position de l`iru sur l`utilisation des taxis dans les zones a faibles

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position de l`iru sur l`utilisation des taxis dans les zones a faibles
Bruxelles, le 14 juin 2006
POSITION DE L'IRU SUR L'UTILISATION DES
TAXIS DANS LES ZONES A FAIBLES EMISSIONS
Position de l'IRU sur l'utilisation des taxis dans les zones à faibles émissions des villes.
I.
ANALYSE
−
Divers pays revoient actuellement leur politique de lutte contre le réchauffement
climatique afin d’essayer d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2
fixés par Kyoto, comme les objectifs 2008-2012.
−
Dans plusieurs villes européennes (par exemple, Berlin, Bruxelles, Londres, Madrid,
Paris), les seuils des différents niveaux d’émissions de particules ont été dépassés à
plusieurs reprises et pendant plusieurs jours, ce qui a déjà conduit à des restrictions de
transport. En Suède, des zones environnementales ayant pour but de réduire les
émissions du transport routier ont été introduites dès 1996. Cette situation est due
principalement aux embouteillages et à des infrastructures inadéquates.
−
On peut s’attendre à ce que d’autres villes intéressées par l’introduction de restrictions à
la circulation envisagent aussi d’imposer des mesures destinées à réduire les émissions
des taxis et des voitures de louage avec conducteur.
−
Une économie prospère, les attentes croissantes des consommateurs et la demande
accrue de mobilité personnelle nécessitent une mobilité, des voyages et un tourisme
efficaces dont les taxis et les voitures de louage avec conducteur sont des éléments clés.
−
Dans de nombreuses villes, les taxis et voitures de louage avec conducteur font partie
intégrante du système de transport public. Ils sont complémentaires des services de
transport public et peuvent même les remplacer pendant les périodes de faible demande.
Ils peuvent être une alternative viable et sûre à la voiture privée.
−
L’analyse coûts-bénéfices sous-jacente aux zones à faibles émissions peut être remise
en question. Des investissements substantiels doivent être consentis par les autorités
pour créer les infrastructures nécessaires et surveiller le système et des investissements
encore plus importants doivent être réalisés par le secteur des transports pour respecter
les normes d’émissions. Le principal bénéfice, considéré être une amélioration de la
santé, est très difficile à mesurer.
−
Introduire une zone à faibles émissions ne permet pas de garantir que les véhicules qui
ne respectent pas les normes d’émissions fixées ne seront pas utilisés ailleurs.
2
−
La politique d’aménagement du territoire, destinée à promouvoir le déplacement des
citoyens hors des zones urbaines, a augmenté considérablement l’étalement urbain et a
largement contribué à l’augmentation de l’utilisation de la voiture privée et, donc, à la
congestion et à la pollution urbaine. Cette tendance n’a pas encore été renversée. Les
taxis sont victimes de l’accroissement de la congestion en raison d’un manque de
mesures de priorité visant à améliorer leur circulation dans le trafic urbain.
−
Les taxis et les voitures de louage contribuent à l’équité sociale. De nombreuses
personnes, comme les touristes, les personnes âgées et les personnes à mobilité
réduite, dépendent, dans une très large mesure, des taxis et voitures de louage avec
conducteur pour leur mobilité personnelle.
−
Les restrictions de l’accès des taxis et voitures de louage avec conducteur aux villes
sous la forme de taxes et l’augmentation des tarifs pour couvrir les investissements dans
de nouveaux véhicules sont des mesures contreproductives si l’on veut résoudre les
problèmes de congestion dans le centre des villes. Elles rendent en effet les trajets plus
chers et incitent l’utilisateur à se tourner vers l’alternative moins respectueuse de
l’environnement qu’est la voiture privée, avec laquelle il peut accéder aux zones à faibles
émissions.
−
Des solutions techniques destinées à améliorer les performances environnementales des
taxis sont déjà disponibles sur le marché. Il convient de noter que le taxi et la voiture de
louage avec conducteur doivent respecter les normes d’émissions communautaires
fixées pour les voitures privées dans la Directive 98/69 relative aux émissions des
véhicules. Les normes Euro 3 sont disponibles depuis le 1er janvier 2000 et les normes
Euro 4 depuis le 1er janvier 2005.
−
La norme Euro 4 est l’étape actuelle dans une série de normes toujours plus exigeantes
pour les moteurs à essence et diesel. Selon la Commission européenne, par rapport à la
norme Euro 3, la norme Euro 4 représente les réductions suivantes en matière
d’émissions :
−
Essence
Diesel
Monoxyde de carbone (CO)
-57%
-22%
Hydrocarbures
-50%
Oxydes d’azote (NOx)
-47%
-50%
Hydrocarbures + Oxydes d’azote
-46%
Particules (PM)
-50%
Le montage d’un filtre à particules diesel sur un taxi existant présente certains
inconvénients car cette mesure :
• est coûteuse, le coût d’installation variant entre 2500-5000 euros par véhicule,
• change l’environnement initial du moteur comme, par exemple, l’unité de contrôle
moteur (Engine Control Unit – ECU),
• augmente la consommation de carburant et, par conséquent, les émissions de CO2,
• ne garantit pas une meilleure performance en matière d’émissions,
• la garantie du constructeur automobile d’origine est perdue car le filtre n’est pas une
pièce qu’il aura installée lui-même.
3
−
Les dépenses à grande échelle pour de nouveaux véhicules plus propres (et plus chers)
et pour la formation des conducteurs sur la manière d’économiser le carburant sont un
investissement considérable en faveur du développement durable réalisé par le secteur
des taxis et voitures de louage avec conducteur, en particulier par les conducteurs
indépendants, qui prédominent dans le secteur. Ces dépenses nécessiteront un
encouragement sous la forme de mesures d’incitation.
−
Il convient également de noter que le secteur des taxis et des voitures de louage avec
conducteur a déjà pris spontanément plusieurs initiatives innovantes dans des pays tels
que la Suède, la Finlande et la Belgique. Ces initiatives concernent l’introduction de
véhicules fonctionnant avec des carburants alternatifs (« Eco-taxis ») et l’instauration
d’une formation permettant aux conducteurs d’apprendre à conduire en réduisant la
consommation de carburant.
−
Plusieurs questions restent en suspens en ce qui concerne les véhicules fonctionnant
avec des carburants alternatifs tels que l’hydrogène, l’éthanol, le méthanol et les solutions
hybrides. Ces questions portent avant tout sur un processus de production respectueux
de l’environnement (hydrogène), le coût d’une voiture, l’efficacité sur les longues
distances et la disponibilité dans les stations-service.
II.
POSITION DE L’IRU
−
Les taxis sont un maillon important de la chaîne de mobilité et, pour parvenir au
développement durable dans le secteur des taxis, sa contribution aux trois piliers du
développement durable (à savoir le développement économique, l’équité sociale et la
protection environnementale) doit être reconnue.
−
Pour parvenir au développement durable dans le secteur des taxis, les décideurs
politiques doivent suivre les recommandations de la stratégie des 3 « i » de l’IRU pour le
développement durable :
− Innovation : les mesures techniques à la source et les pratiques opérationnelles sont
le meilleur moyen de réduire l’impact environnemental du transport routier, par
exemple : des schémas de guidage innovants et conviviaux pour les taxis et voitures
de louage avec conducteur, l’introduction de véhicules plus respectueux de
l’environnement et une formation des conducteurs à la réduction de la consommation
de carburant.
− Incitation : les gouvernements doivent encourager l’introduction rapide par les taxis et
les voitures de louage avec conducteur de véhicules neufs et plus propres, via, par
exemple, des mesures d’incitation fiscale (réduction des taxes sur le carburant
professionnel et réduction des taxes sur les véhicules) ou une compensation
financière supplémentaire pour les services prestés avec des véhicules propres.
− Infrastructure : sans la fluidité du trafic, les mesures décrites ci-dessus sont inutiles. Il
est indispensable de réaliser des investissements suffisants dans de nouvelles
infrastructures pour supprimer les goulets d'étranglement et les liens manquants, et
utiliser entièrement les infrastructures existantes. Les priorités aux taxis dans le trafic
sont essentielles pour garantir leur libre circulation dans les zones urbaines.
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