fiche technique du film

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LE FILS DE JEAN
Date de sortie 31 août 2016 (1h 38min)
De Philippe Lioret
Avec Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan
Genre Drame
Nationalités Français, Canadien
SYNOPSIS ET DÉTAILS
À trente-trois ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel
téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu'il vient de mourir.
Découvrant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d'aller à l'enterrement pour les
rencontrer. Mais, à Montréal, personne n'a connaissance de son existence ni ne
semble vouloir la connaître…
Distributeur Le Pacte
Récompenses 2 nominations
Année de production 2015
Type de film Long-métrage
Langues Français
CRITIQUE
Critique lors de la sortie en salle le 31/08/2016
Par Pierre Murat
Mais qu'est-ce qu'il est venu faire à Montréal ? Assister à l'enterrement de son père ? Il ne
l'a jamais connu. Rencontrer ses deux frères ? Ils n'ont jamais entendu parler de lui. C'est
bien ce que lui reproche Pierre, le meilleur ami du mort, médecin comme lui, venu
l'accueillir à l'aéroport : pourquoi surgir de si loin pour si peu ? A sa femme et à sa fille,
médusées, Pierre est bien forcé de présenter le nouveau venu : « Voilà : c'est le fils de
Jean. » Quoi, depuis plus de trente ans, Jean leur avait caché un fils ? Ben oui ... S'il
pouvait le renvoyer à Paris par le premier avion, Pierre n'hésiterait pas. Mais Mathieu,
doucereusement, s'entête. En apprenant que ses frères s'apprêtent à fouiller le lac où leur
père s'est noyé, sans qu'on retrouve son corps, il décide de les rejoindre. Et Pierre de
l'accompagner, pour éviter les gaffes et les révélations intempestives... Sur place, tandis
qu'ils s'affairent pour rien — enfin si, une pauvre casquette jaune —, le jeune homme doit
se rendre à l'évidence : c'est le chien de Jean qui semble le regretter le plus. L'un des frères
est fruste, violent. L'autre ne veut retrouver le cadavre que pour hériter au plus vite. Pierre
avait raison depuis l'aéroport : que diable est-il venu faire à Montréal ?
C'est du travail d'orfèvre, de dentellière. Chaque regard importe, chaque silence, aussi : le
charme discret de Philippe Lioret tient à sa méticulosité. Sa modestie. Son amour d'artisan
pour le travail bien fait. Ses films (Je vais bien, ne t'en fais pas, Welcome) reposent sur
l'émotion, ce qui les rend vulnérables. Car c'est traître, l'émotion : un plan interrompu une
seconde trop tôt et le film verse dans l'insignifiance. Une seconde de trop, et c'est la
sensiblerie qui l'emporte : facilité, calamité dont Philippe Lioret se méfie comme de la
peste. D'autant qu'il en a été — vaguement — victime dans son film précédent, Toutes nos
envies, d'après Emmanuel Carrère, plus lacrymal qu'il n'eût fallu. Dans Le Fils de Jean, la
délicate balance entre intensité et pudeur s'équilibre à nouveau. On sent le plaisir du
cinéaste à peindre les gens qu'il aime : des êtres ordinaires que leurs secrets révèlent et
élèvent. A effleurer les peines et les tourments qu'ils enfouissent au plus profond d'euxmêmes, mais qui, soudain, leur échappent. Ce sont, précisément, ces faiblesses passagères
qu'il saisit sur le visage de ses comédiens, tous complices et remarquables : Pierre
Deladonchamps, enquêteur aux yeux d'enfant. Et Gabriel Arcand, bien sûr. On l'avait
connu, tout en cuir et khôl, biker sexy dans Le Déclin de l'empire américain, de son frère
Denys. Et revu, récemment, en simili-père Goriot, dans Le Démantèlement, beau film de
Sébastien Pilote. Ici, il parvient à surprendre encore. Rogue et tendre, comme savaient
l'être les grands de jadis : Harry Baur ou Gabin. — Pierre Murat