ENT-4 INDIVIDU ET ENTREPRISE

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ENT-4 INDIVIDU ET ENTREPRISE
INDIVIDU ET ENTREPRISE
Le projet est le même, qu’il s’agisse de l’accompagnement individuel ou de
l’accompagnement de groupe au sein d’une entreprise. Il est de proposer un terrain
qui ne soit pas a priori constitué autour d’un résultat, même si bien sûr on ne
travaille pas pour rien. Prenons l’exemple d’un réveil à fabriquer. On peut décider de
ne surtout pas fabriquer un réveil aussi quelconque, ou bien de le faire
différemment : mille et une stratégies sont possibles, des sommes colossales vont
être engagées et les décisions prises à cinq ou dix vont avoir des conséquences pour
des milliers personnes.
Auparavant, il faut donc se demander « Est-ce un bon objet ? Est-ce que Je juge que
c’est un bon objet, dans la perspective d’une production intéressante ? Et en le
fabriquant, risque-t-on de polluer avec des matériaux toxiques ou bien d’user une
chaîne humaine ? » Par ailleurs, quel poids a le rapport entre les personnes par
rapport à l’objet de la tâche ? N’est-il pas évident qu’il vaut mieux, avant de plonger
dans le « on fait comme ci ou comme ça », nettoyer le terrain et voir s’il y a des
cailloux ? En clair, telle position, telle peur de perdre sa position ou de risquer de
changer de place, tel blocage. Car le système est fait de telle sorte qu’on le valide,
croyant ne rien pouvoir inventer puisque « c’est comme ça ». Pourtant, on pourrait
essayer d’enlever les cailloux, ou bien d’utiliser ce fossé pour qu’il irrigue le champ,
et puis de labourer plutôt que de marcher sur un sol desséché. Cela suppose que,
pendant un moment, on accepte, par exemple, de changer de bottes, de prendre
une charrue et de regarder comment on laboure, les uns et les autres. Ca ne change
rien à la place de chacun : c’est juste une expérience, au cours de laquelle on ne
risque rien mais qui permet éventuellement de se dire : « ce caillou-là, on peut le
mettre de côté » ou bien « cet arbre qu’on voulait couper, finalement on le garde au
milieu pour qu’il devienne une espèce de totem un peu paradoxal, atypique, comme
une marque de fabrique ». Et puis… une fois qu’on a labouré, on peut encore herser
le sol pour qu’il soit plus fin, on bien aider quelqu’un qui se trouve en difficulté :
quelqu’un qui n’a pas de bottes à sa taille, on va les lui changer… et puis on va
arroser et tout ça, on va le faire ensemble, chacun plus ou moins bien, chacun à sa
mesure mais ensemble. ENSUITE le terrain n’est plus le même, et c’est précisément
à ce moment-là qu’on peut se dire : « tiens, ça on le fait encore, mais comment le
fait-on ? ». En somme, on s’intéresse vraiment à cet objet en tant que tel et non en
tant que « moi je » dans mon centre égotique, craintif, apeuré. Peut-être s’aperçoiton qu’on peut consacrer un peu plus de sa puissance car on l’a entendue dans le
fond de sa voix, et chacun sait que l’autre aussi l’a entendue et vice-versa. Du coup,
il devient possible à chacun d’investir de sa puissance à cette tâche commune, d’être
convaincu qu’ayant vécu cette expérience, il est possible d’agir ensemble, pour
planter des pommiers, de telle ou telle variété, ou pour ne surtout pas planter de
pommiers.
L’Entreprise n’a certes pas pour fonction d’élever les êtres mais si elle n’offre pas le
terrain où les êtres peuvent s’élever, contacter leur puissance et leur créativité, elle
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n’est pas efficace. Bien sûr qu’elle est un collectif dont la fonction est de créer du
profit, de la richesse, et qu’elle est soumise à des contraintes et prise dans des
enjeux très durs, à des niveaux d’exigence incontournable, mais elle reste
fondamentalement un collectif d’êtres humains qui doivent pouvoir trouver dans
l’entreprise un « suffisamment bon rapport /apport » à leur épanouissement. Bien
sûr que l’entreprise n’est pas une bonne mère ou un bon père, pas plus qu’une
structure d’éducation, mais pour être efficace, novatrice, opérationnelle et créatrice,
elle doit permettre à chacun de trouver un « suffisamment bon terrain d’évolution,
d’épanouissement ». Car si l’entreprise n’est pas pensée comme le terrain de
libération de la puissance créatrice de chacun et chacune, il est peu probable que
l’Entreprise libère SA puissance créatrice.
L’Entreprise n’est pas une structure dispensatrice de charité ni d’un égalitarisme
idéologique, elle est nécessairement le terrain d’enjeux méta et micro, elle est un
espace dans la vie de chacun mais elle ne constitue pas LA vie. Le PDG ou le
manutentionnaire sont bien deux êtres humains qui entrent chaque jour dans
l’entreprise : leur position, leur culture, leurs origines, leurs enjeux, les
représentations qu’ils ont d’eux-mêmes sont évidemment extrêmement différents
mais ils restent fondamentalement deux êtres humains. On peut penser que
l’Entreprise constitue, au travers même de ces enjeux économiques, politiques,
stratégiques entre autres, le terrain où ces deux êtres trouvent à contacter, à
découvrir leur pleine puissance créatrice. L’Entreprise peut être… doit être ?... le
terrain innovant de la libération de la puissance créatrice. Du double point de vue de
l’individu et de l’objectif commun. L’Entreprise est puissante en tant que structure
collective si elle Pense l’homme en tant qu’être puissant et créateur. Et il ne s’agit
pas ici d’angélisme, ni d’imaginer le meilleur des mondes où les rapports de pouvoir
et les structures hiérarchiques seraient abolies ; il s’agit, au contraire, à l’intérieur
même de ces structures complexes, de favoriser, d’aider, de soutenir l’éclosion, la
prise de conscience individuelle et collective de ce que la puissance créatrice peut
apporter à chacun et au groupe. L’expérience montre, par exemple, qu’une énergie
considérable (donc stérile et improductive) se gaspille dans une absence d’écoute,
dans une rigidité carriériste (alors même que cette « carrière » pourrait s’épanouir
avec un peu moins d’ego apeuré et un peu plus de puissance assumée).
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