" Ichthus Théâtre " : un nom à la résonance chrétienne qui intrigue
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" Ichthus Théâtre " : un nom à la résonance chrétienne qui intrigue
" Ichthus Théâtre " : un nom à la résonance chrétienne qui intrigue. Vous ne vous y trompez pas: l'objectif est bien ici l'évangélisation. Le public se situe majoritairement dans le monde des jeunes auprès desquels il connaît un vif succès, ce qui, à l'heure actuelle, n'est pas sans étonner. D'où vient cette réussite ? Les spectacles sont intégralement conçus et joués par deux comédiens : Henry Haas et Lucette Hénin. S'ils ne sont que deux, ils font preuve d'une grande présence sur scène, et leurs personnalités se complètent bien. Les textes sont écrits à l'avance et très travaillés, car "pour parler de Dieu, il faut parler juste", nous disent-ils. Henry est acteur professionnel et titulaire de plusieurs titres de Conservatoire. Il a aussi une formation en animation socioculturelle. Lucette a quitté son métier d'assistante sociale pour suivre Henry sur les routes. Ils mettent leur talent au service de l'Évangile. Ils rejoignent soixante mille jeunes spectateurs par an, en quatre cent cinquante représentations, en France, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg. Ils présentent une dizaine de pièces adaptées aux différents publics. Une mise en scène de la vie des jeunes Comment évangéliser par le théâtre ? Leurs spectacles naissent de l'expérience : en passant dans les établissements scolaires, Henry et Lucette rencontrent beaucoup de jeunes. Ils ont constaté que certains sont heureux, mais que d'autres, pour qui la vie et les études sont plus difficiles, se sentent "mal dans leur peau". Ils ont alors pensé qu'un spectacle mettant en scène les différents aspects de la vie des jeunes pourrait aider ceux-ci à libérer leur parole, à faire démarrer une réflexion et peut être à trouver une solution à leur malêtre. Les pièces d'Ichthus Théâtre parlent de la peur, du racisme, de la réussite, de l'amour, de la drogue, de la famille : autant de sujets qui habitent les jeunes. Ichthus Théâtre reçoit des jeunes un important courrier. De cette correspondance, sont nés deux livres qui peuvent aider les jeunes, leurs parents et les éducateurs. "Au Secours.. Où est ton Dieu ?" et "Dieu est fou... d'amour pour toi" Éditions Le Sarment-Fayard, collection "Jeunesse Lumière" Une vidéo a été également réalisée qui présente quelques scènes de leurs spectacles et le témoignage de l'engagement de Lucette Hénin. "Hé l'ami!", réalisation de l'atelier Multimédia, Éditions du Signe, collection "Vivre et Croire" Enfin, récemment publié, le "Jésusctionnaire", une œuvre de Henry Haas comportant cent quarante concepts de notre vie moderne tels que : tag, télévision, glander, Pape, anarchie, catho, avortement... (Édition du Sarment) logues. Ces derniers sont très drôles, avec de nombreux jeux de mots, des allusions au monde des jeunes, des critiques pleines d'humour de notre société. Ils Ce n'est pas seulement le sujet sont surtout provocateurs et font qui fait le succès de la pièce, mais réagir. Les jeunes apprécient aussi la mise en scène et les dia- beaucoup ce contraste entre rire et vérité. Mais ils ne s'y trompent pas. Ils se sentent interpellés avec exigence, mais aussi avec amitié et respect. Ils comprennent qu'ils ont chacun, sur tel ou tel point qui les concerne, leur propre réponse à apporter, leur propre chemin à initier ou à poursuivre. Des spectacles qui ne laissent pas indifférents À la fin de chaque spectacle, les jeunes sont invités à réagir par écrit. On leur distribue papiers et crayons. Ils notent leurs impressions spontanées, leurs questions sur le sens d'une scène. Ces questions sont anonymes et donnent lieu ensuite à un débat très vivant, animé par les acteurs. À une jeune qui dit : "Nous vivons dans un monde d'égoïsme, alors pourquoi avoir du cœur puisque, aujourd'hui, c'est chacun pour L ULU ET H ENRY SANS FARDS D ES PAROLES ET UNE MISE EN SCENE DECALEES QUI IN TERROGENT LES JEUNES SPECTATEURS soi ?", Henry répond : "L'homme a toujours été égoïste. Ce n'est pas parce que les autres ne s'aiment pas ou ne t'aiment pas, que toi tu ne peux pas aimer. Puisque les autres ne veulent pas te donner d'amour, toi, donnes-en !" À un autre qui demande : "Estce normal que l'on pense au suicide quelquefois ?", Henry dit : "Tout le monde ou presque pense un jour ou l'autre qu'il en a assez de cette vie, qu'il préfère mourir. L'important est de ne pas rester dans cet état. Se suicider, c'est se couper de tous. Il faut rétablir la communication, redonner du goût à la vie. On vous a donné des yeux pour regarder le monde, pas pour vous regarder vous-mêmes avec vos problèmes. Ose ta vie, engage-toi !" Un travail fondamentalement biblique C'est un spectacle qui évangélise, soit de façon induite dans le discours ou le jeu de scène, soit plus explicitement, à travers des citations de la Bible, ou dans des affirmations de foi. "La Bible est notre référence", disent les acteurs. En tant que chrétiens, ils veulent annoncer Jésus-Christ. Et si, dit Henry, "la technique théâtrale doit s'adapter à cette annonce, nous n'adaptons pas Jésus-Christ au spectacle." Ce n'est pas facile, "mais on le fait dans la prière et l'Esprit-Saint, et en communautés de chrétiens." De temps en temps, ils récoltent des ricanements. Mais, pour eux, cela fait partie de la mission. Henry a quelques techniques pour faire réfléchir les jeunes. À ceux qui demandent la preuve de l'existence de Dieu, ils retournent la question en leur demandant les preuves de sa non-existence. Il essaye de démonter leurs mécanismes : si des jeunes lui disent qu'il y a de la souffrance, des guerres, et donc que Dieu n'existe pas, il répond que Dieu n'a sûrement pas voulu les armes de guerre, la chaise électrique et l'égoïsme ! Les deux comédiens s'efforcent de suivre l'actualité et d'être compétents sur les questions abordées. Jamais ils ne se disent : c'est gagné. C'est toujours à recommencer. Si une pièce ne passe pas, disent-ils, nous ne pensons pas que c'est un échec, mais qu'il faut l'ajuster au public. Redire que l'Évangile nous libère Enfin, ce théâtre se vit dans la prière : "Nous prions beaucoup ensemble", disentils. "Jésus nous a montré le chemin : si Jésus prie, jeûne, pourquoi en serions-nous dispensés ? La prière, c'est le cordon ombilical. C'est un portable gratuit. C'est "36.15 code Jésus, t'es jamais fichu". La prière nous fait aller à l'essentiel et nous permet ensuite de transmettre notre témoignage." Un jeune leur dit : "Si, comme vous, on croyait à fond à ce que l'on dit quand on se dit croyant, peut-être qu'on changerait le monde." Henry poursuit : "Je ne cherche pas à changer le monde, mais à me changer moi-même. Être chrétien, ce n'est pas se laisser porter par les modes, les pressions de la société, vouloir être le plus riche, le plus grand. Ce qui est important, c'est d'être soi et de l'être bien. " Dans l'un des spectacles, une scène représente des gorilles derrière des barreaux dans un zoo. Ils regardent les hommes. Qui est le plus libre ? Qui est le plus "humain" ? Et Henry de dire aux jeunes: "Quand tu es au sommet, si tu te crois supérieur, tu te 'casses la gueule'. Quand Jésus a accepté la couronne d'épines, toi, ne va pas chercher des diamants. Quand Jésus a accepté un vieux chiffon rouge, toi, ne vas pas t'habiller chez Claudia Schiefer. Descends, descends !" Ichthus Théâtre, des spectacles qui interpellent avec humour, rappellent les vérités essentielles et nous invitent ainsi à descendre, comme Zachée, de nos branches, précaire confort de nos habitudes et de nos certitudes, pour rejoindre un Dieu d'amour, chemin vers les autres. Texte et photos : Joëlle DROUIN