Tendances du transfert à l`étranger des emplois en technologies de l
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Avril 2004 Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information Le Conseil des ressources humaines du logiciel (CRHL) est un conseil sectoriel sans but lucratif qui est le porte-parole des professionnels en TI (informatique) œuvrant au Canada. Le CRHL a comme objectif de répondre aux besoins en ressources humaines du secteur canadien de l’emploi en TI en travaillant en étroite collaboration avec des partenaires de l’industrie, du gouvernement et du monde de l’enseignement. Les programmes et projets du CRHL portent principalement sur : • Information sur le marché du travail • Développement et définition des compétences (notamment le Modèle du profil des compétences professionnelles) • Sensibilisation à la carrière • Perfectionnement professionnel Pour de plus amples renseignements, communiquez avec : Conseil des ressources humaines du logiciel 30, rue Metcalfe, pièce 400 Ottawa (Ontario) K1P 5L4 Tél. : (613) 237-8551 Téléc. : (613) 230-3490 www.shrc.ca L’initiative sur le marché canadien du travail dans le secteur des TI a été mise sur pied en partie grâce au financement du Programme de conseil sectoriel du gouvernement du Canada. Préparée pour le Conseil des ressources humaines du logiciel Résumé • • • Cette analyse documentaire a été réalisée à la demande du Conseil des ressources humaines du logiciel (CRHL). Le terme externalisation signifie l’achat de services d’une entreprise sans lien de dépendance. Le terme transfert à l’étranger fait référence aux mouvements internationaux du travail dans le domaine des technologies de l’information. Une entreprise peut transférer du travail à l’étranger par externalisation de certains services auprès d’un fournisseur étranger ou en installant une filiale à l’étranger. Le transfert à l’étranger affecte autant le travail en technologies de l’information que les services qui en sont tributaires, tels que les centres d’appel et la gestion des transactions. Seule une petite proportion des emplois touchés par l’impartition des processus administratifs (IPA) appartient au domaine des technologies de l’information. • • Les principaux centres d’approvisionnement à l’étranger sont l’Inde, l’Irlande et Israël. D’autres centres émergents sont les Philippines, la Chine et l’Europe de l’Est, y compris la Russie. Le Canada est lui aussi un fournisseur important de services de technologies de l’information vendus aux États-Unis, tant par le biais de filiales en propriété exclusive que par le biais de contractuels. L’Inde domine le marché de l’externalisation à l’étranger, avec une part de marché estimée à environ 80 %. Cependant, la répartition internationale de l’investissement étranger direct (par le biais de filiales) et des entreprises en participation est beaucoup plus diversifiée. En raison de la concentration des filiales étrangères, les exportations irlandaises de logiciels dépassent celles des ÉtatsUnis. La présence d’Israël sur le marché contraindre ou à retarder l’externalisation. L’attitude du public états-unien est devenue hostile au transfert à l’étranger de fonctions qui touchent le consommateur.Aux États-Unis, les États étudient actuellement 84 projets de loi susceptibles d’encadrer le transfert à l’étranger; l’administration fédérale en a 13 autres sur la table. Tendances dans les pertes d’emploi aux États-Unis • • Coûts et facteurs de risque • Les centres internationaux étrangers • international est également importante, plus souvent dans des entreprises en participation ou des entreprises exportatrices locales que par des filiales étrangères. Les Philippines occupent une place importante sur le marché des centres d’appel, mais ne font ombrage à personne pour ce qui est du transfert à l’étranger des technologies de l’information. Les possibilités techniques de l’Inde sont bien établies; elle détient plus d’entreprises certifiées de niveau 5 pour leur modèle de stabilisation des capacités par l’Institut de génie logiciel que tout autre pays. • • Comparées aux coûts observés aux États-Unis, les économies normalement réalisées grâce au transfert à l’étranger se situent entre 20 % et 40 %, selon le type de travail. Dans le secteur de la programmation, les économies tournent autour de 20 %, alors que dans celui des processus administratifs, les économies réalisées actuellement sont de l’ordre de 40 %. Les économies réalisées sur l’entretien et le soutien des systèmes patrimoniaux sont approximativement de 25 % à 30 %. Pour les appliquer à l’économie canadienne, on devrait réduire ces chiffres de 10 % à 15 %. Les principaux risques associés au transfert à l’étranger ont trait à la qualité et à la sécurité. Le besoin de compétences en langue anglaise représente une autre source de contraintes dans le secteur des processus administratifs. Le décalage horaire peut poser un problème pour la gestion et la coordination d’un projet. Pour plusieurs entreprises des États-Unis, les facteurs de risque rehaussent l’attrait du Canada parmi les destinations étrangères. Certaines mesures réglementaires proposées aux États-Unis visent à Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information • • Les tendances états-uniennes servent souvent d’indicateurs pour le Canada. Aux États-Unis, environ 7 % à 8 % des emplois en technologies de l’information sont susceptibles d’être transférés à l’étranger au cours des cinq prochaines années. Ce phénomène réduirait le taux de croissance des emplois en technologies de l’information prévu dans l’économie des États-Unis d’environ 3 % à 1,6 %. Ce faible taux de croissance aura pour effet de prolonger de quelques années l’excès de la demande d’emplois en technologies de l’information. La pression sur les salaires restera faible; pour certaines professions en technologies de l’information, ils pourraient même diminuer. Les travailleurs des technologies de l’information qui occupent des fonctions d’assistance technique et de soutien logiciel sont particulièrement exposés à l’externalisation. Ceux qui assurent le soutien sur des logiciels très répandus sont les plus exposés à perdre leur emploi à cause du transfert à l’étranger. Les professionnels des technologies de l’information qui travaillent sur l’architecture des logiciels, sur leur intégration dans les processus administratifs et sur leur compatibilité avec divers plateformes matérielles sont beaucoup moins à risque. De même, les professionnels des technologies de l’information qui détiennent une expertise en technologies de pointe, particulièrement en applications 1 Types de travail mis à risque en technologies de l’information : Possibilité que différents types de travail soient transférés à l’étranger Élevée Modérée • Conception de logiciels – • Infrastructure de composants distincts technologies de l’information • Codage • Centres de données • Entretien logiciel • Finances et ressources (systèmes patrimoniaux) humaines • Soutien technique • Gestion de réseau • Centres d’appel Canada: • • Pendant les années 1990 et jusqu’en 2001-2002, les coûts relativement peu élevés observés au Canada ont tenu les emplois canadiens en technologies de l’information à l’écart du transfert à l’étranger et ont permis aux entreprises établies au Canada d’obtenir du travail d’entreprises situées aux États-Unis. La remontée du dollar canadien et l’augmentation des capacités des destinations étrangères ont changé le décor. Les entreprises canadiennes sont moins compétitives sur le marché états-unien; celles qui se trouvent hors du champ des technologies de l’information s’efforcent de réduire les coûts pour contrer l’effet de la remontée du dollar. Le transfert à l’étranger de postes en technologies de l’information est devenu une possibilité attrayante. Les fournisseurs canadiens de services d’externalisation se fient de plus en plus sur les destinations étrangères pour approvisionner leurs clients à moindre coût. Malgré la croissance générale des emplois dans l’économie canadienne, des données canadiennes récentes indiquent une tendance inquiétante à la réduction des emplois dans les « services logiciels et matériels ». Ces pertes d’emplois peuvent être le reflet des répercussions récentes du transfert à l’étranger. Le niveau des coûts au Canada demeure un avantage concurrentiel important, même s’ils ont augmenté par rapport à celle de certaines destinations étrangères. La Competitive Alternatives Study (2004) (Étude sur les choix concurrentiels 2004) du KPMG place 2 • Architecture de systèmes • Sécurité du réseau et des données • Intégration des technologies de l’information dans les processus administratifs • • Hébergement de sites Web • Gestion de serveurs sans fil, n’auront à subir que peu de concurrence de la part des firmes de programmation situées à l’étranger. • Faible • Recherche et développement • • le Canada parmi les pays de l’OCDE qui offrent les meilleurs coûts pour ce qui est du développement de logiciels de pointe. Les cinq principaux fournisseurs étrangers établis en Inde ont mis sur pied des installations de développement au Canada, tout comme les principaux fournisseurs de services d’externalisation des États-Unis. Cependant, l’index de Kearney sur l’attrait international pour les emplois en technologies de l’information indique que le Canada a glissé de la deuxième position en 2002, tout de suite derrière l’Inde, à la huitième position en 2004. Cela reflète les variations du dollar canadien et les possibilités grandissantes offertes par les fournisseurs établis à l’étranger. Ce glissement selon l’échelle de Kearney va de pair avec les données limitées que nous possédons sur les tendances récentes au Canada. Le travail en centre d’appel, bien qu’il relève moins des technologies de l’information, est un des types de travail à l’étranger que le Canada a su attirer. Une étude pour le compte de Développement des ressources humaines Canada estime à 500 000 le nombre de travailleurs dans les centres d’appel canadiens. La plupart de ces emplois sont sensibles à l’évolution des coûts et peuvent devenir à risque à long terme, à mesure que les centres étrangers règleront les questions de risque et de qualité qui ont pour effet de déplacer actuellement une bonne part du travail des États-Unis vers le Canada. Implications et écart des savoirs • Il est actuellement impossible d’établir avec certitude si le bilan actuel des emplois en technologies de l’information • • • au Canada est positif ou négatif. Cependant, il est clair que les déplacements internationaux des emplois en technologies de l’information sont en train de changer de façon considérable le paysage du marché du travail dans ce milieu au Canada. Les emplois d’assistance technique et de codage sortent actuellement du Canada. Pendant les années 1990, ces emplois servaient souvent de postes pour débutants dans le marché du travail en technologies de l’information. Comme cette catégorie d’emplois rétrécit, il se peut que les entreprises doivent faire face à une augmentation du nombre de postulants en programmation qui auront reçu une formation théorique, mais qui manqueront d’expérience pratique. Les compétences de pointe et spécialisées deviendront plus importantes pour les professionnels des technologies de l’information, tout comme les compétences générales en affaires, en gestion de contrat et en gestion de projet. Il est possible que la concurrence de plus en plus grande en provenance des fournisseurs étrangers fasse croître en importance les firmes de logiciels canadiennes qui détiennent des certifications normatives reconnues internationalement comme les certifications ISO ou le niveau du modèle de stabilisation des capacités décerné par l’Institut de génie logiciel. Bien que le Canada réussisse à attirer du travail sensible à l’évolution des coûts tel que le travail en centres d’appel, on ne peut pas présumer que cette stratégie puisse se prolonger à long terme. Dans d’autres secteurs, la mondialisation a forcé l’industrie soit à devenir virtuelles, soit à se situer plus haut dans la chaîne de valeurs ajoutées. Une des leçons importantes que l’on peut tirer des autres pays de l’OCDE qui ont gardé chez eux d’importantes entreprises exportatrices de technologies de l’information est l’importance d’une industrie de logiciels locale où l’on cultive les compétences de base et l’entreprenariat. Celle-ci rend le pays attrayant pour les investisseurs directs étrangers haut de gamme, que ce soit par le biais de filiales ou d’entreprises en participation. rapports Revue des études publiées Table des matières Introduction ........................................................................................................................................................................................... 4 Nature et modèles récents du transfert à l’étranger en technologies de l’information ............................................. 5 Économies réalisées à pratiquer le transfert à l’étranger .................................................................................................... 10 Réticences quant au transfert à étranger en technologies de l’information ................................................................ 12 Ampleur des déplacements vers l’étranger des emplois en technologies de l’information ..................................... 14 Types d’emplois en technologies de l’information susceptibles d’être transférés à l’étranger .............................. 17 Le Canada et le déplacement vers l’étranger des emplois en technologies de l’information ................................. 20 Bibliographie ....................................................................................................................................................................................... 24 Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 3 Introduction Cette revue des études a été réalisée à la demande du Conseil des ressources humaines du logiciel (CRHL). L’objectif de cette revue est de faire une synthèse des études publiées sur les tendances des déplacements internationaux des emplois en technologies de l’information et, en particulier, de savoir comment ces tendances touchent l’emploi en technologies de l’information au Canada. Quatre types de documents ont été examinés : • journaux universitaires et professionnels; • études publiées par les entreprises de consultants; • articles publiés dans les revues spécialisées; • articles parus dans des magazines d’actualités comme le Financial Times, The Economist et le Business Week. À ce jour, aucune étude n’a été publiée par les gouvernements ou les agences internationales, bien qu’un rapport soit attendu du General Accounting Office des États-Unis1. La revue de la documentation s’efforce de résumer les publications sur quatre sujets : 1. la nature et l’histoire récente du transfert à l’étranger en technologies de l’information; 2. l’ampleur approximative et les tendances probables du transfert à l’étranger et, dans le cas du Canada, le bilan net probable des mouvements internationaux du travail en technologies de l’information; 3. les professions et les fonctions des technologies de l’information les plus 1 2 touchées ou susceptibles de l’être par le transfert à l’étranger; 4. les implications des tendances dans le transfert à l’étranger pour le marché du travail en technologies de l’information au Canada. Il est important de faire la distinction entre externalisation et transfert à l’étranger. Le terme externalisation signifie l’achat de services d’une entreprise sans lien de dépendance et qui se spécialise dans l’offre de services contractuels. Le terme transfert à l’étranger fait partie du vocabulaire journalistique.Aux fins de cette revue, nous utiliserons les termes transfert à l’étranger pour parler des mouvements du travail en technologies de l’information, qui sont motivés d’abord par le désir de trouver les coûts de production les plus bas possible. Selon cette définition, le travail en technologies de l’information qui se déplace des États-Unis vers le Canada a été transféré à l’étranger du point de vue états-unien. Un terme souvent rencontré dans ce cas est quasi-transfert. Une entreprise peut transférer du travail à l’étranger en achetant des services d’un fournisseur spécialisé situé à un endroit où les salaires sont bas ou en installant une filiale à un tel endroit. Dans ce dernier cas, le travail a été transféré à l’étranger, mais on ne peut pas parler d’externalisation. Cette revue se concentre sur le mouvement international des emplois en technologies de l’information, non pas sur le mouvement plus vaste des emplois en services de soutien ou en services directs à la clientèle. Les emplois en services de soutien comprennent les opérations administratives telles que les fonctions comptables, la gestion de la rémunération et des ressources humaines, le traitement des réclamations, l’enregistrement des transactions et l’entretien des systèmes d’archivage. Les emplois en services directs à la clientèle ont trait au travail en centre d’appel. (Le travail d’assistance technique en technologies de l’information, souvent assuré par l’intermédiaire des centres d’appel, est considéré comme faisant partie intégrante du travail en technologies de l’information.) Une grande proportion du travail déplacé à l’étranger consiste en emplois en services de soutien ou en services directs à la clientèle, non en travail en technologies de l’information. La recherche de Forrester, dont les projections de 3,3 millions d’emplois transférés à l’étranger en 2012 sont abondamment citées, prévoit que 14,2 % seulement de ces emplois transférés à l’étranger (472 000) feront partie des professions des technologies de l’information2. Une minorité d’emplois en technologies de l’information fait partie de la catégorie des emplois en services de soutien ou en services directs à la clientèle. Ces emplois en technologies de l’information sont susceptibles d’être transférés avec les fonctions auxquelles ils sont rattachés. Cependant, la très grande majorité des professions en technologies de l’information fait partie des fonctions essentielles de ces organisations, c’est-à-dire la réalisation et l’entretien de logiciels, l’aide aux utilisateurs de ces logiciels, la réalisation et l’aide quant aux applications Web, la conception de systèmes et l’intégration ainsi que le soutien à ces systèmes et ces réseaux. C’est le mouvement international de ces fonctions essentielles des technologies de l’information qui touche les recherches de compétences et les occasions d’emploi dans le marché du travail des technologies de l’information au Canada. Cette revue fera ressortir que relativement peu de recherches rigoureuses ont été publiées sur ces tendances. Le General Accounting Office a annoncé, le 8 août 2003, qu’il étudierait le déplacement des emplois en technologies de l’information des États-Unis vers des destinations étrangères. Parmi plusieurs mentions de cette annonce, voir Information Week, 11 août 2003 : « GAO to Study Offshore Outsourcing’s Impact ». Les prévisions de Forrester sont reprises dans plusieurs publications générales et spécialisées.Voir, par exemple, Business Week, 25 août 2003 4 rapports Nature et modèles récents du transfert à l’étranger en technologies de l’information Types de transfert à l’étranger Grosso modo, on distingue quatre types de transferts à l’étranger en technologies de l’information : 1. les filiales en propriété exclusive qui mettent au point des logiciels et maintiennent des fonctions d’aide; 2. la fourniture contractuelle de développement d’application et de fonctions de soutien; 3. la fourniture contractuelle de conception et d’intégration de systèmes ainsi que de soutien des réseaux et des infrastructures; 4. la fourniture contractuelle de services tributaires des technologies de l’information telles que la comptabilité, la gestion des archives, le traitement des réclamations, les centres d’appel, etc., également appelée impartition des processus administratifs. Les principaux centres où s’exerce le transfert à l’étranger sont l’Inde, l’Irlande et Israël. D’autres centres émergents se trouvent aux Philippines, en Chine et en Europe de l’Est, y compris la Russie. Le Canada est aussi un fournisseur important de services en technologies de l’information à l’endroit des États-Unis, tant par le biais de filiales en propriété exclusive que par la fourniture de contrats de services en technologies de l’information et des services qui en sont tributaires (notamment les centres d’appel). 3 4 5 6 7 8 L’Inde Les dernières évaluations indiquent que l’Inde accapare environ 80 % du marché de l’externalisation, mais qu’elle détient une proportion beaucoup plus faible du marché total de l’externalisation si l’on tient compte des activités des filiales en propriété exclusive3. Sahay situe l’apparition du transfert à l’étranger des technologies de l’information au moment où Texas Instruments a pris la décision d’ouvrir une filiale destinée au développement de logiciels dans la ville indienne de Bangalore en 19854. Bangalore se classe au cinquième rang des villes indiennes par sa population. En tant que centre du programme aérospatial indien, elle est devenue le point de chute des entreprises de haute technologies et des institutions d’enseignement professionnel orientées vers les technologies. Plusieurs autres filiales consacrées à la technologie ont suivi l’exemple de Texas Instruments. La plus étudiée d’entre elles a été le centre de développement implanté par Motorola en 1986. Le travail de développement de pointe effectué par Motorola à son usine de Bangalore a donné la recette de la viabilité du transfert à l’étranger des opérations de développement. Sahay estime que « le succès de Motorola a ouvert la porte au travail informatique en Inde5 ». La libéralisation économique de l’Inde, qui a débuté en 1991, a aussi éliminé d’anciens obstacles aux investissements étrangers6. Depuis le milieu des années 1980 jusqu’au début des années 1990, l’industrie exportatrice de technologies de l’information indienne était principalement stimulée par l’implantation, par les États-Unis ou par des multinationales établies en Europe, de filiales consacrées au développement dans le domaine de l’électricité ou de l’électronique. En 1991, les exportations de services contractuels en technologies de l’information ont presque atteint les 200 M $ (US)7. Après 1995, des géants du logiciel (par exemple Microsoft, SAP,Adobe, Quark) se sont implantés en Inde. Parallèlement à cette montée, des firmes de consultants établies en Inde ont entrepris d’offrir de la programmation sous contrat, surtout pour des entreprises états-uniennes. On peut compter actuellement en Inde plus de 3 000 entreprises exportatrices de logiciels, bien que 25 entreprises seulement cumulent 60 % des revenus d’exportation de l’industrie. L’association nationale du logiciel et des entreprises de services de l’Inde (National Association of Software and Service Companies, NASSCOM) estime que les exportations indiennes de logiciels et de services tributaires des technologies de l’information ont totalisé 9,9 milliards de dollars en 2002-2003. L’Amérique du Nord est responsable d’environ les deux tiers de ces exportations8. Les exportations de logiciels et de services tributaires des technologies de l’information représentent maintenant approximativement 20 % des exportations indiennes. Une caractéristique notoire de l’émergence de l’Inde dans le secteur mondial du logiciel est la capacité des firmes établies en Inde d’obtenir des certifications de calibre international. Palvia décrit le rôle que les certifications ISO 9000, du « Modèle de maturité » décerné par l’institut de génie logiciel et des certifications émises par Sigma Six dans l’industrie de l’impartition des processus administratifs et dans le Sahay S., Nicholson B. et Krishna S., Global IT Outsourcing : Software Development across Borders, Cambridge University Press (2003). op. cit. ibid. p. 13 Les règlements sur l’industrie du logiciel ont été adoucis en 1986.Voir Bajpai N. et Shastri V., Software Industry in India: A Case Study, Development Discussion Paper No. 667, Harvard Institute for International Development (1998) http://www.hiid.harvard.edu/pub/pdfs/667.pdf ibid. Tableau 1, p. 2 NASSCOM, Indian Software and Services Exports http://www.nasscom.org/artdisplay.asp?cat_id=314 Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 5 logiciel en Inde9. Il note aussi que l’Inde détenait en 2002 plus d’entreprises certifiées de niveau 5 pour leur modèle de stabilisation des capacités par l’Institut de génie logiciel que tout autre pays au monde. Malgré l’habileté des principaux fournisseurs indiens à obtenir des certifications normatives internationales, l’industrie indienne, prise globalement, présente un taux comparativement bas d’exportations par employé. Les neuf premiers fournisseurs indiens de services d’externalisation, qui détiennent la part du lion du marché, ont annoncé des exportations d’environ 4,2 milliards de dollars (US) réalisées avec une main-d’œuvre d’environ 98 000 travailleurs. Les exportation par employé se chiffraient environ à 43 000 $ (US) par employé, c’est-à-dire beaucoup moins qu’en Irlande et en Israël. La croissance rapide des industries exportatrices de technologies de l’information indiennes (de moins de 200 M $ (US) en 1992 à 9 875 M $ (US) en 2002-2003) a exercé une pression à la hausse importante sur les salaires des professionnels des technologies de l’information. CIO Magazine mentionne qu’en 2002, les salaires des professionnels des technologies de l’information en Inde se situaient à environ 10 % des salaires de leurs homologues aux États-Unis10. Cependant, Tata Consultancy, un des principaux fournisseurs de contrats de services en technologies de l’information en Inde, établit la différence des coûts de main-d’œuvre en 2004 à environ 25 % à 40 % pour les programmeurs avec cinq ans d’expérience11. La presse et les revues spécialisées mentionnent qu’en Inde, on a noté des augmentations de salaire dans les 10 % et plus pour les professionnels indiens des technologies de l’information au cours des 3 à 5 dernières années, comparativement à des salaires stables ou même en régression 9 10 11 12 13 14 15 16 aux États-Unis. En effet, la tension sur les coûts en Inde force maintenant les principales firmes indiennes à transférer en Chine leurs activités d’impartition des processus administratifs. Il est important de bien garder en mémoire ces changements rapides dans les coûts relatifs de la main-d’œuvre. Plusieurs des prédictions les plus pessimistes des tendances du transfert à l’étranger semblent basés sur des coûts relativement stables pendant la période entière de la prédiction. L’Irlande L’Irlande est devenue un point d’attraction aux États-unis pour la conception de logiciels. Selon certaines évaluations, les exportations irlandaises de services de logiciels dépassaient jusqu’à tout récemment celles de l’Inde12. Selon Sahay, environ 60 % des logiciels produits par l’Union européenne le sont en Irlande. L’OCDE estime que l’Irlande était en 2000 le plus grand exportateur de logiciels au monde, déclassant même les États-Unis13. L’industrie du logiciel représente environ 11 % du produit national brut irlandais. Environ 55 % des 28 000 professionnels irlandais des technologies de l’information sont à l’emploi de 140 filiales étrangères, qui ont implanté des centres de développement et de production en Irlande. Ces filiales génèrent 90 % des exportations irlandaises de logiciels. En 2002, 19 des 25 premiers producteurs de logiciels faisaient affaire en Irlande. En 2002, les exportations par employé des filiales de multinationales se situaient approximativement à 700 000 $. ComputerWorld estimait en 2002 le salaire moyen d’un programmeur irlandais professionnel possédant une expérience moyenne à environ 23 500 $ (US), et à 40 000 $ (US) pour les programmeurs chevronnés. On a avancé des évaluations semblables dans une enquête sur l’externalisation parue en 2003 dans neoIT14. ComputerWorld a estimé ces salaires à environ 30 % à 40 % de ceux des professionnels équivalents aux États-Unis (et un peu au-dessous des salaires au Canada)15. Bien que de tels salaires confèrent un avantage compétitif évident à l’industrie irlandaise, cela ne permet tout de même pas à l’Irlande de soutenir la concurrence avec l’Inde pour ce qui est du travail à fort coefficient de main-d’œuvre de codage et d’impartition des processus administratifs. Le Conseil de l’investissement et du commerce du Royaume-Uni dresse le tableau suivant de l’industrie irlandaise : apprentissage en ligne et médias numériques (33 %); outils logiciels et logiciels d’exploitation (26 %); finances et transactions bancaires (19 %); télécommunications (13 %) et l’Internet (9 %)16. L’industrie irlandaise du logiciel se concentre sur le développement d’applications de logiciels commerciaux destinés à la vente, non sur la programmation personnalisée ou sur le soutien d’applications. La localisation des applications de logiciels pour le marché européen revêt une importance particulière pour l’industrie irlandaise. Enterprise Ireland compare ainsi l’industrie du logiciel irlandaise avec celle de l’Inde : « La différence entre l’Irlande et l’Inde est particulièrement frappante. L’Inde a établi sa réputation sur la capacité de ses ingénieurs en logiciels à programmer des systèmes sur commande, surtout en tant que sous-contractuels de corporations états-uniennes et européennes, souvent en installant les ingénieurs directement dans les bureaux du client. L’Irlande, au contraire, produit et vend des produits finis et n’entre pas en compétition avec l’Inde (ni avec personne Palvia, Shailendra,“Global Outsourcing of IT and IT Enabled Services: Impact on US and Global Economy,” JITCA, vol. 5, No 3, (2003) p. 9-10 “India Winning Higher Status Jobs from US,” Christian Science Monitor (18 juin 2003) reprise de CIO Magazine, 15 novembre 2002.Voir aussi CNET News.com, 29 mars 2004,“Will India Price Itself out of the Offshore Market?” Information Week, 5 janvier 2004,“What’s Next for India?” Sahay, op. cit. évalue les exportations irlandaises de logiciels à 8 milliards de dollars (US) en 2000. OCDE, Information Technology Outlook, 2002, Tableau 5, p. 38 NeoIT, Mapping Offshore Markets (avril 2003) cité dans Sourcing Interest Group, Research Report: Offshore Outsourcing – Part I: State of the Industry (2003) Computerworld, 15 septembre 2003, http://www.american.edu/initeb/js5518a/Country-analysis-ireland.html UK Trade & Investment web site: http://www.tradepartners.gov.uk/software/ireland2 /profile/characteristics.shtml 6 rapports d’autre) pour le travail fait sur commande. Israël se situe plus près du modèle irlandais, mais il ne s’y fait pas de localisation17 » . Israël En 2002, l’industrie du logiciel en Israël a généré des exportations d’environ 1,9 milliard de dollars (US) et donné de l’emploi à quelque 15 000 personnes18. Plusieurs grands producteurs de logiciels des États-Unis ont établi des filiales de développement en Israël, y compris les firmes Sun, IBM, Motorola, HP, Intel et Silicon Graphics. Intel a mis au point sa puce MMX en Israël et y possède trois usines. Breznitz compare l’industrie du logiciel israélienne avec l’industrie indienne et irlandaise19. À la différence de l’industrie indienne, celle d’Israël ne s’engage pas très loin dans la programmation par contrat ni dans l’impartition des processus administratifs. À la différence de l’industrie irlandaise, le rôle des filiales des entreprises de logiciels étrangères est resté secondaire. En fait, la majorité des exportations de logiciels israéliennes provient d’entreprises locales qui ont mis au point des produits informatiques destinés au marché international.Ainsi, comme Israël est un lieu important de transfert à l’étranger pour la mise au point de logiciels, la prépondérance de l’industrie du logiciel israélienne ne peut pas correspondre précisément à la définition du transfert à l’étranger, dans le sens habituel des emplois en technologies de l’information qui se déplacent de régions où les salaires sont élevés vers des pays où les salaires sont bas. Pour des raisons de sécurité, Israël a encouragé l’industrie locale du logiciel. Une proportion élevée de ces firmes est cotée à l’indice NASDAQ. Cette industrie 17 18 19 20 21 22 23 24 israélienne se concentre sur les applications d’entreprises, les logiciels d’exploitation, les logiciels de communication, la sécurité des données et des activités Internet ainsi que sur l’intégration avec les systèmes matériels. Israël est aussi reconnu comme un centre de vérification de logiciels. En plus des activités des filiales qui se sont établies en Israël, la dimension de transfert à l’étranger de l’industrie israélienne est associée aux alliances commerciales avec les grandes firmes internationales, qui utilisent ces alliances pour avoir accès aux talents de programmation israéliens. Ces alliances semblent motivées par des considérations techniques plutôt qu’économiques. Les exportations des entreprises exportatrices se situaient à environ 300 000 $ (US) par employé, en 2002-2003. Autres centres de transfert à l’étranger Parmi les autres centres de transfert à l’étranger en émergence dignes de mention, citons les Philippines, l’Europe de l’Est (y compris la Russie) et la Chine. Bien que les magazines spécialisés en commerce et la presse générale leur aient accordé beaucoup d’attention, le nombre réel d’emplois à l’étranger dans ces centres est relativement bas. Cependant, l’attention se concentre sur leur potentiel de croissance. Sahay estime que le travail à l’étranger en technologies de l’information aux Philippines ne représentait qu’environ 200 M $ (US) en 2000. ComputerWorld mentionne des évaluations plus récentes à 1,0 milliard de dollars (US)20, estimant à 350 M $ (US) la valeur du travail effectué en 2003 sur des logiciels dans un cadre d’externalisation21. Cependant, ces évaluations comprennent la valeur de l’impartition de processus administratifs, principalement des centres d’appel, ce qui représente en soi relativement peu d’emplois en technologies de l’information. En effet, l’impartition des processus administratifs est considérée par les principales firmes de consultants en externalisation, telle neoIT Inc., comme le point de convergence du développement à l’étranger aux Philippines22. CIO Magazine place les Philippines au second rang après l’Inde quant au coût d’impartition des processus administratifs23. FedEx, North West Airlines, Proctor & Gamble et ChevronTexaco ont tous déménagé des services de processus administratifs aux Philippines. Cependant, OffshoreIToutsourcing.com estime que l’industrie du logiciel aux Philippines n’a pas atteint la dimension critique qui lui permettrait de fournir la main-d’œuvre compétente requise par les firmes étrangères. L’entreprise fait remarquer qu’en 2002, les Philippines ne pouvaient fournir que 10 000 programmeurs et abritaient seulement 30 entreprises de technologies de l’information proprement philippines. Bien que des entreprises de technologies de l’information, comme Intel et Motorola, s’y soient établies, il s’accomplit peu de travail en technologies de l’information dans ces établissements. L’Europe de l’Est, y compris la Russie, est considérée par plusieurs observateurs comme un bassin potentiel de programmation externalisée. Cependant, l’envergure actuelle du travail externalisé en Europe de l’Est et en Russie est considéré comme modeste. OffshoreIToutsourcing.com considère que la Russie exporte seulement entre 60 et 100 M $ (US) de programmation.Sahay propose une évaluation semblable pour l’année 2000.ComputerWorld place la valeur de l’externalisation vers la Russie en 2002 entre 150 et 200 M $ (US)24. L’article précise que « l’acceptation de la Russie comme lieu d’externalisation s’est Enterprise Ireland website: http://www.nsd.ie/htm/ssii/back.htm Israeli Association of Electronics Industries web site: http://www.iaei.org.il and Israeli Association of Software Houses web site http://www.iash.org.il Breznitz, Dan, The Military as Public Space: The Role of the IDF in the Israeli Software Innovation System, MIT IPC Working Paper No 02-005 http://web.mit.edu/ipc/www/02-005.pdf Computerworld, 15 septembre 2003,“Philippines: Low Cost, but High Risk” Computerworld, 15 septembre 2004,“Country Analysis: Philippines” Sourcing Interests Research Group, Offshore Sourcing: Part I (2003) CIO Magazine, 15 novembre 2002,“A Buyer’s Guide to Offshore Outsourcing” Computerworld, 15 septembre 2003,“Russia and Eastern Europe” Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 7 faite avec tiédeur. Le pays est largement perçu comme ayant une économie instable et une infrastructure technologique inadéquate ». Intel, Motorola et Sun ont entrepris des travaux de développement en Russie, chacun ayant à son emploi entre 200 et 300 programmeurs. Sahay estime que les entreprises de l’Europe de l’Ouest sont les plus susceptibles de faire appel aux talents de programmeurs russes et que l’Europe de l’Est peut devenir une source de talents en programmation à coût abordable pour les entreprises d’Europe de l’Ouest. ComputerWorld évaluait le total de l’industrie chinoise de l’externalisation des technologies de l’information et de l’industrie tributaire, y compris l’impartition des processus administratifs, à 1,5 milliard de dollars (US) en 2002-200325. Gartner inc. a avancé que la Chine sera « la prochaine Inde » dans le domaine de l’externalisation. Gartner s’attend à ce que la Chine atteigne cette position entre 2007 et 2010 avec une externalisation qui pourrait atteindre les 27 milliards de dollars (US) en 200726. Gartner estime que le travail informatique externalisé et accompli en Chine pourra atteindre 5,0 milliards de dollars (US) en 200527. Pour mettre ces prévisions en perspective, on doit rappeler que la valeur du travail transféré à l’étranger en Inde est actuellement d’environ 9 milliards de dollars (US). Les assises des prévisions de Gartner ne sont pas si certaines. On trouve bien sûr plusieurs exemples d’entreprises de premier plan qui s’établissent en Chine. Accenture Ltd. a installé une unité de développement de logiciels dans la ville portuaire septentrionale de Dalian et soutient qu’elle va bientôt employer jusqu’à 1000 personnes. Bearing Point inc. (anciennement KPMG Consulting) cherche à quadrupler le personnel de son centre de Shanghai pour compter 600 employés à la fin de 200428. Quelques-unes des plus 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 grandes entreprises d’externalisation établies en Inde ouvrent des bases d’opérations en Chine pour avoir accès à son bassin de main-d’œuvre à bon marché en technologies de l’information. Gartner prévoit que les entreprises indiennes devraient contrôler 40 % des exportations chinoises de services en technologies de l’information. On doit aussi prendre note que la Chine peut s’avérer plus attrayante comme pivot d’externalisation pour les entreprises établies en Asie. Business Week faisait remarquer que « jusqu’à maintenant, le rôle de la Chine se concentre sur l’offre de services de soutien aux entreprises de services financiers, de télécommunication, de logiciels et de détail des pays asiatiques voisins. Leurs dirigeants peuvent facilement s’entretenir avec les gens de Hong-Kong et de Taiwan dans leur propre langue. Il y a aussi, en Chine, une foule de personnes qui connaissent le japonais et le coréen »29. À propos du marché de la programmation de logiciels à l’étranger, Network World mentionne que la Chine est particulièrement compétente avec Linux et pourrait prendre une part plus importante du marché de l’externalisation à mesure que Linux gagne du terrain30 . Les prévisions spectaculaires d’externalisation vers la Chine pourraient être cependant exagérées. Business Week note que, contrairement à l’Inde, « aucun rival chinois de taille aux entreprises d’externalisation multinationales n’a encore vu le jour » 31. Plusieurs prévisions mentionnent l’infrastructure en télécommunications peu développée de la Chine, la pénétration limitée de la langue anglaise en Chine et la rareté relative de ressources humaines dans le domaine des technologies de l’information, mais elles omettent de tenir compte de ces contraintes dans leurs calculs. L’expérience de Microsoft laisse estimer que ces contraintes sont importantes et que des prévisions spectaculaires à propos de l’industrie de l’externalisation en Chine devraient être considérées avec un certain scepticisme, sinon comme prématurées. Microsoft a exprimé ses frustrations quand elle a essayé de recruter 100 ingénieurs informatiques pour son Centre de technologies de pointe à Beijing. L’entreprise a fait passer 3 000 examens à un lot de 120 000 postulants. Une fois les entrevues techniques achevées, Microsoft a pu retenir 70 personnes qualifiées32. ComputerWorld a attribué la cote « basse » à la capacité de la Chine à fournir les compétences nécessaires aux technologies de l’information. La Chine s’est classée au 48e rang et l’Inde, en comparaison, au 5e rang33. ComputerWorld a noté également que les rares ressources humaines en technologies de l’information seront accaparées par l’industrie locale, ce qui laisse peu de surplus pour les étrangers intéressés à s’y installer. L’analyse de ComputerWorld sur la Chine ajoute encore : « Le plus grand problème de maind’œuvre de l’industrie chinoise des technologies de l’information réside dans un réel manque d’architectes de systèmes, de concepteurs et de gestionnaires de projet de fort calibre. Les programmes de génie universitaires continuent de mettre l’accent sur les champs d’ingénierie traditionnelle au lieu des sciences informatiques. Résultat : les programmeurs chinois n’ont pas les compétences techniques requises pour faire de l’analyse systématique et de la conception de logiciel. Cela limite la présence des entreprises chinoises dans l’univers de l’externalisation du logiciel, malgré les salaires relativement bas »34. ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: China” InfoWorld, 17 janvier 2002,“Gartner Looks to China” Business Week, 11 août 2003,“Move over India; China is rising fast as a serious outsourcing hub” Business Week Online, 4 août 2003,“Outsourcing: Make way for China” op. cit. Network World, 25 août 2003,“Taking IT Offshore” op. cit. Asian Labour News, 30 mars 2004,“China: The Next IT Outsourcing Hotspot?” ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: India” ibid. 8 rapports Résumé du paysage étranger Le tableau 1 résume les évaluations portant sur l’envergure du marché et les caractéristiques principales des principaux centres à l’étranger. Tableau 1 Le paysage étranger Centres étrangers a b c d e f h Valeur approximative de l’externalisation de logiciels et de processus administratifs Caractéristiques de l’activité à l’étranger Inde 9,9 milliards de dollars Logiciel (2002-2003)a 2,4 milliards de dollars Processus administratifs (2002-2003)a Irlande 3,8 milliards de dollars (2000)b 8,5 milliards d’Euros (2003)c Israël 1,9 milliard de dollars (US) (2002)d Philippines 350 milliards de dollars (US) Logiciel (2003)e 1,0 milliard de dollars (US) en comptant les processus administratifsf Europe de l’Est et Russie Russie: 150 à 200 M $ (US) (2003)g Chine 1,5 milliard de dollars (US)h • Surtout programmation à contrat et soutien des applications, particulièrement des systèmes patrimoniaux. • Aussi présence importante de filiales de fabricants internationaux de logiciels et d’ordinateurs. • Présence indienne importante sur le marché de l’impartition des processus administratifs. • Surtout filiales de grands fabricants de logiciels étrangers – importance particulière accordée aux logiciels destinés au grand public. • Domine le marché sur le territoire européen pour ce qui est des produits informatiques internationaux. • Surtout marché de composantes informatiques produites localement et destinées au segment haut de gamme du marché. • Présence occasionnelle de filiales des principaux fabricants de logiciels et d’ordinateurs. • Surtout impartition des processus administratifs. • Présence négligeable de programmation à contrat. • Contrainte causée par l’envergure limitée de l’industrie locale du logiciel • Surtout programmation à contrat. • L’accent est mis sur le marché de l’Union européenne. • Surtout programmation à contrat, souvent en sous-contrat pour des entreprises indiennes. L’accent est mis sur le marché asiatique • Présence de plus en plus grande de l’externalisation des processus administratifs. • Contrainte imposée par la rareté des ressources humaines en technologies de l’information. Association nationale du logiciel et des entreprises de service (INDE) OCDE, Survol de l’information en technologie, 2000 Association irlandaise du logiciel, Budget, 2004 Association israélienne des entreprises de l’électronique et Association israélienne des maisons du logiciel ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Philippines, Low Cost, but High Risk” ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: Philippines” ComputerWorld, 15 septembre 2003,“Country Analysis: China” Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 9 Économies réalisées à pratiquer le transfert à l’étranger La raison évidente qui suscite le mouvement d’externalisation du travail en technologies de l’information vers des centres étrangers est la réduction des coûts de production. D’autres raisons sont parfois évoquées qui ont trait à l’externalisation en soi, comme orienter une entreprise sur ses compétences essentielles ou aller chercher des compétences introuvables localement. Le motif invoqué pour s’approvisionner à l’extérieur, par opposition à localement, est presque toujours une question de réduction des coûts. Carmel et Agarawal parlent de la réduction des coûts comme le facteur de loin le plus important dans la décision des grandes entreprises d’aller à l’étranger 35. Coward confirme cette affirmation chez les moyennes entreprises36.Vers la fin des années 1990, le manque de compétences spécialisées en technologies de l’information a été aussi considéré comme une cause, bien que sans commune mesure avec la réduction des coûts.Aux États-Unis, les procédures de visa H-1B permettaient aux entreprises d’importer des travailleurs compétents afin de leur confier des tâches en technologies de l’information. Les entreprises qui ont préféré exporter leur travail en établissant des filiales à l’étranger ou en offrant de la programmation à contrat ont choisi une stratégie à l’étranger plutôt qu’une stratégie d’embauche. Le coût a vraisemblablement été le facteur déterminant dans la décision d’aller à l’étranger. 35 36 37 38 39 40 L. Bouchard, de Gartner inc., parlait d’une réduction des coûts de l’ordre de 43 % au congrès de TECHNOCompétences tenu à Montréal le 22 janvier 2004, mais cela ne constitue pas nécessairement une moyenne 37. DiamondCluster International mentionne dans son étude sur l’externalisation de 2004 que « la plupart des acheteurs décrits dans l’étude précédente s’attendaient à faire des gains de rendement de l’ordre de 50 %.Aujourd’hui, ces attentes sont tombées entre 10 % à 20 % »38. De même, le Groupe META, une firme de consultants en approvisionnement extérieur en technologies de l’information, mentionnait plus tôt cette année que « les entreprises de technologies de l’information prennent souvent pour acquis que l’arbitrage du travail va mener à des économies semblables à une comparaison de personne à personne, mais elles ne tiennent pas compte des coûts cachés et de la différence des modèles opératoires. Par exemple, l’hypothèse pourrait être qu’un équivalent de plein temps en Inde va coûter 40 % de moins. La réalité démontre que l’économie réalisée est de l’ordre de 15 % ou de 20 % au cours de la première année39. CIO Magazine donnait comme indicateur d’une tendance réelle l’exemple de United Technologies, une entreprise expérimentée dans l’externalisation, qui avait atteint des économies tout juste supérieures à 20 % en Inde40. Carmel E. et Agarwal R., Offshore Sourcing of Information Technology Work by America’s Largest Firms, Technical Report, Kogod School,American University (Washington, D.C.) (2000) Coward, Christopher T.,“Looking beyond India,” EJISDC, (2003) 13, 11, p. 1-12 TECHNOCompétences, La migration des emplois en TI vers des économies émergentes : avantages et défis pour le Québec – Conférence (Montéal, 22 janvier 2004) DiamondCluster International, 2004 Global IT Outsourcing Study (printemps 2004) Cité à http://finance.pro2net.com/x42215.xml CIO Magazine, 1er septembre 2003,“The Hidden Costs of Offshore Outsourcing” 10 rapports Le Tableau 2 dresse un portrait des économies réalisées par le transfert à l’étranger, fondé sur les déclarations de divers consultants en externalisation. Comme le montre le Tableau 2, les économies proviennent de deux sources. La première est formée par les coûts de main-d’œuvre moins élevés : habituellement entre 25 % et 70 % des coûts états-uniens pour la programmation de logiciels et entre 15 % et 60 % pour l’impartition des processus administratifs. La deuxième source est la réduction des coûts d’exploitation et des frais généraux associée à l’externalisation des fonctions. Ces économies, on doit le noter, pourraient aussi bien être réalisées en externalisant au sein du même pays. Les consultants en externalisation soulignent aussi les coûts supplémentaires d’exploitation et de gestion afférents à l’externalisation à l’étranger. Il s’agit des coûts élevés des télécommunications et des frais de voyages des cadres vers les établissements à l’étranger. Les frais de sélection des fournisseurs peuvent aller de 0,2 % à 2,0 % et s’appliquent souvent sur toute la durée du contrat. CIO Magazine évalue les « frais cachés » du déménagement à l’étranger des postes en technologies de l’information entre 15 % et 57 % de la valeur du contrat41. Tout bien calculé, les économies possibles réalisées par le transfert de travail à l’étranger des postes en technologies de l’information se situent entre 15 % et 65 %. Les ténors du transfert à l’étranger citent souvent des exemples ou des scénarios dans lesquels les économies se situent dans la partie supérieure de cette fourchette. Cependant, les économies moyennes tombent entre 20 % et 40 %, selon le genre de travail transféré à Tableau 2 : Économies réalisées par le transfert à l’étranger Répartition des coûts : fournisseur local42 Main-d’œuvre Autres frais d’exploitation et frais généraux Total des coûts Économies réalisées par le transfert à l’étranger 75 % 25 % 100 % Main-d’œuvre à l’étranger Autres frais d’exploitation et frais généraux Frais additionnels d’exploitation et de gestion Total des coûts Fourchette d’économies potentielles Économies moyennes 15 % à 50 % 5 % à 10 % 15 % à 25 % 35 % à 85 % 15 % à 65 % 20 % à 40 % l’étranger. Les articles des magazines spécialisés estiment que les économies dans la programmation se rapprochent de 20 % et, pour l’impartition des processus administratifs, se situent encore aux alentours de 40 %. Le travail d’entretien et de soutien des systèmes patrimoniaux permet des économies à mi-chemin entre les deux autres, c’est-à-dire aux environs de 25 % ou 30 %. On doit noter que ces estimations sont calculées à partir des coûts aux États-Unis, non de ceux du Canada, où les économies comparables seraient moindres dans la plupart des cas. Cela expliquerait la rareté des articles sur l’externalisation à l’étranger dans la presse spécialisée. Une des conclusions que l’on peut tirer du Tableau 2 est qu’une partie importante des économies réalisées par l’externalisation est attribuable au fait même de s’approvisionner à l’extérieur. Il est important dès lors de ne pas confondre les incitations à l’externalisation et les incitations à déplacer le travail à l’étranger. Bien que l’externalisation et le transfert à l’étranger soient deux phénomènes voisins, ils demeurent soumis à des coûts différents et à une évaluation différente des risques. 41 ibid. Les frais cachés relevés par CIO Magazine comprennent : Scénario optimiste Choix du vendeur 0,2 % Transition 2,0 % Coûts des licenciements 2,0 % Productivité perdue / problèmes culturels 3,0 % Amélioration des procédés de développement pour atteindre les normes ISO et du modèle de stabilisation des capacités 1,0 % Gestion de contrat 6,0 % Total 15,2 % 42 Scénario pessimiste 2,0 % 3,0 % 5,0 % 27,0 % 10,0 % 10,0 % 57,0 % La part des coûts de main-d’œuvre provient de KPMG, Competitive Alternatives (Cost Study, 2004) for advanced software development in a US location Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 11 Réticences quant au transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information Les économies tirées de l’externalisation ne sont pas exemptes de risques. Les décisions à cet effet doivent donc reposer tant sur une évaluation des risques que sur l’estimation des économies espérées. Les principaux risques ont trait à la qualité et à la sécurité. Le transfert à l’étranger augmente encore ces risques. Les autres contraintes touchent la connaissance de la langue anglaise nécessaire à certains types d’impartition des processus administratifs ainsi que le décalage horaire là où la gestion des projets et la coordination des activités prennent leur importance. Des mesures réglementaires aux États-Unis pourraient aussi venir affecter l’externalisation à l’étranger ou toute espèce de transfert à l’étranger de données du secteur public. Les réactions du public aux États-Unis pourraient également affecter négativement le transfert à l’étranger des services directs à la clientèle. Il faut souligner que le risque représente un facteur économique aussi important que les économies. Les décisions d’affaires se prennent en tenant compte du risque. En effet, c’est le faible risque (perçu ou réel) qui rend le Canada compétitif dans certains domaines de la programmation de logiciels et des services reliés aux processus administratifs, malgré des coûts de la main-d’œuvre nettement plus élevés qu’en Chine ou qu’en Inde. Risques associés à la qualité Les risques associés à la qualité varient selon le type de travail externalisé en technologies de l’information. Dans le secteur de la programmation, le risque 43 44 peut se traduire par un logiciel moins performant ou, dans les pires cas, truffé de bogues. Business Week donne des exemples de travail de programmation transféré à l’étranger où ces risques se sont concrétisés et où le résultat a coûté plus cher que de faire le travail au pays : « Keith Franklin, président d’Empowered Software Solutions à Burr Ridge dans l’Illinois, ne jure que par l’externalisation à l’étranger. Cela signifie plus de travail pour son entreprise de 40 personnes. L’an dernier seulement, Empowered Software Solutions, qui se spécialise dans le développement d’applications pour la plate-forme de services Web.Net de Microsoft, a annoncé des revenus de 500 000 $ tirés de la réparation de logiciels bogués conçus en Inde. Empowered Software Solutions a mis cinq mois à remettre d’aplomb une application de portail Web truffée de pépins. La majorité des pages du site n’étant pas interreliées, cela fait des mises à jour un cauchemar. De plus, certaines parties du code étaient manquantes. Le travail mal fait ne coûte pas moins cher pour autant. L’entreprise indienne a demandé plus d’un million de dollars; Franklin soutient qu’il aurait pu faire le travail pour 900 000 $, ici même, aux États-Unis »43. Business Week rapporte les propos d’une firme de logiciels établie dans l’Illinois, Empower Software Systems, qui estime que les programmes fabriqués à l’étranger ont de 35 % à 40 % plus de bogues que les logiciels produits aux États-Unis. Réparer des erreurs, même petites, peut coûter jusqu’à dix fois plus cher une fois que le programme est écrit qu’au moment de sa conception. Certains projets peuvent aussi être retardés ou, dans certains cas, être abandonnés. Les coûts du retard peuvent être élevés, surtout si le délai de mise marché est mis en cause, en raison de la très grande concurrence dans le secteur. Les programmeurs contractuels étrangers cherchent à atténuer la nature et la perception des risques liés à la qualité en adoptant des normes reconnues internationalement, comme ISO 9000 et le modèle de stabilisation des capacités. Les risques liés à la qualité et aux délais de livraison sont beaucoup moins importants quand il s’agit d’entretien et de soutien aux applications patrimoniales. En effet, dans le domaine du logiciel, de telles fonctions sont les premières à prendre la voie de l’externalisation à cause du faible degré de risques liés à la qualité qui leur est associé. Ceci est particulièrement important puisque plusieurs entreprises consacrent plus de 70 % de leurs budgets alloués aux technologies de l’information à l’entretien et au soutien des systèmes patrimoniaux44. Risques associés à la sécurité Il existe trois sortes de risques associés à la sécurité. La première se rapporte aux droits de propriété du logiciel élaboré par des programmeurs étrangers. Pour plusieurs entreprises de logiciels, les droits sur le capital intellectuel représentent une partie importante des actifs intangibles dans leur bilan. La Business Week Online, 29 octobre 2003,“The Hidden Costs of IT Outsourcing” Business Week, 1er mars 2004,“Outsourcing isn’t a Zero-Sum Game” 12 rapports programmation à l’étranger peut mettre ces droits en danger si la programmation est réalisée par un programmeur soustraitant45. Ces risques sont jusqu’à un certain point atténués par les dispositions des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce définis par l’Organisation mondiale du travail. En principe, la Chine et l’Inde y adhèrent toutes deux. La réalité, cependant, montre bien que dans beaucoup de pays, les normes juridiques sont appliquées avec moins de rigueur qu’aux États-Unis. C’est particulièrement le cas en Chine et en Inde. Teran fait la remarque suivante : « Quelques-uns des principaux bénéficiaires des investissements directs étrangers dans le secteur du logiciel font preuve du pire laxisme malgré les changements apportés dans la réglementation officielle du pays afin d’étendre la portée de la protection de la propriété intellectuelle. La Chine, l’Inde, la Corée et Taiwan sont des exemples de cette tendance »46. Les droits de propriété intellectuelle sont fondamentalement plus vulnérables dans les contrats de programmation que lorsque que cette dernière est réalisée par une filiale en propriété exclusive. Le deuxième type de risque lié à la sécurité touche la sécurité des données. Certaines données, comme celles qui ont trait à l’impôt ou à la santé, peuvent être soumises à des restrictions juridiques. Les lois sur la protection de la confidentialité augmentent les contraintes des entreprises nord-américaines qui confient le traitement de leurs données à des entités étrangères47. Certaines entités juridiques, 45 46 47 48 49 50 51 comme le Québec, restreignent l’exportation des données personnelles48. Il pourrait servir de modèle à d’autres en cette matière49. D’autres types de données, comme les données relatives à la clientèle ou les données d’analyse de marché, peuvent causer préjudice aux intérêts d’une entreprise si elles devaient se retrouver entre des mains malveillantes. En terminant, les systèmes distants sont automatiquement plus à risque de perturbations lors du transport par Internet. Ces risques peuvent devenir particulièrement importants dans le commerce électronique et dans les applications où les données doivent être disponibles immédiatement, comme lors des transactions financières. Contraintes de langue et de fuseau horaire Certains types d’impartition des processus administratifs dépendent grandement des compétences en anglais. Cet aspect a joué en faveur des Philippines en attirant le travail dans les centres d’appel, mais a autrement freiné la possibilité des entreprises nordaméricaines d’externaliser vers des lieux étrangers, des fonctions de services de haut de gamme direct au client. Le décalage horaire est vanté par les consultants en externalisation comme une possibilité supplémentaire pour les entreprises de travailler 24 heures par jour et, par conséquent, de réduire les délais de mise en marché. Mais le décalage horaire peut rendre plus difficile la gestion de projets. La plupart des grandes entreprises multinationales ont mis au point les systèmes de gestion de projet nécessaires pour coordonner des projets dans des lieux et des fuseaux horaires différents. Ce degré de compétence en gestion de projet se rencontre moins souvent dans les petites et les moyennes entreprises qui sont les plus nombreuses dans l’industrie du logiciel. Il n’est donc pas surprenant que la coïncidence des fuseaux horaires soit un des atouts concurrentiels mis de l’avant par les firmes d’externalisation canadiennes prospères. Contraintes réglementaires et réaction du public L’attention que les médias ont accordée récemment à l’externalisation à l’étranger a suscité un certain nombre de projets de loi en vue d’y mettre des limites. Le site Internet de la National Foundation for American Policy dresse une liste de 13 projets de loi en préparation au palier fédéral50. La nature de ces mesures législatives est variable. Par exemple, plusieurs États étudient des propositions visant à interdire l’externalisation à l’étranger des contrats gouvernementaux. Une proposition à l’étude au New Jersey demanderait aux employés des centres d’appel de donner leur nom, l’identité de leur employeur et leur lieu de travail lors des appels téléphoniques ou des envois par courriel. D’autres États parlent d’incitations monétaires pour que le travail soit maintenu aux États-Unis51. Alors que seule une poignée de projets législatifs ont avancé de façon appréciable aux États-unis, en se frayant un chemin dans les dédales des approbations aux niveaux législatif et exécutif, il semble vraisemblable, étant donné le nombre de projets en suspens, que les règlements sur les transferts de données internationales et les externalisations par les États-Unis vont se resserrer. CSO Magazine Online, novembre 2003,“Big Savings, Big Risks” Teran, Horatio,“Intellectual Property Protection and Offshore Software Development,” Minnesota Intellectual Property Review, 1 (2001) p. 4 ComputerWorld, 23 février 2004,“Offshore Outsourcing Poses Privacy Perils” Québec, An Act respecting the protection of personal information in the private sector, 1993 Voir, par exemple, Greenleaf, Graham, Global Protection of Privacy in Cyberspace - Implications for the Asia-Pacific, Science and Technology Law Centre, (Taipei, Taiwan) 16 juin 1998.Voir aussi Bennett, Colin J., Prospects for an International Standard for the Protection of Personal Information: A Report to the Standards Council of Canada (août 1997) National Foundation for American Policy, Global Sourcing Information web site: http://www.nfap.net/researchactivities/globalsourcing InformationWeek, 19 mars 2004,“Pennsylvania Governor Proposes Incentives To Stem Loss Of Jobs To Offshore Outsourcers” Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 13 Ampleur des déplacements vers l’étranger des emplois en technologies de l’information Les évaluations et les prévisions dont il sera question dans ce chapitre s’appliquent aux États-Unis. Les rares données sur la situation au Canada seront abordées plus loin. Cependant, les tendances états-uniennes servent souvent d’indicateurs pour le Canada et méritent dès lors notre attention. Il existe deux sortes de mouvements du travail à l’étranger en technologies de l’information. La première passe par les filiales en propriété exclusive, la seconde par des tierces parties contractuelles. Il est impossible de dresser de tableau ou de prévision quant au nombre d’emplois transférés à des filiales à l’étranger. Cependant, il existe des estimations et des prévisions quant à la part du travail externalisé en technologies de l’information qui sera déplacé vers des fournisseurs à l’étranger. Établir des estimations et des prévisions de ces tendances est un processus en deux étapes qui demande d’abord une estimation de la part du travail en technologies de l’information qui sera externalisé et, en deuxième lieu, une estimation de la proportion de ce travail qui sera transféré à des sites à l’étranger. Externalisation des emplois en technologies de l’information (aux États-Unis) 385 milliards de dollars (US) en 200352. L’Information and Technology Association of America considère que les dépenses effectuées par les entreprises états-uniennes dans le domaine des logiciels et des services en technologies de l’information s’élevaient aux environs de 434 milliards de dollars (US) en 200353. Si on ajoute 10 % à 12 % pour les dépenses effectuées par le secteur public (une proportion avancée par IDC), le total se situe entre 475 et 500 milliards de dollars (US). En 2002, IDC estimait que la valeur des dépenses en technologies de l’information dans l’économie états-unienne était approximativement de 367 milliards de dollars (US) et pourrait grimper à Les évaluations de la proportion des dépenses externalisées en technologies de l’information aux États-Unis varient. De plus, la définition à laquelle on doit adhérer pour évaluer le marché total des 52 53 54 55 technologies de l’information n’est pas toujours claire. Le Groupe Aberdeen, une firme privée de consultants en recherche, estimait qu’environ 9,4 % des budgets des technologies de l’information étaient alloués à des services externalisés en 200254. Une évaluation semblable a été donnée par Gordon Brooks, chef de la direction de E5 Systems, une entreprise établie aux États-Unis qui facilite l’externalisation à l’étranger. Brooks estime qu’environ 8 % des tâches dans le domaine des technologies de l’information étaient externalisées en 200355. Ces évaluations signifient que la valeur du travail externalisé en 2003 était d’environ 45 à 50 milliards de dollars (US). InfoWorld, 29 avril 2003,“IDC: US IT spending to rise slowly” Information Technology Association of America, The Impact of Offshore IT Software and Services Outsourcing on the US Economy and the IT Industry Executive Summary (mars 2004) Aberdeen Group, IT Outsourcing: 2002 Spending Priorities and Trends Cité dans un article trouvé par le moteur de recherche ClickZStats :“Offshoring of IT Jobs Expected to Accelerate,” 19 novembre 2003 14 rapports On s’attend à ce que l’externalisation – à l’intérieur des frontières comme à l’étranger – augmente de façon importante au cours des prochaines années. Foote Partners, un groupe de consultants en ressources humaines de technologies de l’information, estime que l’externalisation à l’intérieur des frontières et à l’étranger pourrait affecter de 35 % à 45 % de travailleurs des technologies de l’information au Canada et aux ÉtatsUnis en 200556. Le groupe META, un autre groupe de consultants en ressources humaines de technologies de l’information, estime que Foote Partners fait une bonne évaluation de l’ampleur du changement, mais que la tendance à l’externalisation atteindra les 35 % à 45 % après 200657. Gartner inc., une importante firme de recherche dans le domaine des technologies de l’information, estime que le total du marché des États-Unis pour les services externalisés (à l’intérieur des frontières et à l’étranger) sera de 159,6 milliards de dollars en 200558. Si l’on accepte un taux de croissance des dépenses pour les technologies de l’information de 10 % (selon les prévisions de IDC), cela signifie que la part des dépenses en externalisation en technologies de l’information s’élèvera à 30 % en 2005. Tout compte fait, les rapports publiés nous amènent à estimer que le total la part d’externalisations aux États-Unis (à l’intérieur des frontières et à l’étranger) des dépenses du secteur privé dans le domaine des technologies de l’information devrait augmenter de façon importante. Cette part se situe maintenant autour de 8 % à 10 % et s’élèvera vraisemblablement autour de 20 % au cours des trois à cinq prochaines années. Cela signifie que le marché de l’externalisation va augmenter de 15 % à 25 % par année pendant les trois à cinq prochaines années. À plus long terme, au cours des cinq à 10 prochaines 56 57 58 59 60 61 années, l’externalisation pourrait s’accroître jusqu’au tiers de toutes les dépenses en technologies de l’information. Transfert à l’étranger du travail en technologies de l’information (États-Unis) Tout comme il y a des variantes importantes dans les projections quant à l’externalisation, de même retrouve-t-on des différences importantes dans les attentes quant à la somme du travail externalisé qui sera transféré à l’étranger. IDC estime que le total des dépenses des États-Unis en externalisation à l’étranger pourrait atteindre 17,6 milliards de dollars en 2005. L’Information Technology Association of America (ITAA) place l’externalisation à l’étranger des technologies de l’information par les entreprises états-uniennes à 10 milliards de dollars en 2003 et estime que ce montant va croître jusqu’à 31 milliards de dollars (US) en 200859. Cela signifie un taux de croissance d’environ 25 % par année. Ces évaluations sont à peine inférieures à celles d’IDC. En pourcentages, l’ITAA estime que les dépenses à l’étranger vont passer de 2,3 % des dépenses du secteur privé pour les technologies de l’information à 6,2 %. Quant aux emplois, ces estimations signifient que 75 000 emplois du milieu des technologies de l’information ont été transférés à l’étranger en 2002 et que ce sera 225 000 emplois en 200860. Des indemnités devront cependant être versées pour les emplois transférés à l’étranger vers des filiales en propriété exclusive. Ces emplois ne figurent pas dans les statistiques sur l’externalisation de l’ITAA. Pour juger de l’impact global sur le marché du travail des technologies de l’information aux États-Unis, on devrait donc ajouter 1 % à 2 % aux estimations de l’ITAA, ce qui donne un impact global pour les cinq prochaines années d’environ 7 % à 8 % de la main-d’œuvre des technologies de l’information et autour de 280 000 à 300 000 emplois. Un nombre égal ou supérieur d’emplois qui ne relèvent pas des technologies de l’information pourrait être touché en raison de l’impartition des processus administratifs. Quelle est la signification de ce mouvement pour les emplois en technologies de l’information? Le secrétariat du travail des États-Unis estime que le nombre de travailleurs états-uniens dans les « professions informatiques et mathématiques » passera, de 3 018 000 à 3 625 000 entre 2002 et 2008, ce qui signifie une croissance de 607 000 emplois61. Il est peu probable que ces prévisions donnent une image complète de l’externalisation car cette tendance était moins affirmée lorsque ces projections ont été faites. L’externalisation prévue des emplois en technologies de l’information représente donc près de la moitié de la croissance prévue de l’emploi, si aucune indemnité n’était versée dans les prévisions du secrétariat pour le transfert important à l’étranger. Cela pourrait réduire le taux de croissance prévue des emplois en technologies de l’information dans l’économie des États-Unis d’environ 3 % jusqu’à 1,6 %. Ce chiffre est très légèrement plus élevé que la croissance générale de l’emploi aux États-Unis, laquelle est estimée approximativement à 1,4 %. Étant donné le taux actuel de chômage dans le milieu des technologies de l’information aux États-Unis, ce faible taux de croissance verra probablement un marché caractérisé par un surplus pendant encore au moins quelques années. ComputerWorld, 7 février 2003,“Firm predicts IT jobs are moving to outsourcing” ibid. InformationWeek, 9 septembre 2002,“Add Canada to Your Outsourcer Shortlist” Information Technology Association of America, op. cit. L’Economic Policy Institute propose des évaluations à peu près semblables pour ce qui est des emplois des technologies de l’information qui quittent les États-Unis. Economic Policy Institute, Economic Snapshot,“High-paying Software Jobs being Moved Abroad,” 24 mars 2004. Ces évaluations sont plus élevées que celles que propose Normand Roy dans ses commentaires à propos du congrès TECHNOCompétences (Montréal, 22 janvier 2004). L’analyse de M. Roy suppose que le transfert à l’étranger ait touché à ce jour environ 1 % de la main-d’œuvre des États-Unis. Repris du US Department of Labor web site: Table 2: Employment by Major Occupation Group, 2002 and Projected 2012 Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 15 Il faut retenir cinq mises en garde lorsque l’on examine la projection de 7 % à 8 % des emplois en technologies de l’information aux États-Unis susceptibles d’être transférés à l’étranger au cours des cinq prochaines années. L’effet de ces mises en garde peut être de réduire les évaluations du nombre de postes en technologies de l’information transférés à l’étranger. 1. Toutes les projections prévoient un accroissement important de la part du travail en technologies de l’information qui sera transférée à l’étranger. Cependant, les attitudes du monde des affaires à l’égard de l’externalisation sont instables. À l’heure actuelle, la tendance favorise l’externalisation. Cette opinion pourrait être confirmée ou infirmée à mesure que les expériences s’accumulent. Nous ne pouvons pas prédire quelle sera la longévité à long terme de la tendance à une externalisation toujours plus grande. 2. Les prédictions de transfert à l’étranger se basent toutes sur des coûts relatifs de main-d’œuvre stables, c’est-à-dire qu’ils ne tiennent pas compte de l’impact des mouvements internationaux du travail en technologies de l’information sur les salaires aux États-Unis ou dans les pays hôtes. Cela n’est pas réaliste. La presse spécialisée mentionne qu’en Inde, les salaires des professionnels des technologies de l’information augmentent à un taux situé à 10 % et plus62. Le taux de roulement – un coût de maind’œuvre indirect – pose aussi un grave problème aux entreprises indiennes63. La presse spécialisée rapporte aussi que les salaires des professionnels des technologies de l’information aux États-Unis ont décru radicalement depuis le sommet de l’explosion des dot.com. Les données sur les tendances actuelles ne sont pas unanimes64. 62 63 64 65 66 3. Malgré l’attention accordée au transfert à l’étranger par la presse générale et les magazines spécialisés, malgré la publicité tapageuse des firmes de consultants, nous percevons des indices que l’engouement pour l’externalisation et pour le transfert à l’étranger pourrait s’avérer moindre que prévu (ou ralentir). Par exemple, une étude récente menée par TEC International a révélé que seuls 5 % de 1 100 des chefs de direction du marché intermédiaire songent à externaliser des emplois en technologies de l’information outre-mer. Gartner inc. est arrivé à des résultats similaires dans une autre étude : 80 % de 956 chefs de direction (états-uniens et européens) « ne voient pas l’externalisation des technologies de l’information (à l’intérieur des frontières ou à l’étranger) comme une priorité pour l’instant ou au cours des quatre prochaines années »65. 4. Les projections sont toutes fondées sur le secteur privé. Si les dépenses du secteur public en technologies de l’information étaient prises en compte, les prédictions auraient besoin d’être ajustées à la baisse, étant donné la faible propension d’employeurs du secteur public à faire faire du travail à l’étranger. 5. Les consultants en externalisation à l’étranger estiment généralement que dans un tel accord, 15 % du personnel des technologies de l’information sont maintenus en poste, 15 % du personnel du fournisseur est au pays et 70 % du personnel est à l’étranger. La part à l’étranger de l’emploi externalisé (par opposition à la proportion de la valeur du contrat) pourrait donc être de l’ordre de 80 %66. Voir les notes 10 et 11 ci-dessus. Sahay, op. cit. donne des taux de roulement de 20 % à 25 %. Voir, par exemple : Internet News, 23 mai 2003,“IT Salaries drop nearly 10% in Q1” et NetworkWorldFusion, 10 février 2004,“Tech salaries stabilize.” Foote Partners mentionne que « le salaire versé pour des compétences autonomes en technologies de l’information a pris une dégringolade de 23 % au cours des deux dernières années ».Voir SearchCIO.com, 20 janvier 2004,“Survey: Onshore IT pros losing money to offshore trend.” InformationWeek,“Surveys Say No Rush To Outsource,” 9 mars 2004. Sourcing Interests Research Group, Offshore Sourcing: Part I – State of the Industry (2003) p. 14 16 rapports Types d’emplois en technologies de l’information susceptibles d’être transférés à l’étranger La documentation spécialisée cite trois facteurs qui affectent la probabilité que des emplois en technologies de l’information soient transférés à l’étranger : • • • le type d’emploi en technologies de l’information; le type de profession en technologies de l’information; la nature de l’employeur. Transfert à l’étranger et types d’emplois en technologies de l’information Les fournisseurs d’emplois en technologies de l’information externalisés insistent pour dire qu’ils ont la possibilité technique d’offrir tous les types de services de technologies de l’information. Étant donné la quantité d’entreprises indiennes honorées d’une certification ISO 9000, du modèle de stabilisation des capacités ou Sigma Six, l’affirmation est raisonnable. Cependant, la seule capacité technique ne détermine pas le modèle d’externalisation à l’étranger. Divers rapports donnent à estimer que certains types d’emplois en technologies de l’information sont plus susceptibles d’être externalisés. Le Tableau 3 classe les emplois en technologies de l’information selon leur probabilité de transfert à l’étranger, selon des études publiées par DataWareHouse et par DiamondCluster International. Tableau 3 : Probabilité de transfert à l’étranger pour divers types d’emploi en technologies de l’information67 Élevée • Développement d’appli– cations – composantes distinctes discrete components • Codage • Entretien d’applications (systèmes patrimoniaux) • Assistance technique • Centres d’appel 67 68 69 70 Moyenne Basse • Infrastructure de technologies de l’information • Recherche et développement • Centres de données • Ressources humaines et financières • Gestion de réseau • Architecture de systèmes • Sécurité des données et des réseaux • Intégration des technologies de l’information et processus administratifs • Hébergement de sites Web • Gestion de serveur Business Week signale qu’environ 70 % des budgets en technologies de l’information sont affectés à l’entretien et au soutien des systèmes patrimoniaux. Ce travail est considéré comme hautement prioritaire parmi les objectifs de réduction des coûts et donc d’externalisation à l’étranger68. Business Week estime que les ressources épargnées par l’externalisation pourraient être affectées à la mise à jour des applications et des systèmes. Cette suggestion est reprise par l’ITAA dans sa défense de l’externalisation à l’étranger69. Le modèle de l’externalisation devrait changer la nature de la demande locale de compétences en technologies de l’information. Lynn Bouchard de Gartner inc. estimait, lors du congrès de TECHNOCompétences (Montréal, 22 janvier 2004), que le développement et l’entretien d’applications comptent pour environ 25 % des emplois en technologies de l’information. Elle ajoutait que ces fonctions devraient devenir des priorités pour l’externalisation en raison des fortes économies réalisables70. Repris de DataWareHouse.Com, 5 septembre 2003,“CIO Outsourcing Study” and DiamondCluster International, 2004 Global IT Outsourcing Study (printemps 2004) Business Week, 1er mars 2004,“Outsourcing Isn’t a Zero-Sum Game.” Information Technology Association of America, op. cit. Lyne Bouchard, Gartner Inc., à la conférence des TechnoCompétences, La migration des emplois en TI vers des économies émergentes : avantages et défis pour le Québec (22 janvier 2004, Montréal) Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 17 Dans une étude sur les partenaires d’externalisation, Gartner inc. écrit que la nature changeante du travail de développement d’applications encourage autant l’externalisation que le transfert à l’étranger de ce travail : « En 2006, l’architecture axée sur les services sera adoptée au moins partiellement dans plus de 60 % des nouveaux et grands projets de développement d’applications systématiquement orientés (probabilité de 0,7). La prolifération des services Web et l’architecture axée sur les services font que les logiciels sont développés en plus petites unités plus faciles à associer à des processus administratifs. Ces unités plus petites sont également idéales pour un environnement à l’étranger. Les projets plus vastes sont plus difficiles à gérer et encore plus difficiles dans un contexte étranger. Les plus petits projets qui font appel au développement d’applications axées sur les services sont plus faciles à gérer, présentent moins de risques offrent une meilleure valeur dans un échéancier plus court parce que le monde des affaires commence à se tourner vers l’entreprise « en direct » 71. [C’est nous qui soulignons.] Les observateurs notent une différence importante entre les applications « génériques » des technologies de l’information et les applications exclusives. Les premières se prêtent à l’externalisation; les secondes font partie intégrante de la stratégie d’affaires et de technologies de l’information de l’entreprise et sont beaucoup moins susceptibles d’être externalisées, encore moins transférées à l’étranger 73. Transfert à l’étranger des technologies de l’information et les types de profession Dans le développement et l’entretien d’applications, les programmeurs peu expérimentés et les programmeurs de composantes qui emploient des langages très largement utilisés sont plus susceptibles de perdre leur emploi à cause de l’externalisation à l’étranger que les programmeurs qui font appel à des langages spécifiques à certaines applications74. Par contre, les professionnels des technologies de l’information qui participent à l’architecture générale des applications, à l’intégration des applications dans les processus administratifs et à l’intégration avec les ordinateurs sont beaucoup moins à risque. De même, les professionnels des technologies de l’information qui détiennent une expertise en technologies de pointe, particulièrement en applications sans fil, ne subissent actuellement que peu de compétition de la part des firmes de programmation à l’étranger.Alors que les firmes étrangères offrent des produits sur commande, de l’entretien et du soutien pour les applications de planification des ressources des entreprises, la presse spécialisée ne relève aucune tendance marquée à l’externalisation de ce genre de travail, particulièrement si le système en usage ne fait pas partie du des principales applications de planification des ressources des entreprises. Gartner inc. ajoute que « les entreprises de technologies de l’information sont tellement complexes et hors de ce monde qu’elles doivent être conduites par des employés sur place75». Dans un article sur une étude portant sur les technologues, Software Development Magazine écrivait que 94 % des répondants disaient envoyer à l’étranger du travail de codage et que 74 % disaient y envoyer du travail de vérification. Cependant, pour confirmer les données résumées par le Tableau 3, l’étude démontrait que 19 % seulement ont envoyé du travail d’architecture de systèmes à l’étranger et 16 % seulement ont expédié du travail d’intégration de la gestion72. 71 72 73 74 75 Gartner Inc., Outsourcing Backlash: Globalization in the Knowledge Economy (31 juillet 2003) Cité dans InformationWeek, 29 janvier 2004,“Offshore Outsourcing Project to Grow” Voir ITWorld Canada, 2 janvier 2004 “IDC Trends or 2004: Increased commoditization, Linux on the rise” et ComputerWorld, 31 décembre 2003,“Signs of offshore backlash growing” On devrait noter cependant que la tendance dans le développement d’applications penche du côté d’une confiance croissante pour les langages génériques. Une étude effectuée pour le compte du Secrétariat à la défense a démontré que le Secrétariat faisait usage de 450 différents langages de programmation dans les années 1970. Au milieu des années 1990, ce nombre a été ramené à 37. Hook,Audrey A., et al, A Survey of Computer Programming Languages Currently Used In The Department of Defense: An Executive Summary Gartner Research, A Look at India for Offshore Sourcing Options, 29 juillet 2003 18 rapports Les professionnels des technologies de l’information spécialisés dans la conception et dans la gestion de réseaux se situent eux aussi à l’écart des risques de mise à pied provoqués par le transfert à l’étranger. De même, les spécialistes en sécurité seront davantage mis à profit localement. Les entreprises de commerce électronique n’ont pas fait preuve jusqu’à maintenant d’une grande propension à confier leur service d’entretien et de soutien à l’étranger. Par contre, les travailleurs des technologies de l’information qui occupent des fonctions d’assistance technique et de soutien d’applications peuvent être externalisés à tout moment. Ceux qui assurent le soutien d’applications très largement utilisées sont les plus susceptibles de perdre leur emploi à cause de l’externalisation à l’étranger. Plusieurs de ces emplois sont des postes de débutants dans le marché du travail en technologies de l’information. Le rétrécissement de cette base d’emplois pourrait changer les modèles de recrutement et d’entrée sur le marché du travail. IDC a souligné que les emplois qui exigent peu de compétence et les tâches répétitives sont la marque distinctive de ceux qui seront transférés les premiers76. Les consultants en ressources humaines mettent l’accent sur l’importance croissante des compétences en administration pour faire carrière en technologies de l’information77. Une compréhension approfondie des processus administratifs qui s’appliquent aux technologies de l’information et, de plus en plus, des habiletés marquées à la gestion de projets font partie de ces compétences. Le Groupe META, par exemple, estime que « ce dont l’industrie états-unienne a besoin, plus que de programmeurs, ce sont des travailleurs en technologies de l’information qui 76 77 78 79 80 81 82 83 84 comprennent les processus administratifs et qui peuvent traduire ces opérations en exigences techniques »78. Thomas Kochan, du Massachusetts Institute of Technology, ajoute que « dans cette nouvelle époque de la profession, ceux qui travaillent en technologies de l’information auront besoin de compétences en direction de projets et en quasi-gestion en plus de posséder des compétences techniques de pointe, et subiront une pression certaine pour adopter rapidement ces nouveaux rôles »79. etc.) font des affaires à l’étranger.Ainsi, une certaine proportion de ce travail externalisé sera sans doute accomplie à l’étranger. Transfert à l’étranger des technologies de l’information et types d’employeurs L’exode des emplois du secteur financier des régions de l’OCDE vers des régions à faibles salaires a été examiné dans une étude menée par Deloitte Consulting. Deloitte prévoit qu’à l’échelle mondiale, les entreprises financières vont déplacer entre 2003 et 2008 environ 2 millions d’emplois des pays industrialisés vers les pays à faibles salaires. Deloitte écrit que 75 % des institutions financières mondiales prévoient transférer à l’étranger des emplois des technologies de l’information ou tributaires des technologies de l’information dans les deux prochaines années82. Dans le domaine public, nous disposons relativement de peu de publications sur les relations qui existent entre les différents types d’employeurs et leur tendance à transférer du travail en technologies de l’information. Gartner inc. estime que les grandes banques internationales consacrent de 5 % à 8 % de leurs revenus aux technologies de l’information. À titre de comparaison, la moyenne des entreprises figurant sur la liste Fortune 500 y consacre de 2 % à 3 %80. Le monde de la finance, et les banques en particulier, ont fait preuve d’innovation en matière d’externalisation des technologies de l’information. Larkin rapporte que 12 des 50 plus grandes banques (y compris la Banque de commerce canadienne impériale) ont externalisé, en 2002-2003, la totalité ou la quasi-totalité de leurs fonctions de technologies de l’information81. Cette vague d’externalisation et son envergure n’ont pas de précédent. On doit noter qu’aucun de ces contrats n’impliquait une entreprise étrangère. Cependant, toutes ces entreprises (par exemple IBM, EDS, HP, Par contre, aux États-Unis, le secteur public se montre peu enclin à faire appel à l’externalisation à l’étranger. Quelques contrats d’externalisation ont cependant été signés avec des entreprises d’autres pays dont on peu supposer qu’elles font réaliser au moins une partie du travail hors des États-Unis83. En Inde, Tata Consultancy Services, par exemple, a récemment décroché un contrat de services en technologies de l’information pour le service d’assurance-emploi du Nouveau-Mexique. La soumission de Tata Consultancy Services s’élevait à moins de la moitié de celle de son plus proche concurrent en sol états-unien84. Bien que l’externalisation des technologies de l’information soit fréquente dans le secteur public canadien, nous ne possédons aucune donnée sur le travail confié aux entreprises établies en Inde. Cependant, comme aux États-Unis, le travail en technologies de l’information externalisé par contrat de service vers n’importe quel grand fournisseur peut bien se retrouver dans une certaine mesure à l’étranger. IDC, Offshore Services: The Impact of Global Sourcing on the U.S. IT Services Market (novembre 2003) InfoWorld, 19 décembre 2003,“Offshore Outsourcing IT: Bracing for Change” ITWorldCanada, 2 février 2004,“Offshoring presents new career paths” ibid. Cité dans Larkin, Ian, Explaining the Recent Wave of Total IT Outsourcing by Global Banks, Haas School of Busisness, UCLA-Berkeley (novembre 2003) ibid. “Deloitte Study Discovers 75% of Global Financial Institutions Plan to Outsource Offshore,” reported at www.outsourcing-offshore.com/deloitte.html InfoWorld, 4 septembre 2003,“Government agencies wary of offshore outsourcing” InformationWeek, 17 mars 2003,“Should government pursue offshore outsourcing if it means U.S. jobs?” Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 19 Le Canada et le déplacement vers l’étranger des emplois en technologies de l’information Comparativement à ce que nous connaissons des États-Unis, nous disposons d’encore moins de données sur les tendances du transfert à l’étranger qui touchent le Canada. Ici, le déplacement des emplois en technologies de l’information semble se faire dans les deux sens. Il est clair que le Canada a attiré des emplois en technologies de l’information et en processus administratifs en provenance des États-Unis. C’est surtout le cas des centres d’appel, mais aussi des centres de développement de logiciels et d’autres services de technologies de l’information. En même temps, le Canada a perdu des emplois à cause de l’externalisation à l’étranger. Nous ne savons pas si le bilan est positif ou négatif. Figure 4 : L’emploi dans les services logiciels et informatiques (1997 = 100)85 Indicateurs possibles de pertes d’emploi en 2003, l’emploi a encore fléchi à chaque trimestre, et la rapidité du recul est sans précédent. La différence entre les tendances de l’emploi dans les services reliés aux technologies de l’information et la situation de l’emploi en général donne à estimer que la cause relève de facteurs d’ordre structurel plutôt que cyclique. Le Globe and Mail estime que les analystes d’Industrie Canada soupçonne l’impact possible du transfert à l’étranger86. Industrie Canada mentionne que l’emploi dans les services reliés aux technologies de l’information et de la communication a baissé dans les trois premiers trimestres de 2003. (Les données du quatrième trimestre n’étaient pas encore disponibles au moment où cette revue a été préparée.) Ce déclin était de 2,5 % pendant les neuf premiers mois. Cependant, dans la catégorie « services logiciels », la figure 4 illustre le changement dans la trajectoire de l’emploi. Comme le montre la figure 4, la croissance de l’emploi dans les « services logiciels et informatiques » a été modérément affectée par le repli observé dans le secteur des technologies de l’information en 2001. La situation de l’emploi s’est rétablie et a repris sa croissance en 2002. Cependant, 85 86 220 200 180 160 140 120 100 1997 1998 1999 2000 En même temps que la trajectoire de l’emploi dans les « services logiciels et informatiques » se renversait, le dollar canadien passait d’environ 0,64 $ US en 2002 à 0,72 $ US au premier trimestre de 2003. Cette remontée affecte les technologies de l’information de deux façons. Premièrement, le coût des technologies de l’information s’est accru au Canada comparativement aux autres 2001 2002 2003 endroits à l’étranger. En conséquence, les entreprises établies au Canada ont plus de difficulté à attirer des contrats des États-Unis. Deuxièmement, ce qui est peut-être plus important, la montée du dollar a forcé les entreprises canadiennes exportatrices à adopter des mesures radicales de réduction des coûts. L’externalisation directe ou indirecte des technologies de l’information vers des entreprises étrangères à coûts réduits est sans doute une des solutions adoptée par plusieurs entreprises. Niveau relatif des coûts au Canada Le niveau relatif des coûts au Canada se situe à mi-chemin entre celui des ÉtatsUnis et celui des pays à faibles salaires. Des études indiquent que le Canada représente un endroit attrayant pour certains types de tâches en technologies de l’information et Industrie Canada, Strategis Web Site, Bulletin trimestriel sur le secteur canadien des TIC, Troisième trimestre 2003 Voir Globe and Mail, 19 février 2004,“Offshoring will soon be making waves” 20 rapports certains types d’entreprises, notamment celles qui craignent le risque. Dans un numéro spécial sur l’externalisation, InfoWorld estimait ainsi les taux de facturation des développeurs : Tableau 5: Taux de facturation estimé des développeurs de logiciels (2003-04)87 Pays États-Unis Canada Mexique Inde République tchèque Hongrie Taux de facturation estimé des développeurs de logiciels possédant cinq ans d’expérience 117 $ - 150 $ 65 $ - 095 $ 25 $ - 040 $ 22 $ - 037 $ 30 $ - 070 $ 45 $ - 067 $ Les taux de facturation canadiens s’élèvent environ à 60 % des coûts aux États-Unis. Bien que de plus grandes économies puissent être réalisées en externalisant vers des pays où les salaires sont faibles, pour certaines entreprises, les risques élevés et les difficultés de gestion ne justifient pas ces économies additionnelles. L’évaluation de la différence des coûts que fait InfoWorld ressemble à celle que Carmel et Agarwal ont donnée dans le MIS Quarterly Executive. Carmel et Agarwal font le commentaire suivant : « (...) bien que le Canada ne soit pas le pays qui vient spontanément à l’esprit lorsqu’il est question de transfert à l’étranger de postes en technologies de l’information, il est digne d’être considéré, ne serait-ce qu’en raison de l’écart de la valeur du dollar. L’avantage en termes de coûts maintenant offert par le Canada (en 2002) pour ses professionnels des technologies de l’information est d’environ 30 % par rapport aux États-Unis. En fait, il est au pair avec le Brésil et l’Irlande »88 . 87 88 89 90 L’analyse la plus complète sur les coûts de substitution est peut-être celle que KPMG a publiée dans son Competitive Alternatives (Cost Study, 2004). KPMG modélise les coûts d’exploitation du développement de pointe de logiciels dans plusieurs pays (qui ne comprennent pas de pays où les salaires sont faibles).Aux États-Unis, la catégorie « main-d’œuvre et avantages sociaux » compte pour environ 70 % des coûts. Le Tableau 6 compare les coûts de la catégorie « main-d’œuvre et avantages sociaux » dans plusieurs pays pour une société de logiciel de pointe générant 14,2 M $ de revenus. Comme nous le constatons, le Canada occupe une position très attrayante par rapport à la plupart des autres pays dont l’économie est avancée. Les bénéfices après impôts d’une exploitation canadienne s’élèvent à un peu plus du double de ceux qui sont réalisés dans des exploitations comparables aux États-Unis. De plus, ce chiffre est atteint en ne prenant que relativement peu de risques et peu de problèmes de gestion, si on compare à d’autres destinations étrangères. Il n’est pas surprenant non plus de voir le consultant en externalisation neoIT déclarer que le Canada « offre des entreprises de substitution excellentes, très peu enclines à prendre des risques, mais qui cherchent à faire baisser les coûts d’exploitation89. Étant donné cette position relative, il n’est pas surprenant de voir les entreprises d’externalisation indiennes choisir le Canada comme site nord-américain pour leurs installations de développement.Au cours des deux dernières années, les quatre plus grandes entreprises d’externalisation établies en Inde – Wipro, Tata Consultancy Services, Infosys et Satyam Computer – ont ouvert au Canada des installations de développement. L’entreprise d’externalisation états-unienne Keane inc. a implanté son « centre de développement de pointe » à Halifax. La remontée du dollar et le renforcement des capacités en technologies de l’information dans plusieurs pays où les salaires sont faibles peuvent avoir contribué au changement de niveau relatif des coûts au Canada.A.T. Kearney, une firme de consultants des États-Unis, tient à jour un index de l’attrait des pays du point de vue du transfert à l’étranger de technologies de l’information. The Economist a repris les principaux points de index dans un article spécial consacré au transfert à l’étranger90. Tableau 6 : Main-d’œuvre et avantages : bénéfices après impôts Société de logiciel de pointe générant 14,2 M $ de revenus (KPMG, Competitive Alternatives (Cost Study, 2004) Main-d’œuvre et avantages sociaux Main-d’œuvre et % du avantages sociaux revenu États-Unis Canada Australie Italie Royaume-Uni France Pays-Bas Allemagne Japon 9 398 $ 7 355 $ 7 516 $ 8 111 $ 8 684 $ 9 505 $ 10 824 $ 11 167 $ 11 335 $ 66,2 % 51,8 % 52,9 % 57,1 % 61,2 % 66,9 % 76,2 % 78,6 % 79,8 % Bénéfices après impôts Bénéfices après impôts 1472 3200 3424 2032 2371 1665 794 423 -355 % du revenu 10,4 % 22,5 % 24,1 % 14,3 % 16,7 % 11,7 % 5,6 % 3,0 % -2,5 % Infoworld, 8 mars 2004,Article spécial sur le transfert à l’étranger, p. 45 Carmel E. et Agarwal R.,“The maturation of offshore outsourcing of IT,” MIS Quarterly Executive, (2002) 2, p. 70. Le dollar canadien valait environ 0,64 $ US en 2002 comparativement au taux de change actuel de 0,75 $ US – une remontée de 17 %. NeoIT, Market Report: The Nearshore Opportunity (janvier 2004) The Economist, 19 juillet 2003,“The new Geography of the IT Industry” Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 21 Comme on pouvait s’y attendre, l’index place l’Inde tout en haut de la liste. Cependant, le Canada est arrivé en deuxième place en 200291. En 2004, il avait glissé à la huitième position92. Les normes internationales – ISO, CCM : Les certifications du modèle de stabilisation des capacités (et d’autres) de l’Institut de génie logiciel de l’université Carnegie-Mellon sont reconnues internationalement en tant qu’indicateurs de compétence technique et de contrôle approfondi des opérations. La certification de niveau 5 est la plus élevée. Comme nous l’avons dit plus tôt, les entreprises d’externalisation indiennes ont été les premières à satisfaire aux exigences de la certification de niveau 5. Les entreprises d’externalisation canadiennes ont été plus lentes à en voir la nécessité. Cependant, il semble qu’il y ait au Canada un intérêt grandissant pour ces certifications normatives internationales. Le centre de développement de Motorola à Montréal a été le premier atelier canadien de logiciels à obtenir la certification de niveau 5 pour son modèle de stabilisation des capacités par l’Institut de génie logiciel de l’université Carnegie-Mellon, en janvier 2002 . Keane a aussi reçu cette certification récemment pour son « centre de développement de pointe » à Halifax93. Kliewer note que la certification ISO est plus fréquente au Canada que la certification du modèle de stabilisation des capacités94. Il faut aussi noter que le gouvernement fédéral s’achemine vers l’adoption des normes de stabilisation des capacités de l’Institut de génie logiciel comme exigence requise de ses contractuels95. 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 Les entreprises externalisatrices canadiennes Il existe plusieurs grandes entreprises externalisatrices au Canada. Les grandes entreprises externalisatrices établies aux États-Unis – EDS, HP, IBM, Unisys, OAO Technology Solutions et Keane – exploitent toutes une contrepartie canadienne. De nombreuses entreprises canadiennes moyennes sont aussi actives sur le marché. La plus grande entreprise externalisatrice canadienne indépendante est CGI. On peut donc faire l’hypothèse qu’elle reflète grosso modo les conditions du marché et la niveau des coûts relatifs au Canada. CGI emploie environ 20 000 personnes. Environ 21 % de ses revenus sont générés à l’extérieur du Canada. CGI a établi des centres d’exploitation dans plusieurs pays, y compris en Inde où elle emploie approximativement 1 000 personnes.Au cours des quatre années 1999 à 2003, elle a environ doublé ses revenus et ils ont continué à croître en 2003, à l’encontre de la tendance de l’emploi mentionnée plus tôt. L’entreprise prévoit une croissance de 8 % à 14 % en 2004. La croissance de CGI au cours des cinq dernières années s’inscrit en parallèle avec le niveau relatif favorable des coûts au Canada, par rapport aux États-Unis, et avec l’importance accrue de l’externalisation dans la prestation de services en technologies de l’information. En même temps, l’achat par CGI d’une maison de logiciels indienne et l’expansion de ses opérations reflètent la position prééminente de l’Inde dans le secteur de l’externalisation à l’étranger et sa capacité à soustraire au Canada des emplois en technologies de l’information. Les centres d’appel Un important domaine de croissance de l’emploi au Canada ces dernières années a été les centres d’appel. Une étude effectuée pour de compte de Développement des ressources humaines Canada estime qu’environ 500 000 Canadiens travaillent dans des centres d’appel96. Un rapport du Groupe Aberdeen a révélé que les taux de roulement au Canada sont approximativement le tiers de ce qu’ils sont aux États-Unis. Le roulement est un facteur important qui touche la qualité et la fiabilité du service dans les centres d’appel97. Datamonitor évalue que le nombre de postes d’agents (c’est-à-dire de sièges) dans les centres d’appels canadiens passera d’environ 22 000 en 2003 à environ 40 000 en 200798. Datamonitor balaie les craintes à l’effet que les centres d’appel vont se déplacer vers l’Inde ou les Philippines. L’entreprise estime qu’environ 17 700 postes d’agents canadiens auront quitté le pays vers d’autres destinations en 2007, c’est-à-dire un nombre sensiblement égal à la croissance prévue par Datamonitor. Ainsi, pendant que les occasions de transfert à l’étranger vont réduire le taux de croissance de l’industrie au Canada, ce taux va se maintenir aux environs de 15 % ou de 20 % par année99. L’étude de Deloitte confirme les prévisions de Datamonitor100. Deloitte place le Canada parmi les cinq premiers pays pour ce qui est de l’externalisation des centres d’appel. L’externalisation des centres d’appel répond à deux facteurs : le prix et la qualité. Les firmes d’externalisation, comme Deloitte, placent le Canada vers le sommet de l’échelle de la qualité et de la compatibilité culturelle avec le marché des États-Unis. L’infrastructure de télécommunications au Canada est elle aussi L’index de Kearney est aussi mentionné dans Palvia, Shailendra,“Global Outsourcing of IT and IT Enabled Services: Impact on US and Global Economy,” JITCA, vol. 5, No 3, (2003) p. 6-7. National Post, 13 avril 2004,“Outsourcing: Canada’s Edge Eroding.” InformationWeek, 20 octobre 2003,“Near Shore: Canada Finds Gold between India and US” Kliewer, Chris, ISO 9001 for Software Engineering and Development http://sern.ucalgary.ca/courses/SENG/693/F00/assignments/Kliewer/LongPaper.htm Treasury Board of Canada Secretariat, An Enhanced Framework for Management of Information Technology Projects, http://www.cio-dpi.gc.ca/emfcag/framework/emf_technology_projects04_e.asp DRHC, Partenariats en Ressources Humaines, Le secteur des centres d’appels au Canada (2003). Outsourcing Centre,“Canada, the High Touch/High Quality Call Centre Outsourcing Option” reporting on Aberdeen Group’s septembre 2003 Study, The Outsourced Customer Contact Center - Key Findings in Global Contact Center Outsourcing Services: 2003-2004 ibid. DataMonitor Web site: www.datamonitor.com Deloitte, Making the off-shore call, mars 2004 22 rapports de haut calibre et fournit aux entreprises d’externalisation un avantage important quant aux coûts d’exploitation sur leurs concurrents situés dans les pays où les salaires sont faibles101. Cependant, le faible coût de la main-d’œuvre dans les pays où les salaires sont faibles leur confèrent un avantage économique indiscutable. La qualité du service s’améliore sous l’égide d’investissements directs étrangers par des entreprises établies aux États-Unis. À long terme, cependant, l’avantage concurrentiel du Canada pourrait s’éroder plus rapidement que ne le prévoit l’étude de Datamonitor. Implications potentielles et écarts de connaissances Il n’est pas possible de dresser un bilan et d’évaluer l’impact net des déplacements internationaux des emplois des technologies de l’information. Jusqu’en 2002 environ, il semble bien que le Canada était gagnant. Le niveau relatif des coûts au Canada était tel que le transfert à l’étranger ne représentait pas un avantage irrésistible pour la plupart des entreprises canadiennes. IDC, par exemple, a jugé que l’externalisation à l’étranger était beaucoup moins importante pour le marché canadien qu’aux États-Unis102. Cependant, la remontée du dollar canadien et la crédibilité croissante des entreprises d’externalisation à l’étranger semblent changer le décor en 2003. Quelle est l’importance de ce changement? Dans quelle direction va-t-il évoluer? Voilà des questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre avec certitude à partir des informations dont nous disposons. Nous ne pouvons pas non plus déterminer hors de tout doute si le bilan canadien des mouvements des emplois en technologies de l’information est positif ou négatif. Sans tenir compte du bilan net du Canada en ce qui a trait aux mouvements internationaux des emplois en technologies de l’information, le déplacement des emplois en technologies de l’information a des répercussions claires sur le marché du travail dans le secteur des technologies de l’information. Certaines de ces 101 102 conséquences ne font qu’émerger. Premièrement, les emplois de soutien technique et de codage quittent le Canada vers des destinations étrangères. Ces postes étaient souvent comblés par des débutants dans le marché du travail des technologies de l’information pendant les années 1990. Les titulaires de ces emplois acquéraient une connaissance générale du milieu professionnel et une vue pratique des technologies de l’information au quotidien. Comme cette catégorie d’emplois rétrécit, il se peut que les entreprises doivent faire face à une augmentation du nombre de postulants en programmation qui auront reçu une formation théorique, peut-être plus que leurs prédécesseurs dans les années 1990, mais qui manqueront d’expérience pratique. L’érosion du nombre des emplois de débutant et d’une importante proportion d’emplois d’entretien et de soutien est susceptible d’avoir d’autres répercussions sur les compétences requises pour les travailleurs des technologies de l’information. En premier lieu, ces tendances peuvent conférer une valeur accrue aux compétences spécialisées, aux compétences de pointe et à la mise à jour des compétences. Deuxièmement, il se peut qu’il devienne de plus important pour les travailleurs en technologies de l’information d’associer leurs compétences en technologies de l’information avec des connaissances plus larges des processus administratifs. Cette tendance serait liée à l’usage accru des applications de planification des ressources d’entreprise, qui mettent l’accent sur les compétences sur mesure. Les entreprises préfèrent souvent recevoir des services de fournisseurs locaux qui offrent ces compétences lorsque cela présente un aspect pratique. Troisièmement, la gestion de projets et les compétences en gestion de contrats sont susceptibles de devenir des compétences importantes pour les professionnels des technologies de l’information qui travaillent dans l’entreprise utilisatrices. La concurrence toujours grandissante entre les fournisseurs étrangers peut aussi augmenter l’importance des maisons de logiciel canadiennes qui détiennent des certifications normatives reconnues internationalement, comme ISO ou le modèle de stabilisation des capacités de l’Institut de génie logiciel. En général, il faut investir des ressources humaines et financières considérables pour décrocher ces certifications. Si elles devaient prendre encore plus d’importance concurrentielle, des politiques publiques pourraient venir faciliter un investissement plus hâtif par les entreprises afin de les obtenir. L’Irlande et Israël montrent qu’il existe plus d’un modèle de développement de l’industrie d’exportation des technologies de l’information.Alors que le Canada a connu un certain succès en attirant des emplois sensibles aux fluctuations des coûts, comme les centres d’appel, on ne peut pas continuer à estimer qu’il pourra maintenir cette stratégie très longtemps. Dans d’autres secteurs, la mondialisation a forcé les entreprises soit à devenir virtuelles, soit à se situer plus haut dans la chaîne des valeurs ajoutées. Une des leçons importantes à retenir des modèles irlandais et israélien est l’importance de l’industrie locale du logiciel pour cultiver la base des compétences et la base entrepreneuriale qui font qu’un pays devient attrayant pour les investissements étrangers de pointe par le biais de filiales et d’entreprises en participation. Les implications énoncées ci-dessus sont des hypothèses raisonnables tirées des tendances dans les déplacements internationaux des emplois des technologies de l’information. Cependant, l’ampleur des tendances n’a pas été étudiée de façon rigoureuse, ni le bilan net au Canada, ni les répercussions sur le marché du travail en technologies de l’information. Néanmoins, il appert que les tendances dans les déplacements internationaux des emplois des technologies de l’information sont en voie de modifier le paysage de ce secteur au Canada. L’industrie devrait se fixer comme priorité d’approfondir sa compréhension de ces tendances et de leurs répercussions, tant pour les entreprises que pour le secteur lui-même. World Economic Forum, The Global Information Technology Report, 2002-2003 Computing Canada, 22 août 2003,“Companies Explore Case for Taking IT Offshore” Tendances du transfert à l’étranger des emplois en technologies de l’information 23 Bibliographie Articles publiés, études, sites Web • • • • • • • • • • • • • Aberdeen Group, IT Outsourcing: 2002 Spending Priorities and Trends, résumé à http://www.aberdeen.com/ab_company/ hottopics/itoutsourcing/default.htm IDC, Offshore Services: The Impact of Global Sourcing on the U.S. IT Services Market (novembre 2003) Bajpai N. et Shastri V., Software Industry in India: A Case Study, Development Discussion Paper No. 667, Harvard Institute for International Development (1998) http://www.hiid.harvard.edu/ pub/pdfs/667.pdf Bennett, Colin J., Prospects for an International Standard for the Protection of Personal Information: A Report to the Standards Council of Canada (août 1997) http://web.uvic.ca/ polisci/ bennett/research/iso.htm Breznitz, Dan, The Military as Public Space: The Role of the IDF in the Israeli Software Innovation System, MIT IPC Working Paper No. 02-005 http://web.mit.edu/ipc/www/02-005.pdf Carmel E. et Agarwal R.,“Offshore Sourcing of IT Work,” MIS Quarterly Executive, (2002), p 74. 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Le CRHL a comme objectif de répondre aux besoins en ressources humaines du secteur canadien de l’emploi en TI en travaillant en étroite collaboration avec des partenaires de l’industrie, du gouvernement et du monde de l’enseignement. Les programmes et projets du CRHL portent principalement sur : • Information sur le marché du travail • Développement et définition des compétences (notamment le Modèle du profil des compétences professionnelles) • Sensibilisation à la carrière • Perfectionnement professionnel Pour de plus amples renseignements, communiquez avec : Conseil des ressources humaines du logiciel 30, rue Metcalfe, pièce 400 Ottawa (Ontario) K1P 5L4 Tél. : (613) 237-8551 Téléc. : (613) 230-3490 www.shrc.ca L’initiative sur le marché canadien du travail dans le secteur des TI a été mise sur pied en partie grâce au financement du Programme de conseil sectoriel du gouvernement du Canada. Préparée pour le Conseil des ressources humaines du logiciel