DUBUFFET ET L`ART BRUT

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DUBUFFET ET L`ART BRUT
CONFÉRENCE
Vendredi 3 février
à 19 h 45
Salle Saint Martin
Rue Bernard CathelinMontélimar
Tarif : adhérents 3 €
Non adhérents 5 €
www.up-sael-montelimar.fr
Joëlle BUSCA
Critique d’art, commissaire
d’expositions et membre de
l’Académie cévenole
DUBUFFET ET L’ART BRUT
Quel est le rapport entre l’œuvre de Jean DUBUFFET et l’Art Brut ?
Entre DUBUFFET créateur et DUBUFFET collectionneur ?
Du brut fait DUBUFFET
Depuis le XIXème siècle, des médecins aliénistes étudient les dessins de leurs patients,
cherchent à établir des typologies, les rassemblent en collections et publient des ouvrages.
Mobilisé en 1916, André BRETON, étudiant en médecine affecté dans des services
neuropsychiatriques, découvre l’intérêt des créations asilaires. Esprit éclairé, il élargit le champ
artistique par un effet d’élection, catalysant les composants de cet historique et le théorisant, le
surréalisme sort tout un corpus artistique des lieux auxquels il serait par nature prédestiné. En 1937
l’exposition de l’Art dégénéré circule dans l’Allemagne nazie, rassemblant les grands maîtres
schizophrènes et l’avant-garde, Otto DIX, Paul KLEE, KOKOSCHKA, SCHWITTERS… et justifie
malgré elle ce qui va suivre.
Le terrain est donc propice lorsqu’en 1942 Jean DUBUFFET délaisse le
négoce familial pour revenir à la peinture. Né avec le siècle (1901) et mort
avec la fin des avant-gardes (1985), écrivain disert, sculpteur, conférencier,
architecte irréaliste, concepteur d’une œuvre plastique protéiforme,
archiviste de sa vie et de sa production (38 fascicules pour le catalogue des
travaux) ; complimenteur « dithyrambe et enflé », comme se définissait
Gustave FLAUBERT, il est le fin stratège qui a compris le pouvoir
subversif et novateur de l’art des fous et ses potentialités.
Il saura s’en emparer pour le promouvoir afin de l’utiliser comme outil
de l’ébranlement épistémologique de l’art, révélateur des conditions du
regard dans le champ culturel et substrat de son travail artistique, dans ses
recherches d’effets, ses mélanges de cru et de savant, sa quête du
débordement et d’une inventivité libérée des règles.
En 1945, DUBUFFET visite en Suisse plusieurs collections asilaires et deux ans plus tard crée
le Foyer de l’art brut (appellation suggérée par Jean PAULHAN) qui devient en 1948 la Compagnie
de l’art brut avec BRETON, PAULHAN, Charles RATTON (marchand et collectionneur d’art
africain), Michel TAPIÉ (critique) et Henri-Pierre ROCHÉ. C’est un centre d’étude et de collecte des
œuvres.
Une première exposition est organisée à la galerie Drouin en 1949, DUBUFFET publie dans le
catalogue son manifeste fondateur, L’Art Brut préféré aux arts culturels...
Sa volonté de reprendre l’art à zéro suppose une capacité à oublier les apprentissages. Il espère
revenir à une expressivité indemne de toute culture par l’étude des travaux d’art brut…
Joëlle BUSCA