Les sorties nature en autonomie

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Les sorties nature en autonomie
Les sorties nature en autonomie
Le Syndicat Mixte du Rhône des Iles et des Lônes (SMIRIL), dispose d’un site ressource idéal
pour de multiples apprentissages. Ce milieu péri urbain particulièrement riche (Espace Naturel
Sensible) permet l’observation et l’exploration de différents écosystèmes : mares, forêts
prairies... Depuis 2000, la structure développe des projets pédagogiques au plus près des
besoins des enseignants en direction des scolaires. Le nombre de demi-journées d’animations
effectuées par un intervenant étant limité à trois par classe, le SMIRIL souhaite aller plus loin
en développant et en formalisant l’accompagnement à l’organisation de sorties en autonomie,
afin de permettre aux enseignants de mener une quatrième sortie avec leur classe et ainsi
profiter de l’intérêt pédagogique de l’espace nature de façon optimale.
Pourquoi sortir … ?
« Nous passons de moins en moins de
temps dans la nature. Pourtant, de plus en
plus de voix, soutenues par des études
scientifiques, s'élèvent pour démontrer les
bienfaits du dehors sur l'homme. […]
L'individu se forme au contact de la nature.
Et d'une toute autre manière qu'entre
quatre murs. C'est un espace de liberté qui
permet à l'homme de se confronter au
vivant, aux éléments et à lui-même,
d'apprendre l'humilité, de réconcilier ses
antagonismes, de coopérer avec les
autres... » (Dynamique Sortir, Réseau Ecole
et Nature).
La découverte et l’exploration de la nature
sont un support de premier ordre pour le
développement intellectuel, psychologique
d’un individu, quel que soit l’âge mais plus
particulièrement encore d’un jeune enfant.
La sortie nature permet cette exploration et
renforce le lien des enfants avec la nature, la
plus authentique, en leur faisant découvrir
les richesses et la diversité pour montrer
que la nature ne se réduit pas au schéma
simple que notre environnement quotidien
propose.
« L’homme respecte ce qu’il aime, et pour
respecter l’environnement, il faut d’abord
l’aimer, le vivre et sentir qu’on en fait
partie » (Manoëlle, animatrice au CRIE du
Fourneau Saint-Michel, Belgique).
Une sortie en nature offre une multitude de
possibilités d’apprentissages :
- le langage du corps : les enfants sont en
action permanente dehors, ils affinent leurs
gestes moteurs (lors, par exemple, des
activités de grande motricité ou de motricité
plus fine telles que la reproduction de
traces, empreintes, gravures laissées sur la
terre). L’exploration de ces nouvelles
expériences corporelles est fondatrice des
apprentissages sensoriels.
- le langage verbal : lorsque les enfants
racontent ce qu’ils font, ils sont souvent très
précis dans l’utilisation des mots parce que
ça vient de leur vécu (« j’ai gratté la terre
avec un râteau, j’ai goûté de l’ortie… »). Ils
utilisent aussi des noms de plantes et
d’animaux très précisément.
- la découverte du monde : leur relation à la
matière, au vivant. L’enfant perçoit aussi le
changement des saisons, l’idée du temps
qui passe s’ancre en lui parce qu’il le vit.
- la créativité, l’imaginaire : les enfants
s’inventent des histoires, un monde
imaginaire.
- le “devenir élève” : ils développent leur
sens de l’effort et s’entraident (pour grimper
sur une butte, marcher sur un sol
glissant…).
- le “vivre ensemble” : ils coopèrent
(construire une cabane ensemble), ils
socialisent.
Et même des apprentissages en lien avec les
programmes scolaires tels que l’expression
orale, la créativité, pour les petits, mais aussi
la numération à l’aide de faînes, la
géométrie en mesurant le diamètre d’un
tronc, la biologie par l’observation des
champignons, le français, l’étude du milieu,
l’histoire, pour les plus grands.
« La matière est « vécue » dans les bois,
plutôt que « donnée » en classe, du coup, ils
la retiennent mieux. » (Crystèle Ferjou,
maitresse d’école en Poitou-Charente)
Le dehors est un lieu d’éducation qui offre
une richesse, une multiplicité, une
alternance et une réalité qu’on ne peut
trouver dans une salle de classe. C’est une
action d’éducation qui s’adresse à tout
l’être.
Enfin, dans le cadre de la refondation de
l’école de la République (loi du 8 juillet
2013), est apparu, en remplacement de
l’enseignement de la morale, l’Education
Morale
et
Civique
(EMC).
Cet
enseignement permet d’entrevoir des liens
avec l’Education au Développement
Durable. Par exemple, l’un des objectifs de
l’EMC est de permettre à l’élève « de
prendre en charge des aspects de la vie
collective et de l’environnement, et
développer une conscience citoyenne et
écologique » pour lequel les sorties nature
sont un excellent appui.
Les directives du ministère de l'éducation
nationale invitent d'ailleurs explicitement
aux sorties nature dans le cadre de
l'éducation à l'environnement pour un
développement durable : « cette éducation
doit privilégier des situations concrètes qui
développeront chez les élèves la sensibilité,
l'initiative, la créativité, le sens de la
responsabilité et de l'action. Les sorties
scolaires sous toutes leurs formes
constituent dans cette optique un cadre
particulièrement favorable. »
Comment mener une
séance dans la nature avec
des enfants quand on
n’est pas un pro ?
Il est important de rappeler que les sorties
en nature n’impliquent pas nécessairement
une activité basée sur une transmission de
savoirs, sur un apport formel de
connaissances…
« Je ne pense pas qu’il faille des
connaissances préalables pour faire classe
dehors. Il faut surtout oser se lancer et
accepter de laisser faire les enfants dans un
milieu qui n’est pas « pensé pour eux » ; il
faut leur faire confiance sur leurs capacités à
s’adapter. Notre rôle est de leur apporter
un cadre rassurant. Cela implique un peu
plus de contraintes de passer 3h dehors en
continu avec les enfants. C’est aussi
important de trouver des accompagnants
qui ont envie d’aller dehors, parce que si les
enfants sont toujours heureux dehors quel
que soit le temps, les adultes, eux, ont plus
de mal à sortir s’il pleut ou qu’il fait froid. »
(Crystèle Ferjou, maitresse d’école en
Poitou-Charente).
La découverte par les sens, ainsi que le jeu
libre ont une importance capitale. Laisser
les enfants jouer librement dans la forêt
comporte un grand intérêt. Cela répond à
un réel besoin de l’enfant. Dans ce cas, il
s’agit d’une activité convenue, cela n’a rien à
voir avec un défaut d’encadrement ou de
surveillance. C’est d’ailleurs souvent au
moment du jeu libre que les enfants sont le
plus en lien avec la nature, hors du regard
des adultes. L’enseignant pourra ensuite
utiliser ce terreau pour «accompagner» ou
«formaliser» certains apprentissages une fois
de retour en classe.
Lorsqu’un enfant est en situation de jeu,
trois erreurs sont à éviter : la surprotection,
qui consiste à se substituer à l’enfant pour
l’aider ; la tendance instructive permanente,
qui
conduit
l’adulte
à
intervenir
fréquemment dans les activités de l’élève et
le laxisme, qui confond autonomie et
laisser-faire.
un adulte de là où l’on se trouve ; 2/ on n’a
pas le droit de se faire mal ni de faire mal
aux autres. Ces règles sont souvent répétées.
Je n’ai jamais eu aucun accident sur les
temps de classe dehors. Le milieu naturel
est bien moins hostile que le goudron de la
cour de l’école. Et un enfant se met très
rarement en danger. » (Crystèle Ferjou,
maitresse d’école en Poitou-Charente).
Même quand « on n’est pas un pro de la
nature », il est possible de mener de petites
séances d’animations, dehors…
Dehors, les imprévus se font bien plus
nombreux qu’en classe. L’enseignant ne
doit pas hésiter à répondre qu’il ne sait pas
et qu’il apportera la réponse le lendemain.
Le SMIRIL travaille à la réalisation d’un
classeur pédagogique regroupant plein
d’idées d’activités, grâce à des outils
simples, voire parfois sans autre outil que le
corps et la nature, à destination des
enseignants pour permettre de découvrir et
faire découvrir à leur classe, les richesses de
la nature…
Une formation à destination des
enseignants est également en cours de
réflexion.
Ouvrages liés au sujet :
Les Enfants des Bois de Sarah Wauquiez
Besoin de nature, Ed. Hesse
« Les deux seules règles que je leur donne :
1/ On ne s’éloigne pas, on doit toujours voir
Ce document a été créé avec pour base le magazine de l’Education Relative à l’Environnement
Symbiose n°100 (2013)