(mémoire Antoine PIHIER)
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(mémoire Antoine PIHIER)
Le Penny whistle, instrument du pauvre ? ANTOINE PIHIER CRR Rennes 2013 Enseignant : Yvon Rouget SOMMAIRE I- Approche historique et technique de l'instrument 1) Approche historique a) Les flûtes traditionnelles b) Naissance du tin whistle c) Origine du nom d) Les évolutions de fabrications e) L'arrivée en bretagne 2) Approche technique a) Facture b) Caractéristiques II- Le tin whistle : un instrument « pauvre » 1) Raisons liées à sa facture a) Un instrument populaire b) un instrument simple c) Limites techniques de l'instrument d) Timbre de l'instrument 2) Raisons liées à son statut a) Un instrument d'apprentissage b) Une image de « carte postale » c)Peu de production discographique d) Le rapprochement avec la flûte à bec, instrument dévalorisé III- Un instrument « riche » 1) Des éléments techniques a) Des ornementations spécifiques b) Progrès de la lutherie 2) des éléments historiques a) Des virtuoses b) Une influence sur d'autres musiques CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES Je pratique la musique traditionnelle irlandaise depuis maintenant 12 ans. J’ai commencé à jouer cette musique avec le tin whistle dont je ne me suis jamais détourné. En tant que joueur de cet instrument, une question m’a souvent été posée : « Tu joues du tin whistle, mais tu fais quoi comme autre instrument ? » C’est bien ce type de remarques qui m’a conduit à me poser la question du statut particulier de cet instrument dans la musique traditionnelle irlandaise. Sans tomber dans une paranoïa injustifiée, il m’est apparu intéressant d’essayer de comprendre, d’une part, si cette sensation que j’avais était partagée par d’autres que moi, d’autre part, dans le cas où la réponse serait positive, quelles en sont les raisons ? Qu’est ce qui a conduit à construire cette réputation atypique autour de cet instrument dans le monde de la musique traditionnelle irlandaise? Mon travail, sans prétendre à une quelconque exhaustivité, loin de là, tente d’apporter un certain nombre d’éléments de réponses à ces questions. Dans ce but, je n’ai pas pu m’appuyer sur une bibliographie très riche sur le sujet puisque cette dernière reste limitée et peu accessible. Cependant, quelques ouvrages généraux de sociologie de la musique m’ont permis de découvrir avec intérêt les rapports sociaux qui structurent les relations des musiciens entre eux. Ils m’ont permis d’envisager aussi comment il façonne l’image sociale des instruments de musique. D’autres ouvrages plus techniques m’ont permis de pouvoir comprendre davantage comment le contexte historique participe à la création de cette image sociale. Enfin, j’ai constitué un questionnaire que j’ai transmis à un certain nombre de musiciens évoluant dans la musique traditionnelle irlandaise qui, au travers de leurs expériences, m’ont permis d’apporter un éclairage « de terrain » à mon questionnement. En effet, la synthèse de ces entretiens m’a permis d’apporter d’autres éléments de réponses, plus concrets, aux questions que je me posais. I- Approche historique et technique de l’instrument Après une brève présentation de cet instrument, commençons dans un premier temps par revenir sur l’histoire particulière de cet instrument, de sa naissance en Angleterre jusqu'à son arrivée en Bretagne. Présentation générale. Le tin whistle, instrument de la famille des bois est également connu sous les noms de penny whistle, Irish whistle, feadóg, feadóg stáin, ou flûte irlandaise (Québec). C’est une flûte droite à six trous, souvent en métal et très répandue dans la musique des île britanniques (Angleterre, Écosse et Irlande) elle est le plus souvent appelée flûte irlandaise. Sa conception est proche de celle du flageolet et de la flûte à bec. Les joueurs de tin whistle sont appelés des « tin whistler » ou plus simplement des « whistler » dans la langue du pays d'origine. 1) Approche historique a) Les flûtes traditionnelles Le tin whistle provient d’une grande famille de flûtes, présente sous des formes différentes dans de nombreuses cultures à travers le monde. En Europe, les plus connues sont la flûte à bec, le tin whistle, le flabiol ou le txitsu Flabiol (catalan) : Txistu (basque) : La flûte était présente dans de nombreuses cultures primitives, des traces datant du Néanderthal en ont été retrouvées, (datée de 53 000 à 81 000 avant J.-C.) et plusieurs flûtes datant de l'âge de fer ont été retrouvées en Europe. Les Grecs et les Romains fabriquaient des flûtes à partir d'os de mouton notamment. On retrouve des flûtes en Os en Irlande dès le XIIème siècle, et une flûte métallique de 14 cm, Tuscumlum Whistle, en Ecosse au XIVème. Au XVIIème, les flûtes s’appelaient « flageolets », cela désignait une flûte doté d'une tête fabriquée en France. Ces instruments sont liés au développement du flageolet anglais, français et de la flûte à bec dans la musique baroque. Ce terme est encore aujourd'hui utilisé pour désigner une large gamme de flûtes incluant le tin whistle. b) Naissance du tin whistle Des tin whistles industriels apparurent sur le marché à partir de 1840, et furent produits en masse et largement diffusés en raison de leur prix modique. Le premier tin whistle fût inventé dans le tiny village de Coney Weston, en Angleterre, au milieu du XIX ème siècle. Robert Clarke, un pauvre fermier possédait et jouait d'une petite flûte en bois. Il entendit parler d'un nouveau matériau appelé "tinplate" et demanda à un de ses amis de lui montrer comment le travailler pour reproduire sa flûte en bois. La nouvelle flûte sonna si bien que l'homme décida de démarrer une petite entreprise de fabrication de flûtes qu'il entreprit rapidement de déménager à Manchester où les opportunités étaient meilleures. Avec son fils, il marcha avec ses outils dans sa brouette jusqu'à Manchester! Sur le chemin, il s'arrêtait fréquemment dans des villages où il fabriquait et vendait ses instruments, souvent à des marins irlandais qui travaillaient sur les chantiers de construction du chemin de fer ou des canaux. Ces derniers ramenèrent leurs tin whistles en Irlande où ils devinrent rapidement les instruments préférés de la musique traditionnelle. Arrivé à Manchester, Robert Clarke monta comme prévu sa fabrique qui connut un grand succès. c) Origine du nom Le penny whistle étant généralement considéré comme un jouet, une hypothèse serait que ce nom provienne du penny dont les enfants ou les musiciens des rues qui en jouaient étaient récompensés par leurs auditeurs. En réalité, c'est du faible prix d'achat de l'instrument qu'est née l'appellation : les tin whistles de Clarke étaient vendus pour un penny et c'est ainsi que les surnoms de penny ou tin whistle sont parvenus jusqu'à nous. Le nom tinwhistle apparaît dès 1825, mais il faut attendre le XXe siècle pour que les termes tin whistle ou penny whistle s'imposent dans le langage courant. d) Les évolutions de fabrications L'instrument devint populaire dans plusieurs familles de musique traditionnelle, telles que celles d'Angleterre, d'Amérique du Nord, d'Écosse et d'Irlande. Son prix très abordable fit de lui un instrument populaire aussi présent que l'harmonica. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, d'autres industriels comme Barnett Samuel et Joseph Wallis se mirent également à commercialiser ce genre de flûtes, mais en cuivre. La flûte Generation apparut au début du XXe siècle, également caractérisée par un tube en laiton et une embouchure en plomb. Après quelques années, le plastique remplaça le plomb. e) L’arrivée en Bretagne En Avril 1966, lors du 50ème anniversaire de la révolution irlandaise, « Ar flamm », le bagad de Brest est invité pour un concert à Dublin, au côté des Dubliners et des Chieftains, peu connus à l'époque. Lors de la soirée, les bagadoù découvrent le tin whistle et en échangent contre leurs pipeaux auprès des membres des Chieftains, notamment Michael Tubridy. Le lendemain, ce dernier les emmène dans un magasin où ils achètent plusieurs boîtes de tin whistle « generation » en ré, qu'ils donneront ou revendront auprès des autres bagadoù brestois puis ceux d'autres villes. Ces musiciens adopteront immédiatement cet instrument pour délaisser leurs pipeaux qui servaient d'instruments d'apprentissage à la bombarde. Devant le succès du tin whistle en Bretagne, au mois de juin de la même année, Hervé Le Meur, membre du bagad de Quimper, qui faisait déjà venir des cornemuses d'Ecosse, mais aussi des tambours ou des anches, se met à importer ces mêmes tin whistle « generation » en ré, pour répondre à la demande de tous les autres bagadoù. À partir des années 1950, le facteur Dorig Le Voyer fabrique, à l'usage des bagadoù, des bombardes dont l'échelle se rapproche de celle de la cornemuse écossaise, qui est en sib mixolydien. L'essor des bagadoù va peu à peu standardiser cette tonalité de sib. Quelques décennies plus tard, on trouvera malgré tout de nombreuses bombardes dans beaucoup d'autres tonalités. Les tin whistle en ré ne sont donc pas très pratiques pour apprendre les morceaux car ils nécessitent des transpositions. Hervé Le Meur, apprenant qu'il en existait dans d’autres tonalités en fit importer. Le Bagad Bleimor de Paris ne tarda pas à s'équiper en tin whistle également. Alan Stivell qui en était le penn-soner enregistra son deuxième disque solo, « Reflets » en 1970, dans lequel il jouait du tin whistle sur toute une piste nommée « suite irlandaise », une suite de jigs. 2) Approche technique a) Facture Le tin whistle moderne provient des îles Britanniques, en particulier d’Angleterre. Le système de doigté à six trous est similaire au système simple des flûtes anglaises («simple» par opposition au système Boehm). Toutefois, l’échelle diatonique des six trous est également utilisée pour les flûtes baroques et était parfaitement connu bien longtemps avant que Robert Clarke ne lance la production de son tin whistle. Son premier tin whistle, le Meg, était accordé en La aigu, et fut par la suite produit en d’autres clés, adaptées pour la «Victorian parlour music». Les tin whisles modernes sont composés le plus souvent d'un tube en laiton, ou en laiton plaqué de nickel, et d'une embouchure en plastique. Se classent dans cette catégorie les flûtes Generation, Feadóg, Oak, Acorn, Soodlum's (dénommées désormais Walton's). On trouve également des flûtes coniques en métal, avec une tête en bois placée à l'extrémité la plus large ; la marque Clarke est la plus représentative de cette catégorie. Enfin, des types moins communs tout en métal, en PVC, en bois ou la flûte Flanna à section carrée existent également. Ces dernières années, sont apparus des instruments plus élaborés, fabriqués à la main, d'un prix plus élevé que le penny whistle standard (jusqu'à 270 euros l'unité, ce qui reste néanmoins moins cher que la plupart des instruments). Les fabricants de ces flûtes sont en général des artisans individuels ou des petits groupements d'artisans. On les retrouve communément chez les luthiers d'Irish flutes et d'Uilleann pipes, qui produisent des instruments à l'unité. b) Caractéristiques Le tin whistle est un instrument diatonique, c’est-à-dire qu’il peut être utilisé pour jouer en deux tons majeurs, ainsi que dans leurs gammes relatives mineures. Le tin whistle est identifié par sa note la plus basse, qui est la note tonique de la gamme majeure la plus basse. Cette méthode de détermination de la tonalité de l’instrument diffère de celle utilisée pour les instruments chromatiques, basée sur la relation entre notes écrites et son émis. Les tin whistles sont disponibles en un grand nombre de clés, les plus courants utilisent les gammes de ré et sol majeur. Ré étant la note la plus grave, ces flûtes sont appelées tin whistle en ré. On trouve ensuite des tin whistles en do (pour les tonalités en do et fa majeurs). Ces derniers sont souvent utilisés en musique folk nord-américaine, alors que les flûtes en ré sont les plus présentes dans les musiques irlandaises et écossaises. Bien que le tin whistle soit un instrument diatonique, il est néanmoins possible d’obtenir des notes qui n’appartiennent pas à ces deux tonalités majeures, soit en bouchant partiellement un trou (half-holing ou demi-trou), soit en combinant ou croisant des doigtés. Le half-holing étant néanmoins d’une justesse approximative, et les tin whistles étant disponibles dans la plupart des tonalités, un whistler choisira une flûte adaptée au ton de la pièce à jouer, et réservera les demi-trous pour les altérations accidentelles. On trouve des tin whistles dont l’embouchure mobile peut s’adapter sur plusieurs tubes de tonalités différentes. Les notes sont obtenues en ouvrant tous les trous avec les doigts. Une fois tous les trous bouchés, le tin whistle produit sa note la plus basse, la note tonique de la gamme majeure. En ouvrant l'un après l'autre les trous en commençant par le bas, on obtient successivement les autres notes de la gamme : la seconde avec un seul trou débouché, puis la tierce avec deux doigts levés, et ainsi de suite. L'ensemble des trous ouverts produit la septième. Comme pour la plupart des instruments à vent, les registres supérieurs sont obtenus par une plus forte pression du souffle, ou de la vitesse du flux gazeux, dans le sifflet, ce qui augmente la fréquence des vibrations de l'air. Par comparaison, ce phénomène sur une flûte traversière est généralement obtenu en réduisant l'ouverture de l'embouchure. Pour un tin whistle, à l'instar des autres flûtes à bec qui ont une ouverture et un flux gazeux de directions fixes, c'est la vitesse de l'air qui est utilisée. Les doigtés de l'octave supérieur sont pratiquement les mêmes que pour l'octave de base, bien que des combinaisons soient parfois nécessaires sur les sons les plus aigus pour corriger l'effet d'abaissement des sons provoqués par une colonne d'air plus dense. Les tin whistles standards jouent sur deux octaves. Pour une flûte en ré par exemple, le registre inclut les notes depuis le deuxième ré au-dessus du do intermédiaire, jusqu'au quatrième ré au-dessus du même do. Il est possible d'obtenir des notes plus hautes, en soufflant plus fort, mais dans la plupart des contextes musicaux, le résultat obtenu sera un son trop fort et souvent faux. II- Le tin whistle : Un instrument « pauvre » ? Maintenant que nous avons détaillé à la fois l’histoire mais aussi les caractéristiques techniques de cet instrument, revenons à la question que nous nous posions en début de mémoire. Le tin whistle est-il un instrument pauvre ? Cette question volontairement polémique se pose donc à la suite d’un ressenti généralisé que j’ai pu constater personnellement mais qui s’est vu vérifié dans la plupart des entretiens que j’ai pu mener avec les musiciens et autres luthiers. En effet, proposant des explications parfois similaires, parfois différentes, la plupart des personnes interrogées n’en étaient pas moins d’accord sur le constat : le tin whistle jouit d’un statut particulier dans la musique traditionnelle irlandaise et ce statut est souvent assimilé à un jugement négatif. La deuxième partie de ce travail consiste donc en une tentative d’explication de cette constatation. Pour cela, je me suis appuyé sur quelques concepts de sociologie mais aussi sur l’ensemble des entretiens et questionnaires que j’ai pu recueillir. Qu’est ce qu’une image sociale ? Bernard Lehmann est sociologue. Dans le cadre d’une enquête menée sur les orchestres symphoniques, il a étudié la nature des rapports entre les différents instrumentistes d’un orchestre. Au terme d'un travail d'enquête mené durant près de cinq ans, il a tenté de mettre au jour les hiérarchies qui peuvent exister entre les différents instruments. Comment certaines familles bénéficient de plus de prestige symbolique que d’autres. Dans le cas des orchestres ce sont, dans l’ordre décroissant, les cordes puis les bois, puis les cuivres et enfin les percussions. Il explique également dans son ouvrage le lien qui existe entre le prestige d'une famille instrumentale et le recrutement des musiciens. Par exemple, les instruments à cordes sont la plupart du temps prisés par des personnes originaires de milieux aisés alors que les familles des cuivres à l’inverse recrutent davantage dans les milieux défavorisés. Ainsi, l’auteur explique que les instruments de musique (comme n’importe quel objet d’ailleurs) bénéficie d’une image sociale soit valorisée soit dévalorisée. Il insiste ainsi sur la notion de prestige symbolique d’un instrument. Aussi, selon leur histoire, leur type d’utilisation, le répertoire qui leur est consacré ou leurs caractéristiques techniques les instruments apparaissent comme jouissant d’un certain prestige symbolique. Dans notre cas, cet auteur parait intéressant dans la mesure où il nous permet d’extrapoler ses analyses au milieu qui nous intéresse, celui des musiques traditionnelles irlandaises. Il apparaît évident que les mêmes instruments ne détiennent pas les mêmes places dans ces deux sphères très différentes que sont le monde de l’orchestre et la musique irlandaise. Mais il est tout aussi évident que les mêmes genres de rapports se jouent dans l’un et l’autre des milieux. Ainsi en se basant sur les analyses faites par cet auteur, il est intéressant de se poser la question de la place du tin whistle dans le contexte de la musique traditionnelle irlandaise. En effet, comme je le rappelais en introduction, si je me suis posé la question de savoir si le tin whistle était un instrument « pauvre » c’est bien parce qu’il semble (pour reprendre les concepts de Bernard Lehmann) jouir d’un prestige symbolique limité. Les réponses que j’ai pu récolter sont à ce sujet claires. A la question : « Pensez vous que le tin whistle ait une image dévalorisée ? », toutes les personnes interrogées (sauf une) ont répondu par l’affirmative. Le constat étant fait, j’ai voulu, et ce sera l’objet des parties qui suivent, tenter de comprendre pourquoi. Ce sont donc bien les témoignages des personnes interrogées couplés avec les éléments historiques et techniques développés plus haut qui m’ont permis de rassembler les éléments de compréhension qui suivent. 1) Raisons liées à sa facture : a) Un instrument populaire. Un premier élément de réponse est peut être à chercher dans son aspect populaire. En effet, nous avons pu voir comment sa facture rudimentaire en fait un instrument très bon marché, donc très répandu. Il est donc l’inverse d’un instrument précieux. Il est présent dans n’importe quelle boutique de souvenirs et s’apparente ainsi dans l’imaginaire collectif autant à un jouet qu’à un instrument. C’est d’ailleurs ce que l’on peut lire dans la thèse de Erick Falc'her Poyroux sur l'identité musicale irlandaise. Cette image sociale est davantage présente dans les milieux ordinaires que dans celui des musiques traditionnelles irlandaises. b) Un instrument simple Un autre élément d’explication est peut être à chercher dans l’aspect visuel de cet instrument somme toute assez rudimentaire. En effet, son aspect plutôt simpliste : un objet en métal avec seulement 6 trous qui se range aisément dans la poche de son manteau, décrédibilise forcément inconsciemment la valeur musicale de cet instrument, au même titre que l'harmonica par exemple. A ce titre, il est intéressant de comparer les réactions d’un public néophyte qui découvre une cornemuse à celui qui découvre un tin whistle. Cela va sans dire qu’il s’arrêtera davantage sur le premier pourvu d’un aspect visuel plus sophistiqué. c) Limites techniques de l'instrument Une autre explication apparaît dans certaines limites techniques de l’instrument. En effet, nous avons pu voir dans les premières parties que le tin whistle est un instrument diatonique qui ne permet pas, a priori, de jouer dans toutes les tonalités. Il permet plus difficilement de jouer des chromatismes et permet donc, a priori, moins d’opportunités de jeu. Certains des musiciens que j’ai interrogés invoque cet élément comme une des raisons pouvant décrédibiliser cet instrument par rapport à d’autres comme la guitare ou le violon. Il apparaît ainsi aux yeux des musiciens comme un instrument limité. D'autres parlent de la faible tessiture (seulement deux octaves) qui limitera aussi le musicien dans ses possibilités, ou encore de la différence de puissance entre les deux octaves. Les sonorisateurs s'en plaignent : le tin whistle ressortira fortement sur les passages à l'octave supérieure tandis qu'il sera couvert par les autres instruments à l'octave inférieure. Enfin quelques personnes évoquent la difficulté d'effectuer des nuances, en effet, d'après la « Musical Dynamics and Decibel Chart » (charte des nuances et décibels) le pianissimo se joue environ à 50 dB lorsque le fortississimo s'effectue à environ 100 dB. Ceci implique que les instruments aient une amplitude de 50 dB, or le tin whistle, sur une même note n'aura une amplitude que de 5 à 10 décibels maximum et de plus qui jouera sur la justesse. d) Timbre de l’instrument Comme toutes les flûtes, le tin whistle possède un timbre particulier qui peut participer, là encore, à son statut particulier. En effet, la nature de son timbre est parfois dénigrée. Ainsi certains musiciens interrogés n’hésitent pas à répondre qu’ils préfèrent utiliser d’autres instruments en sessions car ces derniers seraient dotés, selon eux, d’un son « plus riche », avec plus d'harmonique. On peut aussi invoquer la relative faiblesse du son de cette flûte qui se laisse facilement couvrir par les autres instruments dès lors qu’elle est jouée acoustique. Elle ne peut donc que très difficilement s’imposer. 2) Raisons liées à son statut a) un instrument d’apprentissage Un élément très souvent invoqué réside dans l’assimilation du tin whistle à un instrument d’apprentissage. En effet nous avons pu voir plus haut que c’est généralement de cet instrument que commencent à jouer les jeunes irlandais lorsqu’ils débutent la musique l’abandonnant ensuite à l’âge de l’adolescence au profit de la grande flûte ou du uileann pipe. En Bretagne, ce statut est renforcé par le fait qu’il soit utilisé en apprentissage de la bombarde, il est ainsi et avant tout considéré comme un instrument d'étude, comme un instrument de passage vers un autre instrument à vent. Étant donc souvent le premier instrument, il essuie les plâtres d'un premier apprentissage instrumental. Le passage à un autre type d'instrument plus complexe ensuite est facilité par le fait que l’on a acquis certains réflexes comme la nécessité d'un travail régulier et méthodique ou certaines compétences comme les bases du solfège, le swing propre à ce répertoire, etc…En définitive comme le whistle est souvent l'instrument de découverte musicale, les joueurs médiocres à moyens sont très nombreux (y compris parmi des musiciens par ailleurs de bon niveau sur d'autres instruments : par exemple les pipers auront tendance à jouer très legato, les flûtistes traversière souffleront de la même manière dans leur whistle.) Ce contingent de joueurs médiocres participe ainsi sûrement à l’image dévalorisée du tin whistle. b) Une image de « carte postale ». L’image en tant qu’instrument du tin whistle est également façonnée par le fait qu’il est un des premiers objets les plus vendus aux touristes qui visitent l’Irlande. Ainsi le tin whistle constitue un souvenir très prisé car simple, bon marché et représentatif de ce que les touristes ont vu et entendu. On trouve par exemple un grand nombre de ‘paquets-souvenirs’ contenant un tin whistle et une méthode d’apprentissage quelconque. Ainsi, il existe dans l’imaginaire collectif davantage en tant qu’objet souvenir qu’en tant que véritable instrument. c) Peu de production discographique Si l’on excepte l’album “ Tin Whistle ” de Paddy Moloney & Seán Potts, ainsi que les deux “ Feadóga Stáin ” de Mary Bergin, on ne trouvera que très peu de disques de tin whistle dans le commerce. Généralement utilisé comme second instrument, il figure sur les albums de certains uilleann pipers comme Paddy Keenan ou de certains flûtistes comme Kevin Crawford dans Lùnasa. Cette relative pénurie participe également à ne pas positionner le tin whistle comme un instrument majeur. d) Le rapprochement avec la flûte à bec, instrument dévalorisé Il semble que le tin whistle souffre également malheureusement d'une connotation péjorative liée au rapprochement qui est fait en France entre cet instrument et la flûte à bec qu’on peut sans exagérer classer comme « bête noire » de générations élèves. En effet, la flûte à bec reste quasi systématiquement assimilée par la plupart des gens aux cours de musique où elle était généralement très mal jouée car jouée par des débutants. Ainsi, c’est cette image galvaudée de la flûte à bec qui se transpose souvent au tin whistle qui lui ressemble forcément beaucoup. Ces différents éléments d’explication nous permettent ainsi de comprendre davantage pourquoi le tin whistle jouit d’une image plutôt dévalorisée qui nous faisait poser en titre la question délibérément provocatrice : le tin whistle : un instrument pauvre ? Il est évident que ces explications ont des degrés d’importances différents selon les personnes et contextes. Il doit de plus forcément en exister d’autres mais le cadre de ce travail m’a permis de faire émerger ceux présentés ci dessus qui me semblent être les plus importants. Essayons maintenant comme une sorte de réponse à la partie précédente de comprendre, en se fondant là aussi sur des critères à la fois techniques mais aussi historiques et musicaux pourquoi le tin whistle peut être considéré comme un instrument « riche ». III/ Un instrument « riche » ? Ainsi, si on regarde de plus près, on peut remarquer différentes caractéristiques propres à cet instrument qui peuvent nous pousser à répondre par l’affirmative à la question titre de cette troisième partie. 1) Des éléments techniques a) Des ornementations spécifiques Les interprètes de musique irlandaise traditionnelle utilisent un assez grand nombre d'ornementations musicales pour diversifier leur jeu, dont les cuts, taps et autres rolls. On retrouvera ces ornementations au whistle, à la flûte, au uilleann pipe mais aussi au violon, à l'accordéon, au banjo etc... La seule ornementation vraiment spécifique à l'instrument est le tonguing (coup de langue) car en flûte traversière, on privilégiera le legato, phrases musicales articulées par des ornementations plutôt que par des coups de langue. En cela, la musique traditionnelle irlandaise diffère de la musique européenne classique, où l'ornementation est utilisée pour articuler les notes entre elles, plutôt que pour insérer ou distinguer individuellement des notes dans un morceau. Les ornementations et articulations les plus communes sont les suivantes : Cuts Les cuts (ou coupures) sont effectués en levant très brièvement un des doigts situé audessus de la note jouée sans interrompre le flux d'air dans la flûte. Par exemple, un musicien jouant un ré grave sur un tin whistle en ré peut couper la note en levant très brièvement le premier doigt de sa main la plus basse. Ainsi le son monte pour un très court instant. On peut jouer le cut dès l'attaque de la note ou en cours d'exécution de cette note. Cette dernière possibilité est aussi appelée double cut (double coupure) ou mid-note cut (coupure de deminote). Taps Les taps (tapes) sont proches des cuts mais cette fois-ci, c'est le doigt situé sous la note jouée qui est brièvement abaissé. Par exemple, si un musicien joue un mi grave sur une flûte en ré, il produirait un tap en abaissant et relevant très vite son annulaire droit. Les cuts et taps sont deux ornementations instantanées, c'est-à-dire que l'auditeur ne perçoit que l'interruption mais pas la note rajoutée. Rolls Un roll est une séquence composée d'un cut suivi d'un tap. On peut également considérer le roll comme un groupe de notes de même hauteur et même durée avec des articulations différentes. On distingue communément deux types de rolls • le long roll (roll long) est un groupe de trois notes identiques en termes de hauteur et de durée. La première sonne sans cut ni tap, la seconde est introduite par un cut et la troisième par un tap ; • le short roll (roll court) est un groupe de deux notes identiques en termes de hauteur et de durée, la première étant attaquée avec un cut, et la seconde avec un tap. Cranns Les cranns (ou crans) sont des ornementations empruntées au jeu des uilleann pipes et spécifiques au whistle, flûte et pipe. Ils sont semblables aux rolls dans l'esprit mais n'utilisent que des cuts. Les whistlers les emploient seulement pour les notes pour lesquelles le tap est impossible, telles que la note la plus basse de l'instrument. Slides Le slide est l'équivalent du portamento en musique classique ; une note inférieure ou supérieure (le plus souvent inférieure) à la note désirée est jouée, puis le doigt glisse graduellement afin d'atteindre en douceur le ton désiré. Le slide est de durée variable, on peut attaquer la note par le trou inférieur (la plupart du temps, un ton de différence) et « glisser » jusqu'à la note désirée, l'auditeur percevra le changement de hauteur de son. On peut aussi choisir de la faire plus discrètement en l'attaquant seulement d'un demi ton inférieur (en ne bouchant que la moitié du trou). En « glissant » vite cette dernière possibilité ne sera pas perçue par l'auditeur comme un changement de hauteur mais plus comme un effet qui fluidifie le jeu. A l'inverse de toutes les autres ornementations (excepté le vibrato), le slide assouplit le jeu, c'est une ornementation « douce ». Tonguing Le tonguing (ou coup de langue) est primordial au whistle, il le distingue de tous les autres instruments en musique irlandaise. Le tonguing est produit par la langue qui touche brièvement le palais à l'attaque d'une note. On pourra prononcer des « t », « k » pour un son agressif, éclatant ou des « d », « g » pour obtenir quelque chose de plus souple, plus doux. Il est important de travailler sur deux consonnes : une où la langue monte sur le palais, l'autre où elle descend ; on gagnera considérablement en vitesse. A noter, Sean Ryan, expert dans ce domaine, allant même jusqu'à des coups de gorge, qu'il ne sait pas trop expliquer lui même. Vibrato Le vibrato peut être obtenu sur la plupart des notes en ouvrant et refermant l'un des trous demeurés ouverts, ou par variation de la colonne d'air. Des deux techniques, le doigté est plus communément utilisé que la vibration due au diaphragme, sauf sur la note la plus basse du tin whistle. b) Progrès de la lutherie J'ai été surpris en recevant les réponses à mon questionnaire, de voir qu'aucun des sondés ne jouait sur les mêmes tin whistles, il y a dorénavant une très grande offre proposée par beaucoup de luthiers un peu partout dans le monde que ce soit des whistles en étain, en plastique, en aluminium, en bois etc... Ces dernières décennies, de nombreux luthiers ont fait un véritable travail de recherche sur la qualité du son, en fabriquant des whistles dans divers matériaux, la justesse avec des instruments accordables grâce à une coulisse entre le bec et le corps, mais aussi sur l'esthétique de l'instrument. 2) Des éléments historiques a) Des virtuoses Nous avons vu plus haut comment cet instrument simple et peu onéreux permet au débutant de prendre contact avec la musique irlandaise en particulier. Ainsi, il est certes facile d'apprendre les bases du tin whistle (nous avons vu que les enfants irlandais l'apprennent à l'école). Mais si on veut vraiment bien jouer, comme tout instrument, cela demande beaucoup de pratique. Ainsi l'approfondissement de cet instrument est tout aussi exigeant que d'autres, plus "nobles". Aussi, il existe un certain nombre de spécialistes qui ont participé à redorer le blason de cet instrument : Sean Potts, Mary Bergin, Vinnie Kilduff, Seàn Ryan ou Paddy Moloney en sont des exemples. C’est aussi un instrument qui peut devenir leader dans certains groupes comme Flook. Nous insisterons également sur l’importance d’un personnage comme Micho Russell, flûtiste de Doolin, Co. Clare, décédé en 1994 et qui, quoique partisan d’un style particulièrement sobre, a su se faire applaudir dans les festivals du monde entier. b) Une influence sur d’autres musiques. L’importance du tin whistle est aussi remarquable par son influence sur d’autres types de musique. Par exemple, le kwela est un style de musique sud-africain des années 1950 caractérisé par le jeu « jazzy » d'un tin whistle. De tous les genres de musique utilisant le tin whistle, le kwela est le seul qui soit totalement dominé par cet instrument, le style ayant d'ailleurs été créé à partir du son de cette flûte. Le faible coût d'achat de celle-ci fut un élément déterminant de son succès dans les banlieues de l'ère de l'apartheid. Le kwela fut remplacé en Afrique du Sud par le mbaqanga à la fin des années 50, et le saxophone supplanta largement le tin whistle comme instrument leader. Néanmoins, le maître du kwela Aaron « Big Voice Jack » Lerole se produisit jusque dans les années 1990, et encore aujourd'hui, le groupe londonnien The positively Testcard continue d'enregistrer de la musique kwela. Le tin whistle est assez présent dans beaucoup d'autres genres de musique, mais pas au point d'en être une dominante comme en musique irlandaise ou pour le kwela. Le tin whistle est employé dans la musique religieuse moderne et les musiques de films. Cet instrument est aussi un pont entre différents genres tels que la world music, le folk rock et le folk métal. Nous revenions sur l’arrivée du tin whistle en Bretagne dans la première partie. Il faut à ce propos également savoir que les bagadoù de Brest avaient aussi ramené des disques de musique irlandaise qui ont rapidement conquis les auditeurs bretons. Hervé Le Meur en a donc aussi fait importer. Les joueurs de bombarde et de biniou se sont donc mis, à l'écoute des disques, à apprendre quelques morceaux de musique irlandaise, et à s'approprier leurs ornementations ce qui fera évoluer les techniques d'ornementations bretonnes par la suite (surtout au biniou) On peut noter que le tin whistle n'a jamais trouvé sa place en musique bretonne comme cela à pu se faire avec d'autres instruments : la création d'un « jeu breton » à la flûte traversière par Jean-Michel Veillon par exemple, ou, à un degré moindre, l'intégration du uileann pipe dans la musique bretonne par Alan Kloatr d'abord puis Loïc Blejean dans Carré Manchot ou encore Ronan le Bars dans différentes formations. On peut ainsi constater comment l'image de cet instrument a évolué depuis les années 80 par l’action conjuguée de deux éléments principaux. L’existence de whistle de très bonne qualité grâce aux progrès de la lutherie mais aussi grâce à des musiciens talentueux qui ont su en approfondir et renouveler le jeu et donc susciter des vocations. Conclusion Ce mémoire a le mérite de m’avoir permis de réfléchir plus en profondeur sur mon instrument en tentant d’apporter des réponses aux questions que je me posais depuis de nombreuses années. Il mériterait sûrement d’être approfondi sur différents points, mais ce travail m’a malgré tout permis d’apporter un certain nombre d’éléments de réponse et surtout de structurer des idées qui me paraissaient confuses à son propos. Il m’aura également permis de confronter mes idées avec celles d’un certain nombre d’autres musiciens et c’est en tant que synthèse de ces différents points de vue que son intérêt m’apparaît. Il m’a également permis de réfléchir plus précisément au pouvoir de l’image sociale qui caractérise les instruments de musique et aussi comment les contextes sociohistoriques bâtissent (autant qu’ils détruisent) ces images sociales. Il est à ce titre amusant de constater comment des instruments « vieillots » reviennent à la mode ou comment des styles musicaux refont surface ici et là alors qu’ils n’étaient plus joués depuis de nombreuses années. A partir de là, tous les espoirs sont permis et qui sait peut être un jour prochain, ne me posera-t-on plus la question qui ouvrait ce mémoire : à part du tin whistle, tu joues quoi comme autre instrument ? BIBLIOGRAPHIE − Tranchefort François-rené, Les instruments de musique dans le monde, seuil 1980 − Lehmann Bernard, L'orchestre dans tous ses éclats, Paris, La Découverte, 2002 − Breathnach Breandàn, Folk music and dances of Ireland, Dublin and Cork, The Mercier Press, 1971 − Erick Falc'her Poyroux, L'identité Musicale Irlandaise, Rennes, thèse de doctorat, 1996 − Entretiens avec Alan Kloatr − Réponses au questionnaire : − Yannig Allory − Sylvain Barou − Tony Mc Carthy − Jean-Luc Thomas − Jean-Michel Veillon − Desi Wilkinson ANNEXES Questionnaire en français : Bonjour, Dans le cadre de la préparation de mon Diplôme d’Études Musicales en musique traditionnelle au Conservatoire de Rennes encadré par Yvon Rouget, j’écris actuellement un mémoire sur le tin whistle, son usage et son image. Le sujet du mémoire sera "Le pennywhistle, l'instrument du pauvre?" (Financièrement et culturellement). Je souhaite par ce biais traiter de l’accessibilité à la musique pour tous, parler de son image d’instrument d'apprentissage, de sa place chez les musiciens professionnels, dans un groupe, sur une scène... Compte tenu de la faiblesse de la bibliographie sur le sujet, j'aimerais m'appuyer sur votre témoignage et je vous remercie de bien vouloir répondre à ces quelques questions : Prénom, nom et instrument(s) : - Par quel instrument avez vous commencé la musique? - Avez-vous déjà joué du tin whistle? Si oui, - Quel(s) Whistle(s) utilisez-vous? - Avez vous déjà utilisé le tin whistle pour un ou plusieurs de vos projets professionnels? - Quelle utilisation en faites vous maintenant? (scènes, sessions....) - Si vous n'en jouez qu’occasionnellement, quelles sont les raisons qui vous font privilégier le choix d'un autre instrument? Avez-vous le sentiment qu'il soit déconsidéré? Si oui, pour quelles raisons N’hésitez pas à développer un peu, d'illustrer de quelques exemples ou anecdotes afin de m'aider à ouvrir des pistes, des angles d'attaques. Je suis à votre disposition pour toute demande de précision et vous remercie d’avance pour votre contribution. (Avant le 11 mars si possible) Bien cordialement. Antoine PIHIER Questionnaire en Anglais : Hi, In order to validate my Diploma of Musical Studies in traditional music at the Rennes conservatory which is under the supervision of Yvon Rouget, I am currently writing a dissertation on the tin whistle, its use and image. The topic of my thesis will be “the pennywhistle; a poor man’s instrument?”(Both financially and culturally). Throughout this work, I would like to address music accessibility for everyone, and talk about the role of the tin as a learning tool, but also its role for professional musicians, in a band, on stage, etc. Given the poor bibliography that is available for this topic, I would like to take into account your opinion regarding this topic and I was wondering if you could please answer these following questions: First name, name and instrument(s): -What was your first instrument? -Have you ever played the tin whistle? If yes, -What sort of tin whistle do you use? -Have you already used the tin whistle in one of your professional projects? -What use do you make of it nowadays (stage use, music sessions, etc) -If you only use it only occasionally, what are the reasons for which you favor another instrument over the tin whistle? -Do you believe that the tin whistle is discredited? If yes, why? Please don’t hesitate in developing your answers and illustrating your arguments with various examples or anecdotes. This will help me hugely in broadening my views on this topic and developing new angles of research. Thank you very much for your help. I am available at any time if you need more information on my work. (please reply before the 11 of march) Best wishes,