaudages. HABILITATION ÉLECTRIQUE Les choses diffèrent d’un chantier de couverture traditionnelle au moment de la mise en œuvre des modules. Ces derniers, plus difficiles à manipuler que des petits éléments de couverture, peuvent offrir une prise au vent importante. Autre risque, et non des moindres, le risque électrique. Ce danger est d’autant plus présent qu’il est impossible d’interrompre la production électrique d’un module exposé à un rayonnement lumineux. « Pour la partie électrique, le travail des opérateurs en toiture consiste principalement à connecter les modules entre eux », poursuit Philippe Guistinati. Les autres équipements électriques sont ensuite installés par l’électricien dans un local adapté. Or, si les mesures de sécurité ne sont pas prises, le risque de chocs électriques directs ou indirects lors du raccordement des modules, des boîtes de jonction ou encore des onduleurs existe bel et bien. C’est pourquoi, dans tous les cas, il est indispensable que les opérateurs disposent de l’habilitation électrique adaptée aux travaux à réaliser, conformément à la norme NF C 18-510 nouvellement homologuée (voir p. 34). D’autre part, et afin de prémunir les opérateurs contre le risque électrique, il est essentiel que les équipements soient choisis et CO-ACTIVITÉ Dans la phase chantier, la co-activité est aussi un élément à prendre en compte. « Normalement, nous intervenons en dernier, mais il arrive que d’autres corps d’état aient encore à travailler », indique Philippe Guistinati. D’où l’importance d’une bonne communication entre les intervenants et d’un étiquetage approprié pour la partie électrique, conformément à la réglementation. La sécurité des intervenants doit enfin être prévue lors des travaux d’entretien et de maintenance. Des dispositifs de protection collective, tels que garde-corps ou passerelles coulissantes, assureront une intervention sécurisée durant toute la durée de vie de l’installation. À défaut, les mêmes précautions (lignes de vie, harnais…) que lors de la mise en œuvre devront être prises. (1) Équipement de protection individuelle. POUR EN SAVOIR PLUS GMPV-FFB (Groupement des métiers du photovoltaïque), tél. : 01 40 69 52 24, www.gmpv.ffbatiment.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 57 F O R M A T I O N Le CQP, un outil de motivation Encadrement de chantier : un nouveau CQP menuiserie C Les premiers modules du parcours de formation préparant aux épreuves d’examen du nouveau certificat de qualification professionnelle (CQP) « Conducteur de travaux en menuiserie de bâtiment et d’agencement » débuteront en janvier 2013 à l’Hôtel régional des CFA de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Cette formation modulaire et personnalisable en alternance est destinée aux salariés déjà en poste ayant besoin de consolider ou compléter leurs acquis – ils doivent alors justifier de cinq ans d’expérience professionnelle –, ainsi qu’aux jeunes diplômés de niveau IV (bac pro, brevet professionnel) désirant poursuivre leur parcours. Les matières enseignées relèvent de quatre domaines (technique, organisationnel, relationnel et gestion administrative) et recouvrent notamment l’étude, la planification, la coordination des travaux ainsi que le suivi technique et administratif des chantiers. Ce CQP mis en place à la demande de la FFB-CMP permettra aux entreprises de disposer, entre dirigeant et client, d’un responsable chargé de l’interface entre chantier, atelier et bureau d’études. Rappelons que les besoins du marché sont importants et évalués à plusieurs centaines de conducteurs de travaux en menuiserie pour la seule Île-de-France. Pour en savoir plus • FFB-CMP (Fédération française du bâtiment charpente, menuiserie, parquets), tél. : 01 40 69 57 40, www.polebois.ffbatiment.fr • Hôtel régional des CFA de Gennevilliers, www.cfa-gennevilliers.ccip.fr omment reconnaître le savoir-faire d’un salarié quand il n’existe ni titre du ministère de l’Emploi, ni diplôme du ministère de l’Éducation nationale dans le métier qu’il exerce ? C’est pour répondre à cette question que les certificats de qualification professionnelle (CQP) ont été créés, à l’initiative des organisations professionnelles d’employeurs et de salariés. Les 85 CQP existants s’adressent principalement aux ouvriers, mais aussi aux employés, techniciens et agents de maîtrise (Etam). Ils peuvent être obtenus, soit à l’issue d’une formation, soit par validation des compétences professionnelles acquises par l’expérience. Leur délivrance est un véritable examen, composé d’épreuves théoriques et pratiques(1). Le CQP, qui s’adresse aussi bien aux salariés en poste qu’aux nouveaux entrants et demandeurs d’emploi, est donc d’abord un moyen de faire reconnaître leurs compétences. VALORISER LES SALARIÉS ET L’ENTREPRISE Les chefs d’entreprise ont tout intérêt à inciter leurs salariés à passer un CQP, car il s’agit d’un excellent moyen de les motiver et de les fidéliser en valorisant leur travail. De plus, le CQP fait entrer le salarié dans un processus de réflexion sur ses pratiques et ses savoir-faire. L’entreprise peut également mettre en avant la détention de CQP par ses salariés comme gage de la qualité du travail effectué, ce qui peut être un avantage concurrentiel dans l’attribution de certains marchés. C’est si vrai que la présence de salariés détenteurs de CQP peut, pour certains de ces certificats, être prise en compte par les assureurs, qui accordent des tarifs préférentiels aux entreprises qui les emploient. Le CQP apparaît ainsi comme un outil de management performant à la disposition des chefs d’entreprise du bâtiment. (1) Pour connaître la liste des CQP, les formations organisées et les modalités d’obtention, rendez-vous sur le site de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications, www.metiers-btp.fr POUR EN SAVOIR PLUS FFB-Direction de la formation, tél. : 01 40 69 52 15 ACCESSIBILITÉ Une formation de référence L es besoins en adaptation des logements, dus notamment au vieillissement de la population, et la mise en accessibilité des établissements recevant du public (ERP) d’ici 2015 (loi du 11 février 2005) vont générer un volume de travaux très important. Pour aider les entreprises à se positionner sur ce marché et à faire reconnaître leurs compétences en la matière, la FFB a lancé, en novembre dernier, la marque Les Pros de l’accessibilité®. Parmi les critères exigés pour son attribution, les entreprises doivent avoir suivi une formation à l’accessibilité. Pour accompagner les professionnels, la FFB a lancé en septembre dernier une formation dédiée de deux jours, qui balaie l’ensemble des spécificités de ce type de travaux dans le cadre d’une approche globale : problématiques de l’accessibilité dans les logements, les ERP et les 58 BÂTIMÉTIERS SEPTEMBRE 2012 locaux de travail, besoins diversifiés des clients, réglementation, acteurs-clés du secteur, ainsi que les aspects assurances, contractualisation et financement des travaux. Des études de cas et des mises en situation complètent cette formation. En particulier, les questions d’interface sont mises en avant, comme par exemple pour le traitement des seuils de portes qui nécessitent une bonne coordination entre les différents corps d’état intervenants (maçon, menuisier, métallier, solier…). La formation permet également aux professionnels de bien distinguer les travaux relevant de la réglementation, donc obligatoires – c’est le cas en ERP ou en parties communes de logements –, et ceux à préconiser en fonction des besoins des occupants. Autre élément particulièrement intéressant pour mieux appréhender les mar- chés de l’accessibilité : un panorama des acteurs médico-sociaux et des structures spécifiques est proposé, de même qu’un rappel sur les aides mobilisables. Cette formule répond aux attentes des entreprises : moins d’un an après le lancement de la formation, une cinquantaine de sessions ont déjà été dispensées par les IFRB(1) sur l’ensemble du territoire, en collaboration avec des intervenants spécialisés. Elles ont recueilli un taux de satisfaction élevé et de nombreuses formations supplémentaires sont programmées pour la rentrée. (1) Instituts de formation et de recherche du bâtiment POUR EN SAVOIR PLUS Contactez votre IFRB (coordonnées disponibles sur www.formation-batiment.fr) N O R M A L I S A T I O N NF DTU ET ASSURANCES Être bien couvert L e décret relatif à la normalisation est très clair : « Les normes sont d’application volontaire. Toutefois, les normes peuvent être rendues d’application obligatoire par arrêté… »(1) Ainsi, exceptées quelques spécifications rendues obligatoires(2), les NF DTU ne s’appliquent stricto sensu que si le marché de travaux y fait référence ou fait mention de la NF P03-001 qui les impose. Mais l’entreprise de travaux a également un contrat avec son assureur. Comme tout contrat d’assurance, il prévoit, pour maîtriser le risque, des limitations ou des exclusions de garantie. À ces exclusions de garantie, très encadrées par la loi en ce qui concerne l’assurance décennale, vient s’ajouter une possible déchéance de garantie(3). Autrement dit, l’entreprise titulaire du contrat pourrait se voir priver d’indemnisation si elle ne respecte pas les normes et donc les NF DTU. Faut-il en conclure qu’il n’est pas possible de construire un ouvrage avec d’autres techniques que celles décrites dans les NF DTU ? Les NF DTU font partie des règles de l’art mais n’en constituent pas la totalité. Les règles de l’art sont un ensemble non délimité, constitué des pratiques professionnelles d’un métier, écrites ou non, qui permettent que les ouvrages soient correctement réalisés. Les NF DTU ne sont que des clauses types pour les travaux les plus courants et les techniques communément maîtrisées par la profession. Il existe d’autres spécifications techniques qui constituent également les règles de l’art. Les contrats-types d’assurance définissent généralement le champ des travaux couverts par ce qu’ils dénomment « travaux de technique courante ». Ceux-ci incluent les travaux respectant les NF DTU mais également d’autres spécifications. L’entreprise peut donc utiliser une technique hors DTU si elle relève des techniques courantes décrites dans son contrat d’assurance. Si la technique utilisée n’est pas incluse dans les travaux de technique courante, il est tout de même possible de faire garantir les travaux par un assureur. Il convient à cet effet de demander une extension de garantie. La tarification ne sera bien sûr pas la même si l’assureur estime que le risque est plus important. Cette appréciation dépendra pour beaucoup des justifications qui seront fournies à l’appui de la demande. En conclusion, il est tout à fait possible d’être assuré pour des travaux qui ne respectent pas les NF DTU, mais il est indispensable d’avoir contacté son assureur en amont de la construction et de lui avoir fourni toutes les informations nécessaires à la tarification du risque afin d’obtenir, par ave- nant, une extension spécifique au contrat annuel. Ne pas le prévenir ou lui cacher certaines informations, c’est courir le risque de ne pas être couvert en cas de sinistre. (1) Décret n° 2009-697 du 16 juin 2009, article 17. (2) Notamment certaines spécifications des NF DTU 61.1 « Installation gaz » et NF DTU 24.1 « Fumisterie ». (3) Clauses-types de l’annexe de l’article A. 243-1 du Code des assurances : « L’assuré est déchu de tout droit à garantie en cas d’inobservation inexcusable des règles de l’art, telles qu’elles sont définies par les réglementations en vigueur, les normes françaises homologuées ou les normes publiées par les organismes de normalisation d’un autre État membre de l’Union européenne ou d’un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen offrant un degré de sécurité et de pérennité équivalant à celui des normes françaises. Pour l’application de cette déchéance, il faut entendre par assuré, soit le souscripteur personne physique, soit le chef d’entreprise ou le représentant statutaire de l’entreprise s’il s’agit d’une entreprise inscrite au répertoire des métiers, soit les représentants légaux ou dûment mandatés de l’assuré lorsque celui-ci est une personne morale. Cette déchéance n’est pas opposable aux bénéficiaires des indemnités. » CALEPIN DE CHANTIER L’essentiel des DTU illustrés C onçus comme des condensés illustrés des DTU, les Calepins de chantier font figure de best-sellers. Depuis le lancement de la collection en 2005, près de 700 000 exemplaires des vingt titres parus à ce jour ont été écoulés. Fait significatif, toutes les fédérations départementales, sans exception, ont passé commande de ces ouvrages pour les diffuser auprès de leurs adhérents. À michemin entre les explications trop complexes et les simplifications excessives, les Calepins de chantier comptent entre 32 et 64 pages, et sont illustrés avec une alternance de dessins, de schémas et de tableaux qui rendent le contenu des DTU – dont ils ne traitent que des cas les plus courants – accessible à tous. Leur format, qui permet de les glisser dans la poche, et leur papier très résistant font qu’on les emmène volontiers sur le chantier. Les derniers volumes parus traitent notamment des Chapes et dalles, des Revêtements de sols en résine de synthèse et de la Maçonnerie de petits éléments. Les prochains – Plafonds suspendus, Revêtements de sols collés, Revêtements muraux collés, Joints de façade… – paraîtront début 2013. La collection, qui comptera à terme 32 titres(1), est bien partie pour atteindre le million d’exemplaires. POUR EN SAVOIR PLUS (1) Retrouvez la liste complète sur www.ffbatiment.fr, rubrique « médiathèque/ publication ». Contactez votre fédération départementale SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 59 E N V I R O N N E M E N T ÉCO-MATÉRIAUX ET RÉNOVATION DU PATRIMOINE Un entrepreneur basque teste les enduits chaux-chanvre u Pays basque, rénovation du patrimoine rime avec éco-matériaux. Jean-Jacques Etcheberry, directeur de l’entreprise de maçonnerie Etxe Berri à Ordiarp (Pyrénées-Atlantiques), utilise pour les chantiers sur bâti ancien des matériaux ancestraux qui ont fait leur preuve au fil des années, comme la chaux, le chanvre ou les sables locaux. Il souhaite désormais aller plus loin, en faisant tester les produits pour disposer d’évaluations comparatives. « Depuis vingt ans, nous fabriquons nos enduits à base de sables locaux et de chaux. C’est grâce à notre savoir-faire que nous maîtrisons cette technique, dans le respect des règles de l’art », explique Jean-Jacques Etcheberry. Son entreprise développe aujourd’hui la projection de bétons de chanvre, qui permet une bonne isolation des bâti- © ETXE BERRI A LES TESTS PERMETTENT de vérifier la qualité des enduits utilisés et de rassurer maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage. ments anciens, sur une épaisseur comprise entre 8 et 15 cm, en fonction des performances énergétiques souhaitées. Elle a fait l’acquisition d’une machine à proje- ter adaptée aux espaces restreints, en cœur de ville. « Les fournisseurs livrent des chanvres et des chaux agréés, mais le mélange chaux-chanvre est en cours de validation d’Avis technique », précise l’entrepreneur. L’entreprise participe actuellement à une phase de tests menée par trois chaufourniers. Les enduits ont été testés sur un même support avec une machine à projeter, puis ont fait l’objet d’un carottage à 7 et 28 jours. Les bureaux d’études des industriels analysent à l’heure actuelle le résultat de ces tests. L’objectif est de vérifier l’homogénéité des produits, leur tenue à l’arrachement, leur dureté et de mutualiser les résultats obtenus. « Nous faisons régulièrement des partages d’expérience avec d’autres entreprises qui utilisent ces mêmes techniques de construction sur toute la France », souligne Jean-Jacques Etcheberry. L’entrepreneur reconnaît que le test à l’ancienne, basé uniquement sur l’analyse visuelle, ne suffit plus pour rassurer les maîtres d’œuvre et les maîtres d’ouvrage, et souligne par ailleurs que « l’assurabilité des techniques utilisées est essentielle pour être couvert par les garanties décennales ». DÉCHETS MÉTALLIQUES Des flux encadrés D epuis un an, les paiements en espèces pour tout achat au détail de métaux ferreux ou non ferreux sont interdits, alors qu’ils étaient auparavant autorisés dans la limite de 500 euros par transaction et par jour. Désormais, seuls le chèque barré, le virement bancaire ou postal et la carte de paiement peuvent être utilisés. Cette interdiction répond à une volonté forte de la FFB de voir diminuer les vols sur les chantiers. Depuis son entrée en vigueur, le 1er août 2011, cette disposition a déjà produit des effets, notamment dans les zones non frontalières. Cependant, la fréquence des vols d’éléments ou de déchets métalliques sur les chantiers reste encore très sensible à l’évolution des cours des métaux, particulièrement pour le cuivre et l’aluminium. Pour la FFB, l’objectif est désormais de limiter les dégradations liées aux vols et de diminuer le risque de rupture de la production due à l’arrachement de métaux ou au découpage de câbles. Car de tels désordres entraînent non seulement des retards de chantiers et des coûts de réparation des matériels endommagés, mais aussi des frais de gardiennage et d’assurance supplémentaires. Dans le cadre des lois environnementales, l’entreprise est responsable de la gestion de ses déchets et doit contractualiser avec une société habilitée. En cas de non respect de cette pratique, elle est passible de sanction. Pour les chantiers importants, le prestataire met à disposition de l’entreprise une benne spécialement dédiée aux déchets métalliques. Lorsque la benne est pleine, le prestataire l’évacue vers son installation, trie les métaux ferreux et non ferreux et procède à la préparation des déchets par broyage. Pour les chantiers de plus petite taille, l’entrepreneur ou l’artisan rassemblent toutes les chutes et se rendent eux-mêmes chez les ferrailleurs pour négocier leur rachat. À préciser par ailleurs : si la loi n’interdit pas de racheter des métaux ferreux ou non ferreux à des particuliers, cette pratique est désormais soumise à une traçabilité (déclaration obligatoire de son identité depuis le 1er janvier 2012) pour décourager les flux clandestins et non déclarés. POUR EN SAVOIR PLUS FFB Recyclage (Syndicat des entrepreneurs de recyclage du BTP), tél. : 01 40 55 12 59 SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 61 ZOOM CHANTIER La nouvelle vie du Domaine de Saint-Paul Au cœur d’un site protégé de 73 hectares, dans le parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, le Domaine de Saint-Paul est un lieu chargé d’histoire. Tour à tour prieuré médiéval, puis lieu de villégiature d’écrivains renommés au XIXe siècle, le domaine a notamment accueilli jusqu’en 2008 le Centre d’études techniques du bâtiment et des travaux publics (CEBTP). Après son départ, une vaste opération de réhabilitation est lancée. Trois ans durant, plus de 80 entreprises vont œuvrer à la métamorphose des 12 000 m2 de locaux industriels en un centre tertiaire high-tech. Pendant © P. GUIRAUD - A. CUCHEVAL/FFB Avant 62 BÂTIMÉTIERS Après SEPTEMBRE 2012 • ANCIENS LABORATOIRES DE RECHERCHE SUR LES MÉTAUX, les halls d’essais du bâtiment A3 ont été réaménagés sans poteaux, pour préserver la surface au sol initiale de 1000 m2. Un niveau a été créé pour accueillir bureaux et salles de conférence, équipés en fibre optique. Le hall d’entrée bénéficie d’une lumière zénithale apportée par des verrières en polycarbonate triple épaisseur, intercalées entre des coques autoporteuses restaurées en plafond. Une ancienne presse de 20 tonnes, témoin de l’activité passée du centre, a été conservée. Avant Après Avant Pendant Après • LE HALL D’ESSAIS BÉTON, dont les ponts roulants ont été préservés, renaît en une vaste salle événementielle. Celle-ci peut accueillir jusqu’à 1000 personnes; elle est modulable en espace de restauration, avec une plate-forme extérieure de 1200 m2. • LE MUR D’ESSAI DES ÉCHAFAUDAGES du bâtiment A3 a été percé de baies. Les charges ont été récupérées sur une hauteur de 7 m environ. Des espaces de circulation extérieurs (passerelles, terrasses et escaliers métalliques) ont été aménagés. Dans un tel espace, avec des sols d’1,20 m d’épaisseur, maîtriser les ponts thermiques tient de la gageure: le domaine s’y est employé avec succès. Tout d’abord, en renforçant l’isolation intérieure, avec un doublage systématique des parois opaques et le remplacement de toutes les fenêtres (profils et vitrages) par des produits performants. Puis en installant un système de climatisation réversible trois tubes, avec soufflage de l’air chaud repris au sol pour être distribué à l’étage. Ce dernier est par ailleurs équipé d’un plancher chauffant en appoint. POUR EN SAVOIR PLUS www.domainestpaul.fr SEPTEMBRE 2012 BÂTIMÉTIERS 63 © STUDIO COPERNIC LA PAROLE À COMMISSION ENVIRONNEMENT AQUITAINE ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT Même au sein de nos organisations, qui ont été parmi les premières à se mobiliser sur ce thème, l’environnement n’a pas immédiatement été l’enjeu le mieux partagé, en dehors des professionnels directement impliqués dans le domaine de l’énergie et des plus jeunes, familiarisés tôt aux problématiques de réchauffement climatique. D’où le patient travail d’information et de sensibilisation (commençant souvent par la gestion des déchets) qui a marqué les débuts de la commission Environnement construction durable de la FFB au niveau natio- nal, puis des commissions régionales Environnement. À partir de 2007, le Grenelle de l’environnement et les objectifs de réduction des consommations énergétiques du bâtiment ont suscité le bond en avant que l’on sait. L’environnement est irrésistiblement monté en puissance dans nos métiers avec l’arrivée de la certification HQE, du label BBC, la perspective d’une nouvelle réglementation thermique et du bâtiment à énergie positive… Dans le même temps, les contacts multipliés avec des spécialistes à l’occasion de nombreux pro- jets locaux (plans climat régio- nence environnement destinée naux, pôles de compétitivité…) aux adhérents dans les fédéraont contribué à approfondir tions départementales. Notre prenos connaissances et à élargir mière lettre d’information, publiée en 2009, était un notre vision dans guide de réponse ce domaine. Dès BRUNO LOUGES g aux appels d’offres lors, l’enjeu pour EN BREF a HQE. Dans le nos commissions a Bruno Louges, 38 ans, H est responsable même esprit, ont changé de nature : il des entreprises m également été trais’agissait moins de Maison Louges Frères é (génie thermique, tés sensibiliser les adhé- génie climatique t la gestion des déchets, la RT 2012, rents que de mettre et plomberie, d 9 salariés) et les chantiers à à leur disposition des Électricité Landaise l (4 salariés), toutes faibles nuisances, moyens pour accomf deux basées à l’étanchéité à l’air pagner l’évolution Dax (Landes). l de leur métier. C’est Administrateur de la de l’enveloppe et, d fédération régionale du plus ainsi qu’à partir de bâtiment Aquitaine, il p récemment, la maison passive. 2008, la commission préside depuis 2006 la m commission régionale Sans négliger l’inrégionale Environ- environnement. S formation, qui a nement Aquitaine a f structuré son action surr le « serser porté ses fruits, fr its priorité est donnée vice aux adhérents ». Il fallait pour à un accompagnement concret cela commencer par se mettre à dans le changement, ce qui nous leur écoute. « Bâtir avec l’environ- conduit à de nouvelles initiatives. nement » et les autres dispositifs En synergie avec la fédération du conçues par la fédération nous Limousin et à partir des informaont aidés à nous rapprocher des tions que nous avons pu recueillir professionnels et à recueillir leurs auprès des adhérents, nous avons questions et leurs attentes. Nour- ainsi développé en 2011 une « calrie de ces échanges et de l’expé- culette déchets » – en fait une base rience de chacun de ses membres, de données sous tableur – permetla commission est devenue un tant aux entreprises de répondre champ de parole et un creuset aux appels d’offres HQE en évad’idées où tous les sujets ayant trait luant leur production de déchets. à l’environnement – de la régle- Autre exemple : nous travaillons mentation aux solutions tech- actuellement sur un outil pour niques existantes et pressenties – aider les professionnels à répondre ont été abordés. Cette manne s’est aux interrogations de leurs clients ensuite concrétisée, avec l’aide du touchant les prêts et les crédits chargé de mission environnement d’impôt. de la FFB Aquitaine, à travers l’élaboration de guides, l’organisaENTREPRISE MAISON LOUGES FRÈRES (40) tion de formations, de réunions Entreprise thématiques et, de manière ori- titulaire ginale, la création d’une perma- de la marque Revue éditée par IT-FFB (Institut technique de la Fédération française du Bâtiment). 9 rue La Pérouse 75784 Paris Cedex 16 - Tél. : 01 40 69 52 58 www.ffbatiment.fr - Association déclarée – Siret 301 652 673 0015 - Code APE 913E –ISSN 1772-3078 - Dépôt légal à parution DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Didier Ridoret DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Philippe Tempere COMITÉ DE RÉDACTION : Membres de la Fédération française du Bâtiment, de ses Fédérations départementales et régionales, de ses Unions et Syndicats de métiers JOURNALISTES : Isabelle Bize, Jean-Marc Brujaille, Delphine Goater, Hubert Kernéïs, Stéphanie Lacaze, Stéphane Miget, François Salanne CONCEPTION ET RÉALISATION IDÉ ÉDITION : André Haillotte, Pierre Salanne, Nelly Hurlé, Caroline Palma, Katia Boudet, Céline Binet FABRICATION : Sphinx/Sib TIRAGE DE CE NUMÉRO : 72 000 exemplaires PHOTO DE COUVERTURE : M. 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