Traumatisme Obstétrical - Institut Milton H. Erickson du Rhône

Transcription

Traumatisme Obstétrical - Institut Milton H. Erickson du Rhône
Imher : INSTITUT MILTON H. ERICKSON DU RHONE
MEMOIRE D'HYPNOSE
ERICKSONNIENNE
TRAUMATISME OBSTETRICAL
DEUIL TRAUMATIQUE
ANNEE 2014
Docteur Véronique REY
REMERCIEMENTS
Depuis toujours, ma curiosité m'a poussée à apprendre, à découvrir des domaines très divers.
Depuis longtemps, je souhaitais me pencher, « un jour », quand j'en aurai le temps, sur la
question de l'hypnose.
Qu'est-ce c'est ? Comment ça marche ?
Aussi suis-je particulièrement reconnaissante à Mohamed Elfaricha et Françoise VanmuysenMontanier qui m'ont ouvert les portes de cet univers si particulier qu'est l'HYPNOSE.
Je tiens à les remercier vivement pour leur accompagnement patient, adapté, amusé parfois
devant nos réactions de « novices ».
Cela a été une grande joie pour moi de recevoir leur enseignement clair, pragmatique et
toujours bienveillant. J'ai vraiment pris du plaisir à chaque session de formation même si
parfois l'accumulation de tant de notions nouvelles nous a épuisés et que nos inconscients ont
été mis à rude épreuve !
Je me rends compte du chemin parcouru maintenant que je mets en pratique tout cet
enseignement dans mes consultations de psychothérapie.
Je remercie toutes les personnes qui se sont penchées sur cette discipline qu'est l’hypnose
ericksonienne, pour commencer à en comprendre les mécanismes, pour l'améliorer et faire en
sorte de l'utiliser comme nous le faisons aujourd'hui.
Cette grande chaîne de découvreurs, de passionnés mérite que nous lui rendions hommage.
Merci aussi à Najiba Aoun qui m'a parlé de cette session de formation et a été en quelque
sorte « mon starter » !
Enfin, j'ai une pensée émue pour mon compagnon et mes enfants qui me supportent et me
soutiennent au fil des années dans mes différents travaux de thèse, mémoires, formations et
autres recherches professionnelles qui sont comme un puits sans fond ….et m'aident à
naviguer dans les arcanes de l’informatique.
Merci pour leur patience et leurs encouragements!
TABLE DES MATIERES
1
1. INTRODUCTION
P4
2. TYPOLOGIE ET ÉPIDÉMIOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS
P4
2.1 CONTEXTE
P4
a. L’origine
b. La finalité d'une prise en charge adaptée
c. La description du dispositif
2.2 EPIDEMIOLOGIE
P7
a. Etude de la HAS
b. Sur le plan législatif
3. ASPECTS CLINIQUES ET CARACTÉRISTIQUES DE CE
TYPE D’ÉVÉNEMENTS
P8
4. PRISE EN CHARGE SPÉCIFIQUE
P 11
4.1 LE LONG PROCESSUS DE PMA DECOMPOSE EN SOUS-TRAUMAS
P 12
a. Sur le plan physique
b. Sur le plan psychique
4.2 LA PERIODE DE L’ANNONCE DES MALFORMATIONS JUSQU’A LA
DECISION D’ITG
P 13
a. Sur le plan physique
b. Sur le plan psychique
4.3 LA PERIODE A PARTIR DE L’ITG ET LE DEUIL PERINATAL
4.3.1 L’ITG
P 15
P 15
a. Sur le plan physique
b. Sur le plan psychique
4.3.2 LE PROCESSUS DE DEUIL
P 16
a. Sur le plan physique
b. Sur le plan psychique
c. En pratique hospitalière
2
5. DESCRIPTION D'UN CAS CLINIQUE AVEC SCRIPT ET EVALUATION
PRE ET POST-THERAPEUTIQUE
P 18
5.1 DESCRIPTION DU CAS
P 18
5.2 SCRIPT DE LA SEANCE
P 22
5.3 EVALUATION PRE ET POST THERAPEUTIQUE
P 33
a) Avant la thérapie
b) Après la thérapie
c) Conclusion
6. BIBLIOGRAPHIE
P 36
7. ANNEXES
P 37
3
1. INTRODUCTION
Choisir un sujet d'étude n'est pas toujours simple, aussi je suis heureuse de vous présenter le
cas de cette jeune femme, qui s'est présentée à moi au «bon moment ».
La démarche de départ de Soizic était d’entamer une nouvelle psychothérapie car elle était
« perdue » dans sa vie, très nerveuse, émotive, impulsive et « à bout de nerfs ». Elle ne
supportait plus sa vie de couple et s'inquiétait pour sa petite fille adoptive de 4 ans.
Nous avons commencé une thérapie de type TCC (thérapie comportementale et cognitive)
concernant ses rapports de couple, ce qui était sa demande et semblait son problème le plus
prégnant.
Au fil des entretiens elle m'apprend qu'elle et son mari ne pouvaient avoir d'enfant et ont
entamé le long processus de procréation médicalement assistée (PMA). Une grossesse a pu
être « mise en route » suite à une FIV (fécondation in vitro).
Malheureusement, à la fin du 8°mois, une ITG (interruption thérapeutique de grossesse) a dû
être pratiquée devant les malformations multiples et létales présentées par le bébé.
Devant son récit terrible, et son état émotionnel effondré, nous avons choisi ensemble de
retravailler sur ces épisodes tragiques de sa vie qui pourraient se résumer ainsi :
ESPT (état de stress post traumatique) dû à un traumatisme obstétrical + deuil pathologique.
Sa réponse positive est l'objet de ce travail.
2. TYPOLOGIE ET ÉPIDÉMIOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS
Je parlerai spécifiquement du trauma obstétrical et du deuil traumatique suite à un décès
périnatal.
Il existe peu d'études et d'articles concernant ce sujet encore tabou, et qui reste à la frontière
entre l'obstétrique et la psychopathologie.
2.1 CONTEXTE
Ceci est la reprise d'un travail mené au CHU de Lille, représentatif de l'évolution de la
situation de la prise en charge de ce type de traumatisme sous l'impulsion des Drs Dumoulin
(Médecin praticien associé référent en deuil périnatal) et Anne -Sylvie Valat (Obstétricienne).
4
a) L'origine
Vers 1990 :
1er constat : Grand mal être physique et psychique voire traumatisme des mères, des pères et
de la fratrie après le décès d'un nouveau-né.
COMPLICATIONS PSYCHOPATHOLOGIQUES DE DEUIL RAPPORTÉES CHEZ PRÈS
DE 60% DES MÈRES.
Peu de mères revenaient en consultation postnatale ou pour le suivi de la grossesse suivante
(changement d'établissement). Grand malaise ou fuite des soignants face à ces familles
éprouvées. Des collègues belges et anglais qui avaient une prise en charge différente du décès
périnatal ne partageaient pas le même constat.
2ème constat : Peu ou pas de reconnaissance juridique des enfants décédés en période
périnatale, décalage entre réalité médicale d'un nouveau-né décédé et sa réalité juridique,
conséquences sur les droits civils et sociaux des parents et sur le devenir du corps
(impossibilité de funérailles, ...).
En 1993, 3ème constat : (à partir d'une enquête sur le ressenti maternel après décès périnatal)
Peu de contact des mères, encore moins des pères et pas du tout de la fratrie, avec l'enfant
décédé. Peu de preuves tangibles d'existence de l'enfant. Rituels funéraires et funérailles
inexistants ou escamotés. Ignorance du devenir du corps dans bon nombre de cas (des parents
comme des soignants).
b) La finalité d'une prise en charge adaptée :
ACCOMPAGNER LES PARENTS CONFRONTÉS À UN DÉCÈS PÉRINATAL AFIN
D'ÉVITER LES COMPLICATIONS PSYCHOPATHOLOGIQUES DU DEUIL en favorisant la
reconnaissance d'un patient dans le fœtus décédé et la nécessité d'un véritable travail de deuil
à faire par les parents, la fratrie et aussi des soignants.
Améliorations attendues : Mieux-être parental, diminuer le risque de complications liées au
deuil (le ramener à 5% maximum comme dans les autres types de deuil) et également
améliorer le "confort" de travail des soignants. Le projet est destiné à l'ensemble des
soignants et administratifs de périnatalité. Usagers cibles : nouveau-nés décédés, parents,
fratrie et la famille élargie.
5
c) La description du dispositif
"MISE EN PLACE D'UNE DÉMARCHE D'ACCOMPAGNEMENT DES PARENTS DEPUIS
L'ANNONCE DU DÉCÈS OU DE LA MALFORMATION GRAVE JUSQU'AUX
FUNÉRAILLES ET SUIVI DE DEUIL APRÈS LA SORTIE.
Constitution d'un groupe de travail et d'un coordonnateur. Information et formation des
professionnels concernés à toutes les étapes de la prise en charge. Détermination pour chaque
étape de qui fait quoi et quand et comment ?
• Annonce
• temps de réflexion et décision si ITG ou temps de prise de conscience du décès si
survenu in utero.
• préparation à l'hospitalisation, à l'accouchement, à l'accueil de l'enfant décédé
• hospitalisation pour les parents : certificats d'accouchement, information des droits
sociaux civils et administratifs, repères pour la sortie ; pour l'enfant : rencontres, soins
au corps (toilette), déclaration, constitution de traces (photos, bracelets empreintes),
autopsie, devenir du corps, funérailles et rituel d'adieu
• l'après : donner un rendez-vous de consultation postnatale, génétique, psychologique
adresses d'associations. Etablissement, pour les soignants, de procédures concrètes
(fiches techniques de liaison, classeur des formulaires différents selon les 4 cas
possibles de décès, etc. ...). "
Moyens matériels
Autorisation administrative nécessaire et prise en compte des coûts financiers :
1. aménagement de la chambre mortuaire (décoration, berceau et parure, habits de bébé,
matériels pour toilette et soins au corps, secteur réfrigéré de froid négatif... )
2. aménagement d'une pièce de présentation pour les enfants
3. Aménagement d'un espace rituel pour les cérémonies d'adieu
4. Un bureau pour recevoir les parents en deuil
5. Réalisation de photos, six à huit par enfant (appareil photo, développement papier ou
impression
6. les cercueils et les transferts du corps vers le cimetière quand les parents ne prennent pas
en charge les funérailles
7. livret d'accompagnement
6
8. classeur de procédures, fiches selon les quatre situations de décès ...
2.2 EPIDÉMIOLOGIE
a) Etude de la HAS (Haute Autorité de Santé) qui reprend uniquement le plan médical et
n'aborde pas le plan psychologique ! Mais permet de comprendre le cadre législatif.
En 2007, le taux de mortinatalité était de 9,1 p 1000 et le taux de mortalité néonatale était de
2,1 p 1000 (INSEE). Selon le rapport européen périnatal de santé (2), la mortinatalité de la
France en 2004 était la plus élevée d’Europe et la mortalité néonatale atteignait un niveau
moyen.
En ce qui concerne, la prématurité en France, 6,3 % des naissances vivantes surviennent
avant 37 semaines d’âge gestationnel.
Le seuil d’enregistrement des enfants sans vie est passé de 28 semaines d’aménorrhée à 22
semaines ou 500 g en 2001. De plus, depuis 2008, le
Seuil est de 15 semaines, et l’enregistrement n’est plus obligatoire. Il n’est donc pas possible
de comparer les taux de mortalité périnatale et de mortinatalité au cours des dernières années.
b) Sur le plan législatif:
A partir du 5 ° mois de grossesse, le fœtus mort-né peut être déclaré à l'état civil, avoir un
prénom et figurer sur le livret de famille. Un certificat médical d'accouchement signé par la
sage-femme ou par le médecin accoucheur doit être délivré à l'officier d'état civil pour lui
permettre d'établir un" acte d'enfant sans vie".
En France, lorsqu'un enfant décède avant que sa naissance n'ait été déclarée à l'état civil, le
code civil distingue deux cas. Cette distinction a été introduite par la loi n° 93-22 du 8 janvier
1993 relative à l'état civil, à la famille et aux droits des enfants.
Si un certificat médical atteste que l'enfant est né « vivant et viable », l'officier d'état civil
établit un acte de naissance ainsi qu'un acte de décès, et la naissance est mentionnée sur le
livret de famille. L'enfant reçoit un nom et un prénom. Son inhumation - ou sa crémation - est
obligatoire. Les droits sociaux liés à toute naissance sont octroyés aux parents. La mère
bénéficie ainsi d'un congé de maternité. La notion de viabilité a été précisée par la circulaire
n° 50 du 22 juillet 1993 relative à la déclaration des nouveau-nés décédés à l'état civil :
conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, les enfants
7
pesant au moins 500 grammes ou nés après 22 semaines d'aménorrhée sont présumés viables,
indépendamment de tout autre critère.
En l'absence de certificat médical attestant que l'enfant est né « vivant et viable », l'officier
d'état civil n'établit qu'un acte d'enfant sans vie. La circulaire n° 2001-576 du 30 novembre
2001 relative à l'enregistrement à l'état civil et à la prise en charge des corps des enfants
décédés avant la déclaration de naissance précise que cette procédure s'applique, d'une part,
aux enfants nés vivants, mais non viables, et, d'autre part, aux enfants mort-nés après un
terme de 22 semaines d'aménorrhée ou ayant un poids d'au moins 500 grammes. L'enfant, qui
n'acquiert pas la personnalité juridique et n'a pas de nom de famille, peut être mentionné sur
le livret de famille si les parents le souhaitent. Il peut recevoir un prénom. De plus, les parents
disposent de dix jours pour réclamer le corps et organiser des obsèques. Sinon l'établissement
hospitalier fait le nécessaire.
En revanche, un enfant mort-né avant 22 semaines d'aménorrhée et ayant un poids de moins
de 500 grammes a le statut de « pièce anatomique ». Il fait l'objet d'une simple déclaration
administrative. Aucun acte d'état civil n'est établi, l'établissement de soins pouvant néanmoins
fournir aux parents qui le souhaitent un certificat d'accouchement d'un enfant né mort et non
viable. Le corps est incinéré par l'établissement médical, à moins que les parents ne le
réclament pour le faire inhumer ou incinérer.
Or, le 6 février 2008, la première chambre civile de la Cour de cassation a rendu trois arrêts
dans lesquels elle a précisé la notion d'enfant né sans vie. Elle a en particulier supprimé les
seuils à partir desquels la reconnaissance du statut d'enfant sans vie est possible. Elle a en
effet estimé que le code civil ne « subordonn[ait] pas l'établissement d'un acte d'enfant sans
vie au poids du fœtus, ni à la durée de la grossesse ». Par conséquent, « tout enfant né sans
vie à la suite d'un accouchement peut être inscrit sur les registres de décès de l'état civil, quel
que soit son niveau de développement. »
En résumé, on peut noter que le législateur, en France, a élargi le champ de la reconnaissance
de l'existence de l'enfant mort-né. Cette notion s'avère fondamentale pour les mères qui
souhaitent investir pleinement leur enfant.
3. ASPECTS CLINIQUES ET CARACTERISTIQUES DE CE TYPE D 'EVENEMENTS
La période de la grossesse est une période riche en changements psychiques.
Deux notions reviennent sous une forme ou une autre : la perte et l’actualisation.
8
La perte à travers la perte de l’enfance et le deuil que doit faire la mère de l’enfant qu’elle
fut, deuil qui s’accompagne de la perte de l’objet maternel dans la mesure où l’enfant qu’elle
était est alors amené à passer alors au stade mère.
L'actualisation concerne les affects et les représentations suscités par l’expérience de la
grossesse dans les rapports de la mère à la naissance: réactivation des conflits infantiles, des
traumatismes et du deuil d’un certain type de lien à ses propres parents.
Ce contexte psychologique inhérent à la grossesse peut être source de multiples angoisses
pour certaines femmes.
Il s'agit parfois de véritables crises de panique ou d'obsessions avec peur de tuer l'enfant qui
n'est pas encore né.
Dans ce contexte de fragilité psychique des mères, les événements comme l'annonce de
malformations, d'une grossesse à risque, d'une issue fatale pour le bébé, sont autant de
facteurs pouvant être à l'origine d'un psycho-traumatisme majeur.
Le décès d’un nouveau-né en maternité n’est pas un événement normal et pourtant
régulièrement des femmes se rendent en maternité pour accoucher d’un enfant mort ou qui va
rapidement mourir. La simultanéité d’une vie attendue et de la mort advenue, plonge les
parents dans l’intolérable et l’impensable.
Cependant la mort de ces tout-petits nécessite, de la part de ses parents et de toute sa famille,
un véritable travail de deuil.
C’EST UN TRAVAIL PARTICULIÈREMENT DIFFICILE ET COMPLEXE PUISQU’IL
S’AGIT DE « FAIRE » LE DEUIL DE QUELQU’UN QUI N’A PAS (OU PEU) VÉCU.
Il n’existe pas (ou peu) de trace tangible de ces vies, si courtes soient-elles.
De nombreux parents n’ont pu voir leur enfant, le bercer, ni même l’embrasser.
Si l’enfant naît mort, il n’a pas obligatoirement de prénom, il ne peut pas être légalement
reconnu par son père ni porter son nom.
Les parents, effondrés, ne peuvent trouver seuls, les ressources nécessaires à l’organisation
d’obsèques et les corps de ces tout-petits font rarement l’objet de funérailles. Ce qu’il advient
alors de leurs dépouilles reste souvent ignoré des parents.
En cas d’absence de prise en charge par la famille ou par les équipes hospitalières et les
communes, les corps des enfants mort-nés deviennent des « pièces anatomiques aisément
identifiables » et doivent être incinérées collectivement et anonymement en crématorium.
Le déni social et juridique, qui entoure encore trop souvent ces morts de tout-petits risque
d’obérer le travail de deuil des parents. Au traumatisme du décès périnatal s’ajoute celui de la
9
non-reconnaissance civile et sociale de leur enfant (parce qu’il est décédé) et par là même, la
non-reconnaissance de leur douleur.
Le nouveau-né décédé n’en demeure pas moins un enfant pour le couple qui l’a conçu et
également, un patient pour les soignants de maternité.
Pour prévenir les complications psychopathologiques qui risquent de survenir chez la mère,
le père mais aussi les frères et sœurs déjà nés ou à venir, les professionnels de périnatalité se
doivent de mettre en place une prise en charge spécifique de ces familles. Les équipes
médico-administratives, (dont celle du C.H.R.U. de Lille, pionnière), dans la mesure du
possible
proposent désormais, dans la mesure du possible, sans l’imposer, un
accompagnement adapté, destiné à donner une réalité à l’enfant décédé pour l’inscrire dans
l’histoire de sa famille et permettre à ses parents de mieux s’en séparer et d’entamer le deuil.
Les soignants proposent aux parents, pour les préparer et les aider à accueillir leur enfant
décédé, de le voir, le toucher, de lui donner des vêtements. Le « fœtus » devient effectivement
un enfant quand il est lavé, habillé et présenté dans les bras d’un soignant.
Des photographies sont réalisées et remises aux parents, avec le bracelet de naissance, s’ils le
désirent. Les traces ainsi constituées leur permettent de se fabriquer des souvenirs. La perte
de l’enfant est ainsi matérialisée et le travail de deuil peut s’enraciner.
Un référent médical et un référent administratif aident les parents dans les démarches
difficiles et complexes de déclarations à l’état civil et d’organisation des funérailles. Quand le
couple est dans l’incapacité psychique et/ou matérielle de les assumer, l’hôpital et la
commune peuvent en assurer totalement la prise en charge. Dans certains centres hospitaliers,
les parents ont également la possibilité, s’ils le souhaitent, de dire au revoir à leur enfant par
un rituel d’adieu religieux ou profane. Il se déroule dans la chambre mortuaire ou dans le lieu
multicultuel.
Des habits mortuaires et des objets rituels sont souvent amenés par les familles, à cette
occasion, pour entourer l’enfant dans le cercueil. Il nous semble que permettre aux parents la
libre expression de rituels funéraires religieux ou laïques, les aider à l’organisation des
funérailles et créer des lieux de repos respectueux pour ces tout-petits morts, c’est leur donner
une existence sociale et symbolique.
Pour les soignants de maternité, le travail d’accompagnement de ces familles est là pour
donner acte : le décès périnatal est un événement majeur dont les effets à long terme ne
peuvent être gommés.
10
LE DEUIL DE CETTE PERTE PASSE PAR L’ACCEPTATION DU FAIT QUE CERTAINES
BLESSURES NE GUÉRISSENT JAMAIS COMPLÈTEMENT, MAIS QU’ON PEUT
NÉANMOINS VIVRE AVEC, COMME AVEC DES CICATRICES.
Au prix d’un difficile travail de deuil, les parents peuvent envisager re-sourire à la vie,
revivre avec plaisir, voire concevoir un autre enfant sans que cela signifie l’oubli du bébé
mort.
Ce travail autour de la mort, bien que, difficile pour les personnels soignants et administratifs,
toujours douloureux pour les parents, est source d’un enrichissement mutuel et un progrès
vers plus d’humanité.
4. PRISE EN CHARGE SPECIFIQUE
Malgré toutes mes recherches, il est difficile de trouver une prise en charge spécifique de ce
type de traumatisme si particulier constitué de plusieurs phases successives : phase de PMA,
suivie de l'annonce des malformations létales du fœtus, puis de l'ITG et enfin celle du deuil
périnatal.
Je reprends l'exemple de Soizic qui a vécu PMA, ITG, deuil périnatal traumatique.
Ce type d’événement est réellement particulier par les faits suivants :

D'une part, la répétition de faits traumatiques,

d'autre part la dualité du trauma à la fois physique et psychique.
En effet, l'étude de ce cas montre que ce parcours terrible est constitué d'une succession de
faits traumatiques qui aboutit à une somme de traumas d'intensité variable.
Ce mélange d'atteinte physique et de traumas psychiques crée un immense Trauma au final:
t+t+t+t+t+t = T
La somme des "t" (déjà conséquents tout de même) aboutit à un "T" majeur insoutenable.
Dans le cas concret de ma patiente j'ai répertorié :
-La période de la PMA
-La période de l'annonce des malformations jusqu'à la décision d'ITG (Interruption
Thérapeutique de Grossesse)
-La période de l'ITG et du deuil
11
4-1 LE LONG PROCESSUS DE DÉROULEMENT DU PROGRAMME DE GROSSESSE
MÉDICALEMENT ASSISTÉE, PMA, QUI PEUT SE DÉCOMPOSER EN "SOUSTRAUMATISMES":
a) sur le plan physique :
-Les stimulations hormonales éprouvantes physiquement qui provoquent une perturbation des
rythmes physiologiques féminins sont totalement banalisées par le corps médical (puisque
"c'est pour la bonne cause !et que ce sont les "protocoles"). Ces perturbations inévitables sont
en général minimisées par tous.
Les femmes les vivent cependant comme une violation de leur intégrité profonde,
puisqu'elles évoquent le sujet spontanément quand on leur demande ce qui a été difficile
durant cette période.
Ce corps dont les professionnels vont disposer à jours déterminés, va être le théâtre
d'agressions "demandées", librement consenties, répétées, imposées à date fixées, tels que
les contrôles des cycles hormonaux féminins, les prises de température répétées, les
prescriptions médicamenteuses, les injections diverses, les investigations échographiques et
autres imageries.
Ces "agressions"sont subies par les femmes qui se sentent IMPUISSANTES face à ce
déferlement d'actes techniques dont leur corps est le terrain.
Les femmes, pour peu qu'elles soient en confiance, décrivent le traumatisme physique qui
s'inscrit dans leur corps avec

D'une part des troubles algiques, quantifiables maintenant avec les échelles de
douleur, mais toujours difficilement objectivables pour l'entourage non professionnel,
à type de douleurs pelviennes d'hyper stimulations ovariennes, de douleurs à la
ponction d'ovocytes dans les FIV, et aussi lors de la réimplantation du/des embryons.

D'autre part, une prise de poids non désirée, ceci de manière inconstante, et qui signe
de manière visible les souffrances endurées par le corps.
La grossesse ensuite, peut être vécue soit comme une grossesse normale, soit comme une
12
grossesse à risque, avec un surinvestissement des mères, un état de stress majoré quant au
bon déroulement et un état de vigilance et d'alerte augmenté, et des contrôles médicaux plus
stricts.
b) sur le plan psychique
L'annonce de l'infertilité naturelle du couple est un premier choc dans pour les partenaires.
La surprise puis la déception se succèdent à l'annonce de la nouvelle.
Le couple doit déjà faire face à un traumatisme émotionnel fort.
Il va sans dire que dans nos sociétés occidentales, où le "droit à " est présenté comme la
norme, le "droit à l'enfant " s'inscrit dans cette démarche de PMA, après des réflexions, des
discussions, parfois des dissensions au sein du couple.
Ensuite viennent l'espoir puis la déception à chaque tentative qui n'aboutit pas. Cette
oscillation entre deux émotions, une positive, une négative, fragilise le psychisme. Cette
incertitude permanente pendant plusieurs mois voire plusieurs années use les résistances
mentales.
Ces expériences mettent le couple à rude épreuve. Certains couples traversent ces épreuves
en restant unis. Certaines femmes rapportent qu'elles ont l'impression que leur conjoint leur
parait moins impliqué qu'elles-mêmes, enfin certains couples ne résistent pas.
La réussite de la méthode reste aléatoire et cette incertitude jusqu'à la naissance de l'enfant
favorise l’apparition de troubles anxieux.
4-2 LA PÉRIODE DE L'ANNONCE DES MALFORMATIONS JUSQU'À LA DÉCISION
D'ITG
a) sur le plan physique
Pas d’événement spécifique particulièrement marquant hormis certaines investigations
médicales qui peuvent être désagréables : amniocentèse. Poursuite de la grossesse.
b) sur le plan psychique
La grossesse normale est déjà un état de grand bouleversement psychique, avec de façon
physiologique, l'apparition d'angoisses légitimes face à l'inconnu et les questionnements
13
classiques des futures mères :
- est-ce que je fais tout ce qu'il faut pour que mon bébé (les femmes enceintes ne disent pas
« fœtus ») se développe normalement ?
- mon enfant sera-t-il normal ?
- Serais-je capable de l'élever ?
- Aurais-je les compétences pour le protéger ?
Ces questions sont brutalement stoppées par l'annonce de graves malformations et le projet
d'enfant se voit brutalement remis en question par l'annonce d'anomalies potentiellement
létales.
Les femmes enceintes dans cette situation, passent alors d'une position de toute puissance, de
« pseudo-contrôle » à une position D'IMPUISSANCE, et de spectatrices face à une
SITUATION EXTRÊME, ce qui caractérise l'état de STRESS TRAUMATIQUE.
De plus, l'enjeu est à l'intérieur « d'elle-même », ce qui me paraît renforcer le côté
« épouvantable » de la situation, puisqu'elles ne peuvent physiquement s'y soustraire.
A la souffrance engendrée par cette impuissance à pouvoir agir et à retrouver le contrôle, à
la honte de ne pas réussir à être mère et d'avoir produit un enfant non conforme, à l'
impuissance face à cette culpabilité d'être responsable des malformations de l'enfant (rôle de
la génétique) s'ajoute la souffrance intolérable d'être responsable de la mort de son enfant en
ayant accepté l'euthanasie in utero, cette culpabilité intolérable d'avoir délibérément accepter
de supprimer un être vivant.
Une succession d’événements traumatiques démarre avec l'annonce à l'échographie
morphologique du 5eme mois de malformations à préciser par d'autres échographies voire
une IRM.
Des examens répétés, avec le stress qui monte avant chaque examen. La peur pendant
l'examen que les images ne soient pas bonnes, enfin la peur de l'avis des spécialistes. La
nécessité de se déplacer dans des centres plus spécialisés. Le suivi dans des CHU.
L'organisation de tous les jours remise en question par cette priorité: y-a-t-il une possibilité de
sauver l'enfant à venir ?
Enfin, le verdict de non viabilité de l'enfant après la naissance et décision terrible de
"foeticide", nécessaire à prendre et vécue par les parents comme inimaginable, impossible à
prendre.
Ma patiente me dira "j'ai tué mon enfant".
14
4-3 LA PÉRIODE À PARTIR DE L'ITG ET LE DEUIL PERINATAL
La décision d'interrompre la grossesse avant terme lorsque les malformations fœtales sont
telles que l'enfant né ne pourra pas vivre, est une décision extrêmement douloureuse pour les
parents.
La perte totale de toute espérance, la décision à prendre cruelle et irréversible d'ôter la vie à
un être vivant même si elle est le fait d'une proposition collégiale de professionnels aux
parents, revient tout de même à ces derniers. Le deuil à faire de l'enfant peut provoquer un
état dépressif réactionnel majeur.
4-3-1 L'ITG
Dans le cas de ma patiente, le fœtus a reçu in utero, une injection létale avant que
l'accouchement ait pu être provoqué.
a) sur le plan physique
Les mouvements fœtaux ne sont plus perçus à partir de l'injection létale au fœtus.
Cette absence de sensation, ce vide ressenti physiquement matérialisent complètement l'arrêt
programmé de cette vie fœtale.
La mère vit aussi un stress corporel traumatique intense notamment si l'accouchement est
son premier.
La douleur physique, est majorée par les conditions tragiques dans lesquelles un tel
accouchement survient. Le corps subit un cataclysme auquel il n'est pas préparé et la
parturiente doit se confier à des mains étrangères, « subir ».
L'accouchement est plus difficile puisque en général provoqué, avec souvent un
déroulement chaotique, sans la motivation essentielle d'aller jusqu'au bout de son effort pour
« la bonne cause », mettre au monde un enfant vivant.
L'effort est nécessaire pour « boucler cette boucle infernale » mais il va déboucher sur la
mort, et il est d'autant plus difficile à soutenir.
La mère va vivre un accouchement provoqué, non désiré, sans être prête pour cet acte dont
l'issue ne peut être que la production d'un bébé mort.
Les douleurs de l'accouchement, malgré les techniques de péridurale, sont sans doute
15
majorées par le fait de l'inutilité du geste; l'état psychique dans lequel la mère se trouve ne
permet pas de minimiser les douleurs.
A la douleur physique s'ajoute la souffrance morale.
b) sur le plan psychique
La souffrance morale, intolérable, de devoir prendre la décision de l’ITG.
Ma patiente me dira "j'ai tué mon enfant".
La culpabilité est immense pour une mère de ne pas avoir pu protéger son propre enfant de la
mort. Et l'argument logique des malformations ne tient pas face à cette détresse morale
extrême.
La détresse est ultime ou la mère se mure dans une sidération bien connue en situation de
trauma extrême. Il est nécessaire que des soignants formés soient présents pour entourer le
couple car le père est également en situation de détresse maximale et souvent laissé à l'écart
compte-tenu de l'urgence de la situation obstétricale.
4-3-2 LE PROCESSUS DE DEUIL
a) sur le plan physique :
La vacuité du corps qui a contenu le petit être en devenir. L'inutilité de toute cette dévastation
physique. « Je me sens vide à l'intérieur », « vidée », « morte » ; le corps est mort, inutile,
insensible.
b) sur le plan psychique
Il reste maintenant à faire le deuil de l'enfant mort-né.
Le processus de deuil qui peut se dérouler selon des allers retours entre les 7 stades
développés par le Dr Kübler-Ross: 1 choc, déni, 2 douleur, culpabilité, 3 colère, 4
marchandage, négociation, 5 dépression, douleur, 6 reconstruction, 7 acceptation.
Ce deuil est d'autant plus difficile à faire qu'il s'agit du deuil d'un enfant qui n'a jamais vécu.
Quel paradoxe !
A cela se superpose dans l'imaginaire fantasmagorique, l'image de l'enfant idéal qu'il aurait
16
été s'il avait vécu, et il faut aussi faire le deuil de cet enfant « projeté ».
Il est extrêmement important pour les parents de procéder à tous les rituels de deuil de cet
enfant mort-né, pour que vraiment l'enfant puisse être reconnu comme « non-vivant ».
En effet, j'ai été frappée comme, au début de notre travail psychothérapeutique, ma patiente
parlait de son enfant morte comme d'une enfant potentiellement « vivante », avec ses affaires,
vêtements, photos.
c) en pratique hospitalière
Comme nous l'avons vu précédemment, petit à petit, dans la plupart des services
d'obstétriques se mettent en place des protocoles bien établis, concrets qui permettent aux
parents la reconnaissance de leur enfant mort et la mise en place de rituels funéraires en
accord avec leurs croissances . Actes essentiels pour que l'élaboration du travail de deuil
devienne possible.
Dans les services de gynécologie-obstétrique, les sages-femmes ont mis au point un protocole
spécifique concernant cette situation de post-partum si particulière.
Le fait que la loi permette de donner un statut à l'enfant mort-né a permis de clarifier la
conduite à tenir lors de cette période.
La prise en charge est extrêmement particulière puisque les sages-femmes s'organisent pour
rendre l'enfant mort-né « présentable ».
Les parents, s'ils le désirent, peuvent nommer l'enfant d'un prénom.
L'enfant est habillé et les parents peuvent le prendre dans leur bras, le tenir, le toucher, voire
garder des photographies comme s'il était endormi.
Ce rituel, qui peut paraître morbide, reste au libre arbitre des parents, et peut permettre de
commencer le deuil sur des faits concrets.
Il reste cependant à relever, qu'en fonction des structures, le recours à un accompagnement
psychologique pour les parents n'est pas systématique.
On propose aux parents de trouver une aide extérieure après l'événement si celui-ci reste trop
douloureux mais la prise en charge n'est pas automatique.
Selon les cas, les parents peuvent donner une sépulture à leur enfant, d'autres peuvent choisir
17
que l'hôpital s'en charge.
Ma patiente a eu ce temps pour voir son bébé et faire des photographies comme on en
trouve actuellement sur les faire-part de naissance, où l'enfant se présente endormi.
Puis le bébé a reçu une sépulture au cimetière comme toute personne décédée. Ses parents ont
donc un lieu pour se recueillir.
Cependant, dans ce service de gynécologie-obstétrique, il n'y avait pas de prise en charge
psychologique spécifique pour ces mères et ces couples en détresse, ni même d'orientation
proposée en secteur privé à titre systématique.
5. DESCRIPTION D'UN CAS CLINIQUE AVEC SCRIPT ET EVALUATION PRE ET
POSTTHERAPEUTIQUE
5.1 DESCRIPTION DU CAS
Il s'agit de Soizic, jeune femme de 38 ans 1/2 adressée fin mai 2012, par une amie, pour un
état anxio-dépressif associé à des infections vaginales et mycoses à répétition.
Elle a 2 sœurs de 35 et 32 ans qui ont, l'une, pas d'enfant, et l'autre, un enfant, conçu et né
naturellement.
La démarche de départ de Soizic était d’entamer une nouvelle psychothérapie car elle était
« perdue » dans sa vie, très nerveuse, émotive, impulsive et « à bout de nerfs » et très en
colère contre ses infections vaginales récurrentes malgré les traitements bien conduits.
Elle ne supportait plus sa vie de couple et s'inquiétait pour sa petite fille adoptive de 4 ans.
Nous avons commencé une thérapie de type TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive)
concernant ses rapports de couple, ce qui semblait son problème le plus prégnant, et était sa
demande initiale.
Au fil des entretiens elle m'apprend qu'elle et son mari n'ont pu avoir d'enfant et ont entamé
le long processus de PMA (Procréation Médicalement Assistée).
Les examens ont montré que sa glaire cervicale était imperméable aux spermatozoïdes.
La deuxième tentative de FIV a débouché sur une grossesse, mais malheureusement,
l'échographie du 5 ° mois a révélé de graves malformations cardiaques.
18
Il a été nécessaire de consulter des spécialistes, obstétriciens, radio-pédiatres, néonatalogistes,
cardio-pédiatres dans d'autres villes, avec l'angoisse qui montait.
Etait-ce très grave ou pas, sauverait-on l'enfant ou non, pourrait-on l'opérer, jusqu'à quel
terme fallait-il mener la grossesse ?
Jusqu'à ce que des examens plus poussés révèlent que le fœtus avait une agénésie du cervelet
probablement en rapport avec de graves anomalies génétiques, et que de toute façon, l'enfant
ne serait pas viable.
Il a fallu prévoir une ITG (Interruption Thérapeutique de Grossesse) à la fin du 8 °mois fin
avril 2007 avec prise de décision d'une injection létale pour le fœtus in utero avant
l'accouchement.
Je précise que Soizic est médecin généraliste et fait aussi des gardes de médecin régulateur au
« 15 », elle est très impliquée dans son travail, aime la vie, la fête, les amis.
Elle a fait une psychothérapie pendant 2 ans suite à cette grossesse terrible qui a abouti à la
naissance de cette enfant morte et pensait avoir évacué toute sa souffrance et fait son deuil.
Elle est l’aînée de 3 sœurs mais en fait, elle m'explique que sa propre mère a mis au monde
une petite fille mort-née avant elle. Puis sa mère est tout de suite retombée enceinte, puisque
Soizic est née moins d'un an après!
Sa mère lui a raconté qu'elle ne lui avait jamais parlé tant qu'elle "l'attendait"; elle avait
délibérément coupé tout lien potentiel avec son fœtus, elle n'avait pas investi sa grossesse, et
n'avait été en mesure d'être chaleureuse avec son bébé que lorsqu'elle l'avait vraiment vue et
sentie vivante!
Au fil des entretiens, je me suis rendue compte qu'il restait encore une grosse partie du travail
thérapeutique concernant ce traumatisme obstétrical et ce deuil vécu par Soizic.
Elle présentait tous les critères de l'état de stress post-traumatique, avec la particularité que
les traumas ont été multiples et répétés jusqu'à l'horreur absolue pour une mère : devoir
décider "la mort de son bébé " (ce sont les mots de Soizic), et accoucher d'un enfant mort.
Elle m'a expliqué que les sages-femmes ont utilisé le protocole en vigueur actuellement dans
les maternités françaises :
Tout a été fait très « doucement » après l'accouchement.
Elles ont lavée le bébé, l'ont vêtue des vêtements choisis par les parents, et la maman a pu
19
tenir son enfant dans ses bras, la serrer contre elle, l'embrasser, la tenir.
Soizic et son mari ont eu ce temps pour la voir et faire des photographies comme on en
trouve actuellement sur les faire-part de naissance, où l'enfant se présente endormi.
Puis le bébé a reçu une sépulture au cimetière comme toute personne décédée. Ses parents ont
donc un lieu pour se recueillir.
Après sa sortie de maternité, Soizic a travaillé pendant 2 ans sur ce trauma avec sa
psychothérapeute.
Elle et son mari se sont tournés vers l'adoption et 2 ans 1/2 après le décès de Liz sont allés
chercher leur petite fille Mia, âgée de 2 ans au Viêt-Nam.
Mia a 4 ans quand je rencontre Soizic pour la première fois.
Soizic est à la fois hyperactive et toujours fatiguée, déprimée, angoissée, stressée, en colère
contre l'injustice, elle se sent impulsive, impatiente, exigeante, et s'inquiète de sa façon de
s'occuper de Mia parfois. Elle dit ne pas avoir droit à l'insouciance, et que depuis toute enfant,
ses parents « l'empêchait de vivre » et elle a tout bien fait : ses études scolaires et musicales
poussées.
Pourtant, j'ai devant moi une jeune femme moderne et dynamique, gaie et intelligente mais
certes complètement épuisée et incapable de maîtriser ses émotions.
Elle va devoir s'arrêter de travailler 2 mois et reprendre progressivement ses consultations, et
nous conviendrons d'un traitement antidépresseur (IRS) et anxiolytique (BZP) pendant un an
environ pour lui permettre simplement de récupérer de cet état émotionnel complètement
déstructuré.
On retrouve une grande perte de l'estime de soi, un état dépressif contre lequel elle lutte avec
vaillance mais qui l'épuise.
Son système neurovégétatif est complètement déréglé ; il existe un emballement de son
système sympathique qui est en alerte permanente, avec des réactions disproportionnées dès
le moindre stresseur. (Tachycardie, sueurs, oppressions, insomnies, angoisses)
Soizic a beaucoup de mal à soigner les handicapés qui la renvoient en permanence à Liz. La
vue des femmes enceintes ou leur prise en charge en tant que patientes la perturbe.
Elle fait des rêves récurrents, décousus, angoissants qui la réveillent souvent.
Il y a un décalage fort entre sa façon de parler de Liz comme d'un bébé vivant, et la réalité de
ce bébé mort qui me dérange beaucoup au départ. Comme si elle vivait encore avec la
présence de ce bébé au quotidien.
20
Elle m'explique que pour l’instant, elle ne peut plus aller se recueillir au cimetière car cela lui
est trop intolérable.
Nous avons travaillé une fois après le début de la thérapie, en imagerie, selon une technique
de TCC, sur la scène de l'accouchement dont elle parlait en évoquant des douleurs
insupportables même 4 ans après.
Lors de cette séance, elle a pu disposer de toutes les ressources potentielles à sa disposition
en imagination, en revivant la scène pour que cet accouchement se passe dans les meilleures
conditions possibles.
Cette séance lui a fait du bien, elle a pu se sentir mieux, ne plus ressentir cette angoisse
morale et physique à chaque réminiscence de l'accouchement.
Par ailleurs nous avons mixé séances de TCC et séances d'hypnose pour l'aider à travailler
sur ses autres problématiques.
C'est sujet répondant bien à l'hypnose et les séances l’aident beaucoup.
Le processus de deuil s'est poursuivi :
Au fil de la thérapie, elle a d'abord terminé un album dédié à Liz qu’elle avait commencé
après son retour à la maison, puis qu'elle n'avait pas eu la force de continuer. Cela lui a
demandé des efforts au début et puis, spontanément, elle a tenu à s'y atteler, à aller jusqu'au
bout, pour Liz.
Terminer cet album lui a procuré un apaisement, c'était quelque chose à finir pour ne plus être
dans la douleur, la colère, la culpabilité.
Petit à petit, elle a intégré que Liz n'avait jamais été un bébé viable, qu'elle n'aurait jamais pu
vivre de façon autonome, et je pense que cet album a concrétisé cette pensée.
En effet, à la 2° séance, son questionnement avait été : « Et si on n'avait pas fait d'ITG, que
serait devenue Liz ? »
Question totalement incongrue dans la bouche d'un médecin français en 2012, parfaitement
irrationnelle et qui reflétait si bien son désarroi !
Quelques mois après, elle m'annonce qu'elle va se séparer de cet album et des affaires de Liz.
Elle va juste garder quelques photos et une tenue en souvenir du bébé.
Elle a regardé brûler l'album rose dans sa cheminée et a donné de bon cœur les quelques
affaires qu'elle gardait encore.
Le deuil est devenu plus « clair ».
21
Soizic s'éloignait doucement de cette période si terrible. Elle a pu penser à sa fille comme à
un être de passage. Elle a pu évoquer les faits sereinement.
Cet ESPT , développé à la suite de cette succession de multiples traumatismes vécus tout au
long de ce parcours " du combattant ", était d'autant plus difficile à supporter que Soizic se
sentait très isolée, incomprise, même par son mari, d'autant que cette période où je l'ai suivie
a coïncidé avec leur séparation.
Nous avons convenu de refaire une séance d'hypnose concernant l 'ITG et sa suite, l'état de
deuil périnatal.
Le résultat qui a suivi la séance, et qui est développé ensuite, est vraiment surprenant et m'a
vraiment encouragée à poursuivre cette technique dans les psycho-traumatismes !
5.2 SCRIPT DE LA SEANCE
Début de la séance avec Soizic le 24/10/2014
Amnésie structurée
Vous me dites quand on peut y aller là. Vous êtes venue comment ?
« En voiture »
Ah bon.
Induction de la transe
Bon Soizic, je vais vous laisser entrer en hypnose comme vous avez l'habitude de le
faire...tout à fait tranquillement.....le plus lentement possible pour vous... pour vraiment
profiter de cette séance....prendre tout le temps qu'il vous faut pour vous... pour être vraiment
tranquille, vraiment détendue, être vraiment dans la séance, ici et maintenant, prendre le
temps de vous poser, on est parties sur les chapeaux de roue donc on va prendre le temps de
se poser toutes les deux.....
Donc, vous allez imaginer ce que vous voyez sous vos yeux, sous vos paupières.. oui, souvent
on voit des choses près des cils..on voit un petit peu une petite lumière rouge sous nos
paupières..ou foncée.. la pièce en négatif.. et à chaque inspiration.... vous allez sentir votre
corps aller et venir, et chaque fois …...vous allez rentrer un peu plus à l'intérieur de vousmême et à chaque fois...vous allez peut-être percevoir les battements de votre cœur...vous
allez peut-être ressentir le flux et le reflux dans vos artères, dans vos bras, dans vos jambes,
22
vous allez prendre conscience de tout votre corps de la racine des cheveux jusqu'à la pointe
des orteils.
Juste prendre conscience de comment vous êtes aujourd'hui ici et maintenant.
Maintenant que vous avez les yeux fermés, vous allez juste pouvoir regarder à l'intérieur de
vous-même, profiter pour voir tout ce qui se passe... en vous... profiter de ces moments pour
que votre inconscient puisse venir.... comme il en a l'habitude maintenant ...dialoguer
sereinement en toute confiance, oui c'est très bien...... très bien....
Et je me demande si vous sentez comme votre respiration est bien présente, comme votre
corps a plaisir juste à être là sur ce fauteuil..... je me demande à quel endroit de votre corps
vous sentez le mieux.... cette détente et ce sentiment... cette sensation de sérénité s'installer..
en premier et petit à petit gagner ...de plus en plus profondément toutes les zones et les
parties....de votre corps.... très bien.....
Je me demande si vous remarquez comme vos yeux.... vos paupières... papillonnent peut-être
plus ou peut-être moins.......très bien....... très bien......
Mise en place du signaling, Soizic le met en place avant la fin de mes explications car nous
l'avons déjà fait.
Et maintenant... je vais vous laisser …..continuer à avancer.. tranquillement encore plus... de
plus en plus vers... encore plus.... de sérénité.....de tranquillité..... jusqu'à ce que votre
inconscient accepte de me faire signe avec votre index droit si c'est oui …..avec votre index
gauche si ce n'est pas encore le moment.....il va me faire signe pour m'expliquer... pour me
dire.... très bien.... merci...merci à vous.....Soizic.
Essai de lévitation car Soizic est un sujet qui reste plutôt en catalepsie et mes tentatives de
lévitation n'ont pas toujours été concluantes avec elle.
Nous allons continuer tranquillement ….à entrer un petit peu plus... profondément...
encore ..dans cet état et je me demande... si vous aviez des gants... des gants d'air autour des
mains, dans quelle main, vous sentiriez le plus. ..comme un gant, de quel côté vous sentiriez
le plus ...cette impression de gant d'air ...comme un ballon ... qui petit à petit vous aiderait... à
soulever ..un par un... chacun de vos doigts comme un gant d'air....oui, c'est très
bien ! …...Très bien...... continuez....laissez faire.... laissez faire vos mains..... comme si le
gant d'air les aidait.. .à monter.....oui ….. très bien.....très bien...... continuez........continuez à
23
sentir vos mains enrobées par des coussins..... des coussins légers...... encore plus légers que
l'air..... encore plus légers...... comme d l'hélium.
Les mains de Soizic frémissent, ses doigts bougent comme pour se mobiliser.
Quelle expérience intéressante de sentir ses mains... doucement s'élever, enrobées par des
gants d'air.....oui......par des gants d'hélium... comme des ballons que l'on gonfle... dans des
fêtes foraines.. quand tout est gai...coloré et qu’on se laisse aller.
Est-ce que vous même avez déjà fait cette expérience, entourée de gants d'air ?
Et je vais vous aider... juste.... à sentir.... ce qu'il se passe quand on laisse sa main enveloppée
de son gant d'air.... tranquillement, oui , très bien.....
J'aide à la lévitation de la main droite jusqu'à mi-hauteur environ.
Est-ce vous sentez..... est-ce que vous sentez ….. toute l'épaisseur du gant d'air qui vous aide
à trouver votre main si légère......très bien !….......
Et peut-être qu'une partie......qu'un côté est plus léger....très bien...... et vous sentez la
différence entre les 2 côtés........ peut-être que vous pouvez .. avoir la même sensation avec un
pied ou l'autre.... qui sont comme des chaussons....des chaussons d'air.....des chaussons tout
doux.... peut-être des chaussons de bébé.....des chaussons qu'on tricote.....que les mamies
tricotaient autrefois pour mettre aux pieds des bébés.....
Et je me demande si ..vous êtes prête ou.... si votre inconscient est près....
Réponse de Soizic qui spontanément lève l'index droit
Très bien..... très très bien..... merci.. pour cette belle conversation que nous avons votre
inconscient et moi.
Régression dans le temps
Votre inconscient est prêt à reparler de Liz....à reparler de ce moment.... de ce moment....cette
petite fille... que vous attendiez, cette petite âme que vous aviez dans votre ventre, je vais
juste vous demander....demander à votre corps et votre inconscient de se rappeler comme
c'était doux et bon de l'avoir dans votre ventre.... de la sentir bouger....
Suggestion positive : expérience extraordinaire de la grossesse
Saupoudrage
N'est-ce pas que toute maman...que toute femme... aimerait un jour avoir cette expérience
magnifique que vous avez eu un jour.....cette expérience extraordinaire de porter un enfant.....
Peut-être que vous vous rappelez des sensations....que votre ventre se rappelle toutes ces
sensations... que votre corps se rappelle toutes ces émotions.... tout ce qu'on se dit dans ces
cas-là ... tout ce qu'on n'ose pas se dire …..out ce mélange.. ce mélange d'émotions..de
passions ..de projections ...de discussions aussi avec l'autre. ...de discussions et peut-être
24
d'échange aussi avec son bébé..........
Ce temps d'une infinie douceur.....
Et j'aimerais que votre inconscient vous permette de vous en rappeler avec une infinie
tendresse....... comme quelque chose de magnifique... quelque chose..... que vous pouvez
partager avec d'autres mères ….. quelque chose....qui n'arrive qu'une fois dans la vie.....
sentir......avoir des vraies sensations......avoir une vraie histoire... c'est très.... tout en
paisibilité, tout en tranquillité...
Profitez juste de ces moments..... juste …..et vous avez quelque chose en plus ….. que des
mamans..... qui n'auront jamais connu une expérience......que des femmes plutôt.....qui
n'auront jamais connu une expérience de grossesse..jamais ne vivront …. oui cette richesse
qui restera gravée toujours en votre cœur ..
Oui c'est très bien....
N'est-ce pas que vous sentez toute cette expérience qui revient petit à petit.....
Vos mains et vos pieds dans....légères dans leur bulle...... comme cette expérience peut être
légère….
Suggestion positive générale : renforcement du moi, ressources
Et puis nous allons avancer …. petit à petit...... vers des choses plus difficiles pour vous....
Cette annonce.. .des handicaps de Liz.... ce cervelet, cette absence de cervelet.... ces
malformations cardiaques.....ces choses contradictoires.... difficiles ..et pourtant vous les avez
traversées …..avec toutes les ressources ...dont vous avez été capable à cette époque....
Et maintenant votre inconscient vous dit ….que vous êtes plus forte......il vous a permis de
chercher des ressources......il vous a permis de les graver en vous......de savoir que la
meilleure solution que vous avez pu adopter..... pour votre bébé......vous et Quentin ...vous
l'avez fait.......en conscience et grâce à votre inconscient......votre inconscient qui vous a
guidée..... avec tellement de sagesse jusqu'au bout …... C'est très bien..... Soizic.
N'est-ce pas Soizic ...que... vous sentez comme votre inconscient ... vous a guidée et ….vous
guide encore pour traverser ...ces épreuves difficiles et.... pouvoir vous réunir....
complètement à l'intérieur de vous même avec ….vos émotions .…...vos sentiments...vos
sensations....vos décisions...
Tout ce que vous avez traversé ...et que maintenant ...vous pourrez évoquer avec sérénité.....
comme quelque chose qui.... vous a rendu plus sage....et tellement plus humaine.....tellement
plus forte aussi.... solide....
Métaphores agréables, sereines, saupoudrage, ressources
Cette petite Liz.. que vous avez accompagnée... son temps de vie... cette petite Liz ..pour
25
laquelle votre inconscient et. ...votre conscient... aussi..se sont réunis et rejoints pour.... vous
aider à la conduire ...du mieux que vous avez pu ….jusqu'au terme de son existence et...
La maison qu’elle a connue....la maison accueillante....chaleureuse... rassurante....c'était
votre ventre... cette petite fille elle est toujours.... restée au chaud....à l'abri...tranquille.....
Vous l'avez toujours protégée.....votre inconscient sait …..toutes les ressources dont vous êtes
capable....Soizic …. tout ce que vous avez fait pour elle......tout cet amour que vous lui avez
donné.. et que vous lui donnerez toujours..... votre inconscient vous emmènera toujours..
là ...où.... vous serez capable d'aller.. quand vous repenserez à Liz avec sérénité, ….
Et puis..... vos chemins un jour se sont séparés.......cette petite fille..….vous avez dû
effectivement la laisser aller sur son chemin......vos deux chemins se sont séparés …..et vous
l'avez fait comme une mère consciente....une mère responsable …... une mère adulte.......
Quelqu'un de formidable......et tout cela c'est grâce.. à votre inconscient qui vous a amené ...la
légèreté ...dont vous aviez besoin.. la possibilité de traverser tout cela.....avec tout ce qu'il y a
de.. difficile et en même temps.... de magnifique dans le don.. ..qu'une mère peut faire à son
enfant.... le don de soi....tous les efforts....toutes les renonciations......
Vous vous êtes effacée ..pour permettre à cette petite fille... d'avoir une existence dans le bien
être.....c'est ce qui était le plus important.....
N'est-ce pas que.. tout être humain.... voudrait que son enfant ..vive dans le bien -être....
Toute mère... aime être en harmonie ...avec son enfant, et cette harmonie.. vous l'avez eue
toutes les deux... et cela votre inconscient vous permettra de le laisser graver.....de le garder
gravé en vous....au plus profond de vous...Soizic …... cette harmonie qui vous accompagnera
toujours …....
Injonction arbitraire d'oubli
Et puis... je vais demander à votre inconscient de vous permettre..... d'oublier.......de reléguer
très loin.. tout ce qui s'est passé …. le jour de cette naissance......cela n'est plus.. ..nécessaire
maintenant pour vous ...de garder cela et votre inconscient sait que vous avez. ...bien d'autres
choses à vivre maintenant.... que vous avez fait.. tout ce qu'il fallait faire à ce moment là …que cette petite fille.. vous l'avez eue dans vos bras...vous l'avez consolée... comme une
petite âme que vous avez réussi à laisser partir tendrement ….là où elle devait aller....
Et vous.. vous avez continué votre chemin... grâce à votre inconscient ...qui sait maintenant
que chacune d'entre vous ...est sur son chemin et qu'elle continue tranquillement..
paisiblement....juste en ayant la mémoire.... de vous être rencontrées et d'avoir pu donner
naissance....d'avoir pu abriter cette enfant.
La durée n'a pas beaucoup d'importance.... seule compte l'expérience…..cette expérience que
26
vous avez vécue au plus profond de vous-même.....de partager avec elle ce que vous aviez à
lui donner....et vous lui avez donné le maximum... le maximum, ...c'est très bien.......
N'est-ce pas que vous lui avez donné le maximum et que votre inconscient le sait Soizic,
c'est très bien . ….
N'est-ce pas que toute mère essaie de donner le maximum à son enfant. C'est très
bien.......C'est très juste. …...
Soizic a une abréaction très douce, avec des larmes qui coulent silencieusement sur son
visage. Elle reste calme, posée, le visage figé.
Et toutes ces larmes qui peuvent maintenant couler sur votre visage, sont comme des larmes
de libération.... de libération de tout cela …..comme une maman qui a fait le maximum.....
l'essentiel...... l'essentiel de ce que vous pouviez faire dans cette situation …...oui …...
Et vos mains le savent....vos mains qui ont tenu ce bébé.......qui l'ont entourée....... juste avant
que vos routes ne se séparent........
Expérience de maîtrise, projection dans le futur
Vos mains savent que vous avez fait le maximum pour elle.......et elles s'en rappelleront
toujours.......et votre corps aussi.......comme une petite maison qui sera toujours là.....
toujours …. là.
Et vous êtes devenue maintenant une femme …. une mère...
Et vous savez maintenant que Mia est là... comme c'est difficile d'être.. une mère.. comme
c'est difficile d'être ….une maman...que vous pourrez accompagner maintenant d'autres
femmes... d'autres mères.... d'autres enfants aussi qui n'auront pas eu la chance d'avoir une
mère aussi attentive....une maman aussi responsable.
C'est très bien......Soizic, c’est très bien …...
Et toute cette douceur et cette tendresse dont vous avez été capable....elles vous
accompagneront à l'avenir juste..... car vous savez.....vous avez appris des choses....oui..... et
votre inconscient vous permettra de pouvoir....grâce à tout votre vécu....de pouvoir aider au
maximum les autres....de pouvoir comprendre au maximum les autres....et de savoir que la
vie..... renaît, que la vie n'est jamais ….comme on avait imaginé....
Et qu'il est important de laisser.... notre inconscient travailler pour nous et nous
permettre ...d'avancer sur notre vie...vers notre vie....car lui sait ce qui est bon pour nous. …..
Métaphore
Juste savoir qu'après l'hiver....qu'après le gel....qu'après la glace.....la neige....qu'après l'arrêt
de toute chose....le printemps revient......des choses nouvelles renaissent différentes ....à
chaque fois et pourtant si vraies.....si vivantes.....si justes…..et qu'à chaque fois....nous
27
recommençons.
La nature recommence.....le cycle repart...... à chaque fois votre inconscient vous aidera à
continuer..... à trouver la solution et à effacer de votre esprit ….tout ce qui est trop
douloureux... difficile.....inutile....pour aller vers quelque chose de vivant......de
réel......d'efficace.....pour aller vers quelque chose de …..confortable......car la vie a le
droit ...et nous avons le droit ...tous ...d'avoir une vie confortable.....d'avoir une vie belle et
agréable......d'avoir une vie.. positive.....et toutes nos épreuves... nous permettent ensuite
d'apprécier ce que nous avons.
Projection sur le présent, l'avenir
Et je sais que votre inconscient ….maintenant sait ….apprécier votre famille....... votre petite
fille si gaie, si présente, et votre inconscient …..vous permettra juste ...de vous rappeler de
cette expérience.... ce qui va vous rendre plus forte …...plus belle......plus à l'écoute de tous
les êtres......de toutes les femmes ….. de toutes les mères …..que vous allez rencontrer et que
vous avez déjà rencontrées ...et que vous rencontrerez encore.
Et votre inconscient vous permettra.... d'oublier tout ce qui est inutile de garder en
mémoire ….tout ce qui n'est pas nécessaire ...peut-être toute la douleur.....peut-être toute la
difficulté.....tout le cheminement.....votre inconscient va le ranger maintenant....et après cette
séance, vous ne garderez que les bons moments....... les moments d'intense.. communication...
avec ce petit être que.. vous avez amené jusqu'où VOUS... pouviez l'amener et jusqu'où...
ELLE... pouvait aller.....
C'est très important aussi...... de savoir qu'ELLE ….ne pouvait pas aller plus loin,
qu'ELLE.... avait besoin aussi ….Liz ..... de se reposer …....d'être tranquille enfin.... de ne
plus lutter....
Et vous l'avez aidée.. ..c'est vraiment le plus important... pour vous ..et je sais que votre
inconscient le sait.. .et qu'il vous permet..qu'il vous permettra ....juste... maintenant ...que
vous avez toutes ces ressources en vous.. ...de fonctionner au maximum de vos
possibilités. ..sur le plan humain... de donner.. ….d'échanger..... ..comme tout être humain
aurait envie de le faire.... ..avec amour... et sincérité, avec joie.... .. avec conscience aussi....
C'est vraiment. ....magique de pouvoir....... grâce à votre inconscient.... transcender....
transformer.... ce moment de votre vie..... ..en quelque chose ….de positif.....en quelque chose
qui vous permettra ..d'être ..encore plus humaine.
N'est-ce pas que chaque humain.....chaque être humain...... aimerait avoir cette faculté....
d'être bien... dans sa communauté d'humains..... depuis la nuit des temps... ...toutes les
personnes... sur cette terre ont eu besoin ....de communiquer entre elles et de se
28
donner.....d'échanger de l'amour et notre but à tous est d'essayer de donner et de recevoir......
chacun en fonction de ses possibilités et vos possibilités.......Soizic ….....se sont multipliés à
partir de ce moment .…. où vous avez grandi, où vous êtes devenue tellement
responsable........
Métaphore
Et votre inconscient peut juste vous permettre d'être responsable avec plus de......légèreté.......
à être comme dans un gant d'air . ….
Comme un gant d'air.... qui enveloppe vos mains......qui enveloppe vos pieds. ..et qui petit à
petit vous enveloppe complètement ...comme une grande bulle d'air... . un joli ballon de la
couleur qui vous plaît le plus..... un joli ballon qui vous permet de vous élever.... vers le haut
et de laisser..... tout ce qui est trop lourd... un petit peu comme une montgolfière.....qui
s'élève, colorée dans le ciel si bleu, si pur.. et plus on veut qu'elle s'élève....plus on lâche du
lest......plus on enlève du lest …. et plus vous laisserez ...tout ce que votre inconscient...
considère comme inutile...difficile......douloureux.... plus vous vous élèverez dans le ciel pur..
bleu..très haut.. léger.. légère... si haut...tranquille,... dans une plénitude retrouvée....plénitude
extraordinaire....que peut-être que vous avez déjà ressentie.... mais peut-être que vous n'avez
jamais ressentie, mais çà , je ne peux pas le savoir.....il n'y a que vous qui pouvez savoir si
vous avez ressenti une telle plénitude ….
Plénitude ….sérénité....des potentialités démultipliées.....la vie qui s'ouvre à vous et
maintenant votre inconscient vous guidera toujours vers le mieux.....juste quand vous
l'écouterez, quand vous lui ferez confiance comme vous savez le faire …..
Car lui sait ce qui est bon pour vous, il sait parfaitement toutes les potentialités que vous
avez.... et bien mieux que moi bien sûr car lui ….......il est à l'intérieur de vous et il sait
exactement ce dont vous êtes capable......
Injonction positive
Vous garderez de cet après-midi...cette séance, tout le bien -être.... TOUT LE BIEN ETRE
que votre corps et votre esprit..... sont capables de ressentir...... tout ce que votre inconscient
voudra bien vous permettre de conserver... de plus doux.... de plus chaleureux...... vous le
conserverez après cette séance …....
Et vous laisserez ...tout ce que votre inconscient considère comme du lest inutile...qui fait
partie de vous.....mais que vous avez traversé....maintenant qui s'éloigne, tous ces petits
ballons si lourds... ces sacs inutiles et qu'il n'est plus nécessaire maintenant de traîner... et que
vous pouvez abandonner sur le chemin …..votre inconscient vous permet de le faire
maintenant. …
29
Oui, très bien....
Et vous pourrez aller dans votre vie maintenant tranquille.... libérée.....apaisée.. …..plus
forte... plus sereine....si sereine….droite dans vos bottes …..bien campée..... avec les idées
claires.. légère …..
Oui ..... c'est très bien.......
Je vais laisser maintenant votre corps.... prendre le temps …..de sentir tout ce qu'il se
passe ….dans toutes les parties de votre corps .... .se rassembler ....d'être à son
écoute …..sentir vos pieds….vos genoux.. vos cuisses...votre ventre ...votre poitrine... votre
torse... vos mains..vos bras.. vos coudes...vos épaules... votre nuque... ..votre tête.. cuir
chevelu.. les yeux .. le nez..vos oreilles.. la bouche.. le menton ….je vais laisser votre corps
prendre le temps de..... DOUCEMENT.... reprendre sa densité......reprendre conscience …...
de sa position dans le fauteuil ….puis dans cette pièce ici et maintenant …..
Et puis ..quand vous en aurez envie ….. à votre rythme..... très tranquillement et
UNIQUEMENT quand vous en aurez envie...... vous prendrez une grand inspiration et vous
reviendrez avec moi dans la pièce...simplement quand ce sera le moment pour vous.. et vous
pouvez restez aussi longtemps que vous voulez..... comme vous êtes
maintenant …........................
Soizic ouvre les yeux, les frotte s'étire légèrement mais est toujours en transe pendant environ
dix mn , je poursuis la séance en hypnose conversationnelle et m'adapte .
Je crois que votre inconscient a super bien travaillé, et on peut le remercier toutes les deux .
« Je suis épuisée » .
C'est très très bien......... très très bien...........
En fait, elle a une belle ABREACTION très douce à type de pleurs à gros sanglots
incontrôlables, elle se laisse aller.
Pleurez bien.......
C'est bien …. Soizic, laissez aller... laissez aller vos émotions....Cela fait du bien.......Lâchez
tout çà....
« SOUPIR. ».....
C'est très bien.
« Elle SOUFFLE fort ».......
Accompagnement, encouragement à se débarrasser de ces émotions encombrantes
Là ….là......là …..
Laissez tout aller.... ça fait du bien.......les émotions qui remontrent... laissez les remonter
30
pour.... là…..là....... là.........Là....... doucement....là …... là.....là.... toutes ces émotions qui
remontent là ….. là ….là....là.......
Comme des bulles de savon qui ont besoin d'éclater.
« SANGLOTS PLUS FORT ».......
Là.......là.....là....... c'est tellement important,...... tellement important de laisser...là .......
remonter........
RESPIRATION PLUS PROFONDE ET PLUS CALME ….......
Toutes ces émotions qui sortent en vous, pour vous libérer …....de tout çà …..là....... là …..
RESPIRATION PLUS CALME, POSEE
C'est bien …....
»Oh punaise ! » .
Elle SOUFFLE BEAUCOUP, LENTEMENT, S'APAISE.
C'est bien..........
Elle S'APAISE.
N'est-ce pas que c'est important de sortir encore ..... de libérer tout çà ...... de libérer tout ce
qu'il y a... en vous ….. en chacun de nous...... ce qui nous encombre inutilement ….....
C'est un peu fort ? !......... ( A la fois question et affirmation de ma part).
« Oh oui » acquiesce-t-elle EN RIANT.
C'est important....... Très bien............... …...Très bien............................Très
bien........................
Toutes ces émotions......Toutes ces larmes......... Allez........ allez …....
« Je suis vidée ».
Renforcement positif
Vous avez super bien travaillé
« Je suis épuisée ».
C'est très très bien, c'est très très bien....
Vous ne vous attendiez pas à çà ?
« Ah non. Je suis TRÈS CONTENTE ».
Merci à vous, à votre inconscient surtout, qui joue le jeu, qui est un malin, il est super malin
votre inconscient.
« J'ai l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur ».......
Prenez le temps de revenir là.
« C'est la première fois que c'est aussi dur physiquement ….... j'ai jamais ressenti çà avant
comme un ballon qui se dégonfle, qui n'a plus d'élasticité. »
31
RIRES de nous deux.
Vous allez juste prendre le temps de récupérer tranquillement.................c'est très très
bien............ vraiment très très bien travaillé........... ce qui est intéressant c'est de vous rendre
compte que votre corps aussi a travaillé, tout le monde a bossé !
« Ah oui là ! »
« Je me suis rendu compte que j'avais déjà avancé «
Oui,
» Parce que je pense que j'ai déjà éloigné une grande partie des sensations de
l'accouchement, parce que c'est pas ça qui est remonté..........« On en apprend des choses, dis
donc »......................... »
Vous observerez quand vous ….serez partie d'ici ….......... dans les jours qui
viennent....observez comment sont les ballons.... si vous voyez des ballons.
« Oui » RIRE de Soizic, « d'accord »
Puis vous me direz, d'accord, si vous croisez des ballons légers ou des montgolfières, enfin,
bon, je sais pas.
« Si je croise des ballons, ok ».
« Hum, je reviens »..................
Soizic était encore en transe et nous avons fait de l'hypnose conversationnelle pendant
environ 10 mn. Elle se rend compte qu'elle redevient consciente, ici et maintenant.
Temps nécessaire à la réassociation
Vous prenez le temps de tout ré-associer tranquillement , hein ?….... prenez le temps ….......
de ré-associer les différentes parties de votre corps, de vos sens, le froid le chaud, comment je
suis, comment je me sens....la lumière...... ce que je sens, ce que je renifle dans ce
bureau......... rires et puis là -haut ….
Prenez le temps de ré-associer tout çà tranquillement...... très tranquillement, prenez le temps
de revenir ici et maintenant …...tout doucement ….. ré-atterrir, doucement, et d'apprécier de
revenir tout tranquillement, ou de rester encore un peu..... dans certains endroits ... on a le
droit …...on a le droit de se faire du bien...........
C'est juste d'être centrée........
« Ouf, Je vais aller marcher un peu je crois »..
Prenez le temps, il fait beau, profitez de récupérer du soleil dans vos yeux, sur la rétine, ça
fait du bien çà.
Qu'est-ce qui vous reste là dans la tête, comme ça. Rien ?
32
« Si, si je suis encore un peu embrumée ».
33
Technique corporelle
Donc on attend un peu
.Respirez peut-être un peu en soufflant doucement jusque dans vos deux mains, je ne sais pas
si vous avez fait du yoga
« Oui un peu »
Et bien vous expirez en soufflant par vos mains et puis par vos pieds aussi .
Puis votre inconscient va bien continuer à travailler pour vous , donc il faut le laisser
travailler tranquillou, pilotage automatique, on n' a rien à faire, c'est cool !
« Oui » « d'accord ».
Pilotage automatique et les ballons, j'y tiens.
» Oui »
Amnésie structurée
Vous êtes garée où ?
« A l'impérial »,
A l’impérial (c'est un parking de la ville éloigné du cabinet), c'est bien, vous allez pouvoir
marcher un peu, cela va vous faire du bien.
Fin de séance.
5.3 EVALUATION PRE ET POST-THERAPEUTIQUE
a) Avant la Thérapie :
Soizic était dans un état de Stress Post-Traumatique important.
Elle a dû arrêter son travail et un prendre un traitement antidépresseur + anxiolytique en
début de thérapie pour limiter ses souffrances inutiles.
Les pensées vers Liz n'étaient pas de bonnes pensées mais étaient toujours empreintes de
tristesse, de culpabilité, de colère.
Soizic parlait des douleurs terribles de cet accouchement traumatique.
Elle expliquait que physiquement, son corps se rappelait encore très bien tout ce qu'il avait
ressenti, le revivait quand elle en parlait.
De plus, la façon qu'avait Soizic de parler de Liz sonnait de façon morbide comme si elle ne
pouvait se résoudre à la considérer décédée. Soizic avait « surinvesti » cette enfant, l'avait
superposée à l'enfant idéale, l'enfant imaginaire dont toute mère projette l'image pendant sa
34
grossesse.
Elle n'arrivait pas à se défaire de cette image d'autant que cette enfant a été conçue par FIV
après bien des complications.
Enfin, il était totalement impossible pour Soizic de se rendre au cimetière depuis la sépulture
de Liz. L'épreuve était trop difficile émotionnellement et l'idée d'y aller générait un état de
stress maximum avec angoisse intense et tristesse incontrôlable.
Bien que son problème de couple puis la problématique de la séparation soit « au premier
plan » au départ, la problématique du deuil pathologique s'est révélée en fait, avoir une part
plus importante dans les symptômes présentés par Soizic ,et indispensable à traiter.
Il a été nécessaire d'instaurer un traitement antidépresseur + anxiolytique en début de thérapie
pour limiter ses souffrances inutiles.
b) Après la thérapie :
A la douleur, la culpabilité, la colère et la dépression ont succédé l’apaisement, la
reconstruction psychique, la possibilité de réfléchir calmement, la joie d'être avec Mia,
l'enfant présente, vivante, bien là.
Soizic a pu oublier les douleurs terribles de son accouchement, (réelles ou amplifiées) dont
elle se rappelait sans pouvoir les chasser auparavant.
Soizic a enfin pu considérer Liz comme une enfant non viable, qui a eu une existence brève,
certes, mais reconnue par son entourage.
Elle a pu en parler au passé, poursuivre le processus de deuil, organiser ses souvenirs et ne
plus rester bloquée dans cet état émotionnel récurrent.
Après la séance, pour la Toussaint, Soizic a pu se rendre spontanément, au cimetière rendre
hommage à Liz avec Mia, sa petite fille de 6 ans maintenant, et son ex-mari. Ils y sont allés
tous les trois et elle se sentait tout à fait SEREINE pour expliquer calmement à Mia où était
Liz et pour quelle raison.
Elle a raconté être restée très étonnée de sentir qu'elle vivait cette épreuve comme une
expérience simple, dénuée d'émotion trop forte ou déstabilisante, presque une réunion douce
vécue en famille. Ceci lui semblait impossible pour elle, il y a encore quelques semaines.
35
Je suis également restée très surprise que Soizic soit arrivée à ce résultat, juste après une belle
séance de travail en hypnose.
Je pense, que cliniquement, en ce qui concerne ce trauma obstétrical et ce deuil traumatique,
Soizic a atteint le stade de la reconstruction, il reste encore à travailler l'acceptation pour
qu'elle trouve une réponse à ses questionnements, sa colère face à « l'injustice », à ses
« croyances », à son désir de vivre dans l’insouciance. Elle qui depuis l'enfance a l'impression
de vivre « trop raisonnablement ».
Pendant la thérapie, Soizic a appris qu'elle était porteuse du gène responsable de l'anomalie
génétique de Liz. Il reste 3 embryons qui auraient pu être réimplantés, avec une chance sur 2
d'être porteurs d'anomalie génétique et une chance sur 2 d'être sains.
En accord avec son ex-mari, Soizic a pris la décision de ne pas réimplanter ses embryons et
donc de les supprimer.
Je pense que seule la thérapie lui a permis de prendre cette décision calmement,
raisonnablement, sans réaction émotionnelle disproportionnée devant cette terrible
alternative.
c) conclusion
Ce cas clinique complexe m'a permis de mieux appréhender l'efficacité de l'hypnose dans les
états d’ESPT.
L'hypnose, de par sa nature même, permet de s'adapter au mieux au sujet pour l'amener « en
souplesse « et avec élégance au-delà des événements traumatiques.
Il est étonnant de constater comment le sujet va réorganiser ses affects et sa cognition des
événements passés. Ceci se vérifie par une modification concrète des comportements et
l’acquisition de sensations nouvelles.
J'ai été vraiment surprise par la rapidité déconcertante avec laquelle ces changements avaient
lieu ; rapidité qui permis une économie de moyens à la fois pour le patient et pour le
thérapeute, économie qui me semble essentielle quand on sait combien il est douloureux et
éprouvant pour les personnes d'entamer ce type de travail.
Ma patiente a été aussi surprise que moi des résultats, et heureuse de sentir qu'elle a laissé
derrière elle cette période sombre pour enfin repartir vers sa vie.
36
7. BIBLIOGRAPHIE
ARNAUD M., « Les mémoires du corps, Hypnose et psychosomatique », texte.
BLOYE A., CELESTIN-LHOPITEAU I., « Hypno analgésie et hypno sédation », Dunod
DANION-GRILLAT A, SIBERTIN-BLANC D, MORO MR, ZIMMERMANN MARELECTURE 2008 : JP RAYNAUD : « Troubles psychiques de la grossesse et du postpartum »
Dr. Maryse DUMOULIN, Maître de conférence en éthique et Santé Publique, Médecin
Praticien associé référent deuil périnatal, Accompagnement des parents
confrontés au décès de leur tout-petit (décès périnatal), Hôpital Jeanne de Flandres - CHU de
Lille (59, tél : 03.20.44.63.52. courriel : [email protected]
ERICKSON M., « L'intégrale des articles de Milton Erickson sur l'hypnose », Satas
HALFON Yves, « L'hypnose en maternité »
HAS / Service des bonnes pratiques professionnelles/ janvier 2012
JOSSE Evelyne, « Le pouvoir des histoires thérapeutiques », Desclée de Brouwer.
KUBLER-ROSS E. KESSLER D. , « Sur le chagrin et le deuil » Poche
LOPEZ G., SABOURAUD-SEGUIN A., JEHEL L. et al. , « Psychothérapie des victimes
« Dunod.
MELCHIOR T., « Créer le réel », Couleur Psy, Seuil
MOUVEMENT FRANÇAIS POUR LE PLANNING FAMILIAL(MFPF), Centre de
documentation de la confédération nationale, 4 square Saint Irénée, 75011, Paris, 01 48 07 29
10, [email protected], www.planning-familial.org.
O'HANLON W.H., MARTIN M., « L'hypnose orientée vers la solution », Satas
SENAT, Étude de législation comparée n° 184 - avril 2008 - Les enfants nés sans vie 37
8. ANNEXES
La place des usagers
Rôle des usagers : remplissage des questionnaires de satisfaction distribués dans le service.
Rôle des associations : essentiellement après la sortie mise à disposition de plaquettes
d'informations sur les aides proposées par 3 associations "Nos tout-petits" (accompagnement
deuil périnatal) "Petite émilie" (IMG) et Spama (accompagnement soins palliatifs en
maternité).
L'association Nos tout-petits rassemble à la fois les usagers parents en deuil et des
professionnels de périnatalité (médecins à l'initiative du projet, pédiatres obstétriciens,
psychologues, sages-femmes, infirmiers aides-soignants, administratifs, aumôniers
hospitaliers, ...).
L'association propose pour les parents en deuil un site internet : nostoutpetits.org, une écoute
téléphonique, des entretiens de suivi de deuil, des groupes de partage et d'entraide mensuels,
une aide à la fratrie, une aide juridique, un centre de ressources (livres, DVD, des moments
de commémorations dédiés aux tout-petits décédés et à leurs familles (à Noël, aux fêtes des
mères et des pères).
L'association propose pour les soignants, une possibilité de participer aux groupes de partage
et d'entraide, une information sur les avancées juridiques, de nombreux témoignages de
parents, des formations à l'accompagnement du deuil périnatal et à l'écoute de la personne en
deuil. Les bénévoles d'association doivent être formés et supervisés.
PAROLES DE PARENTS RECUEILLIES AU CHU DE LILLE :
« Je n’ai qu’aperçu mon enfant, je ne l’ai pas embrassé,….oh que je regrette de
n’avoir pas su ou pu le demander….. Quelle mère laisse partir son enfant sans
l’avoir embrassé ?»
« Où allait-il aller ? J’aurais voulu qu’on me le dise, car moi j’avais besoin d’un
après…c’est important qu’il y ait un lieu. J’aurais voulu savoir où il allait
géographiquement, on ne me l’a jamais dit, cela m’a manqué. Pendant longtemps,
même encore maintenant j’y pense. Ce corps là il a existé mais qu’est-il
devenu ? ….pour Antoine, mort-né à 6 mois de grossesse.
38
« Je ne voulais pas qu’on l’incinère avec les débris anatomiques, ça non…..c’était
un bébé complet »
« Je sais qu’en novembre, à la Toussaint, j’ai ressenti un manque terrible. J’avais
envie d’aller voir ma fille, quelque part avec des fleurs. A ce moment-là, j’ai eu
besoin de la savoir concrètement quelque part et de lui témoigner mon
amour. » … Maman d’Adèle, mort-née à terme
« En ce qui me concerne, je poursuis mon chemin dans la perte de ma fille (que
l’on s’est décidé à prénommer Héloïse), très isolée socialement (le cercle d’amis
s’est réduit d’une manière que je n’aurais pas pu imaginer), avec une alternance
très fatigante de hauts et de bas, et également avec beaucoup d’amertume et de
frustrations face à l’incompréhension de la société devant ce que je vis! Notre
fille n’a existé que pour nous et ça me révolte! … » Maman d’Héloïse, mort-née à
9 mois de grossesse
« Il était très, très beau, il ressemblait fort à son grand frère. De le voir, j’étais
fière de mon bébé, il était beau, ce n’était pas un monstre »…..pour Antoine,
mort-né à 5 mois ½ de grossesse.
« Les photos cela m’a permis de me dire : Il est là, et je sais que je ne vais pas
l’oublier. Si je n’avais pas eu les photos de mon premier bébé, peut-être qu’à la
force de chercher trop à quoi il ressemblait, je n’aurais de cesse de penser à lui et
là peut-être que ma fille (enfant puîné) en souffrirait »…..pour Mathilde, décédée
à 5 mois de grossesse.
« La famille et les amis étaient présents lors de l’enterrement de Louis. Ils étaient
présents lors de l’acte officiel, civil, l’acte qui marquait la mort et donc la vie de
Louis. Ce partage de notre souffrance et de la disparition de Louis a eu lieu
essentiellement parce qu’il y a eu ce cadre officiel » ……..pour Louis décédé à 6
mois de grossesse.
« J’ai refait surface après le choc et l’abattement dus à la mort de mon bébé, grâce
à nos visites au cimetière où repose notre fils, grâce aux photos. Je me sens prête
à prouver à tous que parler de son bébé parti trop tôt et montrer sa photo à qui en
39
exprime le désir, est à chaque fois un bonheur immense car ces instants
merveilleux nous permettent de faire exister notre enfant et ça cette
reconnaissance, c’est la véritable guérison »……pour Baptiste, mort-né à 5 mois
½ de grossesse.
40