Antonin

Transcription

Antonin
Antonin
19 avril 1980 - 17 juillet 1999
Cérémonie d’adieu le 21 juillet 1999
Shine on your crazy diamond
Pink Floyd
(D. Gilmour - R. Waters - R. Wright)
Dominique, Bruno, Quentin, Valérie et Geoffrey vous m’avez
demandé de présider ce rassemblement autour d’Antonin.
Nous tous, les proches, les amis, les camarades, nous ne
parvenons pas à réaliser ce qui est arrivé.
Est fortement associée à nous cet après-midi par la pensée,
Mamet Vivette, la grand-mère d’Antonin, qui pour des raisons
de maladie n’a pas pu nous rejoindre.
Nous portons aussi en nous, les familles de Frédéric et de
Sébastien, frappées par le même drame et nous pensons à
Henri et Guillaume qui luttent contre la mort.
Terrible est la vie qui donne et qui reprend d’un coup, une nuit.
Depuis cette nuit de vendredi à samedi, cette terrible nouvelle
cogne à notre cœur.
Antonin a disparu de notre vue, mais il reste immensément
présent, tant nous sommes marqués, imprégnés par ce qu’il a
vécu, partagé avec nous.
Nous sommes tous habités par sa figure, sa personnalité, son
action, par tout ce qu’il a donné. Cette même attitude, ce
même mouvement de pensée, créent un lien très fort,
exceptionnel entre nous.
Tout à l’heure, certains d’entre nous prendront la parole pour
exprimer leur émotion et leur reconnaissance.
Paroles et musiques nous aideront à vivre ce moment pour
donner sens à notre rassemblement.
Tout de suite, c’est Bruno, le papa d’Antonin, qui évoque la
violence de la séparation et l’affection familiale.
Philippe Mouy
Page 2
Nous voici cet après-midi au bord du vide,
Puisque nous cherchons partout
Le visage de celui que nous avons perdu.
Il faisait parti de notre avenir, notre avenir à tous.
Il était des nôtres.
Et nous avons perdu cette part de nous même.
Il nous questionnait,
Et nous avons perdu ses questions.
Nous voici maintenant sans lui.
Il nous a laissé avec nos propres questions,
Nos visages déformés par la mort.
Nos lèvres serrées sur nos pourquoi.
Nous sommes venus ici chercher…
Quelque chose…quelqu’un…
Chercher cet amour plus fort que la mort
Qui nous permet de rester en communion avec toi.
Antonin ! Guide nous sur le bon chemin !
Bruno Ribard
Genius / GZA
extrait de Liquid Sword
Page 3
Tu nous as laissé une longue traîne noire derrière toi
Plus grande que tout, que moi
Cette traîne c’est nous qui la tenons
Nous la faisons évoluer et elle évolue avec nous
Cette traîne, c’est elle qui nous tient
Nous ne pourrons plus la lâcher et elle ne nous lâchera pas.
Tu ne nous lâcheras pas
On t’aime
Romain Lamy
(lu par Sabine Lamy)
Page 4
Au milieu d’un astre de lumière
Tout près du ciel, sur terre
La vie a persévéré
Un être est né
A l’aube d’une journée facile
Une plaine étendue, très docile
La peur du destin
Un manque survint
Au centre d’une vie à peine entamée
Le son et la lumière prirent fin
Un dégoût personnifié
A la minute où il partit
Tous les cœurs furent brisés
Et pour nous tous à jamais
Romain Lamy
(lu par Sabine Lamy).
Nous, tous tes cousins, nous n’oublierons jamais
Les cabanes dans la savane,
Ta bonne volonté pour la cueillette des olives,
Les plongeons forcés dans le bassin,
Les discussions, les rires et les « Sabine tu pleures ? » dans le
grenier,
Et tes talents de bricoleur et mécanicien.
Sabine Lamy
Page 5
Antonin je t’aime et je penserai à toi toute ma vie.
Tu auras une très grande place dans mon cœur.
Jamais je ne t’oublierai.
Et à chaque fois que j’irai faire de la moto,
je t’emmènerai en balade avec moi, tout le temps.
Chaque jour qui passera je penserai toujours à toi.
Je t’aime Antonin, je t’aime de tout mon cœur.
Jamais je ne t’oublierai !
Romain Perez
Antonin
Nous avons tous fait un bout de chemin avec toi, rempli de
moments heureux.
Mais, il faut le dire aussi, il y a toutes les fois où les mots qui
font mal, les incompréhensions, les jugements hâtifs et
quelques fois les gestes durs ont pu ternir l’amitié, casser les
relations entres nous.
Pour toutes ces fautes humaines, tout au long de nos vies,
Devant toi, Antonin, nous demandons pardon.
Rappelons nous que l’Amour doit toujours avoir le dernier mot.
Pascale Lamy
Page 6
Dominique, Bruno, Quentin, Valérie, Geoffrey
Osons le reconnaître, oui il est parti, physiquement parti. Mais
comme le dit Bernard Claudel je ne pense pas qu’un arbre
cesse de vivre vraiment au moment où le bûcheron l’abat.
Transformé, une autre vie commence pour lui, présent dans un
meuble, un feu qui souvent lorsque nous les regardons nous
réchauffe le cœur.
Avec vous de petite pousse, l’arbre Antonin a grandi. Petit à
petit la générosité, l’amitié, l’envie de justice sont devenus les
tuteurs de cet arbre.
Souvenez vous :
De son petit sourire en coin,
De sa timidité pour annoncer une note,
De sa souffrance lorsque son épaule le lâchait,
De sa joie lorsque enfin sa moto démarrait,
De son plaisir à la barre du zodiac,
De son envie de rejoindre ses amis.
Je le revois encore arriver chez les parents en voiture tirant
une remorque sur laquelle trônait sa moto. Qu’il était beau !
Que tous ces souvenirs vous remplissent de joie car Antonin,
comme Hubert, Emmanuel et Magali partis avant lui, n’était
pas triste, car les valeurs défendues par lui doivent être
développées, utilisées pour continuer à construire autour de
vous le Monde auquel Antonin aspirait.
Que l’arbre que fut Antonin vous réchauffe le cœur malgré
votre tristesse
Jean-Yves Lamy
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Ils étaient 5 adolescents,
rentraient d’une soirée à Saint Ismier.
En voiture et sans avoir bu, ils revenaient,
par une route que trop bien ils connaissaient
Ils étaient 5 anciens lycéens,
fêtant dignement le début de la vie étudiante.
Ils rentraient à 1h du matin,
quand à 500m de chez eux, de chez moi,
ils quittèrent le chemin.
Ils étaient 5 copains,
venaient de quitter le lycée,
et à ce même rond point,
tout c’est terminé
Ils étaient 5 jeunes,
pressés de rentrer chez eux,
quand au bout d’une ligne droite,
la mort arriva plus vite encore.
Ils étaient 5 amis,
3 déjà sont partis,
que notre colère et nos larmes,
jamais ne nous ramèneront.
Ils étaient 5,
et pour les survivants,
ainsi que les familles des disparus,
joignons ensemble nos pensées,
et toute notre amitié.
Benoît Fouré
(lu par Anne Rivallant)
Avec le sourire
Schkoonk
Extrait de Sur les pavés
(Grassin, Abemango)
Page 8
Dans cet air de vacances du mois de juillet, tout d’un coup,
tout est renversé, chamboulé. Dans quelle tempête, nous
sommes jetés avec Antonin. Dans quel désarroi et affolement
la vie nous plonge. Non la douleur et la révolte ne sont pas
éteintes en entrant dans cette salle. Le décès brutal,
insoutenable d’Antonin et de ses deux copains, Frédéric et
Sébastien, qui se connaissaient depuis la maternelle, qui ont
franchi ensemble bien des étapes, nous laisse abattus.
Plongés dans cette tragédie, je ne peux pas ne pas penser à
un certain Jésus de Nazareth, qui, un soir où il avait invité ses
apôtres à prendre la barque et à traverser le lac, se trouve pris
dans une violente tempête. Et lui, Jésus, fatigué par une
longue journée, dormait au fond de la barque.
Notre cri de douleur, cet après-midi, reprend celui des apôtres
dans la barque au milieu de la tempête : «Dieu nous sommes
perdus ! Cela ne te fait rien ?» .
Cela ne te fait rien de voir qu’Antonin n’a pas eu son compte
de vie ? Cela ne te fait rien de nous voir désemparés devant
Antonin qui nous échappe ? C’est comme si on nous arrachait
quelque chose de nous-mêmes.
Comme notre confiance en la vie est mise à rude épreuve ! A
quoi, à qui nous raccrocher ?
Aux apôtres affolés dans la barque prise dans la tempête,
Jésus a posé la question : «Où donc est votre foi ?»
Pas plus que les apôtres, nous ne pouvons répondre
clairement maintenant. Mais si nous sommes rassemblés cet
après-midi, c’est pour manifester une foi, en se sentant porter
les uns les autres par la présence et la parole d’amis, de
frères, pour y trouver un appui. C’est pour nous redire, que
nous sommes fait pour vivre, pour aller à la quête du bonheur.
C’est pour nous redire que la vie n’est pas absurde, qu’elle
vaut le coup d’être vécue.
Dans notre angoisse, au cœur de notre appel, accrochonsnous d’abord à cet amour partagé avec Antonin, à cette
passion de la vie portée avec lui.
Il a eu 19 ans de bonheur, de vie pleine. Nous gardons de lui
son style d’entraîneur chaleureux, sa bonne humeur. Là où il y
avait des problèmes, avec la force de son regard, il cherchait
toujours à les surmonter.
Sa vie, qui s’est arrêtée sur cette avenue des Sept Laux, vous
l’avez dit, les jeunes, ses amis, elle doit poursuivre sa route par
vous, par nous.
Antonin n’est pas absent. Il est bien présent, au milieu de
nous, mais autrement.
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La foi que le Christ voulait susciter chez les apôtres pris dans
la tempête, ce ne sont pas des idées générales, c’est la
confiance malgré tout. Le silence de Dieu, ce n’est pas
l’absence de Dieu.
Tous, croyants ou non, cet après-midi, une foi nous tire en
avant : levons-nous, nous qui sommes fait pour la vie.
Recommençons à aimer. Espérons malgré tout.
Portons plus loin, par nous-mêmes, le sourire et la passion de
la vie qui animaient Antonin.
Il nous faut puiser dans cet amour familial et dans cet
engagement fraternel des amis d’Antonin, pour que le chemin
pris par Antonin ne nous maintiennent pas dans la tempête
des révoltes et des pleurs, mais qu’ensemble (avec Dieu
reconnu dans la barque pour les croyants), nous traversions la
tempête et passions sur l’autre rive, confiants en l’avenir.
Aidons-nous à tenir debout à travers la tempête.
Tournons-nous vers l’avenir, pour recommencer à aimer, à
espérer, malgré tout.
Philippe Mouy
Catena
Chjami Aghjalesi
Extrait de Corsica , Les plus belles chansons Corses
P. Croce - L.Llach
Page 10
Page 11
Antonin,
Notre enfant chéri, notre grand garçon, tu nous quittes
brutalement alors que tout te souriait. Tu finissais le lycée avec
succès et tu voulais t’engager dans la vie active qui était aussi
celle des copains, de Laura, ton rayon de soleil, des moteurs
et des motos.
Nous t’avons vu, petit, monter et démonter des vélos puis ta
voiture radio-commandée, ta mobylette, les voitures et les
motos. Enfin, là, les choses devenaient sérieuses. Tu rentrais
à la maison noir de cambouis de la tête aux pieds et tu te
dépêchais de te faire beau pour retrouver les copains.
Nous te revoyons aussi arpentant le quartier un bambou à la
main, les bottes pleines d’eau, le sourire aux lèvres malgré le
panier vide de poissons. Plus tard, il y eut la première vraie
canne à pêche de Papet dont tu as trempé le fil dans tous les
lacs des environs. A Campo en Corse, tu as découvert la
chasse sous-marine avec Bruno, Quentin et Geoffrey. Les
retours bredouilles étaient enfin oubliés.
Nous te revoyons sur un tatamis où tu aimais tant t’exprimer.
Les compétitions tu n’aimais pas les perdre. Ton regard
sombre et déterminé croisait celui d’Annibal, ton professeur, le
message était passé et le combat gagné.
Nous te revoyons sur les skis rivalisant avec Quentin et tes
oncles à qui ferait le plus beau saut. Il est préférable d’oublier
les atterrissages.
Ceux-ci et les autres coups durs t’ont appris à fréquenter le
chemin de l’hôpital, difficiles parcours que tu as toujours su
faire avec courage et dignité.
Nous te revoyons partout, Antonin, notre Toti chéri, dans les
bons et les mauvais moments.
Dix neuf ans d’une vie, c’est trop court, trop bref. Tu es venu
au monde comme un boulet de canon et tu nous quittes de la
même manière. Il nous reste une impression d’inachevée, mais
nous savons tous que tu veux que nous continuons à vivre
dans la joie et la gaieté, toi qui ne te lamentait jamais sur ton
propre sort.
Antonin, notre enfant chéri, notre grand garçon, nous gardons
dans nos cœurs ton petit sourire coquin et malicieux qui
illumine ton visage et nos vies.
Au revoir Antonin, tu es notre petite canaille et nous t’aimons
très très fort.
Dominique Ribard
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Que nos mémoires soient par Antonin, qui nous a fait partager
les instants de sa vie, le lieu de la fidélité à tout ce qui nous fut
commun.
Nous avons su prononcer son nom, accueillir son regard, être
heureux de sa joie, ou plein de sa tristesse, en partageant les
mêmes événements.
Que l’affection nous garde son visage en souvenir de lui,
comme une voix qui interpelle, qui nous envahit cet après-midi
plus que les autres jours encore, comme un appel à vivre dans
l’espérance et la confiance mutuelle.
Pour finir ce moment de notre rassemblement avec Dominique,
sa maman, nous souhaitons prononcer la grande prière des
croyants qui en nous faisant nommer Dieu comme un Père,
nous appelle à vivre une fraternité plus forte.
Frères, sœurs, cousins, cousines d’Antonin, approchez-vous
d’Antonin en vous donnant la main, et en tendant la main à
tous ses copains, parents et amis
Philippe Mouy
«Notre Père …»
Dominique, Bruno …
vous remercient pour votre présence pleine d’affection.
Ensemble, nous avons encore beaucoup de choses à nous
dire, sur le parvis de cette salle. Mais auparavant, je vous
propose de venir saluer, Antonin, en posant la main sur son
cercueil.
Philippe Mouy
Ne rien faire
Extrait de la B.O du film Taxi.
(Karl - Akhenaton)
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