Etude comparative de dix sujets SDF fréquentant un Centre d
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Etude comparative de dix sujets SDF fréquentant un Centre d
Etude comparative de dix sujets SDF fréquentant un Centre d’Hébergement d’Urgence et de dix sujets SDF vivant uniquement dans la rue: acceptation et refus de l’hébergement d’urgence Gaétan Langlard∗†1 , Evelyne Bouteyre1 , and Amine Rezrazi1 1 Université de Rouen – Laboratoire PsyNca – EA 4306 – Université de Rouen : EA4306 – France Résumé Objectifs : Parallèlement à l’augmentation du nombre de personnes sans domicile fixe (SDF), les autorités publiques ont développé un massif dispositif d’assistance visant à traiter ce ”problème” SDF par l’hébergement d’urgence. L’objet de cette présentation est d’apporter des éléments de réponse à propos du refus et de l’acceptation de l’hébergement d’urgence de la population SDF. Méthodologie : Pour répondre à cette problématique, est comparé un groupe de dix sujets SDF usagers d’un Centre d’Hébergement d’Urgence (CHU) à un groupe de dix sujets SDF vivant uniquement dans la rue. Auprès de chaque sujet sont menés un entretien semi-directif, une passation de l’échelle HAD (A.S. Zigmond et R.P. Snaith, 1983) et une de l’échelle d’estime de soi (M. Rosenberg, 1969). Résultats : Les points communs entre les deux groupes de sujets sont les suivants : Tous ont connu un passé douloureux voire traumatique. Ces sujets ont vécu de nombreuses ruptures, abandons, carences les ayant fortement perturbés et affectés. L’accumulation d’évènements de vie chroniques, a fait que le dernier évènement en date est identifié, par ces sujets, comme la cause de leur situation de SDF. Leur survie au jour le jour implique un passage à l’acte constant dans l’espace de la rue, traduisant une cristallisation psychique, une élaboration psychique impossible. ∗ † Intervenant Auteur correspondant: [email protected] sciencesconf.org:afpsa-lille2012:6641 Ces deux groupes de sujets se distinguent principalement dans leurs façons d’appréhender leur situation SDF. Ainsi, l’acceptation/refus de l’hébergement d’urgence renvoie à une acceptation/refus de l’identité de SDF, une adaptation/inadaptation à la condition SDF, une acceptation/refus d’assistance, et une acceptation/refus de l’espace collectif. Au niveau quantitatif, on note un lien entre l’anxiété/dépression et le refus d’hébergement d’urgence. Les sujets refusant l’hébergement d’urgence présentent un niveau de dépression significativement plus élevé (10,3 contre7,1) et un niveau d’anxiété significativement plus faible (11 contre 14,1) que les sujets usagers du CHU. Conclusion : Cette étude permet de considérer le refus d’hébergement des personnes SDF comme une volonté de ne pas subir passivement leur situation d’exclusion sociale. Elles maintiennent un mode de vie volontairement difficile entrainant une souffrance psychique plus importante que celle des personnes hébergées ; ceci pour de ne pas s’installer dans leur situation. A l’inverse, les usagers réguliers des CHU les investissent et y trouvent un cadre et de nouveaux repères. Cet investissement, entraine un soulagement et une souffrance psychique moindre qui favorisent une sur-adaptation à leur condition de vie. Mots-Clés: personnes sans domicile fixe, refus d’hébergement d’urgence, précarité, exclusion, souffrance psychosocial