Aaron Young - Almine Rech Gallery

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Aaron Young - Almine Rech Gallery
Aaron Young
Always Forever Now
October 20 — December 22, 2011
La galerie Almine Rech est heureuse de présenter la deuxième exposition personnelle
d’Aaron Young, ALWAYS FOREVER NOW. Aaron Young est né en 1972 à San Francisco,
en Californie, il vit et travaille à New York. Son œuvre a été l’objet de nombreuses
expositions personnelles, telles que Tender Buttons au Midway Contemporary Art Center de
Minneapolis en 2004 ; Greeting Card en 2007 au Park Avenue Armory de New York ; ou
encore Slippery When Wet au MACRO, à Rome, en 2010. Il a également participé à un
grand nombre d’expositions collectives à travers le monde notamment au P.S.1, à New York
en 2005 ; à la Serpentine Gallery et la Biennale du Whitney en 2006 ; la Biennale de
Moscou en 2007 ; au KW de Berlin en 2008 ; ou encore à la Saatchi Gallery de Londres en
2010.
***
Julie Boukobza - Chaque exposition semble interroger ce que cela signifie d’être un
artiste américain de nos jours, ou prendre The Heartbeat of America (Le Pouls de
l’Amérique), pour reprendre le titre d’une de vos dernières pièces ?
Aaron Young - Je ne peux pas y échapper. Le titre que vous mentionnez est en effet un
slogan du fabricant automobile Chevrolet. L’œuvre qui porte ce nom est une peinture d’un
drapeau américain, tendue sur un châssis triangulaire, créant une sorte de mémorial à la
gloire de la fin de l’industrie automobile aux Etats-Unis, la récession et le renflouement.
Pouvez-vous parler de votre nouvelle pièce Mission Accomplished ?
La manière dont j’aime utiliser les titres tient au fait que je les incorpore au cœur même de
mes œuvres, de leur problématique. Mission Accomplished (Mission Accomplie) est la phrase
qui était imprimée sur un grand panneau accroché très haut sur le porte-avion où George
Bush annonça dans un discours la victoire contre l’Irak en 2003. La peinture éponyme est
plutôt grande (180 cm x 180 cm) et représente une image hyperréaliste d’un pansement
avec imprimé le drapeau américain. Les pansements soignent de manière superficielle, ils ne
durent jamais plus d’un ou deux jours; ils cachent toujours quelque chose d’hideux, ils ne
sont pas permanents. J’ai pensé que la relation entre ces deux symboles était à la fois drôle et
tragique.
Il semblerait qu’une grande partie de votre travail soit liée à l’information et à la
télévision en particulier ?
Je suis accro aux infos. Les actualités sont pour moi comme un puzzle à résoudre. C’est un
mélange de passé, de présent et de futur. Il faut passer au crible et filtrer les avis et positions
de chacun, les conflits d’intérêts et les retournements de situation pour trouver un brin de
vérité dans tout cela. Je considère ce type de “déballage” très proche du processus artistique
de par l’entremêlement de sens que l’on trouve dans les œuvres d’art. Rien ne devrait
s’appréhender facilement.
Lorsque l’on tape “ flag painting” sur Google, seuls des drapeaux américains
apparaissent, et bien sûr ceux de Jasper Johns. Comment avez-vous décidé de vous
confronter vous-même à l’histoire en réalisant votre propre version de cette œuvre
iconique ?
64 rue de Turenne
75003 Paris
t + 33 (0)1 45 83 71 90
[email protected]
www.alminerech.com
Le timing est essentiel. Le timing d’une performance. Le timing lorsque l’on raconte une
blague. Le timing pour réussir un braquage. Le timing est également très important pour
réussir une œuvre d’art. Chaque élément sémiotique, chaque choix lors de la création d’un
“flag painting” devrait apparaître lentement comme si une caméra dézoomait après un gros
plan et se figeait sur un plan de paysage très large. La plupart des américains - et en
l’occurrence, des occidentaux - connaissent cette image du drapeau américain plié en
triangle, que ce soit au cinéma ou à la télévision. J’ai pensé que c’était un bon moment pour
s’intéresser à notre perception de cette question et comprendre ce que cela signifie
aujourd’hui.
Pouvez-vous raconter la génèse de la vidéo GoodBoy?
La vidéo Goodboy est un travail introspectif. Je me sens proche de cette œuvre. J’ai parfois
l’impression d’en être le miroir. Je comprends cette lutte, le besoin de plaire, l’agression et la
douleur qu’elle implique, la confrontation avec l’autorité, le coup de pied dans la hiérarchie.
Je pourrais continuer longtemps sur ce sujet mais je pense que la seule chose à laquelle les
gens peuvent se raccrocher c’est la relation à l’autre. Ni le genre, ni le type d’animal ne
comptent, c’est seulement une histoire de connexion.
Votre travail semble être très lié à la sexualité, non en terme de contenu ou de
représentation, mais plutôt à la manière dont, en tant qu’artiste vous jouez avec votre
part féminine et masculine, le côté brut et précieux, agressif et subtil à la fois. Qu’en
pensez-vous ?
J’ai toujours aimé ce proverbe américain disant “Marche doucement et tient un grand
bâton”. C’est plutôt bien équilibré. Si je devais nommer les quelques attributs que j’aime
voir dans une œuvre, je dirais agressive dans l’action, poétique dans le rythme, réaliste dans
son échelle, séduisante dans l’idée et sinistre dans son timing. Et c’est toujours mieux avec
un marteau!
Entretien réalisé par Julie Boukobza, le 30 Août 2011
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