Internet à bord... abordable !

Transcription

Internet à bord... abordable !
technologies
Internet à bord... abordable !
Suite
Ayant bien mis en pratique l’article
sur les antennes Wi-Fi du mois
dernier, vous voilà tout dépourvu à
l’idée de quitter le port, et avec lui
votre connexion Internet dont vous
ne pouvez d’ores et déjà plus vous
passer. Heureusement, des solutions
abordables existent pour consulter une
météo ou vos courriers électroniques,
même sur les flots, même au
mouillage. Pour peu que vous restiez
dans les zones couvertes
par le réseau GSM – et elles sont
nombreuses à moins de 5M des
côtes (parfois bien plus !) d’ici aux
criques turques - votre téléphone
mobile et votre ordinateur
feront pour vous des prouesses
technologiques que vous ne
soupçonniez pas. Dorénavant,
il n’y aura plus que le témoin de
charge de votre batterie de bord
pour vous empêcher de surfer
à l’ancre !
de Miss Terre, au mouillage, connecté au GPRS
Quand le GSM se fait modem
Nombreux sont les utilisateurs de GSM à posséder un téléphone
dont ils ne soupçonnent même pas les multiples possibilités.
Outre l’appareil photo, la majorité de nos petites machines est
également capable de transmettre des données sur Internet
via un réseau parallèle au réseau de téléphonie. En fonction
de l’équipement prévu par l’opérateur téléphonique et de la
compatibilité du téléphone, cette transmission se fera très lentement (réseau téléphonique GSM classique), assez rapidement
(GPRS/EDGE) ou ultra-rapidement et même théoriquement plus
rapidement que l’ADSL terrestre (UMTS/3G). Le téléphone peut
servir à la fois de modem et d’interface, c’est le cas avec le WAP
par exemple, qui permet de surfer sur l’écran du téléphone, ou
les BlackBerry et autres téléphones qui permettent de consulter
les courriers électroniques. Mais là où cela devient vraiment
intéressant, c’est lorsque l’on se sert du téléphone comme
modem, et qu’on le relie à son ordinateur. On peut alors surfer
et recevoir/envoyer ses courriels avec son propre ordinateur et
ce, depuis n’importe quel endroit couvert par le réseau, c’està-dire, aussi dans la majorité des mouillages méditerranéens,
même isolés...
Que d’acronymes !
Sans rentrer dans les détails de ces
technologies que nous serions par
ailleurs incapables d’expliquer, le
GPRS, comme l’indique son nom
très prosaïque (Global Packet Radio
Services ou « services mondiaux de
transmission par paquets ») ainsi que
44
EDGE (Enhanced Data Rates for GSM
Evolution), son successeur, ne sont
autre qu’une transmission de données par paquets pour le premier et
accélérée pour le second. Le réseau
GPRS/EDGE n’est pas un réseau
indépendant, mais une couche supplémentaire ajoutée au réseau GSM
existant qui a permis d’augmenter
substantiellement la vitesse de transmission. En fonction du fournisseur,
vous serez soit en EDGE (Orange en
France par exemple), soit en GPRS.
La fonction est la même, et la vitesse
de transmission diffère peu. L’UMTS,
pour Universal Mobile Telecommunications System, est également appelé
3G, pour troisième génération de
technologie mobile. Contrairement
au GPRS/EDGE, l’UMTS se substitue
au réseau GSM et le remplacera à
terme, mais afin d’assurer la survie
de nos vieilles bécanes, ce réseau
est pour l’instant compatible avec le
réseau GSM. Cette technologie utilise
l’étalement de spectre, permettant
d’atteindre des vitesses de transmission très élevées et ouvrant dès lors
l’accès à la visiophonie, la vidéo par
téléphone et, en ce qui nous concerne, l’accès ultrarapide à Internet avec
notre ordinateur portable.
Le grand avantage de ces technologies réside dans le fait que votre
accès à Internet ne dépend plus
d’un fournisseur d’accès Internet. Ce
sont ici les opérateurs téléphoniques
qui donnent accès à ces services,
et souvent au moyen d’une carte
pensable. Ne quittez pas non plus
tout de suite l’escale où vous avez
acheté votre carte, il faut parfois faire
l’activation de la carte et du service
GRPS à 24h d’intervalle. Il sera utile
de pouvoir retourner dans le même
magasin.
Attention à certains détails : en Turquie il vous faudra un passeport
pour acheter une carte SIM, la carte
d’identité (nécessaire ailleurs) ne suffisant pas. En Italie également, il faut
remplir une fiche d’identité détaillée,
ou un passeport pourra vous être
demandé.
Au sujet des aléas possibles, voyez notre petite
vidéo qui fait en même temps un clin d’oeil au
nouveau voyage de Miss Terre, l’Exploration
du monde... autrement : www.missterre.org/obs/
salledeconference/2008/08/19/le-mobile-de-laliberte. Un autre monde est-il possible ?
Les hics
En fonction du pays traversé, les services proposés seront plus ou moins
chers, accessibles, faciles à configurer et efficaces. Premier hic, la très
mauvaise formation des vendeurs et
employés des services à la clientèle
des opérateurs téléphoniques, et ce,
tous pays confondus. Exceptions à
la règle : l’Italie (n’oublions pas que
les Italiens avaient tous déjà deux
GSM quand nous en étions encore
aux talkie-walkies) et la Turquie, où
le terme « service » n’est pas choisi
en vain lorsqu’il précède « clientèle ».
Il faut savoir que le GPRS/EDGE
et l’UMTS/3G existent depuis un
moment mais ne sont utilisés que par
une toute petite minorité de gens
pour connecter un ordinateur. Heureusement, l’utilisation d’Internet est
entrée dans les mœurs, et vous ne
devriez plus rencontrer, comme cela
nous est arrivé plus d’une fois, un
vendeur tentant de vous faire croire
que ce que vous voulez n’existe pas,
alors que c’est écrit en toutes lettres
sur le site de sa propre marque… Ne
vous laissez pas démonter et soyez
sûr de vous, informez-vous bien sur
les produits de l’opérateur en consultant son site afin de savoir quoi
demander précisément lorsque vous
irez dans l’une de ses boutiques.
Autre hic, dans certains pays, le GPRS/
EDGE et l’UMTS ne sont accessibles
que si l’on prend un abonnement.
C’est le cas en France. Une contradiction fâcheuse, puisque ces solutions intéressent par définition des
personnes mobiles, donc notamment
« Internet à bord s’intègrera très vite parmi
vos outils usuels et... indispensables »
Dernier hic, lorsque vous aurez acheté votre carte prépayée, il vous faudra
souvent faire activer la carte et le
service GPRS en appelant un numéro
gratuit local inaccessible avec votre
numéro étranger, et avec un téléphone différent de celui que vous
désirez activer ! Face à l’incompétence de certains services clientèle et
avec l’obstacle de la langue en plus,
cette étape banale s’avèrera parfois
insurmontable. Lorsque vous achetez
la carte SIM, choisissez une boutique
de l’opérateur et non un kiosque (où
vous trouverez par contre toujours
des recharges). Si vous ne vous êtes
pas trop énervé devant leur possible
incompétence, vous pourrez demander aux vendeurs de la boutique
de s’occuper de cette étape indisCape Point
Comment ça marche ?
Pour le GPRS, j’ai écrit voilà 2 ans
un article très exhaustif sur la configuration matérielle et logicielle ainsi
que sur les pays traversés, par opérateur (Belgique, France, Espagne,
Italie, Grèce, Turquie). Rendez-vous
à la page www.missterre.org/FR/
videosarticlesetdiapos.htm. Sachez
cependant que les tarifs et services
proposés évoluent sans cesse. Visitez
donc le site de l’opérateur qui vous
intéresse pour des infos à jour.
à
les étrangers de passage et les voyageurs au long cours... En Grèce les
choses se sont heureusement améliorées : inexistant il y a encore un an,
vous pouvez dorénavant acheter une
carte prépayée permettant l’accès au
GPRS.
i n t e r n e t
SIM prépayée. Il vous suffit donc
pour chaque pays traversé de visiter les sites des différents opérateurs, de choisir le meilleur service,
et d’acheter une carte SIM prépayée
qui vous ouvrira grandes les portes
de la connexion Internet nomade. Pas
d’abonnement ni d’engagement... et
vous aurez en prime un numéro local
sur lequel recevoir par exemple les
appels de l’étranger. Nous avons testé
pour vous les solutions en Europe et
en Turquie, qui sont des zones à forte
couverture GSM. Pour la Papouasie et
les Tuamotu, on vous dira quoi quand
on y sera !
b o r d
Internet à bord... abordable !
Voici en résumé le principe de fonctionnement du GPRS/EDGE : après
avoir choisi l’opérateur qui vous semble proposer les meilleurs services,
vous devez acheter une carte SIM
prépayée, c’est-à-dire un numéro de
téléphone sans abonnement, avec des
recharges à acheter au fur et à mesure. Une carte SIM coûte – tous pays
confondus – en moyenne 20 EUR. En
sus de ces 20 EUR, vous devrez acheter un crédit d’appel, au choix allant
de 5 EUR à 50 EUR. Selon le pays,
soit les communications par GPRS/
EDGE seront déduites de ce crédit
d’appel, soit vous devrez acheter
un forfait GPRS/EDGE supplémentaire pour couvrir les communications
data. Sachez que le GPRS/EDGE se
facture par Mo (ou Mégaoctet) de
données transmises, et non pas à la
minute/seconde comme la téléphonie, et varie de quelques centimes à
un Euro le Mo. Peu importe la vitesse
de transmission, vous ne payez que
ce que vous recevez et envoyez, pas
le temps passé.
Au niveau matériel maintenant :
outre votre téléphone compatible
GPRS/EDGE (généralement ils sont
45
>>>
Internet à bord... abordable !
i n t e r n e t
à
b o r d
avec les deux) et votre
>>> compatibles
ordinateur, il vous faut un moyen
de les faire communiquer entre eux.
Plusieurs possibilités : un câble data
USB ou série (fourni par la marque
de votre téléphone, trouvable ou
commandable dans tous les magasins
de téléphonie), une liaison infrarouge (téléphone ET PC doivent disposer
d’une optique infrarouge !), ou le
Bluetooth (idem). Comme toujours,
les câbles physiques offrent plus de
stabilité que les liaisons par ondes ou
optiques, mais si vos deux appareils
sont équipés d’infrarouge ou de Bluetooth, ne vous compliquez pas la vie
à trouver un câble.
Ensuite, il vous faut un logiciel qui
permettra à l’ordinateur de reconnaître le téléphone comme modem.
Ce logiciel est fourni sur CD lorsque
vous achetez un câble. Si vous désirez
utiliser le Bluetooth ou l’infrarouge,
vous trouverez le logiciel correspondant au modèle de votre téléphone
sur le site de son fabricant. Il s‘agit
généralement d’un logiciel complet
de « synchronisation », qui permet
à vos deux machines d’échanger des
données (agenda, carnet d’adresses
etc...). Ces logiciels sont généralement assez lourds et, à moins que
vous n’ayez vraiment l’intention de
transférer votre agenda de l’un à
l’autre, comprennent un tas de fonctionnalités parfaitement inutiles. Si
vous êtes un peu au fait, choisissez
une installation personnalisée si le
logiciel vous le propose, et n’installez
que l’interface de modem. Comme
toujours, ne connectez pas le téléphone avant d’avoir installé le logiciel
qui permettra à l’ordinateur de le
reconnaître ! L’informatique générant
par définition pas mal de stress, inutile d’en rajouter en devant faire une
installation manuelle ! Après une installation réussie, l’ordinateur devrait
reconnaître le téléphone dès le premier branchement.
Dernier acte : votre téléphone est
branché à l’ordinateur, votre carte
SIM locale est activée et maintenant ? Pour qu’opère la magie, il faut
que votre ordinateur compose un
numéro, à l’instar d’un modem, et
en l’occurrence plutôt un code, pour
46
que le téléphone se connecte sur le
réseau GPRS/EDGE. En fonction de
la marque de votre téléphone et du
logiciel fourni, vous ne devrez peutêtre rien configurer. Il existe en effet
des logiciels dans lesquels il suffit de
choisir dans des menus déroulants le
pays où vous vous trouvez, et ensuite
l’opérateur de votre carte SIM dans
ce pays, et de cliquer sur « connecter ». C’est notamment le cas pour
les téléphones Siemens, et c’est très
facile. Dans le cas contraire, vous
devrez configurer une connexion
manuellement sur votre ordinateur
(Démarrer>Connexions>Afficher toutes les connexions>Créer une nouvelle connexion), en ayant demandé
les données de connexion à l’opérateur. Ensuite, cliquez sur connecter,
et surfez !
L’UMTS
Assez récent et encore peu répandu,
l’UMTS/3G fonctionne globalement
de la même façon que le GPRS,
avec un téléphone compatible. Petit
avantage néanmoins car l’achat du
téléphone UMTS/3G n’est pas obligatoire : les opérateurs proposent
également des cartes de connexion.
Au lieu d’acheter une carte SIM, vous
achetez une carte PCMCIA ou une
clé USB servant de modem UMTS.
Les téléphones UMTS restant les plus
chers de la gamme, c’est un avantage. Sachez toutefois que vous devrez
acheter une carte USB ou PCMCIA
de l’opérateur, et que cet achat avoisinera les 60 EUR (carte SIM comprise). Autre contrariété, comme pour
le GPRS, la France ne propose pas
ce service en prépayé. Les tarifs sont
par ailleurs un peu plus élevés que le
GPRS, et se font souvent à la durée.
Comme pour le GPRS, l’Italie est le
pays fournissant la meilleure couverture et les meilleurs prix. La Turquie
ne propose pas encore le service
UMTS mais vend déjà les cartes compatibles, avec laquelle vous pouvez
surfer via le GPRS/EDGE. Dans tous
les pays, la carte ou votre téléphone
UMTS bascule automatiquement sur
le réseau GPRS/EDGE pour les zones
non couvertes. Peu importe l’endroit
donc, vous trouverez toujours une
connexion, plus ou moins rapide.
Dernières astuces
Vérifiez toujours les promotions du
moment, parfois le tarif passe du simple au double du jour au lendemain.
Vous trouverez parfois sur Internet
des offres valables uniquement si
elles sont achetées en ligne. Pour
l’Italie notamment, cela représente
parfois une belle économie ! Et enfin,
pour envoyer vos messages avec votre
messagerie Outlook ou Thunderbird,
voyez l’encart « Messageries : simple
comme smtp ! » de l’article du mois
dernier.
En résumé...
Certes, l’évolution des technologies
ressemble à une course à l’armement,
et dans beaucoup de bateaux, l’ordinateur a déjà relégué les cartes papier
au fond des coffres. Certes, l’ordinateur a la fâcheuse manie de nous
plonger dans une sombre dépression
dès que quelque chose ne marche
plus. Certes, Internet entraîne un
phénomène d’addiction dont il faut
se prémunir (le voltmètre de la batterie de bord joue d’ailleurs un rôle très
utile dans le sevrage !). Certes, on
ne fait pas du bateau pour se trouver collé derrière un écran comme
ailleurs. Pourtant, que ce soit pour le
confort ou pour la sécurité, Internet
à bord s’intègrera très vite parmi
vos outils usuels et... indispensables.
Pour l’avoir pratiqué tout autour de
la Méditerranée, nous ne connaissons
que trop bien l’avantage qu’il représente ! Merci en passant à nos voisins
sur Basta pour la boîte de Ricoré qui
nous a permis de partager cet article
avec vous !
• Diane Van Hauwaert
et Igor Bouckaert
www.missterre.org