Sortie dans les Gorges de Noailles (Vallée de la Loue)

Transcription

Sortie dans les Gorges de Noailles (Vallée de la Loue)
SHND
Société d’Histoire Naturelle
du Doubs
Sortie dans les Gorges de Noailles (Vallée de la Loue) 21 juin 2009
Aperçu de l’excursion par Gilbert MICHAUD
1. La source de la Loue
Un brin d’historique :
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Le dimanche 11 août 1901 à 12h30, un grave incendie se déclare dans les usines PERNOD
de Pontarlier : 650 m3 d’alcool, dont 470 d’absinthe sont alors déversés (par les ouvriers) dans
le puits perdu de l’usine et dans le Doubs.
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Le mardi 13 août 1901 à 12 h, une forte odeur d’absinthe est décelée à la source de la Loue
et jusqu’à 25 km en aval ; le fils du chimiste Berthelot (Marcellin), en vacances à Mouthiers,
envoya pour analyse à son père, un échantillon d’eau de la Loue ; Berthelot conclue à l’origine
non naturelle de cette odeur !
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Le 31 août 1910, 100 kg de fluorescéine sont déversés dans le Doubs en amont de Maisondu-Bois par E. Fournier.
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En 1978, 10 kg de fluorescéine sont déversés au gouffre du Gros Foyard par le laboratoire de
géologie de Besançon, sous la direction de P. Chauve ; le colorant réapparaît 4 jours après à
la source de la Loue.
Communications
entre le Doubs et la
Loue
2. Le Doubs et la Loue
Le Doubs se perd partiellement entre Arçon et Maison-du-Bois à 800 m d’altitude, dans les calcaires du Kimméridjien supérieur et du Portlandien. Il réapparaît à la source de la Loue à 550 m
d’altitude, dans les calcaires du Bajocien. L’ouverture, dans la falaise de 104 m de haut, mesure
60 m de large et 32 m de haut.
Le débit moyen du Doubs est de 5 m3/s ; celui de la Loue à sa source est de 10 m3/s : des cours
d’eau souterrains viennent donc alimenter la Loue, en plus des pertes du Doubs.
3. Flore présente le long du sentier
Angélique sauvage, omniprésente
Aconit tue-loup
Séneçon de Fuchs
Impatiente n’y touche-pas
Laitue des rochers
Scrofulaire noueuse
Solidage verge d’or
4. La tuffière
Le tuf ou travertin est une roche sédimentaire calcaire d’origine organique, légère et vacuolaire.
Elle a été utilisée comme pierre de construction, principalement pour ses qualités d’isolant thermique et phonique ; sa couleur varie du blanc au brun (impuretés diverses).
Les organismes tuffigènes (qui engendrent le tuf) sont généralement des Bryophytes (mousses),
mais aussi des algues vertes et bleues.
L’eau courante, chargée de dioxyde de carbone (CO2) attaque la roche calcaire (carbonate de calcium – CaCO3 – insoluble) pour libérer les ions calcium (Ca²+) et hydrogénocarbonate (HCO3-) ;
ces derniers forment alors l’hydrogénocarbonate de calcium (Ca(HCO3)2 –soluble). Cette réaction
est réversible : au niveau de la tuffière, sous l’effet de la turbulence de l’eau, une partie du CO2
est libérée, engendrant ainsi la formation de calcaire qui vient se fixer autour des végétaux ainsi
pétrifiés.
Plus simplement : CaCO3 + CO2 + H2O = Ca(HCO3)2
Parmi les plantes rencontrées au niveau de la tuffière, citons :
une Hépatique : Conocephalum conicum
des Fougères (Ptéridophytes)
une Mousse (Bryophytes) - non déterminée
* Cystoptéris fragile
* Asplénium vert
* Capillaire rouge
* Rue de muraille
* Langue de cerf
une plante supérieure (Angiospermes)
la Dorine à feuilles opposées
5. Descente du cours de la Loue
Nous quitterons la source de la Loue pour descendre sa vallée où nous risquons de voir des
chamois. Au bas de la vallée, peu avant Mouthiers, dans une fissure suintante de la falaise, nous
observerons une autre superbe capillaire (rare sauf à Vouglans !) : le Cheveu de Vénus.
6. Petit arrêt à Mouthier-Haute-Pierre
Le bourg de Mouthier–Haute-Pierre ( ~ 350 hts) est connu pour :
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son kirsch, fabriqué de façon artisanale depuis le XVIIe siècle, à partir de la Marsotte, variété
de cerise locale ;
son herpétologue célèbre, Césaire PHISALIX (1852-1906) qui a mis au point un vaccin contre
les morsures de vipère ;
son église du 15ème siècle avec son cadran solaire et son clocher en tuf, régulièrement visité
par l’hirondelle du rocher ;
les falaises proches où le Faucon pèlerin a installé son aire ;
La corniche de Hautepierre–Châtelet.
La corniche de Hautepierre est formée des calcaires à entroques du Bajocien inférieur et les
calcaires oolithiques du Bajocien supérieur. Depuis la table d’orientation, située à 880 m d’altitude
, on pourra admirer le panorama sur Mouthier-Haute-Pierre, la vallée de la Loue, le rocher du
Moine et, si le temps le permet le Mont Blanc) .
Inventaire floristique : voici, par ordre alphabétique, les principales plantes que nous rencontrerons lors de la montée de la corniche.
Alisier blanc
Anthyllide vulnéraire
Bois de Sainte-Lucie
(faux merisier)
Buplèvre en faux
Carline acaule
Erable sycomore
Euphorbe des bois
Euphraise ( ? )
Parnassie des marais
Prunellier
Rosier des chiens (avec Bédégar)
Gentiane champêtre
Fusain d’Europe
Scabieuse colombaire
Spiranthe d’automne
Cornouiller sanguin
Dompte-venin
Hellébore fétide
Erable à feuilles d’obier
Gentiane jaune
Germandrée petit-chêne
Knautie des champs
Lotier corniculé
Succise des prés
Vipérine vulgaire
7. Quelques mots d’ornithologie (Observations personnelles et données d’Emmanuel CRETIN
de la LPO. Franche-Comté).
La vallée de la Loue et les sites de Mouthier-Haute-Pierre sont très intéressants sur le plan ornithologique. On pourra observer les espèces suivantes :
Faucon pèlerin
Bruant fou
Cincle plongeur (le long de la rivière )
Faucon crécerelle
Grand corbeau
Milan royal
Hirondelle de rocher
Milan noir
Martinet alpin (à ventre blanc)
Tuffière de la source de la Loue (cliché G. Michaud)
Source de la Loue.
Traçage à la fluorescéine
(cliché Cabinet Pascal Reilé)
Documents consultés :
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Cartes topographiques TOP 25 (3424 OT Ornans ; 3425 OT Pontarlier),
Cartes géologiques BRGM – Ornans et Pontarlier,
Inventaire spéléologique du Doubs Tome 4 (GIPEK),
Flora Helvetica (Belin),
Guide des oiseaux d’Europe – Peterson (Delachaux-Niestlé).