prêt-à-porter des prix à se retourner dans son dressing s outlets

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prêt-à-porter des prix à se retourner dans son dressing s outlets
COMMERCE dE détAIL
EURO-FRANC SUISSE
prêt-à-porter des prix à se
retourner dans son dressing
Certaines marques ont pignon sur rue avec des collections quasi identiques
dans toute l’Europe. Les Suisses déboursent près de 40% de plus!
L
l’outlet (ici, romanel) attire le chaland par des prix baissés de 40% à 60% et des conditionnements conséquents.
Photos: Francesca Palazzi
migros Gros plan sur les outlets
Le géant orange veut ouvrir une vingtaine de magasins d’usine en Suisse.
Mais est-ce vraiment une si bonne affaire?
O
n ne les appelle plus solderies
ou braderies, termes devenus
trop ringards... Les outlets, ou
magasins d’usine en français, sont
depuis quelques années très tendance
dans le Vieux-Continent. Au point que
même Migros s’y est mis. Le géant de
la distribution, qui se défend de vouloir
concurrencer par ce biais les hard discounters allemands Aldi et Lidl, a déjà
onze enseignes de ce type, dont trois en
Suisse romande – à Sion, à Romanelsur-Lausanne et à Villeneuve. Et il ne
compte pas s’arrêter là puisqu’il envisage d’atteindre un total de 20 antennes.
relevé de prix...
Ces magasins de 500 à 700 m2, situés généralement en zone industrielle,
offrent un assortiment réduit d’environ
3600 références dont la teneur varie
fortement selon les arrivages. Dans les
étalages, on trouvera aussi bien des
chaussures, des textiles, des jouets, des
équipements de cuisine que des cosmétiques et des denrées alimentaires,
des invendus provenant «des filiales du
canton, des industries et des productions Migros», explique Evelyne Emeri,
porte-parole de Migros Vaud, qui précise qu’il ne s’agit en aucun cas de
18
marchandises périmées ou de seconde
main. Le tout avec des baisses de prix de
40% à 60% en moyenne, déclare-t-elle.
Pour le vérifier, les enquêteurs de
la FRC ont visité cet été les outlets romands, relevant minutieusement les
articles alimentaires – marque, prix,
poids, date de péremption, origine,
normes... –, qui représentent en gros
40% de l’assortiment de ces magasins
d’usine. Au premier coup d’œil, on
remarque que les conditionnements
sont énormes (3 kilos de paella, 1 kilo
de salami ou 2,5 kilos de légumes surgelés…) et que nombre de marques,
parfois emballées très sommairement,
semblaient peu familières à la clientèle
de Migros, voire inconnues. Le distributeur aurait-il un créneau parallèle?
«Non, rétorque Evelyne Emeri. Il arrive
que nous vendions parfois des stocks
importants de marchandises introuvables dans nos succursales suite à des
propositions de fournisseurs tiers qui
souhaitent écouler de gros volumes
ou qui ont des surplus à liquider. Mais
cela reste une part mineure.»
Côté prix, ces outlets tiennent leurs
promesses puisque, selon nos calculs,
certains des aliments recensés coûtaient jusqu’à deux fois moins cher!
«Ces offres sont très intéressantes pour
les familles et éventuellement des personnes qui feraient leurs emplettes en
commun», note Barbara Pfenniger,
spécialiste de l’alimentation à la FRC.
Et si Migros réduit astucieusement le
gaspillage, économisant au passage
des coûts d’incinération et de transport, gare à ne pas acheter plus que
nécessaire pour finalement jeter des aliments, un gâchis pour l’environnement
et le porte-monnaie! A noter que, dans
un outlet, c’est la bonne affaire qui fait
le larron. Inutile de s’y rendre avec une
liste de courses…
... et contrôle de fraîcheur
Enfin, nos relevés ont permis aussi
de contrôler que la fraîcheur des denrées
était de mise. Si la date limite de nombre
de produits vendus dans les outlets était
proche, nul problème de dépassement à
signaler. Et à la condition de respecter la
chaîne du froid, «il est tout à fait possible
de congeler de la viande ou des aliments
dont la date limite est proche, conclut
Barbara Pfenniger. Mais ils doivent être
consommés plus rapidement, car la
congélation ne fait que ralentir le développement des bactéries, elle ne les élimine pas.»
Elisabeth Kim
septembre 2011
FRC magazine
es grandes chaînes vestimentaires permettent de s’offrir une
mode à petits prix. Toutefois,
dans notre pays, l’élégance vaut son
pesant d’or, comparé aux voisins
européens. Ainsi, nous avons analysé les tarifs, en francs suisses et
en euros, de 10 boutiques de prêtà-porter pour femmes et enfants,
et de deux sites internet de sociétés
de vente par correspondance françaises. Pantalons, jupes, chemises,
pulls ou jaquettes… les écarts démarrent à 19% de plus pour la petite robe de plage à fleurs chez Zara
– 99 fr. 90 contre 69,95 euros –,
jusqu’à 90% d’augmentation pour
l’élégant blazer camel chez Naf Naf
(114 fr. contre 49,95 euros)!
Dans les boutiques, Naf Naf
affiche le plus gros écart de notre
échantillon, avec une augmentation moyenne de 53% en francs.
L’enseigne suisse Tally Weijl se
limite à 25%. Et pour habiller junior chez Du Pareil Au Même, il
faudra débourser 52% de plus en
Suisse qu’en Europe. A noter que
le créneau «bébé à naître» semble
aussi très porteur, puisque, sur le
site 3-Suisses, les vêtements de
grossesse affichent une différence de 67%. Pour en savoir
davantage, retrouvez notre tableau comparatif sur Frc.ch.
la rue de bourg de lausanne,
c’est les Champs-elysées!
Qu’est-ce qui justifie de tels écarts? La qualité des produits, entend-on souvent. Mais ces enseignes affichent les
mêmes articles dans leurs vitrines européennes, invariablement fabriqués en Chine, en Europe de l’Est ou encore
au Maroc, quel que soit le pays final de vente. Les loyers
alors? Entre Paris, Bruxelles et Lausanne, on doute que
la cité olympique soit la plus onéreuse sur ce point. Les
frais d’importation donc? Il faudra certes compter avec
des droits de douane, mais la facture devrait rester raisonnable; quelques francs par pièce tout au plus. Les salaires
FRC magazine septembre 2011
alors? On peut concéder une certaine différence de ce côté-là. Les
montants versés en Suisse sont
en effet largement au-dessus de
la moyenne européenne. Difficile
de savoir quel différentiel de prix
peut être ainsi justifié. Cette question a toute son importance dans
le débat économique actuel, mais,
faute de données autant du côté
du Secrétariat à l’Economie que
de l’Office fédéral de la statistique,
il est peu aisé d’estimer cette influence. Selon la FRC, un écart de
plus de 20% exige des explications.
entre pouvoir d’achat
et patriotisme, il faut choisir
Les conditions-cadres de notre
pays justifient donc une différence
de prix mais pas une moyenne de
40%, loin s’en faut! C’est surtout
la capacité économique des acheteurs qui définit, in fine, le prix de
vente. Pour les Helvètes, l’achat
en ligne peut être une alternative. Mais certaines marques empêchent les achats transfrontaliers
en exigeant que le pays de livraison
soit le même que celui de la comFrancesca Palazzi
mande. Dans ce cas, une seule parade: se faire livrer dans une poste restante aux frontières
ou chez des amis résidant en Europe.
Pour les enseignes qui livrent en Suisse, il est important
d’effectuer soigneusement les calculs, car les frais de dédouanement pourraient manger une grande partie du gain
espéré. Dès 60 francs d’achats (frais de transport inclus),
les taxes peuvent aller jusqu’à 50 francs avec un transitaire
privé. Profiter d’un séjour en terres européennes pour faire
du shopping semble être la meilleure affaire. Jusqu’à une
franchise de 300 francs, vous remplirez votre dressing à
bon compte. Et, à ce stade, pourquoi s’en priver?
Nadia Thiongane
retrouvez le tableau comparatif
exhaustif sur frc.ch
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