avec la `Balk` (littéralement: la poutre) de Beel, la zone
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avec la `Balk` (littéralement: la poutre) de Beel, la zone
® IR Technology PROJET Stéphane Beel parle de la ‘Balk de Beel’ «Nous avons offert un manteau chaud à l’immeuble» Leuven: avec la ‘Balk’ (littéralement: la poutre) de Beel, la zone du Vaartkom - l’ancien port industriel -, délaissée jusqu’il y a peu, s’enrichit d’un nouveau vaisseau amiral. Les architectes Stéphane Beel et Xaveer De Geyter ont développé le terrain de onze hectares séparant le Vaartkom et un bras de la Dyle pour en faire le quartier de Tweewaters. En partenariat avec Sto, Stéphane Beel a revêtu la Balk, qui plonge droit dans le Vaartkom, d’une isolation de façade en plâtre pour lui offrir «un manteau chaud». C’est parmi les nombreuses maquettes de son bureau de Gand que nous avons rencontré Beel et son collègue Tom Debaere pour parler de la Balk, des savoirs-faire peu communs, et de la créativité qui, selon Beel, est un élément surestimé: «J’essaie d’être aussi peu créatif que possible.» Mettre les espaces urbains à nu Est-il exceptionnel que dans le centre d’une ville, on dispose encore de tant d’espace pour laisser son empreinte d’architecte? DIMENSION Beel: «Dans les villes belges, les seuls grands terrains encore disponibles sont les domaines des anciens monastères ou les sites industriels. De nombreuses villes ont grandi avec leur industrie, et c’est pourquoi les sites industriels sont enchâssés dans le tissu urbain. Lorsqu’un secteur tombe en déréliction, on voit soudain se libérer de grands pans de terrain en plein centre. C’est ce qui s’est produit ici. Le site de Tweewaters était en friche depuis qu’Inbev avait quitté le terrain. C’était une situation très intéressante, car le quartier est tout proche du centre, tout en offrant un important potentiel d’expansion. Debaere: «Oui, il est remarquable de voir que même si le site n’est pas vraiment caché, personne ne se rendait compte à quel point le terrain est proche du centre. Par ailleurs, nous 38 avons ajouté deux ponts au plan d’ensemble, ce qui permet de rejoindre le cœur de Leuven en quelques minutes à vélo ou à pied. Grâce à ce projet, nous ajoutons en quelque sorte un vaste pan au centre de la ville. Comment la vision de ce concept est-elle née et a-t-elle évolué? Beel: «C’est un véritable projet urbain, qui est né de la demande de rénover les Moulins d’Orshoven. En fin de compte, la ville de Leuven a manifesté un vif intérêt lorsque nous avons mentionné la possibilité d’inclure le site de Tweewaters. Le projet est parti d’une vision urbanistique couvrant l’ensemble du site ainsi que du plan qui l’accompagnait. En collaboration avec l’architecte Xaveer De Geyter, nous avons dessiné les volumes, les vides, et les espaces publics au sein du plan d’urbanisme. Ce croquis a constitué la base de travail pour la conception des divers immeubles. De par sa situation, la Balk est le premier immeuble qui a été construit. Le bâti- PROJET Debaere: «Pendant le projet, il a fallu tenir compte de nombreuses considérations techniques. Par exemple, nous n’avons pu choisir de construire en hauteur qu’après une étude de vent se soit révélée favorable.» Un manteau chaud pour la Balk de Beel Comment avez-vous choisi le revêtement de l’immeuble? S’agit-il uniquement d’une considération technique? Beel: «Le premier immeuble que j’ai bâti a été plâtré. Mon choix pour ce matériau est tout autant lié à ma prédilection pour le modernisme, l’architecture blanche, que pour son caractère relatif. Mais le fait que j’aie choisi le plâtre pour mon premier logement est aussi lié à l’isolation. C’est comme si on enfilait un manteau chaud au bâtiment, en l’isolant d’un seul coup de pied en cap, de façon à éviter des problèmes tels que les ponts thermiques. Debaere: «Le choix du plâtre est aussi lié aux autres immeubles du site. La Balk fait contrepoint aux silos verticaux. Le site ne supporte sa taille et sa longueur que parce que les silos sont de véritables mastodontes. Par contre, cette situation entraîne l’impossibilité d’opter pour un matériau déga» geant la même impression massive que ces silos en béton.» ment est perpendiculaire à la Dyle et au Vaartkom. Il sépare et relie les deux voies d’eau, et constitue également un axe d’ orientation qui détermine le reste du plan.» Beel: «J’essaie d’être aussi peu créatif que possible, dans la mesure où la quantité de créativité que l’on met dans un projet ne garantit pas sa qualité. Les idées évoluent par analyse de la situation existante. A mon sens, une approche raisonnée est tout aussi créative. Un projet doit toujours être testé à de nombreux niveaux. Les volumes des immeubles doivent être calculés par rapport à la ville et aux bâtiments existants. Il faut toujours tenir compte de la lumière solaire, s’enquérir des zones qui peuvent être reliées entre elles, le tout sans jamais perdre les habitants de vue. Comment vont-ils profiter de leur environnement? Pour répondre à toutes ces questions, on cherche des exemples comparables, qu’ils soient anciens ou neufs. Pour moi, le bloc de logements Gallaratese de l’architecte Aldo Rossi a toujours constitué une référence. Quand j’ai visité ce projet en 1975, il m’a profondément impressionné. En une seule intervention, Rossi a métamorphosé tout un quartier. Tom Debaere - Stéphane Beel - Jean-Yves Matton DIMENSION Il s’agit là d’un site immense, que vous avez eu la possibilité de développer par vous-mêmes. Par quoi avez-vous commencé? Une vision créative audacieuse, ou plutôt un travail d’assemblage et de mesurage? ® Luca Beel «J’essaie d’être aussi peu créatif que possible.» 39 ® Luca Beel PROJE T Comment êtes-vous arrivé chez Sto? Beel: «Parce que les exigences de qualité étaient très élevées, tant à notre niveau que chez le maître de l’ouvrage. Nous voulions une qualité Villa, et Sto nous a emboîté le pas dans cette ambition. Nous avions confiance dans leur produit et leurs relations avec les exécutants, ce qui était capital vu l’échelle du projet.» La Balk de Beel a obtenu un certificat BREEAM. Vous avez vous-même évoqué ce manteau chaud. Dans quelle mesure le choix du matériau a-t-il contribué à ce bon score? Debaere: Le fait que tous les appartements et logements de la Balk soient basse énergie a certainement contribué à l’attribution d’un bon score BREEAM, que l’on ne peut obtenir qu’en isolant bien. Le choix du plâtre implique une bonne isolation sans pour autant perdre d’espace. L’immeuble doit aussi supporter un poids supplémentaire au niveau de la façade. Mais le score BREEAM est bien loin de se limiter à l’isolation. Il tient aussi compte du traitement des déchets pendant la construction, de la relation avec la ville, des services offerts etc. Il s’agit en réalité de la durabilité d’ensemble. Mais pour un projet de cette ampleur, il n’est pas facile de trouver un sous-traitant disposé à s’occuper du plâtrage. Beel: «C’est un fait. J’ai eu l’occasion de construire une petite tour de quinze mètres de haut à Bruges. Un spécialiste gantois l’a plâtrée. Il a posé la finition de la tour en un seul mouvement. La difficulté du matériau, c’est qu’il n’est pas possible de traiter un immeuble en deux étapes, sans quoi les raccords se voient. A l’époque de mes études, j’ai d’ailleurs plâtré moi-même un mur, pour savoir comment il faut s’y prendre. Je sais à quel point c’est difficile, et j’apprécie d’autant plus le travail de ces corps de métier.» Vous voudriez que les corps de métier se soucient un peu plus de vos plans? DIMENSION Beel: «Pour un vrai spécialiste, nos exigences ne constituent pas un problème.» Jean-Yves Matton (Salesmanager Facades, Sto): «En cherchant les extrêmes, les bureaux d’architectes nous poussent à rester innovants. Si nous n’avons pas de réponse à une demande d’un architecte, nous en cherchons une. C’est comme 40 cela que les nouvelles idées évoluent. Les architectes sont les fondateurs des nouvelles technologies, car ils mettent la barre toujours plus haut.» Beel: «Je sais que dans ce domaine, nous pouvons demander plus qu’un bureau débutant. Si nous ne mettions pas la barre haut, nous ne remplirions pas notre rôle. Nous ne le faisons pas coûte que coûte pour être les premiers dans quelque chose, il ne s’agit pas de cela. La question est de savoir quel produit est le plus adéquat pour tel ou tel projet et avec quel spécialiste nous le réaliserons. Heureusement, il existe encore des entreprises innovantes qui sont capables de jouer le jeu, et qui sont désireuses de le faire. C’est un plaisir pour nous.» «En tant que bureau, nous savons très bien que nous sommes exigeants et que nous poussons nos fournisseurs dans leurs limites, mais je considère que c’est aussi notre rôle. Si nous réduisons nos exigences, nous négligeons le peu de savoir-faire qui existe encore. C’est un travers dans lequel nous ne souhaitons pas tomber: tant de choses ont déjà été perdues! C’est pourquoi je dis toujours aux particuliers qu’ils sont mon laboratoire pour mon prochain projet. Les gens l’acceptent, pour peu qu’on soit transparent à ce sujet.» Le dossier technique de la Balk était techniquement exigeant. Reste-t-il des choses sur votre liste de souhaits qui ne sont pas encore possibles? Beel (réfléchit): «Ce n’est pas que j’aie un faible pour les projets de rêve qu’il est impossible de réaliser. Ces exigences techniques s’imposent lors de la conception, elles font partie du processus. La Balk est haute de 45 mètres, mais depuis un certain temps je me demande ce que cela donnerait si on la dressait à la verticale? Cela fait déjà un petit temps que nous réfléchissons sur les tours. Donc, qu’en serait-il si la Balk était haute de, disons, 80 mètres? Serait-ce techniquement réalisable avec ce type de plâtre? Serait-ce intéressant? Pouvons-nous le faire avec une quelconque méthode de préfabriqué? Ou pouvons-nous faire plâtrer mécaniquement, à l’aide d’une machine qui travaillerait de haut en bas? Autant de questions auxquelles les fournisseurs commencent par répondre: «Impossible!» Mais en continuant d’essayer, par un processus itératif, on finit par accomplir bien des choses.» www.sto.be - www.stephanebeel.com - www.balkvanbeel.be