Dossier Pédagogique - Opéra de Saint
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Dossier Pédagogique - Opéra de Saint
jules massenet dossier pédagogique Dossier proposé dans le cadre du dispositif Lycéens à l’Opéra, financé par la Région Rhône-Alpes. Dossier réalisé sous la direction de David Camus Coordination générale élodie Michaud Rédaction des textes Jonathan Parisi Suivi de fabrication Maxime Riquelme Document disponible en téléchargement sur www.operatheatredesaintetienne.fr Contact Fanny Loingeville Chargée du développement des publics 04 77 47 83 60 [email protected] Jules Massenet CONTE DE FÉES EN 4 ACTES LIVRET D’HENRI CAIN D’APRÈS LE CONTE DE CHARLES PERRAULT Biennale Massenet Direction musicale Laurent Touche Mise en scène Benjamin Lazar Collaboration à la mise en scène Louise Moaty Collaborateurs artistiques aux mouvements Cécile Roussat et Julien Lubeck Scénographie Adeline Caron Costumes Alain Blanchot Lumières Christophe Naillet Cendrillon Judith Gauthier Le Prince Charmant Marie Lenormand La Fée Mélanie Boisvert Madame de la Haltière Ewa Podleś Pandolfe Laurent Alvaro Noémie Caroline Mutel Dorothée Caroline Champy Le Roi Christophe Bernard Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire Grand Théâtre Massenet Dimanche 21 octobre 15h Mardi 23 octobre 20h Jeudi 25 octobre 20h Durée 3h entracte compris – En français surtitré Production créée le 5 mars 2011 à l’Opéra Comique Production Opéra Comique (Paris) Coproduction Opéra Théâtre de Saint-Étienne, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg Partenaire associé Palazetto Bru Zane – Centre de musique Romantique française Décors, accessoires et costumes des chœurs réalisés dans les ateliers de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne / Costumes des solistes réalisés dans les ateliers de l’Opéra Comique Découverte de l’œuvre p.06 Massenet La création de Cendrillon Personnages et argument Guide d’écoute Cendrillon à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne p.14 Note d’intention de Benjamin Lazar Les maîtres d’œuvre Les solistes L’orchestre et les chœurs Iconographie commentée de la production Pistes pédagogiques p.19 Le conte : de Charles Perrault à Walt Disney en passant par les frères Grimm La mise en scène du féérique : trucages et effets spéciaux chez Albert Carré et Georges Méliès Opéra et modernité : la Fée électricité, bonne marraine des théâtres p.27 Ressources supplémentaires L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne / Présentation générale Petite histoire d’une production Annexes p.30 Voix et tessitures Composition de l’orchestre Glossaire Bibliographie Massenet 6 Qu’on le nomme ironiquement la « fille de Gounod », pour la sensualité de son écriture mélodique, qu’on l’accuse de plagier Wagner ou qu’on lui reconnaisse enfin un style pré-debussyste, Massenet ne laisse définitivement indifférent ni le simple auditeur ni le spécialiste. Ses vingt-six opéras - l’élevant au rang de compositeur le plus prolifique du théâtre lyrique français du xixe rencontrèrent pour la plupart l’approbation du public parisien, provincial, puis étranger. Si bien qu’à l’aube du xxe, Massenet est un compositeur dont la renommée s’étend dans l’Europe entière, où les deux grands chefs-d’œuvre populaires que sont Manon et Werther demeurent les plus joués. Compositeur mais aussi professeur de composition au Conservatoire de Paris, il va accueillir dans sa classe des compositeurs qui ont marqué leur temps (Reynaldo Hahn, Alfred Bruneau, Gabriel Pierné, Xavier Leroux, Gustave Charpentier, etc). Titulaire du grand prix de Rome, élu à l’Académie des Beaux-Arts, élevé au grade de Commandeur de la légion d’honneur, Massenet reçoit tous les lauriers dont peut s’enorgueillir un compositeur de son temps. Pourtant, il demeure un musicien insaisissable, autant critiqué qu’adulé, un homme secret, superstitieux, fuyant les premières de ses œuvres et refusant le chiffre 13 dans la numérotation de ses manuscrits. Aujourd’hui la qualité et la diversité de son œuvre n’est plus à prouver, même si Massenet demeure surtout lié à la peinture de la femme, autant pour son écriture musicale soignée et voluptueuse, que pour son sens inné de la dramaturgie, la construction subtile et raffinée de ses personnages. en bref : Massenet vu par Debussy Au lendemain de la mort de Massenet, Debussy, chargé de la nécrologie du compositeur pour le journal Le Matin, écrit : « Ses confrères lui pardonnèrent mal ce pouvoir de plaire qui est proprement un don. à vrai dire, ce don n’est pas indispensable, surtout en art, et l’on peut affirmer, entre autres exemples, que jamais Jean-Sébastien Bach ne plut, dans le sens que ce mot prend lorsqu’il s’agit de Massenet. A-t-on entendu dire des jeunes modistes qu’elles fredonnaient la Passion selon Saint-Mathieu ? Je ne le crois pas. Tandis que tout le monde sait qu’elles s’éveillent le matin en chantant Manon ou Werther. » La création de Cendrillon La veille de la création de Cendrillon à l’Opéra Comique, Massenet confie dans les colonnes du Figaro : « Ma résolution est arrêtée. Vous allez écouter mon dernier ouvrage. Je cesse d’écrire pour le théâtre ». Quelles sont alors les particularités de cette œuvre que le musicien livre au public comme son dernier opéra ? (Précisons qu’un an et demi plus tard, Massenet se décidera à écrire à nouveau pour le théâtre, et ce jusqu’à la fin de sa vie !) Cendrillon se présente comme un conte de fées en quatre actes et six tableaux d’après Charles Perrault et sur un livret d’Henri Cain. Créée le 24 mai 1899 à l’Opéra Comique, en présence du Président de la République et de nombreuses personnalités du monde politique et artistique, Cendrillon est le premier grand spectacle représenté dans la nouvelle salle Favart. En effet, ravagé par les flammes le 25 mai 1887, l’Opéra Comique ne rouvre ses portes qu’à l’hiver 1898, avec à sa tête un nouveau directeur également metteur en scène : Albert Carré. le livret et son librettiste Henri Cain (1857-1937) est un romancier, dramaturge, peintre et librettiste français. Il travaille avec Massenet pour les livrets de Sapho, La Navarraise, Chérubin, Don Quichotte, Roma, etc. Pour le livret de Cendrillon, Cain reprend certes le conte de Perrault mais également certains éléments de celui des frères Grimm. L’action se déroule dans un hypothétique xviiie siècle, avec ses personnages tantôt ampoulés et même un peu moqués, tantôt délicats ou sentimentaux. en bref : Pourquoi Cendrillon s’appelle-t-elle Cendrillon ? Cendrillon a en fait un prénom, Lucette. Mais tous l’appellent Cendrillon, notamment ses demi-sœurs et son affreuse belle-mère, parce qu’elle passe le plus clair de son temps à faire le ménage près de l’âtre de la cheminée où se trouvent les cendres. En programmant ce conte merveilleux, Carré souhaite certes mettre à l’honneur un compositeur qu’il admire, mais il saisit surtout l’occasion idéale de révéler aux yeux de tous les nouveaux équipements de l’édifice. Souhaitant développer le corps de ballet de l’Opéra Comique, Carré confie à Mariquita les divers moments chorégraphiques de la partition. Celle-ci fera notamment preuve d’audace en s’inspirant de Loïe Fuller, dont les danses chatoyantes faisaient un usage extrêmement novateur de la lumière électrique. Dotée de somptueux décors et costumes, Cendrillon est également prétexte aux plus ingénieux trucages et aux plus spectaculaires effets visuels désormais rendus possible par l’électricité ; tandis qu’à quelques mètres seulement de l’Opéra Comique, au sous-sol du Grand Café du boulevard des Capucines, fleurissait un art qui allait bientôt concurrencer directement l’opéra : le cinéma. FOCUS sur la composition de l’orchestre de Cendrillon L’orchestre est complet dans Cendrillon, mais de dimension modeste au regard des formations orchestrales post-romantiques de la fin du xixe siècle. 3 flûtes (dont 1 piccolo), 2 hautbois (dont 1 cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba Timbales, cymbales, grosse caisse, tambour militaire, tambour de basque, triangle 2 harpes et toutes les cordes 7 Personnages principaux Cendrillon (soprano) – surnom de la jeune Lucette Pandolfe (basse chantante ou baryton) – père de Cendrillon Comtesse de la Haltière (mezzo soprano ou contralto) – belle-mère de Cendrillon Noémie (soprano) – fille de la Comtesse Dorothée (mezzo-soprano) – autre fille de la Comtesse La Fée (soprano léger) – marraine de Cendrillon Le Prince Charmant (mezzo-soprano) – amant de Cendrillon Le Roi (baryton) – père du Prince Argument 8 Acte I – Chez Madame de la Haltière, tandis que les domestiques protestent et que Pandolfe regrette déjà sa nouvelle union, il faut pourtant se préparer. Le soir même se tiendra le bal de la Cour, auquel Lucette, surnommée Cendrillon par ses pestes de sœurs, n’est pourtant pas invitée. Mais alors que la jeune fille s’endort près de la cheminée, sa marraine la Fée apparaît accompagnée de créatures merveilleuses qui l’aideront bientôt à confectionner une robe splendide. Ajoutant à ce cadeau un attelage et des pantoufles magiques, la Fée envoie Cendrillon au palais, lui faisant promettre de rentrer avant minuit. Acte II – Au palais, la fête bat son plein. Cependant, si tous ont répondu à l’invitation, personne ne parvient à divertir le jeune prince. Rêvant de trouver l’amour, celui-ci assiste sans grande conviction au défilé de ses courtisanes. Alors qu’une jeune inconnue fait son entrée, le Prince reprend goût à la fête. Malgré la déclaration d’amour qui lui est faite, Cendrillon refuse de dévoiler son nom et s’enfuit alors que minuit sonne. Acte III – Premier tableau : à peine rentrée du palais, Cendrillon s’inquiète d’avoir perdu l’une des ses pantoufles enchantées. Furieuses que le bal ait été interrompu par la jeune inconnue, la Comtesse et ses filles font une entrée fracassante, critiquant, sans le savoir, la pauvre Cendrillon. Chassant les trois furies, Pandolfe réconforte sa fille, lui promettant de la ramener au pays. Demeurant inconsolable, Cendrillon fuit jusqu’au Chêne des Fées. Second tableau : Réunis, sans se voir, sous l’arbre enchanté, Cendrillon et le Prince font chacun le vœu de retrouver l’être aimé. Apparaissant alors, la Fée teste la sincérité des sentiments du jeune couple, avant de les réunir et de les plonger dans un même sommeil. Acte IV – Se réveillant d’un profond sommeil mêlé de rêves étranges, Cendrillon tente de démêler la réalité du songe. Dehors, un appel retentit, invitant toutes les jeunes femmes du royaume à essayer la pantoufle oubliée par la belle inconnue. Dans la cour du palais, les prétendantes se succèdent, jusqu’à l’arrivée de Cendrillon qui gagne aussitôt le cœur du Prince, mais aussi l’affection de sa belle-mère ! FOCUS : Pourquoi le Prince Charmant est-il interprété par une femme ? Dans l’histoire de l’opéra, beaucoup de rôles masculins ont pu être chantés par des femmes : Chérubin (Les Noces de Figaro), Orphée (Orphée et Eurydice)… En effet, lorsqu’il s’agit d’un rôle de jeune adolescent, n’ayant pas encore mué, la voix d’un chanteur adulte, trop virile et trop puissante, n’est pas adéquate. C’est le cas du Prince Charmant, dont la douceur, la pureté, la tendresse, ne peuvent être véhiculées que par l’usage d’une voix féminine. Lors de la création de Cendrillon en 1899, c’est Mme Emelen qui endosse le rôle. Dans la production de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, ce sera la mezzo-soprano Marie Lenormand qui chantera le Prince Charmant. La partition de Cendrillon fait état du grand éclectisme* qui caractérise Massenet. En effet, tant du point de vue des timbres et des sonorités que du point de vue de l’écriture mélodique, ou même de l’atmosphère dramatique, l’auditeur de Cendrillon passe régulièrement d’un univers à un autre, sans pour autant que la cohérence de l’ensemble ne soit entachée. Car en effet, la grande variété des personnages et des situations dramatiques permet à Massenet de déployer une large palette musicale. Ainsi, le registre bouffe* comme le registre sérieux*, l’artillerie féérique autant que le pastiche de la musique de cour, seront mobilisés tour à tour, en fonction du personnage et de la situation. Le guide d’écoute suivant, loin d’être exhaustif, propose d’entrer dans la partition de Cendrillon à travers les différents registres musicaux et dramaturgiques employés. Ceux-ci sont au nombre de quatre : note La numérotation des pistes proposées est celle de la version CD que nous vous conseillons : Cendrillon, direction Julius Rudel, interprètes : Frederica von Stade, Nicolai Gedda, Jane Berbié, Ruth Welting, chez Sony Classical. Précisons que dans cette version, le Prince Charmant est malheureusement chanté par un ténor. la musique de cour : servant en quelque sorte de décor auditif, elle est liée au Roi, au Palais, aux scènes de bal, etc. le registre féérique : lié à la Fée et toutes les créatures magiques. le registre comique : ton parodique soulignant le ridicule de la noblesse, utilisé notamment par Madame de la Haltière et ses filles. le registre sérieux et/ou sentimental : lié aux relations entre Cendrillon et le Prince ou Cendrillon et Pandolfe. NB : Les termes suivis d’un astérisque sont à retrouver dans le glossaire (p.31) Cendrillon, mise en scène de Benjamin Lazar © DR 9 Tableau récapitulatif des écoutes N° Piste CD Acte, Scène Numéro Personnages Registre 1 CD1 Piste 1 Introduction X X Musique de cour 2 CD1 Piste 2 Acte I, Scène 1 « On appelle on sonne… » Chœur des domestiques et Pandolfe Registre comique 3 CD1 Piste 4 Acte I, Scène 3 Trio : « Faites-vous très Madame de la Haltière, belles… » Noémie, Dorothée Registre comique 4 CD1 Piste 8 Acte I, Scène 5 Air : « Ah ! que mes sœurs sont heureuses… » Cendrillon Registre sérieux 5 CD1 Piste 9 Acte I, Scène 6 Air : « Ah ! douce enfant… » La Fée Les Esprits Registre féérique 6 CD1 Piste 14 Acte II, Scène 3 Entrée du Roi et de la Cour Le Roi Chœur Musique de cour 7 CD1 Piste 21 Acte II, Scène 4 Air et duo : « Toi qui m’es apparue… » Le Prince Charmant Cendrillon Registre sérieux 8 CD2 Piste 1 Acte III, Scène 1 Air : « Enfin je suis ici… » Cendrillon Registre sérieux 9 CD2 Piste 2 Acte III, Scène 2 Trio : « C’est vrai… » Madame de la Haltière, Noémie, Dorothée Registre comique 10 CD2 Piste 6 Acte III, 2e tableau Air : « Ah ! fugitives chimères… » La Fée Registre féérique 10 10 1- Introduction Repère : CD1 Piste 1 La mesure à 4 temps, le tempo de marche, le ton très solennel voire grandiloquent font référence à la musique de cour de l’Ancien Régime. De même, le rythme piqué est caractéristique de la musique galante, musique de cour : Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie de la musique de cour. ^ : symbole des notes piquées, à jouer avec accent. 2- Chœur des domestiques Repère : CD1 Piste 2 Le texte en lui-même se situe déjà dans une veine comique : « c’est une mégère que cette femme là », etc… La situation est elle aussi comique, car les bavardages sont interrompus par l’arrivée de Pandolfe, le mari résigné de la Comtesse, qui va autoriser les domestiques à reprendre leurs railleries. De la même manière, les mots : « Ah ! Madame ! », sont prononcés à l’unisson par les domestiques sur le ton de l’agacement, presque en soupirant. Enfin, les lignes mélodiques vives et descendantes sur les mots : « c’est une mégère… », accentuent le coté commérage de ces confidences entre employés de maison. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre comique. 3- Trio : « Faites-vous très belles... » Repère : CD1 Piste 4 Notons l’entrée de Madame de la Haltière sur les mots : « faites-vous très belles ! », très caricaturale dans son emphase et sa grandiloquence. Remarquons aussi les interventions de Noémie et Dorothée, les sœurs de Cendrillon, très brèves et ne développant aucune phrase mélodique, s’apparentant alors à des caquètements de chipies capricieuses. De la même manière, les réponses entêtées des deux sœurs : « Non, Maman ! », « Oui, Maman ! », qu’elles soient simultanées, ou en exacte complémentarité, les rendent doublement risibles. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre comique. 11 4- Air : « Ah ! que mes sœurs sont heureuses... » Repère : CD1 Piste 8 Le ton devient tout à coup plus sérieux, même mélancolique pour l’air de Cendrillon. Le tempo plus lent, l’accompagnement plus discret, permettent au personnage d’exprimer ses sentiments. C’est aussi le moment de peindre le portrait de la jeune fille par la musique. La courbe mélodique est alors très étirée, aérienne, fluide, légère et sensuelle, à l’image de la jeune Lucette, douce et fraîche (on est loin des interventions brèves, piquantes et agaçantes des deux sœurs dans l’extrait précédent). Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre sérieux/sentimental. 5- Air : « Ah ! douce enfant... » 12 Repère : CD1 Piste 9 L’entrée de la Fée se fait dans une atmosphère délicate et mystérieuse. L’accompagnement est épuré, essentiellement baigné par le frissonnement des cordes en triples croches, formant alors un écrin autour de la voix. La ligne mélodique de la Fée convoque de nombreuses vocalises virevoltantes allant jusqu’au suraigu, et lui conférant une dimension aérienne et mystique. Cette écriture vocale très différente de celles employées pour les autres personnages de l’œuvre marque la nature particulière de la Fée et lui confère une place à part dans le drame. Notons également l’usage, dans la suite de l’air, des clochettes, appartenant à l’artillerie musicale du magique et du merveilleux. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre féérique. 6- Entrée du Roi et de la Cour Repère : CD1 Piste 14 L’allure galante, sautillante, très cadencée et usant du rythme piqué vu précédemment, rend ce passage musical extrêmement pompeux. Ce qui est tout à fait cohérent puisqu’il s’agit là de l’entrée du Roi et de sa Cour. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie de la musique de cour. 7- Air et duo : « Toi qui m’es apparue... » Repère : CD1 Piste 21 Massenet indique « lent et très chanté » pour cet air du Prince Charmant. Nous quittons le sautillant de la musique de cour et le piquant caractéristique du registre comique, pour explorer une veine à la fois plus sérieuse, plus tendre, mais aussi plus sentimentale, typique de la fin du xixe siècle friande de bons sentiments. Ce passage musical fait la part belle au chant, les phrases mélodiques sont pensées à une plus grande échelle que dans les passages de type comique, elles naissent puis se déploient avant d’atteindre une forme de paroxysme qu’elles quittent ensuite pour mourir peu à peu. Notons l’alternance entre passages lents et plus animés qui permet de coller au plus près des émotions vécues par les personnages, ne les figeant pas dans une seule et unique psychologie. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre sérieux/sentimental. (Notons à la fin de cet extrait la réapparition des clochettes relevant du registre féérique, ceci, seulement parce que minuit sonne.) 8- Air : « Enfin je suis ici... » Repère : CD2 Piste 1 Ce passage musical débute dans une certaine forme d’agitation déroutante, marquant la panique de Cendrillon, arrivant de sa fuite. C’est une atmosphère aussi haletante que pesante qui s’installe dans cet air où Cendrillon s’inquiète de n’avoir pu tenir sa promesse et d’avoir perdu sa pantoufle. L’intervention furtive du carillon rappelant les coups de minuit vient certes alléger l’ensemble, mais pour autant le ton général reste sérieux dans cet air, voire dramatique. Notons, à la toute fin de l’extrait, la réapparition du motif du premier air de Cendrillon « résigne-toi petit grillon », apportant une touche nostalgique supplémentaire. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre sérieux/sentimental. 9- Trio : « C’est vrai... » Repère : CD2 Piste 2 Les caquètements des demi-sœurs reprennent dès le début de l’extrait, dans une forme d’agitation générale. Le vocabulaire de Madame de la Haltière est là encore celui du registre bouffe pour caractériser Pandolfe : « sot, ignare, grand dadais », puis la jeune inconnue (Cendrillon) : « cette guenille, cette Guenon, cette chiffon ». De plus, la série d’injures se fait sur une phrase mélodique ascendante, exprimant la surenchère. Le comique réside également dans la réponse des deux filles : « Ah Maman que vous parlez bien ! », qui se fait là encore sous la forme d’un nouveau caquètement unanime. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre comique. 10- Air : « Ah ! fugitives chimères... » Repère : CD2 Piste 6 L’atmosphère est extrêmement vaporeuse, mystérieuse dans ce début d’extrait. Pour cause, c’est un chœur bouche fermée qui intervient, créant une ambiance mystique. Se superposent alors les vocalises aiguës et gracieuses de la Fée, accompagnées des interventions voluptueuses de la harpe. Les vocalises et mélismes* de la Fée prennent largement le pas sur l’écriture syllabique* elle-même, au point de devenir une forme de langage différent de celui des humains et tout à fait adéquat pour ce personnage merveilleux. Notons là encore la présence des clochettes et du carillon, auxquels se superposent les bois aigus dans une forme de danse enchantée. Cet extrait devra donc être classé dans la catégorie du registre féérique. 13 à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne Note d’intention de Benjamin Lazar « Cendrillon aux douze coups du siècle » Cendrillon en ses carrosses 14 Cendrillon sort des cendres et se pare de lumière pour séduire le Prince : on ne se lasse pas de voir cette histoirephénix ressurgir des cendres de notre enfance. Au cours du xviiie et du xixe siècles, de nombreuses adaptations à la scène en sont faites, parfois très éloignées des versions de Charles Perrault (1697) et des frères Grimm (1857), car adaptées au goût de l’époque : de l’opéra-comique d’Anseaume de 1759 dont l’action commence après le bal par un dialogue licencieux où la marraine demande à Cendrillon ce qu’elle a bien pu perdre au bal, en passant par les œuvres d’Isouard (1810) et de Rossini (1817) jusqu’à une pléthorique Cendrillon au Châtelet en 1866, dont le succès (le spectacle est repris jusqu’en 1888) fut proportionnel à la démesure, et qui fut rebaptisée « des trucs et [...] des Jambes, ou sans Million pas de Cendrillon » par le caricaturiste Gill - sans compter les innombrables parodies qui fleurissaient autour de ces productions, et les ballets. En 1899, Georges Méliès prête à Cendrillon le corps bien en chair de sa maîtresse Jeanne d’Alcy dans son premier film dépassant les cent mètres de pellicule. Il le projette dans le lieu dont il est directeur, le théâtre Robert-Houdin, situé boulevard des Italiens, à quelques mètres de l’Opéra Comique. Là encore, les "trucs"sont au rendez-vous, réalisés avec toute la poésie et la fantaisie de ce dessinateur, magicien et grand pionnier du cinématographe. La Marraine Électricité Cette même année, le tout nouveau directeur de l’Opéra Comique, Albert Carré, programme la création du Cendrillon de Massenet dès les premiers mois de la réouverture de la salle Favart, autre phénix, qui s’était relevée pour la troisième fois de ses cendres : détruite par le feu en 1887, la nouvelle salle, celle que nous connaissons, avait été inaugurée en décembre 1898. Parmi les innovations que présente ce nouveau théâtre, la plus remarquée fut l’installation de l’électricité, remplaçant le système d’éclairage au gaz : «Cette importante évolution qui permet de graduer insensiblement la lumière en passant du jour à la nuit et réciproquement, et de modifier les teintes à l’infini, sans aucune des saccades que comportait l’emploi des jeux d’orgue anciens, est appelée à rendre les plus grands services à l’art de la décoration et de la mise en scène dans les théâtres. Elle avait sa place marquée sur notre seconde scène lyrique, où M. Carré désire voir appliquer les derniers perfectionnements de l’art théâtral.» (Le Ménestrel, décembre 1898). Le "conte de fées" de Jules Massenet et Henri Cain bénéficie, bien sûr, de ce nouveau système. Le compositeur, lors des répétitions, en apprécie les nouveautés et se laisse prendre à son propre conte : « Rien n’amusait tant Massenet que de suivre, parmi ces artifices de théâtre, la matérialisation des jeux de scène et de lumière. Indulgent à mes recherches, il riait et battait des mains pour marquer son contentement. » (Albert Carré, Souvenirs de théâtre). Le compositeur prenait un plaisir enfantin à voir apparaître et s’enchaîner sur scène les correspondances visuelles des changements fondus ou brutaux de couleurs - scintillements, éclats, irradiations, brillances, assombrissements... - de sa virtuose palette orchestrale et vocale. Le même journal qui avait salué cette innovation technique écrivit à propos de Cendrillon : « Des groupes de nymphes font voler leurs écharpes et dansent silencieusement autour du chêne, sous le ciel bleu, poursuivant leurs évolutions harmonieuses jusqu’au bord du lac dont les ondes transparentes brillent là-bas, sous la mate clarté de la lune. » (Le Ménestrel, mai 1899). Variété des couleurs, effets de profondeur et de transparence, de brillance et de matité au service d’un érotisme suggestif et idéal : la Fée Électricité est bien là, celle qui, dans la même décennie, fait changer miraculeusement de couleur, grâce à un système de miroirs et de projecteurs placés sous la scène vitrée, les grands voiles incandescents de la danseuse Loïe Fuller. Nous sommes encore à l’époque de l’émerveillement devant les pouvoirs magiques de l’électricité : lors de l’Exposition Universelle de 1889, on pouvait écouter à distance et en direct l’Opéra de Paris et l’Opéra Comique (alors place du Châtelet) grâce au Théâtrophone, et l’on s’extasiait de l’éclairage de la Tour Eiffel ; dans la salle du théâtre de l’Athénée inauguré en 1896, les balcons étaient ornés d’ampoules à nu pour en mieux faire apprécier l’incandescence ; en 1900, l’autre Exposition vit s’édifier un Palais de l’Électricité. Il n’est dès lors pas difficile de s’imaginer qu’en 1899, dans l’esprit des spectateurs, la marraine qui appelle follets et sylphes brillants au secours de Cendrillon et cette autre fée invisible ne sont qu’une seule et même merveilleuse et inquiétante créature. Cendrillon fin-de-siècle Cette innovation technique n’est pas anodine pour comprendre l’esprit de ce Cendrillon. La fascination du conte y est évidente mais la fascination de la modernité, plus cachée, y avance de concert. Certes, Jules Massenet et Henri Cain font, dès l’affiche, une référence explicite à Charles Perrault et au xviie siècle : Pandolfe y cite les Femmes savantes (« Du côté de la barbe est la toutepuissance », Acte I), Madame de la Haltière a des airs de la bourgeoise babillarde du Bourgeois Gentilhomme ou du rôle-titre de La comtesse d’Escarbagnas, et les médecins qui entourent le Prince pratiquent le latin de cuisine dans la bonne tradition moliéresque - cette relecture musicale, littéraire et visuelle du xviie siècle par le xixe siècle sera d’ailleurs intéressante à explorer et à rendre sensible. Certes, Massenet, après avoir emprunté d’autres voies, semble vouloir renouer avec la définition classique de l’opéra, issue de la tragédie lyrique à machines et vols : « Le merveilleux est le fonds de l’opéra français » (Encyclopédie de Diderot, article Enchantement). Allant dans ce sens, le prologue (supprimé par Albert Carré) propose aux spectateurs d’assister à ce conte « pour échapper au noir des choses trop réelles » ; il nous invite à « redevenir enfant » et à croire « au fabuleux ». À la fin de l’opéra, les chanteurs quittent leurs personnages pour conclure : « on a fait de son mieux / pour vous faire envoler vers les beaux pays bleus.» Nous sommes loin des dogmes du théâtre naturaliste à la Zola qui fait école au même moment : la Cendrillon enfiévrée et délirante de l’acte IV est plus proche de la Mélisande de Pelléas que de la Mimì de La Bohème - œuvres achevées dans la même année 1895. Mais, comme d’ailleurs dans le théâtre symboliste, est-ce uniquement d’évasion et de rêve qu’il s’agit ? Dépaysement, effets fabuleux et états d’enfance existent bel et bien dans cet opéra ; mais Cendrillon n’échappe pas à son époque, et ce merveilleux est empreint de toutes les obsessions et hantises de l’homme à la bascule entre deux siècles. Comme dans l’enfance, l’émerveillement n’est pas loin de l’inquiétude, et le rire des larmes (« Je ris! Je pleure et je ris! » chante Cendrillon). Attentifs à leur temps, ou traversés par lui, Massenet et Cain dressent un portrait de femme (ou plutôt de femmes si l’on compte Madame de la Haltière, ses filles et même le Prince, femme travestie parcourue de « doux frissons ») qui est aussi le portrait d’une époque : vulgarisation et mise en spectacle de la médecine (hypnose et suggestion, hystérie, neurasthénie, inconscient - tous ces mots à la mode avant même que la psychanalyse naissante en unisse le système), émancipation et corsetage de la femme, science et surnaturel, et autres thèmes sont sensibles dans les décalages qui s’installent entre le conte de Perrault et la Cendrillon de 1899. Benjamin Lazar 15 à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne Les maîtres d’œuvre Laurent Touche Directeur musical 16 Chef du Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire, Laurent Touche est régulièrement invité dans de nombreuses institutions musicales pour son travail sur la musique française en France et à l’étranger. Il poursuit parallèlement ses activités de pianiste accompagnateur et de chef d’orchestre. Il débute sa formation musicale au CNR de SaintÉtienne. Licencié en musicologie, il étudie ensuite l’accompagnement au CNR puis au CNSMD de Lyon. Il enseigne à la Maîtrise de la Loire et à l’Université de Saint-Étienne. Laurent Touche a récemment dirigé Véronique d’André Messager et L’Île de Tulipatan d’Offenbach à l’Opéra de Saint-Étienne. Benjamin Lazar Metteur en scène Metteur en scène et comédien, Benjamin Lazar crée sa compagnie Le Théâtre de l’incrédule en 2004. La même année, sa mise en scène du Bourgeois Gentilhomme dans la production du Poème harmonique de Vincent Dumestre rencontre un très grand succès public et critique. Dans le domaine lyrique, il a mis en scène, avec la collaboration de Louise Moaty, Énée et Lavinie de Pascal Colasse et Didon et Énée de Purcell à l’Opéra de Rennes. à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, Benjamin Lazar nous a présenté Cachafaz en janvier 2011. Les solistes Judith Gauthier Cendrillon (Soprano) Judith Gauthier fait ses début au Théâtre du Châtelet à Paris dans Idoménée de Campra et est invitée à participer à Bastien und Bastienne. Judith Gauthier donne un récital au Festival de Musique Baroque de Lyon et est soliste dans Vespro della Beata Vergine de Monteverdi. En 2011 elle interprète le rôle de Lisa (La sonnambula) au Théâtre de Bonn et est choisie pour jouer Cendrillon de Massenet à l’Opéra Comique de Paris puis à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne. Marie Lenormand Le Prince Charmant (Mezzo-Soprano) En 2010, la mezzo-soprano française Marie Lenormand a reçu le « Grand Prix de la Critique, Révélation Musicale de la saison 2009-2010 » pour son interprétation du rôle de Mignon dans l’opéra du même nom d’Ambroise Thomas à l’Opéra Comique de Paris, dans la mise en scène de Jean-Louis Benoit et sous la direction de François-Xavier Roth. Elle a récemment chanté Niklausse/La Muse dans Les Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Massy et Cherubino dans Les Noces de Figaro au Houston Grand Opera. Mélanie Boisvert La Fée (Soprano) Après avoir complété une formation de pianiste au Conservatoire Royal de Musique de Toronto, la soprano canadienne obtient une maîtrise de chant en Allemagne au Conservatoire de Musique de Cologne. Elle fait ses débuts en France en 2002 avec grand succès dans le rôle d’Olympia (Les Contes d’Hoffmann) à l’Opéra National du Rhin à Strasbourg. Depuis, elle a chanté la Charmeuse (Thaïs) à Tours et Avignon ; Ännchen (Der Freischütz) à Toulon et Saint-Étienne ; Cunégonde (Candide de Bernstein) à Rennes et Rouen ; et bien d’autres encore. Elle interprète également le rôle féminin du Voyage d’hiver au Festival Musica Nigella. Ewa Podles Madame de la Haltière (Contralto) Après avoir étudié à l’Académie de Musique de Varsovie, Ewa Podles fait ses débuts dans le rôle de Rosina (Le Barbier de Séville) en 1975. Avec sa voix de contralto au timbre charnu, évoluant sur plus de trois octaves, la remarquable cantatrice polonaise passe des opéras de Haendel, Rossini et Gluck à ceux de Verdi et de Wagner. En concert ou en récital, avec orchestre ou piano, elle interprète notamment Mahler, Szymanowski, Moussorgski, Prokofiev, Chopin, Brahms... Laurent Alvaro Pandolfe (Baryton) Né à Bordeaux en 1972, Laurent Alvaro y acquiert d’abord une riche formation musicale (piano, basson, viole de gambe, écriture, direction d’orchestre) avant d’intégrer l’Atelier Lyrique puis la troupe de l’Opéra National de Lyon en 1995 où il interprète notamment Demetrius dans A Midsummer Night’s Dream de Britten mis en scène par Robert Carsen. Parmi ses rôles les plus récents citons Ragueneau dans Cyrano de Bergerac mis en scène par Petrika Ionesco et Pietro dans La Muette de Portici mis en scène par Emma Dante à l’Opéra Comique de Paris. Caroline Mutel Noémie (Soprano) Après la maîtrise de Radio France et une formation d’art dramatique, Caroline Mutel débute dans L’Amour Médecin de Molière et La Princesse d’Elide de Lully, puis interprète Susanna (Le Nozze di Figaro) et Adèle (Die Fledermaus). En décembre 2008, elle joue le rôle d’Elle (L’Amour Masqué) à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne. Caroline Mutel chante également Clémence (Mireille) en 2010 aux côtés de Nathalie Manfrino. Caroline Champy Dorothée (Mezzo-Soprano) Elle obtient un 1er Prix de chant au CNR de Toulouse en 2003. La même année elle est engagée par le chœur de chambre Les Éléments dirigé par Joël Suhubiette puis suit une formation de théâtre musical au Théâtre National de Toulouse. Récemment elle a chanté le rôle d’Orphée (Orfeo ed Euridice de Gluck) ainsi que la Nelson Mass de Joseph Haydn avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse. L’orchestre et les chœurs Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Créé en 1987, l’OSSEL a su s’élever au rang des grands orchestres français. En devenant Directeur musical de l’Orchestre en 2003, Laurent Campellone entreprend un travail en profondeur sur la qualité artistique de cet ensemble. L’OSSEL est un acteur culturel incontournable qui accomplit une mission essentielle d’éducation et de diffusion du répertoire symphonique et lyrique. L’Orchestre a su acquérir une solide réputation, en particulier dans le répertoire romantique français. Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire Placé sous la responsabilité musicale de Laurent Touche, le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire constitue aujourd’hui un outil de niveau professionnel incontestable grâce à la rigueur apportée au recrutement de chacun des artistes, tous susceptibles, outre leur travail collectif, d’assurer des prestations individuelles de qualité. L’Opéra Théâtre de SaintÉtienne est désormais reconnu comme l’un des acteurs incontournables de la vie lyrique française. 17 à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne Iconographie commentée de la production Voici une partie du décor de Cendrillon, en cours de fabrication. Conçu par Benjamin Lazar et Adeline Caron, celui-ci a été réalisé dans les ateliers de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne avant de rejoindre l’Opéra Comique pour les représentations de mars 2011 et de revenir dans nos murs pour les représentations d’octobre 2012. Ce décor s’inspire de l’atelier de Georges Méliès qui s’intéressa lui aussi à Cendrillon en lui consacrant son premier film dépassant les 100 mètres de pellicule. De nombreuses références au cinéaste sont présentes dans la mise en scène de Benjamin Lazar ; observez bien la manipulation du décor ! 18 Ci-contre, la maquette des costumes pour les femmes du chœur lors du bal de l’acte II. Confectionnés en partie dans les ateliers de l’Opéra Théâtre de SaintÉtienne, en partie dans les ateliers de l’Opéra Comique, les costumes de Cendrillon sont le fruit d’un savant mélange entre robes d’époque, coiffes et accessoires fantasques ! Parmi l’ensemble des costumes on prêtera attention à la robe offerte à Cendrillon par sa marraine, véritable hommage à la Fée électricité… Voici d’ailleurs une photo prise lors de la scène de confection de la robe de bal. Au centre, Cendrillon vêtue de ses nippes est bientôt rejointe par les diverses créatures magiques convoquées par la Fée. 19 Le conte De Charles Perrault à Walt Disney en passant par les frères Grimm Objectif : Cette piste pédagogique propose d’explorer l’histoire de Cendrillon à travers différentes adaptations. Outils : 3 livres, 1 livret d’opéra, 1 dessin animé Mots-Clés : conte, merveilleux, magie, symbolique S’il existe, depuis le conte chinois du ixe siècle avant J.-C., plus de 570 versions du conte de Cendrillon, qu’elles soient littéraires, musicales, théâtrales, chorégraphiques, cinématographiques, etc., nous proposons de nous intéresser au conte de Charles Perrault, à celui des frères Grimm et au dessin animé de Walt Disney. Pour ce faire, il peut être envisagé une lecture en classe du conte de Charles Perrault et de celui des Frères Grimm (tous les deux très courts). 20 Comprendre la structure générale L’histoire de Cendrillon étant relativement connue par les élèves, il est possible de leur demander de citer de mémoire les différentes étapes du conte, à partir du schéma suivant : situation initiale, élément déclencheur, péripéties, dénouement, situation finale ; avant de compléter la liste à l’issue de la lecture. Cet "exercice" sera alors l’occasion de négociations entre les élèves. On peut noter au tableau tout ce qui est dit, puis essayer de faire rentrer chaque scène citée dans le schéma narratif précédemment évoqué, en choisissant des couleurs différentes pour les scènes relevant du conte de Perrault, des frères Grimm ou encore du dessin animé de Disney. On pourra alors constater comment les versions de Perrault et des frères Grimm diffèrent largement quant à la relation entre Cendrillon et son père, quant à la figure maternelle également, sans parler des situations finales toutes deux très différentes. Comparer les scènes de magie Les élèves étant familiarisés avec la structure générale du conte, dans ses versions les plus accessibles, il est désormais possible d’observer comment l’histoire de Cendrillon est remaniée par Henri Cain, le librettiste de Massenet. Pour cela, focalisons-nous sur les scènes magiques dans le conte de Perrault et observons ce qu’elles deviennent chez les frères Grimm, chez Walt Disney, mais également dans le livret d’Henri Cain. Après avoir identifié les scènes en question - apparition de la Fée, confection de la robe, apparition du carrosse, Chêne des Fées - nous pourrons constater que l’usage de la magie et la mobilisation de celle-ci, n’interviennent pas de la même façon dans chacune des versions. Elle peut aussi bien s’incarner en un seul personnage, la bonne Fée chez Perrault, comme s’étendre à d’autres créatures magiques. De la même manière, l’enchantement peut aussi bien nécessiter des personnages, que des animaux (les oiseaux chez les frères Grimm), un arbre (chez les frères Grimm et chez Cain), des objets, une citrouille (chez Disney)… Le regard porté par Cendrillon sur cette magie peut lui aussi recouvrir différents aspects : l’émerveillement, l’empressement, l’inquiétude. Enfin, toutes les scènes de magie que l’on peut répertorier ne sont pas forcément présentes dans chacune des versions citées. Comprendre la symbolique de la pantoufle de verre En lien avec l’ouvrage de Bruno Bettelheim : Psychanalyse des contes de fées, il peut être envisagé une réflexion sur la symbolique liée à la pantoufle de verre. En effet, ce « petit réceptacle où une partie du corps peut se glisser et être tenue serrée » peut facilement se lire comme le symbole du vagin. De la même manière, le verre, matériau fragile pouvant se briser, peut symboliser l’hymen de la jeune fille qui, fuyant du bal, tente alors de préserver sa virginité. Enfin, l’essayage de la pantoufle par diverses jeunes femmes peut s’apparenter, du point de vue du prince, au choix de celle qui pourra lui offrir l’épanouissement souhaité (épanouissement sexuel aussi), tandis qu’il peut se lire comme une acceptation de sa féminité du côté de la jeune Cendrillon, finalement prête à se donner au prince. En conclusion des travaux menés il sera intéressant de se plonger davantage dans le livret d’Henri Cain et d’étudier la notion de "réécriture" en s’interrogeant sur les choix opérés par le librettiste et les notions de transposition, de parodie, de pastiche, etc… La mise en scène du féérique Trucages et effets spéciaux chez Albert Carré et Georges Méliès Objectif : Cette piste pédagogique propose d’initier les élèves à la machinerie théâtrale à travers l’exemple de l’apparition/disparition de personnage(s). Outils : gravures, photographies de scènes, croquis de mise en scène, extrait vidéo Mots-Clés : machinerie, trucage, effets spéciaux, scène, cinéma à sa création en 1899 à l’Opéra Comique, Cendrillon bénéficie de toute la machinerie et tout l’appareillage technique de la nouvelle salle Favart, reconstruite l’année précédente et dans laquelle l’électricité a été installée. Le directeur de l’Opéra Comique, Albert Carré, va alors profiter du sujet féérique de l’œuvre pour mobiliser différents trucages et effets spéciaux qui raviront les spectateurs de l’époque. Nous proposons alors une initiation à la machinerie théâtrale à travers l’exemple de l’apparition/disparition de personnage(s) dans la mise en scène de la création de Cendrillon par Albert Carré (1899). Nous observerons à cette occasion, ce qui pouvait se faire à la même époque au cinéma, notamment dans le film de Georges Méliès consacré lui aussi à Cendrillon (1899). L’apparition/disparition : 3 types de trucages Elle peut se faire par un effet de "noir" (Carré) ou de "fumée instantanée" (Méliès) comme pour l’apparition de la Fée par la cheminée. Il s’agit alors de cacher au spectateur la vue du trucage. Soit la lumière est abaissée, soit un effet de fumée distrait le spectateur pendant l’entrée du personnage par une trappe quelconque que l’on referme avant le rétablissement de l’éclairage ou la dissipation de la fumée. Elle peut se faire par le sol, comme dans la scène des Esprits réalisée par Carré (fig.1), ou pour la disparition de la Fée chez Méliès. Le plancher de scène étant la plupart du temps divisé en panneaux amovibles (fig.2), il est alors possible d’aménager des trappes, permettant un jeu d’apparition et/ou de disparition de personnages par le sol. Il est alors possible de demander aux élèves de repérer dans l’acte I du livret de Cendrillon les moments auxquels la magie intervient. Ceux-ci sont au nombre de quatre : apparition de la Fée, apparition des créatures enchantées, changement de la robe de Cendrillon et apparition du carrosse (ce dernier effet relève d’un trucage très différent des trois autres). Nous pouvons alors proposer aux élèves d’étudier les trois premières scènes. Dans un premier temps nous pouvons demander aux élèves de se mettre à la place du metteur en scène et d’imaginer les trucages possibles pour la réalisation de ces trois actes magiques. Dans un deuxième temps, il conviendra de leur rappeler que la création de Cendrillon a eu lieu en 1899 avec des moyens techniques différents de ceux d’aujourd’hui, avant d’analyser avec eux les documents suivants et de comprendre la mise en œuvre des trucages imaginés par Albert Carré. Figure 2 : Fonctionnement d’une trappe de scène pour une apparition/disparition (MOYNET, Georges, L’envers du théâtre, Paris : Hachette, 1873, p.57) 21 (suite) La mise en scène du féérique Trucages et effets spéciaux chez Albert Carré et Georges Méliès 22 Figure 1 : Apparition des Esprits par le plancher de scène dans le 1er Acte de Cendrillon, reprise de la mise en scène d’Albert Carré au Théâtre Lyrique Municipal de la Gaieté en 1909 (Revue Le Théâtre n°243, février 1909) Elle peut se faire par un système de tourniquet comportant deux sièges sur lesquels on place d’un côté le personnage devant disparaître, de l’autre un sosie, vêtu de la même façon. Dans la mise en scène de Carré ce système permettait alors à Cendrillon d’être remplacée par un sosie, afin de disparaître en coulisses pour revêtir sa robe de bal avant de réapparaître dans son nouveau costume. Un système de "noir" permettait alors de masquer les deux manipulations successives du tourniquet (fig.1 et fig.3). Figure 3 : Manipulation du tourniquet pour faire disparaître Cendrillon en coulisses lors de la création de 1899 (Anonyme, Cendrillon, mise en scène de M. Albert Carré, rédigée par M. émile Bertin, manuscrit anonyme d’un copiste, s.l., [1899], Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, C 9 (I).) Opéra et modernité La Fée électricité, bonne marraine des théâtres Objectif : Cette piste pédagogique propose d’étudier le rôle technique, esthétique et dramaturgique de l’électricité dans la mise en scène. Outils : photographies de scène et de costumes, gravures, affiches, extrait vidéo Mots-Clés : électricité, lumière, couleurs, danse, costume Créée en 1899, quelques mois après l’installation de l’électricité à l’Opéra Comique, Cendrillon est la première œuvre de la nouvelle salle Favart à bénéficier d’un usage accru et efficace de la lumière électrique. Cette électricité, venue d’on ne sait où, intrigue la population et du même coup les spectateurs de l’époque, autant qu’elle les fascine. Dans l’imaginaire commun, l’électricité va ainsi être rapidement assimilée à la magie, au point de la nommer : la Fée électricité. Dans l’opéra de Massenet, une autre Fée tout aussi bienfaitrice, la marraine de Cendrillon, va alors justifier par ses formules magiques l’usage de l’électricité. Puisqu’on ne sait d’où vient cette lumière n’utilisant ni gaz ni chandelles, ce ne peut donc être que le fruit d’un enchantement. Dès lors, le personnage de la Fée va permettre à Albert Carré - directeur et metteur en scène de l’Opéra Comique - d’user des plus beaux effets visuels, jouant ainsi un rôle dramatique et scénique central dans les représentations de l’époque, au point d’être l’unique personnage présent sur l’affiche (fig.4). Connaissant le contexte de création de Cendrillon et l’utilisation importante de la lumière électrique, Benjamin Lazar (metteur en scène de la production actuelle) a choisi de jouer avec les références et les symboliques. Nous proposons ainsi d’observer et de comparer l’usage et le rôle de l’électricité dans les mises en scène d’Albert Carré (1899) et de Benjamin Lazar (2011). En classe, cette piste pédagogique peut être explorée soit avant la représentation, sous forme d’explication par l’enseignant, soit après la représentation, sous forme de jeu des ressemblances/différences, constituant ainsi un prétexte pour revenir sur le spectacle. 23 Figure 4 : Affiche de Cendrillon pour la création de 1899 à l’Opéra Comique (suite) Opéra et modernité La Fée électricité, bonne marraine des théâtres Dans la mise en scène de Carré Comme nous l’avons vu, c’est la présence dans l’œuvre de personnages et créatures magiques qui permet de justifier l’usage intensif de la lumière électrique, encore peu maîtrisée en 1899. 24 « La nouveauté consistait en effets lumineux reposant sur des jeux de glaces. Ils furent exploités à l’acte I et à l’acte III, pour le tableau du chêne. Dans la chaumière de Cendrillon, on avait disposé un bâti de glaces sur lequel se plaçaient les six esprits habillés de longues ailes. Lorsqu’elles étaient déployées, on projetait par en-dessous, au moyen de verres colorés, une lumière rouge, puis violette. D’autres projections se succédaient et se croisaient, venant soit des cintres, soit des coulisses : lumière bleue pour la nuit, lumière blanche pour la lune, orange pour la cheminée. Des follets, joués par de jeunes enfants, s’échappaient d’un coffre éclairé de l’intérieur par une lampe rouge. » Nicole Wild Ce principe de réflexion et d’amplification de l’éclairage par le costume fait d’ailleurs référence à la danse serpentine d’une célèbre interprète de l’époque : Loïe Fuller (fig.5). Virevoltant à travers les faisceaux kaléidoscopiques de projecteurs, vêtue de longues draperies de gaze transparentes, Loïe Fuller avait développé un numéro spectaculaire suscitant l’intérêt de toute l’avant-garde artistique. Au vu de l’intérêt général pour le numéro de la danseuse, il ne semble pas étonnant qu’Albert Carré, déjà conscient du fort potentiel dramatique de l’éclairage, se soit intéressé au travail de la danseuse. Si bien qu’il fera un nouveau clin d’œil à celle-ci au cours du tableau du Chêne des Fées : « Aussitôt le tableau éclairé, paraissent au fond derrière le chêne, à droite et à gauche, trois danseuses de chaque côté. Elles font avec leurs écharpes des poses gracieuses et tournent en dansant presque sur place dans la brume. » (livret de mise en scène d’Albert Carré) Cette utilisation très efficace de l’éclairage électrique est par ailleurs renforcée par les costumes des Esprits et le jeu de scène de ceux-ci. En effet, les danseuses incarnant les six Esprits portent des costumes munis d’ailes aux formes étranges, aux motifs tachetés, zébrés pour certains, et aux textures brillantes. Ces ailes, une fois déployées, reflètent alors la lumière rouge, projetée au travers du bâti de glace. Figure 5 : Danse serpentine de Loïe Fuller (MOYNET, Georges, Trucs et décors, Paris : La librairie illustrée, 1893, deuxième de couverture) (suite et fin) Opéra et modernité La Fée électricité, bonne marraine des théâtres Dans la mise en scène de Lazar Une même référence aux danses de Loïe Fuller est faite dans la mise en scène de Benjamin Lazar, lors du tableau du Chêne des Fées. En effet, des danseuses vêtues de draperies, de part et d’autre du Chêne, reproduisent la fameuse danse serpentine, créant ainsi une atmosphère à la fois aérienne et florale, parachevant merveilleusement l’ambiance de ce tableau. Mais la plus grande référence mobilisée par Benjamin Lazar - on peut même parler d’hommage - c’est celle relative à l’apparition de l’électricité. Le metteur en scène utilise celle-ci tout au long du spectacle, soit par petites touches colorées, soit en la mettant au cœur d’un décor ou d’un costume, jusqu’à transcender celuici. Citons alors le Chêne des Fées, matérialisé par une guirlande lumineuse, ou mieux réussie encore, la robe de bal de Cendrillon (fig.6). Figure 6 : Cendrillon dans sa robe de bal, mise en scène de Benjamin Lazar 25 Figure 7 : Cendrillon et le Prince lors de la scène du bal, mise en scène d’Albert Carré (Revue Le Théâtre, n°19, juillet 1899) 26 L’institution a également pour mission de proposer au plus grand nombre une programmation riche avec une exigence de qualité dans les domaines de la musique classique (musique symphonique, musique de chambre...), de la danse, du théâtre, en allant également vers des formes aussi diverses que le cirque, le cabaret... L’Opéra Théâtre remplit également une mission capitale auprès du jeune public, proposant une saison dédiée, riche et variée. Enfin, dans le domaine de l’action culturelle et de la médiation, l’Opéra Théâtre, en relation avec de nombreux partenaires (universités, Éducation nationale, écoles de musique..), souhaite développer ses propositions aux personnes n’ayant pas spontanément accès à la culture (politique tarifaire, décentralisation des concerts...). Des visites guidées sont également organisées. Certaines représentations sont précédées 1 heure avant le début du concert d’un Propos d’avant-spectacle (présentation sous la forme d’une conférence). Cy rill eS ab ati er Bénéficiant d’une notoriété nationale et internationale importante, l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne se situe parmi les maisons d’opéra les plus dynamiques en termes de public. L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne est un établissement de la Ville de Saint-Étienne soutenu par le Conseil général de la Loire, la Région Rhône-Alpes et le Ministère de la Culture. Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire et l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire placés sous la direction musicale de Laurent Campellone sont les acteurs essentiels d’une programmation qui sait également s’ouvrir aux artistes de tous les horizons. La vocation première de l’Opéra Théâtre de SaintÉtienne est une vocation lyrique : avec ses propres ateliers de construction de décors et de réalisation de costumes, l’Opéra Théâtre produit et coproduit chaque saison de nouvelles œuvres lyriques. © L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne 27 Petite histoire d’une production d’opéra Le directeur détermine les différents "titres" qui seront programmés durant la saison. Il choisit ensuite un metteur en scène pour la production d’un opéra. Ce dernier associe un certain nombre de collaborateurs au projet dont un décorateur éclairagiste et un costumier. À ces derniers d’imaginer la conception des décors et des costumes tout en se conformant à des critères résolument déterminés : état d’esprit du spectacle, contexte historique et découpage acte par acte de l’ouvrage, caractéristiques techniques de la scène, budget consacré à la production. 28 La première étape concrète du projet consiste généralement en la présentation des maquettes, celles-ci sont paramétrées par le directeur technique qui connaît toutes les contraintes du théâtre, tandis que les responsables d’ateliers conseillent les concepteurs pour définir les techniques et les matériaux les plus adaptés à la réalisation des décors et costumes. Le premier travail de construction se déroule dans les ateliers de menuiserie et de serrurerie qui réalisent chacun de leur côté les différents éléments du décor. L’assemblage du décor est ensuite confié à l’atelier de construction. Les parties monumentales sont conçues comme un puzzle qui doit pouvoir se manipuler et s’assembler en scène avec aisance et rapidité. Légers tout en étant rigides, les différents éléments sont confectionnés dans des dimensions qui leur permettent d’être transportés dans des containers pour les tournées à venir. Une fois la base structurelle du décor réalisée, celle-ci est habillée par l’atelier de décoration après avoir fait occasionnellement l’objet d’un équipement électrique (installation de moteurs, d’éclairages ou de dispositifs sonores). Son personnel, constitué de peintres et de sculpteurs issus, dans la majorité des cas, d’écoles des BeauxArts, doit être rompu à toutes sortes de techniques de reproduction : faux marbres, faux stucs, peintures de genre sur tous supports, fabrication d’ornements et d’accessoires (casques, boucliers, ceintures, parures, etc.) dans des matériaux divers : bois, acier, terre, matières synthétiques (mousse de polyuréthane expansée, résine, latex). Dans un décor, ne sont construites et peintes que les parties laissées apparentes au public. L’aspect donné aux différents accessoires répond aux critères de la vraisemblance et de l’illusion. L’art des ateliers de création d’un théâtre est un art du faux : tel chaudron de cuivre martelé est fabriqué en mousse, tel socle de granit a pour support une armature de fer ou de bois, elle-même recouverte de toile plissée peinte alors en trompe-l’oeil, etc. Une fois achevé l’ornement du décor, celui-ci est installé sur la scène pour effectuer les essais d’éclairage. Certaines retouches sont apportées par la suite : estompage d’une colonne trop brillante, rehaussements de couleur d’un accessoire, finition des joints des éléments à assembler. Pour la confection des costumes, le costumier procède à l’échantillonnage des étoffes, de leurs coloris, de l’harmonie qu’elles peuvent générer une fois assemblées. Parfois, lors d’exigences particulières, certains tissus font l’objet d’une fabrication spéciale tandis que d’autres sont retravaillés à seule fin de provoquer un effet singulier. Transformations des couleurs, modifications de la texture : la réalisation de costumes de scène constitue un travail artisanal où chaque pièce mérite une attention particulière pour s’adapter au mieux à la personnalité de l’interprète qui la portera. Une fois les textiles sélectionnés, l’élaboration du patron de chaque costume, ainsi que la coupe des tissus et leur assemblage, sont effectués sur mannequin. Après un essai en l’état, le costume est à nouveau ouvragé et se trouve agrémenté d’accessoires, de bijoux et différents autres ornements, jusqu’à trouver son aspect quasi définitif. De la même façon que pour le décor, les costumes nécessitent réajustements et retouches jusqu’aux dernières répétitions. Dans tous les cas, tous les éléments de décoration et de costumes réalisés pour un spectacle sont répertoriés et classés afin que lors des représentations aucun incident ne puisse venir altérer le déroulement du spectacle. C’est souvent au lendemain de la “générale” que le travail de création s’achève tout à fait. Atelier de fabrication de costumes Atelier de construction de décors : menuiserie 29 Atelier de construction de décors : serrurerie © Cyrille Sabatier Atelier de construction de décors Voix et tessitures Une voix pour un personnage Voix d’hommes Les différents registres de la voix humaine s’adaptent par leur extension, leur timbre, leur caractère et leurs capacités techniques à différents genres de personnages. Le choix que fait le compositeur est donc très important pour que le rôle incarné par le chanteur soit crédible. Ténor C’est une des voix les plus aiguës chez les hommes (on trouve également une voix encore plus aiguë : celle de contre-ténor). Selon la couleur et le caractère de la voix, on distingue le ténor "léger", "lyrique" ou "dramatique". C’est souvent la voix du ténor qui incarne les héros à l’opéra. Ténors célèbres : Roberto Alagna, Luciano Pavarotti, Placido Domingo... Voix de femmes 30 Soprano C’est la voix la plus aiguë chez les femmes. Il existe plusieurs caractères de voix. La soprano "colorature" : capable de faire des vocalises rapides et de monter dans les extrêmes aigus du registre. Ce sont généralement des rôles de magiciennes, de poupées, de personnages enchantés en lien avec le surnaturel et le monde des dieux. La soprano "lyrique" : une voix claire et expressive qui s’adapte aux personnages des amoureuses, des jeunes filles. La soprano "dramatique" : elle a une couleur obscure, veloutée idéale pour incarner des personnages plutôt graves comme les reines, les femmes fières ou d’âge mûr. Personnage de soprano très connu : la Reine de la Nuit (La Flûte enchantée). Mezzo-soprano C’est la voix moyenne chez les femmes. La voix de mezzo s’adapte aux personnages de jeunes garçons, de femmes séduisantes ou à des personnages au caractère tragique. Personnage célèbre de mezzo très connu : Carmen (Carmen) Alto C’est une des voix féminines les plus graves. C’est une voix souvent utilisée pour personnifier des nourrices, des vieilles dames ou des guerriers. Il existe une voix encore plus grave, c’est celle de contralto. Baryton C’est la voix moyenne chez les hommes. Les rôles attribués au baryton sont par exemple : Comte Almaviva (Les Noces de Figaro), Barbe-bleue, Falstaff, Pelléas. Barytons célèbres : Dietrich Fischer-Diskau, José Van Dam... Basse C’est la voix la plus grave chez les hommes. Souvent la voix de basse incarne des personnages terribles comme des démons, des hommes méchants, parfois aussi la basse représente la voix de Dieu. L’orchestre symphonique Trompettes Trombones Cors Piano Harpe Violons II Violons I Clarinettes Bassons Flûtes Hautbois Altos Chef Tubas Contrebasses Violoncelles Glossaire Éclectisme Cendrillon En musique l’éclectisme est une démarche de composition qui prend en compte différents styles et use de différents systèmes, piochant çà et là ce qu’il semble y avoir de bon, d’efficace ou d’utile. Cendrillon, dossier pédagogique « Opéra en actes », accessible en ligne : www.cndp.fr/opera-en-actes/ Cendrillon, dossier pédagogique de l’Opéra Comique, accessible en ligne : http://www.opera-comique.com/ medias/professionnels/professeurs/cendrillon.pdf BOYER ; MAIRET, « 18 photographies de scènes de Cendrillon » (création de mai 1899 à l’Opéra Comique), Le Théâtre, n°19, juillet 1899. BRUNEAU, Alfred, « Les théâtres : Cendrillon », Le Figaro, 25 mai 1899, p. 4. FELIX ; LARCHER, « 5 photographies de scènes de Cendrillon » (reprise de février 1909 au Théâtre Lyrique Municipal de la Gaité), Le Théâtre, n°243, février 1909. MASSENET, Jules, Cendrillon, Partition chant et piano, Paris : Heugel & Cie, 1899, [cotage H. & Cie 18 421]. [MEYER, Lionel], NICOLET, « Soirée Parisienne Cendrillon », Le Gaulois, 25 mai 1899, p. 3. MERIEAU, Noémie, Cendrillon, une princesse Belle époque ; les réécritures lyriques de Cendrillon au xixe siècle, mémoire de master inédit, sous la direction de Jean-Yves Mollier et Jean-Claude Yon, Université de Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines, 2010. POUGIN, Arthur, « Cendrillon », Le Ménestrel, n°22, 28 mai 1899, p. 169-171. Écriture syllabique Technique de composition consistant à faire correspondre pour chaque syllabe d’un mot une note qui lui est propre. Mélisme Ensemble de notes chantées sur une seule et même voyelle et donnant lieu à ce que l’on appelle des vocalises. Registre bouffe Registre dramatique et musical qui provoque le rire, l’amusement. Autrefois destiné aux seuls opéras buffa, il se mélange rapidement aux autres registres selon les besoins de l’action. Registre sérieux Par opposition au registre bouffe, le registre sérieux renvoie à un ton dramatique plus mesuré, collant au plus près des situations sans chercher le second degré. Mise en scène et cinéma Bibliographie Massenet BRANGER, Jean-Christophe, « Merveilleux païen et merveilleux chrétien dans l’opéra fin-de-siècle : l’exemple de Massenet », Le surnaturel sur la scène lyrique du merveilleux baroque au fantastique romantique, Lyon : Symétrie, 2012, p. 301-322. MASSENET, Jules, Mes souvenirs, 1/ Paris : P. Lafitte & Cie, 1912 ; 2/ Gérard Condé éd., Paris : Plume, 1992. OLIVIER, Brigitte, Jules Massenet : Itinéraire pour un théâtre musical, Arles : Actes Sud, 1996. WILD, Nicole, « Iconographie de Massenet dans les collections de la Bibliothèque Nationale et de la Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris », Massenet en son temps, Gérard Condé éd., actes du colloque de novembre 1992, IIe Festival Massenet, Saint-étienne : Association du Festival Massenet et Esplanade Saintétienne Opéra, 1999, p. 194-207. ANONYME, Cendrillon, mise en scène de Mr Albert Carré, rédigée par M. émile Bertin, manuscrit anonyme d’un copiste, s.l., [1899 ?], Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, C 9 (I). MALTHETE, Jacques, « Un feu d’artifice improvisé ? Les effets pyrotechniques chez Méliès », revue 1895, n°39, février 2003, p. 64. MOYNET, Georges, L’Envers du théâtre : machines et décorations, Paris : Hachette, 1873. MOYNET, Georges, Trucs et décors, Paris : La librairie illustrée, 1893. PARISI, Jonathan, « La mise en scène de la création de Cendrillon : voyage à travers "les beaux pays bleus" », Du livret à la mise en scène, actes du colloque des 3-4 mars 2011, Paris : Opéra Comique et Palazzetto Bru Zane, à paraître. Le conte BETTELHEIM, Psychanalyse des contes de fées, Paris : Pocket, 1999. GRIMM, Cendrillon, accessible en ligne. PERRAULT, Cendrillon, accessible en ligne. 31 Retrouvez l’Opéra Théâtre de Saint-étienne sur internet www.operatheatredesaintetienne.fr Jardin des Plantes - BP 237 42013 Saint-Étienne cedex 2 [email protected] Locations / réservations du lundi au vendredi de 12h à 19h 04 77 47 83 40