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Contexte
Au sein de notre institution, le cours « d’éducation aux médias, notions d’audiovisuel » est
proposé sous la forme d’un cours de 35 heures en première année de la formation
d’éducateur spécialisé, de 22 heures en seconde année de cette même formation. Il est aussi
proposé sous forme de modules et dans le cadre de la propédeutique aux AESI, PP et PS.
En ce début de 21e siècle, le citoyen est véritablement cerné par les médias qui forment une
composante majeure de leur environnement social et culturel. ! Il est sans cesse le
destinataire de messages écrits, visuels et sonores élaborés dans le but de produire des
effets sur leur savoir, leur affectivité, leur comportement. Le plus souvent, on ignore
comment décrypter ces messages !
L’éducation aux médias va apporter les bases nécessaires pour maîtriser ces codes. Car les
messages émis par les médias ne sont pas neutres. Ils utilisent un langage particulier et des
moyens technologiques précis, ils visent une cible donnée. S’éduquer aux médias, c’est se
rendre capable de comprendre la situation dans laquelle on se trouve lorsqu’on est
destinataire de messages médiatiques.
Module proposé à la HEH – campus pédagogique – Mons – Loreline Hellin
Les objectifs fixés pour le cours d’Éducations aux médias, notions d’audiovisuel
1. S’entraîner à s’interroger sur toutes les facettes entourant le message et le média qui le
diffuse.
2. Apprendre à utiliser un ou plusieurs médias dans un processus d’enseignement ou de
transmission.
3. Développer des habiletés et des compétences visant à identifier, décrire, comprendre et
évaluer les messages quotidiens de notre univers médiatique qui cherchent à nous
informer, nous distraire, nous émouvoir ou nous vendre quelque chose.
Cours sur le dessin animé
Comme futur éducateur, il est nécessaire de connaître les « liens » unissant l’enfant et la
télévision et plus précisément encore les dessins animés qui sont un des médias les plus
prisés chez les enfants. Et ce, de manière à pouvoir utiliser la télévision et non être utilisé par
elle. L’éducateur doit avoir conscience que l’enfant confronté aux images médiatiques a
toujours besoin d’un accompagnement !
En effet, d’un côté les concepteurs devraient se préoccuper de contextualiser
systématiquement des scènes problématiques ; de l’autre, les parents (éducateurs…) par
leur présence et leurs paroles ( explications, dédramatisation…) doivent amener une
fonction contenante plus rassurante pour l’enfant téléspectateur.
Le travail sur la dimension de genre se situe à l’intérieur d’un module sur Disney et
l’utilisation thématique de différents longs métrages. Le cours nous amène à apprendre à
utiliser un ou plusieurs médias dans un processus d’enseignement ou de transmission.
L’étudiant va être amené à analyser les séquences de dessins animés pour ce qu’elles
peuvent représenter d’une part, en les situant donc dans un contexte culturel et temporel.
Mais d’autre part à réfléchir à l’adéquation entre ledit dessin animé et le public cible de son
activité ou de son cours.
Le cours démarre par la notion de mort et de deuil (car il fait suite et lien direct avec le volet
précédent « La notion de violence dans les médias ») où l’on compare la mort du papa de
Simba dans « Le roi Lion » (1994) et celle de la maman de Bambi, « Bambi » (1942).
L’étudiant se rend compte que l’âge d’un dessin animé va influer sur sa manière de
présenter les choses. À partir de là, le cours correspondra toujours à un débat né de la
confrontation d’extraits différents. Le but étant de faire de l’éducation AUX médias (de
l’analyse, de la réflexion…) avant de penser à l’éducation PAR les médias (transmission). Le
but étant toujours d’arriver à parler du public cible et des activités pouvant être menées
avec ce dernier.
Le dessin animé : de l’analyse et l’utilisation, faire des enfants des spectateurs
actifs
A) Thématiques chez Disney
1. La notion de mort et de deuil
1.1. L’exemple de Bambi « ta mère ne sera plus jamais à tes côtés »
1.2. La culpabilisation de Simba dans « Le roi lion »
2. La parentalité
2.1. « J’irai te chercher où que tu ailles » : « Némo » (2004) et « Pinocchio » ( 1940)
2.2. Les substituts parentaux : « Le roi lion » (1994) et « Cendrillon » (1951).
2.3. La marâtre : « Cendrillon » (1951) et « Blanche-Neige » (1937).
3. L’évolution de la femme
3.1. Un jour mon prince viendra : « Blanche-Neige » (1937)
3.2. Quand la princesse se révolte…mais pas trop : « La petite sirène » (1989) et
« Aladin » (1992).
3.3. Quand l’esprit vient aux femmes : « La belle et la bête » (1991) et « Tarzan » (1998).
3.4. Quand une femme décide de son avenir : « Pocahontas » 1 et 2 ( 1995) et « Mulan »
(1999).
B) Manga !
C) Les Simpson
D) Conclusions : quand l’accompagnement est essentiel
Bref développement et commentaires du chapitre 3
3.1. « Un jour mon prince viendra », le cas Blanche-neige :
Les étudiants visionnent deux séquences du film « Blanche-neige et les sept nains » de Walt Disney
(1937). La première commence lorsque le chasseur ne peut la tuer et lui demande de se sauver, la
séquence se poursuit dans la forêt où Blanche-Neige prend peur face aux ombres, arbres, bruits. La
seconde est son arrivée dans la maison des nains. Dès son entrée, elle fait le ménage, manière pour
elle de se faire accepter. Elle a aussi cette réflexion face au désordre laissé par les nains « C’est à leur
mère de le faire…oh mais ils n’ont peut être pas de mère ».
Commentaires :
La « niaiserie » de Blanche-Neige est souvent vite mise en avant. De nombreux étudiants s’étonnent
d’avoir un aussi bon souvenir alors que le dessin animé est très « daté » (chants, dialogues,…), il est
bon de tempérer et de rappeler le chef-d'œuvre d’un point de vue technique pour l’année (1937). De
même, les étudiants remarquent assez vite la problématique du rôle de ménagère modèle que
Blanche-Neige endosse elle-même. L’âge du dessin animé est alors mis en avant ce qui permet un
rappel de grandes dates telles que le droit de vote des femmes. Mais il ne faut pas les laisser sur
cette image du passé, un PowerPoint leur présente alors un catalogue de jouets « ménagers », petit
aspirateur rose ; petite fille devant une mini table à repasser ; chariot de nettoyage … Cela nous
permet d’introduire la notion de conditionnement. La question de synthèse qui est posée est
« Blanche-Neige peut-elle rester un modèle pour une petite fille du 21e siècle ? ».
3.2
Quand la princesse se révolte… mais pas trop
Ariel dans « La petite sirène » et Jasmine dans « Aladin »
Les étudiants visionnent les deux séquences consécutivement « La petite sirène » de Walt Disney
(1989) et « Aladin » de la même maison de production, mais datant de 1992. La première nous
montre Jasmine en train de tenir tête à son père concernant les projets de mariage arrangé, elle veut
faire un mariage d’amour et choisir elle-même son fiancé. Ariel, elle, nous est présentée faisant la
collection d’objets humains contre l’avis de son père, le clou de cet amas d’objets étant la statue du
prince Éric qu’elle a sauvé de la noyade.
Commentaires :
Puisque nous sommes passées par Blanche-Neige, les étudiants ont tendance à encenser Ariel et
Jasmine comme de dignes représentantes de la cause féminine. Il est nécessaire de passer par l’idée
que nous avons de très jeunes héroïnes, ainsi la révolte est causée, entre autres, par la période
difficile qu’est l’adolescence. Ce qui n’est évidemment pas encore le cas du public cible des dits
dessins animés. Ensuite se pose la question du but de l’une et l’autre…dans tous les cas : se marier !
Dans le cas plus précis d’Ariel, elle sacrifie même sa voix, sa famille et sa culture pour un prince
qu’elle n’a vu qu’une fois. Lien avec Blanche-Neige et son prince (vu une seule fois près du puits…).
Débats sur la situation de la femme par rapport au couple et au mariage au 21e siècle. En section
éducateur, le débat dévie souvent sur les mariages forcés, une réalité de terrain qui n’est pas à
négliger.
3.3
Quand l’esprit vient aux femmes : Belle et Jane
Les étudiants visionnent les deux séquences consécutivement « La belle et la bête » de Walt Disney
(1991), chanson d’introduction quand on trouve que Belle est étrange puisqu’elle ne fait que lire et
«Tarzan » (1998) lorsque Jane « enseigne » notre culture à Tarzan.
Commentaires :
Dans les deux cas, nous sommes face à des femmes, visiblement des intellectuelles, mais leur
position est vue par la société (le village pour Belle ; Radclife pour Jane) comme différente, voire
même étrange. Face à un graphique reprenant la position des femmes au niveau du travail en
Belgique (salaire, postes à responsabilité) les étudiants débattent de cette position de la femme.
3.4
Quand une femme décide de son avenir : de Pocahontas à Mulan.
Les étudiants visionnent la séquence de Mulan prenant la place de son père pour lui éviter de
retourner à la guerre. Je fais ensuite raconter l’histoire de Pocahontas. Ensuite, je demande, en petits
groupes, durant un quart d’heure, d’écrire le synopsis de ce que serait la suite de Pocahontas (le film
existe, mais la sortie uniquement en vidéo, à l’époque n’en fait pas un dessin animé connu).
Commentaires :
Mulan semble extrêmement courageuse, elle s’oppose cette fois à tous, mais dans le but de « sauver
l’honneur de sa famille », cette notion d’honneur, peut être un peu étrange à nos yeux, va nous
permettre de faire lien avec la différence culturelle d’un dessin animé et d’une BD afin d’introduire le
chapitre sur les Manga. Je relis certaines interventions entendues lors du cours sur Blanche-Neige, et
il est certain que l’on peut noter une évolution tant chez Disney…que chez les étudiants ! Une fois le
synopsis de ce que serait la suite de Pocahontas écrit, nous lisons les diverses versions et celui du
dessin animé même. Pocahontas y change d’amoureux…il est étonnant même après ces différentes
séances de cours de voir à quel point cela peut choquer ou perturber ces jeunes adultes. Nous
revenons alors sur les différentes conclusions afin de mettre en avant toutes nos stéréotypies du rôle
de la femme.