L`"e-cooptation"

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L`"e-cooptation"
L'"e-cooptation": nouvelle tendance du recrutement en ligne
Par Laurent Dupin
ZDNet France
9 novembre 2005
Enquête - Cooptin et JobMeeters, deux projets webs concurrents, sortent en
même temps et se proposent d’aider les recruteurs à trouver les bons profils, par
«cooptation assistée par ordinateur». Ou plus exactement via application
internet. Ces services complètent les «social networks» déjà existant.
Le réseau, la cooptation... Voici bien les deux mamelles d'un recrutement efficace,
tant du côté du candidat que de l'entreprise. Et ce notamment en période de tensions
sur le marché de l'emploi, où les opportunités s'avèrent moins nombreuses, plus
difficiles à dénicher. Partant de ce constat conjoncturel, deux acteurs investissent en
même temps le créneau en France : Keljob et JobMeeters, tous deux éditeurs d'une
solution en ligne à distance (ASP). Le marquage entre les deux équipes a été
visiblement très serré, les deux projets étant sorti le même jour (21 octobre dernier) à
quelques heures d'intervalle... « Une belle émulation ! » positive Cyril Janin, président
de Keljob.
Le site d'e-recrutement Keljob.com a créé une activité «bis» concrétisée par un site
web : www.cooptin.com. Evoquant du «sourcing qualifié», Keljob parle aussi d'une
«technologie de maillage et de diffusion inédite, protégée par brevet international».
D'après sa communication, Cooptin fonctionne comme un gestionnaire de réseau
personnel (celui du recruteur), manipulable en profondeur et en largeur. Soit pouvoir
repérer dans son réseau la personne susceptible d'avoir dans ses contacts le profil
recherché, qui diffusera à d'autres personnes et à leur réseau, etc. La remontée de
candidatures à chaque étape du réseau assure le filtrage et l'affinage des profils, c'està-dire leur qualification.
Pour amorcer la pompe et créer une émulation, Cooptin a recruté quelques 3000
coopteurs «génériques» et offre 150 euros de chèque-cadeau (Kadéos) au coopteur qui
aura permis de recruter in fine le bon profil. Cyril Janin, président du directoire de
Keljob, affiche un bel enthousiasme sur sa solution : « Nous avons déjà 30 devis en
discussion et 3 fermes signés, chez des grands comptes ». Et garantit la fiabilité du
système : « Il n'est pas ouvert à tout le monde, comme sur les autres réseaux sociaux.
Chaque réseau est ouvert à partir d'un besoin de recrutement précis et chaque maillon
crée ne voit pas le reste. A l'intérieur du maillon, la visibilité s'arrête au niveau n-1, le
seul ayant la visibilité totale du processus étant le recruteur à l'origine de l'annonce ».
Réserve cependant : ne pas lancer de campagne sur des adresses «pro», car
l'information pourrait plus aisément passer chez un concurrent, ce qui pourrait être
gênant.
Coopteurs : un «vrai boulot pas facile»
JobMeeters est positionné sur le même créneau, et présente juste en sus un blog
«corporate» installé sur sa page d'accueil «vitrine». Côté fonctionnel, le site annonce
lui 1200 coopteurs déjà inscrits à leur initiative, et eux aussi attirés par la carotte de
150 euros de chèque cadeau. Une communauté que le site envisage comme
stratégique : « Nous leur disons qu'être coopteur, ce n'est pas facile, c'est un vrai
boulot. On ne peut pas le faire à la légère », commente Patrice Malaurie, un des quatre
fondateurs de l'entreprise. En aval, un système de notation des coopteurs (jusqu'à 5
étoiles) affinera ce comportement, et évitera en principe le seul attrait de la prime. «
Un peu comme sur e-bay, pour qualifier et maintenir les bons vendeurs avec lesquels
il n'y a aucun problème ». JobMeeters ne revendique pour l'heure aucune signature en
entreprises, mais beaucoup de devis dans l'air, là aussi chez des grands comptes. « Un
acteur du luxe à l'international, une banque, un cabinet de conseil international, des
assurances, de la grande distribution... ».
Prémisses et prolongements
Cooptin et JobMeeters ne sont cependant pas les premiers à tenter d'apporter un peu
d'originalité aux outils d'e-recrutement et à rebondir sur les pratiques managériales du
moment. Citons pour mémoire les premiers pas clairement effectués sur ce terrain en
France par «le» spécialiste français du réseautage : Ilius. Outre son célèbre Meetic
dédié aux rencontres amoureuses (LIEN), le groupe avait plus discrètement lancé
Friendset en 2003 : plateforme de contacts « d'amis », « social network » qui s'avère
dans la pratique usité aussi pour de la cooptation professionnelle. Certains friendseters
n'hésitant pas à diffuser des «news» de proposition de jobs et d'autres à exprimer leurs
envies de poste dans tel ou tel secteur.
D'autres réseaux sociaux de ce type existent aussi, clairement positionnés sur
l'entreprise : des plateformes comme viaduc.com (revendiquant 180.000 utilisateurs),
linkedin.com (ce dernier étant passé payant il y a peu pour la mise en ligne d'annonce)
ou friendster
(qui a ajouté récemment des services multimédias). On le voit, cette «galaxie» est en
pleine expansion.
Des limites intrinsèques
Outre l'exposition des candidatures, allant a contrario des exigences d'anonymat
affichées par certains comme le note le blog Socio 2.0, la cooptation doit convaincre
les «RH» et les entreprises. Confier son réseau personnel de contacts à une
plateforme, même temporairement et même avec des garanties de confidentialité, ne
se fera pas aisément. Notamment pour du recrutement de « haute voltige » sur profil
de managers ou de dirigeants. L'habitude aussi, pour les RH de mixer plusieurs outils
de communication pour pratiquer de leur cooptation « perso », « à la volée » (par des
mailing list pour commencer), ne se rompra pas aisément... Autant de défis à relever
pour ces tous nouveaux acteurs.
Cyril Janin y voit cependant un défi de plus grande envergure : ouvrir justement la
pratique de la cooptation. « Les recruteurs ont souvent l'habitude de demander par
exemple à un salarié sur le départ : ''proposer nous des gens de votre école''. C'est un
peu limité et cela conduit à un certain hermétisme des réseaux comme
l'uniformisation des profils ».

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