De petites histoires inspirantes

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De petites histoires inspirantes
De petites histoires inspirantes
Nous nous inspirons souvent d'histoires qui viennent de plus loin que nous, qui nous parlent et
nous donnent des pistes pour affronter la réalité. Nous en retransmettons quelques unes cidessous.
Sur la nécessité de ne pas confondre les personnes concernées et les autres :
Aza se rend voir un médecin pour avoir un médicament contre le hoquet. Le savant
s'approche, lui assène une gifle violente en poussant un cri terrifiant. Aza recul et
s'effondre.
- « Mais qu'est-ce qui vous a pris ? »
- « Mon cher ami, nous avons depuis longtemps que le meilleur moyen de faire cesser le
hoquet est de provoquer une frayeur »
- « Sûrement, mais ce n'est pas moi, c'est mon fils qui en souffre »
***
*Un homme va voir son médecin et lui dit :
–
Docteur, j'ai mal partout. Quand je pose mon doigt sur ma tête, j'ai mal. Quand je le
pose sur mon ventre, c'est pareil. Et aussi sur ma cuisse. Que dois-je faire ? Comment me
soulager ?
Le docteur l'examine et dit :
–
Votre corps n'a rien. C'est votre doigt qui est cassé.
Sur l'insolence des jeunes :
Un jour, Confucius rencontra un enfant qui bâtissait une citadelle avec de la terre et des
cailloux, au milieu du chemin. Confucius s'arrêta et dit :
–
Pourquoi ne t'écartes-tu pas de mon passage, jeune homme ?
–
On m'a toujours dit que les chars contournent les villes et ne s'écartent pas devant
les chars, répondit l'enfant avec assurance.
–
Comment si jeune, as-tu tant de sagesse ?
–
Trois jours après sa naissance, l'enfant fait la différence entre son père et sa mère,
un lièvre court dans les champs et un poisson nage dans le fleuve. C'est naturel. Il n'y a
pas de sagesse là dedans.
Ils bavardèrent des heures durant. Confucius posa tout type de questions, et chaque fois
obtenait des réponses inattendues. A son tour, l'enfant demanda :
–
Combien d'étoiles dans le ciel ?
–
Je ne peux parler que des choses que j'ai devant les yeux, répondit Confucius
–
Alors, combien de poils sur tes sourcils ?
Confucius sourit et ne répondit pas. On dit qu'il aurait alors confier à l'un de ses proches
que les jeunes sont à craindre car ils ont les questions de leur temps. D'autres traditions,
disent qu'il est remonter sur son char en maugréant que les jeunes ne feront rien de bon
plus tard.
Sur la bêtise de vouloir tout connaître avant d'agir :
Un guerrier fut blessé par une flèche dans une bataille. On voulut arracher la flèche et le
soigner mais il exigea d’abord de savoir qui était l’archer qui a tiré, là où il était placé, la
forme de son arc et dans quel bois il était taillé. Il mourut.
Sur la complexité des questions de justice [Amartya Sen] :
Trois enfants se disputent pour avoir une flute. Le premier la réclame car il est la seul à
savoir en jouer. Le deuxième parce qu'il l'a construite. Le troisième parce qu'il n'a pas
d'autres jouets.
A qui donner la flûte ?
***
Un homme pauvre se querella avec son riche voisin, qui le gifla. Bien décidé à ne pas en
rester là, l'affaire fut porter devant le juge qui écouta les deux plaignants et décida que
l'homme riche devait donner au plus pauvre un bol de mil.
Alors l'homme pauvre se retourna vers le juge et le gifla vigoureusement.
–
Qu'est-ce qui vous prend !?! Hurla ce dernier
–
Oh rien, dit l'homme pauvre. Juste une envie. Quand on apportera le bol de mil,
prenez-le pour vous. Moi, je m'en vais.
Sur la force et la ruse :
Deux loups amis virent un mouton seul, perdu dans la forêt. Le premier proposa à l'autre de
l'attaquer : lui contournerait le rocher pour l'empêcher de fuir, pendant que son ami l'attaquait
frontalement. Ce fut fait, le mouton fut tué.
Lorsque les deux amis se retrouvèrent autour du cadavre encore chaud du mouton, j'engagea
la discussion suivante :
- C'est à moi de le manger dit le premier. J'ai eu l'idée.
- Non, il me revient car c'est moi qui l'ai tué.
Un lion passait par là et s'arrêta devant les deux loups. Ils lui demandèrent conseil.
- Peux-tu nous aider ?
- Pourquoi pas ? dit le lion. Je pense qu'il faut partager le mouton en 5 parties. La première
partie m'appartient car je suis le roi de la forêt.
Les loups étaient d'accord car il leur restait 4 parts et que le lion les aidait à résoudre un
épineux problème. Alors le lion ajouta :
- La deuxième part également. Car je suis votre invité n'est-ce pas ?
Les loups restèrent silencieux. Le lion poursuivit :
- Et la troisième aussi d'ailleurs, car je suis venu résoudre votre problème.
Les loups réagirent enfin et protestèrent contre l'injustice.
- Si vous voulez récupérer les deux parties restantes, il faudra se battre avec moi.
Les loups prirent peur et partirent tristes et affamés.
***
Nasredin entra chez un marchand pour acheter un pantalon. Il essaya un pantalon, puis réflexion
faite, il l'échangea contre une chemise et décida de la prendre.
Il était sur le point de quitter la boutique quand le marchant le rappela et lui fit remarqué qu'il
n'avait pas payer la robe.
–
C'est normal, répondit Nasredin sûr de lui, puisque je l'ai échanger contre le pantalon.
–
Mais le pantalon, tu ne l'as pas payer non plus, dit le marchand.
–
Ben oui, c'est normal puisque je le l'ai pas pris, dit Nasredin en s'en allant.
***
Un prince possédait une plaine au Nord de la Russie. En s'y promenant, il constata que le moulin
ne tournait pas. Il appela furieux le meunier et lui dit :
–
Pourquoi ce moulin ne tourne-t-il pas ?
–
Parce qu'il n'y a pas de vent, répondit le meunier.
–
Un moulin est fait pour tourner. Je repasserais demain, j'exige qu'il tourne. Débrouille toi !
Le prince revint le lendemain. Le moulin ne tournait toujours pas.
–
N'as-tu pas compris ce que je te demandait ? Dit le prince menaçant.
–
Si, excellence !
–
Alors ?
–
Alors, j'ai donné l'ordre au moulin de tourner. Il m'a écouté et m'a répondu que, plus
puissant que moi, vous pourriez prince, demandez au vent de souffler.g
Sur l'exemple qui vaut mille explications :
Srulek se rendit un jour auprès d'un aveugle et s'assit près de lui. L'aveugle lui demanda :
– Srulek, dis moi, elle est comment la neige ?
– Elle est blanche
– Ah, dit l'aveugle et après un long silence, demanda : Mais c'est comment blanche ?
– Blanche, dit Srulek en cherchant ses mots, c'est comme le lait
– Ah... et le lait, c'est comment ?
– Le lait, c'est comme les oiseaux qui sont sur le lac, les cygnes...
– Ah, dit l'aveugle et c'est comment les cygnes ?
– Eh bien, c'est un grand oiseau , avec le larges ailes et un cou long et courbé comme ça...
Et Srulek allongea son bras et courba son poignet pour imiter le cygne. L'aveugle tendit sa
main, et caressa le bras et la main de Srulek. Attentivement, puis il dit en souriant :
– Ah oui, maintenant je vois comment elle est, la neige.
Sur l'aveuglement procuré par l'argent [Jean-Claude Carrière]
Un enfant demande à son père :
- C’est quoi l’argent ?
Son père prend un morceau de verre ordinaire et le place devant une fenêtre. L’enfant
pouvait voir la rue, les passants et les voitures à travers le verre. Puis le père, mis de
l’argent sur une face du verre. - Maintenant, tu ne vois plus rien de la rue et tu ne regardes
que toi-même .
Sur la compétence nécessaire à l'usage des outils [Eric Berne]
Un homme a un problème avec son radiateur qui ne marche plus. Il appelle un plombier qui
regarde le radiateur puis donne un coup de marteau et celui-ci redémarre. Il dit à l'homme :
- C'est 100 $ .
- C'est cher pour un coup de marteau ! répond celui-ci.
- Vous voulez une facture détaillée ?
- Oui bien sûr
Alors il écrit sur un papier : « savoir où donner le coup de marteau = 99$ + coup de
marteau = 1$. Total = 100$ »
***
Un homme se réfugie apeuré chez un derviche :
- Vite ! Vite ! Il faut faire quelque chose. Un singe vient de ramasser un couteau.
- Ne t’inquiètes pas, dit le derviche. Tant que ce n’est pas un homme.
Sur l'importance de se rendre compte de l'immensité de petits gestes [Jean-Claude Carrière]
Des milliers d’étoiles de mer se meurent sous le soleil de la plage. Deux hommes
déambulent dont l’un se baisse et lance irrégulièrement une étoile dans les vagues
déferlantes. Son ami l’interpelle :
- « Qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou ? Tu ne pourras jamais toutes les sauver ? »
Il entend alors cette réponse :
- « Parmi ces étoiles que je rejette, laquelle me prendrait pour un fou ? »
Sur la répartition du revenu dans la société [Vivian Labrie]
C'est un cuisinier qui fait un gâteau pour dix personnes. Il le prépare, le cuit, le sort du four
et le découpe en dix parts égales puis s'en va se reposer.
Deux premières personnes arrivent et se servent chacune deux parts.
Puis successivement, quatre personnes arrivent et se servent une part.
Trois personnes arrivent ensemble. Elles n'ont que deux parts pour trois et décident de les
partager.
La dernière arrive alors. Elle n'a plus que les miette à manger.
Sur les mille ressources à mobiliser pour s'en sortir (La soupe aux cailloux) :
C'est l'histoire d'une femme qui avait faim. Elle n'a plus rien dans les placards, plus rien
dans le frigo. Elle dit alors à ses enfants : « nous allons faire une soupe au caillou ». « Ah
bon, c'est quoi maman ? » répondent-ils. « Vous verrez ». Ils prennent un chaudron, sortent
dehors, le remplissent d'eau. Elle fait un tour afin de trouver un beau galet propre et lisse.
Elle le pose au fond du chaudron et allume un feu dessous. Puis attend.
Une personne passe.
- « Que faites-vous madame ? »
- « Je fais une soupe au caillou ».
- « Ah bon ? Je n'en n'ai jamais mangé. C'est bon ? »
- « Oui, vous pourrez goûter si vous voulez. Pour le moment, ce n'est pas encore prêt. »
- « Volontiers »
- « Bon, ce serait meilleur si on avait des carottes, mais comme je n'en n'ai pas, on va faire
une soupe au caillou simple. »
- « Ah mais j'en ai des carottes chez moi. Est-ce que j'ai le temps d'aller les chercher »
- « Oui allez y on vous attend »
Pendant ce temps, une jeune fille passe et pose la même question. Mais cette fois-ci, ce
sont des patates qu'il manque... Et ainsi de suite, chacun apporte de quoi : sel, épices,
poireaux, courges, fèves... A un moment la femme dit :
- « C'est bientôt prêt. Il faudrait aller chercher des bols et des cuillers »
Elle pique alors le caillou et dit « Il n'est pas encore cuit. Ce sera pour la prochaine soupe
au caillou. »
Et tout le monde fait un bon repas.
Sur l'impuissance créée par le pouvoir [Zhuang Zi]
Le roi de Tch'ou avait envoyé deux émissaires auprès de Tchouang-Tseu. Ils l'avaient
trouvé pêchant au bord de la rivière P'ou.
- « Notre roi, lui dirent-ils, désire vous confier la charge de son royaume »
Sans ramener sa ligne ni tourner la tête, Tchouang-tseu leur répondit : « N'y a-t-il pas à
Tch'ou une tortue sacrée morte il y a trois mille ans ? Votre roi conserve sa carapace
depuis le temps de ses ancêtres, protégée par une pièce de tissu et un treillis d'osier. Cette
tortue était-elle plus heureuse morte et conservée, ou vive et traînant sa queue dans la
vase ?
Les deux fonctionnaires répondirent : « Vive et traînant sa queue dans la vase »
Tchouang-Tseu conclut : « Eh bien, laissez-moi : je suis comme elle ! »
Sur la nécessité de ne pas s'en remettre uniquement à des souhaits (l'arbre à souhaits)
Un voyageur très fatigué s'assit à l'ombre d'un arbre sans se douter qu'il s’agissait d'un
arbre magique, l'arbre à réaliser tous les souhaits. Assis sur la terre dure, il pensa qu'il
serait agréable de se retrouver sur un lit moelleux. Aussitôt le lit apparu. Etonné, l'homme
s'y installa en pensant que le comble du bonheur serait de se faire masser les pieds par
une jeune fille. Elle apparut et le massa longuement.
« J'ai faim » dit-il alors et une table surgit, chargée de poulets, de raisins et autres
victuailles. Il se régala et, le ventre plein, se laissa aller en pensant aux merveilleux
événements de cette journée.
« Je vais dormir, une heure ou deux, se dit-il. Pourvu qu'un tigre ne passe pas par ici
pendant mon sommeil »
Il s'endormit, un tigre surgit et le dévora.
Sur la nécessité d'être optimiste (la grenouille)
Deux petites grenouilles étaient amies. L'une était gaie et optimiste, tant que l'autre était
souvent d'humeur maussade. Mais elles s'entendaient bien. Si bien, qu'un soir où elles se
promenaient près de l'étang, elles virent une lumière, au loin. En s'approchant, elles
sentirent, venant du soupirail d'une ferme, une bonne odeur de moisie, de champignons.
Elles entrèrent et là, un terrain de jeu les attendait : des jarres, des bocaux, des pots de
terre. Elles sautaient ci et là, jusqu'à trouver un parfait trampoline. Sur une jarre était tendu
une toile. Elles sautaient, sautaient... jusqu'à ce que la toile cède et que les grenouilles se
retrouvent dans un pot de crème.
Les parois étaient lisses et malgré leurs efforts et ne parvenaient pas à remonter. Nos
grenouilles nageaient depuis quelque temps lorsque la grenouille à l'humeur maussade dit :
–
Cette odeur de crème est écoeurante, et puis nous ne parvenons à rien...
–
Allez, nage, lui répondit l'autre, on n'a jamais vu une grenouille se noyer dans un pot
de crème.
–
Mais, je n'en peux plus, à quoi bon... dit son amie en se laissant couler. Elle se
noya.
Pleine de chagrin, la grenouille optimiste continuait à battre des pieds, sa tête commençait
à lui tourner et elle était quasiment à bout de forces quand... elle sentit sous ses fesses
quelque chose de dur. Elle était assise sur une pote de beurre.
Sur l'inutilité du sacrifice
Un maître zen, apprenant qu'un de ses disciples n'avait rien mangé depuis 3 jours, lui demanda
les raisons de ce jeûne.
– J'essaye de lutter contre mon moi, dit le disciple.
– C'est difficile, dit le maître en hochant la tête. Et ce doit être plus difficile encore avec le
ventre vide.
Sur la liberté, un droit, un combat intérieur et non un privilège :
Un maître, un jour, dit aux esclaves :
–
Vous êtes libres.
–
Quoi ? S'écrièrent les esclaves. Mais ce n'est pas à toi d'en décider ! L'initiative doit
venir de nous, sinon ça ne compte pas !
–
Et bien, dit le maître, décidez vous !
–
Quoi ? S'écrièrent les esclaves. Tu nous donnes des ordres ? Mais à quoi cela nous
sert-il d'être libres alors ?
La discussion tourna court. Il s'ensuivit une longue guerre, si longue que ceux qui se
battent toujours ont oublié les raisons pour lesquelles leur guerre avait commencé.
Sur les opportunités que l'on se saisit pas (la mort d'un imbécile)
C'est l'histoire d'un homme dont l’intelligence était assoupie. Il était malheureux et prit la
décision d'aller se plaindre de son sort auprès de Dieu. En route, il rencontra un loup et lui
demanda son chemin :
–
Veux tu me rendre un service ? Lui demanda le loup après lui avoir indiqué le
chemin. Du soir au matin, je cours de tous côtés pour chercher ma pitance. Demande à
Dieu : pourquoi as-tu créer le loup, si tu le laisse ainsi crever de faim ?
L'homme promit de poser la question et se remit en route. Plus loin, il rencontra une jeune
fille charmante. Elle lui demanda le but de son voyage. Il répondit.
–
Je t'en prie, si tu vois Dieu, parles lui de moi. Je suis belle, douce, riche, en bonne
santé et pourtant malheureuse. Que dois-je faire pour connaître le bonheur ?
–
Je poserais la question, promit l'homme.
Un peu plus loin, il se reposa au pied d'un arbre, qui planter dans une bonne terre restait
rabougrit et presque sans feuilles.
–
Dis à Dieu que je ne comprends pas ce qui m'arrive. Que pourrais-je faire pour
porter de belles feuilles, et des fruits, comme les autres arbres ?
Après une longue marche, l'homme parvint auprès de Dieu, le salua et lui présenta sa
supplication.
–
Tu traites bien les hommes, Dieu, et pourtant vois ma condition : je travaille comme
un forcené, je me prive de tout et j'ai une vie misérable. J'en connais qui travaillent moins et
sont pourtant mieux lotis. Est-ce juste ?
–
Je t'offre ta chance, dit Dieu. Saisis-la et tu seras heureux. Va, rentre chez toi ?
Avant de prendre congé, l'homme exposa le cas du loup, de la jeune fille et de l'arbre
maigre. Dieu lui apporta des réponses.
Sur la route du retour, il rencontra l'arbre et lui dit :
–
Dieu m'a révélé qu'une grande quantité d'or se trouve sous tes racines. Elles
t'empêchent de te développer.
–
Merveilleux ! Dit l'arbre. Creuse entre mes racines et prend l'or !
–
Non, je ne peux pas, Dieu m'a offert ma chance. Je dois rentrer chez moi et en
profiter !
La jeune fille insatisfaite lui demanda :
–
Alors, que t'a dit Dieu me concernant ?
–
Il m'a dit que pour connaître le bonheur, tu ne pouvais rester seule. Un époux
pourrait partager tes joies et tes peines.
–
Epouse moi alors ! Lui dit la belle jeune fille. Epouse moi et nous serons heureux
ensemble !
–
Je ne peux pas, je n'ai pas le temps, ma chance m'attend ! Adieu, cherche un autre
époux !
Et il s'en alla. Un peu plus loin, il rencontra le loup affamé :
–
Alors ? Dieu t'a parlé de moi ?
–
Laisse moi d'abord te raconter ce qui m'est arriver... Dieu m'a offert ma chance, elle
m'attend !
–
Et moi ? Demanda le loup. Le loup t'a-t-il soufflé une solution à mes problèmes ?
–
Oui, dit l'homme. Dieu a répondit ceci : le loup marchera affamé sur la terre jusqu'à
ce qu'il rencontre un imbécile qui pourra assouvir sa faim.
Le loup se jeta sur l'homme et le dévora.
Sur l'impérieuse nécessité d'agir, parfois
Un cavalier aperçut un serpent venimeux au moment où il se glissait dans la bouche d'un
homme endormit. Que faire ? S'il laissait l'homme dormir, tôt ou tard le serpent le mordrait
et le tuerait.
Alors, il fouetta l'homme de toute sa force. Celui-ci se réveilla, en rage. Le cavalier, sous la
menace de son épée, le força à manger une masse de pommes, puis à boire de l'eau
saumâtre sans prêter attention à ses cris.
Après plusieurs heures de souffrance, d'insultes et de larmes, l'homme vomit les pommes,
l'eau et le serpent. A la vue de l'animal, il comprit.
–
Pourquoi m'as-tu sauvé ? Demanda-t-il enfin.
–
Parce que la connaissance est mère de la responsabilité.
–
Mais pourquoi ne pas m'avoir prévenu ? J'aurais alors accepter ton traitement de
bonne grâce.
–
Je ne crois pas, répondit le cavalier. Tu ne m'aurais pas cru. OU bien, la peur
t'aurais paralyser. Ou bien tu te serais enfui à toutes jambes.
Là dessus, le cavalier sauta sur son cheval et reprit sa route.
Sur le désir qui nait de la pénurie, de l'absence et se nourrit de la rêverie
Un homme remplit un pot de farine, et le suspendit au dessus de son lit. Le soir, l'oeil fixé sur le
pot, il se mit à songer :
– S'il survient une famine, ce qui est fréquent, je vendrais mon pot de farine. Avec l'argent
que j'en retirerais, j'achèterais une paire de chèvres. Les chèvres mettent bas tous les 6
mois. J'aurais très vite un troupeau de chèvres, et je vendrais le lait et les peaux.
J'achèterais des vaches, qui me donneront des veaux, que je vendrais. Je construirais
alors une grande maison, et une voisine dont la fille est très belle me rendra visite.
J’épouserais cette fille, qui viendra avec une belle dote, et nous aurons un fils, que
j’appellerais Salomon. Quand il aura quelques années, il se promènera dans la ferme. S'il
passe trop près des sabots des chevaux, je crierais à sa mère : Fais attention, prend ton
enfant ! Occupée par les travaux de la maison, elle n'entendra pas. Alors, je me lèverais et
je lui donnerais un bon coup de pieds aux fesses !
Egaré dans ses rêveries, l'homme lança un vif coup de pied qui brisa le pot. Toute la farine lui
tomba dessus.
Sur l'expérience qui permet de voir plus loin.
Un homme se rend chez un bijoutier et lui dit :
– Je voudrais peser de l'or. Prêtez-moi une balance s'il vous plait.
– Non, dit le bijoutier, je suis désolé mais je n'ai pas de pelle.
– Je ne vous demande pas de pelle, mais une balance !
– Non, car je n'ai pas de balai non plus.
– Mais vous êtes sourd ? Je vous demande une balance !
– Je ne suis pas sourd, répondit calmement le bijoutier. Mais je vois que tu manques
d'expérience. En pesant ton or, tu en laissera tomber par terre. Alors tu me demandera un
balai. Et une fois que tu auras fait un petit tas, tu me demandera une pelle pour le
récupérer. J'ai sur toi l'avantage de voir la fin dès le début ? Vas-t-en et adresse-toi à
quelqu'un d'autre !
Sur les dissensions du peuple qui profitent aux puissants (le barrage)
Une veuve et ses 5 fils vivaient sur un maigre morceau de terre. Un tyran avait construit un
barrage qui accaparait toute l'eau. Le frère aîné essaya de briser le barrage, mais n'y parvint pas
tout seul et ses frères étaient bien petits.
Alors, il partit à la ville où pendant des années, il travailla chez un marchand. Quand il le pouvait, il
envoyait à sa famille de l'argent, et pour ne pas faire peser sur les épaules de ses frères la honte
de l'aumône, il confiait l'argent à des marchands qui remettaient l'argent en échanger de petits
services.
Quand il revint chez lui, sa mère était décédé et un seul de ses frère le reconnu, vaguement.
– je me suis occupé de vous quand vous étiez petits. Je me rappelle comme vous rêviez de
percer le barrage et de voir jaillir l'eau, dit le frère aîné.
– Je ne me rappelle pas, dit un des frères.
– Moi, non plus, de quelle eau parles-tu ?
Alors le frère leur dit qu'il avait envoyé de l'argent pour qu'ils puissent survivre.
– Ce n'est pas vrai, dit l'un des frères, nous avons gagné un peu d'argent en rendant des
services aux voyageurs, c'est tout.
– Menteur, que nous veux-tu ? Si tu es notre frère, qu'es-tu venu nous dire ?
– Que le tyran est mort, dit le frère aîné. Que les soldats sont partis en laissant un barrage
bien abîmé sans surveillance. Que le moment est venu de rendre à notre terre verdeur et
fertilité.
– De quel tyran parles-tu ? Demanda l'un des frères.
– La terre a toujours été sèche, dit un autre. Et si l'on ramène de l'eau, elle inondera la marre
dans laquelle je garde des poissons d'ornements que les marchands admirent et en
récompense me donnent quelques pièces.
– Et elle mouillera le bois sec que je ramasse et avec lequel je fais le feu auprès duquel les
marchands se réchauffent le soir et pour lequel ils me rétribuent.
L'aîné essaya sans succès de convaincre ses frères. Aucun d'entre eux ne comprit que les
marchands ne passeraient plus, puisque c'est lui qui leur demandait ce détour. Ils ne le crurent
pas, discutèrent et discutèrent.
Pendant ce temps, un second tyran se manifesta. Il décida de renforcer le barrage, et également
de s'emparer des terres des frères, et des frères eux mêmes qu'il emmena en esclavage.
Enchaînés, fouettés, traînés vers la citadelle, ils discutaient encore.
Sur la plainte et la liberté (complément de l'oiseau de liberté)
Un homme acheta un rossignol qui possédait une voix exceptionnelle. Il le mit dans une cage où
l'oiseau ne manquait de rien et chantait des heures durant. Un jour où la cage avait été transporté
sur un balcon, un autre oiseau s'approcha, dit quelque chose au rossignol, puis s'envola. A partir
de ce moment, le rossignol resta silencieux.
L'homme transporta son oiseau chez un sage qui connaissait le langage des oiseaux. Le
rossignol, qui reconnu en lui un allié lui dit :
– Autrefois, je vivais en liberté, dans la nature. Puis on m'attrapa, on me vendit au marché,
on me mit dans la cage de cet homme que tu vois là. Je me suis mis à me lamenter, jour et
nuit, mais cet homme prenait mes lamentations pour des chants. Un jour un oiseau est
venu me dire : « cesse donc de pleurer, car c'est à cause de tes lamentations que l'on te
garde dans cette cage ! ». Depuis et jusqu'à nouvel ordre, je reste silencieux.
Le sage traduisit à l'homme les propos du rossignol. Celui-ci se dit : « à quoi bon garder un
rossignol s'il ne chante pas ? » et libera l'oiseau.