Tendances du transfert à l`étranger des emplois en technologies de l

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Tendances du transfert à l`étranger des emplois en technologies de l
Avril 2004
Tendances du transfert à
l’étranger des emplois en
technologies de l’information
Le Conseil des ressources humaines du logiciel (CRHL) est un
conseil sectoriel sans but lucratif qui est le porte-parole des
professionnels en TI (informatique) œuvrant au Canada. Le CRHL
a comme objectif de répondre aux besoins en ressources humaines
du secteur canadien de l’emploi en TI en travaillant en étroite
collaboration avec des partenaires de l’industrie, du gouvernement
et du monde de l’enseignement.
Les programmes et projets du CRHL portent principalement sur :
• Information sur le marché du travail
• Développement et définition des compétences (notamment le
Modèle du profil des compétences professionnelles)
• Sensibilisation à la carrière
• Perfectionnement professionnel
Pour de plus amples
renseignements,
communiquez avec :
Conseil des ressources humaines du logiciel
30, rue Metcalfe, pièce 400
Ottawa (Ontario)
K1P 5L4
Tél. : (613) 237-8551
Téléc. : (613) 230-3490
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L’initiative sur le marché canadien du travail dans le secteur
des TI a été mise sur pied en partie grâce au financement
du Programme de conseil sectoriel du gouvernement du Canada.
Préparée pour le Conseil des ressources humaines du logiciel
Résumé
•
•
•
Cette analyse documentaire a été réalisée
à la demande du Conseil des ressources
humaines du logiciel (CRHL).
Le terme externalisation signifie l’achat
de services d’une entreprise sans lien
de dépendance. Le terme transfert à
l’étranger fait référence aux mouvements
internationaux du travail dans le
domaine des technologies de l’information. Une entreprise peut transférer du
travail à l’étranger par externalisation
de certains services auprès d’un
fournisseur étranger ou en installant
une filiale à l’étranger.
Le transfert à l’étranger affecte autant le
travail en technologies de l’information
que les services qui en sont tributaires,
tels que les centres d’appel et la gestion
des transactions. Seule une petite
proportion des emplois touchés par
l’impartition des processus administratifs
(IPA) appartient au domaine des
technologies de l’information.
•
•
Les principaux centres d’approvisionnement à l’étranger sont l’Inde, l’Irlande
et Israël. D’autres centres émergents sont
les Philippines, la Chine et l’Europe de
l’Est, y compris la Russie. Le Canada est
lui aussi un fournisseur important de
services de technologies de l’information
vendus aux États-Unis, tant par le biais
de filiales en propriété exclusive que
par le biais de contractuels.
L’Inde domine le marché de l’externalisation à l’étranger, avec une part de marché
estimée à environ 80 %. Cependant, la
répartition internationale de l’investissement étranger direct (par le biais de
filiales) et des entreprises en participation
est beaucoup plus diversifiée. En
raison de la concentration des filiales
étrangères, les exportations irlandaises
de logiciels dépassent celles des ÉtatsUnis. La présence d’Israël sur le marché
contraindre ou à retarder l’externalisation. L’attitude du public états-unien
est devenue hostile au transfert à l’étranger de fonctions qui touchent le
consommateur.Aux États-Unis, les États
étudient actuellement 84 projets de loi
susceptibles d’encadrer le transfert à
l’étranger; l’administration fédérale en
a 13 autres sur la table.
Tendances dans les pertes
d’emploi aux États-Unis
•
•
Coûts et facteurs
de risque
•
Les centres internationaux étrangers
•
international est également importante,
plus souvent dans des entreprises en participation ou des entreprises exportatrices
locales que par des filiales étrangères.
Les Philippines occupent une place
importante sur le marché des centres
d’appel, mais ne font ombrage à personne
pour ce qui est du transfert à l’étranger
des technologies de l’information.
Les possibilités techniques de l’Inde sont
bien établies; elle détient plus d’entreprises certifiées de niveau 5 pour leur
modèle de stabilisation des capacités
par l’Institut de génie logiciel que tout
autre pays.
•
•
Comparées aux coûts observés aux
États-Unis, les économies normalement
réalisées grâce au transfert à l’étranger se
situent entre 20 % et 40 %, selon le type
de travail. Dans le secteur de la programmation, les économies tournent autour de
20 %, alors que dans celui des processus
administratifs, les économies réalisées
actuellement sont de l’ordre de 40 %. Les
économies réalisées sur l’entretien et le
soutien des systèmes patrimoniaux sont
approximativement de 25 % à 30 %. Pour
les appliquer à l’économie canadienne,
on devrait réduire ces chiffres de 10 %
à 15 %.
Les principaux risques associés au
transfert à l’étranger ont trait à la qualité
et à la sécurité. Le besoin de compétences
en langue anglaise représente une autre
source de contraintes dans le secteur des
processus administratifs. Le décalage
horaire peut poser un problème pour la
gestion et la coordination d’un projet.
Pour plusieurs entreprises des États-Unis,
les facteurs de risque rehaussent l’attrait
du Canada parmi les destinations
étrangères.
Certaines mesures réglementaires
proposées aux États-Unis visent à
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
•
•
Les tendances états-uniennes servent
souvent d’indicateurs pour le Canada.
Aux États-Unis, environ 7 % à 8 % des
emplois en technologies de l’information
sont susceptibles d’être transférés à
l’étranger au cours des cinq prochaines
années. Ce phénomène réduirait le taux
de croissance des emplois en technologies
de l’information prévu dans l’économie
des États-Unis d’environ 3 % à 1,6 %. Ce
faible taux de croissance aura pour effet
de prolonger de quelques années l’excès
de la demande d’emplois en technologies
de l’information. La pression sur les
salaires restera faible; pour certaines professions en technologies de l’information,
ils pourraient même diminuer.
Les travailleurs des technologies de l’information qui occupent des fonctions
d’assistance technique et de soutien
logiciel sont particulièrement exposés à
l’externalisation. Ceux qui assurent le
soutien sur des logiciels très répandus
sont les plus exposés à perdre leur emploi
à cause du transfert à l’étranger.
Les professionnels des technologies de
l’information qui travaillent sur l’architecture des logiciels, sur leur intégration
dans les processus administratifs et sur
leur compatibilité avec divers plateformes
matérielles sont beaucoup moins à
risque. De même, les professionnels des
technologies de l’information qui détiennent une expertise en technologies de
pointe, particulièrement en applications
1
Types de travail mis à risque en technologies de l’information :
Possibilité que différents types de travail soient transférés à l’étranger
Élevée
Modérée
• Conception de logiciels – • Infrastructure de
composants distincts
technologies de
l’information
• Codage
• Centres de données
• Entretien logiciel
• Finances et ressources
(systèmes patrimoniaux)
humaines
• Soutien technique
• Gestion de réseau
• Centres d’appel
Canada:
•
•
Pendant les années 1990 et jusqu’en
2001-2002, les coûts relativement peu
élevés observés au Canada ont tenu les
emplois canadiens en technologies de
l’information à l’écart du transfert à
l’étranger et ont permis aux entreprises
établies au Canada d’obtenir du travail
d’entreprises situées aux États-Unis. La
remontée du dollar canadien et l’augmentation des capacités des destinations
étrangères ont changé le décor. Les
entreprises canadiennes sont moins
compétitives sur le marché états-unien;
celles qui se trouvent hors du champ des
technologies de l’information s’efforcent
de réduire les coûts pour contrer l’effet
de la remontée du dollar. Le transfert à
l’étranger de postes en technologies de
l’information est devenu une possibilité
attrayante. Les fournisseurs canadiens de
services d’externalisation se fient de plus
en plus sur les destinations étrangères
pour approvisionner leurs clients à
moindre coût.
Malgré la croissance générale des
emplois dans l’économie canadienne, des
données canadiennes récentes indiquent
une tendance inquiétante à la réduction
des emplois dans les « services logiciels
et matériels ». Ces pertes d’emplois
peuvent être le reflet des répercussions
récentes du transfert à l’étranger.
Le niveau des coûts au Canada demeure
un avantage concurrentiel important,
même s’ils ont augmenté par rapport
à celle de certaines destinations
étrangères. La Competitive Alternatives
Study (2004) (Étude sur les choix
concurrentiels 2004) du KPMG place
2
• Architecture de systèmes
• Sécurité du réseau
et des données
• Intégration des technologies
de l’information dans les
processus administratifs
•
• Hébergement de sites Web
• Gestion de serveurs
sans fil, n’auront à subir que peu de
concurrence de la part des firmes de
programmation situées à l’étranger.
•
Faible
• Recherche et
développement
•
•
le Canada parmi les pays de l’OCDE qui
offrent les meilleurs coûts pour ce qui est
du développement de logiciels de pointe.
Les cinq principaux fournisseurs
étrangers établis en Inde ont mis sur
pied des installations de développement
au Canada, tout comme les principaux
fournisseurs de services d’externalisation des États-Unis.
Cependant, l’index de Kearney sur
l’attrait international pour les emplois
en technologies de l’information indique
que le Canada a glissé de la deuxième
position en 2002, tout de suite derrière
l’Inde, à la huitième position en 2004.
Cela reflète les variations du dollar
canadien et les possibilités grandissantes
offertes par les fournisseurs établis à
l’étranger. Ce glissement selon l’échelle
de Kearney va de pair avec les données
limitées que nous possédons sur les
tendances récentes au Canada.
Le travail en centre d’appel, bien
qu’il relève moins des technologies
de l’information, est un des types de
travail à l’étranger que le Canada a su
attirer. Une étude pour le compte de
Développement des ressources humaines
Canada estime à 500 000 le nombre de
travailleurs dans les centres d’appel
canadiens. La plupart de ces emplois
sont sensibles à l’évolution des coûts et
peuvent devenir à risque à long terme,
à mesure que les centres étrangers
règleront les questions de risque et de
qualité qui ont pour effet de déplacer
actuellement une bonne part du travail
des États-Unis vers le Canada.
Implications et écart
des savoirs
•
Il est actuellement impossible d’établir
avec certitude si le bilan actuel des
emplois en technologies de l’information
•
•
•
au Canada est positif ou négatif.
Cependant, il est clair que les déplacements internationaux des emplois en
technologies de l’information sont en
train de changer de façon considérable
le paysage du marché du travail dans ce
milieu au Canada.
Les emplois d’assistance technique et de
codage sortent actuellement du Canada.
Pendant les années 1990, ces emplois
servaient souvent de postes pour
débutants dans le marché du travail en
technologies de l’information. Comme
cette catégorie d’emplois rétrécit, il se
peut que les entreprises doivent faire face
à une augmentation du nombre de postulants en programmation qui auront
reçu une formation théorique, mais qui
manqueront d’expérience pratique.
Les compétences de pointe et spécialisées
deviendront plus importantes pour les
professionnels des technologies de l’information, tout comme les compétences
générales en affaires, en gestion de
contrat et en gestion de projet.
Il est possible que la concurrence de
plus en plus grande en provenance des
fournisseurs étrangers fasse croître en
importance les firmes de logiciels canadiennes qui détiennent des certifications
normatives reconnues internationalement comme les certifications ISO ou
le niveau du modèle de stabilisation
des capacités décerné par l’Institut de
génie logiciel.
Bien que le Canada réussisse à attirer
du travail sensible à l’évolution des coûts
tel que le travail en centres d’appel, on
ne peut pas présumer que cette stratégie
puisse se prolonger à long terme. Dans
d’autres secteurs, la mondialisation a
forcé l’industrie soit à devenir virtuelles,
soit à se situer plus haut dans la chaîne
de valeurs ajoutées. Une des leçons
importantes que l’on peut tirer des autres
pays de l’OCDE qui ont gardé chez eux
d’importantes entreprises exportatrices
de technologies de l’information est
l’importance d’une industrie de logiciels
locale où l’on cultive les compétences de
base et l’entreprenariat. Celle-ci rend le
pays attrayant pour les investisseurs
directs étrangers haut de gamme, que
ce soit par le biais de filiales ou d’entreprises en participation.
rapports
Revue des
études publiées
Table des matières
Introduction ........................................................................................................................................................................................... 4
Nature et modèles récents du transfert à l’étranger en technologies de l’information ............................................. 5
Économies réalisées à pratiquer le transfert à l’étranger .................................................................................................... 10
Réticences quant au transfert à étranger en technologies de l’information ................................................................ 12
Ampleur des déplacements vers l’étranger des emplois en technologies de l’information ..................................... 14
Types d’emplois en technologies de l’information susceptibles d’être transférés à l’étranger .............................. 17
Le Canada et le déplacement vers l’étranger des emplois en technologies de l’information ................................. 20
Bibliographie ....................................................................................................................................................................................... 24
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
3
Introduction
Cette revue des études a été réalisée
à la demande du Conseil des ressources
humaines du logiciel (CRHL).
L’objectif de cette revue est de faire
une synthèse des études publiées sur les
tendances des déplacements internationaux
des emplois en technologies
de l’information et, en particulier, de
savoir comment ces tendances touchent
l’emploi en technologies de l’information
au Canada. Quatre types de documents
ont été examinés :
• journaux universitaires et professionnels;
• études publiées par les entreprises
de consultants;
• articles publiés dans les revues
spécialisées;
• articles parus dans des magazines
d’actualités comme le Financial Times,
The Economist et le Business Week.
À ce jour, aucune étude n’a été publiée par
les gouvernements ou les agences internationales, bien qu’un rapport soit attendu du
General Accounting Office des États-Unis1.
La revue de la documentation s’efforce de
résumer les publications sur quatre sujets :
1. la nature et l’histoire récente du
transfert à l’étranger en technologies
de l’information;
2. l’ampleur approximative et les
tendances probables du transfert à
l’étranger et, dans le cas du Canada, le
bilan net probable des mouvements
internationaux du travail en technologies de l’information;
3. les professions et les fonctions des
technologies de l’information les plus
1
2
touchées ou susceptibles de l’être par
le transfert à l’étranger;
4. les implications des tendances dans le
transfert à l’étranger pour le marché du
travail en technologies de l’information
au Canada.
Il est important de faire la distinction entre
externalisation et transfert à l’étranger. Le
terme externalisation signifie l’achat de
services d’une entreprise sans lien de
dépendance et qui se spécialise dans l’offre
de services contractuels. Le terme transfert
à l’étranger fait partie du vocabulaire journalistique.Aux fins de cette revue, nous
utiliserons les termes transfert à l’étranger
pour parler des mouvements du travail
en technologies de l’information, qui sont
motivés d’abord par le désir de trouver les
coûts de production les plus bas possible.
Selon cette définition, le travail en
technologies de l’information qui se
déplace des États-Unis vers le Canada a
été transféré à l’étranger du point de vue
états-unien. Un terme souvent rencontré
dans ce cas est quasi-transfert. Une entreprise peut transférer du travail à l’étranger
en achetant des services d’un fournisseur
spécialisé situé à un endroit où les salaires
sont bas ou en installant une filiale à un tel
endroit. Dans ce dernier cas, le travail a été
transféré à l’étranger, mais on ne peut pas
parler d’externalisation.
Cette revue se concentre sur le mouvement
international des emplois en technologies
de l’information, non pas sur le mouvement
plus vaste des emplois en services de soutien
ou en services directs à la clientèle. Les
emplois en services de soutien
comprennent les opérations administratives telles que les fonctions comptables,
la gestion de la rémunération et des
ressources humaines, le traitement
des réclamations, l’enregistrement des
transactions et l’entretien des systèmes
d’archivage. Les emplois en services directs
à la clientèle ont trait au travail en centre
d’appel. (Le travail d’assistance technique
en technologies de l’information, souvent
assuré par l’intermédiaire des centres
d’appel, est considéré comme faisant
partie intégrante du travail en technologies
de l’information.)
Une grande proportion du travail déplacé à
l’étranger consiste en emplois en services
de soutien ou en services directs à la
clientèle, non en travail en technologies de
l’information. La recherche de Forrester,
dont les projections de 3,3 millions d’emplois transférés à l’étranger en 2012 sont
abondamment citées, prévoit que 14,2 %
seulement de ces emplois transférés à
l’étranger (472 000) feront partie des professions des technologies de l’information2.
Une minorité d’emplois en technologies
de l’information fait partie de la catégorie
des emplois en services de soutien ou en
services directs à la clientèle. Ces emplois
en technologies de l’information sont susceptibles d’être transférés avec les fonctions
auxquelles ils sont rattachés. Cependant, la
très grande majorité des professions en
technologies de l’information fait partie des
fonctions essentielles de ces organisations,
c’est-à-dire la réalisation et l’entretien
de logiciels, l’aide aux utilisateurs de ces
logiciels, la réalisation et l’aide quant aux
applications Web, la conception de systèmes
et l’intégration ainsi que le soutien à ces
systèmes et ces réseaux. C’est le mouvement
international de ces fonctions essentielles
des technologies de l’information qui touche
les recherches de compétences et les occasions d’emploi dans le marché du travail des
technologies de l’information au Canada.
Cette revue fera ressortir que relativement
peu de recherches rigoureuses ont été
publiées sur ces tendances.
Le General Accounting Office a annoncé, le 8 août 2003, qu’il étudierait le déplacement des emplois en technologies de l’information des États-Unis vers des destinations
étrangères. Parmi plusieurs mentions de cette annonce, voir Information Week, 11 août 2003 : « GAO to Study Offshore Outsourcing’s Impact ».
Les prévisions de Forrester sont reprises dans plusieurs publications générales et spécialisées.Voir, par exemple, Business Week, 25 août 2003
4
rapports
Nature et modèles récents
du transfert à l’étranger en
technologies de l’information
Types de transfert
à l’étranger
Grosso modo, on distingue quatre types
de transferts à l’étranger en technologies
de l’information :
1. les filiales en propriété exclusive qui
mettent au point des logiciels et
maintiennent des fonctions d’aide;
2. la fourniture contractuelle de
développement d’application et de
fonctions de soutien;
3. la fourniture contractuelle de conception et d’intégration de systèmes
ainsi que de soutien des réseaux et
des infrastructures;
4. la fourniture contractuelle de services
tributaires des technologies de l’information telles que la comptabilité, la
gestion des archives, le traitement des
réclamations, les centres d’appel, etc.,
également appelée impartition des
processus administratifs.
Les principaux centres où s’exerce le
transfert à l’étranger sont l’Inde, l’Irlande
et Israël. D’autres centres émergents se
trouvent aux Philippines, en Chine et en
Europe de l’Est, y compris la Russie. Le
Canada est aussi un fournisseur important
de services en technologies de l’information à l’endroit des États-Unis, tant par le
biais de filiales en propriété exclusive que
par la fourniture de contrats de services
en technologies de l’information et
des services qui en sont tributaires
(notamment les centres d’appel).
3
4
5
6
7
8
L’Inde
Les dernières évaluations indiquent que
l’Inde accapare environ 80 % du marché de
l’externalisation, mais qu’elle détient une
proportion beaucoup plus faible du marché
total de l’externalisation si l’on tient
compte des activités des filiales en
propriété exclusive3.
Sahay situe l’apparition du transfert à
l’étranger des technologies de l’information
au moment où Texas Instruments a pris la
décision d’ouvrir une filiale destinée au
développement de logiciels dans la ville
indienne de Bangalore en 19854. Bangalore
se classe au cinquième rang des villes
indiennes par sa population. En tant que
centre du programme aérospatial indien,
elle est devenue le point de chute des
entreprises de haute technologies et des
institutions d’enseignement professionnel
orientées vers les technologies. Plusieurs
autres filiales consacrées à la technologie
ont suivi l’exemple de Texas Instruments.
La plus étudiée d’entre elles a été le centre
de développement implanté par Motorola
en 1986. Le travail de développement de
pointe effectué par Motorola à son usine de
Bangalore a donné la recette de la viabilité
du transfert à l’étranger des opérations
de développement. Sahay estime que
« le succès de Motorola a ouvert la porte
au travail informatique en Inde5 ». La
libéralisation économique de l’Inde, qui a
débuté en 1991, a aussi éliminé d’anciens
obstacles aux investissements étrangers6.
Depuis le milieu des années 1980 jusqu’au
début des années 1990, l’industrie exportatrice de technologies de l’information
indienne était principalement stimulée par
l’implantation, par les États-Unis ou par
des multinationales établies en Europe, de
filiales consacrées au développement dans le
domaine de l’électricité ou de l’électronique.
En 1991, les exportations de services contractuels en technologies de l’information
ont presque atteint les 200 M $ (US)7.
Après 1995, des géants du logiciel (par
exemple Microsoft, SAP,Adobe, Quark) se
sont implantés en Inde. Parallèlement à
cette montée, des firmes de consultants
établies en Inde ont entrepris d’offrir de la
programmation sous contrat, surtout pour
des entreprises états-uniennes. On peut
compter actuellement en Inde plus de
3 000 entreprises exportatrices de logiciels,
bien que 25 entreprises seulement cumulent
60 % des revenus d’exportation de l’industrie. L’association nationale du logiciel et
des entreprises de services de l’Inde
(National Association of Software and
Service Companies, NASSCOM) estime que
les exportations indiennes de logiciels et
de services tributaires des technologies de
l’information ont totalisé 9,9 milliards de
dollars en 2002-2003. L’Amérique du Nord
est responsable d’environ les deux tiers
de ces exportations8. Les exportations
de logiciels et de services tributaires des
technologies de l’information représentent
maintenant approximativement 20 % des
exportations indiennes.
Une caractéristique notoire de l’émergence
de l’Inde dans le secteur mondial du logiciel
est la capacité des firmes établies en Inde
d’obtenir des certifications de calibre
international. Palvia décrit le rôle que les
certifications ISO 9000, du « Modèle de
maturité » décerné par l’institut de génie
logiciel et des certifications émises par
Sigma Six dans l’industrie de l’impartition
des processus administratifs et dans le
Sahay S., Nicholson B. et Krishna S., Global IT Outsourcing : Software Development across Borders, Cambridge University Press (2003).
op. cit.
ibid. p. 13
Les règlements sur l’industrie du logiciel ont été adoucis en 1986.Voir Bajpai N. et Shastri V., Software Industry in India: A Case Study, Development Discussion Paper
No. 667, Harvard Institute for International Development (1998) http://www.hiid.harvard.edu/pub/pdfs/667.pdf
ibid. Tableau 1, p. 2
NASSCOM, Indian Software and Services Exports http://www.nasscom.org/artdisplay.asp?cat_id=314
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
5
logiciel en Inde9. Il note aussi que l’Inde
détenait en 2002 plus d’entreprises
certifiées de niveau 5 pour leur modèle
de stabilisation des capacités par l’Institut
de génie logiciel que tout autre pays
au monde.
Malgré l’habileté des principaux fournisseurs indiens à obtenir des certifications
normatives internationales, l’industrie indienne, prise globalement, présente un taux
comparativement bas d’exportations par
employé. Les neuf premiers fournisseurs
indiens de services d’externalisation, qui
détiennent la part du lion du marché,
ont annoncé des exportations d’environ
4,2 milliards de dollars (US) réalisées avec
une main-d’œuvre d’environ 98 000 travailleurs. Les exportation par employé se
chiffraient environ à 43 000 $ (US) par
employé, c’est-à-dire beaucoup moins
qu’en Irlande et en Israël.
La croissance rapide des industries exportatrices de technologies de l’information
indiennes (de moins de 200 M $ (US) en
1992 à 9 875 M $ (US) en 2002-2003) a
exercé une pression à la hausse importante
sur les salaires des professionnels des technologies de l’information. CIO Magazine
mentionne qu’en 2002, les salaires des
professionnels des technologies de
l’information en Inde se situaient à environ
10 % des salaires de leurs homologues aux
États-Unis10. Cependant, Tata Consultancy,
un des principaux fournisseurs de contrats
de services en technologies de l’information en Inde, établit la différence des coûts
de main-d’œuvre en 2004 à environ 25 % à
40 % pour les programmeurs avec cinq ans
d’expérience11. La presse et les revues spécialisées mentionnent qu’en Inde, on a noté
des augmentations de salaire dans les 10 %
et plus pour les professionnels indiens des
technologies de l’information au cours des
3 à 5 dernières années, comparativement à
des salaires stables ou même en régression
9
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16
aux États-Unis. En effet, la tension sur les
coûts en Inde force maintenant les principales firmes indiennes à transférer en
Chine leurs activités d’impartition des
processus administratifs. Il est important
de bien garder en mémoire ces changements rapides dans les coûts relatifs de la
main-d’œuvre. Plusieurs des prédictions
les plus pessimistes des tendances du
transfert à l’étranger semblent basés sur
des coûts relativement stables pendant
la période entière de la prédiction.
L’Irlande
L’Irlande est devenue un point d’attraction
aux États-unis pour la conception de logiciels. Selon certaines évaluations, les exportations irlandaises de services de logiciels
dépassaient jusqu’à tout récemment celles
de l’Inde12. Selon Sahay, environ 60 % des
logiciels produits par l’Union européenne
le sont en Irlande. L’OCDE estime que
l’Irlande était en 2000 le plus grand exportateur de logiciels au monde, déclassant
même les États-Unis13. L’industrie du logiciel représente environ 11 % du produit
national brut irlandais. Environ 55 % des
28 000 professionnels irlandais des technologies de l’information sont à l’emploi de
140 filiales étrangères, qui ont implanté des
centres de développement et de production
en Irlande. Ces filiales génèrent 90 % des
exportations irlandaises de logiciels. En
2002, 19 des 25 premiers producteurs de
logiciels faisaient affaire en Irlande.
En 2002, les exportations par employé des
filiales de multinationales se situaient
approximativement à 700 000 $.
ComputerWorld estimait en 2002 le salaire
moyen d’un programmeur irlandais professionnel possédant une expérience
moyenne à environ 23 500 $ (US), et à
40 000 $ (US) pour les programmeurs
chevronnés. On a avancé des évaluations
semblables dans une enquête sur l’externalisation parue en 2003 dans neoIT14.
ComputerWorld a estimé ces salaires à
environ 30 % à 40 % de ceux des professionnels équivalents aux États-Unis (et un
peu au-dessous des salaires au Canada)15.
Bien que de tels salaires confèrent un
avantage compétitif évident à l’industrie
irlandaise, cela ne permet tout de même
pas à l’Irlande de soutenir la concurrence
avec l’Inde pour ce qui est du travail à fort
coefficient de main-d’œuvre de codage et
d’impartition des processus administratifs.
Le Conseil de l’investissement et du
commerce du Royaume-Uni dresse le
tableau suivant de l’industrie irlandaise :
apprentissage en ligne et médias
numériques (33 %); outils logiciels et
logiciels d’exploitation (26 %); finances et
transactions bancaires (19 %); télécommunications (13 %) et l’Internet (9 %)16.
L’industrie irlandaise du logiciel se concentre sur le développement d’applications de
logiciels commerciaux destinés à la vente,
non sur la programmation personnalisée ou
sur le soutien d’applications. La localisation
des applications de logiciels pour le marché
européen revêt une importance particulière
pour l’industrie irlandaise. Enterprise
Ireland compare ainsi l’industrie du logiciel
irlandaise avec celle de l’Inde :
« La différence entre l’Irlande et
l’Inde est particulièrement frappante. L’Inde a établi sa réputation
sur la capacité de ses ingénieurs
en logiciels à programmer des
systèmes sur commande, surtout
en tant que sous-contractuels de
corporations états-uniennes et
européennes, souvent en installant
les ingénieurs directement dans les
bureaux du client. L’Irlande, au contraire, produit et vend des produits
finis et n’entre pas en compétition
avec l’Inde (ni avec personne
Palvia, Shailendra,“Global Outsourcing of IT and IT Enabled Services: Impact on US and Global Economy,” JITCA, vol. 5, No 3, (2003) p. 9-10
“India Winning Higher Status Jobs from US,” Christian Science Monitor (18 juin 2003) reprise de CIO Magazine, 15 novembre 2002.Voir aussi CNET News.com,
29 mars 2004,“Will India Price Itself out of the Offshore Market?”
Information Week, 5 janvier 2004,“What’s Next for India?”
Sahay, op. cit. évalue les exportations irlandaises de logiciels à 8 milliards de dollars (US) en 2000.
OCDE, Information Technology Outlook, 2002, Tableau 5, p. 38
NeoIT, Mapping Offshore Markets (avril 2003) cité dans Sourcing Interest Group, Research Report: Offshore Outsourcing – Part I: State of the Industry (2003)
Computerworld, 15 septembre 2003, http://www.american.edu/initeb/js5518a/Country-analysis-ireland.html
UK Trade & Investment web site: http://www.tradepartners.gov.uk/software/ireland2 /profile/characteristics.shtml
6
rapports
d’autre) pour le travail fait sur
commande. Israël se situe plus près
du modèle irlandais, mais il ne s’y
fait pas de localisation17 » .
Israël
En 2002, l’industrie du logiciel en Israël
a généré des exportations d’environ
1,9 milliard de dollars (US) et donné de
l’emploi à quelque 15 000 personnes18.
Plusieurs grands producteurs de logiciels
des États-Unis ont établi des filiales de
développement en Israël, y compris les
firmes Sun, IBM, Motorola, HP, Intel et
Silicon Graphics. Intel a mis au point
sa puce MMX en Israël et y possède
trois usines.
Breznitz compare l’industrie du logiciel
israélienne avec l’industrie indienne et
irlandaise19. À la différence de l’industrie
indienne, celle d’Israël ne s’engage pas très
loin dans la programmation par contrat ni
dans l’impartition des processus administratifs. À la différence de l’industrie
irlandaise, le rôle des filiales des entreprises
de logiciels étrangères est resté secondaire.
En fait, la majorité des exportations de
logiciels israéliennes provient d’entreprises
locales qui ont mis au point des produits
informatiques destinés au marché international.Ainsi, comme Israël est un lieu
important de transfert à l’étranger pour la
mise au point de logiciels, la prépondérance
de l’industrie du logiciel israélienne ne
peut pas correspondre précisément à la
définition du transfert à l’étranger, dans le
sens habituel des emplois en technologies
de l’information qui se déplacent de régions
où les salaires sont élevés vers des pays
où les salaires sont bas.
Pour des raisons de sécurité, Israël a
encouragé l’industrie locale du logiciel.
Une proportion élevée de ces firmes est
cotée à l’indice NASDAQ. Cette industrie
17
18
19
20
21
22
23
24
israélienne se concentre sur les applications
d’entreprises, les logiciels d’exploitation, les
logiciels de communication, la sécurité
des données et des activités Internet ainsi
que sur l’intégration avec les systèmes
matériels. Israël est aussi reconnu comme
un centre de vérification de logiciels. En
plus des activités des filiales qui se sont
établies en Israël, la dimension de transfert
à l’étranger de l’industrie israélienne est
associée aux alliances commerciales avec
les grandes firmes internationales, qui
utilisent ces alliances pour avoir accès
aux talents de programmation israéliens.
Ces alliances semblent motivées par
des considérations techniques plutôt
qu’économiques.
Les exportations des entreprises exportatrices se situaient à environ 300 000 $ (US)
par employé, en 2002-2003.
Autres centres de
transfert à l’étranger
Parmi les autres centres de transfert à
l’étranger en émergence dignes de mention, citons les Philippines, l’Europe de l’Est
(y compris la Russie) et la Chine. Bien que
les magazines spécialisés en commerce
et la presse générale leur aient accordé
beaucoup d’attention, le nombre réel
d’emplois à l’étranger dans ces centres est
relativement bas. Cependant, l’attention se
concentre sur leur potentiel de croissance.
Sahay estime que le travail à l’étranger
en technologies de l’information aux
Philippines ne représentait qu’environ
200 M $ (US) en 2000. ComputerWorld
mentionne des évaluations plus récentes à
1,0 milliard de dollars (US)20, estimant à
350 M $ (US) la valeur du travail effectué
en 2003 sur des logiciels dans un cadre
d’externalisation21. Cependant, ces
évaluations comprennent la valeur de
l’impartition de processus administratifs,
principalement des centres d’appel, ce
qui représente en soi relativement peu
d’emplois en technologies de l’information.
En effet, l’impartition des processus administratifs est considérée par les principales
firmes de consultants en externalisation,
telle neoIT Inc., comme le point de
convergence du développement à l’étranger
aux Philippines22. CIO Magazine place les
Philippines au second rang après l’Inde
quant au coût d’impartition des processus
administratifs23. FedEx, North West Airlines,
Proctor & Gamble et ChevronTexaco ont
tous déménagé des services de processus
administratifs aux Philippines. Cependant,
OffshoreIToutsourcing.com estime que
l’industrie du logiciel aux Philippines n’a
pas atteint la dimension critique qui lui
permettrait de fournir la main-d’œuvre
compétente requise par les firmes
étrangères. L’entreprise fait remarquer
qu’en 2002, les Philippines ne pouvaient
fournir que 10 000 programmeurs et
abritaient seulement 30 entreprises de
technologies de l’information proprement
philippines. Bien que des entreprises de
technologies de l’information, comme
Intel et Motorola, s’y soient établies, il
s’accomplit peu de travail en technologies
de l’information dans ces établissements.
L’Europe de l’Est, y compris la Russie, est
considérée par plusieurs observateurs
comme un bassin potentiel de programmation externalisée. Cependant, l’envergure
actuelle du travail externalisé en Europe
de l’Est et en Russie est considéré comme
modeste. OffshoreIToutsourcing.com
considère que la Russie exporte seulement
entre 60 et 100 M $ (US) de programmation.Sahay propose une évaluation
semblable pour l’année 2000.ComputerWorld
place la valeur de l’externalisation vers la
Russie en 2002 entre 150 et 200 M $ (US)24.
L’article précise que « l’acceptation de la
Russie comme lieu d’externalisation s’est
Enterprise Ireland website: http://www.nsd.ie/htm/ssii/back.htm
Israeli Association of Electronics Industries web site: http://www.iaei.org.il and Israeli Association of Software Houses web site http://www.iash.org.il
Breznitz, Dan, The Military as Public Space: The Role of the IDF in the Israeli Software Innovation System, MIT IPC Working Paper No 02-005
http://web.mit.edu/ipc/www/02-005.pdf
Computerworld, 15 septembre 2003,“Philippines: Low Cost, but High Risk”
Computerworld, 15 septembre 2004,“Country Analysis: Philippines”
Sourcing Interests Research Group, Offshore Sourcing: Part I (2003)
CIO Magazine, 15 novembre 2002,“A Buyer’s Guide to Offshore Outsourcing”
Computerworld, 15 septembre 2003,“Russia and Eastern Europe”
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
7
faite avec tiédeur. Le pays est largement
perçu comme ayant une économie instable
et une infrastructure technologique
inadéquate ». Intel, Motorola et Sun ont
entrepris des travaux de développement
en Russie, chacun ayant à son emploi entre
200 et 300 programmeurs. Sahay estime
que les entreprises de l’Europe de l’Ouest
sont les plus susceptibles de faire appel
aux talents de programmeurs russes et que
l’Europe de l’Est peut devenir une source de
talents en programmation à coût abordable
pour les entreprises d’Europe de l’Ouest.
ComputerWorld évaluait le total de
l’industrie chinoise de l’externalisation des
technologies de l’information et de l’industrie tributaire, y compris l’impartition des
processus administratifs, à 1,5 milliard de
dollars (US) en 2002-200325. Gartner inc.
a avancé que la Chine sera « la prochaine
Inde » dans le domaine de l’externalisation.
Gartner s’attend à ce que la Chine atteigne
cette position entre 2007 et 2010 avec une
externalisation qui pourrait atteindre les
27 milliards de dollars (US) en 200726.
Gartner estime que le travail informatique
externalisé et accompli en Chine pourra
atteindre 5,0 milliards de dollars (US) en
200527. Pour mettre ces prévisions en
perspective, on doit rappeler que la valeur
du travail transféré à l’étranger en Inde
est actuellement d’environ 9 milliards de
dollars (US). Les assises des prévisions de
Gartner ne sont pas si certaines. On trouve
bien sûr plusieurs exemples d’entreprises
de premier plan qui s’établissent en Chine.
Accenture Ltd. a installé une unité de
développement de logiciels dans la ville
portuaire septentrionale de Dalian et
soutient qu’elle va bientôt employer
jusqu’à 1000 personnes. Bearing Point inc.
(anciennement KPMG Consulting) cherche
à quadrupler le personnel de son centre de
Shanghai pour compter 600 employés à la
fin de 200428. Quelques-unes des plus
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
grandes entreprises d’externalisation
établies en Inde ouvrent des bases
d’opérations en Chine pour avoir accès à
son bassin de main-d’œuvre à bon marché
en technologies de l’information. Gartner
prévoit que les entreprises indiennes
devraient contrôler 40 % des exportations
chinoises de services en technologies de
l’information. On doit aussi prendre note
que la Chine peut s’avérer plus attrayante
comme pivot d’externalisation pour les
entreprises établies en Asie. Business Week
faisait remarquer que « jusqu’à maintenant,
le rôle de la Chine se concentre sur l’offre
de services de soutien aux entreprises de
services financiers, de télécommunication,
de logiciels et de détail des pays asiatiques
voisins. Leurs dirigeants peuvent facilement
s’entretenir avec les gens de Hong-Kong et
de Taiwan dans leur propre langue. Il y a
aussi, en Chine, une foule de personnes qui
connaissent le japonais et le coréen »29.
À propos du marché de la programmation
de logiciels à l’étranger, Network World
mentionne que la Chine est particulièrement compétente avec Linux et pourrait
prendre une part plus importante du
marché de l’externalisation à mesure
que Linux gagne du terrain30 .
Les prévisions spectaculaires d’externalisation vers la Chine pourraient être cependant
exagérées. Business Week note que, contrairement à l’Inde, « aucun rival chinois de taille
aux entreprises d’externalisation multinationales n’a encore vu le jour » 31. Plusieurs
prévisions mentionnent l’infrastructure en
télécommunications peu développée de la
Chine, la pénétration limitée de la langue
anglaise en Chine et la rareté relative de
ressources humaines dans le domaine des
technologies de l’information, mais elles
omettent de tenir compte de ces contraintes
dans leurs calculs. L’expérience de Microsoft
laisse estimer que ces contraintes sont
importantes et que des prévisions
spectaculaires à propos de l’industrie de
l’externalisation en Chine devraient être
considérées avec un certain scepticisme,
sinon comme prématurées. Microsoft a
exprimé ses frustrations quand elle a
essayé de recruter 100 ingénieurs informatiques pour son Centre de technologies de
pointe à Beijing. L’entreprise a fait passer
3 000 examens à un lot de 120 000 postulants. Une fois les entrevues techniques
achevées, Microsoft a pu retenir 70 personnes qualifiées32. ComputerWorld a attribué
la cote « basse » à la capacité de la Chine à
fournir les compétences nécessaires aux
technologies de l’information. La Chine
s’est classée au 48e rang et l’Inde, en
comparaison, au 5e rang33. ComputerWorld
a noté également que les rares ressources
humaines en technologies de l’information
seront accaparées par l’industrie locale, ce
qui laisse peu de surplus pour les étrangers
intéressés à s’y installer. L’analyse de
ComputerWorld sur la Chine ajoute encore :
« Le plus grand problème de maind’œuvre de l’industrie chinoise des
technologies de l’information réside
dans un réel manque d’architectes
de systèmes, de concepteurs et
de gestionnaires de projet de fort
calibre. Les programmes de génie
universitaires continuent de mettre
l’accent sur les champs d’ingénierie
traditionnelle au lieu des sciences
informatiques. Résultat : les
programmeurs chinois n’ont pas les
compétences techniques requises
pour faire de l’analyse systématique
et de la conception de logiciel. Cela
limite la présence des entreprises
chinoises dans l’univers de l’externalisation du logiciel, malgré les salaires
relativement bas »34.
ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: China”
InfoWorld, 17 janvier 2002,“Gartner Looks to China”
Business Week, 11 août 2003,“Move over India; China is rising fast as a serious outsourcing hub”
Business Week Online, 4 août 2003,“Outsourcing: Make way for China”
op. cit.
Network World, 25 août 2003,“Taking IT Offshore”
op. cit.
Asian Labour News, 30 mars 2004,“China: The Next IT Outsourcing Hotspot?”
ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: India”
ibid.
8
rapports
Résumé du paysage étranger
Le tableau 1 résume les évaluations portant sur l’envergure du marché et les caractéristiques principales des principaux centres à l’étranger.
Tableau 1 Le paysage étranger
Centres étrangers
a
b
c
d
e
f
h
Valeur approximative de
l’externalisation de logiciels et
de processus administratifs
Caractéristiques de l’activité
à l’étranger
Inde
9,9 milliards de dollars Logiciel
(2002-2003)a
2,4 milliards de dollars Processus
administratifs (2002-2003)a
Irlande
3,8 milliards de dollars (2000)b
8,5 milliards d’Euros (2003)c
Israël
1,9 milliard de dollars (US) (2002)d
Philippines
350 milliards de dollars (US)
Logiciel (2003)e
1,0 milliard de dollars (US) en comptant
les processus administratifsf
Europe de l’Est
et Russie
Russie: 150 à 200 M $ (US) (2003)g
Chine
1,5 milliard de dollars (US)h
• Surtout programmation à contrat et soutien
des applications, particulièrement des systèmes
patrimoniaux.
• Aussi présence importante de filiales de fabricants
internationaux de logiciels et d’ordinateurs.
• Présence indienne importante sur le marché
de l’impartition des processus administratifs.
• Surtout filiales de grands fabricants de logiciels
étrangers – importance particulière accordée
aux logiciels destinés au grand public.
• Domine le marché sur le territoire européen
pour ce qui est des produits informatiques
internationaux.
• Surtout marché de composantes informatiques
produites localement et destinées au segment haut
de gamme du marché.
• Présence occasionnelle de filiales des principaux
fabricants de logiciels et d’ordinateurs.
• Surtout impartition des processus administratifs.
• Présence négligeable de programmation à contrat.
• Contrainte causée par l’envergure limitée de
l’industrie locale du logiciel
• Surtout programmation à contrat.
• L’accent est mis sur le marché de l’Union européenne.
• Surtout programmation à contrat, souvent en
sous-contrat pour des entreprises indiennes.
L’accent est mis sur le marché asiatique
• Présence de plus en plus grande de l’externalisation
des processus administratifs.
• Contrainte imposée par la rareté des ressources
humaines en technologies de l’information.
Association nationale du logiciel et des entreprises de service (INDE)
OCDE, Survol de l’information en technologie, 2000
Association irlandaise du logiciel, Budget, 2004
Association israélienne des entreprises de l’électronique et Association israélienne des maisons du logiciel
ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Philippines, Low Cost, but High Risk”
ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: Philippines”
ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: China”
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
9
Économies réalisées
à pratiquer le transfert
à l’étranger
La raison évidente qui suscite le mouvement
d’externalisation du travail en technologies
de l’information vers des centres étrangers
est la réduction des coûts de production.
D’autres raisons sont parfois évoquées qui
ont trait à l’externalisation en soi, comme
orienter une entreprise sur ses compétences
essentielles ou aller chercher des compétences introuvables localement. Le motif
invoqué pour s’approvisionner à l’extérieur,
par opposition à localement, est presque
toujours une question de réduction des
coûts. Carmel et Agarawal parlent de la
réduction des coûts comme le facteur de
loin le plus important dans la décision des
grandes entreprises d’aller à l’étranger 35.
Coward confirme cette affirmation chez les
moyennes entreprises36.Vers la fin des
années 1990, le manque de compétences
spécialisées en technologies de l’information a été aussi considéré comme une cause,
bien que sans commune mesure avec la
réduction des coûts.Aux États-Unis, les
procédures de visa H-1B permettaient
aux entreprises d’importer des travailleurs
compétents afin de leur confier des tâches
en technologies de l’information. Les
entreprises qui ont préféré exporter leur
travail en établissant des filiales à l’étranger
ou en offrant de la programmation à contrat
ont choisi une stratégie à l’étranger plutôt
qu’une stratégie d’embauche. Le coût a
vraisemblablement été le facteur déterminant dans la décision d’aller à l’étranger.
35
36
37
38
39
40
L. Bouchard, de Gartner inc., parlait d’une
réduction des coûts de l’ordre de 43 % au
congrès de TECHNOCompétences tenu à
Montréal le 22 janvier 2004, mais cela
ne constitue pas nécessairement une
moyenne 37. DiamondCluster International
mentionne dans son étude sur l’externalisation de 2004 que « la plupart des acheteurs
décrits dans l’étude précédente s’attendaient
à faire des gains de rendement de l’ordre de
50 %.Aujourd’hui, ces attentes sont tombées
entre 10 % à 20 % »38. De même, le Groupe
META, une firme de consultants en approvisionnement extérieur en technologies de
l’information, mentionnait plus tôt cette
année que « les entreprises de technologies
de l’information prennent souvent pour
acquis que l’arbitrage du travail va mener à
des économies semblables à une comparaison de personne à personne, mais elles ne
tiennent pas compte des coûts cachés et de
la différence des modèles opératoires. Par
exemple, l’hypothèse pourrait être qu’un
équivalent de plein temps en Inde va
coûter 40 % de moins. La réalité démontre
que l’économie réalisée est de l’ordre de
15 % ou de 20 % au cours de la première
année39. CIO Magazine donnait comme
indicateur d’une tendance réelle l’exemple
de United Technologies, une entreprise
expérimentée dans l’externalisation, qui
avait atteint des économies tout juste
supérieures à 20 % en Inde40.
Carmel E. et Agarwal R., Offshore Sourcing of Information Technology Work by America’s Largest Firms, Technical Report, Kogod School,American University
(Washington, D.C.) (2000)
Coward, Christopher T.,“Looking beyond India,” EJISDC, (2003) 13, 11, p. 1-12
TECHNOCompétences, La migration des emplois en TI vers des économies émergentes : avantages et défis pour le Québec – Conférence (Montéal, 22 janvier 2004)
DiamondCluster International, 2004 Global IT Outsourcing Study (printemps 2004)
Cité à http://finance.pro2net.com/x42215.xml
CIO Magazine, 1er septembre 2003,“The Hidden Costs of Offshore Outsourcing”
10
rapports
Le Tableau 2 dresse un portrait des
économies réalisées par le transfert à
l’étranger, fondé sur les déclarations de
divers consultants en externalisation.
Comme le montre le Tableau 2, les
économies proviennent de deux sources.
La première est formée par les coûts de
main-d’œuvre moins élevés : habituellement entre 25 % et 70 % des coûts
états-uniens pour la programmation
de logiciels et entre 15 % et 60 % pour
l’impartition des processus administratifs.
La deuxième source est la réduction des
coûts d’exploitation et des frais généraux
associée à l’externalisation des fonctions.
Ces économies, on doit le noter, pourraient
aussi bien être réalisées en externalisant au
sein du même pays. Les consultants en
externalisation soulignent aussi les coûts
supplémentaires d’exploitation et de gestion
afférents à l’externalisation à l’étranger. Il
s’agit des coûts élevés des télécommunications et des frais de voyages des cadres vers
les établissements à l’étranger. Les frais de
sélection des fournisseurs peuvent aller de
0,2 % à 2,0 % et s’appliquent souvent sur
toute la durée du contrat. CIO Magazine
évalue les « frais cachés » du déménagement à l’étranger des postes en technologies
de l’information entre 15 % et 57 % de
la valeur du contrat41. Tout bien calculé,
les économies possibles réalisées par le
transfert de travail à l’étranger des postes
en technologies de l’information se situent
entre 15 % et 65 %. Les ténors du transfert
à l’étranger citent souvent des exemples ou
des scénarios dans lesquels les économies
se situent dans la partie supérieure de
cette fourchette. Cependant, les économies
moyennes tombent entre 20 % et 40 %,
selon le genre de travail transféré à
Tableau 2 : Économies réalisées par le transfert à l’étranger
Répartition des coûts :
fournisseur local42
Main-d’œuvre
Autres frais d’exploitation
et frais généraux
Total des coûts
Économies réalisées par
le transfert à l’étranger
75 %
25 %
100 %
Main-d’œuvre à l’étranger
Autres frais d’exploitation
et frais généraux
Frais additionnels
d’exploitation et de gestion
Total des coûts
Fourchette d’économies
potentielles
Économies moyennes
15 % à 50 %
5 % à 10 %
15 % à 25 %
35 % à 85 %
15 % à 65 %
20 % à 40 %
l’étranger. Les articles des magazines
spécialisés estiment que les économies
dans la programmation se rapprochent de
20 % et, pour l’impartition des processus
administratifs, se situent encore aux alentours de 40 %. Le travail d’entretien et de
soutien des systèmes patrimoniaux permet
des économies à mi-chemin entre les deux
autres, c’est-à-dire aux environs de 25 %
ou 30 %. On doit noter que ces estimations
sont calculées à partir des coûts aux
États-Unis, non de ceux du Canada, où les
économies comparables seraient moindres
dans la plupart des cas. Cela expliquerait la
rareté des articles sur l’externalisation à
l’étranger dans la presse spécialisée.
Une des conclusions que l’on peut tirer du
Tableau 2 est qu’une partie importante des
économies réalisées par l’externalisation
est attribuable au fait même de s’approvisionner à l’extérieur. Il est important dès
lors de ne pas confondre les incitations
à l’externalisation et les incitations à
déplacer le travail à l’étranger. Bien que
l’externalisation et le transfert à l’étranger
soient deux phénomènes voisins, ils
demeurent soumis à des coûts différents
et à une évaluation différente des risques.
41
ibid. Les frais cachés relevés par CIO Magazine comprennent :
Scénario optimiste
Choix du vendeur
0,2 %
Transition
2,0 %
Coûts des licenciements
2,0 %
Productivité perdue / problèmes culturels
3,0 %
Amélioration des procédés de développement pour
atteindre les normes ISO et du modèle de stabilisation
des capacités
1,0 %
Gestion de contrat
6,0 %
Total
15,2 %
42
Scénario pessimiste
2,0 %
3,0 %
5,0 %
27,0 %
10,0 %
10,0 %
57,0 %
La part des coûts de main-d’œuvre provient de KPMG, Competitive Alternatives (Cost Study, 2004) for advanced software development in a US location
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
11
Réticences quant au
transfert à l’étranger des
emplois en technologies
de l’information
Les économies tirées de l’externalisation
ne sont pas exemptes de risques. Les
décisions à cet effet doivent donc reposer
tant sur une évaluation des risques que
sur l’estimation des économies espérées.
Les principaux risques ont trait à la
qualité et à la sécurité. Le transfert à
l’étranger augmente encore ces risques.
Les autres contraintes touchent la connaissance de la langue anglaise nécessaire à
certains types d’impartition des processus
administratifs ainsi que le décalage
horaire là où la gestion des projets et la
coordination des activités prennent leur
importance. Des mesures réglementaires
aux États-Unis pourraient aussi venir
affecter l’externalisation à l’étranger ou
toute espèce de transfert à l’étranger de
données du secteur public. Les réactions
du public aux États-Unis pourraient également affecter négativement le transfert à
l’étranger des services directs à la clientèle.
Il faut souligner que le risque représente
un facteur économique aussi important
que les économies. Les décisions d’affaires
se prennent en tenant compte du risque.
En effet, c’est le faible risque (perçu ou
réel) qui rend le Canada compétitif dans
certains domaines de la programmation
de logiciels et des services reliés aux
processus administratifs, malgré des
coûts de la main-d’œuvre nettement
plus élevés qu’en Chine ou qu’en Inde.
Risques associés
à la qualité
Les risques associés à la qualité varient
selon le type de travail externalisé en
technologies de l’information. Dans le
secteur de la programmation, le risque
43
44
peut se traduire par un logiciel moins
performant ou, dans les pires cas, truffé
de bogues. Business Week donne des
exemples de travail de programmation
transféré à l’étranger où ces risques se
sont concrétisés et où le résultat a coûté
plus cher que de faire le travail au pays :
« Keith Franklin, président
d’Empowered Software Solutions à
Burr Ridge dans l’Illinois, ne jure que
par l’externalisation à l’étranger.
Cela signifie plus de travail pour son
entreprise de 40 personnes. L’an
dernier seulement, Empowered
Software Solutions, qui se spécialise
dans le développement d’applications
pour la plate-forme de services
Web.Net de Microsoft, a annoncé des
revenus de 500 000 $ tirés de la réparation de logiciels bogués conçus en
Inde. Empowered Software Solutions
a mis cinq mois à remettre d’aplomb
une application de portail Web truffée
de pépins. La majorité des pages du
site n’étant pas interreliées, cela fait
des mises à jour un cauchemar. De
plus, certaines parties du code
étaient manquantes.
Le travail mal fait ne coûte pas moins
cher pour autant. L’entreprise indienne a demandé plus d’un million de
dollars; Franklin soutient qu’il aurait
pu faire le travail pour 900 000 $, ici
même, aux États-Unis »43.
Business Week rapporte les propos d’une
firme de logiciels établie dans l’Illinois,
Empower Software Systems, qui estime que
les programmes fabriqués à l’étranger ont
de 35 % à 40 % plus de bogues que les
logiciels produits aux États-Unis. Réparer
des erreurs, même petites, peut coûter
jusqu’à dix fois plus cher une fois que le
programme est écrit qu’au moment de sa
conception. Certains projets peuvent aussi
être retardés ou, dans certains cas, être
abandonnés. Les coûts du retard peuvent
être élevés, surtout si le délai de mise
marché est mis en cause, en raison de la
très grande concurrence dans le secteur.
Les programmeurs contractuels étrangers
cherchent à atténuer la nature et la
perception des risques liés à la qualité
en adoptant des normes reconnues
internationalement, comme ISO 9000 et
le modèle de stabilisation des capacités.
Les risques liés à la qualité et aux délais de
livraison sont beaucoup moins importants
quand il s’agit d’entretien et de soutien aux
applications patrimoniales. En effet, dans
le domaine du logiciel, de telles fonctions
sont les premières à prendre la voie de
l’externalisation à cause du faible degré de
risques liés à la qualité qui leur est associé.
Ceci est particulièrement important
puisque plusieurs entreprises consacrent
plus de 70 % de leurs budgets alloués aux
technologies de l’information à l’entretien
et au soutien des systèmes patrimoniaux44.
Risques associés
à la sécurité
Il existe trois sortes de risques associés
à la sécurité. La première se rapporte aux
droits de propriété du logiciel élaboré
par des programmeurs étrangers.
Pour plusieurs entreprises de logiciels,
les droits sur le capital intellectuel
représentent une partie importante des
actifs intangibles dans leur bilan. La
Business Week Online, 29 octobre 2003,“The Hidden Costs of IT Outsourcing”
Business Week, 1er mars 2004,“Outsourcing isn’t a Zero-Sum Game”
12
rapports
programmation à l’étranger peut mettre
ces droits en danger si la programmation
est réalisée par un programmeur soustraitant45. Ces risques sont jusqu’à un
certain point atténués par les dispositions
des aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce
définis par l’Organisation mondiale du
travail. En principe, la Chine et l’Inde
y adhèrent toutes deux. La réalité,
cependant, montre bien que dans
beaucoup de pays, les normes juridiques
sont appliquées avec moins de rigueur
qu’aux États-Unis. C’est particulièrement
le cas en Chine et en Inde. Teran fait la
remarque suivante :
« Quelques-uns des principaux
bénéficiaires des investissements
directs étrangers dans le secteur du
logiciel font preuve du pire laxisme
malgré les changements apportés
dans la réglementation officielle
du pays afin d’étendre la portée
de la protection de la propriété intellectuelle. La Chine, l’Inde, la Corée et
Taiwan sont des exemples de cette
tendance »46.
Les droits de propriété intellectuelle
sont fondamentalement plus vulnérables
dans les contrats de programmation que
lorsque que cette dernière est réalisée
par une filiale en propriété exclusive.
Le deuxième type de risque lié à la sécurité
touche la sécurité des données. Certaines
données, comme celles qui ont trait à
l’impôt ou à la santé, peuvent être
soumises à des restrictions juridiques. Les
lois sur la protection de la confidentialité
augmentent les contraintes des entreprises
nord-américaines qui confient le traitement de leurs données à des entités
étrangères47. Certaines entités juridiques,
45
46
47
48
49
50
51
comme le Québec, restreignent l’exportation
des données personnelles48. Il pourrait
servir de modèle à d’autres en cette
matière49. D’autres types de données,
comme les données relatives à la clientèle
ou les données d’analyse de marché,
peuvent causer préjudice aux intérêts
d’une entreprise si elles devaient se
retrouver entre des mains malveillantes.
En terminant, les systèmes distants sont
automatiquement plus à risque de perturbations lors du transport par Internet. Ces
risques peuvent devenir particulièrement
importants dans le commerce électronique
et dans les applications où les données
doivent être disponibles immédiatement,
comme lors des transactions financières.
Contraintes de langue
et de fuseau horaire
Certains types d’impartition des processus
administratifs dépendent grandement des
compétences en anglais. Cet aspect a joué en
faveur des Philippines en attirant le travail
dans les centres d’appel, mais a autrement
freiné la possibilité des entreprises nordaméricaines d’externaliser vers des lieux
étrangers, des fonctions de services de haut
de gamme direct au client.
Le décalage horaire est vanté par les
consultants en externalisation comme
une possibilité supplémentaire pour les
entreprises de travailler 24 heures par jour
et, par conséquent, de réduire les délais de
mise en marché. Mais le décalage horaire
peut rendre plus difficile la gestion de
projets. La plupart des grandes entreprises
multinationales ont mis au point les systèmes de gestion de projet nécessaires pour
coordonner des projets dans des lieux et
des fuseaux horaires différents. Ce degré de
compétence en gestion de projet se rencontre moins souvent dans les petites et les
moyennes entreprises qui sont les plus
nombreuses dans l’industrie du logiciel.
Il n’est donc pas surprenant que la
coïncidence des fuseaux horaires soit un
des atouts concurrentiels mis de l’avant par
les firmes d’externalisation canadiennes
prospères.
Contraintes
réglementaires et
réaction du public
L’attention que les médias ont accordée
récemment à l’externalisation à l’étranger
a suscité un certain nombre de projets de
loi en vue d’y mettre des limites. Le site
Internet de la National Foundation for
American Policy dresse une liste de
13 projets de loi en préparation au palier
fédéral50. La nature de ces mesures
législatives est variable. Par exemple,
plusieurs États étudient des propositions
visant à interdire l’externalisation à
l’étranger des contrats gouvernementaux.
Une proposition à l’étude au New Jersey
demanderait aux employés des centres
d’appel de donner leur nom, l’identité de
leur employeur et leur lieu de travail lors
des appels téléphoniques ou des envois
par courriel. D’autres États parlent d’incitations monétaires pour que le travail soit
maintenu aux États-Unis51.
Alors que seule une poignée de projets
législatifs ont avancé de façon appréciable
aux États-unis, en se frayant un chemin
dans les dédales des approbations aux
niveaux législatif et exécutif, il semble
vraisemblable, étant donné le nombre de
projets en suspens, que les règlements sur
les transferts de données internationales
et les externalisations par les États-Unis
vont se resserrer.
CSO Magazine Online, novembre 2003,“Big Savings, Big Risks”
Teran, Horatio,“Intellectual Property Protection and Offshore Software Development,” Minnesota Intellectual Property Review, 1 (2001) p. 4
ComputerWorld, 23 février 2004,“Offshore Outsourcing Poses Privacy Perils”
Québec, An Act respecting the protection of personal information in the private sector, 1993
Voir, par exemple, Greenleaf, Graham, Global Protection of Privacy in Cyberspace - Implications for the Asia-Pacific, Science and Technology Law Centre, (Taipei, Taiwan)
16 juin 1998.Voir aussi Bennett, Colin J., Prospects for an International Standard for the Protection of Personal Information: A Report to the Standards Council of Canada
(août 1997)
National Foundation for American Policy, Global Sourcing Information web site: http://www.nfap.net/researchactivities/globalsourcing
InformationWeek, 19 mars 2004,“Pennsylvania Governor Proposes Incentives To Stem Loss Of Jobs To Offshore Outsourcers”
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
13
Ampleur des déplacements
vers l’étranger des emplois en
technologies de l’information
Les évaluations et les prévisions dont il sera
question dans ce chapitre s’appliquent aux
États-Unis. Les rares données sur la situation au Canada seront abordées plus loin.
Cependant, les tendances états-uniennes
servent souvent d’indicateurs pour le
Canada et méritent dès lors notre attention.
Il existe deux sortes de mouvements du
travail à l’étranger en technologies de
l’information. La première passe par les
filiales en propriété exclusive, la seconde
par des tierces parties contractuelles. Il
est impossible de dresser de tableau ou
de prévision quant au nombre d’emplois
transférés à des filiales à l’étranger.
Cependant, il existe des estimations et
des prévisions quant à la part du travail
externalisé en technologies de l’information qui sera déplacé vers des fournisseurs
à l’étranger. Établir des estimations et des
prévisions de ces tendances est un processus en deux étapes qui demande d’abord
une estimation de la part du travail en
technologies de l’information qui sera
externalisé et, en deuxième lieu, une
estimation de la proportion de ce travail
qui sera transféré à des sites à l’étranger.
Externalisation des
emplois en technologies
de l’information
(aux États-Unis)
385 milliards de dollars (US) en 200352.
L’Information and Technology Association
of America considère que les dépenses
effectuées par les entreprises états-uniennes
dans le domaine des logiciels et des services
en technologies de l’information s’élevaient
aux environs de 434 milliards de dollars
(US) en 200353. Si on ajoute 10 % à 12 %
pour les dépenses effectuées par le secteur
public (une proportion avancée par IDC), le
total se situe entre 475 et 500 milliards de
dollars (US).
En 2002, IDC estimait que la valeur des
dépenses en technologies de l’information
dans l’économie états-unienne était
approximativement de 367 milliards
de dollars (US) et pourrait grimper à
Les évaluations de la proportion des
dépenses externalisées en technologies
de l’information aux États-Unis varient.
De plus, la définition à laquelle on doit
adhérer pour évaluer le marché total des
52
53
54
55
technologies de l’information n’est pas
toujours claire. Le Groupe Aberdeen, une
firme privée de consultants en recherche,
estimait qu’environ 9,4 % des budgets
des technologies de l’information étaient
alloués à des services externalisés en
200254. Une évaluation semblable a été
donnée par Gordon Brooks, chef de la
direction de E5 Systems, une entreprise
établie aux États-Unis qui facilite l’externalisation à l’étranger. Brooks estime
qu’environ 8 % des tâches dans le
domaine des technologies de l’information
étaient externalisées en 200355. Ces
évaluations signifient que la valeur du
travail externalisé en 2003 était d’environ
45 à 50 milliards de dollars (US).
InfoWorld, 29 avril 2003,“IDC: US IT spending to rise slowly”
Information Technology Association of America, The Impact of Offshore IT Software and Services Outsourcing on the US Economy and the IT Industry Executive Summary (mars 2004)
Aberdeen Group, IT Outsourcing: 2002 Spending Priorities and Trends
Cité dans un article trouvé par le moteur de recherche ClickZStats :“Offshoring of IT Jobs Expected to Accelerate,” 19 novembre 2003
14
rapports
On s’attend à ce que l’externalisation – à
l’intérieur des frontières comme à l’étranger
– augmente de façon importante au cours
des prochaines années. Foote Partners,
un groupe de consultants en ressources
humaines de technologies de l’information,
estime que l’externalisation à l’intérieur des
frontières et à l’étranger pourrait affecter de
35 % à 45 % de travailleurs des technologies
de l’information au Canada et aux ÉtatsUnis en 200556. Le groupe META, un
autre groupe de consultants en ressources
humaines de technologies de l’information,
estime que Foote Partners fait une bonne
évaluation de l’ampleur du changement,
mais que la tendance à l’externalisation
atteindra les 35 % à 45 % après 200657.
Gartner inc., une importante firme de
recherche dans le domaine des technologies
de l’information, estime que le total du
marché des États-Unis pour les services
externalisés (à l’intérieur des frontières et à
l’étranger) sera de 159,6 milliards de dollars
en 200558. Si l’on accepte un taux de croissance des dépenses pour les technologies de
l’information de 10 % (selon les prévisions
de IDC), cela signifie que la part des
dépenses en externalisation en technologies
de l’information s’élèvera à 30 % en 2005.
Tout compte fait, les rapports publiés
nous amènent à estimer que le total la
part d’externalisations aux États-Unis
(à l’intérieur des frontières et à l’étranger)
des dépenses du secteur privé dans le
domaine des technologies de l’information
devrait augmenter de façon importante.
Cette part se situe maintenant autour de
8 % à 10 % et s’élèvera vraisemblablement
autour de 20 % au cours des trois à cinq
prochaines années. Cela signifie que le
marché de l’externalisation va augmenter
de 15 % à 25 % par année pendant les
trois à cinq prochaines années. À plus long
terme, au cours des cinq à 10 prochaines
56
57
58
59
60
61
années, l’externalisation pourrait
s’accroître jusqu’au tiers de toutes les
dépenses en technologies de l’information.
Transfert à l’étranger du
travail en technologies
de l’information
(États-Unis)
Tout comme il y a des variantes importantes
dans les projections quant à l’externalisation, de même retrouve-t-on des différences
importantes dans les attentes quant à la
somme du travail externalisé qui sera
transféré à l’étranger. IDC estime que le
total des dépenses des États-Unis en externalisation à l’étranger pourrait atteindre
17,6 milliards de dollars en 2005.
L’Information Technology Association of
America (ITAA) place l’externalisation à
l’étranger des technologies de l’information
par les entreprises états-uniennes à 10 milliards de dollars en 2003 et estime que ce
montant va croître jusqu’à 31 milliards de
dollars (US) en 200859. Cela signifie un taux
de croissance d’environ 25 % par année. Ces
évaluations sont à peine inférieures à celles
d’IDC. En pourcentages, l’ITAA estime que
les dépenses à l’étranger vont passer de
2,3 % des dépenses du secteur privé pour
les technologies de l’information à 6,2 %.
Quant aux emplois, ces estimations
signifient que 75 000 emplois du milieu
des technologies de l’information ont été
transférés à l’étranger en 2002 et que ce sera
225 000 emplois en 200860. Des indemnités
devront cependant être versées pour les
emplois transférés à l’étranger vers des
filiales en propriété exclusive. Ces emplois
ne figurent pas dans les statistiques sur
l’externalisation de l’ITAA. Pour juger de
l’impact global sur le marché du travail
des technologies de l’information aux
États-Unis, on devrait donc ajouter
1 % à 2 % aux estimations de l’ITAA, ce
qui donne un impact global pour les cinq
prochaines années d’environ 7 % à 8 %
de la main-d’œuvre des technologies de
l’information et autour de 280 000 à
300 000 emplois. Un nombre égal ou
supérieur d’emplois qui ne relèvent pas
des technologies de l’information pourrait
être touché en raison de l’impartition des
processus administratifs.
Quelle est la signification de ce mouvement
pour les emplois en technologies de
l’information? Le secrétariat du travail
des États-Unis estime que le nombre de
travailleurs états-uniens dans les « professions informatiques et mathématiques »
passera, de 3 018 000 à 3 625 000 entre 2002
et 2008, ce qui signifie une croissance de
607 000 emplois61. Il est peu probable que
ces prévisions donnent une image complète
de l’externalisation car cette tendance était
moins affirmée lorsque ces projections
ont été faites. L’externalisation prévue des
emplois en technologies de l’information
représente donc près de la moitié de la
croissance prévue de l’emploi, si aucune
indemnité n’était versée dans les prévisions
du secrétariat pour le transfert important à
l’étranger. Cela pourrait réduire le taux de
croissance prévue des emplois en technologies de l’information dans l’économie des
États-Unis d’environ 3 % jusqu’à 1,6 %.
Ce chiffre est très légèrement plus élevé
que la croissance générale de l’emploi aux
États-Unis, laquelle est estimée approximativement à 1,4 %. Étant donné le taux actuel
de chômage dans le milieu des technologies
de l’information aux États-Unis, ce faible
taux de croissance verra probablement un
marché caractérisé par un surplus pendant
encore au moins quelques années.
ComputerWorld, 7 février 2003,“Firm predicts IT jobs are moving to outsourcing”
ibid.
InformationWeek, 9 septembre 2002,“Add Canada to Your Outsourcer Shortlist”
Information Technology Association of America, op. cit.
L’Economic Policy Institute propose des évaluations à peu près semblables pour ce qui est des emplois des technologies de l’information qui quittent les États-Unis.
Economic Policy Institute, Economic Snapshot,“High-paying Software Jobs being Moved Abroad,” 24 mars 2004. Ces évaluations sont plus élevées que celles que propose
Normand Roy dans ses commentaires à propos du congrès TECHNOCompétences (Montréal, 22 janvier 2004). L’analyse de M. Roy suppose que le transfert à l’étranger
ait touché à ce jour environ 1 % de la main-d’œuvre des États-Unis.
Repris du US Department of Labor web site: Table 2: Employment by Major Occupation Group, 2002 and Projected 2012
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
15
Il faut retenir cinq mises en garde lorsque
l’on examine la projection de 7 % à 8 % des
emplois en technologies de l’information
aux États-Unis susceptibles d’être
transférés à l’étranger au cours des cinq
prochaines années. L’effet de ces mises en
garde peut être de réduire les évaluations
du nombre de postes en technologies de
l’information transférés à l’étranger.
1. Toutes les projections prévoient un
accroissement important de la part
du travail en technologies de l’information qui sera transférée à l’étranger.
Cependant, les attitudes du monde
des affaires à l’égard de l’externalisation
sont instables. À l’heure actuelle, la
tendance favorise l’externalisation.
Cette opinion pourrait être confirmée
ou infirmée à mesure que les expériences s’accumulent. Nous ne pouvons
pas prédire quelle sera la longévité à
long terme de la tendance à une
externalisation toujours plus grande.
2. Les prédictions de transfert à l’étranger
se basent toutes sur des coûts relatifs de
main-d’œuvre stables, c’est-à-dire qu’ils
ne tiennent pas compte de l’impact des
mouvements internationaux du travail
en technologies de l’information sur les
salaires aux États-Unis ou dans les pays
hôtes. Cela n’est pas réaliste. La presse
spécialisée mentionne qu’en Inde, les
salaires des professionnels des technologies de l’information augmentent
à un taux situé à 10 % et plus62. Le
taux de roulement – un coût de maind’œuvre indirect – pose aussi un grave
problème aux entreprises indiennes63.
La presse spécialisée rapporte aussi
que les salaires des professionnels des
technologies de l’information aux
États-Unis ont décru radicalement
depuis le sommet de l’explosion des
dot.com. Les données sur les tendances
actuelles ne sont pas unanimes64.
62
63
64
65
66
3. Malgré l’attention accordée au transfert
à l’étranger par la presse générale et
les magazines spécialisés, malgré la
publicité tapageuse des firmes de consultants, nous percevons des indices que
l’engouement pour l’externalisation et
pour le transfert à l’étranger pourrait
s’avérer moindre que prévu (ou ralentir).
Par exemple, une étude récente menée
par TEC International a révélé que seuls
5 % de 1 100 des chefs de direction
du marché intermédiaire songent à
externaliser des emplois en technologies
de l’information outre-mer. Gartner inc.
est arrivé à des résultats similaires dans
une autre étude : 80 % de 956 chefs de
direction (états-uniens et européens)
« ne voient pas l’externalisation des
technologies de l’information (à l’intérieur des frontières ou à l’étranger)
comme une priorité pour l’instant ou au
cours des quatre prochaines années »65.
4. Les projections sont toutes fondées
sur le secteur privé. Si les dépenses
du secteur public en technologies de
l’information étaient prises en compte,
les prédictions auraient besoin d’être
ajustées à la baisse, étant donné la
faible propension d’employeurs du
secteur public à faire faire du travail
à l’étranger.
5. Les consultants en externalisation à
l’étranger estiment généralement que
dans un tel accord, 15 % du personnel
des technologies de l’information sont
maintenus en poste, 15 % du personnel
du fournisseur est au pays et 70 % du
personnel est à l’étranger. La part à
l’étranger de l’emploi externalisé (par
opposition à la proportion de la valeur
du contrat) pourrait donc être de
l’ordre de 80 %66.
Voir les notes 10 et 11 ci-dessus.
Sahay, op. cit. donne des taux de roulement de 20 % à 25 %.
Voir, par exemple : Internet News, 23 mai 2003,“IT Salaries drop nearly 10% in Q1” et NetworkWorldFusion, 10 février 2004,“Tech salaries stabilize.” Foote Partners
mentionne que « le salaire versé pour des compétences autonomes en technologies de l’information a pris une dégringolade de 23 % au cours des deux dernières
années ».Voir SearchCIO.com, 20 janvier 2004,“Survey: Onshore IT pros losing money to offshore trend.”
InformationWeek,“Surveys Say No Rush To Outsource,” 9 mars 2004.
Sourcing Interests Research Group, Offshore Sourcing: Part I – State of the Industry (2003) p. 14
16
rapports
Types d’emplois en
technologies de l’information
susceptibles d’être transférés
à l’étranger
La documentation spécialisée cite trois
facteurs qui affectent la probabilité que des
emplois en technologies de l’information
soient transférés à l’étranger :
•
•
•
le type d’emploi en technologies de
l’information;
le type de profession en technologies
de l’information;
la nature de l’employeur.
Transfert à l’étranger et
types d’emplois en technologies de l’information
Les fournisseurs d’emplois en technologies
de l’information externalisés insistent pour
dire qu’ils ont la possibilité technique
d’offrir tous les types de services de
technologies de l’information. Étant donné
la quantité d’entreprises indiennes
honorées d’une certification ISO 9000, du
modèle de stabilisation des capacités ou
Sigma Six, l’affirmation est raisonnable.
Cependant, la seule capacité technique ne
détermine pas le modèle d’externalisation
à l’étranger. Divers rapports donnent à
estimer que certains types d’emplois en
technologies de l’information sont plus
susceptibles d’être externalisés.
Le Tableau 3 classe les emplois en
technologies de l’information selon leur
probabilité de transfert à l’étranger, selon
des études publiées par DataWareHouse
et par DiamondCluster International.
Tableau 3 : Probabilité de transfert à l’étranger pour divers types d’emploi
en technologies de l’information67
Élevée
• Développement d’appli–
cations – composantes
distinctes discrete
components
• Codage
• Entretien d’applications
(systèmes patrimoniaux)
• Assistance technique
• Centres d’appel
67
68
69
70
Moyenne
Basse
• Infrastructure
de technologies
de l’information
• Recherche et
développement
• Centres de données
• Ressources humaines
et financières
• Gestion de réseau
• Architecture de systèmes
• Sécurité des données
et des réseaux
• Intégration des technologies de l’information et
processus administratifs
• Hébergement de
sites Web
• Gestion de serveur
Business Week signale qu’environ 70 % des
budgets en technologies de l’information
sont affectés à l’entretien et au soutien
des systèmes patrimoniaux. Ce travail est
considéré comme hautement prioritaire
parmi les objectifs de réduction des coûts
et donc d’externalisation à l’étranger68.
Business Week estime que les ressources
épargnées par l’externalisation pourraient
être affectées à la mise à jour des applications et des systèmes. Cette suggestion
est reprise par l’ITAA dans sa défense de
l’externalisation à l’étranger69. Le modèle
de l’externalisation devrait changer la
nature de la demande locale de compétences en technologies de l’information.
Lynn Bouchard de Gartner inc. estimait,
lors du congrès de TECHNOCompétences
(Montréal, 22 janvier 2004), que le
développement et l’entretien d’applications
comptent pour environ 25 % des emplois
en technologies de l’information. Elle
ajoutait que ces fonctions devraient devenir
des priorités pour l’externalisation en
raison des fortes économies réalisables70.
Repris de DataWareHouse.Com, 5 septembre 2003,“CIO Outsourcing Study” and DiamondCluster International, 2004 Global IT Outsourcing Study (printemps 2004)
Business Week, 1er mars 2004,“Outsourcing Isn’t a Zero-Sum Game.”
Information Technology Association of America, op. cit.
Lyne Bouchard, Gartner Inc., à la conférence des TechnoCompétences, La migration des emplois en TI vers des économies émergentes : avantages et défis pour le Québec
(22 janvier 2004, Montréal)
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
17
Dans une étude sur les partenaires
d’externalisation, Gartner inc. écrit
que la nature changeante du travail de
développement d’applications encourage
autant l’externalisation que le transfert
à l’étranger de ce travail :
« En 2006, l’architecture axée sur
les services sera adoptée au moins
partiellement dans plus de 60 %
des nouveaux et grands projets de
développement d’applications systématiquement orientés (probabilité
de 0,7). La prolifération des services
Web et l’architecture axée sur les
services font que les logiciels sont
développés en plus petites unités plus
faciles à associer à des processus
administratifs. Ces unités plus petites
sont également idéales pour un
environnement à l’étranger. Les
projets plus vastes sont plus difficiles
à gérer et encore plus difficiles dans
un contexte étranger. Les plus petits
projets qui font appel au développement d’applications axées sur les
services sont plus faciles à gérer,
présentent moins de risques offrent
une meilleure valeur dans un
échéancier plus court parce que le
monde des affaires commence à
se tourner vers l’entreprise « en
direct » 71. [C’est nous qui
soulignons.]
Les observateurs notent une différence
importante entre les applications
« génériques » des technologies de l’information et les applications exclusives. Les
premières se prêtent à l’externalisation;
les secondes font partie intégrante de la
stratégie d’affaires et de technologies de l’information de l’entreprise et sont beaucoup
moins susceptibles d’être externalisées,
encore moins transférées à l’étranger 73.
Transfert à l’étranger
des technologies de
l’information et les
types de profession
Dans le développement et l’entretien
d’applications, les programmeurs peu
expérimentés et les programmeurs de
composantes qui emploient des langages
très largement utilisés sont plus susceptibles
de perdre leur emploi à cause de l’externalisation à l’étranger que les programmeurs
qui font appel à des langages spécifiques
à certaines applications74. Par contre,
les professionnels des technologies de
l’information qui participent à l’architecture
générale des applications, à l’intégration des
applications dans les processus administratifs et à l’intégration avec les ordinateurs
sont beaucoup moins à risque. De même,
les professionnels des technologies de
l’information qui détiennent une expertise
en technologies de pointe, particulièrement
en applications sans fil, ne subissent
actuellement que peu de compétition de
la part des firmes de programmation à
l’étranger.Alors que les firmes étrangères
offrent des produits sur commande, de
l’entretien et du soutien pour les applications de planification des ressources des
entreprises, la presse spécialisée ne relève
aucune tendance marquée à l’externalisation de ce genre de travail, particulièrement
si le système en usage ne fait pas partie du
des principales applications de planification
des ressources des entreprises. Gartner inc.
ajoute que « les entreprises de technologies
de l’information sont tellement complexes
et hors de ce monde qu’elles doivent être
conduites par des employés sur place75».
Dans un article sur une étude portant
sur les technologues, Software
Development Magazine écrivait que
94 % des répondants disaient envoyer
à l’étranger du travail de codage et que
74 % disaient y envoyer du travail de
vérification. Cependant, pour confirmer
les données résumées par le Tableau 3,
l’étude démontrait que 19 % seulement
ont envoyé du travail d’architecture de
systèmes à l’étranger et 16 % seulement
ont expédié du travail d’intégration
de la gestion72.
71
72
73
74
75
Gartner Inc., Outsourcing Backlash: Globalization in the Knowledge Economy (31 juillet 2003)
Cité dans InformationWeek, 29 janvier 2004,“Offshore Outsourcing Project to Grow”
Voir ITWorld Canada, 2 janvier 2004 “IDC Trends or 2004: Increased commoditization, Linux on the rise” et ComputerWorld, 31 décembre 2003,“Signs of offshore
backlash growing”
On devrait noter cependant que la tendance dans le développement d’applications penche du côté d’une confiance croissante pour les langages génériques. Une étude
effectuée pour le compte du Secrétariat à la défense a démontré que le Secrétariat faisait usage de 450 différents langages de programmation dans les années 1970.
Au milieu des années 1990, ce nombre a été ramené à 37. Hook,Audrey A., et al, A Survey of Computer Programming Languages Currently Used In The Department of
Defense: An Executive Summary
Gartner Research, A Look at India for Offshore Sourcing Options, 29 juillet 2003
18
rapports
Les professionnels des technologies de
l’information spécialisés dans la conception et dans la gestion de réseaux se situent
eux aussi à l’écart des risques de mise à
pied provoqués par le transfert à l’étranger.
De même, les spécialistes en sécurité
seront davantage mis à profit localement.
Les entreprises de commerce électronique
n’ont pas fait preuve jusqu’à maintenant
d’une grande propension à confier
leur service d’entretien et de soutien
à l’étranger.
Par contre, les travailleurs des technologies
de l’information qui occupent des fonctions d’assistance technique et de soutien
d’applications peuvent être externalisés à
tout moment. Ceux qui assurent le soutien
d’applications très largement utilisées sont
les plus susceptibles de perdre leur emploi
à cause de l’externalisation à l’étranger.
Plusieurs de ces emplois sont des postes
de débutants dans le marché du travail
en technologies de l’information. Le
rétrécissement de cette base d’emplois
pourrait changer les modèles de recrutement et d’entrée sur le marché du travail.
IDC a souligné que les emplois qui exigent
peu de compétence et les tâches répétitives
sont la marque distinctive de ceux qui
seront transférés les premiers76.
Les consultants en ressources humaines
mettent l’accent sur l’importance croissante des compétences en administration
pour faire carrière en technologies de
l’information77. Une compréhension
approfondie des processus administratifs
qui s’appliquent aux technologies de
l’information et, de plus en plus, des
habiletés marquées à la gestion de projets
font partie de ces compétences. Le Groupe
META, par exemple, estime que « ce dont
l’industrie états-unienne a besoin, plus que
de programmeurs, ce sont des travailleurs
en technologies de l’information qui
76
77
78
79
80
81
82
83
84
comprennent les processus administratifs
et qui peuvent traduire ces opérations en
exigences techniques »78. Thomas Kochan,
du Massachusetts Institute of Technology,
ajoute que « dans cette nouvelle époque
de la profession, ceux qui travaillent en
technologies de l’information auront
besoin de compétences en direction de
projets et en quasi-gestion en plus de
posséder des compétences techniques
de pointe, et subiront une pression
certaine pour adopter rapidement ces
nouveaux rôles »79.
etc.) font des affaires à l’étranger.Ainsi,
une certaine proportion de ce travail
externalisé sera sans doute accomplie
à l’étranger.
Transfert à l’étranger
des technologies de
l’information et types
d’employeurs
L’exode des emplois du secteur financier
des régions de l’OCDE vers des régions à
faibles salaires a été examiné dans une
étude menée par Deloitte Consulting.
Deloitte prévoit qu’à l’échelle mondiale, les
entreprises financières vont déplacer entre
2003 et 2008 environ 2 millions d’emplois
des pays industrialisés vers les pays à
faibles salaires. Deloitte écrit que 75 %
des institutions financières mondiales
prévoient transférer à l’étranger des
emplois des technologies de l’information
ou tributaires des technologies de l’information dans les deux prochaines années82.
Dans le domaine public, nous disposons
relativement de peu de publications sur les
relations qui existent entre les différents
types d’employeurs et leur tendance à
transférer du travail en technologies de
l’information. Gartner inc. estime que
les grandes banques internationales
consacrent de 5 % à 8 % de leurs revenus
aux technologies de l’information. À titre
de comparaison, la moyenne des entreprises figurant sur la liste Fortune 500 y
consacre de 2 % à 3 %80. Le monde de la
finance, et les banques en particulier,
ont fait preuve d’innovation en matière
d’externalisation des technologies de
l’information. Larkin rapporte que 12
des 50 plus grandes banques (y compris
la Banque de commerce canadienne
impériale) ont externalisé, en 2002-2003,
la totalité ou la quasi-totalité de leurs
fonctions de technologies de l’information81. Cette vague d’externalisation et son
envergure n’ont pas de précédent. On doit
noter qu’aucun de ces contrats n’impliquait
une entreprise étrangère. Cependant, toutes
ces entreprises (par exemple IBM, EDS, HP,
Par contre, aux États-Unis, le secteur public
se montre peu enclin à faire appel à l’externalisation à l’étranger. Quelques contrats
d’externalisation ont cependant été signés
avec des entreprises d’autres pays dont on
peu supposer qu’elles font réaliser au
moins une partie du travail hors des
États-Unis83. En Inde, Tata Consultancy
Services, par exemple, a récemment
décroché un contrat de services en technologies de l’information pour le service
d’assurance-emploi du Nouveau-Mexique.
La soumission de Tata Consultancy
Services s’élevait à moins de la moitié de
celle de son plus proche concurrent en sol
états-unien84. Bien que l’externalisation
des technologies de l’information soit
fréquente dans le secteur public canadien,
nous ne possédons aucune donnée sur le
travail confié aux entreprises établies en
Inde. Cependant, comme aux États-Unis,
le travail en technologies de l’information
externalisé par contrat de service vers
n’importe quel grand fournisseur peut
bien se retrouver dans une certaine
mesure à l’étranger.
IDC, Offshore Services: The Impact of Global Sourcing on the U.S. IT Services Market (novembre 2003)
InfoWorld, 19 décembre 2003,“Offshore Outsourcing IT: Bracing for Change”
ITWorldCanada, 2 février 2004,“Offshoring presents new career paths”
ibid.
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InformationWeek, 17 mars 2003,“Should government pursue offshore outsourcing if it means U.S. jobs?”
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
19
Le Canada et le déplacement
vers l’étranger des emplois en
technologies de l’information
Comparativement à ce que nous connaissons des États-Unis, nous disposons
d’encore moins de données sur les
tendances du transfert à l’étranger qui
touchent le Canada. Ici, le déplacement des
emplois en technologies de l’information
semble se faire dans les deux sens. Il est
clair que le Canada a attiré des emplois
en technologies de l’information et en
processus administratifs en provenance
des États-Unis. C’est surtout le cas des
centres d’appel, mais aussi des centres de
développement de logiciels et d’autres
services de technologies de l’information.
En même temps, le Canada a perdu des
emplois à cause de l’externalisation à
l’étranger. Nous ne savons pas si le bilan
est positif ou négatif.
Figure 4 : L’emploi dans les services logiciels et informatiques
(1997 = 100)85
Indicateurs possibles
de pertes d’emploi
en 2003, l’emploi a encore fléchi à chaque
trimestre, et la rapidité du recul est sans
précédent. La différence entre les tendances de l’emploi dans les services reliés
aux technologies de l’information et la
situation de l’emploi en général donne à
estimer que la cause relève de facteurs
d’ordre structurel plutôt que cyclique. Le
Globe and Mail estime que les analystes
d’Industrie Canada soupçonne l’impact
possible du transfert à l’étranger86.
Industrie Canada mentionne que l’emploi
dans les services reliés aux technologies
de l’information et de la communication a
baissé dans les trois premiers trimestres
de 2003. (Les données du quatrième
trimestre n’étaient pas encore disponibles
au moment où cette revue a été préparée.)
Ce déclin était de 2,5 % pendant les
neuf premiers mois. Cependant, dans la
catégorie « services logiciels », la figure 4
illustre le changement dans la trajectoire
de l’emploi.
Comme le montre la figure 4, la croissance
de l’emploi dans les « services logiciels et
informatiques » a été modérément affectée
par le repli observé dans le secteur des
technologies de l’information en 2001.
La situation de l’emploi s’est rétablie et a
repris sa croissance en 2002. Cependant,
85
86
220
200
180
160
140
120
100
1997
1998
1999
2000
En même temps que la trajectoire de
l’emploi dans les « services logiciels et
informatiques » se renversait, le dollar
canadien passait d’environ 0,64 $ US en
2002 à 0,72 $ US au premier trimestre
de 2003. Cette remontée affecte les
technologies de l’information de deux
façons. Premièrement, le coût des technologies de l’information s’est accru au
Canada comparativement aux autres
2001
2002
2003
endroits à l’étranger. En conséquence, les
entreprises établies au Canada ont plus
de difficulté à attirer des contrats des
États-Unis. Deuxièmement, ce qui est
peut-être plus important, la montée du
dollar a forcé les entreprises canadiennes
exportatrices à adopter des mesures
radicales de réduction des coûts.
L’externalisation directe ou indirecte
des technologies de l’information vers
des entreprises étrangères à coûts réduits
est sans doute une des solutions adoptée
par plusieurs entreprises.
Niveau relatif
des coûts au Canada
Le niveau relatif des coûts au Canada se
situe à mi-chemin entre celui des ÉtatsUnis et celui des pays à faibles salaires. Des
études indiquent que le Canada représente
un endroit attrayant pour certains types de
tâches en technologies de l’information et
Industrie Canada, Strategis Web Site, Bulletin trimestriel sur le secteur canadien des TIC, Troisième trimestre 2003
Voir Globe and Mail, 19 février 2004,“Offshoring will soon be making waves”
20
rapports
certains types d’entreprises, notamment
celles qui craignent le risque. Dans un
numéro spécial sur l’externalisation,
InfoWorld estimait ainsi les taux de
facturation des développeurs :
Tableau 5: Taux de facturation
estimé des développeurs de
logiciels (2003-04)87
Pays
États-Unis
Canada
Mexique
Inde
République
tchèque
Hongrie
Taux de facturation
estimé des développeurs
de logiciels possédant
cinq ans d’expérience
117 $ - 150 $
65 $ - 095 $
25 $ - 040 $
22 $ - 037 $
30 $ - 070 $
45 $ - 067 $
Les taux de facturation canadiens s’élèvent
environ à 60 % des coûts aux États-Unis.
Bien que de plus grandes économies
puissent être réalisées en externalisant vers
des pays où les salaires sont faibles, pour
certaines entreprises, les risques élevés et
les difficultés de gestion ne justifient pas ces
économies additionnelles. L’évaluation de
la différence des coûts que fait InfoWorld
ressemble à celle que Carmel et Agarwal
ont donnée dans le MIS Quarterly Executive.
Carmel et Agarwal font le commentaire
suivant :
« (...) bien que le Canada ne soit pas
le pays qui vient spontanément à
l’esprit lorsqu’il est question de
transfert à l’étranger de postes en
technologies de l’information, il est
digne d’être considéré, ne serait-ce
qu’en raison de l’écart de la valeur du
dollar. L’avantage en termes de coûts
maintenant offert par le Canada
(en 2002) pour ses professionnels
des technologies de l’information
est d’environ 30 % par rapport aux
États-Unis. En fait, il est au pair avec
le Brésil et l’Irlande »88 .
87
88
89
90
L’analyse la plus complète sur les coûts de
substitution est peut-être celle que KPMG
a publiée dans son Competitive Alternatives
(Cost Study, 2004). KPMG modélise les
coûts d’exploitation du développement de
pointe de logiciels dans plusieurs pays
(qui ne comprennent pas de pays où les
salaires sont faibles).Aux États-Unis, la
catégorie « main-d’œuvre et avantages
sociaux » compte pour environ 70 % des
coûts. Le Tableau 6 compare les coûts de
la catégorie « main-d’œuvre et avantages
sociaux » dans plusieurs pays pour une
société de logiciel de pointe générant
14,2 M $ de revenus. Comme nous le
constatons, le Canada occupe une position
très attrayante par rapport à la plupart des
autres pays dont l’économie est avancée.
Les bénéfices après impôts d’une exploitation canadienne s’élèvent à un peu plus du
double de ceux qui sont réalisés dans des
exploitations comparables aux États-Unis.
De plus, ce chiffre est atteint en ne prenant
que relativement peu de risques et peu
de problèmes de gestion, si on compare
à d’autres destinations étrangères. Il
n’est pas surprenant non plus de voir le
consultant en externalisation neoIT
déclarer que le Canada « offre des
entreprises de substitution excellentes,
très peu enclines à prendre des risques,
mais qui cherchent à faire baisser les
coûts d’exploitation89.
Étant donné cette position relative, il
n’est pas surprenant de voir les entreprises
d’externalisation indiennes choisir le
Canada comme site nord-américain pour
leurs installations de développement.Au
cours des deux dernières années, les quatre
plus grandes entreprises d’externalisation
établies en Inde – Wipro, Tata Consultancy
Services, Infosys et Satyam Computer –
ont ouvert au Canada des installations de
développement. L’entreprise d’externalisation états-unienne Keane inc. a implanté
son « centre de développement de pointe »
à Halifax.
La remontée du dollar et le renforcement
des capacités en technologies de l’information dans plusieurs pays où les salaires
sont faibles peuvent avoir contribué au
changement de niveau relatif des coûts
au Canada.A.T. Kearney, une firme de
consultants des États-Unis, tient à jour un
index de l’attrait des pays du point de vue
du transfert à l’étranger de technologies de
l’information. The Economist a repris les
principaux points de index dans un article
spécial consacré au transfert à l’étranger90.
Tableau 6 : Main-d’œuvre et avantages : bénéfices après impôts
Société de logiciel de pointe générant 14,2 M $ de revenus
(KPMG, Competitive Alternatives (Cost Study, 2004)
Main-d’œuvre et avantages sociaux
Main-d’œuvre et % du
avantages sociaux revenu
États-Unis
Canada
Australie
Italie
Royaume-Uni
France
Pays-Bas
Allemagne
Japon
9 398 $
7 355 $
7 516 $
8 111 $
8 684 $
9 505 $
10 824 $
11 167 $
11 335 $
66,2 %
51,8 %
52,9 %
57,1 %
61,2 %
66,9 %
76,2 %
78,6 %
79,8 %
Bénéfices après impôts
Bénéfices après
impôts
1472
3200
3424
2032
2371
1665
794
423
-355
% du
revenu
10,4 %
22,5 %
24,1 %
14,3 %
16,7 %
11,7 %
5,6 %
3,0 %
-2,5 %
Infoworld, 8 mars 2004,Article spécial sur le transfert à l’étranger, p. 45
Carmel E. et Agarwal R.,“The maturation of offshore outsourcing of IT,” MIS Quarterly Executive, (2002) 2, p. 70. Le dollar canadien valait environ 0,64 $ US en 2002
comparativement au taux de change actuel de 0,75 $ US – une remontée de 17 %.
NeoIT, Market Report: The Nearshore Opportunity (janvier 2004)
The Economist, 19 juillet 2003,“The new Geography of the IT Industry”
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
21
Comme on pouvait s’y attendre, l’index
place l’Inde tout en haut de la liste.
Cependant, le Canada est arrivé en
deuxième place en 200291. En 2004, il
avait glissé à la huitième position92.
Les normes internationales – ISO, CCM :
Les certifications du modèle de stabilisation des capacités (et d’autres) de
l’Institut de génie logiciel de l’université
Carnegie-Mellon sont reconnues
internationalement en tant qu’indicateurs
de compétence technique et de contrôle
approfondi des opérations. La certification
de niveau 5 est la plus élevée. Comme
nous l’avons dit plus tôt, les entreprises
d’externalisation indiennes ont été les
premières à satisfaire aux exigences de la
certification de niveau 5. Les entreprises
d’externalisation canadiennes ont été plus
lentes à en voir la nécessité. Cependant,
il semble qu’il y ait au Canada un intérêt
grandissant pour ces certifications
normatives internationales. Le centre de
développement de Motorola à Montréal a
été le premier atelier canadien de logiciels
à obtenir la certification de niveau 5 pour
son modèle de stabilisation des capacités
par l’Institut de génie logiciel de l’université Carnegie-Mellon, en janvier 2002 .
Keane a aussi reçu cette certification
récemment pour son « centre de
développement de pointe » à Halifax93.
Kliewer note que la certification ISO
est plus fréquente au Canada que la
certification du modèle de stabilisation
des capacités94. Il faut aussi noter que le
gouvernement fédéral s’achemine vers
l’adoption des normes de stabilisation
des capacités de l’Institut de génie
logiciel comme exigence requise de
ses contractuels95.
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
Les entreprises
externalisatrices
canadiennes
Il existe plusieurs grandes entreprises
externalisatrices au Canada. Les grandes
entreprises externalisatrices établies aux
États-Unis – EDS, HP, IBM, Unisys, OAO
Technology Solutions et Keane – exploitent
toutes une contrepartie canadienne. De
nombreuses entreprises canadiennes
moyennes sont aussi actives sur le marché.
La plus grande entreprise externalisatrice
canadienne indépendante est CGI. On
peut donc faire l’hypothèse qu’elle reflète
grosso modo les conditions du marché
et la niveau des coûts relatifs au Canada.
CGI emploie environ 20 000 personnes.
Environ 21 % de ses revenus sont générés
à l’extérieur du Canada. CGI a établi des
centres d’exploitation dans plusieurs pays,
y compris en Inde où elle emploie approximativement 1 000 personnes.Au cours des
quatre années 1999 à 2003, elle a environ
doublé ses revenus et ils ont continué à
croître en 2003, à l’encontre de la tendance
de l’emploi mentionnée plus tôt.
L’entreprise prévoit une croissance de 8 %
à 14 % en 2004. La croissance de CGI au
cours des cinq dernières années s’inscrit
en parallèle avec le niveau relatif favorable
des coûts au Canada, par rapport aux
États-Unis, et avec l’importance accrue
de l’externalisation dans la prestation de
services en technologies de l’information.
En même temps, l’achat par CGI d’une
maison de logiciels indienne et l’expansion
de ses opérations reflètent la position
prééminente de l’Inde dans le secteur de
l’externalisation à l’étranger et sa capacité
à soustraire au Canada des emplois en
technologies de l’information.
Les centres d’appel
Un important domaine de croissance de
l’emploi au Canada ces dernières années a
été les centres d’appel. Une étude effectuée
pour de compte de Développement des
ressources humaines Canada estime
qu’environ 500 000 Canadiens travaillent
dans des centres d’appel96. Un rapport
du Groupe Aberdeen a révélé que les
taux de roulement au Canada sont approximativement le tiers de ce qu’ils sont aux
États-Unis. Le roulement est un facteur
important qui touche la qualité et la
fiabilité du service dans les centres
d’appel97. Datamonitor évalue que le
nombre de postes d’agents (c’est-à-dire
de sièges) dans les centres d’appels canadiens passera d’environ 22 000 en 2003
à environ 40 000 en 200798. Datamonitor
balaie les craintes à l’effet que les centres
d’appel vont se déplacer vers l’Inde ou les
Philippines. L’entreprise estime qu’environ
17 700 postes d’agents canadiens auront
quitté le pays vers d’autres destinations en
2007, c’est-à-dire un nombre sensiblement
égal à la croissance prévue par Datamonitor.
Ainsi, pendant que les occasions de
transfert à l’étranger vont réduire le taux
de croissance de l’industrie au Canada, ce
taux va se maintenir aux environs de 15 %
ou de 20 % par année99.
L’étude de Deloitte confirme les prévisions
de Datamonitor100. Deloitte place le Canada
parmi les cinq premiers pays pour ce qui
est de l’externalisation des centres d’appel.
L’externalisation des centres d’appel
répond à deux facteurs : le prix et la
qualité. Les firmes d’externalisation,
comme Deloitte, placent le Canada vers le
sommet de l’échelle de la qualité et de la
compatibilité culturelle avec le marché
des États-Unis. L’infrastructure de télécommunications au Canada est elle aussi
L’index de Kearney est aussi mentionné dans Palvia, Shailendra,“Global Outsourcing of IT and IT Enabled Services: Impact on US and Global Economy,” JITCA, vol. 5,
No 3, (2003) p. 6-7.
National Post, 13 avril 2004,“Outsourcing: Canada’s Edge Eroding.”
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Customer Contact Center - Key Findings in Global Contact Center Outsourcing Services: 2003-2004
ibid.
DataMonitor Web site: www.datamonitor.com
Deloitte, Making the off-shore call, mars 2004
22
rapports
de haut calibre et fournit aux entreprises
d’externalisation un avantage important
quant aux coûts d’exploitation sur leurs
concurrents situés dans les pays où les
salaires sont faibles101. Cependant, le faible
coût de la main-d’œuvre dans les pays où
les salaires sont faibles leur confèrent un
avantage économique indiscutable. La
qualité du service s’améliore sous l’égide
d’investissements directs étrangers par des
entreprises établies aux États-Unis. À long
terme, cependant, l’avantage concurrentiel
du Canada pourrait s’éroder plus rapidement que ne le prévoit l’étude de
Datamonitor.
Implications
potentielles et écarts
de connaissances
Il n’est pas possible de dresser un bilan et
d’évaluer l’impact net des déplacements
internationaux des emplois des technologies de l’information. Jusqu’en 2002
environ, il semble bien que le Canada
était gagnant. Le niveau relatif des coûts
au Canada était tel que le transfert à
l’étranger ne représentait pas un avantage
irrésistible pour la plupart des entreprises
canadiennes. IDC, par exemple, a jugé que
l’externalisation à l’étranger était beaucoup
moins importante pour le marché canadien
qu’aux États-Unis102. Cependant, la remontée du dollar canadien et la crédibilité
croissante des entreprises d’externalisation
à l’étranger semblent changer le décor en
2003. Quelle est l’importance de ce changement? Dans quelle direction va-t-il évoluer?
Voilà des questions auxquelles nous ne
pouvons pas répondre avec certitude à partir des informations dont nous disposons.
Nous ne pouvons pas non plus déterminer
hors de tout doute si le bilan canadien des
mouvements des emplois en technologies
de l’information est positif ou négatif.
Sans tenir compte du bilan net du Canada
en ce qui a trait aux mouvements internationaux des emplois en technologies de
l’information, le déplacement des emplois
en technologies de l’information a des
répercussions claires sur le marché du
travail dans le secteur des technologies
de l’information. Certaines de ces
101
102
conséquences ne font qu’émerger.
Premièrement, les emplois de soutien
technique et de codage quittent le Canada
vers des destinations étrangères. Ces postes
étaient souvent comblés par des débutants
dans le marché du travail des technologies
de l’information pendant les années 1990.
Les titulaires de ces emplois acquéraient
une connaissance générale du milieu
professionnel et une vue pratique des
technologies de l’information au quotidien.
Comme cette catégorie d’emplois rétrécit,
il se peut que les entreprises doivent faire
face à une augmentation du nombre de
postulants en programmation qui auront
reçu une formation théorique, peut-être
plus que leurs prédécesseurs dans les
années 1990, mais qui manqueront
d’expérience pratique.
L’érosion du nombre des emplois de
débutant et d’une importante proportion
d’emplois d’entretien et de soutien est
susceptible d’avoir d’autres répercussions
sur les compétences requises pour les travailleurs des technologies de l’information.
En premier lieu, ces tendances peuvent
conférer une valeur accrue aux compétences spécialisées, aux compétences de
pointe et à la mise à jour des compétences.
Deuxièmement, il se peut qu’il devienne
de plus important pour les travailleurs en
technologies de l’information d’associer
leurs compétences en technologies de
l’information avec des connaissances plus
larges des processus administratifs. Cette
tendance serait liée à l’usage accru des
applications de planification des ressources
d’entreprise, qui mettent l’accent sur les
compétences sur mesure. Les entreprises
préfèrent souvent recevoir des services
de fournisseurs locaux qui offrent ces
compétences lorsque cela présente un
aspect pratique. Troisièmement, la gestion
de projets et les compétences en gestion
de contrats sont susceptibles de devenir
des compétences importantes pour les
professionnels des technologies de
l’information qui travaillent dans
l’entreprise utilisatrices.
La concurrence toujours grandissante
entre les fournisseurs étrangers peut aussi
augmenter l’importance des maisons de
logiciel canadiennes qui détiennent des
certifications normatives reconnues
internationalement, comme ISO ou le
modèle de stabilisation des capacités de
l’Institut de génie logiciel. En général, il
faut investir des ressources humaines et
financières considérables pour décrocher
ces certifications. Si elles devaient prendre
encore plus d’importance concurrentielle,
des politiques publiques pourraient venir
faciliter un investissement plus hâtif par
les entreprises afin de les obtenir.
L’Irlande et Israël montrent qu’il existe
plus d’un modèle de développement de
l’industrie d’exportation des technologies
de l’information.Alors que le Canada a
connu un certain succès en attirant des
emplois sensibles aux fluctuations des
coûts, comme les centres d’appel, on ne
peut pas continuer à estimer qu’il pourra
maintenir cette stratégie très longtemps.
Dans d’autres secteurs, la mondialisation
a forcé les entreprises soit à devenir
virtuelles, soit à se situer plus haut dans la
chaîne des valeurs ajoutées. Une des leçons
importantes à retenir des modèles irlandais
et israélien est l’importance de l’industrie
locale du logiciel pour cultiver la base des
compétences et la base entrepreneuriale
qui font qu’un pays devient attrayant pour
les investissements étrangers de pointe
par le biais de filiales et d’entreprises
en participation.
Les implications énoncées ci-dessus sont
des hypothèses raisonnables tirées des
tendances dans les déplacements internationaux des emplois des technologies de
l’information. Cependant, l’ampleur des
tendances n’a pas été étudiée de façon
rigoureuse, ni le bilan net au Canada, ni les
répercussions sur le marché du travail en
technologies de l’information. Néanmoins,
il appert que les tendances dans les
déplacements internationaux des emplois
des technologies de l’information sont en
voie de modifier le paysage de ce secteur
au Canada. L’industrie devrait se fixer
comme priorité d’approfondir sa compréhension de ces tendances et de leurs
répercussions, tant pour les entreprises
que pour le secteur lui-même.
World Economic Forum, The Global Information Technology Report, 2002-2003
Computing Canada, 22 août 2003,“Companies Explore Case for Taking IT Offshore”
Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information
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rapports
Avril 2004
Tendances du transfert à
l’étranger des emplois en
technologies de l’information
Le Conseil des ressources humaines du logiciel (CRHL) est un
conseil sectoriel sans but lucratif qui est le porte-parole des
professionnels en TI (informatique) œuvrant au Canada. Le CRHL
a comme objectif de répondre aux besoins en ressources humaines
du secteur canadien de l’emploi en TI en travaillant en étroite
collaboration avec des partenaires de l’industrie, du gouvernement
et du monde de l’enseignement.
Les programmes et projets du CRHL portent principalement sur :
• Information sur le marché du travail
• Développement et définition des compétences (notamment le
Modèle du profil des compétences professionnelles)
• Sensibilisation à la carrière
• Perfectionnement professionnel
Pour de plus amples
renseignements,
communiquez avec :
Conseil des ressources humaines du logiciel
30, rue Metcalfe, pièce 400
Ottawa (Ontario)
K1P 5L4
Tél. : (613) 237-8551
Téléc. : (613) 230-3490
www.shrc.ca
L’initiative sur le marché canadien du travail dans le secteur
des TI a été mise sur pied en partie grâce au financement
du Programme de conseil sectoriel du gouvernement du Canada.
Préparée pour le Conseil des ressources humaines du logiciel