Africarabia RDC : "Force neutre", la fausse bonne idée Source

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Africarabia RDC : "Force neutre", la fausse bonne idée Source
RDC : "Force neutre", la fausse bonne idée
Africarabia
Kinshasa, RDC, 2012-07-23 (Africarabia) - Untitled 7
RDC : "Force neutre", la fausse bonne idée
Source: Africarabia
23 juillet 2012
Il y a une semaine, le Rwanda et la République démocratique du
Congo (RDC) ont signé un accord de principe pour mettre en place
une force internationale "neutre" le long de leur frontière pour
combattre les attaques rebelles du M23 et des FDLR. L'arrivée d'une
nouvelle armée dans la région risquerait de figer le conflit, là où les
Nations unies ont déjà échoué depuis 10 ans avec la Monusco… une
initiative, qui a tout de la "fausse bonne idée".
La Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL)
veut mettre sur pied une force internationale le long de la frontière
entre le Rwanda et la RDC pour lutter contre les rebelles du M23 et
des FDLR. Depuis le mois de mai, la République démocratique du
Congo (RDC) est en effet confrontée à une nouvelle rébellion, le M23,
dans l'Est du pays où sévissent déjà de nombreux autres groupes
armés, comme les FDLR. Le Rwanda est accusé par un rapport de
l'ONU de soutenir et de financer la rébellion, ce que dément
formellement Kigali.
L'idée d'une "force neutre" afin de contrôler la frontière entre le Congo
et le Rwanda, est née à Addis-Abeba, en marge d'un sommet de
l'Union africaine (UA), il y a maintenant une semaine. Les contours de
cette force militaire sont encore mal définis. Quel Pays ? pour quelle
mission et quel commandement ? Des réponses plus précises seront
peut-être apportées le 8 août prochain lors d'une prochaine rencontre.
Pour être synthétique, il n' y a qu'un seul point positif à cette initiative :
forcer un semblant de "dialogue" entre Kinshasa et Kigali dans un
cadre multilatérale… et africain. La tension est en effet montée d'un
cran entre les deux voisins depuis les révélations du rapport de l'ONU
sur l'implication du Rwanda dans l'aide aux rebelles duM 23. Une
rencontre au sommet entre présidents et ministres concernés est donc
plutôt la bienvenue dans ce contexte. Mais les avantages s'arrêtent là.
Pour le reste, il n'y a que des inconvénients. Tout d'abord, la "force
neutre" affaiblirait considérablement la mission de l'ONU sur le terrain
(la Monusco compte déjà 17.000 casques bleus). Depuis plus de 10
ans, la Monusco fait déjà office de force internationale "neutre" en
RDC… sans succès. Pourquoi en rajouter une, là où la plus importante
mission de l'ONU au monde a déjà échoué ? Pourquoi créer une
Monusco bis ?
Ensuite, la "force neutre" apparaîtrait comme une armée de plus dans
un conflit déjà "sur-militarisé", alors que sur place, l'armée congolaise
et la Monusco peinent à stabiliser la zone. De nouveaux militaires
dans la région risqueraient au contraire de maintenir l'Etat de guerre
quasi permanent qui règne à l'Est de la RDC depuis plus de 15 ans.
C'est d'ailleurs ce que cherchent peut-être les deux principaux
intéressés, la RDC et le Rwanda. En conservant la zone sous tension
militaire, le Rwanda peut continuer à contrôler les richesses minières
des Kivus et faire la pluie et le beau temps sur la région. Quant à
Kinshasa, la guerre à l'Est, lui permet de brandir l'étendard de la
"patrie en danger" et de "l'unité nationale" afin de légitimer son
pouvoir, écorné par les fraudes des dernières élections.
En guise de conclusion, c'est un sondage du site internet de Radio
Okapi qui résume le mieux ce qu'il faut penser de l'envoi d'une "force
internationale neutre" à la frontière entre le Rwanda et la RDC. Pour
51&percnt des internautes, cette force internationale "ne pourra être
efficace que si les Etats s’engagent sincèrement à ne pas soutenir les
groupes armés" et 43&percnt répond de manière plus pragmatique,
"qu'elle ne verra jamais le jour" ! Pendant ce temps, les rebelles du
M23 maintiennent la pression militaire autour des villes de Rutshuru
et Goma et occupent toujours la ville frontière de Bunagana… sous le
regard impuissant des casques bleus.
Christophe RIGAUD
Photo : Casque bleu à Kinshasa © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com