« C`est l`or de la Dordogne »

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« C`est l`or de la Dordogne »
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Dordogne
Mercredi 25 mai 2016 SUD OUEST
Dordogne
Dordogne
Mercredi
25 mai 2016
SUD OUEST
Mercredi 25
mai 2016
SUD OUEST
15 15
Monbazillac, nectar pio nnier
nnierdepuis
depuis80
80ans
ans
VITICULTURE Le vignoble fut parmi les premiers à décrocher
son appellation d’origine contrôlée, en mai 1936. Avec ses
vignerons, il a su évoluer au fil des décennies, des goûts
et du progrès agricole au point d’afficher une belle santé
DANIEL BOZEC
[email protected]
I
ls sont les dépositaires d’une histoire récente, pour la plupart issus des rangs de la troisième ou
quatrième génération, documents
d’époque à portée de main. Les vignerons des coteaux de Monbazillac et des alentours entretiennent
volontiers l’épopée de l’appellation.
Il y a de quoi : en mai 1936, leurs
aïeux étaient parmi les premiers à
obtenir du ministère cette AOC, appellation d’origine contrôlée viticole. Un anniversaire qui sera fêté
dimanche à Monbazillac (lire cicontre).
Porte-étendard des vins de Bergerac, le monbazillac doit son statut de vin liquoreux à la formation
de brouillards matinaux, l’automne
venu, dans la vallée de la Dordogne.
Ainsi apparaît la fameuse « pourriture noble », provoquée par le
champignon botrytis, le raisin se
rétractant et augmentant de fait sa
teneur en sucre. Un particularisme
qui impose des vendanges par tris
successifs, la récolte devant être faite
après surmaturation.
Image renouvelée
« Ça fait quatre-vingts ans que l’appellation se remet en question. Ça
n’a jamais été un long fleuve tranquille. Ça ne sera jamais un long
fleuve tranquille », prévient Francis
Borderie, dont la fratrie possède le
château Poulvère, à Monbazillac.
Car le monbazillac revient de loin :
dans les années 1980, le progrès
technique en vigueur impose de recourir à la machine à vendanger.
Un signe qui ne trompe pas : dans
un livre édité en 1987 par le Conseil
interprofessionnel des vins de Bergerac, une photo représente une
machine en pleine action dans les
rangs de vignes, sous les fenêtres du
château de Monbazillac. Un cliché inimagina« Si on avait
de nos jours :
continué avec ble
si elle éconola machine
mise aux vignerons une mainà vendanger,
d’œuvre nomon serait tous breuse,
la
machine à venmorts »
danger ne permet pas un tri du raisin surmaturé
en bonne et due forme.
« Si on avait continué avec la machine, on serait tous morts », dit
tout net Francis Borderie, partisan
d’un abandon en douceur au milieu des années 1990. « C’était très
chaud, lors des assemblées générales, il y avait des gendarmes devant
la porte », se souvient Christian Roche, vigneron bio sur le domaine
de l’Ancienne Cure. « Mais l’intime
conviction des viticulteurs, c’était
quand même une évidence de revenir aux vendanges manuelles. »
Michel Monbouché, du château Ladevignes, à Pomport abonde : « Au-
jourd’hui, il n’y en pas un qui regrette ces décisions. »
Aujourd’hui, le monbazillac serait même délesté de cette image
de vin lourdaud, chaptalisé à outrance. Mieux, au fil des décennies,
il est passé du statut de vin de dessert, « sucre sur sucre », comme dit
Sylvie Alem, présidente de la cave
coopérative, à un vin chic servi en
apéritif. « En travaillant les vins différemment, en les ramassant à maturation complète mais pas à surmaturité, on a moins de sucre, plus
de fraîcheur », décrit Christian Roche. Ou comment ancrer le monbazillac dans l’air du temps.
Deux générations
de Borderie,
du château
Poulvère,
à Monbazillac.
PHOTO DR
Deux générations
de Borderie,
du château
Poulvère,
à Monbazillac.
PHOTO DR
Premier vignoble
Et si certains regrettent que l’appellation ne dispose pas d’une commode « locomotive » à l’instar du
château Yquem à Sauternes, l’appellation se porte bien, manifestement
hissée par des vignerons aussi besogneux qu’attentifs au marché.
Ainsi, Francis Borderie prépare un
monbazillac « très haut de
gamme » fort de deux ans d’élevage : « Il n’y a pas que le sauternes,
on est aussi capable d’en faire avec
un tri plus sévère, un travail à la vigne. » La référence a beau être le
sauternes, ne pas se tromper : avec
plus de 60 000 hectolitres produits
l’an dernier, quasiment le double
de son voisin girondin, le monbazillac est aujourd’hui le premier vignoble en vin liquoreux.
Messieurs et mesdames les vignerons regroupés sous la
bannière syndicale en juin 1934, à la fête des vins de France,
avant l’obtention de l’AOC. PHOTO DR
« C’est l’or de la Dordogne »
Le monbazillac a « retrouvé ses lettres de noblesse » selon la présidente de la cave, Sylvie Alem
« Sud Ouest ». Une année 2015
record, de la demande, des prix qui
augmentent : le monbazillac vit-il
un âge d’or ?
Sylvie Alem. C’est l’or de la Dordogne ! Oui, on peut le dire. Il porte
bien ses 80 ans. Et moi-même je
suis très heureuse de porter une appellation dynamique. Grâce aux
conditions météorologiques, 2015 a
été une année record en termes de
récolte avec 61 500 hectolitres produits. Habituellement, on tourne
entre 50 000 et 55 000 hectolitres.
Depuis 2000, la production de
monbazillac augmente de 2,5 à 3 %
par an. Je ne dis pas qu’il faut vendre le monbazillac plus cher, mais
on a une courbe qui augmente petitement chaque année. Depuis les
années 1990, il y a eu pas mal de révolutions. On est revenu aux vendanges à la main par tris successifs.
Le vigneron arrive à vivre de son
métier, il n’est pas riche, il faut travailler, mais le monbazillac a retrouvé ses lettres de noblesse. Avec
2 000 hectares de vignes, on est la
plus grande appellation de liquoreux, devant le sauternes.
Peut-on dire qu’il revient de loin
mettre en question. Les gens se sont
montrés responsables.
En quatre-vingts ans, c’est aussi la
façon de déguster le monbazillac
qui a évolué : fini ou presque le vin
de dessert, parfois bien lourd…
À l’époque, c’était sucré sur sucré.
Aujourd’hui, les gens veulent des
vins plus vifs, moins lourds, plus
subtils, moins sur le sucre, ce que
lui amènent la muscadelle et le sauvignon. On le boit à l’apéritif, avec
un foie gras, des fraises, un melon.
Ou encore avec un fromage persillé
comme le roquefort. Mais, en dessert, avec une tarte aux mirabelles ou
un chocolat amer, c’est aussi très
bien. C’est un vin très particulier
qu’on ne peut pas produire partout, qui bénéficie ici de conditions
exceptionnelles et, avec tout ce que
le botrytis apporte, il est plus facile
d’évoluer sur des typicités de vin,
de lui amener ces côtés acidulés ou
miellés.
Sylvie Alem, présidente
de la cave et viticultrice. PH. D.B.
après l’essor, puis l’abandon, de la
machine à vendanger ?
À un moment donné, il a fallu se re-
On annonce des déambulations de
chars façon carnaval dimanche
après-midi. Les vignerons ont joué
le jeu de la fête ?
On est environ 140 vignerons à pro-
duire du monbazillac. Tout le
monde est mobilisé pour cette journée. Il y a eu en amont des soirées
vigneronnes, des casse-croûte, c’est
ainsi qu’on avance dans une appellation. Les vignerons sont bien fédérés, le monbazillac est un peu le
porte-drapeau des vins de Bergerac,
même si les gens pensent toujours
qu’on se trouve dans le Bordelais.
Les quatre-vingts prochaines années, vous les imaginez comment ?
On était parmi les premiers à obtenir l’appellation d’origine contrôlée. On sera parmi les premiers à
utiliser toujours moins de produits
phytosanitaires, comme on le fait
déjà en matière de lutte contre le
vers de grappe, ou à travailler les vignes en bio.
Il y a aussi l’enjeu de la chaptalisation, cet ajout de sucre qui s’impose
en cas de pluie et qui est désormais
interdit par l’Europe.
L’heure est à la fête, les vendanges
se sont bien passées l’an dernier
mais ça reste une énorme préoccupation.
Propos recueillis par D. B.
REPÈRES
2 000
En hectares, c’est la surface
des vignes dévolues au monbazillac. L’appellation se
limite à cinq communes :
Monbazillac, Pomport,
Rouffignac-de-Sigoulès,
Colombier et Saint-Laurentdes-Vignes.
166
Le nombre de domaines rattachés à l’appellation.
5
Le nombre d’AOC accordées
en 1936. Outre celui de monbazillac, les vignobles pionniers qui en ont bénéficié
furent ceux du cognac,
d’arbois, du cassis, du châteauneuf-du-pape et de tavel.
3
cépages sont indispensables
au vin d’assemblage qu’est le
monbazillac : sauvignon,
sémillon et muscadelle.
La fête
entre
enchères
La fête
entre
enchères
et feu
d’artifice
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d’artifice
Véronique
Michel Monbouché,
du château
Ladesvignes,
à
Roche, Domaine
de
Véronique
et MicheletMonbouché,
du château
Ladesvignes,
à
ChristianChristian
Roche, Domaine
de
l’Ancienne
Cure, à Colombier
PHOTOS
Pomport.
l’Ancienne
Cure, à Colombier
PHOTOS DANIEL
BOZECDANIEL BOZEC
Pomport.
ans de l’appellation
Les 80 ansLes
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biend’anniversaire.
une fête d’anniversaire.
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Haut-Theulet
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1984, des bouteilles
Renseignements
05 53 24 71 77.
Haut-Poulvère
1984, des bouteilles
Renseignements
au 05 53 24au
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