Big in Japan, 2013 style ?

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Big in Japan, 2013 style ?
Big in Japan, 2013 style ?
En 2012, les thèmes qui ont obsédé les marchés financiers furent tous assez négatifs; fort
heureusement, maintenant que le fiscal cliff des Etats-Unis est derrière nous, que la zone euro
semble stabilisée (sic), que l’économie de la Chine a une nouvelle fois prouvé quelle n’était pas
l’une de ces bulles d’investissements spéculative, l’attention internationale devrait se tourner
ailleurs. En 2013, nous pourrions ainsi choisir de regarder vers le Japon, où la politique générale
ainsi que la politique monétaire pourraient bien se trouver à la contrée de chemins intéressants.
Le mois dernier, nous avons assisté à l’élection mouvementée de Shinzo Abe, remportée en
grande en partie grâce à ses promesses de révolutionner la politique monétaire au sein de
l’économie japonaise afin tirer le Japon hors de ces 20 dernières années de stupeurs et
tremblements (resic). Sur le plan pratique, Abe a promis de contraindre la Banque du Japon à
imprimer de la monnaie ce qui permettrait ainsi d’affaiblir le yen jusqu’à ce que le taux d’inflation
remonte à 2% et que la croissance soit rétablie. S’il maintient ses promesses électorales,
l ‘économie Japonaise va être relancée, mais l’effet sera également susceptible de renforcer le
dollar contre le yen et susceptible aussi évidemment de faire jouer l’ensemble des autres
monnaies commerciales, Euro compris.
Mais l’autre débat important qui s’amorce est la place théorique du Japon dans la politique
Macro-economique mondiale. L’époque où la politique monétaire du Japon consistait en tout et
pour tout à maîtriser l’inflation est terminée. Un certain nombre de grandes banques centrales
Asiatiques ont déjà évolué en faveur d’une croissance du PIB , mais le Japon est de loin le pays le
plus susceptible de mener cette opération à bon compte, peut-être même en utilisant sa propre
monnaie pour financer directement ses investissements et même sa consommation privée.
Les nouvelles idées en matière de politique monétaire reflètent l’interaction des théories
économique sur la politique. Qu’un accent particulier sur l’inflation ait été mis à la fin des années
70 , début des années 80, avait un sens politique, quand, par ailleurs, la hausse des prix était le
principal problème économique dans la plupart des pays. Les politiciens se sont alors rendu
compte que le seul moyen sûr d’arrêter l’inflation était de créer des niveaux de chômage
astronomiques en augmentant inexorablement les taux d’intérêt. Comme personne ne voulait
prendre la responsabilité politique de licencier des travailleurs, les économistes en place furent
alors sommés d’expliquer, force théories à l’appui, « que le chômage était naturel et inévitable »,
« que la politique macro-économique ne pouvait rien faire à ce sujet » et que « la seule action
monétaire possible se réduisait au contrôle de l’inflation » .
La suite naturelle de ce propos fut d’oter aux gouvernements la responsabilité de la gestion
monétaire et de transférer cette charge politique à des banques centrales indépendantes. Et il
ne fallut pas longtemps pour que la majorité des économistes adoptent à l’unanimité les trois
principes susvisés. Dés lors, dans les années qui suivirent n’importe quel économiste ou politicien
qui tenta de suggérer quelque chose de différent, par exemple, que les politiciens devraient
coordonner la politique monétaire et budgétaire pour gérer le chômage ainsi que l’inflation
furent la risée de leurs pairs universitaires ainsi que celle des fonctionnaires des ministères des
finances et des banques centrales, même si ce fut moins grave, bien entendu. Cette purge est
maintenant terminée. Les Banquiers centraux ont brisé le tabou en reconnaissant qu’ils n’étaient
pas sans action sur le chômage (NDLR subtil distinguo : ils ne sont pas pour autant directement
responsable , notez-bien, ils reconnaissent n’être pas sans action ie: Je peux en tant que
medecin soigner vos plaies, y porter des baumes mais sans reconnaitre pour autant aucune
responsabilité sur le cholera en question). Ben Bernanke a ainsi engagé la Fed à cibler un taux de
chômage de 6,5% et Mark Carney, le nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre, a proposé
d’agir sur la croissance du PIB. Ce sont là de fracassantes déclarations pour ces mêmes
économistes qui ont passé les 30 dernières années à nier farouchement urbi et orbi que la
politique monétaire pouvait avoir des effets quelconques sur le chômage ou sur la croissance
économique.
Mais les objectifs de chômage ou de PIB suggérés par Bernanke et Carney ne sont que vaines
promesses en l’absence d’outils politique susceptibles de stimuler l’emploi et la croissance dans
le contexte actuel de déflation. Et c’est là que le Japon propose une main un peu différente.
Aucune autre économie n’ a (encore) subi ce que le Japon a subit depuis les 20 dernières années
de stagnation économique. Il ne serait donc pas surprenant d’y voir aussi naitre des mesures
radicales pour faire face à la déflation. Déjà, un scenario fantastique semble s’écrire en filigrane
qui se déroulerait ainsi :mettre fin à l’indépendance de la banque centrale, puis commander à la
Banque centrale du Japon d’ imprimer de la monnaie , elle même directement injectée dans les
dépenses d’infrastructure ou absorbée par des réductions d’impôts. Ces politiques véritablement
radicales qui en gros reviennent à distribuer de l’argent nouvellement créé aux entreprises et
aux ménages, fut ainsi historiquement qualifié par Milton Friedman de « Helicopter money » ou
monnaie hélicoptère ou encore assouplissement quantitatif (Quantitative easing).
L’ utilisation d’assouplissement quantitatif pour le financement direct, en lieu et place de
financements indirects pour les gouvernements et les investisseurs obligataires, peut sembler
pour beaucoup d’entre nous,furieusement irresponsable. Pour d’autres cependant, il pourrait au
contraire s’avérer plus juste et certainement plus efficace (ainsi que plus populaire) comme
moyen de sortir le monde de la déflation.
Quoiqu’il en ressorte en 2013,en brisant les tabous établis par la révolution monétariste des
années 1970, le Japon pourrait accélérer et renforcer la prochaine révolution dans la pensée
économique, une révolution rendue inévitable par les événements de 2008. Après 20 ans de
torpeur japonaise, le monde pourrait-il être de nouveau transformé de nouveau par des idées
« Made in Japan »?
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