Ordinations diaconales d`André AJOUX et de Jean CARON en la

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Ordinations diaconales d`André AJOUX et de Jean CARON en la
Ordinations diaconales d’André AJOUX et de Jean CARON
en la Collégiale Notre Dame de Poissy le Dimanche 6 Octobre 2013
Chers Amis,
Au moment où vous allez être ordonnés diacres, que nous dit le Seigneur ?
Timothée, proche collaborateur de Paul, n’est pas appelé formellement prêtre ou
évêque, mais il en a exercé le ministère. Ce que l’apôtre Paul lui dit est
éclairant, même pour vous qui avez été choisis comme diacres, parce que vous
avez part au sacrement de l’Ordre, et pour chacun d’entre nous.
Paul invite Timothée à « réveiller le don reçu à l’imposition des mains »( 2Tim
1,6-14). Il lui parle de « don reçu », de la grâce, de ce don gratuit typique de
Dieu qu’est le sacrement de l’ordre, qui marque et oriente le fond de l’être pour
la mission de diacre.
Ce don vous est fait à vous Jean qui êtes marié, la grâce du sacrement ne met pas
dans l’ombre la grâce de votre mariage pas plus que celle de votre baptême et de
votre confirmation car le Seigneur ajoute don sur don comme promesse sur
promesse !
Ce don vous est fait à vous André, qui au cours de la liturgie avez été voué au
Seigneur pour toujours dans le célibat.
Votre préparation spirituelle à tous deux a été conduite par l’Esprit Saint, avec
votre collaboration, celle de vos proches, celle de vos parents, celle de toute
l’Eglise. Je pense à votre paroisse de Poissy-Villennes-Medan, au foyer de
charité de Poissy, mais aussi, André, à votre ami de toujours Mgr Jean Laffitte, à
tous ces groupes de chrétiens, à nos soeurs de la communauté saint François
Xavier consacrées à l’éducation des jeunes, à la communautés de l’Emmanuel,
aux formateurs et aux séminaristes du Séminaire diocésain, à tous ceux qui ont
prié et prient pour que les appels de Dieu soient entendus.
La grâce qui vous marque rejaillit sur toute l’Eglise catholique à partir de
l’église particulière, du diocèse, auquel vous êtes désormais lié par ce qu’on
appelle l’incardination. Ce lien traduit de façon tangible votre appartenance à
l’Eglise, et, pour ainsi dire, votre adhérence au lieu de la mission, aux personnes,
au terreau, au peuple chrétien. Il ne s’agit donc pas d’une pure inscription
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administrative, ni d’une appartenance formelle ou provisoire, mais d’un lien
concret au peuple de Dieu auquel l’Evêque est lui-même lié. Comme le dit la
liturgie au moment de la Prière d’ordination, il s’agit « d’aider » celui-ci « dans
le service quotidien »): c’est ainsi que vous répondrez aussi à la question :
« voulez vous accomplir votre fonction de diacre avec charité et simplicité de
cœur, pour aider l’évêque et ses prêtres, et faire progresser le peuple
chrétien ? »
De quelle aide s’agit-il ? On peut le comprendre en entendant les questions
suivantes : comment le pasteur peut-il rejoindre ceux et celles qui ont besoin
d’être aidés pour qu’ils puissent saisir la main que le Christ leur tend ? Comment
peut-il manifester aux pauvres de toute sorte la présence de Jésus sinon en leur
étant proches physiquement, mieux, sacramentellement ? Comment garder sans
cesse l’Eglise en éveil pour qu’elle soit vraiment diaconale, comme notre Pape
nous y exhorte par la parole et par l’exemple ? Comment le pasteur le peut-il,
sinon par ceux que le Seigneur lui-même lui donne, pour que l’Eglise soit de
plus en plus fidèle à Celui qui l’envoie ?
Revenons à l’invitation de l’apôtre : « Ravive le don ».Pourquoi raviver le don ?
Paul le laisse clairement voir. Il fait mention de trois tentations principales, qui
n’en font à vrai dire qu’une. Si on y cède, le don est enfoui, obscurci, inopérant.
C’est la peur, peut du qu’en dira-t-on, peur de ne pas être à la hauteur (si l’on
peut s’exprimer ainsi ! quand il faut s’abaisser pour laver les pieds des
pauvres !), peur des moqueries ou peur d’être incompris.
C’ est la fuite de la croix : l’infidélité à la ressemblance au Christ en fuyant les
contradictions, ou en refusant de porter les souffrances les uns des autres.
C’est l’affirmation tiède ou édulcorée de la foi, ce qu’on appelle le flou sur la
doctrine révélée, mais qui consiste à trahir Jésus le Christ. Céder à cette facilité
du flou ou de l’Evangile sans Jésus crucifié équivaut à manger soi même et à
servir aux autres une nourriture avariée et insuffisante au cœur et à l’intelligence
assoiffés de Dieu. Et au lieu de la communion autour du Christ Le Sauveur, de
se satisfaire d’une apparence de consensus affectif.
Lors d’une rencontre la semaine dernière j’entendais l’archevêque de Mossoul
nous parler de la situation de l’Irak et de ses chrétiens : il demandait :
« qu’attendons nous de vous, qui vivez en Europe ? » Sa réponse était la
suivante : « Dans notre situation, où dans la proximité de la mort imminente,
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Dieu nous donne la force de vivre et de pratiquer notre foi au grand jour,
puissiez- vous vivre à fond votre foi, et donc puissiez vous veiller à la
nourrir… »
Ceci nous conduit au ministère de la prédication et de l’annonce de l’Evangile,
auquel vous êtes associé, comme le dit l’Evêque aux nouveaux ordonnés :
« recevez l’Evangile du Christ que vous avez la mission d’annoncer. Soyez
attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à
vivre ce que vous aurez enseigné »
L’annonce de la Parole de Dieu ne se fait pas hors du temps et de l’espace, elle
rencontre l’intérêt et les contradictions, elle se dit en temps de paix et en temps
de guerres, d’angoisses, de défis, etc.
Un prophète comme Habacuc (Hab1,2-2), était bouleversé par les malheurs et la
violence. Il en parlait à Dieu et il attendait ce que Dieu allait dire, pour permettre
le discernement spirituel et l’accueil de la promesse.
C’est ce que fait l’Eglise du Christ, humblement parce qu’elle est remplie de
pécheurs mais courageusement parce que c’est la mission qu’elle a reçue.
Pour annoncer la Parole de Dieu, ce qui ne se limite pas à l’homélie, pour servir
la rencontre de Dieu avec nos contemporains, votre expérience, vos
connaissances professionnelles, théologiques et philosophiques seront
précieuses. Mais ce qui sera plus précieux encore, ce sera votre familiarité avec
la Parole de Dieu, votre relation avec Celui qui parle et donc, indissociablement,
avec Son Eglise, votre relation avec l’Evêque, les prêtres et les fidèles, le
témoignage de votre vie, de votre fidélité, de votre exactitude, de votre clarté, de
votre vérité, de votre joie rayonnante et apaisante, de votre disponibilité.
Un mot enfin sur la parole de Jésus sur le serviteur inutile ou le serviteur
quelconque ( Lc 17,5-10)
Cette parole qui nous remet tous à notre place n’est pas dite à n’importe quel
moment. Jésus vient de donner un enseignement sur la vie fraternelle, sur
l’argent, sur la pratique de la loi, sur l’indissolubilité du mariage, sur les
pauvres, le scandale, la correction fraternelle. L’enseignement est si fort et la loi
apparait tellement dans toute sa beauté et sa force, qu’il provoque la demande :
« Augmente en nous la foi ».
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Au lieu d’une consolation facile, Jésus enfonce le clou : « la foi, si vous aviez
gros comme un grain de moutarde… » . Et il en rajoute encore, avec la parabole
du serviteur et la formule choc sur le serviteur quelconque. Est-ce invitation à
la modestie, à l’humilité et à l’humour, ou à la droiture d’intention, à nous qui
avons tant soif de reconnaissance, surtout si ce que nous faisons n’est pas payé
par un salaire sonore. Pas seulement. Il s’agit en réalité d’une révélation sur le
mystère profond de la ressemblance au Fils Unique, qui recevant gratuitement
donne gratuitement, de façon désintéressée, jusqu’à en mourir sur la Croix.
Que Notre Dame et saint Louis intercèdent maintenant avec tous les saints pour
que nous ayons davantage les uns et les autres la mentalité et le comportement
des disciples, des serviteurs un peu bouleversés, jamais vraiment habitués à ce
que le Seigneur ait pensé à eux pour le servir. Cher André et Cher Jean, que
votre manière d’être diacres nous aide à nous en souvenir les uns et les autres.
Monseigneur Eric Aumonier
Evêque de Versailles pour les Yvelines
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