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La vie des rayons 65 PHOTOS © P-H. VÉRANT Le marché des arts de la table se démocratise et évolue vers la multi-possession. Il attire ainsi la grande distribution qui voit là un nouveau potentiel de chiffre d’affaires. A condition de mettre en scène les linéaires pour créer l’envie. ARTS DE LA TABLE 64 CONSOMMATION Favoriser l’achat plaisir nnovateur en matière de concept, le nouvel hypermarché Carrefour de 14 000 m2 à Carré-Sénart met en place la première véritable expérience du distributeur en matière de valorisation des arts de la table. Quand l’enseigne s’est interrogée il y a quelques années sur les domaines qui pouvaient présenter une opportunité de chiffre d’affaires additionnel, le secteur de la maison en général et des arts de la table en particulier s’est imposé au point qu’elle a étendu il y a quatre ans sa marque aux arts de la table. Ce segment « fait partie des marchés où il y a, pour les hypermarchés, une place à prendre face aux grandes surfaces spécialisées comme Casa, Ikea ou Habitat », constate Marie-Laure Gragnic-Flament, responsable marketing des arts de la table pour le groupe Carrefour. I Points de Vente - 30 septembre 2002 - N° 894 Encore fallait-il élever le niveau de l’offre et surtout son environnement. Aujourd’hui vingt-cinq collections allant du basique au moyen et haut de gamme forment l’offre de Carrefour qui fait appel à des bureaux de style (Peclers, Nelly Rodi…) pour connaître les tendances futures. Les produits à la marque du distributeur représentent 80 % de l’assortiment de l’enseigne en vaisselle et couverts, beaucoup moins pour la verrerie où le marché est dominé par Luminarc avec Bormioli Rocco en challenger (et Pasabache pour les petits prix), mais des projets sont à l’étude. Objectif : attirer les clients par le prix, les promotions, les produits du quotidien mais aussi les modèles exclusifs. Chaque année, les gammes sont renouvelées d’un quart, voire d’un tiers. En 2002, 60 % de la gamme vaisselle à marque Carrefour qui est en train de s’installer sur les linéaires ont été entièrement revus. Carrefour a concrétisé à CarréSénart ce que ces dernières années de présence sur ce marché lui ont appris. « Ce nouveau magasin représente la quintessence de plusieurs années d’expériences dans le domaine de l’hypermarché, explique Léon Salto, directeur général de Carrefour France. Nous l’avons conçu de manière à ce qu’il puisse s’adapter aux changements de modes de consommation et aux évolutions des différents marchés. Car l’attractivité de l’enseigne, en dehors du discount, réside dans sa mobilité et sa modernité. » Dans l’hypermarché de CarréSénart, la théâtralisation de l’offre s’exprime par des tables de présentation dressées au milieu des gondoles. www.pointsdevente.com Les matériaux choisis sont ceux utilisés en boutique de décoration. « C’est un mobilier spécifique à Carrefour, développe Marie-Laure Gragnic-Flament. La mise en place aura valeur de test. Nous allons voir comment le mobilier vit et comment la clientèle réagit. » Si l’expérience s’avère positive, le concept sera déployé dans d’autres magasins. Dans ses derniers catalogues “Image”, Carrefour travaille aussi la présentation : les références mises en avant sont photographiées sur des tables dressées ou des parties de table, une façon plus esthétique de présenter les produits. « Il est important de mettre les produits en situation et de les accompagner d’accessoires pour les faire ressortir et donner des idées aux consommateurs. En effet, si la vaisselle est souvent la clé d’entrée du rayon, c’est en élargissant le concept aux offres assorties (cuisson, objets de décoration) que pourra être mieux exploité le potentiel de ce rayon. » « Il y a là une vraie complémentarité », souligne René-Louis David, directeur marketing chez Arc International. Un atout dont profite une marque comme Cristal d’Arques. Pour Nathalie Morteau, auteur d’une étude Xerfi sur “La distribution des arts de la maison", « au-delà d’une dégradation conjoncturelle provisoire, le marché reste particulièrement porteur : 35 heures, tendance au cocooning, tous les facteurs sont réunis pour pousser les ménages à décorer leur intérieur afin de créer un univers personnalisé et confortable, et ce sont les articles de décoration qui ont le plus profité (+ 3 % en 2001). » Si le magasin n’a pas la possibilité de placer des tables dressées, Marie-Laure Gragnic-Flament préconise de sacrifier une étagère et, surtout, de le faire tout au long de l’année, car « c’est sur le permanent que l’on fait notre chiffre ». Pour René-Louis David, « le rayon arts de la table en hypermarchés et supermarchés a un énorme potentiel à condition qu’il soit implanté dans des zones de trafic, ce qui est loin d’être le cas partout. » Auchan et Carrefour sont en recherche de solutions de mise en valeur et de présentation des articles. Auchan et également Carrefour sont en recherche de solutions de mise en valeur et de présentation des articles. Dans le magasin test de Val d’Europe, des rayons étagères design en bois et en verre avec mise en situation et des tables dressées avec passage obligatoire en milieu d’allées font la part belle aux arts de la table. Leclerc réfléchit également à dynamiser ce rayon car le consommateur a évolué. Il n’hésite plus à changer de service pour chaque occasion de vie. La multi-possession est devenue un luxe abordable. Le consommateur change de services selon ses envies, son menu, d’où la vogue des décors ethniques. C’est surtout vrai pour les assiettes. Un peu moins pour les verres, mais la tendance est en train de s’inverser devant la créativité des marques. Il s’agira demain de faire multiplier les actes d’achat pour les couverts qui sont un peu à la traîne. Une véritable mise en scène « A partir du moment où l’on sait le travailler et le faire vivre, le linéaire arts de la table peut avoir de bonnes rotations », estiment d’un commun accord les responsables enseignes et marques. « Il y a une vraie demande de restructuration du linéaire et de mise en scène des produits pour les valoriser », fait remarquer Marie-Laure Gragnic-Flament. « Longtemps, rien n’a été fait pour ce rayon, déplore Charlote Dequidt, chef de marque adjoint chez Luminarc. Nous en sommes au tout début. » Les produits sont trop souvent mis les uns à côté des autres sur les étagères (il y a très peu de broches), sans vraie logique, alors qu’il faudrait les travailler selon les couleurs, leur complémentarité et en transversalité (verrerie, couverts, vaisselle) mais aussi les rapprocher des arts de la cuisine. « Les enseignes ont tendance à regrouper les couverts par types de matériaux et par niveaux de prix, regrette Claude Vernerey, directeur des ventes chez Amefa, challenger sur le marché des couverts (qui prévoit l’an prochain une extension vers la coutellerie de cuisine). Elles devraient plutôt les regrouper par couleurs et laisser le modèle jouer son rôle. » La réflexion merchandising de Luminarc avec mise en avant des gammes et signalétique devrait ainsi prendre corps l’an prochain. ••• Données chiffrées Nombre de services de table par foyer 1,5 en 1998 3 en 2000. Source : fabricants Critères d’achat 61 % des Français disent accorder beaucoup d’importance à la couleur quand ils achètent un produit arts de la table. 60 % à la forme. Le prix vient loin derrière l’esthétique. Source : Crédoc >LE MARCHÉ DE LA CUISSON Les Français donnent la préférence au verre pour cuire et servir (en %) Matériaux utilisés pour cuire et servir Au micro-ondes Au four Le marché de la Verre cuisson 64 Verre cuisson Métal 45 Métal 48 Verre cuisson 25 Céramique 43 Céramique Plastique 45 39 cuisson au four (35 %) est estimé à 54 M€, en progression de 8 à 10 % par an. Porcelaine 42 18 Source : Pyrex www.pointsdevente.com N° 894 - 30 septembre 2002 - Points de Vente CONSOMMATION La vie des rayons 66 67 Pour les marques, entrer dans la logique de l’achat plaisir entraîne un double défi : multiplier l’innovation et réétudier le packaging. ••• Le rayon cuisine, en progression depuis que les Français redécouvrent le plaisir et l’envie de cuisiner, n’échappe pas à une remise en cause. Pyrex a conçu un mobilier où les produits ne sont pas installés en tablettes mais sur rack et légèrement inclinés pour une plus grande visibilité donc une meilleure rotation. « L’avantage, explique Eric SaintMarc, directeur commercial de Newell Cookware Europe (marque Pyrex), c’est que cela structure le rayon et permet de mieux l’organiser. La présentation du linéaire est essentielle sur ce marché. » Attention aussi aux ruptures de stock, nombreuses dans ce rayon où l’achat d’impulsion demeure important. Un double défi Pour les marques, entrer dans la logique de l’achat plaisir entraîne un double défi : multiplier l’innovation produit et mener une vraie réflexion sur le packaging pour le rendre à la fois plus attrayant pour le consommateur et plus pratique pour les distributeurs. En vaisselle comme en verrerie et en cuisine, la diversité de l’offre selon le format, le matériau ou le décor n’est pas facile à gérer. Chez Luminarc, marque désormais unique d’Arc International pour la grande distribution et leader mondial des arts de la table, les thèmes décoratifs se retrouvent déclinés sur les assiettes, les verres et les plats, ce qui permet de créer des ambiances dans les magasins. Cela facilite également les achats d’impulsion et de complément. Il y a un an, tous les packagings de la marque ont été revus pour les rendre plus clairs et plus qualitatifs. Pyrex a restructuré sa gamme l’an dernier selon trois offres correspondant à trois styles de vie regroupant chacun un tiers de la population (Classic, Créatif, Pronto), chaque produit étant placé dans un packaging spécifique au style de vie. Quant à Emile Henry, il a retravaillé en quadrichromie ses packagings, chaque bandeau portant une recette inédite. Les plats sont désormais Points de Vente - 30 septembre 2002 - N° 894 empilables et emboîtables pour éviter le désordre dans le rayon. Lorsque Bormioli Rocco a lancé cette année Ice Glass, un gobelet de verre muni d’un couvercle en polypropylène qui permet de boire en ayant les lèvres en contact direct avec la glace, des box displays à fort impact visuel ont été placés en tête de gondole. Çà et là, une vidéo expliquant la réalisation du gobelet complétait le dispositif. « L’important est de concrétiser en achat le taux de visite de ce rayon car il est très bas par rapport à d’autres », souligne Sandrine Damiano, directrice marketing chez Verreries de la Chapelle (Bormioli Rocco). Si le décor est le premier critère d’achat et facilite le coup de cœur, les promotions jouent également un rôle moteur en permettant aux consommateurs de ne pas culpabiliser face à cet achat. Toutes les marques les utilisent. De septembre à fin décembre, Pyrex lance ainsi une opération “Faites-vous plaisir avec Pyrex" qui fait gagner des séjours. Une opération relayée en magasin par des displays présentoirs (demi-box), des stickers on pack et des frontons sur les box. « Nous voulons communiquer sur notre nouvelle segmentation et renforcer le message », explique Eric Saint-Marc. Merchandising saisonnier Les marques proposent également des solutions de merchandising saisonnier pour faire évoluer le linéaire (foire aux vins, Noël, saison des salades, etc.). Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de mises en scène toujours plus spectaculaires et sophistiquées et cela de plus en plus tôt, dès le début novembre. Bormioli propose ainsi des modules “Fêter Noël" et “La Table en fête", Luminarc un concept “Stars & Gift", à savoir un packaging événementiel couleur bleu nuit pour des emballages cadeaux séduisants et des box displays à très fort impact. Guy Degrenne Harmony collection présentera de façon inédite ses ménagères. Chez Cristal d’Arques, l’opéra- Verrerie Luminarc veut faire oublierlamonotonie Les couleurs dans les décors, les packagings, la publicité... Luminarc fait tout pour susciter l’achat d’impulsion. rc International, leader du segment de la verrerie, s’est trouvé l’an dernier devant un double défi : entrer dans la logique de l’achat plaisir tout en devenant une marque repère. Le premier producteur mondial de verrerie a donc repensé complètement sa politique de marques, chaque circuit de distribution disposant désormais d’une marque dédiée afin de clarifier l’offre et faciliter la reconnaissance par le consommateur. Exit Arcopal, Arcoflam, Arcoroc, Arcuisine, Vitroflam, la grande distribution a adopté Luminarc, marque unique pour ce circuit présentant une offre produits réduite (mille sept cents références), segmentée par usages (enfants, table, cuisine, décoration) et par styles (simplicité, diversité, authenticité). De son côté, Cristal d’Arques reste la marque de verrerie cristal. Un effort particulier a été apporté au packaging pour le rendre plus clair et plus informatif, mais aussi plus séduisant. Une face avant met le produit en situation et une découpe permet sa visualisation. Des informations sur les spécificités des articles et sur la gamme disponible figurent sur la face arrière. Tout au long de l’année 2002, une campagne de publicité (presse magazine et télévision) signée Publicis a fait découvrir le nouveau visage de Luminarc, plus moderne et dynamique, qui s’appuie sur le slogan “Luminarc bye bye monotonie”. Très tonique, ses visuels mettent en scène des modèles de verres et de vaisselle hauts en couleur, illustrant la diversité des collections et véhiculant de façon plus ludique et créative l’utilisation de la verrerie, de la vaisselle et des accessoires de décoration. A tion de fin d’année a pour nom Magic. Très ambitieuse (la marque espère réaliser des performances supérieures de 15 % à celles obtenues l’an dernier avec l’opération Prestige), Magic sera déclinée en France et à l’international de novembre prochain à mars 2003. « L’objectif est de valoriser le cristal dans une ambiance festive et durable », explique Claire Durieux, chef de marque adjointe Cristal d’Arques. Des codes couleurs très chauds ont été choisis pour la PLV et les packagings des produits entièrement adaptés pour l’occasion. Différents modèles de PLV sont prévus afin de s’adapter à tous les circuits de distribution, ainsi que des displays pour mettre en avant des articles “table" et “décoration" dans les allées principales des magasins. ■ >LES LIEUX D’ACHATS Les hypermarchés se font leur place 30 Hypermarchés 14 72 % des acheteurs considèrent que la marque n’est pas un critère d’achat. Supermarchés Spécialistes Autres Source : fabricants Anika Michalowska www.pointsdevente.com www.pointsdevente.com Volume 4 Valeur 8 Grands magasins Grandes surfaces spécialisées (en %) 9 27 10 6 14 26 29 23 « C’est une invitation au renouvellement et à l’achat plaisir, fait remarquer Charlotte Dequidt, junior brand manager chez Luminarc. Elle a aussi pour objectif de favoriser la mixité des achats. » Une vraie source de chiffre d’affaires additionnel. Le plan promotionnel est adapté à un dispositif médiatique fort. Chaque décor offre des présentoirs clef en main, livrés chargés, prêts à installer pour un minimum de manutention en magasin. Quant aux formats, ils s’adaptent à chaque type de point de vente. Le jeu des coordonnés Les collections telle Pep’s autorisent des animations performantes autour de thèmes spécifiques, comme le temps des glaces, la saison des salades, les boissons fraîches… Les collections jouent également les coordonnées entre assiettes et verres. Les thèmes décoratifs sont transversaux aux assiettes, tasses et verres (gammes Freesia, Latifolia, Berlingot ou Tulip, cette dernière étant le best-seller 2002). Les gammes pour enfants sont également très soignées. Les fêtes de fin d’année sont un rendez-vous incontournable pour les arts de la table. Elles permettent de valoriser l’offre en la présentant dans des packs à offrir : verres spécifiques (gin, whisky, cognac…), verres à pied, association de verres et d’accessoires, bougeoirs, etc. Les packs sont destinés aux mises en avant en tête de gondole ou en îlot central. Cette année, l’animation fin d’année 2002 s’appellera Stars & Gifts et s’habillera de bleu nuit avec un packaging événementiel et une charte spécifique. La mise en place A. M se fera dès novembre. ■ N° 894 - 30 septembre 2002 - Points de Vente