Le sport, bon pour le cerveau

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Le sport, bon pour le cerveau
LE JOURNAL DU DIMANCHE - 12/01/2014 - N° 3496
22 | SCIENCES
JDD | 12 janvier 2014
Quatre ans de plus ! Longue vie à la Station spatiale internationale
EXPLORER L’ESPACE DEPUIS L’ESPACE, tout en menant des
expériences scientifiques en apesanteur… Tel était l’objectif
de la Station spatiale internationale lorsque son premier
module a été mis sur orbite en 1998. Son utilisation devait
cesser en 2016. Mais déjà prolongée une fois de quatre
ans, elle vient d’obtenir une nouvelle rallonge de la
Nasa, premier contributeur financier de ce programme. Mercredi, l’agence américaine a annoncé que l’ISS fonctionnera jusqu’en 2024. En
théorie, son espérance de vie pourrait cependant aller jusqu’en 2028.
Pour justifier cette décision internationale
(16 pays participent, dont les États-Unis, le
Japon, plusieurs nations européennes et le
Canada), la Nasa a mis en avant l’incroyable
potentiel scientifique qu’offre ce laboratoire volant
dont la construction a coûté 100 milliards de dollars. « Je
pense que nous commençons à voir les retombées bénéfiques de la Station, qui ont des applications directes pour le
public, ici sur la Terre », a confié William Gerstenmaier, administrateur adjoint de la Nasa pour l’exploration spatiale
habitée. Notamment dans l’étude du climat, le secteur pharmaceutique ou encore les recherches sur
le vieillissement…
Autre enjeu du maintien de l’ISS : encourager
les industries offrant des services de transport
orbital de fret et de personnes. Pour acheminer
les astronautes, la Nasa a recours aux vaisseaux
russes Soyouz (pour 70,7 millions de dollars la
La Station spatiale internationale photographiée,
en mai 2011, depuis la navette Endeavour. NASA
place !) en attendant que SpaceX, Boeing et Sierra Nevada,
trois sociétés privées, aient développé leurs engins. Pour les
ravitailler, des vaisseaux automatiques européens (ATV), japonais (HTV) et russes (Progress) sont utilisés. Mais deux
sociétés américaines transportent désormais du fret vers la
Station : SpaceX avec le vaisseau Dragon, et depuis cette semaine Orbital Sciences. Sa première capsule non habitée
Cygnus, lancée jeudi, doit s’amarrer aujourd’hui sur l’ISS.
En ligne de mire enfin, la préparation de potentielles expéditions spatiales de longue durée, vers Mars notamment.
Aujourd’hui six astronautes occupent ce labo orbital de
100 mètres de long et 419 tonnes. Les séjours y sont de six
mois au maximum, lors desquels ils multiplient les expériences sur les effets au long cours de la microgravité sur le
corps, tout en se formant pour de futures missions.
JULIETTE DEMEY
Le sport, bon pour le cerveau
On savait que l’exercice physique prévenait le diabète ou les maladies cardio-vasculaires. Bien dosé, pratiqué au bon moment,
il booste aussi la mémoire. Ce qui pourrait favoriser la rééducation de certains malades ou encore aider l’apprentissage…
1 Un effort intense
dope la mémoire
La science permet d’étayer les
bonnes résolutions de début
d’année!: le sport est bon pour
la santé. Plusieurs études ont
montré qu’il prévenait efficacement le diabète, les maladies
cardio-vasculaires et respiratoires, etc. Quid de la mémoire!?
« On croit à tort que l’exercice
physique régulier la dope mais
la littérature scientifique ne
le démontre pas », remarque
Marc Roig. Avec son équipe de
l’université McGill, à Montréal
(Canada), le neuroscientifique
a passé en revue une trentaine
de publications consacrées aux
effets de l’exercice physique sur
la mémoire. Principale conclu-
sion*!: seul un effort intense et
bien ciblé dans le temps peut
doper les neurones. « C’est une
question de timing. En bougeant
juste après avoir fait un exercice
de mémorisation, on s’aperçoit
que le processus d’apprentissage
est amélioré », commente Marc
Roig. Faut-il pour autant bannir les longs joggings deux fois
par semaine!? « Non, répond le
chercheur. L’endurance a certes
des effets moins importants sur
la mémoire qu’un bref effort intense au moment adéquat mais
elle permet un fonctionnement
optimal des mécanismes biologiques responsables du processus de mémorisation. »
2 Neurones et synapses en plus grand nombre
La démonstration faite par l’équipe
québécoise confirme des résultats
obtenus grâce aux modèles animaux.
Selon Marc Roig, « chez les rats, on a
la preuve formelle que l’exercice modifie le cerveau et booste la mémoire »!:
accroissement du nombre de neurones dans l’hippocampe (région
cérébrale en charge de la mémoire),
augmentation des connexions entre
les neurones (synapses jouant un rôle
fondamental dans l’apprentissage).
Ces changements physiques chez
les rongeurs soumis à de l’exercice
physique s’accompagnent de meilleures capacités de mémorisation!:
les rats sportifs se repèrent mieux
dans un labyrinthe que leurs cousins sédentaires. Les performances
sont encore accrues si des jouets sont
placés dans la cage des cobayes. « En
faisant de l’exercice tout en apprenant, l’accroissement du nombre de
connexions entre les neurones est
encore plus important », complète
le neuroscientifique qui précise que
« certains résultats obtenus chez le
rat ont seulement été confirmés de
manière indirecte chez l’homme et
font l’objet de recherches complémentaires ».
Sans entrer dans le détail de mécanismes moléculaires complexes,
trois familles de substances, dont la
concentration sanguine augmente
après un effort intense, semblent
faciliter le processus d’apprentissage!: des neurotransmetteurs
(adrénaline, noradrénaline et
dopamine)!; le BDNF (acronyme
de Brain-Derived Neurotrophic
Factor désignant une protéine qui
stimule la genèse des neurones)
et l’acide lactique (cette molécule,
diabolisée il y a vingt ans, semble
jouer un rôle clé dans le processus de mémorisation). « C’est à
cause de modifications biologiques
similaires que l’on se souvient avec
acuité des meilleurs comme des pires
moments de notre vie, associés à des
émotions intenses. Après un effort
physique bref et intense, un phénomène identique se produit, qui dope
la mémoire. Une fenêtre propice à
l’apprentissage s’ouvre », détaille
Marc Roig.
3 La meilleure médecine anti-âge
Tout en cherchant à les approfondir, les chercheurs
montréalais planchent sur
les applications pratiques
de leurs travaux. « Après
un AVC, les patients progressent un jour mais le
lendemain, ils ont régressé.
Grâce à notre découverte,
on espère pouvoir améliorer
les modalités de rééducation en leur faisant faire
de l’exercice juste avant
un travail de mémoire »,
envisage Marc Roig. Ce
protocole pourrait également servir à améliorer les
performances scolaires des
enfants et à aider les personnes vieillissantes souffrant de perte de mémoire »,
poursuit-il.
En attendant d’hypothétiques révolutions médicales, le sport constitue
la meilleure médecine
anti-âge. Et pas seulement
au niveau de la mémoire!:
une équipe de l’Inserm
vient en effet de montrer,
dans une étude publiée
par le British Medical
Journal (BMJ), qu’une
activité physique appropriée (travail de l’équilibre) prévient les conséquences des chutes chez
les sujets âgés. « L’amélioration des réflexes et de
l’équilibre, l’augmentation
de la masse musculaire permettent d’éviter les fractures du col du fémur ou
des luxations qui peuvent
entraîner une perte d’au-
tonomie », indique une de
ses coauteures, Fabienne
El Khoury, doctorante en
épidémiologie à l’Inserm.
Encore plus surprenant!:
d’après une troisième
étude également publiée
dans le BMJ, le sport serait
aussi efficace que la prise
de médicaments après une
première alerte cardiaque.
Tous à vos baskets!!
ANNE-LAURE BARRET
* Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 2013.
Faites du sport
immédiatement
après un exercice
de mémorisation
et votre
« processus
d’apprentissage »
en sera amélioré.
C’est en substance
la conclusion
à laquelle sont
parvenus les
scientifiques.
AMÉLIE BENOIST/BSIP
73 ans pour
un papy requin
LES GRANDS REQUINS blancs
pourraient vivre 70 ans et plus,
très au-delà de ce qui était jusqu’ici
estimé, révèle une étude américaine
publiée mercredi dans la revue Plos
One. Des chercheurs, basés à Cape
Cod (Massachusetts), ont en effet
analysé grâce à une datation au
carbone 14 les vertèbres de quatre
mâles et quatre femelles capturés
dans le nord-ouest de l’Atlantique
entre 1967 et 2010. Résultat :
le mâle le plus grand avait 73 ans,
et la femelle la plus grande 40 ans.
Les précédentes études consacrées à
l’âge des requins blancs se fondaient
sur les marques concentriques
de leurs os, en supposant qu’une
marque équivalait à un an. Selon
cette méthode, les spécimens les
plus âgés jamais découverts étaient
un animal de 22 ans (dans le
sud-ouest du Pacifique) et un de
23 ans (dans l’ouest de l’océan
Indien). Les scientifiques soulignent
qu’une meilleure connaissance du
développement et de la longévité
des requins blancs, une espèce
menacée, peut aider à améliorer
leur conservation. ANDIA
L’Europe
en manque d’abeilles
DES CHERCHEURS de l’université
de Reading (Royaume-Uni) estiment
qu’il manque à l’Europe 13,4 millions
de colonies d’abeilles (un tiers
du total nécessaire) pour polliniser
correctement les cultures du Vieux
Continent. La raison de ce déficit ?
Les besoins de pollinisation auraient
crû cinq fois plus vite que le nombre
de colonies d’abeilles entre 2005
et 2010, du fait du développement
des cultures oléagineuses utilisées
notamment dans les agrocarburants.
La moitié des 41 pays étudiés sont
touchés, dont la France, l’Allemagne,
le Royaume-Uni et l’Italie. Le cas de
la Grande-Bretagne est le plus
préoccupant, la France et l’Allemagne
disposant, elles, de 25 et 50 %
des colonies d’abeilles nécessaires
à la pollinisation. Conséquence :
l’agriculture est de plus en plus
dépendante des pollinisateurs
sauvages (bourdons, etc.), qui
peuvent se révéler vulnérables.