1 Corinthiens 13 L`amour Introduction Il y a un mois, comme vous le

Prédication du pasteur Gordon Margery à Faremoutiers, le 1er juillet 2012
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1 Corinthiens 13
L'amour
Introduction
Il y a un mois, comme vous le savez, j'étais en Angleterre avec la famille pour un
mariage. Pour la cérémonie, les mariés m'ont demandé de lire un chapitre de l'épître
de Paul aux Corinthiens, à savoir le fameux chapitre 13, qui parle de l'amour. J'ai
demandé au prêtre s'il voulait que j'évoque le contexte de ce chapitre. Ce n'était pas
nécessaire.
Il y a là deux choses étonnantes. D'une part, que l'on cite un texte de Paul sur l'amour.
Généralement on ne se prive pas de critiquer l'apôtre en disant qu'il est contre les
femmes, qu'il est dur, que c'est un pharisien non reconstruit, et qu'il a fait dévier le
christianisme dès le début. Ce n'est pas vrai, mais c'est ce qu l'on dit dans certains
milieux. Puis, on va le faire lire pour un mariage ! En fait, Paul n'est pas si affreux
que cela, il n'est pas affreux du tout, et 1 Corinthiens 13 le prouve !
La deuxième chose à peine moins étonnante, c'est qu'on cite généralement ce passage
sans prendre garde à ce qui vient juste avant et juste après. Avant et après, nous avons
un développement sur les dons de l'Esprit et les désordres du culte à Corinthe. D'une
part, au chapitre 12, un désordre relationnel, parce que certains pensaient qu'ils
étaient plus doués, plus spirituels, plus forts que d'autres. D'autre part, au chapitre 14,
un désordre liturgique, si je puis dire, parce que certains tenaient à s'exprimer dans
des langues extatiques, sans se préoccuper du fait que personne ne les comprenaient
et qu'ils donnaient l'impression que les chrétiens étaient fous.
Parler de l'amour au milieu de tout cela, c'est un hors sujet ? Non, c'est la voie par
excellence pour vivre ensemble en Église. Je vous propose de lire le chapitre dans ce
sens.
Lecture : 1 Corinthiens 13
Amour et dons spirituels
Vous voyez le lien avec les dons de l'Esprit ? Au verset 1er, si je parlais les langues
des hommes et des anges. Ces gens qui à Corinthe entrent en transe, qui prennent la
parole pour ne rien dire de compréhensible, qui se mettent bien en évidence, qui
semblent être sur un plan spirituel supérieur, qui méprisent les autres, qui donnent
peut-être envie aux autres : sans l'amour, ils ne sont rien.
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Au verset 2, ceux qui disent les choses en langue ordinaire sont logés à la même
enseigne. Ils ont une parole qui édifie, encourage, exhorte, instruit. Autrement dit,
pour utiliser le mot du 1er siècle, ils prophétisent. La Bible n'a pas de secrets pour eux.
Ils impressionnent par leur connaissance, et on n'a aucune raison de penser qu'ils
enseignent des choses fausses. Ces enseignants, ces prédicateurs, ces gens qui
témoignent, qui partagent une pensée particulière, qui savent s'exprimer : sans
l'amour, ils ne sont rien. L'apôtre Paul lui-même, qui était gâté en matière de
révélations et de connaissances, sait qu'il n'est rien sans l'amour.
Et au verset 3, on a d'autres exemples de dons spirituels. La générosité, qui est
mentionnée parmi d'autres dons en Romains 12 ; la miséricorde, c'est à dire l'aide aux
pauvres ; le dévouement jusqu'au martyre ; la foi qui transporte des montagnes, qui
évangélise la Chine, qui fonde des orphelinats, qui bâtit des églises en Seine-etMarne. Si nous pratiquons tout cela sans amour, nous ne sommes rien. Quand bien
même l'Église et le monde nous admirent.
Vous voyez, ce beau passage sur l'amour, c'est assez polémique, en fait. Nous nous
croyons spirituels ? Comment se fait-il alors que nous dévalorisons nos frères ? C'est
n'est ni la connaissance ni le parler en langues qui attestent de notre spiritualité : c'est
l'amour. C'est par l'amour que le monde reconnaîtra que nous sommes les disciples de
Jésus1. Ah, c'est très actuel, ce que l'apôtre dit ici.
La vingtaine de dons spirituels qui sont mentionnés dans la Bible, et tous les autres
aussi, sont importants. Les mettre en œuvre, c'est important. Mais aimer, c'est encore
plus important. C'est le résumé de la loi de Dieu. C'est le plus grand des
commandements. Se juger, se quereller, se diviser pour la gloire du Saint-Esprit, cela
n'a pas de sens. Car l'amour, fruit de l'Esprit, est au-dessus de tout cela.
Mais c'est quoi l'amour ?
Mais c'est quoi, l'amour ? On aime le chocolat ou le bon vin. On aime son chien, ses
enfants, sa femme, ses parents. On aime son pays. On aime Dieu. On a demandé aux
enfants du primaire à Faremoutiers d'apprendre par cœur un poème qui vantait entre
autres l'amour adultère, celui qui se pratique en trahissant quelqu'un d'autre. C'est
quoi l'amour ? Le coup de foudre ? La nuit passée dans les bras d'un inconnu ? On
parle même de l'industrie de l'amour, quelle horreur !
Cela paraît tellement compliqué que certaines traductions bibliques évitent de parler
d'amour ici. Ils reprennent le vieux mot venu du latin, la charité. Seulement, la
charité, c'est la pièce jaune que l'on met dans la tasse d'une mendiante devant la gare.
En français moderne, la charité, c'est minable. Elle n'existe plus dans son sens noble
1 Jn 13.35
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que dans des cercles très cultivés.
Une leçon de grammaire et de linguistique. Aimer, amour, ces mots ne sont pas seuls
sur la page. On aime quelque chose ou quelqu'un. Et ce que l'on aime détermine le
sens du mot. Personne n'imagine que j'aime la randonnée de la même manière que
j'aime ma femme. Ou que j'aime ma femme de la même manière que j'aime la
randonnée. Le complément détermine le sens précis du verbe.
De quoi parle-t-on alors dans 1 Corinthiens 13 ? On ne parle pas d'aimer de bons
livres. On ne parle pas d'aimer sa patrie, ni même d'aimer Dieu. On parle d'aimer des
êtres humains, d'aimer son prochain, si vous voulez. On ne parle pas de l'amour qui
nous gratifie. On parle de l'amour qui se donne, qui est généreux, qui prend à cœur
les intérêts de quelqu'un d'autre.
Nous devrions avoir pour notre conjoint, pour nos enfants, un amour particulier. Mais
il ne peut pas être moins fort, moins généreux, que l'amour du prochain que Paul
évoque ici.
Le contexte d'1 Corinthiens 13 parle de nos relations en Église. Notre amour pour nos
frères et sœurs en Christ doit être plus fort encore que l'amour pour les êtres humains
en général. Mais si Paul parle ici en des termes généraux, c'est pour que nous n'ayons
aucune excuse. Nous n'allons pas faire comme ce fameux Pharisien, qui demandait à
Jésus de définir le mot prochain, pour qu'il ait la liberté d'aimer certains humains et
pas d'autres. Ton prochain, c'est l'étranger. Ton prochain, c'est le blessé. Aime-le sans
discuter. Tu aimeras ton prochain comme toi-même2.
Et dans le détail
Je vais enfoncer le clou. Je vais tourner le couteau dans la plaie. Je vais vous donner
des bâtons pour me faire battre. Je vais empiler devant vous un tas de pierres, que
vous aurez le droit de prendre et de jeter sur moi... à condition d'être vous-mêmes
sans reproche.
Regardez toute la partie qui se situe entre les versets 4 et 7. C'est comme un checklist. On vérifie au fur et à mesure, et si on arrive à tout cocher, on peut décoller, on est
bon pour le ciel. Si on ne peut pas tout cocher, on re-vérifie, on se tourne vers le
mécano, on appelle la tour de contrôle, on répare. Aujourd'hui, nous sommes sur la
piste, pas tout à fait en état de voler. Mais un jour, nous décollerons pour de bon.
□ L'amour est patient. Jésus a patienté 3 ans avec ses disciples. Cela fait 46 ans qu'il
patiente avec moi. Ou plutôt 64 ans.
2 Cf. la parabole du bon Samaritain en Lc 10
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□ L'amour est plein de bonté. Autre traduction : serviable. Il n'attend pas qu'on lui
rende service : il y pense déjà, il agit, il rend service en premier.
Bon, cela suffit pour moi. On arrête ou on continue ?
□ L'amour n'est pas envieux. Quand les autres sont dans le bonheur, l'amour est
heureux pour eux. Il n'est pas jaloux. Il n'est pas mesquin.
□ L'amour ne cherche pas à se faire valoir, ne se vante pas. Il n’exagère pas ses
propres qualités. Il ne diminue pas l'autre pour se rehausser en comparaison.
□ L'amour ne s'enfle pas d'orgueil. Il peut écouter les autres. Il peut reconnaître ses
torts.
□ L'amour ne fait rien d'inconvenant, de malhonnête, de honteux. Il a du respect pour
autrui.
□ L'amour ne cherche pas son propre intérêt. Comme le Seigneur Jésus, qui s'est
humilié en devenant homme, en étant obéissant jusqu'à la mort sur la croix.
□ L'amour ne s'aigrit pas contre les autres, ne s'irrite pas, ne s'énerve pas.
□ L'amour ne trame pas le mal ou, selon les traductions, il ne tient pas compte du
mal. Il ne ressasse pas des torts anciens. Il ne rêve pas de vengeance.
□ L'amour ne se réjouit pas de choses injustes, il trouve sa joie dans la vérité... ce qui
veut dire qu'il n'accepte pas le mensonge, il n'accepte pas l'injustice.
Il reste encore quelqu'un debout dans l'Église ? Mais attendez, il reste encore le
verset 7. Il va nous achever !
□ En toute circonstance l'amour pardonne. Pour quelqu'un qui a subi une réelle
injustice, il est important que cette injustice soit reconnue : puis vient la possibilité du
pardon. Pensez à Jésus à la croix : « Père pardonne-leur, ils ne savant pas ce qu'ils
font ». Pour bénéficier réellement de ce pardon, il fallait que les gens se repentent.
Mais d'avance Jésus s'est positionné comme un intercesseur, sans haine.
□ En toute circonstance l'amour fait confiance. Il croit le meilleur des autres.
□ L'amour espère.
□ L'amour persévère.
Cela nous assomme ? C'est très bien. Il n'y a que des pécheurs qui peuvent demander
pardon à Dieu, les gens parfaits peuvent passer leur chemin. Il n'y a que des pécheurs
qui peuvent se trouver en communion les uns avec les autres au pied de la croix.
Cela nous encourage à progresser dans l'amour ? Je l'espère ! Nous ne lisons pas ce
passage pour nous culpabiliser, mais pour être en état de marche et pour aller plus
loin.
Si nous voulons un exemple de l'amour qui est décrit ici, il n'y en a qu'un. C'est Jésus.
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Patient avec ses disciples. Serviable : preuve qu'il n'est pas déshonorant de servir !
Compatissant avec les gens que la vie a malmenés. Ferme, sévère même, avec les
adeptes du faux-semblant. Ni paresseux ni mou.
Pour aimer, il faut du caractère. Aimer, ce n'est pas toujours céder à l'autre, c'est
vouloir le bien de l'autre, au prix même d'éventuels conflits. L'amour est exigeant. Je
pense à cette femme que l'on a traînée devant Jésus pour l'accuser d'adultère. Elle
seule ? On peut être adultère tout seul ? Peu importe. « Personne ne te condamne ? lui
demande à la fin Jésus. Moi non plus. Va, et ne pèche plus 3 » . L'amour de Christ est
plein de compassion, mais en même temps pur et exigeant. Ce n'est pas l'amourindifférence, ni l'amour-tolérance. C'est l'amour-vérité, c'est l'amour sainteté.
Mais attention. Si nous voulons être, par amour, exigeants avec les autres (nos
enfants, un frère en Christ, un collègue... ) soyons d'abord exigeants avec nousmêmes.
L'amour et l'éternité
Notre chapitre se termine avec une nouvelle comparaison entre l'amour, fruit de
l'Esprit, et certains dons de l'Esprit. Aux versets 8 et 9, langues, prophétie et
connaissance cesseront. Notre connaissance en particulier est comme celle d'un
enfant, comme l'image un peu brouillée que renvoyaient les miroirs métalliques de
l'antiquité. Tous ces dons, accordés par l'Esprit pour Église, sont néanmoins partiels et
provisoires. L'amour, lui, est éternel. C'est l'amour qu'il faut valoriser, c'est l'amour
qu'il faut cultiver. Il est l'avant-goût du ciel. Comme la foi. Comme l'espérance. Mais
le plus grand est l'amour.
En tant qu'adultes, tendons vers l'amour. Je vous le promets, nous décollerons !
Amen.
3 Jn 8
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