If you don`t mind, I`ll make a bilingual speech, as

Transcription

If you don`t mind, I`ll make a bilingual speech, as
Mesdames et Messieurs bonsoir!
Ladies and Gentlemen, good evening!
If you don’t mind, I’ll make a bilingual speech, as many of our politicians do, but I promise you it
will be much more relevant.
[…] When I learned that the Director General wanted to see me, I was a bit stressed. I started
thinking about what could be the reasons to fire me. I thought, maybe I promote the French
language too much or maybe I should stop trespassing on the football field by the small hole in
the fence? I also thought that maybe I listen to my music too loud in my office? I didn’t know.
I wasn’t expecting at all to get an award. Last week in Edmonton I met a French Cajun singer
from Louisiana, Zachary Richard, and he told us: « Il ne faut jamais oublier la possibilité de la
surprise. » He was right.
[…] I am very grateful and humbled to receive this award and I have to thank the committee
that chose my name. First of all, I must say that everything I do, all teachers and staff at Vanier,
do it too and even more, but sometimes in a more subtle way or in a less theatrical way, or in
the shadow of someone else, maybe. I don’t think I am a VIP person, honestly. Or I must say
everyone here is a VIP. […] Now, I am going to talk to you in French, if you don’t mind. […]
Normalement, lorsqu’une personne reçoit un prix, elle remercie tous ceux qui ont marqué son
parcours. Dans mon cas, malgré mon « jeune » âge, il y en a déjà plusieurs (parmi ma famille,
mes amis, mes collègues et ex collègues) qui ont marqué mon parcours, qui ont cru en moi, qui
m’ont laissé l’espace, le temps et la liberté surtout pour que mes idées se transforment en
réalisations. Je vous épargnerai toutefois l’énumération de tous les noms parce que la soirée
est déjà assez longue et que nous commençons n’est-ce pas à avoir soif.
J’aimerais tout de même prendre le temps de remercier ceux et celles qui représentent ma
principale source d’inspiration et de motivation, et ce sont vous, les étudiants. Vous êtes très
sincèrement ceux et celles qui me permettent d’avancer.
Si j’ai réalisé autant de projets c’est parce que je crois en vous et vous devez aussi croire en
vous. Même si parfois, les profs de français, nous avons la fâcheuse habitude de mettre l’accent
sur les fautes plutôt que sur les bons coups, croyez-moi, vous êtes forts. Vous êtes toujours plus
qu’à la hauteur de mes attentes. Sachez-le une fois pour toute, vos capacités sont à la hauteur
des défis qui vous attendent. Et comme l’a dit Gabrielle Roy, une auteur franco-manitobaine, «
la joie ce n’est pas ce que nous avons fait, mais ce que nous avons à faire. »
Chers diplômés, et non gradués, c’est maintenant votre tour de vous engager, et j’ai envie de
vous dire, de vous engager en français en prenant la place qui vous revient dans ce Québec qui
est le vôtre. Vous avez un rôle très important à jouer dans la société québécoise francophone
de demain, et ce, peu importe vos origines et tout en respectant votre identité. Je vous dis qu’il
est à votre tour de colorer le Québec. Je vous invite à construire ce qui vous plait plutôt qu’à
démolir ce qui vous déplait. Comme le disait Gandhi, « Soyez le changement que vous voulez
voir dans ce monde. »
Nous sommes en plein cœur du Festival des FrancoFolies.
Comme ces artistes venus d’Afrique et de toute la francophonie des Amériques.
Je vais donc partager mes dernières pensées en poésie et… en folie.
On manque maintenant mon ami Awadi, un rappeur du Sénégal
Mais ce n’est pas si mal une professeure de Montréal
Vous savez pourquoi j’aime enseigner dans le milieu collégial?
C’est que c’est là, où ma francophonie locale
Se transforme en symphonie mondiale.
Une harmonie, oui, qui parfois fausse
Mais qui toujours est vraie
Cette pluralité, je vous l’accorde, est quelque fois désaccordée
Mais dans le dialogue, qu’elle soit de sol ou de fa, nous trouvons toujours la clé.
Je suis professeure dans le cégep le plus multiethnique
Du côté de l’Atlantique c’est pourtant bien pacifique
Chez nous on ne dit pas Quelle galère!
Mais plutôt Méchante affaire!
Chez nous le français n’est pas la langue de Molière
Mais celle de Dany Laferrière
Mes étudiants lisent Gérald Godin et chantent Pauline Julien.
Mes étudiants ne votent pas OUI, mais prennent plaisir à lire Kim Thuy.
Avec des notes blanches et noires
Ils composent la chanson de cette nation en mutation.
Vous savez aussi pourquoi j’aime enseigner au cégep Vanier?
C’est que c’est un lieu qui me permet de me questionner.
Je vous souhaite donc, chers diplômés, de choisir un métier qui stimulera vos pensées
Ce devrait être une priorité, peu importe le salaire proposé.
Et SVP ignorez, ceux qui tenteront d’étouffer votre créativité.
En vieillissant continuez de créer et surtout de jouer
Vous le savez, il en est de plus en plus difficile dans ce monde robotisé
Mes chers amis, lorsque raisonner est une option
Nous devrions nous poser de sérieuses questions
Donc, prenez le temps de penser plutôt que de dépenser
Prenez aussi le temps de réfléchir pour ne pas fléchir
Et pour citer Thomas Sankara, « osez inventer l’avenir »!
Chers diplômés, l’important, du moins pour moi, ce n’est pas d’arriver la première au fil
d’arrivée, mais de m’assurer que personne n’abandonne la randonnée
Pour moi, tenter de vouloir sans cesse s’améliorer, c’est admirable
Mais trouver des moyens afin que tous puissent se surpasser, c’est encore plus honorable.
Vous le remarquez, nous fabriquons des sociétés complètement désorganisées
Nombreux sont ceux qui doivent souffrir, pour qu’une poignée puisse s’enrichir
Je vous demande donc, chers diplômés, et vous en avez la capacité
D’envisager des solutions pour renverser la situation
Je voudrais pour conclure émettre une recommandation
Ne vous contentez pas d’un seul printemps érable de contestation.
Je vous souhaite plutôt, et à répétition, quatre saisons de revendication!
Merci!
And as we say in Jamaican patois : ‘Walk good!’
Thank you!
Catherine Duranleau
19 juin 2013, Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts, Montréal
Catherine Duranleau