Le marché belge
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Le marché belge
EN PRATIQUE: CREDIT MANAGAMENT Le marché belge Nos entreprises octroient régulièrement des délais de paiement à leurs clients. D'un point de vue international, les situations sont très différentes en termes d'encours et d'échéance. Mais en analysant leurs bilans, on constate cependant que les postes « créances » représentent souvent entre 15 et 20 % du total du bilan. D eux outils simples de Credit Management sont généralement utilisés pour mobiliser au plus vite et au mieux les créances: la remise pour paiement comptant et l'analyse de la qualité du débiteur. Le premier vise à accélérer les encaissements et donc à améliorer la liquidité de l'entreprise, le second vise à assurer la sécurisation des encaissements. Les situations auxquelles sont confrontées les CFO ne ressortent cependant pas du noir ou du blanc. Le monde idéal du client solvable et payant comptant relevant du mythe, c'est dans paysage fait de zones grises que le business doit se déployer. Chaque entreprise tente donc de mettre en place des méthodes qui permettent à sa force commerciale d'exploiter aussi des prospects dont le profil financier est très nettement dans les zones grises tout en limitant le risque de défaut de remboursement. Le CFO pourra alors se tourner vers les outils que lui proposent le Credit Management. Des sociétés lui fournissant de l'information financière sur ses débiteurs aux sociétés de factoring en passant par les sociétés d'encaissement créances ou d'assurance crédit, il a à sa disposition les moyens de gérer sa liquidité et son exposition au risque. LA BELGIQUE EN FIN DE CLASSEMENT? Le comportement souvent observé en matière de Credit Management au sein des entreprises belges, c'est un début de réaction dans un délai de 8 jours après le dépassement de la date limite de paiement. Elles utilisent alors des lettres de sommation standardisées alors que c'est surtout un contact direct et personnel qui donnera des résultats. Mais retenons que les meilleurs résultats sont obtenus lorsque des actions préventives sont menées. C'est donc souvent trop tard que la machine se met en marche. DEUX TENDANCES FORTES Les entreprises belges acceptent sans discuter des délais de paiement moyens contractuels compris entre 3S et 40 jours mais leurs clients y ajoutent en moyenne de 17 à 21 jours (source Intrum Justitia). En comparaison, seuls le Portugal et la Grèce sont encore plus mauvais élèves. Soulignons aussi que l'attention se focalise surtout sur les nouveaux clients mais peu d'actions sont mises en place pour les comptes existants. Ces comportements se reflètent dans l'analyse du DSO (day of sales outstanding), le ratio de référence suivi par les analystes du secteur qui reflète le nombre de jours de crédit accordés en moyenne aux clients. Malheureusement le score obtenu par les entreprises belges se révèle plus mauvais que celui de ses voisins. Les entreprises beiges, et à fortiori leurs CFO, devraient donc très clairement apporter plus d'attention au Credit Management comme process. En appliquant une stratégie réfléchie, le CFO verra une amélioration rapide et significative du DSO, et une intervention plus musclée auprès de ses débiteurs en retard devraient avoir un effet direct sur La Belgique en retard lorsque l’on parle de Credit plus de 60 % de ses créances en retard. Management. Un lieu commun qui interpelle. Les En Belgique, la première positionne le Credit Management sous la Assureurs crédits et les fournisseurs d'informations responsabilité des CFa dans 72 % des cas (source CriON). C'est à financières tro~vent pour ce qui les concerne que la la fois une opportunité et une charge pour le directeur financier. Belgique est un marché mature. Le recours à l'information disponible auprès des tribunaux de commerce et à l'assurance pour la couverture des transactions est bien Une maîtrise directe est une opportunité d'amélioration des résultats si le management y apporte le soin nécessaire et en fait un process. Une seconde tendance, c'est de considérer le Credit ~ développée par rapport à nos voisins proches. Les experts du marché constatent aussi que la majorité des CFa belges sont mis en contact avec les produits de Credit Management via leurs banques. Ils les utiliseraient cependant au cas par cas sans chercher à mutualiser les risques et avec une vision d'ensemble du process. 2006 Tableau 1 : Acteurs Majeurs en Belgique 'SourceCRiON&FM!CFOMagazine Assureurs Crédit Informations commerciales Bureaux d'encaissement Euler Hermes Graydon Atradius ICP D&B ( Dun & Bradstreet) Intrum Justitia Contentia COFACE Group Van Hecke Trade Credit Re Coface Euro DB Delcredere Factoring Dexia Factors IIFB International Factoring Graydon Eurofactor Hilco Receivable Europe Bureau Van Dijk Fiducré Fortis Commercial Finance __ Management comme un appendice de la gestion des clients. Le informations concernant la Belgique, s'attachant moins à résultat de la politique mise en place sera de tenter par une uti- chasser» l'information sur un marché très « « local ».A lisation maximale d'outils d'information et via l'assurance crédit de contrario l'offre internationale de D&B présente l'avantage ne retenir que les évident de couvrir les besoins des entreprises actives au « bons» clients et dans le même temps tenir ses distances par rapport aux clients qui se servent de l'entreprise pour niveau se faire de la trésorerie. www.dbbelgium.dnb.com). international.(www. dnb.com ou Quelle que soit la forme prise, la gestion des encours devrait len- Graydon a gagné pour sa part une solide réputation dans tement devenir une philosophie à laquelle tous les services et la collecte d'informations au niveau local. Pour assurer un collaborateurs sont exposés pour en tirer le meilleur au profit de service hors frontière, la société s'est mise en réseau avec l'entreprise. t:internationalisation des échanges doit être un facteur des entreprises soeurs actives dans d'autres pays moteur supplémentaire permettant aux CFO négocier des moyens européens. d'action et de mettre en place des stratégies en matière de Credit Le Bureau Van Dijk (www.bvdep.com) se positionne différemment en termes d'offre. La société commercialise Management. l'accès à une puissante data base jumelée à des logiciels TIRER PROFIT DE SON RETARD d'analyse. t:avantage pour le client, c'est la possibilité Les retards de la Belgique par rapport à ses voisins en matière de offerte de spécifier les critères d'analyse et de les adapter à Credit Management ne peuvent perdurer. Certains vont jusqu'à son profil de recherche. penser qu'une part significative des entreprises ne pourront inté- «Amadeus» digère des informations sur plus de 6 millions grer un process complet de Credit Management sans s'appuyer sur d'entreprises réparties dans pas moins de 34 pays des ressources externes. C'est en s'appuyant sur l'expertise des européens. Coface Euro DB est quant à elle connue acteurs du marché que les entreprises peuvent trouver les comme gestionnaire exclusif du registre central du ressources nécessaires à la mise en place du process. Elles commerce (www.eurodb.be). peuvent également, par leurs offres de conseils, aider les CFO à Ces entreprises focalisées dans la collecte d'informations mieux relevantes vont permettre un accès implémenter des solutions innovantes. Cette vision essentielles comme rapide à des extérieure permettra aussi d'accélérer les réformes et de combattre informations celles les mauvaises habitudes parfois difficiles à perdre. Cette offre de problèmes de retard dans les cotisations à l'ONSS liées aux services est présente en Belgique. Elle permet aux CFO belges de (phénomène touchant plus de 40.000 entreprises en disposer comme ses voisins de tous les outils du Credit Belgique). Management. Comme chez nos voisins, la plupart des acteurs ont Les une taille européenne voire mondiale. (Voir le tableau 1 : généralement des rapports standardisés mais peuvent Principaux fournisseurs de services en matière de Credit Management en Belgique). peuvent également permettre le suivi des changements L'INFORMATION COMMERCIALE ; on en compte près de 45.000 par an ... La Belgique est un pays où l'information commerciale est disponible, et même d'accès plus facile que dans des pays comme 1:Allemagne, un pays pourtant bien équipéen la matière. Sur ce segment de marché, les acteurs les plus importants sont D&B et Graydon. Kwatongen prétend que D&B, en s'appuyant sur son centre de collecte situé aux Etats-Unis, est moins bien armée pour fournir des fournisseurs d'information financière offrent aussi travailler sur mesure. Leurs bases de données d'adresse qui peuvent affecter les clients (ou les prospects) FACTORING Le factoring est un marché relativement étroit en Belgique. On estime entre 3.000 et 4.000 le nombre d'entreprises qui recourent à cette technique financière. Nous reviendrons sur les possibles explications de cette performance. Attachons-nous tout d'abord à en décrire les acteurs dont les leaders sont Fortis Commercial Finance (www.fortiscomfin.com)et IFB. Dexia Factors et Eurofactors les suivent avec des encours plus réduits. La technique de base est désormais bien connue, le factor «achète» les factures pour un valeur comprise entre 70 et 90 % de leur valeur faciale. A la date d'échéan- Classement de fréquence des adions contre les risques de defaut de paiement EUR Allemagne Pays-Bas Belgique Assurance Crédit 29 36 34 23 30 Acomptes ou paiements cash 19 37 11 9 16 Procédures internes de collecte 9 10 29 5 2 Procédures externes de collecte 9 13 24 8 5 Lettres de crédit 6 7 3 3 3 Garanties 6 14 2 3 3 Paiement à la livraison 5 7 3 5 1 Titres de propriété 5 11 5 6 1 Informations commerciales 3 8 3 4 4 Rating Crédit 3 3 2 3 1 Avocats, Huissiers 2 1 0 5 7 Lettres de change 2 2 0 1 2 Factoring 2 2 0 2 2 Credit Check 1 2 0 3 1 101 153 116 80 78 Production Index France Les chiffres représentent un pourcentage extrait d'un échantillons de 1200 entreprises qui utilisent une règle de gestion pour leurs débiteurs, 'Source : Atradius Payement Pratices Barometer Summer 2006 ce, il en règle le solde et conserve entre 2 et 5 % du montant en rémunération de ses services. Résultat, le UNE GESTION DE L'IMAGE fournisseur encaisse en deux temps entre 95 et 98 % de Quoique générant un chiffre d'affaires de plus de 30 milliards sa créance. C'est sans conteste une forme coûteuse de d'euros en termes de commissions et fees, les entreprises de financement de ses créances mais qui présente l'avantage factoring conservent un problème d'image. Trop souvent, les d'une extrême simplicité dans la mise en œuvre grâce à sa entreprises y recourent en dernière instance parce que leur standardisation. Elle simplifie à l'extrême les démarches banquier leur refuse un accès à des liquidités à court terme administratives tout en augmentant la liquidité immédiate sous des formes classiques. En reprenant le portefeuille de du portefeuille. La gestion des créances se transforme factures, le factor vient « sauver les meubles ». Soit, mais dès alors complètement en termes de coûts passant d'une cet instant, les clients qui en prennent connaissance perçoi- structure de charge fixe à une structure à ch"arge variable vent alors l'entreprise qui a y recours comme étant« au bout du fonction du chiffre d'affaires de l'entreprise. Avec plus de rouleau ». 73% du volume traité, il est intéressant de souligner que Cette fausse impression a été fondamentalement remise en l'Europe est le marché de référence pour le Factoring mais cause par l'étude menée en 1998 par G.Asselbergh (KUL). Ce il se développe à grande vitesse sur les autres continents. sont d'abord les entreprises jeunes et en phase d'expansion cc RECOURSE u OU cc NON RECOURSE u Le factoring est qualifié de « Recourse » ou de « Non Recourse ».Dans le premier cas, le factor exigera le remboursement des sommes qu'il n'a pas récupérées auprès des clients; dans le second cas, la totalité du risque de remboursement est transférée. D'un point de vue comptable" cela permettra d'extraire totalement la créance de l'actif du bilan. qui ont le plus recours au factoring. Ce qui a orienté leur choix? Une gestion administrative simplifiée à laquelle elle ne pouvait faire face avec leur organisation naissante. Pour combattre cet mauvaise perception, les factors ont mis au point des contrats dit « anonymes » ou « non notice » qui ne laissent pas aux clients finaux des indices lui permettant d'identifier l'utilisation d'un factoring. Luc Truyens , directeur du département Entreprises et Institutionnels chez ING, croit fermement en l'avenir du factoring. C'est une forme d'« asset lending» pour le financement des actifs circulants qui présentent pour les banques, contraintes de se Fiducre (www.fiducre.be) qui appartient au groupe ING soumettre aux normes de Baie Il, l'avantage de nécessiter peu de complète l'offre de IFB International sur le segment du mobilisation de leurs fonds propres.ING est présent sur ce marché au travers de sa participation dans IFB international Factors (www.ifb.be) factoring. Les débiteurs en retard utilisent le plus souvent le« Nous n'avons pas reçu votre facture» comme excuse pour expliquer l'absence de paiement. C'est pour faire face à LES BUREAUX D'ENCAISSEMENT Dans son article« Bureau d'encaissement de créances ou conseils en recouvrement », Els De Smet, de la société CriON, présente ce segment de marché dont Intrum Justitia apparaît comme le leader (www.intrum.be). Les bureaux de recouvrement de créances n'ont pas d'arsenal juridique particulier, mais ils s'appuient sur la systématisation de leurs démarches et un sens accompli du détail et de la persévérance. C'est typiquement sur ce scénario que s'est développée une société comme Contentia (www.contantia.be). L:entreprise s'est d'abord construite une cette situation que les bureaux d'encaissement ont développé des services d'audit et de conseils afin d'aider les entreprises à contrôler les process d'envoi de factures. En Italie, les sociétés de recouvrement ajoutent à leurs services la possibilité pour l'entreprise d'obtenir un tableau de trésorerie incluanttant la planification des encaissements clients que des décaissements pour les fournisseurs en fonction des dates d'échéance. De quoi éviter aux CFO pas mal de cauchemars la nuit précédent la livraison du tableau de bord à son board. solide expérience dans le recouvrement des créances auprès des particuliers avant de se développer sur le marché du BtoB. Ce prestataire a développé une liste d'actions et de suivi sur base d'un rythme quotidien, ce qui leur permet de suivre chaque jour l'état de ses comptes ouverts. Ce travail au quotidien fait la différence en améliorant significativement les DSO des clients par rapport à des entreprises qui ne procèdent à ce contrôle que sur base d'un rythme hebdomadaire. La promesse souvent entendue « je paie dès demain» est suivie en temps réel et la réaction est immédiate: le client est recontacté dès le surlendemain si la promesse n'est pas tenue. Toute plainte du client qui engendre un blocage du paiement sera traitée par le bureau d'encaissement qui se mettra en contact avec le client dans les 3 jours. Dans ce segment de marché, l'heure est aussi à l'offre de davantage de services, comme la récupération de la TVA étrangère désormais proposée par Intrum Justitia. ASSURANCE CRÉDIT l'assurance crédit est un outil de maîtrise du risque. l'assureur couvrira la quasi totalité du portefeuille client de l'entreprise sur base d'une prime négociée qui variera souvent entre 0,1 et 0,3 % du montant de la facture. Le taux de la prime sera fonction du secteur, de la concentration du portefeuille, du nombre de factures et du montant moyen facturé. Il est même désormais possible d'assurer des factures individualisées à un coût plus élevé, bien entendu. Par rapport au segment des bureaux d'encaissement qui restent très éclatés, le marché de l'assurance crédit est quant à lui entré dans une phase de concentration qui a vu le nombre d'acteurs se réduire à des acteurs européens leaders sur leur marché national: l'allemand Euler-Hermes, le néerlandais Atradius et la française Coface. Les acteurs belges Cobac et Assurances du Crédit ayant été avalés au passage. Atradius, qui a repris les activités des «Assurances du Crédit Namur », réalise ainsi des encaissements de primes de l'ordre de 1,3 milliards d'euros, s'octroyant au passage une part de marché de plus de 24%. Atradius garantit des transactions d'une valeur globale de près de 330 milliards d'euros par an. Des chiffres impressionnants mais qui ne sont significatifs que pour le marché européen, qui représente à lui seul 80 à 90 % des encaissements de primes. Les entreprises américaines se sentent moins attirées par une politique systématique d'assurance de leurs débiteurs, craignant un laisser-aller dans leur politique de Credit Management. Elles prétendent qu'avec une gestion stricte, le risque de non recouvrement par défaut de paiement peut être limité à 0,4 voire 0,2 % de leur chiffre d'affaires. Avec l'avantage que le « do it yourself» permet à l'entreprise collecter des informations sur le marché de et ainsi de nourrir sa politiquestratégiques marketing. Cela n'a pas échappé aux assureurs crédits. Ils ont intégré la dimension de collecte d'informations à côté du traditionnel rapport standardisé sur le client. Ils peuvent en outre compter sur une base de données bien plus large que celles que peut s'offrir l'entreprise en «stand alone », l'étendue de la base de données permettant de développer du benchmarking. DES COURTIERS POUR PLUS DE VALEUR AJOUTÉE Les courtiers constituent un segment spécial du marché où se combine une offre étendue de produits d'assurances avec une capacité de sous-traitance. Un acteur majeur du secteur tel CRiON qui s'intègre au réseau international de AON peut ainsi aider ses clients à optimaliser leur Credit Management en s'attaquant au process dans son ensemble (www.CriON.be). Concurrents comme amis reconnaissent à ce leader du marché une démarché très professionnelle. Marsh est un courtier d'assurances qui, avec un large éventail de produits d'assurances, propose également des solutions en matière d'assurance crédit. Des courtiers locaux peuvent ici ou là proposer des solutions en fonction des compagnies qu'ils représentent. Ils n'auront cependant jamais la taille critique leur permettant de combiner de façon optimale les activités de conseil et la puissance de négociation auprès des compagnies. CONCLUSIONS En Belgique, chaque entreprise, qu'elle soit grande ou petite, peut prendre à son propre compte la gestion de son Credit Management ou la sous-traiter en faisant appel aux services d'entreprises spécialisées. Les sociétés belges recourent régulièrement à des services leur fournissant des informations commerciales et elles assurent fréquemment tout ou partie de leurs portefeuilles clients. Même si le factoring est plus en pointe dans certains secteurs alors que d'autres se tournent vers les bureaux d'encaissement, la tendance à une croissance de chiffres d'affaires dans ces segments de marché se confirme. Malgré ces tendances positives, les résultats des entreprises belges en matière de DSO restent préoccupants. Les créances ont tendance à rester trop longtemps en souffrance de paiement dans les comptes de nos sociétés. Les CFO belges gagneraient sans doute à inscrire le Credit Management en priorité dans leur agenda. Le marché est en tous les cas mature, lui qui offre tant les techniques nécessaires que les fournisseurs de qualité pour permettre d'améliorer les process en Credit Management, avec comme but ultime d'améliorer significativement le DSO .