Résistez au chant des sirènes

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Résistez au chant des sirènes
CARTES AVEC OUVERTURE DE CRÉDIT
Résistez au chant des sirènes
©
Sous leurs atours séduisants, les cartes avec ouvertures de crédit présentent une série
d'inconvénients, notamment d'inciter à des dépenses inconsidérées et d'exposer ainsi le consommateur
au risque de surendettement.
Au moment de régler vos achats,
diverses possibilités de paiement s'offrent
généralement à vous: des espèces, bien
sûr, des chèques-repas (pour les achats
alimentaires), Proton, une carte de débit
(Bancontact/Mister Cash, par exemple)
ou une carte de crédit.
Les cartes de crédit se distinguent
fondamentalement des cartes de débit en
ce sens que le compte de celui qui en fait
usage n'est pas immédiatement débité.
Soit le paiement est simplement reporté
jusqu'au moment de l'envoi du relevé
mensuel. L'appellation "carte de crédit"
est alors quelque peu erronée; une telle
carte n'est en effet finalement qu'une
carte de débit à paiement différé.
Soit le remboursement est étalé sur
plusieurs mois, moyennant
paiement d'un intérêt. Il s'agit
ici d'une carte de crédit au
sens strict. C'est à cette formule
que nous nous intéressons
aujourd'hui.
Une formule
souple...
Les cartes de crédit permettant des
remboursements échelonnés
contiennent ce que l'on appelle une
ouverture de crédit. Cette ouverture de
crédit est une forme spécifique et
particulièrement souple de crédit à la
consommation. Elle se démarque, à
plusieurs égards, des autres formes de
crédits:
– elle est généralement octroyée pour
une durée indéterminée et pas pour une
période fixe;
– elle ne concerne pas un montant
déterminé à l'avance, mais se présente
sous la forme d'une ligne de crédit, c'està-dire une réserve financière dans
laquelle le consommateur peut librement
puiser, sans toutefois pouvoir dépasser le
plafond déterminé par le prêteur;
– une fois la ligne de crédit entamée, le
moment et le montant du remboursement
restent à l'appréciation du
consommateur. Pour les cartes que nous
avons examinées, quasiment tous les
prêteurs imposent toutefois un
remboursement mensuel. Il s'agit soit
d'un montant fixe (par exemple 5 % du
20
BUDGET & DROITS JUILLET/AOÛT 2003 – N° 169
montant maximal dont vous pouvez
disposer), soit d'un montant qui varie
chaque mois selon le solde restant dû;
voyez la colonne correspondante du
tableau p. 22-23);
– le consommateur peut immédiatement
réutiliser les sommes remboursées, sans
qu'un nouveau contrat de crédit ne soit
conclu. En d'autres termes, la réserve
financière proposée lors d'une ouverture
de crédit est reconstituable au fur et à
mesure des remboursements (le contrat
de crédit est signé une fois pour toutes et
peut "resservir") : c'est ce que l'on
appelle communément le "crédit
permanent" ou "revolving credit".
... mais chère...
Pour permettre au consommateur de
comparer plus facilement les différentes
offres de crédit, la loi oblige les prêteurs
à mentionner le TAEG (taux annuel
effectif global) sur tous les documents
qu'ils remettent au consommateur, ainsi
que sur leur publicité si celle-ci fait
référence au coût du crédit.
Qu'est-ce que le TAEG ?
Le TAEG représente le coût total du
crédit, exprimé en % sur base annuelle. Il
inclut donc non seulement l'intérêt sur le
crédit (le taux d'intérêt débiteur), mais
aussi tous les frais annexes: frais de
dossier éventuels, assurance de solde
restant dû si elle est obligatoire, et la
commission de l'intermédiaire de crédit.
En outre, si la carte est d'office liée à une
ouverture de crédit, et uniquement dans
ce cas-là, le TAEG doit également
inclure le coût annuel de la carte.
TAEG incomparables
Bien que le TAEG permette en théorie de
comparer le coût des différentes
ouvertures de crédit, ce n'est pas toujours
le cas en pratique.
• D'une part, parce qu'il ne recouvre pas
nécessairement la même chose, comme
nous l'avons vu ci-dessus (le coût annuel
de la carte n'est pas inclus dans le TAEG
des cartes non d'office liées à une
ouverture de crédit).
• D'autre part, parce que, chez certains
prêteurs, le TAEG varie selon le montant de
l'ouverture de crédit, et que ce dernier
diffère parfois lui aussi d'un prêteur à
l'autre. Un exemple: l'ouverture de crédit
liée à la Partner Card de Cofidis est
comprise entre 600 et 2 400 €, tandis
qu'avec la Pinto Visa de la KBC, elle atteint
au minimum 2 500 €. Impossible donc de
comparer par exemple le taux pratiqué pour
une ouverture de crédit de 2 000 €.
• Enfin, parce que les intérêts ne
commencent pas à courir au même
moment, comme l'indique le tableau.
Chez certains prêteurs, ils sont
comptabilisés dès le jour des achats ou
de la livraison de la commande, tandis
que chez les autres, ils commencent à
courir à la date d'envoi du relevé
mensuel (généralement, à la fin du mois)
ou à une date ultérieure indiquée sur le
relevé (généralement, quelques jours
après le début du mois suivant ).
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Je commande maintenant
et je paie plus tard
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Vous voulez acheter aujourd' hui
et payer plus tard ?
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Les différents types de cartes
Cartes de débit
Qui ? La carte Bancontact/Mister Cash et certaines cartes de magasin, comme les cartes Colruyt
et Delhaize Plus.
Paiement des achats ? Votre compte bancaire auquel la carte est liée est débité immédiatement
ou dans les 2-3 jours.
Cartes de crédit
Ce terme recouvre en réalité deux types de cartes.
Cartes de débit à paiement différé
Qui ? La carte American Express et certaines cartes proposées par des banques, comme la carte Visa proposée par Argenta.
Paiement des achats ? Au moment où vous recevez le relevé mensuel des dépenses (souvent,
vers la fin du mois). Ce paiement différé ne donne pas lieu à des intérêts.
NOTRE
ÉTUDE
Cartes avec ouverture de crédit
Qui ? Les cartes privatives liées à certains magasins (Cora, Carrefour,...) ou à des entreprises de vente par correspondance (3 Suisses, Neckermann, La Redoute,...), ainsi
que les cartes Visa/Mastercard proposées par certaines banques. Dans les deux premiers cas,
la firme intervient en fait comme intermédiaire de crédit pour le compte d'un prêteur:
Fimaser pour la carte Pass de Carrefour, Neofin pour la Fixcard de Neckermann, etc.
Paiement des achats ? Vous pouvez étaler le remboursement de vos dépenses sur plusieurs
mois, moyennant paiement d'un intérêt.
Pour la plupart des cartes, vous avez le choix, lors de la souscription, entre une formule avec
crédit ou sans crédit. Il s'agit toujours de cartes proposées par des banques; nous en reprenons quelques-unes dans la seconde partie du tableau. Si vous optez pour une carte avec crédit, vous devez signer un contrat spécifique d'ouverture de crédit.
D'autres cartes sont d'office porteuses de crédit; elles sont reprises dans la première partie du
tableau; c'est le cas de toutes celles proposées par les sociétés non bancaires et des cartes proposées par certaines banques. Notons que le consommateur peut néanmoins toujours régler
la totalité des dépenses au moment où il reçoit le relevé mensuel; il n'est donc pas obligé d'utiliser le crédit.
Si les intérêts ne commencent pas à
courir immédiatement, vous bénéficiez,
de fait, d'un délai de paiement gratuit.
Souvent proches du maximum
• Les prêteurs ne peuvent pas pratiquer
n'importe quel taux d'intérêt. La loi
détermine un TAEG maximum autorisé,
selon le type de crédit à la consommation
et selon son montant: 19 ou 16 % pour
les cartes de crédit automatiquement
liées à une ouverture de crédit, et 14 ou
13,5 % pour les autres.
La différence entre les deux catégories
de cartes n'est pas si importante qu'il n'y
paraît car dans le second cas (cartes non
d'office liées à une ouverture de crédit),
le TAEG ne doit pas inclure le coût de la
carte. Un exemple: à la Banque de la
Poste, le TAEG pour la Mastercard est
de 13,49 %, et la carte coûte 17,50 € par
an. Cela correspond en réalité à un coût
total de 15,16 % pour une ouverture de
crédit de 2 000 €.
• Quoi qu'il en soit, vous pouvez
constater dans le tableau que les taux
pratiqués s'élèvent presque toujours au
maximum autorisé. Que représente un tel
taux, en monnaie sonnante et
trébuchante ? Un exemple: le TAEG de
votre ouverture de crédit s'élève à 19 %.
Vous effectuez un achat de 500 €, que
vous remboursez à raison du minimum,
soit 25 € par mois.
BUDGET & DROITS JUILLET/AOÛT 2003 – N° 169
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Les intérêts commencent à courir au
début du mois qui suit l'achat. Il vous
faudra 24 mois pour apurer votre dette, et
vous payerez au total 595,63 €, soit
95,63 € d'intérêts.
Information minimaliste
L'information fournie aux
consommateurs est souvent très
incomplète, notamment au niveau des
relevés mensuels. Il est vrai que la loi n'y
impose actuellement que quelques
mentions, à savoir le crédit prélevé, les
paiements effectués et les intérêts ou
frais dus. Si certains prêteurs vont audelà de la loi et mentionnent clairement
d'autres informations, c'est plutôt le flou
artistique qui règne en maître. Dans
certains cas, le consommateur ne peut
même pas vérifier si le taux appliqué est
correct puisque ce dernier n'est pas
mentionné sur le relevé.
La situation devrait heureusement
s'améliorer prochainement. La loi sur le
crédit à la consommation a en effet été
revue tout récemment; la nouvelle
mouture vise notamment un meilleur
encadrement du crédit en général, et des
ouvertures de crédit en particulier. Entre
autres dispositions, la nouvelle loi
impose certaines mentions
supplémentaires sur le relevé, comme le
TAEG, le montant total des intérêts dus
et le montant minimum à payer. Ces
mentions devront apparaître à partir de
janvier 2004.
.... dangereuse...
• Les cartes avec ouverture de crédit
sont potentiellement dangereuses, car
elles laissent une grande liberté au
consommateur:
LE "CASH BACK"
DE LA CITIBANK
La Citibank a été la première à proposer en Belgique une carte de crédit
"cash back" : avec ce système, un pourcentage (minime) du montant des
achats effectués au moyen de la carte
est remboursé au consommateur.
Cette offre était valable pour toute carte Citi Visa demandée avant le 30 juin
dernier. Les clients récupèrent 2 % du
montant total des achats réglés avec la
carte (hors retrait d'argent) jusqu'au
31 août, puis 1 % des achats effectués
jusqu'à la fin de l'année.
Un tel système est séduisant a priori,
d'autant qu'il ne faut pas nécessairement ouvrir un compte à la Citibank
pour demander la carte en question.
Seulement, cette carte est d'office liée à
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BUDGET & DROITS JUILLET/AOÛT 2003 – N° 169
une ouverture de crédit. Nous la déconseillons donc, pour les raisons expliquées dans le texte. Nous n'avons rien
contre le principe même du "cash back"
(tant mieux si vous recevez en retour de
l'argent pour des dépenses que vous auriez effectuées de toute façon), mais il
est regrettable que le système soit présenté comme une "prime" à la dépense,
avec les conséquences que l'on connaît
pour certains consommateurs: achat
de biens qui n'auraient pas pu être
payés comptant, endettement,...
Comme, de plus, la carte coûte 19,83 €
par an, il faut déjà effectuer pas mal de
dépenses pour récupérer sa mise, d'autant que l'offre n'est que temporaire.
Prêteur
Nom de la carte
CARTES D'OFFICE LIÉES À UNE OUVERTURE DE
Prêteurs non bancaires
ALPHA CREDIT
carte Cora
COFIDIS
Partner Card
FIDEXIS
carte Isis (2)
FIMASER
carte Pass
FINAREF
Pocket Card
NEOFIN
Fixcard
QUELLE LA SOURCE
Horizon
Banques
BANQUE DE LA POSTE
Postbudget
CITIBANK
Citi Visa/Citi Mastercard
DEXIA
carte Budgetline
FORTIS CREDIT CARD
Rondo
KBC PINTO SYSTEMS
Pinto Visa
CARTES NON D'OFFICE LIÉES À UNE OUVERTURE
BANQUE DE LA POSTE
FORTIS BANQUE
ING (ex-BBL)
Mastercard +
crédit revolving
Visa Classic/Mastercard
Standard + Optiline
Visa Classic/Mastercard
Standard + Flexis
(1) SRD = solde restant dû.
(2) Fidexis commercialise aussi la M-card, utilisable chez
Makro, et qui présente les mêmes caractéristiques que la
carte Isis.
(3) Le TAEG annoncé par ING inclut le coût de la carte, bien
que ce ne soit pas légalement obligatoire.
(4) Il faut néanmoins être client pour obtenir la carte.
– hormis le montant minimum qu'il est
obligé de rembourser tous les mois
(montant souvent très faible, comme
l'indique le tableau), le consommateur est
libre de rembourser quand et combien il
le souhaite. S'il s'en tient à des montants
peu élevés, il remboursera
essentiellement des intérêts, laissant la
LES PRINCIPALES CARTES AVEC OUVERTURE DE CRÉDIT (données au 15/05/03)
Où la carte peut-elle
être utilisée ?
Coût
Ouverture de
crédit (O.C.)
coût de la carte (1)
TAEG
Début des intérêts
Remboursement
mensuel minimum (1)
Domiciliation
obligatoire ?
CRÉDIT
achats Cora (Belgique
et Luxembourg)
achats 3 Suisses et
filiales (Unigro, Vitrine
Magique,…)
achats dans une trentaine
d'enseignes différentes
dont Cassis, Mach 3, Eldi,
Bricorama, Texaco,
Go Sport, Ici Paris XL, …
achats Carrefour
+ réseau Aurora (Brico,
Inno, Trafic,…)
achats La Redoute,
Daxon, Cyrillus,…
1 000 à 5 000 €
jusqu' à 1 250 € : 18,27%
plus de 1 250 € : 15,19%
jusqu' à 1 250 € : 19%
plus de 1 250 € : 15,94 %
1 % du SRD par an, dès l'utilisation de la
inclus dans TAEG carte
2,4 % du SRD par date de livraison
an, inclus dans TAEG
de 35 à 245 €,
selon le SRD
de 25 à 105 €, selon
le SRD
oui, banque au choix
du client
non
au cas par cas
jusqu' à 1 250 € : 19%
plus de 1 250 € : 15,94 %
0,02 % du SRD par dès l'utilisation de la
mois, inclus dans carte
TAEG
de 25 à 100 €, selon
le SRD. Si SRD >
2 000€ : 5 % du SRD
non
min. 500 €
jusqu' à 1 250 € : 19%
plus de 1 250 € : 16 %
0,2 % du SRD par
mois, inclus dans
TAEG
1 200 €
19%
0,2 % du SRD par
mois, inclus
dans TAEG
0,2 % du SRD par
mois, inclus dans
TAEG
0,2 % du SRD par
mois, inclus dans
TAEG
600 à 2 400 €
achats Neckermann
1 250 à 5 000 €
Catalogue SA (vente par
correspondance)
achats Quelle
max.1 250 €
jusqu' à 1 250 € : 19%
plus de 1 250 € : 16 %
réseau Aurora/réseau
Bancontact/Mistercash
1 250 à 3 750€
15,99%
réseau Visa/Mastercard
au cas par cas
réseau Bancontact/
Mistercash
max.7 500 €
varie en fonction de l'O.C.
Pour une O.C de 2 000 € :
15,91 %
jusqu' à 2 500 € : 15,53 %
plus de 2 500 € : 13,35 %
réseau Aurora
800 à 6 500€
jusqu' à 5 000 € : 15,99 %
plus de 5 000 € : 13,50 %
réseau Visa
2 500 à 12 500 €
varie en fonction de l'O.C.
Pour une O.C de 2 500 € :
15,99 %
19%
achats chez Carrefour: 5 % de la ligne
non
6 du mois suivant le
de crédit
relevé / achats dans
une autre enseigne
Aurora: dès l'utilisation
de la carte"
date de livraison
de 25 à 55 €, selon le non
SRD
date de livraison
de 25 à 251,61 €,
selon le SRD
non
date de livraison +
7 jours
de 25 à 70 €, selon
le SRD
non
0,2 % du SRD par
mois, inclus dans
TAEG
19,83 € par an,
inclus dans TAEG
dès l'utilisation de
la carte
5 % de la ligne de
crédit
oui, sur un compte
Banque de la Poste
date du relevé de
compte + 1 jour
non
0,02% du SRD par
mois, inclus dans
TAEG
0,2 % du SRD par
mois, inclus dans
TAEG
19,83 € par an,
inclus dans TAEG
dès l'utilisation de
la carte
5% de la ligne de
crédit, avec un min.
de 25€
5 % de la ligne de
crédit
utilisation de la carte
+ 1 jour
5 % de la ligne de
crédit
1er du mois qui suit
l'utilisation de la carte
5 % de la ligne de
crédit
oui, sur un compte
Fortis Banque ou
Crédit à l'Industrie
oui, banque au choix
du client (4)
10 % du SRD (avec
un min. de 25€)
5 % du SRD (avec un
min. de 25€)
aucun
oui, sur un compte
Banque de la Poste
oui, sur un compte
Fortis
non (4)
oui, sur un compte
Dexia
DE CRÉDIT (sélection limitée)
réseau Mastercard
2 000 à 5 000 €
13,49%
réseau Visa/Mastercard
au cas par cas
13,50%
réseau Visa/Mastercard
min.1250€
varie en fonction de l'OC.
Pour une O.C. de 1 250 €:
14,96% (3)
Le maximum autorisé par la loi pour les cartes
d'office liées à une ouverture de crédit: 19 % si
l'ouverture de crédit est inférieure à 1 250 €,
et 16 % si elle est supérieure à 1 250 €.
dette en elle-même quasiment intacte;
– les sommes remboursées pouvant être
réempruntées sans la moindre formalité, le
consommateur aura facilement tendance à
s'endetter de manière permanente.
Ces deux facteurs risquent de mener tout
droit au surendettement. Le problème est
bien réel puisque, comme nous l'avons
17,50 € par an
date limite de paiement
+ 1 jour
19,83 € par an
date du relevé de
compte + 1 jour
20 € par an, inclus date indiquée sur le
dans TAEG
relevé
Le maximum autorisé par la loi:
14 % si l'ouverture de crédit est inférieure
à 1 250 €, et 13,5 % si elle est supérieure
à 1 250 €.
expliqué dans notre numéro précédent, le
surendettement a augmenté de façon
inquiétante au cours des dernières
années, essentiellement à cause des
ouvertures de crédit (voyez "Un fichier
positif !" en page 16 de BD 168).
Fin 2002, un tiers des défauts de
paiement concernaient une ouverture de
crédit, contre un sur cinq il y a cinq ans...
• Et qu'en est-il de la sécurité en cas de
perte ou de vol de la carte ? Si un
paiement abusif est effectué sans
présentation de la carte (achat par
correspondance, p. ex..), l'émetteur de la
carte doit rembourser intégralement le
consommateur lésé. Si la carte est
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23
NOTRE ENQUÊTE
Cartes demandées par les enquêteurs
Les cartes Cora, Pass (Aurora), Isis, Partner
Card, Pocket Card, Horizon et Fixcard.
Renseignements demandés aux enquêteurs
Pratiquement identiques d'une institution à
l'autre: identité complète, situation familiale, profession, salaire et coordonnées de
l'employeur, montant des charges (loyer,
emprunts,...), situation quant au logement
(propriétaire-locataire) et numéro de compte. Une copie de la carte d'identité n'a été demandée que dans 4 cas sur 7.
Fiche de salaire réclamée ?
Seulement dans 2 cas sur 7; les autres ont
donc cru les enquêteurs sur parole.
Ligne de crédit
6 fois sur 7, le montant a été déterminé d'office par le prêteur: de 625 € (Horizon) à
3 000 € (Isis).
L'enquêteur n'a eu le choix que pour la carte
Pass (il a choisi 500 €).
Délai de la procédure
Entre la demande de la carte et sa réception,
il s'est écoulé généralement de 2 à 3 semaines, parfois un peu plus. À noter que,
chez Cora, l'enquêteur a reçu la carte et le
code secret le jour même de sa demande.
présentée (achat dans un magasin, avec
ou sans code secret), le consommateur
qui n'a pas encore notifié le vol ou la
perte doit supporter maximum 150 €,
sauf s'il y a eu négligence grave de sa
part (auquel cas la totalité du montant
reste à sa charge). Si la disparition a été
notifiée, l'émetteur doit l'indemniser
totalement. Pour plus de détails sur ce
sujet, voyez notre article sur les
transactions électroniques dans BD 166
de janvier-février 2003.
... et octroyée à la
légère
Près de 20 000 consommateurs
répertoriés comme mauvais payeurs ont
au moins 5 contrats de crédit non
remboursés (ouvertures de crédit ou
autres ) ! Comment ces personnes en
sont-elles arrivées à un tel endettement ?
Comment est-il possible d'obtenir autant
de contrats de crédit ? Les prêteurs
doivent pourtant procéder à certaines
vérifications avant d'accorder un prêt ?
Effectivement; sans entrer dans trop de
détails, notons que lorsqu'un
consommateur demande un crédit à la
24
consommation, le prêteur doit s'enquérir
de ses possibilités financières et de ses
facultés de remboursement, et consulter
la Centrale des crédits afin de vérifier
qu'il n'est pas déjà en défaut de paiement.
La loi stipule également que le prêteur ne
peut pas octroyer le crédit s'il estime que
le consommateur sera incapable de
rembourser.
Bref, sur papier, les contrats de crédits ne
sont pas octroyés à la légère...
Qu'en est-il en pratique ? Pour le savoir,
nous avons demandé à nos enquêteurs de
tester les procédures d'octroi de quelques
cartes de crédit proposées par les sociétés
commerciales non bancaires, puisque
c'est à ce niveau que l'évolution la plus
inquiétante en terme de défauts de
remboursements est constatée. Les
détails de l'enquête sont repris dans
l'encadré ci-contre. On peut en tirer deux
conclusions:
– d'une part, il est évident que beaucoup
de prêteurs ne s'enquièrent pas
sérieusement des capacités de
remboursement du candidat emprunteur.
En effet, seuls deux d'entre eux (sur sept)
ont demandé une preuve de revenus;
– d'autre part, les enquêteurs ont été très
mal informés. Bien sûr, on leur a vanté
en long et en large les avantages du
système, la souplesse du crédit, etc., mais
leurs interlocuteurs se sont montrés
infiniment plus discrets sur le taux
d'intérêt appliqué, sur, le cas échéant, la
nécessité de signer une cession de
salaire, etc.
Notons qu'avec la réforme de la loi sur le
crédit à la consommation, on peut
espérer que les crédits seront désormais
moins octroyés à la légère. Notamment
grâce à la mise sur pied d'un fichier
"positif" reprenant tous les crédits, et non
plus uniquement ceux qui ont fait l'objet
d'un défaut de paiement (voir l'article
cité dans BD 168), et grâce à la plus
grande responsabilisation des
intermédiaires. Depuis le 1er juin, ils ne
peuvent transmettre une demande au
prêteur que si, selon eux, le
consommateur sera à même de
rembourser le prêt (avant, ils ne devaient
pas filtrer les demandes). S'ils ne
respectent pas cette obligation et que le
contrat est dénoncé, ils seront privés de
leur commission. En outre, si l'affaire
aboutit devant le juge, celui-ci pourra
dispenser le consommateur de payer des
intérêts sur le montant emprunté.
PAS DE MAÎTRE-ACHAT
Les cartes avec ouverture de crédit présentent des atouts certains aux yeux
des consommateurs. Néanmoins, comparées aux autres formules de crédit
(comme le prêt personnel par exemple), les ouvertures de crédit sont
chères. Elles nécessitent également
beaucoup de discipline de la part du
consommateur, à défaut de quoi le
risque d'endettement permanent est
bien réel.
Pour ces raisons, nous déconseillons
de recourir à de telles ouvertures de
crédit.
• Si vous souhaitez disposer d'une carte de crédit, par exemple pour régler
vos dépenses à l'étranger ou vos achats
sur internet, mieux vaut demander une
carte Visa ou Mastercard sans ouverture de crédit. Elle est gratuite auprès
de certaines banques, notamment
Argenta; voyez BD 162 de mai-juin
2002.
• Si vous tenez malgré tout absolument à une ouverture de crédit, préférez les cartes classiques (Visa,
Mastercard) aux cartes privatives
(Rondo, etc), d'abord parce qu'elles
sont généralement un peu moins
chères et ensuite, parce qu'elles sont
acceptées quasiment partout, tant en
Belgique qu'à l'étranger. Le TAEG varie peu d'une banque à l'autre; au choix,
nous conseillons d'opter pour les cartes
avec ouverture de crédit dont les intérêts commencent à courir au plus tôt à
l'envoi du relevé mensuel (et non dès
l'utilisation de la carte) : dans ce cas,
vous bénéficiez en effet d'un délai de
paiement gratuit. Notre ultime recommandation reste bien sûr de rembourser le plus rapidement possible les
sommes dues.
A.L. Evrard et I. Nauwelaers, avec la
collaboration du Service Enquêtes
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